• il y a 2 ans

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Transcription
00:00 votre salaire actuel, c'est quoi ?
00:01 - 2100 euros net.
00:02 BAC+5, concours, gérer les enfants des autres,
00:05 leur transmettre un savoir qui est en train de disparaître.
00:07 - 2100 euros net, vous êtes marié ?
00:09 - Bac C.
00:10 - D'accord, donc vous arrivez à vous en sortir ou pas du tout ?
00:13 - Ça devient difficile parce que le pouvoir d'achat s'effondre pour tout le monde.
00:16 Il n'y a aucune mesure de prise par ce gouvernement.
00:19 On nous rajoute deux ans dans la tête avec cette réforme injuste
00:21 dont personne ne veut, il faut quand même le rappeler.
00:23 90% des actifs, 70% de la population générale.
00:27 Et au lieu d'augmenter les salaires, notamment des métiers utiles à la société,
00:32 soignants, policiers, profs, surveillants et autres,
00:36 tous ces métiers qui contribuent au vivre ensemble,
00:38 qui font que ce pays peut tenir,
00:40 Emmanuel Macron nous crache dessus, nous vomi dessus depuis son trône éliséen.
00:44 - Alors, vous avez été manifesté ?
00:47 - Évidemment.
00:48 - Vous avez fait grève, bien sûr.
00:49 - Évidemment.
00:49 - Vous avez été...
00:50 - J'aime bien perdre mon salaire de temps en temps comme ça,
00:52 je trouve ça sympa.
00:53 - En plus, en plus de ce que vous nous avez dit, vous avez été...
00:55 - 80 balles de moins.
00:57 - Oui, mais je vous dis que c'est très très chaud pour les grévistes,
01:00 parce qu'à la fin du mois, je peux vous dire qu'ils le sentent passer,
01:02 déjà que c'est compliqué pour la plupart,
01:04 et qu'ils sont dans la rue déjà parce qu'ils ne s'en sortent pas.
01:06 Quand ils manifestent, je peux vous dire, et quand ils font grève,
01:08 c'est une catastrophe pour eux.
01:09 J'ai beaucoup beaucoup de potes qui me disent que c'est très très compliqué.
01:13 Nicolas, vous avez vu des violences, vous avez été témoin de violences,
01:16 c'est quoi l'ambiance ?
01:17 - Alors, j'ai été témoin de violences des deux côtés.
01:20 C'est inadmissible dans les deux cas.
01:22 Ce sont des humains auxquels on a affaire,
01:24 donc il y a des manifestants qui déconnent complètement, c'est un fait.
01:27 Il y a des policiers qui déconnent complètement, c'est un fait.
01:30 J'ai assisté par exemple à des imbéciles qui cramaient des poubelles,
01:34 qui cramaient des vélos en trouvant ça super drôle,
01:37 qui pétaient des vitrines.
01:39 Donc c'est hilarant de casser l'instrument travail d'agent.
01:42 Et d'autre part, parce qu'il faut être juste,
01:45 par exemple, il y a dix jours, j'étais avec des amis,
01:47 on manifestait mais hyper tranquillement, on arrive à Nation,
01:51 les CRS nous empêchent d'avancer.
01:52 Pas sympa en plus, ça c'est agressif.
01:54 On attend, on attend, on est calme.
01:57 Certains commencent à crier des trucs, mais pas bien méchants,
02:00 genre "Cassez-vous, laissez-nous passer".
02:01 C'est pas non plus, je pense, le pire de l'insulte.
02:04 Les CRS, dans une technique qui paraît-il, maintenant qu'on dit, est connue,
02:07 s'écartent, on commence à avancer, bam !
02:10 Comme ça.
02:11 Il y avait quand même le fils de huit ans de ma meilleure amie.
02:14 Je l'ai attrapé, elle aussi, on s'est paré.
02:17 On a échappé à ça, un passage à tabac,
02:19 parce que c'est ce qui s'est passé devant nous.
02:21 Ça, c'est inadmissible aussi.
02:23 Donc, je ne suis pas du tout là pour critiquer ce que font les forces de l'ordre.
02:27 On en parlait tout à l'heure tous les deux en plus.
02:29 Il y a des gens bien partout, il y a des abrutis partout,
02:31 il y a des profs complètement débiles,
02:33 il y a des flics qui sont débiles,
02:34 il y a des soignants débiles et sadiques,
02:36 en fait, tout ce que vous pouvez imaginer.
02:37 Mais n'empêche qu'on est des métiers utiles et on doit marcher main dans la main
02:40 parce que la réforme des retraites, elle nous démolit tous.
02:43 Elle démolit tous les salariés du pays.
02:45 Le fait qu'on n'augmente pas les salaires massivement des profs,
02:48 des soignants, des flics, est une catastrophe
02:50 parce que ça fait que les gens ne veulent plus faire ces métiers.
02:53 Les gens ne veulent plus être profs aujourd'hui.
02:54 Les gens ne veulent plus être flics, les gens ne veulent plus être soignants.
02:56 Les conditions de travail sont extrêmement dégradées.
03:00 Côté discipline, il faut imaginer, et côté salaire, ça compte l'argent.
03:04 On ne fait pas ce métier pour l'argent, c'est clair,
03:06 mais ce n'est pas une raison pour être sous-payé.
03:08 Il y a un moment où il faut être logique.
03:10 Un pays doit respecter les services publics, tout bêtement.
03:13 Alors Nicolas, merci.
03:15 On a Perrine qui est à côté de vous, qui est femme de policier.
03:18 Ce soir, vous allez représenter votre mari,
03:19 plus globalement les familles des forces de l'ordre.
03:21 Votre mari est actuellement sur le terrain ?
03:23 Oui, il est engagé sur le terrain.
03:25 Alors lui, il est plutôt en BAC,
03:27 mais il y a certaines BAC qui ont été engagées effectivement sur les manifestations
03:30 pour prêter main forte aux effectifs interpellants.
03:34 Donc il a interpellé des manifestants.
03:35 Qu'est-ce qu'il vous dit quand il rentre en ce moment ?
03:37 Que la situation est réentente, elle est dramatique.
03:40 On a des rappels de nos hommes et nos femmes
03:44 pour pouvoir assurer ces manifestations.
03:45 Là, il faut se dire qu'on est au bout de six jours de manifestations sauvages
03:50 qui se transforment en attroupements
03:51 et qui se transforment souvent en violences urbaines
03:54 avec des tirs d'engins incendiaires, de cocktails Molotov,
03:58 des jets de mortiers d'artifice, des jets de pavés.
04:02 On a vu une policière s'écrouler littéralement sous un pavé,
04:06 malgré les protections.
04:07 C'est une violence inouïe.
04:09 Il y a certains incendies qui maintenant se propagent même à des immeubles d'habitation.
04:14 Hier soir, la DOPC, la Direction d'ordre public et de la circulation,
04:19 les 16 effectifs ont mis en sécurité plus de 20 personnes à la suite d'un incendie
04:24 parce qu'ils se sont propagés, parce qu'il y avait des incendies de poubelles, etc.
04:28 Aujourd'hui, c'est énormément d'heures de fêtes.
04:31 En ce moment, on a une compagnie de CRS qui a fait plus de 24 heures d'engagement.
04:37 24 heures d'engagement, c'est énorme.
04:38 Elles sont plus violentes que les autres, les manifestations ?
04:41 Elles sont de plus en plus violentes.
04:43 On a connu les Gilets jaunes.
04:44 Mon compagnon était à ce moment-là sur les manifestations.
04:47 On avait déjà assisté à un accroissement de la violence,
04:52 à un accroissement des menaces même hors du travail.
04:55 Parce que maintenant, un flic, ça se fait suivre,
04:58 ça se fait, comme on dit vulgairement, "détroncher" quand il rentre chez lui.
05:02 C'est des menaces sur nos familles, c'est des menaces sur moi-même.
05:06 Ce sont des injures quotidiennes.
05:07 Et aujourd'hui, oui, c'est de plus en plus violent.
05:09 Vous avez des enfants ?
05:10 Non.
05:10 Vous n'avez pas d'enfants ?
05:11 Vous avez peur quand il part ?
05:13 Évidemment que j'ai peur quand il part.
05:15 Évidemment que j'ai peur quand il part,
05:16 parce qu'on n'est même pas sûr qu'il va pouvoir rentrer entier.
05:18 Vous avez plus de 394 policiers qui ont été blessés sur ces manifestations.
05:23 Comment ne pas avoir peur ?
05:25 Qu'est-ce qu'il vous dit quand il est angoissé ?
05:29 Est-ce qu'il se dit "j'ai envie d'arrêter ce travail" ?
05:30 Est-ce qu'il ne vous passait pas la tête d'arrêter un moment ?
05:34 Ça traverse parfois l'idée.
05:36 Mais les valeurs qui l'ont poussé à s'engager dans la police nationale, elles demeurent.
05:42 Est-ce qu'il est d'accord avec les manifestants ?
05:44 La majorité de la population est d'accord avec les manifestants.
05:47 La majorité de la population ne veut pas de ces manifs.
05:48 Donc c'est d'autant plus compliqué pour lui de dire "il doit maintenir l'ordre".
05:52 Mais s'il avait fait un autre métier, il serait descendu dans la rue ?
05:56 Mais en fait, les policiers sont descendus dans la rue.
05:58 Les syndicats ont manifesté dès les premiers jours de manifestation
06:02 contre cette réforme des retraites.
06:03 Il y a 70% de la population, les policiers font partie de ces 70% de la population
06:08 qui sont contre cette réforme des retraites, évidemment.
06:11 On va en reparler dans un instant.
06:13 Il y a Léa qui est avec nous.
06:13 Elle est étudiante en psychologie et porteuse d'un handicap moteur.
06:16 Tu dois te déplacer constamment en fauteuil roulant électrique.
06:19 Si tu es avec nous ce soir, c'est pour sonner l'alerte.
06:20 Parce que je vous dis, les grèves aussi, tout ce qui se passe en France,
06:23 à cause de ça, tu ne peux plus sortir de chez toi.
06:25 Tu n'es pas la seule.
06:26 On va regarder ton déplacement.
06:28 Regardez, en fauteuil, dans Paris.
06:29 Regardez, ça c'est incroyable.
06:30 Regarde.
06:31 [Bruit de voiture]
06:53 Ça va aller, madame ?
06:54 Oui, ça va.
06:55 Je veux qu'il me donne mon adresse.
06:58 Merci, à vous.
06:59 De rien.
07:00 Voilà, alors, c'est ton quotidien.
07:03 Je pense que les images, elles parlent d'elles-mêmes.
07:06 C'est dramatique.
07:07 Je ne peux même pas vous dire à quel point, à chaque fois que je sors,
07:11 tous les jours, j'ai peur.
07:13 Et du coup, j'ai dû arrêter d'aller à la fac.
07:15 Malheureusement, j'ai demandé à l'administration de me mettre en place
07:19 un système de cours à distance.
07:21 Parce que je n'ai pas le choix.
07:22 Tu ne peux plus sortir de chez toi ?
07:23 Non, à chaque fois, je risque vraiment de me prendre une voiture,
07:27 de me prendre un scooter.
07:28 J'ai peur de...
07:29 Et du coup, j'ai trop peur.
07:30 Moi, qui suis bien naturelle, vraiment résiliente,
07:33 et qui aime me surpasser, je ne peux plus.
07:36 Je ne peux plus.
07:37 Tu es obligée de rouler sur la chaussée ?
07:39 Oui, c'est ça, le danger, c'est que les voitures arrivent tout droit devant moi.
07:44 Tu sais, c'est un truc de fou, là, quand on voit.
07:47 Parce que, je vous jure, ça, on n'y pense pas.
07:49 Ce soir, je voulais vraiment vous alerter là-dessus.
07:51 Et alerter toutes les personnes qui nous regardent.
07:53 Aveugle et tout.
07:54 Mais je vous le dis, je ne vous rendais pas compte,
07:55 pour les personnes en situation de handicap, ce qui se passe,
07:57 c'est catastrophique.
07:58 Voilà, je vous le dis, c'est catastrophique.
08:00 Non voyant les personnes en handicap moteur.
08:02 Tu t'es déjà retrouvée coincée ?
08:04 Ça m'arrive presque tous les jours.
08:06 Mais ça ne date pas d'aujourd'hui.
08:08 Il y a toujours un problème avec les bus.
08:10 Soit ils arrivent, j'attends une heure et demie.
08:13 Soit les ascenseurs derrière ne fonctionnent pas.
08:16 Ils fonctionnent une fois sur deux.
08:18 Soit il n'y a pas de taxi avec grand nombre d'accès disponibles.
08:21 Et là, ça s'est vraiment, vraiment empiré.
08:24 Et j'ai des situations où je suis vraiment en danger.
08:27 Et je peux vous raconter une anecdote.
08:29 Bien sûr, bien sûr.
08:30 Je sortais de ma fac dans le 7ème, jeudi soir.
08:35 Et donc, je ne trouve aucun bus parce qu'il y a une manifestation.
08:39 Et je ne trouve pas de taxi avec grand nombre d'accès disponibles.
08:42 J'appelle un Uber.
08:44 Et le monsieur, il ne voulait pas me prendre au début
08:46 parce qu'il avait peur.
08:48 Et je l'ai supplié parce que je n'avais pas d'autre moyen d'entrer chez moi.
08:51 S'il est mort, il avait peur de quoi ?
08:52 Au final, il avait peur de quoi ?
08:54 Il avait peur de me prendre parce que son véhicule n'est pas adapté
08:57 pour les personnes à mobilité réduite.
08:59 Et il n'y avait pas de rambre d'accès.
09:01 Du coup, il a dû appeler un restaurateur qui a bien voulu me porter.
09:05 Ils m'ont porté un par les bras, un par les jambes.
09:08 On a dû arrêter la circulation pour pouvoir me rentrer dans la voiture.
09:12 J'ai mis une heure et demie à rentrer chez moi.
09:14 Je ne sais pas, à un moment donné, je ne suis pas là pour contester
09:17 la réforme des retraites ni les grèves.
09:19 Mais il faut que des actions soient faites parce que je ne suis pas la seule dans ce cas.
09:24 Et je suis là pour porter la voix des personnes à mobilité réduite.
09:27 Aujourd'hui, tu vis, il faut le dire aux téléspectateurs qui nous rejoignent,
09:30 à 21h02, tu vis un véritable cauchemar.
09:33 Je suis couvertée chez moi alors que je vous le dis, d'habitude je sors,
09:36 je suis très active.
09:38 Comme je l'ai indiqué, j'ai fait mes études à New York.
09:42 Je suis allée toute seule.
09:44 Mais là, je ne peux plus.
09:46 Alors qu'avant, je prenais l'avion, j'allais partout.
09:49 Et là, pour une réforme, je suis bloquée.
09:52 Est-ce que vous pouvez imaginer le drame ?
09:56 - Vous avez peur ?
09:57 - Oui, j'ai peur à chaque fois de mourir, je vous le dis clairement.
10:00 Je suis honnête, je prie à chaque seconde.
10:05 Parce qu'un accident, c'est vite arrivé.
10:07 - Bien sûr.
10:08 - On attend quoi pour faire quelque chose ?
10:11 On attend qu'un drame se passe.
10:13 J'ai 25 ans, j'ai une vie devant moi.
10:16 C'est vraiment dommage.
10:18 - Le témoignage est vraiment très fort.
10:20 J'espère que ça va faire bouger les choses.
10:22 Ça fait combien de temps ?
10:23 Ça dure depuis quoi ?
10:25 - En vrai, la situation a toujours été comme ça.
10:28 En 2019, il y avait encore des grèves.
10:32 Et il n'y avait pas de bus disponibles.
10:35 J'ai sorti de mon kinésithérapeute dans le 12e.
10:38 Je voulais prendre le RER pour rentrer chez moi.
10:41 L'ascenseur ne marche pas.
10:42 Il n'y a pas de bus.
10:43 Donc le seul moyen que j'avais, c'était de me mettre en danger
10:47 et de prendre des escalators.
10:49 Il y a un monsieur qui a bien voulu m'aider.
10:52 Et évidemment, ça n'a pas loupé.
10:53 J'ai dégringolé les 20 marches.
10:55 J'ai atterri à l'hôpital.
10:57 Et le médecin m'a dit que j'avais fait une chute mortelle.
10:59 J'aurais pu lui laisser ma vie.
11:02 - Alors, on va revenir aussi sur le sujet.
11:05 Moi, je voudrais montrer aussi des images de CRS
11:08 qui s'en prennent à un SDF.
11:10 Je ne sais pas si vous avez vu ces images.
11:11 Je vais vous faire réagir dessus.
11:12 Parce que ça, vraiment, on a tous vu cette image
11:14 qui est d'une extrême violence.
11:15 Regardez.
11:17 - Viens, je t'en prie.
11:18 - Allez, allez, allez.
11:19 - Allez, allez, allez.
11:20 - Je l'ai mis, Kekis.
11:24 Je l'ai mis, Kekis.
11:25 - Oh !
11:26 - Je l'ai mis, Kekis.
11:27 - Oh !
11:28 - Kekis.
11:29 - Oh !
11:30 - Kekis.
11:31 - Oh !
11:32 - Oh !
11:33 - Tu es en mort.
11:34 - Tu es en mort ?
11:35 - Non, non.
11:36 - Allez, met toi le bouclier.
11:37 Passe-toi.
11:38 - Allez, relève-toi, putain.
11:39 - Sale carte de merde.
11:40 - Ça va.
11:41 - Ah bah ouais, là.
11:42 - Cache-toi.
11:43 - Passe-le, hein.
11:44 - Là, ça ne te fait rien.
11:45 - Allez, les gars.
11:46 - On va partir, là.
11:47 - On va se relever ?
11:48 - Allez-y, madame.
11:49 - Bah, laissez-le se relever, wesh.
11:50 C'est quoi, ça ?
11:51 Vous manquez d'humanité à ce moment-là ?
11:53 - C'est également cette image d'un...
11:55 particulièrement violent d'un marin pêcheur en son.
11:57 Vous l'avez vu, ça aussi, regardez.
11:59 - Ouais.
12:00 - Il y a aussi cette image qui s'est déroulée
12:12 au sein même d'un établissement de restauration rapide.
12:14 On la regarde en somme, regardez.
12:15 - Ce qu'on voit de l'autre.
12:19 - Périne, quand vous voyez ça, vous êtes femme de policier,
12:36 qu'est-ce que vous lui dites ?
12:39 - Que malheureusement, on a des situations qui interpellent,
12:43 qui sont choquantes, qui sont souvent incompréhensibles.
12:47 C'est pour ça qu'il y a des enquêtes qui sont diligentées.
12:50 Alors, je ne sais pas pour ces trois affaires-là,
12:53 je sais qu'il y en a certaines qui sont en cours, d'ailleurs,
12:55 mais celles-ci, est-ce qu'elles ont été diligentées ou non ?
12:57 Je tiens à rappeler aux citoyens qu'il y a toujours la plateforme IGPN
13:00 qui est ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
13:03 On peut faire des signalements.
13:04 Je me permets de le préciser parce que c'est important
13:06 pour les gens qui se sentent soit violentés, agressés
13:09 ou même parfois, pour d'autres faits, des faits de racisme,
13:13 ce genre de choses.
13:14 Donc, effectivement, il y a des moyens de recours,
13:16 il y a des enquêtes qui sont en cours.
13:18 Et évidemment, dès lors qu'il y a des manquements manifestes,
13:22 non seulement à la démantologie...
13:23 - Comment est-ce qu'on peut frapper avec autant de violence,
13:25 de haine, tais-toi, gros lard et tout ?
13:27 - Je me permets de répondre objectivement là-dessus.
13:30 Il y a des sanctions qui peuvent être prononcées.
13:32 Ces sanctions, elles sont importantes.
13:34 Il y a des révocations possibles.
13:36 Il y a la mise en cause aussi de la hiérarchie
13:38 qui va être aussi intéressante.
13:40 Parce que là, quand vous avez une compagnie complète
13:42 qui est présente, c'est intéressant de se poser
13:44 la question de la hiérarchie.
13:45 - On a l'impression qu'ils aiment se battre.
13:47 - Pas forcément.
13:49 - C'est le sentiment que j'ai à côté de moi.
13:51 - Là, vous avez quelques exemples de quelques individus.
13:54 Vous avez 150 000 policiers.
13:56 Vous pensez que les 150 000 policiers,
13:58 ils aiment se battre ?
13:59 Vous pensez que les gens qui rentrent dans la police
14:01 pour protéger et servir les citoyens,
14:03 ils aiment se battre contre les citoyens ?
14:05 Non, ça, c'est pas l'objectif.
14:06 Par contre, effectivement, quand il y a des manquements
14:09 qui sont manifestes, quand il y a ce genre de situation
14:12 qui interloque, effectivement, moi, je réponds
14:14 juste par une seule réponse.
14:16 La justice doit passer.
14:18 Et ceux qui n'ont rien à foutre dans la police nationale,
14:20 et je le dis très clairement, ils n'ont rien à foutre là.
14:22 - Il n'y a pas toujours une caméra.
14:23 - Mais il n'y a pas besoin d'une caméra ?
14:25 - Porter plainte s'il n'y a pas de caméra,
14:27 c'est compliqué pour ce monsieur.
14:28 - Encore heureux que vous avez la possibilité
14:30 d'aller non seulement déposer plainte,
14:32 mais également de faire des signalements.
14:34 - Oui, il y a d'autres affaires qui sont en cours.
14:36 Heureusement, il n'y a pas que là où vous avez une caméra.
14:38 Heureusement.
14:39 - Noée Gilles.
14:40 - Oui, Périne, bien entendu, il ne faut pas généraliser,
14:42 mais est-ce que votre compagnon, parfois, en ce moment-là,
14:44 on sait que les forces de l'ordre sont à bout,
14:46 est-ce qu'il vous dit "on est tellement épuisés
14:48 que parfois on fait des erreurs,
14:50 on est plus violents qu'il ne faudrait,
14:52 on n'en peut plus, et donc il y a des risques" ?
14:54 - Moi, je n'ai pas eu ce retour-là de la part de mon compagnon.
14:57 Parce que, comme je l'ai dit, les policiers en bac,
14:59 ce n'est pas forcément le même travail
15:01 que sur du maintien de l'ordre.
15:02 Par contre, effectivement, quand vous avez une compagnie de CRS
15:04 qui est engagée pendant plus de 24 heures,
15:06 est-ce que vous ne pensez pas qu'à un moment donné,
15:08 un manquement peut se faire ?
15:09 - Bien sûr.
15:10 - Je pense que là, il y a aussi une mise en danger
15:12 non seulement des effectifs de police,
15:13 mais aussi des manifestants.
15:14 Parce que vous ne pouvez pas avoir le même degré de concentration,
15:17 le même degré de prise sur vous et de sang-froid.
15:20 C'est mettre en danger tout le monde
15:22 d'engager autant des effectifs.
15:24 Et je tiens à préciser un autre point.
15:26 Quand vous avez un président de la République
15:29 qui considère que la foule n'est pas légitime
15:31 et qu'il y a des personnes avinées
15:33 et qui n'ont qu'une seule envie,
15:34 c'est d'aller à la confrontation avec les forces de l'ordre,
15:36 là, vous êtes sûr qu'on a pari à feu et à sang.
15:38 Et là, c'est le moment où tout peut basculer
15:41 et où un drame peut arriver.
15:43 Et c'est là aussi où il y a la responsabilité des élus
15:46 et des responsables administratifs
15:48 qui peut être mis en cause.
15:49 Et qui doit être mise en cause.
15:50 - Votre mari, il se plaint de ce qu'il se dit ?
15:55 Par exemple, il vous a fait un retour
15:57 sur ce qu'a dit Emmanuel Macron à 13h ?
15:59 - Alors non, il ne m'a pas fait de retour
16:00 parce que je n'étais pas disponible.
16:02 Mais ce qui est sûr, c'est que tout message
16:05 pris par le gouvernement,
16:07 qui est indélicat, méprisant
16:09 ou qui pourrait être mal interprété,
16:11 parce que je me mets à la place de tout le monde,
16:13 il y a des personnes qui sont sûrement satisfaites
16:14 de ce discours-là,
16:15 mais ça jette de l'huile sur le feu.
16:17 Et la problématique, c'est qu'aujourd'hui,
16:19 on n'a pas l'impression, pour les citoyens
16:21 qui manifestent que la police défend l'État
16:24 et l'ordre républicain,
16:25 ils ont l'impression qu'ils sont en train
16:27 de défendre le gouvernement
16:29 et la réforme des retraites.
16:31 Pourtant, ce n'est pas le cas.
16:32 C'est l'ordre républicain qui doit être défendu.
16:34 - Oui, Mathieu ?
16:35 - Ce n'est pas ça, ce qu'on dit, madame.
16:36 Ce qu'on dit, c'est qu'ils ont été formés,
16:37 ils font un très beau métier,
16:38 rien à dessus, c'est un métier passion.
16:39 Je ne dis pas qu'ils aiment se battre,
16:40 je le retire.
16:41 Mais ils ont été formés justement
16:42 pour voir les gens qui sont dangereux,
16:44 les gens qu'il faut attaquer,
16:45 les gens qu'il faut frapper
16:46 et ceux qui ne sont pas des dangers.
16:48 Là, on revoit cette image,
16:50 elle se multiplie beaucoup depuis quelques jours,
16:52 on voit beaucoup, beaucoup d'IGPN.
16:54 Là, quand on voit, ils sont 10 sur un SDF
16:57 et encore une fois au sol,
16:59 ils leur refrappent,
17:00 ils ne l'aident pas à se lever,
17:01 casse-toi, gros lard.
17:02 Là, on est sur quelque chose
17:03 où on se dit qu'ils ont été formés pour ça,
17:05 pour distinguer un SDF sans violence
17:07 d'une personne qui va frapper.
17:09 Donc là, on a l'impression que c'est,
17:11 oui, ils craquent, les nerfs craquent,
17:12 il y a de la haine.
17:13 - Il se peut qu'il y ait de la haine,
17:15 il se peut qu'il y ait de la haine,
17:16 il se peut qu'il y ait les nerfs qui craquent,
17:17 par contre, moi, la seule chose que je peux répondre,
17:19 c'est qu'à ça, il y a une réponse judiciaire
17:21 qui doit passer
17:22 et non seulement une réponse administrative.
17:24 Malheureusement, je ne peux faire qu'une seule chose,
17:25 c'est moi-même la condamner,
17:26 mais ce n'est pas pour autant
17:27 que tout le monde est responsable
17:29 ou que je suis responsable de la situation.
17:31 - Bien sûr.
17:32 - Périne, vous n'êtes pas responsable,
17:33 vraiment, vous êtes en témoignage ce soir
17:34 et la pauvre, ne lui tombez pas dessus,
17:35 elle ne peut pas avoir rien à voir.
17:36 - Bien sûr.
17:37 - Elle parle très bien de justice.
17:38 - Elle est formidable.
17:39 - Périne, au niveau,
17:40 il y a beaucoup de policiers aussi,
17:41 il y a beaucoup de policiers avec qui je parle
17:43 qui disent que c'est compliqué aussi
17:45 avec les journalistes.
17:46 Sur le terrain, on a vu qu'il y avait énormément de tensions.
17:49 Est-ce que votre mari vous en a parlé ?
17:51 - Ah oui, évidemment,
17:52 parce qu'en fait, il y a un réflexe
17:56 à filmer en permanence
17:57 toutes les actions possibles,
17:59 que ce soit de la police, des manifestants,
18:01 même d'un simple contrôle de police.
18:04 Vous savez, la dernière fois,
18:05 j'étais en train d'aller au travail,
18:07 il y avait un contrôle RATP
18:08 qui était un peu en train de mal se passer,
18:10 tout le monde a brandi son téléphone portable
18:12 pour essayer d'avoir une image un peu sensationnelle.
18:14 Il y a une espèce de course au buzz
18:16 qui est un petit peu problématique.
18:17 Et en fait, il y a une espèce de multiplication de journalistes
18:22 qui sont sur ce type d'événement
18:24 et malheureusement, il y a des fois où...
18:26 - Moi, j'ai parlé avec les policiers
18:29 qui me disent à un moment,
18:30 on ne sait pas si c'est des journalistes,
18:31 si c'est des manifestants,
18:32 et qu'à un moment, c'est très compliqué
18:33 de faire le distinguo
18:34 et que parfois, on peut...
18:36 - Et outre ça, il y a aussi des journalistes
18:38 qui, entre guillemets, ne respectent pas certaines distances
18:41 et qui vont soit se retrouver très très collés
18:43 aux forces de l'ordre et ça peut dégénérer,
18:45 soit effectivement,
18:46 qu'ils vont se mettre à l'arrière des forces de l'ordre
18:48 et malheureusement, il y a certains casseurs
18:50 qui sont avinés et qui vont leur tomber dessus.
18:52 J'avais des témoignages de journalistes
18:54 qui me disaient qu'ils ne mettaient plus la bonnette
18:56 de leur chaîne de télé dessus.
18:58 - Ils ne mettent plus la bonnette
18:59 parce qu'ils ont peur aussi d'être attaqués
19:01 par les autres manifestants,
19:02 qu'on soit BFM ou d'autres chaînes
19:06 que les gens n'apprécient pas trop.
19:07 Et c'est vrai qu'il paraît que c'est vraiment
19:10 un handicap sur le terrain pour les policiers,
19:13 ces journalistes qui ne mettent pas leur bonnette,
19:16 qui ne mettent pas...
19:17 Et vraiment, aujourd'hui, il paraît que c'est...
19:18 - Pas toujours le brassard, Cyril.
19:19 Pas toujours le brassard.
19:20 - Oui, pas toujours le brassard.
19:21 - Justement pour ne pas être pris à partie
19:23 par les manifestants.
19:24 - Mais que les États-Unis ont réglé.
19:25 Tous les policiers aux États-Unis
19:26 ont une caméra ici maintenant
19:28 pour filmer également de leur côté
19:30 et pour qu'ils puissent y avoir les deux sons de cloche.
19:32 - Non mais franchement, je sais que ça devient...
19:34 - La majorité des policiers n'apprendra pas
19:35 ce qu'il s'agit de faire.
19:36 - C'est un vrai problème.
19:37 - C'est un vrai problème.
19:38 - Ça devient un vrai problème.
19:39 Et c'est vrai que ça handicap aussi le travail des policiers.
19:42 Et c'est vrai parce qu'il y a des journalistes
19:44 qui sont avec les manifestants
19:45 et qui veulent passer pour des manifestants
19:47 et qui veulent passer pour des journalistes
19:48 donc du côté des policiers.
19:49 Donc à un moment, s'ils ne mettent pas leur brassard,
19:51 ne mettent pas leur bonnette,
19:52 il peut y avoir des...
19:53 - Malheureusement, il peut y avoir des tensions
19:54 qui vont se faire.
19:55 - Des débordements, des tensions.
19:56 On a vu des images et ça peut être dangereuse.
19:57 - Et surtout quand on a quelque chose
19:58 de très déorganisé, en fait.
19:59 - Oui.
20:00 - Vous avez affaire à une multitude de personnes
20:03 qui se mêlent aussi bien des manifestants
20:05 qui n'ont rien demandé à personne,
20:06 qui veulent juste faire entendre leur voix
20:08 et des casseurs qui se réunissent en black bloc
20:10 et qui vont vraiment tout casser, tout péter
20:12 et qu'à côté, vous allez avoir des journalistes
20:15 qui essayent de prendre l'information
20:17 et des personnes qui filment avec leur téléphone portable.
20:19 On ne sait pas trop si ce sont des journalistes
20:20 ou pas des journalistes et ainsi de suite.
20:22 Malheureusement, ça se retrouve vite dans des charges
20:24 ou dans des faits de l'inspection.
20:25 - Et même des mecs qui se baladent avec un portable
20:27 et qui essayent de vendre leurs images au journal.
20:29 - Je vous avais dit, regardez, j'ai une bagarre.
20:31 J'ai un mec qui tabasse un autre.
20:32 - Ça arrive souvent, nous aussi.
20:33 Léa, tu as peur de toute la situation,
20:35 de ce qui se passe en France ?
20:36 - Ah oui, vraiment.
20:37 - Oui, tu es...
20:38 - J'ai peur pour ma sécurité.
20:40 Enfin, c'est...
20:41 C'est dramatique.
20:42 - Nicolas, tu as peur en ce moment
20:43 quand tu sors, quand tu vas manifester.
20:45 Est-ce que tu y as la peur au ventre ?
20:47 - Alors, en 2019, oui.
20:49 En 2019, clairement, parce qu'il y avait vraiment
20:51 une violence qui était partout.
20:53 Tout le monde était violent.
20:54 Il y avait vraiment un état d'esprit
20:55 qui était délirant.
20:56 Bon, le Covid a calmé tout le monde.
20:59 - Dans le série.
21:00 - Dans les faits.
21:01 Un peu trop, peut-être même.
21:02 On essaie de nous endormir un peu trop.
21:03 On se laisse un peu trop faire, je trouve, actuellement.
21:05 Tous autant qu'on est.
21:07 Mais actuellement, non, je n'ai pas spécialement peur,
21:09 à part l'épisode dont j'ai parlé.
21:11 - Bien sûr, sinon...
21:12 - Pour ma part, j'entends.
21:13 Il n'y a pas, je trouve, encore trop cet état de violence.
21:17 Mais attention.
21:18 Pourquoi ?
21:19 Parce que les syndicats cadrent parfaitement les manifestations.
21:21 - C'est vrai.
21:22 - Parce qu'une grande partie des forces de police,
21:25 respectent le cadre et font en sorte que la manif se passe bien.
21:30 - C'est ça.
21:31 - Maintenant, avec le mépris d'Emmanuel Macron,
21:33 aujourd'hui, hier soir, avec...
21:35 En gros, ce n'est pas la rue qui gouverne, répétition, quoi.
21:37 Ça fait 30 ans qu'on se rit de ça.
21:39 - Donc là, vous avez peur pour demain ?
21:40 - Demain, j'ai peur que ça puisse être un peu plus violent.
21:42 Si ça l'est trop, moi, je m'en vais.
21:44 Je veux dire, je ne suis pas complètement fou.
21:45 - On ne voudrait pas que ça devienne trop, trop violent.
21:46 trop trop violent.

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