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La maire socialiste de Nantes Johanna Rolland participera mercredi à la marche en soutien au maire démissionnaire de Saint-Brevin. Il a quitté ses fonctions après une succession de menaces et l'incendie de ses voitures.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00 Parole à Madame le maire ce matin. Bonjour Johanna Roland.
00:02 Bonjour.
00:03 Merci d'être avec nous.
00:04 Quand il se passe ce qu'il s'est passé à Saint-Brévin, c'est toute la République qui recule,
00:07 avez-vous déclaré, en appelant à une manifestation cet après-midi à Saint-Brévin,
00:10 donc en soutien aux maires démissionnaires et Yannick Moraise,
00:13 il a démissionné après avoir vu, on le rappelle, son domicile et ses voitures incendiées.
00:17 Saint-Brévin est en Loire-Atlantique, à côté de Nantes, la ville dont vous êtes maire.
00:21 Vous avez donc lancé l'idée de cette marche avec Olivier Faure au PS,
00:24 suivie par la gauche, suivie aussi par l'Association des maires de France.
00:28 Quel est le message de cette manifestation ?
00:30 Le message c'est que jamais, jamais un maire, un élu de la République,
00:34 ne devrait se retrouver obligé de choisir entre son mandat, sa passion pour la chose publique,
00:40 parce que l'immense majorité des élus sont engagés sur ce qu'ils font,
00:43 et la protection de sa famille.
00:45 Et effectivement ce qui se passe à Saint-Brévin, au-delà de cette situation,
00:48 est un signal très grave, non seulement de l'augmentation des violences à l'encontre des élus,
00:53 plus de 32% sur l'année qui vient de s'écouler,
00:56 mais aussi, disons-le clairement, d'un climat où l'extrême droite joue, dans notre pays,
01:02 un jeu et un rôle particulièrement nauséabond.
01:05 Lequel ?
01:06 Écoutez, quand je vois que Jérôme Guedj salue à l'Assemblée nationale Yannick Morèse,
01:11 pour son engagement de maire, et que tous les élus de l'arc républicain sont debout dans l'hémicycle,
01:17 sauf les députés du Rassemblement national, oui je crois qu'il faut le pointer.
01:21 Yannick Morèse, le maire, prendra la parole ce soir devant l'hôtel de ville,
01:25 mais il ne participera pas à la marche.
01:26 Il l'a expliqué dans un communiqué cette nuit sur ses réseaux sociaux.
01:29 Il regrette la récupération politique de cette marche, notamment par l'extrême gauche, dit-il.
01:34 Cette marche qui se voulait au départ transpartisane.
01:36 Vous regrettez son absence à la marche ?
01:38 D'abord, Yannick Morèse sera évidemment présent cet après-midi.
01:42 Il fait le choix plutôt de s'exprimer avant ou juste après la marche, et de ne pas défiler.
01:49 C'est son choix et je le respecte pleinement.
01:51 Mais quand il dénonce la récupération politique, et notamment par l'extrême gauche, vous répondez quoi ?
01:55 Je ne crois pas sincèrement qu'il y ait de récupération de qui que ce soit.
01:58 D'ailleurs, si vous regardez bien son communiqué, il évoque aussi la faiblesse du soutien de la droite.
02:02 Je pense que c'est utile de le mentionner.
02:03 Il parle de la discrétion de la droite, qui est, on le rappelle, son camp, parce que c'est un maire de l'Univers droite.
02:07 Au-delà de ça, sincèrement, qu'est-ce qui va se passer cet après-midi ?
02:08 Cet après-midi, je crois qu'il y aura 300, 400, 500 élus en écharpe, pour marquer l'attachement, justement, à la République.
02:16 Il y aura plusieurs milliers de personnes, et en réalité, de toute sensibilité.
02:20 Je peux vous le dire, parce que moi, je reçois sans arrêt des messages d'élus de tous bords qui me disent
02:24 « Nous serons présents à Saint-Brévin, nous serons présents pour affirmer notre soutien à Yannick Moraise,
02:29 nous serons présents pour dire que quand un maire est attaqué, c'est la République qui est en danger. »
02:33 Et je crois que le message que nous allons adresser collectivement ce soir sera fort et qu'il est absolument indispensable.
02:38 Cette émission qui a fait l'effet d'une bombe intervient dans un contexte de très forte augmentation des agressions des élus.
02:43 Vous en parliez, ce chiffre, +32% entre 2021 et 2022.
02:47 Vous êtes maire depuis 9 ans, à Nantes.
02:49 Vous avez senti la montée des violences. A partir de quand ça s'est détérioré à vos yeux ?
02:54 Je crois que ça fait plusieurs années qu'il y a quelque chose en germe dans le climat.
02:58 Et il y avait une chose très juste dans ce que vous avez partagé dans l'édito, c'est une forme d'accélération post-Covid.
03:03 Je crois en effet qu'on n'a pas...
03:04 Il y a un effet post-Covid ?
03:06 À l'évidence. Moi, j'ai un souvenir très marquant des maires de la métropole, que je salue au passage,
03:10 les 24 maires dans leur diversité, qui, au pic de la crise Covid, lors d'une réunion un peu de crise,
03:17 m'ont exprimé cette fatigue d'être en première ligne, l'exaspération parfois des citoyens,
03:22 les agents du service public en première ligne et parfois en difficulté.
03:26 Oui, il y a quelque chose de cette nature.
03:28 Mais je le redis, à la fois il y a ce sujet de l'augmentation des violences à l'égard des élus,
03:33 et sur Saint-Brévent, il y a aussi cette problématique particulière de l'extrême droite.
03:37 Je ne voudrais pas non plus que derrière cette question réelle de l'augmentation des violences aux élus,
03:41 d'ailleurs l'AMF et France Urbaine ensemble ont fait un certain nombre de propositions concrètes,
03:45 plus de moyens financiers pour accompagner les enquêtes,
03:48 augmenter le délai de prescription sur les réseaux sociaux.
03:50 Aujourd'hui quand un maire, et c'est souvent comme ça que ça démarre,
03:53 est attaqué, diffamé sur les réseaux sociaux, il y a trois mois et ensuite c'est prescrit.
03:58 Trois mois, c'est évidemment pas assez.
04:00 Le gouvernement a proposé le Pacte Sécurité mercredi dernier en réponse à ce qui s'est passé à Saint-Brévent.
04:06 Il est insuffisant.
04:07 C'est ce que j'allais vous demander. Est-ce qu'il est suffisant à vos yeux ?
04:09 Un certain nombre de mesures pour mettre 3 000 fonctionnaires pour écouter les plaintes des élus ?
04:15 Parce qu'effectivement Yannick Morais a dit que c'était son petit abandonné.
04:18 Pour accélérer les procédures, pour augmenter les peines sur les violences contre les élus,
04:24 qui arrivent au même niveau que les violences contre les policiers.
04:27 Tout ça est insuffisant à vos yeux ?
04:28 Ça va dans le bon sens. C'est une étape.
04:29 Elle est nécessaire.
04:30 Deux choses qui sont insuffisantes, je le redis.
04:32 La régulation des réseaux sociaux.
04:34 Parce que le déferlement de haine et de violence de manière anonyme,
04:38 et donc dans une lâcheté que chacun peut constater,
04:41 amène ensuite à des débordements physiques réels sur l'espace public.
04:47 Puis la deuxième chose, c'est qu'avec ce qui se passe à Saint-Brévin,
04:49 il y a aussi une forme de libération de la parole des élus.
04:52 Moi je reçois nombre de témoignages d'élus qui disent
04:55 "J'ai pas forcément raconté, j'ai pas forcément osé,
04:58 j'ai pas voulu faire de publicité aussi aux auteurs de ça".
05:01 Joanna Roland, vous avez déjà été menacée,
05:04 au-delà des critiques ou des messages de haine sur les réseaux sociaux qui sont condamnables,
05:08 mais vous avez déjà été menacée directement, sérieusement, physiquement ?
05:12 Oui, je crois que comme beaucoup d'élus, j'ai vécu ce type de situation.
05:17 Menace de mort anonyme en mairie, incendie de mon véhicule personnel
05:21 devant mon domicile personnel où dormaient mes deux enfants il y a quelques années.
05:26 Oui, je crois que quasiment tous...
05:27 Vous avez arrêté, on a brûlé votre voiture devant votre maison.
05:28 Absolument. Mais je crois que quasiment tous les maires que vous inviteriez sur ce plateau
05:34 pourraient vous dire telle ou telle situation.
05:36 C'est aussi pour ça que l'alerte est forte aujourd'hui.
05:39 Le gouvernement explique aussi ces violences en pointant l'attitude et les déclarations de certains
05:43 aux extrêmes, disent-ils, et notamment pointant les insoumis,
05:46 traiter un ministre d'assassin ou jouer au foot avec sa tête comme l'ont fait vos collègues insoumis.
05:50 Est-ce que ça ne prépare pas le terreau de la violence ?
05:52 C'est en tout cas le message de la majorité ces derniers jours.
05:55 Moi, je vais être très claire sur ce sujet.
05:56 Jamais je ne cautionnerai un député qui pose son pied sur un ballon avec la tête d'un ministre. Jamais.
06:02 C'est un député insoumis de votre groupe, la nupes.
06:03 Ce n'est pas ma culture politique, je ne cautionnerai jamais ça.
06:07 Mais je trouve extrêmement dangereux le parallèle qu'est en train d'essayer de faire le gouvernement.
06:12 Parce que ce que fait le gouvernement, en réalité, c'est un parallèle politique
06:15 entre la France insoumise et l'extrême droite.
06:18 Et je crois que sur ce sujet, il faut être quand même un peu sérieux.
06:20 Clémentine Autain, Manon Aubry sont des élus qui portent les enjeux d'égalité et de fraternité.
06:25 Comment comparer ça avec des hommes et des femmes qui, dans l'histoire,
06:30 dans l'histoire, sont sur des positions racistes ?
06:33 Dans l'histoire et encore récemment, flirtent avec des groupuscules nazis.
06:38 Je crois que ce sujet mérite plus de sérieux, de gravité et moins d'instrumentalisation
06:43 que ce que le gouvernement tente de faire.
06:44 Un mot sur votre ville Nantes.
06:46 En septembre dernier, Nantes était secouée par une succession d'agressions, de viols,
06:50 des vols aussi en plein centre-ville.
06:52 Alors qu'elle caracolait dans le palmarès des villes où il fait bon vivre,
06:56 elle était pointée du doigt tout le mois de septembre et à l'automne.
06:59 Comme une ville où l'insécurité, le trafic de drogue n'était plus maîtrisé,
07:02 vous-même étiez critiqué sur votre bilan sécuritaire.
07:05 Depuis, vous avez augmenté les effectifs de police avec Gérald Darmanin,
07:08 avec le ministère de l'Intérieur.
07:09 Et les caméras de surveillance, ça a de l'effet ?
07:11 Nous avançons dans le bon sens.
07:13 C'est une bataille dans la durée.
07:14 Effectivement, j'ai obtenu auprès du ministère de l'Intérieur
07:17 des renforts de policiers nationaux.
07:19 C'était nécessaire.
07:20 J'ai moi-même augmenté les moyens municipaux de manière importante.
07:25 Caméras de vidéoprotection, doublement des effectifs.
07:27 Il nous reste un maillon qui est insuffisant, je le dis clairement,
07:30 c'est le maillon justice.
07:31 Parce que pour gagner la bataille de la sécurité,
07:34 à Nantes, comme dans toutes les grandes villes,
07:36 indexer les effectifs de justice sur l'augmentation de la population,
07:39 ça devient indispensable.
07:41 Une ou deux questions de politique nationale,
07:42 puisque vous êtes, comme l'a dit Nicolas, la numéro 2 du PS,
07:45 à égalité avec Nicolas Meyère-Rossignol, il faut respecter au PS.
07:49 Hier, à notre micro, Olivier Véran commentait les propositions de loi
07:52 déposées par LR sur l'immigration en disant la chose suivante.
07:54 La droite a mis des propositions sur la table,
07:56 je ne suis pas d'accord avec beaucoup d'entre elles,
07:57 mais elles ont le mérite d'exister,
07:59 alors que le PS, selon lui, ne fait que critiquer sans proposer.
08:01 J'appelle la social-démocratie dans notre pays,
08:03 comme elle est capable de le faire dans d'autres pays européens,
08:05 à se saisir de ce défi, à dire "voilà ce qu'on propose"
08:07 pour répondre à l'inquiétude des Français.
08:09 C'est vrai qu'on ne vous entend pas beaucoup sur l'immigration, notamment.
08:13 C'est quoi les propositions ?
08:14 Non, je crois que ce n'est pas vrai.
08:15 Les députés socialistes ont des positions tout à fait claires sur ces sujets,
08:19 on a eu l'occasion de le dire.
08:21 D'abord, nous on refuse clairement de rentrer dans cette logique du fantasme,
08:25 du grand remplacement, du tsunami migratoire.
08:27 Donc ça c'est la position de principe.
08:29 Ensuite, on fait et on fera un certain nombre de propositions.
08:32 J'en cite juste une, pour ne pas être trop longue.
08:35 Nous on appelle à une réforme de ce qu'on appelle les procédures de Dublin.
08:39 Donc on le sait, ça met un certain nombre de citoyens
08:42 dans des situations absolument inexplicables.
08:45 Et puis on appelle à sortir des situations
08:48 où les gens ne sont ni régularisables, ni expulsables.
08:50 Mais un mot quand même sur Olivier Véran.
08:51 Osez dire ça à votre antenne,
08:53 le jour où le gouvernement fait le choix de retoquer
08:56 la proposition de loi de régulation de logement
08:59 déposée par Iñaki y Chaniz,
09:01 proposition de loi transpartisane,
09:03 au moment où la crise du logement est si frappante dans le pays,
09:06 et au moment où le gouvernement tergiverse,
09:08 les propositions elles sont sur la table.
09:09 Cette proposition elle était transpartisane,
09:12 le gouvernement l'aurait fait, c'est un peu gonflé.
09:14 Dernière question, la question des européennes en un mot.
09:17 Vous êtes numéro 2 du PS,
09:18 faut-il une liste commune avec la NUPS, oui ou non ?
09:20 Ma position personnelle est très claire,
09:22 je suis pour une liste socialiste et écologiste.
09:25 Merci Johanna Roland d'avoir été avec nous et belle journée.

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