• il y a 2 ans
La ville de Saint-Ouen-sur-Seine instaure le congé menstruel pour ses agents : " On ne pouvait pas ne rien faire", indique le maire de la commune

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00:00 C'est une première en France et c'est une mairie qui entend le mettre en place.
00:03 Bonjour Karim Bouamrane.
00:04 Bonjour M. Dakar.
00:05 Vous êtes le maire PS de Saint-Ouen-sur-Seine en Seine-Saint-Denis.
00:08 Vous annoncez donc mettre en place un congé menstruel, un nouveau droit pour les femmes
00:12 qui a d'ailleurs déjà été adopté en Espagne, pays très en pointe sur le sujet.
00:17 Vous allez nous expliquer dans un instant les modalités précises.
00:20 Il s'agit pour résumer d'autoriser une absence aux salariés femmes lors des règles douloureuses.
00:26 Qu'est-ce qui vous a d'abord amené à prendre position sur cette question ?
00:31 Deux éléments.
00:32 Le premier, c'était des discussions avec de nombreuses associations féministes depuis
00:36 des mois et des mois, voire des années même.
00:38 Et puis surtout, comme vous l'avez évoqué M.
00:40 Dakar, la décision prise par l'Espagne il y a quelques mois, mais également Taïwan
00:45 et évidemment le Japon en 1947.
00:49 Les femmes représentent 50% de la population en France et la moitié d'entre elles souffrent
00:53 de règles douloureuses ou de règles incapacitantes.
00:55 Et plus de 10% de femmes en âge de procréer subissent, vivent avec de l'endométriose,
01:01 une maladie malheureusement peu connue qui a commencé à être enseignée dans le milieu
01:06 médical il y a à peine trois ans.
01:09 À Saint-Ouen, dans ma ville, nous avons 2000 agents, 60% de femmes, 1200 femmes.
01:13 Ce qui signifie statistiquement que nous avons entre 500 et 600 femmes victimes de règles
01:17 douloureuses.
01:18 On ne pouvait pas ne rien faire.
01:19 On a analysé l'arsenal juridique, l'arsenal financier et on s'est dit on va mettre en
01:24 place ce congé menstruel.
01:26 Et on est vraiment fier qu'une bonne partie désormais des villes suivent le pas.
01:29 On sait que Paris a exprimé un vœu il y a quelques semaines et de nombreuses villes
01:34 emboîtent le pas.
01:35 Chez vous à Saint-Ouen, l'expérimentation commence aujourd'hui.
01:37 Quelle forme ça va prendre exactement ? Est-ce que ce sont des jours de congé, c'est du
01:41 télétravail, c'est une adaptation des postes ?
01:44 Absolument.
01:45 C'est un peu tout ça.
01:46 C'est ce qu'on appelle l'acronyme un peu barbare, NASA, c'est-à-dire une absence spéciale
01:51 d'autorisation.
01:52 Donc ça veut dire que chaque femme victime de règles douloureuses ou incapacitantes,
01:57 ou chaque femme qui vit avec de l'endométriose, va pouvoir bénéficier de deux jours d'absence.
02:01 Et la nouveauté, au-delà de l'avancée en termes de qualité de vie au travail, c'est
02:05 que chaque femme n'aura pas l'obligation de passer systématiquement chez le médecin.
02:11 Avec un impact en termes de pouvoir d'achat qui allait jusqu'à un mois de salaire.
02:15 Parce qu'il y avait un jour de carence.
02:17 Il y avait un jour de carence.
02:18 80 euros, lorsque vous touchez 1500 euros, c'est l'équivalent d'un mois de salaire
02:22 sur 12 mois de salaire.
02:23 Donc ça c'est le deuxième avantage.
02:24 Le troisième avantage, éviter la stigmatisation des responsables et des managers.
02:30 L'objectif c'était de banaliser.
02:31 Comme disait Léo Ferré, à Monstruel on préfère périodique.
02:34 Eh bien nous, à périodique, on préfère règles.
02:37 Et il faut évidemment que ça rentre dans les mœurs de toutes et tous.
02:41 C'est-à-dire que ça va être formalisé surtout.
02:42 Ça ne va pas être à la décision du manager ou du responsable.
02:46 Absolument.
02:47 Ça sera discrétionnaire.
02:48 Ça sera formalisé au même titre que les conventions enfants malades, au même titre
02:53 que les RTT, au même titre que les congés individuels de formation.
02:56 Donc l'objectif c'est vraiment que ça rentre dans les mœurs et que ce ne soit plus tabou
03:00 et que ce ne soit plus stigmatisant pour les femmes qui subissent des règles douloureuses.
03:03 Et surtout qu'on cesse cette souffrance en silence et qu'on cesse ce déni, voire ce
03:07 déni de souffrance pour une bonne partie des femmes.
03:09 Ça concerne tous les salariés, tous les employés de la mairie de Saint-Ouen ?
03:12 Toutes les agentes qui évidemment souffriront de règles douloureuses et/ou d'endométriose.
03:17 Mais surtout ce qui est intéressant désormais M.
03:19 Accar, c'est voir l'étape d'après.
03:21 On va signer une convention avec l'assistance des publics des hôpitaux de Paris, la PHP,
03:26 pour faire en sorte que l'endométriose soit suivie via des consultations de gynécologues
03:32 spécifiques.
03:33 Donc ça c'est le premier point.
03:34 Et le second point, il faut désormais travailler sur un socle juridique clair qui fera en sorte
03:39 que toutes les villes, toutes les collectivités territoriales pourront bénéficier de ce
03:42 congémence ruelle qui est une protection juridique et donc financière.
03:45 Message que vous envoyez j'imagine aux parlementaires qui doivent légiférer sur la question pour
03:50 que ce soit dans toute la France.
03:51 C'est un nouveau droit, c'est un coût aussi, qui le prend en charge ?
03:56 Aujourd'hui ce seront les municipalités, les villes.
03:58 D'où l'intérêt d'avoir justement ce cadre juridique clair pour que toutes les
04:03 villes qui n'auront pas les moyens de cette ambition d'égalité des femmes et hommes,
04:06 les petites communes, absolument les petites communes, les petites communes de moins de
04:10 2500 habitants qui n'auront pas forcément les moyens de mettre en place ce système,
04:14 il faut qu'elle soit protégée juridiquement.
04:15 Mais j'en appelle aux parlementaires, sénateurs, députés, évidemment les ministres.
04:21 On a écrit au président de la République, mais aussi les forces vives, je pense notamment
04:25 aux syndicats, la CFDT, la CGT qui actuellement sont en plein congrès.
04:29 Il faut que ces forces vives intègrent cette mesure.
04:33 Merci beaucoup Karim Bouamran, maire PS de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis.

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