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Depuis le mois de septembre 2024, la Martinique connaît d’importantes mobilisations contre la vie chère, avec notamment des épisodes de violences. La délégation aux outre-mer du Sénat, en conséquence, a lancé une mission d’information sur la vie chère dans les outre-mer. Le 11 décembre, les sénateurs ont auditionné des représentants de la grande distribution dans ces territoires : Stéphane Hayot, directeur général du Groupe Bernard Hayot (GBH), Amaury de Lavigne, directeur Carrefour Océan indien, François Huyghues-Despointes, directeur général du Groupe SAFO, Robert Parfait, président, et Kévin Parfait, directeur général du Groupe Parfait et Xavier Cabarrus, directeur des activités plateformes du Groupe CréO. Ils ont ainsi pu expliquer comment ils déterminaient leurs prix, et détailler les différents facteurs qui expliquent leur niveau très élevé. Revivez leurs échanges. Année de Production :

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00:00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur Public Sénat pour un nouveau numéro de 100%
00:00:13Sénat.
00:00:14On va parler de l'outre-mer et du problème de la vie chère dans les territoires ultramarins
00:00:18car actuellement le coût de la vie en outre-mer est entre 20% et 40% plus cher qu'en métropole
00:00:25et les écarts de prix sont encore plus importants pour les produits alimentaires.
00:00:29Pour en parler, les sénateurs ont organisé une table ronde réunissant les représentants
00:00:32de la grande distribution.
00:00:33Je vous laisse écouter cette table ronde.
00:00:35Je voudrais vous faire un petit propos introductif.
00:00:39D'abord pour vous dire que je dirige le groupe GBH qui est un groupe familial qui a été
00:00:48créé par mon père en 1960.
00:00:51Il a créé sa première entreprise en 1960 à la Martinique puisqu'il est né à la
00:00:57Martinique.
00:00:58Il a eu ses trois premiers collaborateurs à cette époque.
00:01:01Cela n'est qu'au bout d'une dizaine d'années qu'il a fait ses premiers pas sur la Guadeloupe
00:01:09et ensuite petit à petit sur l'ensemble des territoires d'outre-mer.
00:01:12Depuis une quinzaine d'années, notre groupe s'est beaucoup développé à l'international.
00:01:18Nous sommes maintenant sur la république dominicaine, sur l'île Maurice mais aussi
00:01:24au Maroc, en Algérie, en Côte d'Ivoire, au Costa Rica, en Angleterre et le développement
00:01:32du groupe aujourd'hui se fait beaucoup sur ces nouvelles zones de développement.
00:01:36Nous avons trois grands secteurs d'activité, le secteur de la distribution alimentaire
00:01:45en particulier, nous allons beaucoup en parler aujourd'hui, le bricolage avec l'enseigne
00:01:50Monsieur Bricolage et le sport avec l'enseigne Décathlon et nous avons un deuxième secteur
00:01:56qui est le secteur de l'automobile et un troisième secteur qui est le secteur industriel
00:02:02qui est un pôle industriel où nous sommes en particulier fabricants de rhumes, les rhumes
00:02:07Clément et les rhumes JM pour ceux qui sont interdits de faire de la publicité mais de
00:02:12belles marques de rhumes que nous essayons de développer et une marque de rhumes en
00:02:17Guyane qui s'appelle la Belle Cabresse.
00:02:19Aujourd'hui le groupe est présent sur 19 territoires ou pays et nous avons 18 000
00:02:30collaborateurs.
00:02:31Nous sommes ici pour essayer de, au fond pour lutter contre la vie chère et pour essayer
00:02:41de trouver les causes de la vie chère, essayer de trouver des solutions.
00:02:46C'est un problème qui dure depuis très longtemps.
00:02:49Au fond, dans les années 50, l'Etat fait le choix de rémunérer 40% plus cher ses collaborateurs
00:03:01en Outre-mer parce que la vie chère à l'époque existait déjà.
00:03:05On parle d'une période où la grande distribution et les acteurs que vous avez autour de cette
00:03:12table ou en visioconférence n'existaient pas.
00:03:15Mais le problème était déjà réel.
00:03:18Au fond, pourquoi ? Parce que les causes de la vie chère, finalement tout le monde les
00:03:25connaît.
00:03:26Elles sont multiples mais les deux principales causes sont l'étroitesse de nos marchés
00:03:33et l'éloignement de nos sources d'approvisionnement.
00:03:35L'étroitesse de nos marchés parce que si vous prenez un marché comme celui de la
00:03:41Martinique, 350 000 habitants, c'est un marché étroit pour faire de la production locale
00:03:50à grande échelle.
00:03:51Vous n'avez pas ce qu'on appelle le diviseur industriel et donc vous pouvez faire de la
00:03:56production locale mais vous êtes rapidement limité par la taille de votre marché et
00:04:01ce qui vous empêche en tout cas de produire dans des conditions aussi compétitives que
00:04:07votre équivalent sur l'Hexagone qui lui produit pour un marché de 60 millions d'habitants.
00:04:12L'éloignement des sources d'approvisionnement.
00:04:16La première contrainte dont je parlais sur la production locale fait que globalement,
00:04:22là encore si nous prenons le territoire de la Martinique, c'est un peu mieux sur l'île
00:04:26de la Réunion qui a un million d'habitants mais 25% de la production, 25% de ce que nous
00:04:33revendons à nos consommateurs est produit localement.
00:04:36Ça veut dire que le reste est importé et pour ça, et malheureusement importé et venant
00:04:42de loin, pour l'essentiel venant de l'Hexagone.
00:04:44Cet éloignement, on va en reparler tout à l'heure, mais est au fond la source principale
00:04:53du renchérissement des produits.
00:04:55L'INSEE dit que la vie est plus chère de 14% à la Martinique et de 40% pour les produits
00:05:02alimentaires.
00:05:03Pourquoi 40% sur les produits alimentaires alors que c'est 14% en moyenne ? C'est parce
00:05:09que justement cet éloignement impacte défavorablement les produits alimentaires qui sont les produits
00:05:17qui au fond voyagent le moins bien, si on peut parler comme ça.
00:05:21Depuis maintenant très longtemps, les compagnies maritimes facturent le même prix, mais c'est
00:05:30vrai dans le monde entier, facturent le même prix pour transporter un conteneur quel que
00:05:36soit la marchandise qu'il contient.
00:05:38Si vous mettez une marchandise très onéreuse, des télévisions par exemple, vous allez
00:05:46mettre plusieurs centaines de milliers d'euros de marchandises dans votre conteneur pour
00:05:51un coût d'acheminement, frette, mais pas que frette, frette plus la BAF qui est une
00:05:57taxe sur le fuel plus les frais de port, etc., en gros faire venir un conteneur de
00:06:03métropole, de l'hexagone sur nos magasins coûte 5000 euros, quelle que soit la marchandise
00:06:10que vous mettez dedans.
00:06:11Si vous mettez plusieurs centaines de milliers d'euros de marchandises dans votre conteneur,
00:06:15l'impact des frais d'approche est négligeable et c'est la raison pour laquelle dans nos
00:06:20magasins une télévision, un iPhone et beaucoup d'autres produits sont vendus au même prix
00:06:26qu'en métropole.
00:06:27En revanche, si on prend un paquet de pâtes alimentaires dans un conteneur, vous mettez
00:06:3220000 euros de pâtes alimentaires.
00:06:34Quand vous rajoutez 5000 euros de frais d'approche à ces 20000 euros initiaux et que vous rajoutez
00:06:40un octroi de mer de 10% ou de 9,5% en l'occurrence pour les pâtes, mais de 22,5% à la martinique
00:06:47par exemple sur le riz, cette marchandise qui est partie au fond de l'hexagone au même
00:06:55prix que l'on a acheté au même prix que le magasin qui est quelque part dans l'hexagone
00:07:02quand elle arrive sur le port de la martinique avant que nous ne l'ayons touché, avant
00:07:06que nous n'ayons pris un centime d'euros de marge, a déjà vu son prix de revient
00:07:10augmenter de 45% si je prends les pâtes alimentaires, de plus de 60% compte tenu de l'impact de
00:07:17l'octroi de mer pour le riz.
00:07:18Il n'y a pas un endroit dans le monde de territoire restreint loin de ces sources
00:07:31d'approvisionnement où on ne retrouve pas ce phénomène, ce qui est vrai à la martinique
00:07:36est vrai dans l'ensemble de l'outre-mer, mais c'est vrai à Hawaï où les prix sont
00:07:4150% plus élevés qu'aux Etats-Unis, c'est vrai à Barbade, Sainte-Lucie où la Dominique
00:07:51sont des îles qui importent non pas de l'hexagone mais plutôt d'Angleterre, les produits importés
00:07:57d'Angleterre sur ces îles sont deux fois plus chers que dans le Royaume-Uni, les mêmes
00:08:04causes produisant les mêmes effets.
00:08:07Alors quelles solutions ? Parce qu'on est ici pour chercher des solutions néanmoins
00:08:11parce que vous le disiez vous-même, cette situation n'est pas tenable, en plus nous
00:08:16sortons d'une période d'inflation très forte, les prix alimentaires ont explosé ces trois
00:08:24dernières années, mais c'est un phénomène mondial, ce n'est pas un phénomène lié
00:08:28à nos territoires, mondial, mais qui a fait que la problématique est encore plus forte
00:08:35qu'elle ne l'était avant.
00:08:36Notre conviction, c'est que la solution, il y en a une, elle s'appelle la continuité
00:08:42territoriale, le seul moyen de faire baisser significativement le prix des produits sur
00:08:50nos territoires, c'est au fond de diminuer les frais d'approche.
00:08:53C'est d'ailleurs une idée, et je suis sûr que les autres distributeurs ici présents
00:08:59reprendront ce point, c'est une idée que les distributeurs, à la Martinique en particulier,
00:09:04défendent déjà depuis plus de deux ans, avec cette conviction qu'au fond, continuité
00:09:10territoriale que la Corse a su négocier pour des montants très importants, près de 200
00:09:14millions d'euros de continuité territoriale par an, l'Outre-mer français, Martinique,
00:09:20Guadeloupe, Guyane, Réunion en particulier, je ne veux pas oublier la Nouvelle-Caille-de-Nîmes,
00:09:25M. Nativelle est là, je vais me faire gronder, mais il n'y a pas eu cette continuité territoriale
00:09:32négociée.
00:09:34C'est, selon nous, la seule vraie piste, la seule vraie solution.
00:09:38Je disais tout à l'heure, 5000 euros de frais d'acheminement d'un conteneur, et en particulier
00:09:45les produits de consommation courante, les pâtes, le riz, c'est-à-dire des produits
00:09:50qu'on ne peut pas ne pas acheter.
00:09:52Je peux éventuellement acheter moins de télévision ou moins souvent, mais je ne peux pas ne pas
00:09:56acheter mon paquet de pâtes, et ce sont ceux qui sont le plus impactés, et c'est en ça
00:10:00que nous disons qu'il faut peut-être, au fond, nos territoires sont très loin de leurs
00:10:06sources d'approvisionnement, l'Outre-mer sont des territoires français à part entière,
00:10:11mais loin, éloignés, la mer nous sépare.
00:10:15Et finalement, ce sont, si je reprends la Martinique, les 350 000 habitants de la Martinique
00:10:22qui, au fond, payent le prix d'acheminement de leurs marchandises à destination.
00:10:27On pourrait considérer qu'au fond, la solidarité nationale pourrait faire que l'on mutualise
00:10:33ces frais d'approche, ou en tout cas une partie significative de ces frais d'approche,
00:10:38sur les 60 millions d'habitants que compte la France, et à ce moment-là, l'impact sur
00:10:46les prix, à la baisse, serait considérable.
00:10:49C'est au fond ce que la Corse a su négocier, et c'est peut-être ce sur quoi il faut qu'on se batte.
00:10:56C'est la piste, on y reviendra sûrement, qui a été poussée par l'ensemble des acteurs
00:11:03à la Martinique et qui a donné lieu à la signature d'un protocole qui, j'espère,
00:11:09va se mettre en place, même si en ce moment, la politique nationale fait que c'est un petit
00:11:14peu compliqué, mais qui, grâce en particulier à la continuité territoriale et à l'effort
00:11:19de tous les acteurs, permettra, si tout se met bien en place, de baisser les prix de
00:11:24près de 20% en moyenne sur plusieurs milliers de produits, donc un impact très important
00:11:31pour le consommateur.
00:11:32Deuxième point, c'est développer la production locale.
00:11:36Développer la production locale, ce n'est pas résoudre le problème de la vie chère,
00:11:41parce que je parlais du diviseur qui les empêchait d'être aussi compétitifs que leurs équivalents
00:11:47sur l'hexagone, mais la production locale, c'est développer de l'activité localement,
00:11:54c'est créer de l'emploi localement, donc c'est créer des revenus et, au fond, lutter
00:11:59contre la vie chère, c'est baisser les prix, essayer de lutter pour faire baisser les prix,
00:12:06mais c'est aussi, il faut essayer d'améliorer les revenus, le pouvoir d'achat de nos compatriotes
00:12:14et en créant de l'activité, et la production locale, c'est une piste importante.
00:12:19La troisième piste est là, sans laquelle, sans vous, j'allais dire sans la force politique
00:12:24en tout cas, nous n'y arriverons pas, c'est les tarifs exports.
00:12:28Au fond, beaucoup des produits que nous revendons sur nos territoires sont importés, viennent
00:12:33de l'hexagone, ces produits sur l'hexagone sont distribués par les industriels eux-mêmes,
00:12:42qui donc financent une force de vente des commerciaux, des merchandiseurs, des chefs
00:12:47de vente, qui font de la publicité, etc., pour vendre leurs produits.
00:12:51Quand ils les exportent sur l'outre-mer et qu'ils se font représenter par des petits
00:12:58acteurs grossistes ou autres, ils n'ont pas assumé ces coûts de distribution et ça
00:13:03ne se retrouve pas dans leurs prix, donc au motif qu'ils n'ont pas à financer cette
00:13:09force de vente, on pourrait, et il faudrait, arriver à obtenir de ces grands industriels
00:13:15des conditions plus basses que celles qu'ils font sur l'hexagone.
00:13:19Pour l'instant, on n'y arrive pas et c'est quelque chose sur lequel il y a une piste
00:13:26à travailler.
00:13:31Au fond, je pense qu'on va revenir, et puis comme on est plusieurs acteurs, je ne vais
00:13:36pas prendre trop de temps, mais le plus important, c'est de ne pas se tromper de cible.
00:13:42Vous disiez dans votre introduction, Mme la Sénatrice, que nos territoires n'ont
00:13:47pas toujours un niveau de concurrence aussi élevé qu'il le faudrait.
00:13:53Le secteur alimentaire est un secteur très compétitif.
00:13:58Beaucoup, beaucoup, beaucoup d'acteurs très importants ont disparu.
00:14:01En 2009, le grand acteur s'appelait le groupe Cora.
00:14:05Il est parti.
00:14:06Il a quitté nos territoires.
00:14:08En 2019, le leader, Alain Martini, qui s'appelait le groupe Oyoen, il a disparu.
00:14:13Un autre acteur s'appelait le groupe Blanquerie, il a disparu.
00:14:16À l'île de La Réunion, le groupe de Châteauvieux a vendu à Casido, qui s'est cassé la figure
00:14:23et qui a fini par revendre ses magasins.
00:14:25Depuis 2009, la crise sociale, je pense qu'aucun secteur n'a été aussi audité, décortiqué
00:14:34que celui de l'alimentaire en Outre-mer.
00:14:37L'autorité de la concurrence que vous receviez il y a quelques jours confirmait d'ailleurs
00:14:42que les moyens alloués à l'Outre-mer, tant au niveau de l'autorité de la concurrence
00:14:46à Paris qu'au niveau des structures locales, étaient en proportion beaucoup plus élevées
00:14:52que ce qu'elle avait sur l'Hexagone.
00:14:55Ne nous trompons pas de cible.
00:14:58Le sujet n'est pas au niveau des marges des distributeurs.
00:15:01Le compte de résultats d'un distributeur en Outre-mer, et on y reviendra bien volontiers
00:15:05si vous le voulez, est le même que celui d'un distributeur en métropole, dans l'Hexagone.
00:15:10C'est d'ailleurs pour ça que nous disons, et c'est le thème de la continuité territoriale,
00:15:15si nous étions en mesure de faire en sorte que les produits que nous achetons arrivent
00:15:21à nos magasins au même prix que les prix auxquels ils arrivent auprès du magasin qui
00:15:28est à Nantes, Toulouse ou Montpellier, nous vendrions au même prix qu'à Nantes, Toulouse
00:15:33ou Montpellier.
00:15:35Le sujet est sur les coûts d'acheminement.
00:15:38Je comprends qu'il y a beaucoup de projets, de lois, d'études, de contrôles.
00:15:47Les contrôles, c'est très bien, et nous sommes pour, parce qu'au fond, on ne peut
00:15:53pas rester dans la suspicion.
00:15:58Il faut poser les bons diagnostics pour trouver les bonnes solutions et faire en sorte qu'on
00:16:04ait des résultats.
00:16:08Attention à ce que nos territoires restent attractifs, ou l'entreprenariat, ou l'attention
00:16:18à ne pas affaiblir les acteurs.
00:16:20Je citais tous les acteurs qui ont pu disparaître ces dernières années en Outre-mer.
00:16:27Nos économies sont fragiles, sont complexes.
00:16:30Ce sont des métiers difficiles.
00:16:32Pour vous présenter notre groupe succinctement, notre groupe exerce depuis 30 ans principalement
00:16:39dans le secteur de la distribution alimentaire d'ISKUN.
00:16:43Trois points clés pour nous dans notre activité et qui expliquent notre parcours.
00:16:50Une première chose, les hommes sont au centre de nos projets.
00:16:55Nous nous sommes persuadés que c'est l'atout essentiel pour réussir, que c'est la qualité
00:17:00dans notre équipe notre principal atout.
00:17:02Deuxième point, notre cœur de métier, c'est le hard discount que nous avons été les
00:17:08premiers à lancer aux Antilles en 1994 pour baisser les prix.
00:17:13Enfin, troisième et dernier point, nous nous appuyons sur l'efficacité de notre organisation
00:17:19logistique.
00:17:20Alors, notre activité repose sur trois enseignes principales, l'enseigne Peebel Price pour
00:17:28le hard discount.
00:17:29Donc, l'objectif, c'est d'être le moins cher que les hypermarchés sur les MDD, les
00:17:35produits de distributeurs.
00:17:36Deuxième enseigne, c'est Kari Price pour les supermarchés.
00:17:42L'objectif, c'est d'être le moins cher des supermarchés.
00:17:46Et enfin, Megastock qui est un club entrepôt, modèle un peu particulier qu'on peut apparenter
00:17:54au modèle Costco.
00:17:55L'objectif, c'est d'être le moins cher sur les marques nationales.
00:17:59Donc, je ne vais pas paraphraser mes confrères qui ont déjà exposé.
00:18:06Ce que je peux résumer, c'est que les principaux facteurs de la formation des prix et qui font
00:18:13les prix dans nos enseignes, c'est nous, nous avons ciblé cinq facteurs principaux.
00:18:20Le premier, c'est le tarif d'achat fournisseur.
00:18:24Le deuxième, c'est les frais d'acheminement.
00:18:28Le troisième, la fiscalité, donc spécifique à l'Outre-mer, le Trois-de-mer et la TVA.
00:18:35Quatrième, ce sont les coûts logistiques et d'entreposage et enfin, les coûts de distribution.
00:18:41Et donc, la question de la vie chère, pour la résoudre, bien sûr, il faut travailler
00:18:47sur chacun de ces aspects pour pouvoir avancer dans le dossier pour nos compatriotes.
00:18:53Donc, voilà ce que je peux dire en propos liminaire et à votre disposition pour répondre
00:18:59à toutes les questions autour de ces cinq facteurs que j'ai évoquées.
00:19:03Merci.
00:19:04Alors, avant de donner la parole à nos deux rapporteurs présents, je tiens à excuser
00:19:11notre collègue Dominique Théophile qui a dû partir puisque l'actualité lui impose
00:19:16une conférence des présidents en sa qualité de vice-président du Sénat.
00:19:20Donc, je vais laisser la parole à Evelyne Perrault et puis après à Jocelyne Guidès.
00:19:30Merci beaucoup, Présidente.
00:19:34Je vais poser ma question à M. Hayotte.
00:19:39Le modèle de l'hypermarché est remis en cause en Hexagone et doit s'adapter depuis
00:19:44plusieurs années.
00:19:45Drive, Hardiskoun, comme l'a dit le dernier intervenant, réduction des surfaces commerciales,
00:19:51qu'en pensez-vous, qu'en est-il en Outre-mer ?
00:19:54Deuxième question, les marges arrières sont pointées du doigt.
00:19:58Pouvez-vous donner des ordres de grandeur ? Vos marges brutes et nettes sont-elles augmentées
00:20:03ou diminuées sur cette période ? Et avez-vous des exemples significatifs et pérennes de
00:20:10produits moins chers ou au même prix que dans l'Hexagone, s'il vous plaît, Monsieur ?
00:20:20Merci, Madame la Présidente, pour vos questions.
00:20:25Vous avez raison, la grande distribution dans l'Hexagone traverse une période très difficile
00:20:34et le modèle hypermarché est beaucoup challengé.
00:20:39Notre chance en Outre-mer, c'est que nous ne sommes jamais tombés sur les très grands
00:20:48hypermarchés.
00:20:49En réalité, le modèle qui souffre énormément en métropole, c'est le modèle hypermarché,
00:20:56allons dire, de plus de 10 000 mètres carrés.
00:20:59De plus de 15 000 mètres carrés, c'est certain.
00:21:02Le consommateur n'en veut plus ou de moins en moins.
00:21:05J'espère que je ne suis pas écouté par les distributeurs hexagonaux, mais de moins
00:21:10en moins, parce qu'on veut aller vite, on veut aller plus vite, c'est trop grand.
00:21:14Les plus grands hypermarchés en Outre-mer font 7 000 mètres carrés, la moyenne est
00:21:22plutôt à 5 000 mètres carrés et ce modèle-là, y compris dans l'Hexagone, fonctionne très
00:21:27bien.
00:21:28Au contraire, nous, 85 % de notre chiffre d'affaires est alimentaire, en réalité.
00:21:34On a des magasins qui sont très alimentaires.
00:21:37Les hypermarchés, en plus, en Outre-mer, au fond, sont des magasins de proximité aussi,
00:21:44souvent implantés dans des zones de chalandise importantes.
00:21:48Dans l'Hexagone, on est souvent obligé de sortir des villes et de faire des trajets
00:21:54assez longs pour aller en hypermarché.
00:21:56Ce n'est pas vrai chez nous.
00:21:58Mais surtout, nous sommes chez des magasins, au fond, beaucoup plus compacts.
00:22:03Et si vous prenez le groupe Leclerc en métropole, dans l'Hexagone, qui a un modèle hypermarché
00:22:09plutôt de 5 000 à 7 000 mètres carrés, il fonctionne très bien.
00:22:13Donc, on a heureusement, aucun acteur, ni nous, ni nos concurrents, n'ont été sur
00:22:19des magasins de plus de 10 000 mètres carrés, sinon nous aurions les mêmes difficultés.
00:22:24Voilà.
00:22:25Les marges arrières, sujet important.
00:22:29Sujet important parce que...
00:22:32Sujet très important.
00:22:36Toutes nos marges arrières.
00:22:39Enfin, quand vous négociez avec un fournisseur, vous obtenez...
00:22:44Vous avez des marges avant et des marges arrières.
00:22:48Les marges arrières, c'est ce qu'il vous reverse en fin d'année pour venir, au fond,
00:22:56récompenser ou pas une performance.
00:23:00C'est souvent, d'ailleurs, c'est même plus que souvent, c'est le fournisseur, l'industriel,
00:23:09qui souhaite qu'il y ait des marges arrières parce qu'au fond, c'est un moyen pour lui
00:23:15de conditionner les prix qu'il fera à son client à une performance.
00:23:23Si vous progressez de X%, je peux vous donner un petit peu plus.
00:23:29Si vous atteignez tel niveau de chiffre d'affaires, je peux vous donner un petit peu plus.
00:23:33Mais à la fin, 100% de nos marges arrières sont intégrées dans le compte de résultat
00:23:40de nos magasins.
00:23:41Quand je vous disais tout à l'heure qu'un hypermarché chez nous a 24% de marge, c'est
00:23:48marge avant et marge arrière.
00:23:52Notre marge arrière, en moyenne, dans notre groupe, varie selon les territoires de 5%
00:23:59à 7%.
00:24:00Notre marge avant, elle fait, allons dire, 18%.
00:24:0418 plus 6, vous êtes à 24.
00:24:08Tout à l'heure, je disais qu'un magasin fait 100 euros de chiffre d'affaires.
00:24:12Quand un client me donne 100 euros, j'utilise 76 de ces 100 euros pour payer la marchandise
00:24:20que je lui ai vendue.
00:24:21Il m'en reste 24.
00:24:23Mais 24, c'est y compris les marges arrières.
00:24:28Et c'est avec ces 24 euros de marge avant et de marge arrière que je vais payer mes
00:24:35charges et que j'aurai à la fin 2 euros ou 2% puisque j'étais sur une base 100 de bénéfice
00:24:42après impôt.
00:24:43Si je n'ai pas les marges arrières dans le compte de résultat, à ce moment-là, si
00:24:48je ne mets que mes marges avant, je suis à 18, on a vu que j'ai 22 points de charge,
00:24:53y compris l'impôt sur les bénéfices et les taxes, je perdrai de l'argent.
00:24:58En tout cas, c'est le cas pour notre modèle, mais ma conviction, je ne connais pas le compte
00:25:04de résultat de mes concurrents, mais je suis convaincu qu'ils sont dans le même système.
00:25:07En réalité, nous raisonnons marge avant plus marge arrière.
00:25:12Et l'intégralité des marges arrières négociées auprès des fournisseurs et reversées au
00:25:18magasin, l'intégralité, le niveau des marges arrières, d'ailleurs, sur nos zones, sur
00:25:26nos territoires, je parle de 5 à 7%, est inférieur à celui de la distribution dans
00:25:32l'Hexagone.
00:25:33Mais c'est ce niveau-là, en tout cas chez nous, dans notre groupe, et elles sont à
00:25:39l'intérieur.
00:25:40Quand on dit 24%, c'est marge avant et marge arrière.
00:25:43Vous me demandiez de vous citer des exemples de produits équivalents, mais c'est l'exemple
00:25:52que je vous citais tout à l'heure, au fond, mon paquet de pâtes alimentaires ou mon paquet
00:25:58de riz, il a pris son prix de revient à augmenter de 60% avant même que je n'ai touché la
00:26:04marchandise.
00:26:06Je suis incapable donc de le vendre au prix de l'Hexagone.
00:26:11La télévision et tous les produits, télévision, IFI, ordinateur, j'ai à côté de moi un
00:26:20meilleur spécialiste qui peut peut-être répondre sur les produits importés en métropole.
00:26:25En fait, souvent les produits qui ne sont pas fabriqués en Europe et qui sont importés
00:26:38en France et qui subissent les mêmes lois de l'éloignement que les produits chez nous
00:26:44se retrouvent au même prix en métropole et dans nos destinations à la Martinique.
00:26:48Si vous prenez tout ce qui est IFI, ça supporte mieux le transport, il y a plein de produits,
00:26:55tout ce qui vient d'Asie est importé en métropole, dans l'Hexagone, est importé
00:26:59chez nous et donc subissent les mêmes contraintes et se retrouvent à peu de choses près aussi
00:27:03au même prix.
00:27:04Au fond, quand le produit a une faible valeur, l'impact des frais de transport, les fameux
00:27:145000 euros de coût d'acheminement du conteneur, quelle que soit la marchandise transportée,
00:27:20quand il y a peu de valeur marchandise dans le conteneur, l'impact est très fort.
00:27:26Quand au contraire, vous pouvez mettre une valeur importante de marchandise dans ce conteneur,
00:27:34vous écrasez ces 5000 euros sur une valeur marchandise très forte et l'impact est très
00:27:38faible.
00:27:39Et à ce moment-là, en plus, il peut y avoir un écart de TVA favorable.
00:27:44La TVA est à 8,5 à la Martinique, par exemple, sur les télévisions ou sur les ordinateurs.
00:27:50En tout cas, sur les télévisions, sur les téléphones, quand elle est à 20% dans l'hexagone.
00:27:59Donc, ça vient compenser aussi un peu les coûts d'approche et c'est pour ça que sur
00:28:03ces produits, vous retrouvez les mêmes prix qu'en métropole.
00:28:06En textile, il y a beaucoup de produits dans le textile parce que justement, la quantité
00:28:12de marchandise que vous pouvez mettre dans un conteneur en valeur est très importante.
00:28:16Il n'y a pas de problème de poids en plus, ce qui fait que le textile est à des prix
00:28:20souvent très proches de celui de l'hexagone.
00:28:22Pouvez-vous me donner une explication sur pas de diviseur industriel ?
00:28:32Ça veut dire quoi ?
00:28:33Je vous donne un exemple.
00:28:37Nous sommes fabricants de yaourts à l'île de la Réunion, à la franchise d'Anone.
00:28:45Notre usine de yaourts fabrique 6000 tonnes de yaourts par an.
00:28:51La plus petite usine de yaourts d'Anone en France, enfin dans l'hexagone, fait 100 000 tonnes.
00:28:58Mais comme Anone en France a plusieurs usines, il va demander à la première de fabriquer
00:29:05dix références, à la deuxième dix autres, à la troisième dix autres.
00:29:10À la fin, quand celle qui est chargée de fabriquer le yaourt nature, on appuie sur
00:29:16le bouton le 1er janvier et j'ai envie de dire, on n'arrête jamais la production parce
00:29:21qu'on approvisionne un marché de 60 millions d'habitants.
00:29:23Nous, à l'île de la Réunion, nous avons une usine qui fait 6000 tonnes.
00:29:29Elle est donc plus de dix fois plus petite que la plus petite de l'Anone en métropole.
00:29:35Mais quand nous décidons de fabriquer le yaourt nature, on appuie sur le bouton le
00:29:43lundi matin à 8 heures du matin.
00:29:45Mais à 11 heures du matin, en trois heures, on a fabriqué suffisamment de yaourts pour
00:29:51approvisionner le marché.
00:29:53Si on produit davantage, on va jeter puisque ce sont des produits périssables.
00:29:58Donc on arrête au bout de trois heures la fabrication pour se mettre à fabriquer de
00:30:03la fraise.
00:30:04Mais il ne faut pas que la fraise ait le goût de la vanille qui est le produit d'avant.
00:30:07Donc il faut nettoyer.
00:30:09Donc il faut arrêter.
00:30:10Conclusion, à la fin, mon outil industriel ne peut fabriquer moins de 50% de ce qu'il
00:30:17pourrait fabriquer s'il fonctionnait tout le temps.
00:30:20Je n'ai pas le diviseur industriel.
00:30:22Si mon marché n'était pas un marché d'un million d'habitants, mais de 60 millions
00:30:25d'habitants, mon usine ne ferait pas 6000 tonnes.
00:30:28Elle en ferait beaucoup plus.
00:30:30Et ce que j'ai oublié de dire, c'est que là où Danone en France, mais c'est vrai
00:30:34de ses concurrents aussi, va spécialiser chaque usine sur un nombre assez réduit
00:30:40de références, nous à l'île de la Réunion, comme nous n'avons qu'une usine pour faire
00:30:47toutes les références que nous faisons, nous fabriquons 70 références.
00:30:51Et donc c'est pour ça que nous sommes obligés.
00:30:53Elle est plus petite et elle fabrique plus de références.
00:30:55Donc on a un problème de diviseur.
00:30:57Et c'est ce qui fait que nous sommes incapables de fabriquer des yaourts.
00:31:01Le prix sorti d'usine de notre yaourt qui, en plus, a un pot qui a lui-même été importé,
00:31:10un aupercule qui a été importé, les machines ont été importées, etc.
00:31:14Son prix de revient, son prix sorti d'usine est beaucoup plus élevé que le même produit
00:31:19en métropole.
00:31:21Alors, et ça, c'est la contrainte de la production locale.
00:31:26Et c'est pour ça qu'il est quasiment impossible d'espérer, sauf Aide, et c'est d'ailleurs,
00:31:32on pourra parler peut-être de l'octroi de mer et c'est un des objectifs de l'octroi
00:31:36de mer, c'est de dire au fond, il faut compenser ce handicap que l'industrie locale a en
00:31:44renchérissant le prix des produits importés pour permettre à l'industrie locale de fonctionner.
00:31:50Sinon, elle serait balayée par des prix importés trop compétitifs.
00:31:53Alors, après, on pourra parler d'octroi de mer, le fait que c'est ce que je dis là
00:32:01et très bien quand il s'agit de protéger une production réellement localement fabriquée.
00:32:07Dans un certain nombre de cas, je parlais des pâtes alimentaires, par exemple, où
00:32:12nous payons 9,5% d'octroi de mer à l'importation, alors qu'il n'y a pas de fabrication localement.
00:32:19C'est là où probablement qu'il faut peut-être savoir enlever cette taxe et c'est d'ailleurs
00:32:27ce que la collectivité à la Martinique est en train de faire, enlever cette taxe sur
00:32:32des produits très consommés pour baisser et pour lequel il n'y a pas de production
00:32:41locale et répercuter éventuellement ce manque à gagner sur d'autres produits.
00:32:46Mais donc le diviseur industriel, au fond, c'est le marché que vous pouvez servir plus
00:32:51il est important, plus vous pouvez produire beaucoup en masse et à ce moment-là baisser
00:32:56votre prix, votre coût de fabrication.
00:32:58On a auditionné la DME la semaine dernière et ils ont fait à peu près le même constat
00:33:05que vous, c'est-à-dire que le problème, c'est l'acheminement, la fiscalité, l'octroi
00:33:09de mer, le tout réuni, ça porte un poids quand même important dans le prix à la
00:33:15consommation.
00:33:16Alors moi, évidemment, je vais en profiter.
00:33:18Que pensez-vous pour réduire le coût du fret sur les produits de première nécessité,
00:33:25la mise en place d'une prééquation, tarifs modulés ou répercussions modulées de ces
00:33:31tarifs sur le prix de vente vous paraît-elle faisable ? Quel bilan faites-vous des lois
00:33:37de 2012, régulation économique outre-mer et de 2017, égalité réelle ? Que pensez-vous
00:33:43des récentes propositions de loi, même si vous en avez parlé un petit peu tout à l'heure,
00:33:46de la vie chère outre-mer déposée au Parlement ? Et peut-être une question qui fâche un
00:33:51peu, la non-publication des comptes par de nombreuses sociétés de la grande distribution
00:33:56outre-mer alimente beaucoup les débats, faut-il faire évoluer la législation pour assurer
00:34:03une meilleure transparence ? Je vous remercie.
00:34:07Qui souhaite répondre ?
00:34:13Je propose de répondre sur la question de la prééquation des frais d'approche. Effectivement,
00:34:23c'est en tout cas souhaitable. Je disais tout à l'heure que des tarifs spécifiques ont existé
00:34:30par le passé. En fait, les compagnies maritimes tenant compte de ce qui était contenu dans les
00:34:33conteneurs pratiquaient des prix plus favorables. Cela a été arrêté pour des raisons que j'ignore.
00:34:41Il y a plusieurs hypothèses qui ont été émises, qu'il y avait des abus, c'est-à-dire des produits
00:34:46qui n'étaient pas éligibles et qui étaient expédiés de cette manière, ou que l'OMC se
00:34:51serait opposé à ce dispositif puisqu'il contrevenait aux règles du commerce international. Simplement,
00:34:56aujourd'hui, compte tenu de la sensibilité du sujet, compte tenu du fait qu'il s'agit de
00:35:02commerce entre la France et la France. Notre espoir, c'est qu'on puisse déroger à ces règles
00:35:07internationales et tenir compte du contexte. Et donc là, effectivement, avoir un dispositif qui
00:35:13soit proportionnel et pas forfaitaire, ça permettrait de rééquilibrer l'écart. Il y aurait
00:35:19toujours un écart, mais il serait moins fort sur la partie alimentaire. Et je propose de répondre
00:35:26à une autre de vos questions, c'est sur la partie compte. En fait, quand on prend les statistiques
00:35:31de publication au niveau national des comptes, environ 50%, je ne sais pas de quand date ce
00:35:37chiffre, mais je crois qu'il est assez récent, 50% des entreprises ne déposent pas leur compte.
00:35:41Dans notre cas, la raison de ne pas le faire, c'était la petitesse des marchés et la possibilité,
00:35:46pour celui qui dispose des comptes, d'avoir une lisibilité quasi totale sur une activité ou sur
00:35:52une entreprise, et donc de fragiliser la partie stratégique de l'entreprise. Ça, c'était notre
00:35:58vision avant. Désormais, nous avons pris la décision de publier l'ensemble de nos comptes.
00:36:04Donc, c'est fait depuis cette année. Pensant qu'effectivement, il y a un sujet de confiance
00:36:09et que cette confiance est à restaurer. Donc, la partie petitesse de marché, on a arbitré dans le
00:36:18sens d'une publication de ces comptes. Merci, Monsieur Despointes. Qui d'autre
00:36:25souhaiterait s'exprimer sur le sujet ? Oui, Xavier Cabarus. Donc, je voudrais juste abonder
00:36:34dans le sens de Monsieur Despointes. C'est vrai que la péréquation, c'est le moindre mal aujourd'hui
00:36:41pour gérer la question des coûts d'acheminement, puisqu'on a une totale, aujourd'hui, injustice
00:36:50à faire peser de façon aussi forte les frais d'acheminement sur les produits qui sont des
00:36:55produits de première nécessité, les plus consommés par les familles les plus modestes et les plus
00:37:01dans le besoin. Donc, cette péréquation serait souhaitable pour que l'on avance et que les
00:37:12frais d'acheminement pèsent moins sur les produits de première nécessité.
00:37:15Monsieur Ayotte. La Martinique a signé, il y a deux mois, un protocole dans lequel,
00:37:33qui a pour objectif de permettre la baisse en moyenne de 20% du prix de vente de plusieurs
00:37:42milliers de produits de consommation courante. C'est un objectif très important qui se fait en
00:37:51partie par de la péréquation, puisque la collectivité territoriale a fait le choix de
00:38:00passer à zéro le taux d'octroi de mer sur 54 familles de produits de consommation courante.
00:38:06Et là, on parle bien des familles. Donc, si je prends, par exemple, les pâtes alimentaires,
00:38:11c'est l'intégralité du rayon pâte alimentaire qui baissera de la pâte, j'allais dire sans faire
00:38:19de pub, mais de la barilia à la pâte premier prix. Et après, le consommateur fera son choix,
00:38:23mais c'est l'ensemble du rayon qui baissera et donc a fait le choix de passer à zéro le
00:38:28taux d'octroi de mer sur 54 familles de produits de consommation courante. L'État avait dit,
00:38:39j'espère redira, qu'il fait pareil sur la TVA et d'ailleurs sur un nombre de familles un petit
00:38:46peu plus élargie, puisque l'État était jusqu'à 59 familles de produits. Les distributeurs se
00:38:55sont engagés à baisser leur marge en valeur sur l'ensemble de ces produits et ça permet une
00:39:01baisse de l'ordre de 20%. Les distributeurs et les grossistes, en fait, ceux qui importent les
00:39:07produits. Il y a donc déjà la péréquation sur l'octroi de mer et sur la TVA. L'effort de l'État,
00:39:17c'est dans le protocole, surtout, c'est la continuité territoriale, c'est à dire,
00:39:22justement, de baisser les frais d'approche sur ces 54 familles de produits pour permettre cette
00:39:29baisse de prix. Il a été chiffré que cette continuité territoriale, donc cette prise en
00:39:38charge par l'État de ces frais d'approche sur ces familles de produits, c'est un montant qui
00:39:46varie de 11 à 14 millions d'euros. Ça dépendra des volumes de produits qui seront réalisés.
00:39:53Il y a des impacts sur la consommation. Si on ramène ça à l'ensemble de l'Outre-mer,
00:39:58on parle de 100 millions d'euros pour l'État. Alors, c'est sûr qu'en ce moment,
00:40:05et on le voit bien et l'actualité, nous sommes là au Sénat. Enfin, on sait que le budget est
00:40:12extrêmement contraint. Le budget Outre-mer l'est presque encore davantage. Mais au fond,
00:40:19100 millions d'euros pour permettre de baisser de près de 20% le prix de plusieurs milliers de
00:40:28produits de consommation courante, indispensables qui font le quotidien de nos ultramarins. Quand
00:40:38la Corse, par exemple, a quasiment à elle toute seule pour une population bien moindre que la
00:40:43population d'Outre-mer, une continuité territoriale de près de 200 millions d'euros,
00:40:47ça mérite qu'on y réfléchisse sérieusement. C'est un impact très significatif. Enfin,
00:40:57nous, on pense que c'est vraiment quelque chose. J'espère que le nouveau gouvernement va reprendre
00:41:03et tenir les engagements que le précédent avait faits parce que c'est un élément très fort pour
00:41:11nos territoires. Vous vouliez un propos sur les lois proposées. Sans rentrer tellement dans
00:41:20le détail, je dirais que le seul point qui me gêne, c'est qu'elle cible beaucoup les distributeurs
00:41:26et que de ce point de vue, j'ai le sentiment qu'elle se trompe de cible, qu'on se trompe un
00:41:32petit peu dans le diagnostic. 2009, crise importante. Autorité de la concurrence vient
00:41:40sur nos marchés et fait une étude extrême exhaustive de l'ensemble des acteurs. En 2019,
00:41:47le président Emmanuel Macron recommande à l'autorité de la concurrence une nouvelle étude
00:41:51exhaustive sur l'ensemble de nos marchés. L'autorité de la concurrence elle-même le disait,
00:41:57beaucoup plus de contrôles et d'études sur l'Outre-mer par les services de l'Etat en
00:42:04proportion qu'en métropole que dans l'hexagone. Toutes ont amené aux mêmes conclusions. Rien
00:42:15n'est parfait partout, mais globalement, les acteurs ont des niveaux de rentabilité,
00:42:22des niveaux de marge et un fonctionnement très conforme et très comparable à celui de la
00:42:27métropole. Les vraies contraintes sont des contraintes structurelles. Je regrette que
00:42:33dans les projets de loi proposés, le sujet de la continuité territoriale ne soit pas le
00:42:38premier sujet mis en avant, parce que c'est notre conviction. Si nous ne voulons pas refaire la même
00:42:45réunion dans 10 ans avec les mêmes constats, ça passera par là. Sinon, les contraintes
00:42:52structurelles... Je vous disais tout à l'heure que les bénéfices des acteurs de la distribution
00:43:00en Outre-mer, quand ils travaillent très bien, sont de 1 à 2,5 %. Allons dire 2 %. Si on passe
00:43:09ce bénéfice à zéro, on parlerait tout à l'heure d'un écart pris avec l'hexagone de 40 %. Il sera
00:43:1738. On n'aura rien à régler. Le problème n'est pas là. Donc, ciblons les causes structurelles
00:43:26pour plus d'efficacité. C'est ce que je ressens.
00:43:29Merci. Alors, je vais vous poser quelques questions. Le dispositif bouclier qualité-prix qui avait été
00:43:41mis en place et relancé avec le ministre Jean-François Carinco, quel sont, selon vous, est-ce que
00:43:49c'est un dispositif qui est facilement... Qui a porté ses fruits ? Est-ce qu'il faut le revoir ?
00:43:55Est-ce qu'il faut l'améliorer ? Il y avait aussi, dans le droit fil, la CMA-CGM avait signé un accord
00:44:06conjoint avec le ministère des Outre-mer qui diminuait de moitié le prix de l'allocation du
00:44:16conteneur. Comment expliquez-vous que ce geste de la CMA-CGM n'ait pas eu d'impact sur les prix
00:44:24sur les pré-enrayants, puisque le directeur, M. Saadet, a décidé de ne pas poursuivre l'expérience
00:44:32dans la mesure où il s'était aperçu que son geste n'avait pas eu d'impact significatif ?
00:44:39Et vous avez parlé aussi, tout à l'heure, on a beaucoup parlé de continuité territoriale, de distance,
00:44:46mais on n'a pas parlé de régionalisation du marché. Vous avez évoqué la réunion qui produit
00:44:526 000 yaourts. Mais ces yaourts pourraient aussi être vendus à Madagascar, en Afrique du Sud,
00:45:01dans les territoires avoisinants. Quand je vois la Caraïbe en elle-même, vous avez la Guadeloupe,
00:45:08la Martinique, toutes les îles françaises de la Caraïbe représentent à elles seules un peu plus de 1 million
00:45:15d'habitants. Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi, comme vous avez évoqué que vous avez des
00:45:22supermarchés, des sociétés au Costa Rica, en République dominicaine, est-ce que de par cette expérience,
00:45:30on pourrait envisager des relations commerciales, ce qui diminuerait les coûts d'approche ?
00:45:39Évidemment, il y a un frein normatif, mais je ne vous cache pas que c'est mon cheval de bataille
00:45:46pour lever ces freins normatifs permettant des approvisionnements dans l'espace caribéen le plus proche.
00:45:57Donc j'aurais aimé avoir aussi votre avis sur cette question. Et après, je laisserai la parole à mes collègues.
00:46:06Allez-y, M. Hayot.
00:46:12Plusieurs points importants dans vos questions. Le BQP. Le BQP existe battant depuis de nombreuses années.
00:46:32Est-ce que c'est un bon dispositif ? La réponse est oui, dans le sens où les distributeurs, avec les services de l'État,
00:46:42tous les ans, se retrouvent pour essayer de construire une liste de produits la plus pertinente possible,
00:46:49pour essayer de couvrir l'ensemble des besoins du consommateur. Est-ce qu'il est suffisant ?
00:46:56Est-ce que le consommateur martiniquais ou valloisien considère que c'est bien ? Je suis convaincu qu'il trouve que c'est insuffisant,
00:47:04puisqu'on parle de 130 produits ou de moins de 140 produits à la Martinique. C'est insuffisant.
00:47:14Mais ça a le mérite d'exister. Ça a le mérite de faire en sorte que toutes les unités de besoins sont couvertes.
00:47:22Le protocole qui a été signé à la Martinique est beaucoup plus ambitieux que ça et va permettre une baisse de prix sur beaucoup plus de produits que ça,
00:47:31si l'État est au rendez-vous sur la continuité et sur la TVA, mais beaucoup plus que ça.
00:47:38Donc comment faire vivre ensuite les 2 dispositifs ? C'est une question qu'il faudra tous se poser.
00:47:46C'est vrai que BQP a y compris des produits locaux et va toucher des produits qui ne sont pas concernés par les familles de produits qui baissent.
00:47:54Donc il y a probablement un mariage des deux à faire.
00:47:59Quand la CMACGM fait une aide de 750 euros pour baisser le prix, une aide importante, pourquoi est-ce que ça ne se traduit pas dans les prix ?
00:48:13Parce qu'on est à ce moment-là, et si la CMA le fait, c'est qu'on est à un moment où, en plus, il y a une inflation mondiale très forte.
00:48:21Donc le prix d'achat des produits, les produits que nous achetons ont des prix qui augmentent.
00:48:27Mais surtout, les grands transporteurs, quand vous payez votre facture CMA, mais c'est vrai chez Merckx et c'est vrai chez chacun d'entre eux,
00:48:40vous avez une facture frette et puis vous avez une facture BAF qui est une taxe, enfin qui n'est pas une taxe, qui est une somme qui évolue en fonction du coût du fret.
00:48:53Si le fret explose et monte, à ce moment-là, comme c'est un point de charge important dans le compte des résultats du transporteur,
00:49:03au fond, le tarif qu'il vous fait évolue plus ou moins à la hausse ou à la baisse selon que le prix du pétrole augmente ou baisse.
00:49:11Au moment où la CMA-CGM fait cette aide de 750 euros, la BAF, mais ils la subissent comme nous, augmente, elle, de 740 euros.
00:49:26Conclusion, la facture que nous, nous recevons, dans laquelle il y a une ligne frette qui fait moins 750, il y a juste en dessous une ligne BAF qui fait plus 740.
00:49:37À la fin, les deux s'annulent. En réalité, il n'y aurait pas eu l'aide de la CMA-CGM que l'inflation sur nos territoires aurait été plus forte que celle qu'elle a été.
00:49:47On peut d'ailleurs noter qu'au début de la crise, l'inflation a été plus faible sur nos territoires que dans l'hexagone.
00:49:55Peut-être qu'il y a une petite partie de la piste là, mais en réalité, le fret et la BAF se sont annulés.
00:50:02Et c'est la raison pour laquelle ça n'a pas permis la baisse des prix.
00:50:07Alors, la régionalisation, d'abord.
00:50:12Personnellement, je vous suis. Je pense que c'est une piste et ça fait partie des contraintes.
00:50:20Être français et être européen, ça a beaucoup d'avantages et puis ça a quelques inconvénients.
00:50:26Les normes et les contraintes à l'importation en sont une.
00:50:30Nous ne pouvons pas importer dans nos bassins comme on devrait le faire.
00:50:37Je parlais tout à l'heure avec Amaury Lavin qui coiffe nos activités dans l'océan indien.
00:50:44L'Afrique du Sud, qui n'est pas très loin de la Réunion, est une zone sur laquelle nous pourrions acheter énormément de choses à des coûts bien inférieurs à ceux de l'hexagone.
00:50:57À la Martinique, à la Guadeloupe, nous pourrions aller en République dominicaine,
00:51:02qui est un pays de 10 millions d'habitants, où il y a le diviseur industriel, en plus avec une main d'oeuvre qui est des salaires beaucoup plus bas
00:51:11et donc un prix de revient des produits fabriqués localement qui est plus bas.
00:51:16Et nous pourrions sûrement acheter beaucoup de choses.
00:51:19Et là, c'est un sujet politique. C'est un sujet de normes et c'est un bon sujet à prendre.
00:51:26Mais M. Parfait, tout à l'heure, disait ne serait-ce que de pouvoir aller acheter dans certains pays d'Europe un peu plus que nous le faisons aujourd'hui,
00:51:36nous aiderait beaucoup parce que le Nutella est peut-être 25% moins cher en Pologne qu'il n'est en France.
00:51:44En revanche, et là, je reviens sur le diviseur.
00:51:48Tout à l'heure, vous me disiez mais pourquoi est-ce qu'au fond, vos yaourts, vous n'allez pas les exporter à l'île Maurice ou à Madagascar ?
00:51:55Le problème de la Réunion, et c'est vrai aux Antilles aussi, c'est que nous sommes dans des bassins entourés de pays
00:52:05où le pouvoir d'achat est considérablement plus faible que le nôtre, là encore.
00:52:10Mais je ne souhaite pas que à la Martinique, à la Réunion, nous ayons les salaires de l'île Maurice, bien entendu pas.
00:52:18Mais la difficulté, c'est que le yaourt fabriqué à la Réunion, qui est cher,
00:52:24c'est ce que nous disions, parce qu'il a ce problème de diviseur, ne pourrait être encore moins acheté à l'île Maurice.
00:52:31Et c'est vrai, pareil dans la Carribe, Sainte-Lucie, Barbade, la Dominique sont des îles où le pouvoir d'achat est beaucoup plus faible.
00:52:42En plus, ce sont des îles très différentes, qui consomment des produits très différents.
00:52:48Et donc, aller s'implanter sur ces territoires pour y exercer un métier que vous faites sur votre territoire, c'est bien.
00:52:59Nous nous sommes implantés il y a 25 ans en République dominicaine, on est content d'y être, on va essayer de se développer.
00:53:07Mais exporter sur Saint-Domingue à partir de la Martinique, c'est très difficile,
00:53:13parce que le prix des produits que vous avez fabriqués à la Martinique est trop élevé par rapport au marché dominicain,
00:53:20où le pouvoir d'achat est beaucoup plus faible.
00:53:23Merci, est-ce que d'autres personnes souhaitent intervenir ?
00:53:30Oui, alors, je vous laisse parler.
00:53:33Monsieur le Parfait Robert, pour continuer un petit peu sur ce qui a été dit, question sur la péréquation.
00:53:47Il a été dit que la péréquation c'est le moins normal, et je pense qu'effectivement c'est le moins normal.
00:53:53Mais, et pourquoi c'est le moins normal ?
00:53:58Parce que les conséquences seront que nous baisserons le prix de certains produits,
00:54:05mais nous allons devoir augmenter les prix d'autres produits, ne serait-ce que par la taxation différente.
00:54:13Donc, c'est une solution qui à mon avis peut être temporaire pour nous permettre de démarrer le système,
00:54:22mais l'objectif doit être la continuité territoriale.
00:54:28Nous allons calmer peut-être la population avec les prix des similes produits,
00:54:35mais ils vont hurler sur les autres produits.
00:54:38Ça va entraîner aussi une différence de compétitivité entre les différentes entreprises spécialisées, et ainsi de suite.
00:54:51Donc, pour moi, l'objectif, la péréquation ne peut être que temporaire,
00:54:58l'objectif est de travailler sur la continuité territoriale.
00:55:05Concernant la production locale,
00:55:11nous avons dans le groupe des entreprises de production,
00:55:15et je vais redire ce que j'ai déjà dit.
00:55:18Il y a eu un changement de législation
00:55:21qui a fait qu'on ait passé des aides aux entreprises,
00:55:26des aides directes aux entreprises,
00:55:28à un système où c'est la taxation du produit qui vient.
00:55:34S'entraîne quoi ?
00:55:35S'entraîne que c'est le consommateur martiniquais qui paye le différentiel,
00:55:40et par cela, on a diminué la capacité des entreprises d'exporter.
00:55:47Nous, dans le groupe d'entreprises de menuiserie, par exemple,
00:55:50par le passé, nous pouvions exporter sur les îles voisines
00:55:53parce que les aides qui nous étaient accordées à l'entreprise
00:55:57nous permettaient d'être compétitives
00:56:00par rapport aux entreprises extérieures,
00:56:03ou des pays, même des États-Unis.
00:56:07Aujourd'hui, ce n'est plus possible.
00:56:09Les aides ont grandement diminué,
00:56:12et on taxe le consommateur.
00:56:15On est passé d'ailleurs trois-dix ans d'une taxe.
00:56:18On a tiré des exonérations,
00:56:21on a mis une taxe régionale,
00:56:24un octroi de mer régional,
00:56:26ce qui a augmenté encore le coût.
00:56:28Et l'octroi de mer régional,
00:56:30il est appliqué sur la totalité de prix de vente du produit,
00:56:34alors que l'aide, elle est appliquée sur le prix à l'implantation.
00:56:39Pour moi, si on veut donner la capacité
00:56:42aux producteurs locaux
00:56:45d'aller vendre ailleurs, dans d'autres territoires,
00:56:48il faut que ce soit les entreprises qui soient aidées
00:56:51et non pas qu'on taxe le consommateur local
00:56:54pour payer une protection.
00:57:01Par rapport à...
00:57:04les aides sûres pour les entreprises,
00:57:11je pense qu'il faut justement tenir compte
00:57:14des frais d'approche
00:57:17par la continuité territoriale,
00:57:20comme je l'ai dit.
00:57:23Pour les entreprises industrielles,
00:57:26les frais d'approche,
00:57:29les frais d'approche,
00:57:32pour les entreprises industrielles,
00:57:35c'est une solution qui existe déjà partiellement.
00:57:38Vous avez l'aide aux frais qui existe
00:57:41et qui permet à une entreprise de production locale
00:57:45d'avoir une aide sur le frais.
00:57:48L'inconvénient, souvent,
00:57:51c'est que cette aide sur le frais
00:57:54n'est payée que 2 ou 3 ans après.
00:57:57Donc, il est difficile de la faire rentrer
00:58:01et de la faire rentrer.
00:58:04Et, en plus, du point de vue de trésorerie,
00:58:07ça n'aide pas beaucoup les entreprises.
00:58:10C'est un peu les différents process qu'il faut revoir.
00:58:13M. Despointe a parlé justement
00:58:16de l'aide qui existait
00:58:19ou de la taxation du frais.
00:58:22Je ne vais pas reprendre ce qu'ils ont dit,
00:58:25mais je vais essayer de vous donner deux exemples concrets.
00:58:28Par le passé, effectivement,
00:58:31quand la CGM appartenait à l'État,
00:58:34l'État facturait selon la nature du produit.
00:58:37Donc, vous avez un produit de faible valeur,
00:58:40des pâtes, quelque chose comme ça,
00:58:43du riz,
00:58:46vous payez un fret
00:58:49qui était proportionnel à la valeur de la marchandise.
00:58:52Donc, si vous n'aviez que 6 000 € dans le conteneur,
00:58:55vous payez, je dis n'importe quoi,
00:58:58mettons que le taux était de 10 ou 15 %,
00:59:01on payait 15 % sur 6 000 €.
00:59:06Et on arrivait, notamment pour les produits alimentaires,
00:59:09à compenser comme ça.
00:59:12Avec la mondialisation, on est arrivé au système des conteneurs.
00:59:15Et comme a dit M. Hayotte,
00:59:18quel que soit le produit, vous payez le même prix.
00:59:21Donc, je vais vous prendre le cas de l'eau,
00:59:24une eau importée,
00:59:27une eau cristalline importée d'aimant à 15 centimes
00:59:30en départ de métropole,
00:59:33ce qui vous fait, et vous pouvez en mettre,
00:59:3615 000 bouteilles, c'est-à-dire 22 tonnes et demie.
00:59:3915 000 bouteilles à 15 centimes,
00:59:42ça ne vous fait même pas 2 000 €.
00:59:45Vous avez donc 2 000 € ou 1 600 €
00:59:48de valeur dans votre conteneur
00:59:51et votre fret, c'est 5 €.
00:59:54Vous voyez que vous avez déjà multiplié
00:59:57le prix de la bouteille d'eau par 3.
01:00:00Et quand ça arrive en Martinique,
01:00:03vous rajoutez 22,5 % d'octroi de mer
01:00:06sur le prix non seulement de l'eau,
01:00:09mais sur le prix du fret.
01:00:12Donc, vous ne payez pas sur les 1 700 ou 1 800 €
01:00:15d'eau que vous avez achetée,
01:00:18mais 1 800 plus 5 000 € de fret.
01:00:21Donc, vous avez multiplié,
01:00:24comme a dit M. Hayop, le prix de l'eau,
01:00:27elle est multipliée par 3.
01:00:30C'est le même cas pour les jus,
01:00:33c'est le même cas pour les pommes de terre,
01:00:36c'est le même cas pour le riz, et ainsi de suite.
01:00:39Donc, quand nous parlons de 40 % de différentiel,
01:00:42nous sommes en train de parler
01:00:45vraiment de moyenne.
01:00:48Puisque je vous donne le cas de l'eau et des jus de fruit
01:00:51ou des pommes de terre et du riz,
01:00:54nous sommes pratiquement à 300 %.
01:00:57A la sortie, là nous avons parlé
01:01:00de l'engagement de 20 %.
01:01:03Or, au départ, nous avons bien vu
01:01:06que l'INSEE nous parle d'un différentiel de 40 %.
01:01:09Quand nous allons recomparer
01:01:12bientôt le nouveau
01:01:15comparatif de l'INSEE
01:01:18avec cette péréquation,
01:01:21on va dire que ces prix-là ont diminué,
01:01:24mais ça, ça, ça, ça, ça a augmenté.
01:01:27Ils vont dire qu'il y a toujours 40 % de différentiel
01:01:30puisqu'on a baissé certains prix.
01:01:33Alors, quand on parle aussi
01:01:36de 14 % de différentiel,
01:01:39on parle vraiment là d'un général
01:01:44des prix moyens,
01:01:47comprenant toutes sortes de produits.
01:01:50Et nous avons aussi certains produits, heureusement,
01:01:53un différentiel de TVA qui fait la différence
01:01:56et qui compense à certains moments
01:01:59le surcoût du fret
01:02:02et le différentiel avec l'octroi de mer.
01:02:06Nous arrivons donc, parfois,
01:02:09à avoir des produits
01:02:12moins chers aux Antilles
01:02:15ou au même prix qu'en métropole
01:02:18du fait de cette différence de TVA.
01:02:21Malheureusement, ce n'est pas le cas
01:02:24pour tous les produits alimentaires.
01:02:27Les produits alimentaires, le différentiel de TVA
01:02:30est moins important puisque
01:02:33la TVA aux Antilles est de l'ordre
01:02:36de 2,10 à 2,50 %
01:02:39pour les produits alimentaires majoritairement
01:02:42et elle est de 5,5 % en métropole.
01:02:45Donc, vous n'avez que le différentiel de 3 %.
01:02:48Donc là, nous ne pouvons pas baisser le prix.
01:02:51Quand nous allons, par contre, sur des produits
01:02:57du textile, de télévision et tout,
01:03:00là aussi, nous pouvons faire la différence.
01:03:03Pour vous donner une idée, on a parlé de télévision.
01:03:06Dans un conteneur de télévision, nous mettons
01:03:09400 000 € de valeur et nous payons
01:03:125 000 € de fret.
01:03:15Dans un conteneur d'eau, je vous ai donné le cas,
01:03:18nous mettons 1 600 €,
01:03:21nous mettons 6 000 € de pommes de terre
01:03:24et des choses comme ça et nous avons déjà
01:03:275 000 € de fret.
01:03:30C'est ce qui explique les faux différentiels
01:03:33par des exemples concrets que je vous donne
01:03:36entre certains produits alimentaires
01:03:39et c'est ce qu'on a essayé de vous dire,
01:03:42sur les produits qui ne coûtent pas cher au départ,
01:03:45le prix du fret représente une grosse valeur
01:03:48alors que sur des produits
01:03:51beaucoup plus chers,
01:03:54le prix du fret représente moins.
01:03:57Alors qu'est-ce que nous essayons de faire
01:04:00pour essayer d'être le moins cher par rapport à nos concurrents ?
01:04:03Nous essayons de mettre dans un même conteneur
01:04:06plusieurs marchandises de manière à ce que
01:04:09la marchandise qui ne vaut pas cher,
01:04:12la marchandise pauvre, nous faisons une partie
01:04:15de la marchandise chère, la prenons en charge.
01:04:18Donc nous mettons probablement
01:04:21avec des télévisions ou des téléphones
01:04:24et les télévisions et téléphones vont subir,
01:04:27vont supporter une partie du fret
01:04:30qui est payé par les autres produits.
01:04:37L'inconvénient de cela
01:04:42c'est que nous arrivons toujours à voir
01:04:45les différences de prix que le consommateur ne comprend pas
01:04:48et il y a un problème là, je vous dirais l'engagement
01:04:51qui était pris dans le protocole que nous avons signé,
01:04:54nous parlons de 20% de remise,
01:04:57de réduction de prix.
01:05:00Mais il reste d'autres charges qui seront là
01:05:03puisque quand un consommateur
01:05:06va regarder et va dire
01:05:09mais attends l'eau est trois fois plus chère
01:05:12qu'en métropole, le jus pareil,
01:05:15pourquoi ça ne baisse pas ?
01:05:18Pourquoi on ne me donne que 20%
01:05:21alors qu'il y a 300% de différence ?
01:05:24C'est une problématique que nous aurons
01:05:27et qui à mon avis
01:05:30devra être résolue
01:05:33par la continuité territoriale
01:05:36et pour les productions locales
01:05:39par des aides aux entreprises locales
01:05:42pour leur permettre d'élargir le marché dont vous avez parlé
01:05:45bien entendu en améliorant aussi les normes
01:05:48parce que nous voyons très bien
01:05:51que certaines normes nous empêchent
01:05:54d'importer des produits du Venezuela
01:05:57ou bien l'Amérique du Sud
01:06:00alors que peut-être
01:06:03quand les importons directement
01:06:06nous pourrions réduire les coûts.
01:06:09Alors bien entendu ça suppose aussi
01:06:12que nous regardions
01:06:15les connexions maritimes
01:06:18parce que ça veut dire que si jamais
01:06:21je vais vous donner un exemple
01:06:24quand nous importions de la viande
01:06:27du Brésil ou de l'Argentine
01:06:30cette viande était obligée de monter sous Paris
01:06:33et ensuite de revenir ici
01:06:36les abattoirs
01:06:39doivent être aux normes européennes
01:06:42donc difficulté
01:06:45certains produits, nous avions des crevettes
01:06:48compliquées
01:06:51parce que c'est des crevettes qui viennent d'autres marchés
01:06:54donc pour répondre un petit peu
01:06:57à votre question je reviens sur le sujet
01:07:00en résumé
01:07:03si nous voulons avancer
01:07:06et revoir la structure des prix
01:07:09aide aux productions locales
01:07:12même si jamais la production locale
01:07:15n'arrivera à nous fournir à 100%
01:07:18mais aidez les entreprises
01:07:21et non pas taxer le consommateur mais en tenir compte
01:07:24et là nous arriverons peut-être à relancer une économie
01:07:27et à permettre aux entreprises locales
01:07:30d'aller frapper d'autres marchés et élargir le marché
01:07:33c'est ce que je voulais vous dire
01:07:36je vous remercie
01:07:39merci, je vais laisser la parole à mes collègues
01:07:42est-ce que vous souhaitez
01:07:45alors Salama Ramia qui est notre collègue de Mayotte
01:07:51bonjour dame
01:07:54avant que je pose ma question je voulais juste rebondir
01:07:57sur le marché au niveau régional de Mayotte
01:08:00et c'est vrai je voulais confirmer
01:08:03je pense qu'il y a vraiment une réflexion à mener sur les marchés au niveau de la région
01:08:06parce que moi je vois Mayotte quand je vais faire mes courses
01:08:09et que j'achète le kilo de tomate par exemple à 12 euros
01:08:12et que je vois rivage d'Espagne, de Portugal
01:08:15alors que je sais qu'à Madagascar on est à une heure de Madagascar
01:08:18et voilà la question
01:08:21pour moi elle se pose et il y a vraiment
01:08:24une réflexion, je sais qu'il y a des histoires de normes
01:08:27c'est la même chose pour la viande
01:08:30je sais qu'il y a des problèmes de normes
01:08:33qu'il faut mettre en place
01:08:36donc c'est juste pour en tout cas confirmer
01:08:39qu'il y a vraiment cette nécessité
01:08:42d'entamer cette réflexion et je pense que ça a déjà démarré
01:08:45au niveau de la région
01:08:48concernant ma question, alors le rapport d'enquête
01:08:51sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales
01:08:54régi par les articles 73 et 74 de la constitution
01:08:57restitué le 20 juillet 2023
01:09:00fait état de l'absence
01:09:03de mise en oeuvre du dispositif adopté par la loi EROM
01:09:06du 28 juillet 2017
01:09:09précisément à l'article 63
01:09:12qui permettait au préfet de Mayotte
01:09:15à titre expérimental et pour une durée de 5 ans
01:09:19de négocier chaque année avec les grandes et moyennes surfaces
01:09:22présentes sur le territoire
01:09:25un tarif professionnel maximal
01:09:28pour leur activité de gros
01:09:31or je le rappelle Mayotte
01:09:34la TVA est bien suspendue
01:09:37et la vie reste très chère
01:09:40de sorte que nous avons le droit de penser
01:09:43qu'un effort de ce point de vue aurait pu être fait
01:09:47ma question est donc la suivante
01:09:50avez-vous été consulté par les représentants de l'état Mayotte
01:09:53afin de négocier un tarif professionnel maximal
01:09:56pour les activités de gros
01:09:59en faveur des grandes et moyennes surfaces
01:10:02entre les années 2019 et 2024
01:10:05et si la réponse est affirmative
01:10:08vous y êtes vous opposé
01:10:11merci
01:10:14je vais vous répondre
01:10:17pour l'importation sur les territoires limitrophes à Mayotte
01:10:20c'est même pire que ça
01:10:23parce qu'on n'arrive même pas à importer des produits de la Réunion
01:10:26vers Mayotte
01:10:29les lois françaises nous empêchent
01:10:32d'importer des tomates de la Réunion
01:10:35aux produits beaucoup moins chers vers Mayotte
01:10:38sur les tarifs de gros
01:10:41nous n'avons pas d'activité grossiste à Mayotte
01:10:44et donc nous avons des contacts réguliers
01:10:47avec la préfecture sur des négociations de prix
01:10:50notamment sur le BQP
01:10:53mais nous ne sommes pas grossistes
01:10:56sur le territoire de Mayotte
01:11:03vous souhaitez intervenir
01:11:06pas concerné par cet article de loi
01:11:09ou par ce dispositif
01:11:15nous sommes détaillants
01:11:18nous vendons aux clients particuliers
01:11:21je comprends que c'est sur le marché de grosses
01:11:24pour les petites épiceries
01:11:27vous avez sur Mayotte des petites épiceries
01:11:30qui sont des revendeurs
01:11:33donc justement ils achètent auprès de vous
01:11:36nous ne sommes pas grossistes
01:11:39donc nous ne vendons pas aux petites épiceries
01:11:42mais elles achètent bien quelque part
01:11:45vous avez des importateurs à Mayotte
01:11:48vous avez des sociétés grossistes
01:11:51mais la seule activité que nous avons
01:11:54sur la distribution à Mayotte
01:11:57c'est la distribution de détails
01:12:00parmi les autres invités
01:12:03le groupe de l'Océan Indien ?
01:12:06pour sa faute, non
01:12:09pour le groupe Creo, très peu
01:12:12dans des activités spécifiques
01:12:15enseignes tiraillées
01:12:18et enseignes naturelles
01:12:21c'est une très faible activité
01:12:24merci
01:12:27ça permettra d'étoffer nos recherches
01:12:31je vais passer la parole à notre collègue
01:12:34merci madame la présidente
01:12:37merci monsieur pour ces éclairages
01:12:40je veux revenir sur la question des normes
01:12:43parce qu'à chaque fois qu'on parle
01:12:46on nous dit les normes comme si c'était le blocage
01:12:49comme si on disait il faut retirer le droit
01:12:52c'est aussi ça les normes
01:12:55et c'est la garantie pour la nutrition
01:12:59on ne pourrait pas leur donner la malbouffe
01:13:02pour réduire les prix
01:13:05la qualité n'y est pas
01:13:08on doit protéger nos concitoyens ultramarins
01:13:11aujourd'hui les normes vont évoluer un peu partout
01:13:14qu'est-ce que nous on peut faire
01:13:17comment on peut accompagner ces évolutions des normes
01:13:20vous faites des cahiers des charges
01:13:23vous pouvez les mettre dans le cahier des charges
01:13:26est-ce que vous n'avez pas poursuivi cette piste
01:13:29du cahier des charges pour la production
01:13:32aujourd'hui on peut acheter des fruits et légumes
01:13:35au Maroc, en Algérie, partout
01:13:38vous vendez des produits d'hygiène
01:13:41qui répondent aux normes
01:13:44c'est le cahier des charges qu'il faut réétudier
01:13:47le problème des normes dans nos régions
01:13:50c'est qu'on revient au diviseur industriel
01:13:53comme les produits autour de nous
01:13:56ne produisent pas aux mêmes normes que nous
01:13:59même si on leur donnait un cahier des charges
01:14:02et on leur demandait de produire pour nous
01:14:05la quantité de production serait trop petite
01:14:08pour que ça puisse être intéressant pour eux
01:14:11on a essayé d'approcher plusieurs industriels
01:14:14en Afrique du Sud
01:14:17100% de leurs produits sont produits à peu près aux mêmes normes
01:14:20que les normes européennes
01:14:23mais le packaging est écrit en anglais
01:14:26nous on doit avoir un packaging écrit en français
01:14:29arrêter la production pour le mettre en français
01:14:32coûte cher et la différence de prix
01:14:35qu'on pourrait obtenir en important en Afrique du Sud
01:14:38est gommée par ce surcoût d'arrêt de production
01:14:41c'est pas forcément renoncer à une qualité de produit
01:14:44mais peut-être assouplir certaines normes
01:14:47pour permettre de prendre directement les produits
01:14:50fabriqués dans les pays autour de nous
01:14:53à leurs conditions et dans leurs chaînes de production
01:14:56pour ne pas renchérir les coûts
01:14:59Pour répondre à ta question
01:15:02c'est le travail que la délégation est en train de mener
01:15:05conjointement avec la commission des affaires européennes
01:15:08ce n'est pas, et je le répète encore
01:15:11ce n'est pas de vendre aux ultramarins
01:15:15de la nourriture particulièrement
01:15:18qui serait impropre
01:15:21et pas de bonne qualité
01:15:24mais avoir des équivalences normatives
01:15:27et ce que disait monsieur pour faire le parallèle
01:15:30avec la crise de l'eau
01:15:33l'état, le gouvernement français s'est retrouvé en difficulté
01:15:36parce qu'il ne pouvait pas
01:15:39pour ce problème de packaging
01:15:42de l'île Maurice à Mayotte
01:15:45lors des gros épisodes de sécheresse
01:15:48donc il y a un vrai sujet
01:15:51et c'est sur lequel nous sommes en train
01:15:54nous y travaillons
01:15:57et nous allons avancer
01:16:00Georges Naturel
01:16:03Un peu particulier, un territoire autonome
01:16:06donc on n'a pas la continuité territoriale
01:16:09même si on a effectivement ce coût
01:16:12alors juste
01:16:15c'est vrai que l'insertion régionale est importante
01:16:18et c'est un débat qu'on a régulièrement
01:16:21quand j'étais jeune on consommait australien et hauslandais
01:16:24et aujourd'hui on consomme européen
01:16:27alors que effectivement on a des territoires qui produisent
01:16:30très proche de chez nous
01:16:33alors le packaging fait partie aussi des choses qu'on impose
01:16:36alors qu'on sait tous parler anglais
01:16:39moi je n'ai pas de soucis pour consommer des produits australiens quand je vais en Australie
01:16:42donc il y a des choses à revoir
01:16:45mais en tout cas l'insertion régionale c'est un sujet qu'on aborde
01:16:48donc je ne veux pas revenir, je n'ai pas de questions à poser
01:16:51mais en tout cas je pense que c'est un vrai sujet
01:16:54comme la production locale
01:16:57alors effectivement pour 270 000 habitants c'est compliqué
01:17:00et il faut peut-être travailler au niveau régional
01:17:03pour éventuellement le produire à Fidji ou au Vanuatu
01:17:06avec des coûts de production, de la main d'oeuvre moins cher
01:17:09ça pourrait être une solution
01:17:12alors moi j'ai une question qui sort un petit peu du contexte
01:17:15mais qui me préoccupe
01:17:18tous nous ont donné la date de création de vos entreprises
01:17:21dans les années 60
01:17:24donc la question que je me pose
01:17:27et en plus vous m'avez dit
01:17:30il y a des groupes de sociétés qui se sont installés
01:17:33qui sont repartis et vous vous êtes resté
01:17:36donc je ne vise personne
01:17:39tous ces groupes historiques de Martinique en particulier
01:17:42sont restés
01:17:45et la question que je me pose c'est pour quelles raisons
01:17:48je vais dire ça brutalement comme ça
01:17:51parce que ça me questionne
01:17:54je peux répondre ?
01:17:57je vais répondre
01:18:00en tant que plus jeune groupe
01:18:03local
01:18:06notre activité
01:18:09commence en 1994
01:18:12par l'introduction
01:18:15du premier magasin
01:18:18aux Antilles
01:18:21donc l'objectif c'était de baisser les prix
01:18:24et introduire un modèle qui n'existait pas encore
01:18:27dans ce territoire
01:18:30maintenant on est un groupe un peu plus jeune
01:18:33des années plutôt 90 que 60
01:18:36mais le succès que l'on a eu
01:18:39est lié à l'attente qui existait
01:18:42dans la population
01:18:45à avoir une concurrence
01:18:48et des produits
01:18:51qui soient à un prix
01:18:54moins élevé
01:18:57c'était l'introduction de beaucoup de MDD
01:19:00le modèle où on introduit des MDD dans un magasin
01:19:03nous sommes restés sur ce modèle
01:19:06c'est ce que je peux dire pour notre groupe
01:19:09la longévité c'est aussi
01:19:12le fait d'être à l'écoute des clients
01:19:15et de toujours proposer des modèles
01:19:18je vous ai évoqué aussi le modèle
01:19:21de club entrepôt
01:19:24qui permet à chacun de trouver des produits
01:19:27à des prix en général 10% en dessous de la concurrence
01:19:30je propose de vous répondre
01:19:33pour Safo
01:19:361962 la date de création en Guadeloupe
01:19:39et pas en Martinique
01:19:42mon grand père était d'origine martiniquaise
01:19:45on a développé nos activités dans ces territoires
01:19:48Guadeloupe d'abord, ensuite Martinique, Guyane
01:19:51qui présentaient les mêmes contraintes
01:19:54et quand on arrive à
01:19:57apprivoiser ces contraintes et à travailler avec dans un territoire
01:20:00le réflexe existe
01:20:03de s'étendre aux autres DFA
01:20:06Martinique et Guyane
01:20:09pour la raison pour laquelle le groupe existe encore aujourd'hui
01:20:12il a eu plusieurs fois des difficultés
01:20:15en 2000 il a été sous mandat ad hoc
01:20:18et a failli disparaître
01:20:21mais c'est à la fois sa diversification
01:20:24et le fait que nos équipes
01:20:27nous-mêmes arrivons à faire correctement nos métiers
01:20:30qui fait que nous sommes encore présents aujourd'hui
01:20:33toujours dans les mêmes territoires
01:20:36on n'a pas diversifié nos zones géographiques
01:20:39partiellement votre question
01:20:43je vais me répondre pour le groupe Parfait
01:20:51merci
01:20:54je crois que sa première cause
01:20:57pourquoi on reste
01:21:00c'est parce que nous sommes à l'origine dans ces pays
01:21:03je crois que c'est le premier attachement que nous avons
01:21:06la deuxième cause pourquoi certains disparaissent
01:21:09par rapport à d'autres
01:21:12malheureusement c'est une question de compétitivité
01:21:15mais aussi parfois de l'enseigne que nous avons
01:21:18si vous avez une enseigne
01:21:21qui vous approvisionne
01:21:24et qui n'est pas compétitive
01:21:27vous-même ne serez pas compétitif par rapport à d'autres
01:21:30on vous a raconté que nous avons changé d'enseigne
01:21:33au fil des années, au fil de notre existence
01:21:36nous avons eu l'occasion de passer de l'enseigne ESCAL
01:21:39à l'enseigne U
01:21:42et aujourd'hui à l'enseigne Leclerc
01:21:45avec la crise qu'il y a là
01:21:48avec la baisse de la population
01:21:51je ne sais pas si nous serons là dans 5 ou 10 ans
01:21:54nous faisons tout pour
01:21:57mais dans un marché
01:22:01qui se rétrécit, population qui baisse
01:22:04pouvoir d'achat qui baisse
01:22:07ça va devenir compliqué
01:22:10et moi je vous dis
01:22:13je pense qu'avec ce qui se passe actuellement
01:22:16nous risquons de diminuer encore le nombre d'exploitants
01:22:19et être aujourd'hui
01:22:22avant nous étions 15, aujourd'hui nous sommes 6
01:22:25je pense que dans les 3 ou 4 ans il n'y en aura plus que 4
01:22:29et nous aurons accru
01:22:36la vision monopolistique ou oligopolistique
01:22:39je ne sais pas
01:22:42et nous aurons eu exactement
01:22:45avec la crise qui est en cours un effet inverse
01:22:48donc pour moi je suis assez pessimiste
01:22:51si on ne trouve pas des solutions
01:22:54concrètes et rapides
01:22:57je ferai tout pour ne pas être parmi
01:23:00ceux qui disparaissent
01:23:03mais ce sera compliqué
01:23:06merci
01:23:09monsieur Laturel
01:23:12votre question est très importante
01:23:15parce que vous abordez le sujet de la fragilité des entreprises
01:23:18aujourd'hui dans cette salle
01:23:21vous êtes ici en tant que sénateur
01:23:24et souvent vous êtes un consommateur
01:23:27quand vous êtes un consommateur, personne ne vous dit
01:23:30où il faut aller
01:23:33vous n'avez pas de patron
01:23:36et vous allez là où vous avez le sentiment
01:23:39que vos intérêts sont les mieux défendus
01:23:42dans le métier de la distribution alimentaire
01:23:45qui est un métier très compétitif
01:23:48qui est un métier où en plus le client revient
01:23:51souvent pour ne pas dire tout le temps
01:23:54la notion du prix est fondamentale
01:23:57celui qui oublie ça est mort
01:24:00et tous les groupes qui ont disparu
01:24:03sont des groupes qui à un moment ont un peu oublié ça
01:24:06soit ils l'ont oublié parce qu'ils n'ont pas apporté
01:24:09suffisamment d'importance à cette problématique prix
01:24:12soit ils l'ont oublié
01:24:15par la force des choses
01:24:18parce qu'ils n'ont pas su rester compétitifs
01:24:21que faut-il faire pour être placé en prix ?
01:24:24il faut bien acheter bien sûr
01:24:27il faut réussir à faire venir les produits
01:24:30de l'hexagone sur les territoires
01:24:33aux meilleures conditions possibles
01:24:36le moins cher possible
01:24:39et il faut essayer de gérer les charges
01:24:42de nos entreprises du mieux possible
01:24:45de façon à pouvoir avoir les prix les plus compétitifs
01:24:48nous nous sommes développés
01:24:51le métier est fragile
01:24:54rien n'est jamais acquis
01:24:57et nous avons pleinement conscience
01:25:00qu'il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers
01:25:03et se remettre toujours en cause
01:25:06mais si je prends la martinique par exemple
01:25:09et nos premiers pas dans la distribution alimentaire
01:25:12c'est en 1981
01:25:15nous rachetons un gros supermarché
01:25:18qui est à Fort-de-France
01:25:21qui a lancé une monoprix
01:25:24qui depuis est un carrefour
01:25:27qui s'appelle carrefour Dillon
01:25:30depuis 1980, c'est à dire depuis maintenant 45 ans
01:25:33nous n'avons construit qu'un magasin à la martinique
01:25:36il est à génie pas
01:25:39nous sommes depuis 30 ans
01:25:42dans la distribution alimentaire à la Guadeloupe
01:25:45nous n'avons construit qu'un magasin
01:25:48nous sommes depuis 40 ans
01:25:51dans la distribution alimentaire à l'île de la Réunion
01:25:54nous n'avons construit que deux magasins
01:25:57deux hypermarchés
01:26:00les autres magasins sont des magasins
01:26:03qui ont été repris à des acteurs
01:26:06et malheureusement Robert Parfait disait
01:26:09groupe locaux donc on reste
01:26:12mais malheureusement beaucoup d'acteurs locaux ont disparu aussi
01:26:15mais c'est pas facile partout
01:26:18à la martinique c'est nous qui avons réussi
01:26:21à racheter des magasins de concurrents défaillants
01:26:24à l'île de la Réunion aussi
01:26:27mais en Guyane par exemple
01:26:30nous avons un hypermarché et nous souffrons beaucoup
01:26:33depuis plusieurs années on n'a pas encore réussi
01:26:36à trouver la clé c'est notre concurrent qui nous fait souffrir
01:26:39il est plus efficace que nous
01:26:42en tout cas visiblement et au fond la chance
01:26:45de ce magasin en Guyane c'est d'appartenir
01:26:48à un groupe qui le soutient
01:26:51et qui lui permet de traverser cette période difficile
01:26:54et que j'espère que nous réussirons à traverser
01:26:57et pour ne pas faire comme ceux qui y ont fait avant nous
01:27:00mais c'est vrai que c'est un métier
01:27:03fragile, difficile
01:27:06et donc le prix
01:27:09il faut être... alors bien sûr à la fin on est quand même
01:27:12beaucoup trop cher par rapport à l'hexagone
01:27:15les contraintes structurelles dont on a parlé
01:27:18mais un distributeur qui ne se lève pas tous les matins en cherchant
01:27:21une bonne idée pour arriver à baisser ses prix
01:27:24et à être mieux placé que ses concurrents
01:27:27enfin en tout cas nous c'est notre conviction
01:27:30c'est que c'est un élément fondamental
01:27:33Voilà pour cette table ronde organisée au Sénat avec les représentants
01:27:36de la grande distribution pour évoquer la crise de la vie chère en Outre-mer
01:27:39C'est la fin de cette émission, merci de l'avoir suivie
01:27:42continuez à suivre à l'actualité politique et parlementaire
01:27:45sur notre site internet publicsenat.fr
01:27:48Je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat

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