Avec Nicolas le Bault, artiste et auteur de « Le transhumanisme stade terminal du capitalisme » aux éditions de la reine rouge
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NewsTranscription
00:00 Berkhoff dans tous ses états.
00:02 Le face à face.
00:04 Le face à face du mercredi 22 février avec Nicolas Lebeau, écrivain, artiste pour son livre "Le transhumanisme,
00:10 stade terminal du capitalisme" aux éditions de l'Arène Rouge. Bonjour Nicolas Lebeau.
00:15 Bonjour. Alors Nicolas Lebeau, j'ai reçu ce livre "Le transhumanisme, stade terminal du capitalisme"
00:21 et j'ai trouvé intéressant effectivement que
00:24 quelqu'un de votre génération,
00:27 jeune génération,
00:29 parle de cela et d'une manière justement avec le pas de côté. C'est ça que j'ai trouvé très très intéressant.
00:35 Le transhumanisme, l'intelligence artificielle, tout cela, on en a beaucoup parlé. D'ailleurs vous le, dès le départ,
00:42 vous le dites, je dis ça pour nos éditeurs, c'est très intéressant parce que ça met, ça met exactement le
00:49 cadre du débat. Le terme transhumanisme défini en 1957 par Julian Huxley, c'est d'ailleurs l'introduction de votre livre,
00:57 comme une forme de génisme positif destiné à améliorer
01:00 qualitativement la condition des individus, désigne de nos jours aujourd'hui le paradigme visant
01:07 l'augmentation des capacités de l'homme par le truchement de la science, de la technomédecine, des nanobiotechnologies et évidemment de
01:15 l'intelligence artificielle. Et là vous y allez sur la Silicon Valley, sur les gars femmes
01:20 et de Jeff Bezos à Elon Musk, de Mark Zuckerberg au patron de Google, etc.
01:27 Alors effectivement on peut se demander où on est aujourd'hui. Votre livre sonne un peu le toxin
01:32 et vous dites là on est en train d'arriver
01:36 justement dans ce XXIème siècle, en 2023, c'est qu'au fond tout se passe comme si un certain nombre de gens,
01:43 appelons-les si vous voulez les mondialo-capitalistes que vous appelez, etc.
01:49 veulent au fond se disent
01:52 "on a besoin de 10% de la population et les hommes en tant qu'hommes", et vous le dites philosophiquement, on va prendre le temps d'en parler,
01:59 au fond ça sert à quoi ?
02:01 La spécificité, l'individu, etc. Il faut quand même
02:07 normaliser tout cela. Est-ce que c'est ça, au fond quelque part le transhumanisme, c'est la normalisation suprême ?
02:14 - Ça sert à quoi ?
02:17 Je vous remercie de me sortir de ma torpeur en me posant cette question
02:21 déterminante qui est la clé finalement de compréhension du livre
02:24 que j'ai écrit.
02:27 La thèse centrale de ce que j'ai essayé de produire, c'est que le transhumanisme comme le capitalisme
02:35 n'est rendu possible que par une conception dégradée de l'être humain, fondée sur son alienation à la sphère de l'utile.
02:44 Et là justement, bon
02:47 aujourd'hui on est
02:50 désinformés par excès d'informations et j'écoutais tranquillement, en essayant de garder mon calme, le bulletin d'information que vous diffusiez.
02:57 Il y avait une députée de je ne sais quelle formation politique qui nous expliquait que bon ça y est c'est terminé, on est dans ce que
03:05 Renaud Camus appelle la MHI, la matière humaine en différenciée,
03:09 qu'on n'a plus notre place sur terre, que pour favoriser
03:12 la pousse des arbres afin de préserver la planète de sa destruction organisée,
03:18 il faudrait nous transformer en compost.
03:20 Donc voilà, terminé, je crois qu'on est sorti de la civilisation. Entre temps, bon j'attendais et j'entendais
03:26 une énième histoire de professeur décapité dans un collège privé.
03:32 Donc la question que je me posais c'est est-ce que un élève
03:36 a filmé cette agression avec son téléphone portable pour ensuite le diffuser sur les réseaux sociaux et en faire
03:44 profiter ses petits camarades, voire des individus qui se trouveraient à l'autre bout de la planète et qui ne
03:49 verraient pas ces images comme
03:52 une part de réalité qui nous serait offerte mais comme simplement un film hollywoodien qu'on pourrait regarder.
03:59 Enfin une espèce de dénaturation de la réalité sans remplacement par sa réplique quoi.
04:04 - Vous voulez dire que en fait tout se passe comme pourtant c'est bien réel et là ce qui s'est passé
04:10 ce matin et d'autres moments et des Samuel Paty et autres, ce que je veux dire c'est que ce que vous dites au fond c'est
04:15 que tout se transforme et ça on l'a déjà dit en spectacle, tout se transforme effectivement en
04:20 perception de la réalité mais vous vous dites attention il y a une intention de
04:26 déréaliser, il y a une intention de chosifier, il y a une intention de déshumaniser. C'est ce que vous dites dans votre livre.
04:32 - Je suis pas complètement sûr que ce soit intentionnel.
04:39 D'ailleurs je pense que si des individus se retrouvaient par
04:44 des concentrations monopolistiques de fortune ou de pouvoir que produit cette machine capitaliste
04:52 livrée à son emballement le plus total, il faudrait à tout prix ne pas les diaboliser, ne pas
04:59 se retrouver à les
05:01 à les considérer en dernière instance comme des ennemis de l'humanité mais essayer de les comprendre.
05:07 - D'ailleurs c'est un petit peu pour ça que sans avoir aucune légitimité particulière
05:12 pour cela je suis pas universitaire, je suis pas professeur de je ne sais quelle chaire de Paris, je suis un citoyen
05:19 tout à fait ordinaire.
05:21 - Mais c'est peut-être pour ça que vous avez le regard de côté et que vous avez le pas de côté justement.
05:25 - Mais là faut faire un énorme pas de côté justement parce que
05:28 j'ai quand même le sentiment qu'on est pris dans quelque chose qu'on n'a pas décidé,
05:34 qui fait violence à nos corps, qui peut-être est fait pour dans l'intention
05:39 de nous faire du bien, nous sauver, en tout cas de nous transformer et ça j'ai pas demandé donc
05:45 moi j'essaye de comprendre ce qui se passe tout simplement.
05:48 - Alors justement parce qu'il y a des gens qui sincèrement pensent que pour le bien de l'humanité il faudrait faire ce transhumanisme, qu'il faudrait faire
05:55 cette transformation.
05:58 D'ailleurs vous citez effectivement Michel Foucault et c'est bien que vous rappelez ce que Michel Foucault disait
06:04 "après la mort de Dieu on est dans la mort de l'homme et tout ça est transitoire" et l'oubli total, même pas l'oubli,
06:10 mettre la biologie dans les poubelles de l'histoire ou presque.
06:15 - Pour le bien de l'humanité c'est bien le problème en fait qui sont ces gens pour décider ce que c'est l'humanité ?
06:20 Où est-ce que ça doit aller ? Comment la transformer ? Quelle direction lui donner de manière uniforme, homogène sur l'ensemble de la planète ?
06:28 Enfin l'humanité, moi je sais pas très bien ce que c'est, en tout cas c'est pas une catégorie politique l'humanité.
06:33 Moi personnellement je raisonne à l'échelle de la famille que j'ai créée,
06:37 éventuellement de mon quartier, au delà de ma province, de ma ville,
06:41 de mon pays.
06:44 C'est peut-être le plus large que je puisse conceptualiser parce que j'ai un peu horreur des abstractions.
06:48 Personnellement c'est avec ça qu'on essaye de nous manipuler justement
06:51 et de nous circonvenir des abstractions. Donc moi l'humanité,
06:55 je sais pas ce que c'est. En tout cas c'est une catégorie sur laquelle on ne peut pas exercer
07:01 notre souveraineté. - Et non seulement ça, et on ne peut pas nous dire voilà ce qu'est la bonne humanité, voilà ce qu'est la mauvaise humanité.
07:08 - Et je voudrais ajouter, si des gens nous expliquent que d'un côté bon il y a l'humanité, il faut la faire progresser
07:14 par le génisme positif ou autre, par le progrès vers son point de perfection, les gens qui s'y opposent,
07:20 c'est quoi ? C'est des ennemis de l'humanité ? Donc faut faire quoi ? Faut les exterminer ? Faut les mettre dans des camps de rééducation ?
07:26 Faut les rééduquer ? - En tout cas il faut les emmerder. - Faut les emmerder, oui.
07:30 Ou alors oui, quand on est trop lit on dit les emmerder dans un langage
07:34 fleuri auquel on nous habitue, ou alors qui crève quoi. C'est ça en fait l'idée. - Et c'est assez
07:40 terrifiant. On va s'arrêter une toute petite pause,
07:43 Nicolas Lebeau, et on va reprendre parce que c'est vraiment...
07:47 Vous avez écrit un livre justement, peut-être parce que vous n'êtes pas dans ce moule
07:52 universitaire et autre, en tout cas vous avez créé un livre qui éclaire, qui provoque, et je crois qu'on va continuer à en parler.
07:59 Et vous avez la parole sur Sud Radio. Pour participer au débat vous nous appelez au 0 826 300 300. A tout de suite sur Sud Radio.
08:06 Ici Sud Radio.
08:08 Les français parlent au français.
08:13 Je n'aime pas la blanquette de veau.
08:17 Je n'aime pas la blanquette de veau.
08:19 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
08:24 Georges Bernanos dans la France contre les robots et ça date de, pas d'hier, mais il y a plus de 50 ans.
08:30 Voici ce qu'il écrivait Georges Bernanos, et vous le citez dans votre livre Nicolas Lebeau.
08:34 "Nous n'assistons pas à la fin naturelle d'une grande civilisation humaine, mais à la naissance d'une civilisation
08:41 inhumaine qui ne saurait s'établir que grâce à une immense, à une universelle
08:47 stérilisation des hautes valeurs de la vie."
08:50 Et ce que vous dites dans votre livre c'est un peu le fil rouge, c'est que des gaffes femmes ou transhumanistes à ceux qui veulent implanter etc
08:57 c'est cette
08:59 stérilisation qui est à l'oeuvre à tous les étages.
09:02 Expliquez-vous un peu là-dessus, expliquez-nous.
09:04 C'est un cri d'horreur déjà, ça vous a pas échappé que j'ai cité
09:09 Bernanos, c'est pas un spécialiste des questions du transhumanisme, de l'économie mondialisée etc.
09:15 J'ai cité la parole d'un artiste qui a eu une réaction humaine
09:20 horrifiée face au phénomène de stérilisation, d'uniformisation, de standardisation qui commençait à
09:26 apparaître en Occident dans les sociétés développées à partir de la fin de la seconde guerre mondiale.
09:32 Enfin, la seconde guerre mondiale qui avait été un petit peu le paroxysme
09:35 dans le cadre d'une brutalisation très intense de la société suite à la guerre 14,
09:40 de l'industrialisation, de la mort, de la mise à mort. Donc la société s'est reconstruite dans un cadre extrêmement sécuritaire
09:50 où on voulait à tout prix mettre à l'écart,
09:53 absenter du corps social la conflictualité.
09:57 - Oui c'est ça, éviter, et c'est à nous amener à ce que les américains appellent les "safe space" aujourd'hui, les espaces protégés.
10:05 - Oui, ce truc complètement terrifiant où
10:07 on ne pense que du même au même et le même échange avec le même dans un cadre complètement fermé.
10:15 - Oui, des clones. - Et alors comment vous expliquez justement que les fameuses les GAFAM, les Google,
10:22 Facebook,
10:24 Microsoft, etc, etc, etc, et autres, Amazon et autres,
10:28 aient contribué et pourquoi c'était justement parce que c'était la meilleure tendance du profit du marché
10:35 à accentuer, parce que d'un autre côté on peut vous dire "oui mais attendez, heureusement qu'il y avait Amazon, regardez, quand il y a eu
10:44 le confinement et tout ça, je pourrais toujours me procurer mes livres par Amazon, donc ça a du bon quand même la technologie".
10:50 Alors ne jetez pas l'enfant, cher Nicolas Lebeau, avec l'eau du bain. - Oh mais je jette rien moi, je jette rien.
10:56 Heureusement aussi qu'on nous a enfermés pendant deux mois pour que Amazon puisse asseoir son hégémonie économique.
11:04 On a vu des tas de petits commerces
11:06 fermés, puis rouvrir,
11:09 en étant obligé de consacrer la moitié de leur activité à la réception de ces colis. Mais bon, c'est pas non plus comme si, cher André Bercoff,
11:16 on pouvait y échapper complètement. Moi-même,
11:18 n'étant pas audible par le système dominant, je suis quand même obligé de passer par ces plateformes pour me publier, pour diffuser mon travail.
11:26 - Bien sûr. Mais alors justement,
11:29 allons dans ce sens-là. Ce que vous appelez vous, ce transhumanisme,
11:36 c'est effectivement, c'est quoi ? C'est la jivaroisation ou le côté affaissement de l'humain.
11:43 Alors peut-être qu'il faudrait un peu, pour vous, dire ce que c'est que l'humain par rapport au trans, au transhumanisme.
11:49 C'est quoi l'humain ?
11:52 - Moi, encore une fois, je n'ai pas de définition de l'humain. Il y a des choses qui ne sont pas des
11:58 constructions intellectuelles. - Bien sûr, mais qu'est-ce que vous ressentez ? Moi je vous parle de votre sentiment.
12:03 - Mon sentiment, c'est que j'ai quand même le sentiment qu'on essaye de nous transformer, de nous
12:07 désubjectiver. Ça passe par...
12:12 On n'a pas décidé du tournant que prend la civilisation.
12:19 - Oui, on ne nous a pas demandé notre avis. - On ne nous a pas demandé notre avis, mais ce qu'on peut, et d'ailleurs Bernanos insiste énormément là-dessus,
12:29 c'est avec le consentement de l'écrasante majorité de nos concitoyens
12:33 que l'hégémonie des GAFA m'a pu se constituer vers 2005, par exemple, quand les plateformes telles que Facebook
12:40 sont apparues.
12:43 Moi j'ai trouvé ça un tout petit peu effrayant de lire les conditions d'utilisation qui étaient à l'époque très claires,
12:50 selon lesquelles
12:53 Facebook, enfin le groupe
12:56 auquel appartenait
12:58 ce réseau social, était détenteur et propriétaire de l'intégralité des informations, des données
13:06 qui servent aujourd'hui à nourrir des machines
13:10 intelligentes, de deep learning,
13:13 entraînant les intelligences artificielles. C'était déjà extrêmement clair à l'époque,
13:18 mais c'était en 2005.
13:20 Aujourd'hui on commence à s'intéresser de plus en plus près à faire des lois de régulation sur l'usage que les plateformes
13:26 technologiques pourraient faire de nos données, mais à l'époque c'était clairement affiché que c'était du ressort de leur souveraineté.
13:33 Mais personne ne se demandait à l'époque
13:35 ce qu'ils allaient faire de nos données,
13:39 et d'ailleurs même ce que
13:42 quel intérêt il y aurait pu avoir à les conserver, à les garder pour soi. Enfin il y a eu une espèce de
13:48 mouvement de transparence
13:50 intégrale dans la société qui a fait que, je veux dire, aujourd'hui deux milliards de personnes
13:56 se fichent eux-mêmes avec beaucoup plus de précision que n'importe quel
14:00 système de surveillance étatique pourrait le faire. Là, je veux dire, Bernanos expliquait que quelque chose de funeste
14:09 apparaissait après-guerre, c'était
14:11 la reconnaissance
14:13 des citoyens à leur fichage par rapport aux empreintes digitales. Enfin, ils trouvaient ça complètement dingue que des millions de citoyens
14:19 acceptaient que l'état relève leurs empreintes digitales.
14:24 Aujourd'hui, 89% je crois des utilisateurs d'iPhone utilisent régulièrement
14:29 la touche ID,
14:33 c'est-à-dire le relevé des empreintes digitales pour déverrouiller leur appareil et considèrent que cette mesure permet de...
14:42 - Alors Nicolas Lebeau, en quoi ça vous gêne ? Enfin, en quoi vous pensez que ça contribue que le fait effectivement
14:50 que nous mettions notre doigt haut sur la touche ID contribue à
14:54 fliquer un peu plus ? Très franchement, expliquez-nous. - Moi, j'essaye de pas
15:03 personnaliser le problème. La question que je me pose, c'est, encore une fois, je dis pas nécessairement que c'est mal,
15:12 je pense pas que ce soit dirigé contre nous.
15:17 Néanmoins, on est quand même obligé d'en passer par là. Aujourd'hui, je veux dire, le périmètre
15:23 dans lequel s'exerce la liberté individuelle se restreint quand même de plus en plus. On est obligé de posséder ses appareils.
15:30 Déjà, c'est pas très démocratique tout ça, sinon on est sorti du champ social. On est obligé de posséder une carte de crédit,
15:36 on est obligé
15:38 de faire des pleins d'essence pour se rendre à son travail,
15:41 on est obligé de parcourir des distances de plus en plus grandes pour essayer d'en trouver un.
15:45 Je veux dire, on est obligé d'avoir un compte en banque.
15:49 - Oui, mais est-ce que c'était mieux avant ? Je vous pose la question de façon
15:56 effectivement naïve, mais vous dites ça, effectivement, ça restreint. Mais est-ce que ça empêche
16:01 quelqu'un d'exercer sa pleine liberté en utilisant cette... Est-ce qu'on peut utiliser cette technologie
16:07 aussi ? Parce que vous savez très bien que c'est un instrument, la technologie.
16:13 C'est l'homme qui l'utilise, enfin l'être humain. Est-ce qu'il ne peut pas l'utiliser dans un sens de liberté ?
16:19 - Est-ce que vous pensez vraiment qu'on a un système éducatif qui permet à l'ensemble des individus suffisamment de
16:25 distance et suffisamment de
16:27 maîtrise de ces outils ? Parce qu'il est vrai que l'éducation nationale
16:31 continue
16:33 d'enseigner les savoirs fondamentaux. On sait très bien que les élèves à l'école apprennent à lire, écrire, compter,
16:40 penser, comme dirait l'autre, et qu'il n'y a pas du tout de destruction
16:44 des savoirs fondamentaux.
16:47 Penser surtout. Donc je ne suis pas sûr qu'avec un système éducatif... - On ne le contrôle plus.
16:54 - Qui
16:56 produit non pas des citoyens conscients
16:59 capables à la fois de
17:03 s'autonomiser, d'agir par eux-mêmes et de s'organiser collectivement pour lutter contre ce qui pourrait les asservir.
17:08 Je ne suis pas sûr qu'on soit en pleine capacité
17:11 aujourd'hui de choisir
17:14 collectivement l'usage qu'on ferait de ces appareils. - Vous dites qu'il faut quand même un certain éducation, esprit critique,
17:20 qui ne sont pas peut-être les plus présents dans nos chères têtes blondes ou brunes. - Ah non mais
17:26 je ne dis pas que c'était mieux avant. Je ne veux pas comparer déjà des époques que je n'ai pas connues
17:30 avec une époque présente qui a évidemment enfin toute analyse d'un moment historique, d'une matière
17:38 qu'on peut traverser, peut faire l'objet
17:40 d'un questionnement dialectique.
17:43 - Ce que je veux dire, c'est que les espaces de liberté quand même sont
17:49 sciemment rétrécis.
17:51 Je ne dis pas que c'est contre nous ou pour nous, mais vous dites voilà. - Il y a quelque chose qui m'a beaucoup marqué que je cite
17:57 d'ailleurs dans mon livre, c'est une phrase du dernier Pasolini, le Pasolini de la fin, qui était en train de voir le tournant...
18:04 - Le grand cinéaste et écrivain Pierre Paolo Pasolini.
18:07 - Uneste qui était en train de prendre la civilisation, il appelait ça le totalitarisme de la marchandise.
18:12 Il disait que le fascisme historique qu'il avait bien connu, qu'il avait combattu à son époque,
18:17 n'attaquait pas les consciences.
18:20 Ça dressait les individus
18:22 de manière somme toute assez superficielle.
18:26 L'identité profonde de chaque individu n'en était pas, par la propagande et par le dressage,
18:33 complètement...
18:37 Disons que cette idéologie ne les pénétrait pas.
18:39 Ça conditionnait leur corps, mais les gens continuaient quand même à penser par eux-mêmes en secret.
18:46 Alors que la société de consommation qui les dénote, le totalitarisme de la marchandise,
18:51 annule les consciences. Donc la matrice qui crée les individus,
18:57 qui enquête les individus, est la même en fait. Les gens sont de plus en plus semblables les uns aux autres,
19:03 de plus en plus standardisés, de plus en plus normaux. Les réactions qu'on peut lire sur internet sont de plus en plus les mêmes.
19:09 Il est de plus en plus facile de catégoriser les gens. Il est de plus en plus facile de les identifier, de les classer,
19:14 de les renvoyer vers des algorithmes.
19:16 Il y a de moins en moins de diversité
19:19 d'identité dans leur pensée. Donc à partir du moment où ces gens sont
19:25 paramétrables en fonction d'un certain nombre de critères
19:28 assez nettement établis,
19:32 il est assez facile de les robotiser. On parle beaucoup de la robotisation,
19:35 mais il ne faut pas oublier que pour qu'un métier, pour qu'une classe d'individus soit robotisée, il faut d'abord que cette classe d'individus ait été
19:43 désubjectivée, vidée de sa substance, pour pouvoir être numérisée, c'est-à-dire dénaturée. Par exemple,
19:49 les caissiers aujourd'hui sont remplacés par des robots. Mais qu'est-ce que le capitalisme a produit ? Une activité
19:56 qui consiste à scanner des codes-barres toute la journée.
20:01 L'aliénation
20:03 psychologique que ça produit.
20:05 Donc jusqu'à présent les bourgeois s'en foutaient, parce qu'après tout c'était les prolétaires,
20:09 mais aujourd'hui on apprend que la majorité des emplois dits qualifiés, ceux qui nécessitent des cursus
20:16 importants, des études, de passer par des
20:20 institutions
20:24 élitistes, sélectifs, etc. vont également être remplacés par des modules d'intelligence artificielle
20:30 qui
20:32 ont des marges d'erreur beaucoup plus réduites que celles d'un être humain.
20:35 - Vous voulez dire qu'après le travail à la chaîne, il va y avoir l'élite à la chaîne ?
20:39 Un certain nombre de gens qui vont être atteints de cela.
20:42 - Oui, et puis on a peut-être
20:44 10, 20, peut-être 30 % de la population. En l'occurrence, la base électorale
20:49 d'Emmanuel Macron, en fait, qui est un petit peu le porté standard de la
20:52 mondialisation techno-libérale, en tout cas en France,
20:58 s'imagine très volontiers comme faisant partie de cette espèce de classe qui marche sur la tête des autres.
21:03 - On va écouter, on va continuer d'en parler, effectivement, et aussi on va parler des 70 % quand même qui ne sont pas tous robotisés loin de là.
21:11 Après ceci.
21:13 - Et vous avez la parole au 0826-300-300. Vous nous appelez pour participer au débat. On vous attend avec Nicolas Lebeau,
21:19 écrivain et artiste pour son livre "Le transhumanisme, stade terminal du capitalisme". A tout de suite sur Sud Radio.
21:26 - Ici Sud Radio.
21:28 Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
21:38 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
21:41 - Pas vraiment, pas vraiment.
21:44 Le transhumanisme, stade terminal du capitalisme, dit Nicolas Lebeau. Stade terminal, en fait, de tous les totalitarismes
21:51 également. Alors justement, parlons un peu
21:55 de ce point de vue
21:57 des différentes techniques qui consistent à occuper le mieux le temps de cerveau disponible.
22:03 Si tant est qu'il y a encore, et je sais qu'il y a encore un cerveau, c'est clair, et des cerveaux.
22:08 On le sait, on voit ce qu'on reçoit
22:11 vraiment, et je ne dis pas seulement ici à la radio, chez les gens et tout ça. Vous savez, les gens quand même, il y a
22:16 heureusement encore beaucoup d'éveillés, beaucoup de gens qui ne sont pas les victimes absolues de cette
22:21 tentative de robotisation et d'abrutissement.
22:25 Mais parlons un peu du genre, Nicolas Lebeau. Vous classez le genre, les théories du genre, disons,
22:31 et de la déconstruction, puisqu'on parle beaucoup de ça, dans quelle catégorie d'armes létales ?
22:38 - Je pense que le capitalisme, de toute façon, veut un sujet neutre,
22:43 adaptable, glissant, qui peut s'adapter à toutes sortes de variations,
22:51 à toute forme de progrès, qui sont quelque part un petit peu son hygiène.
22:56 Donc c'est assez pratique
22:58 pour le domaine
23:01 arraisonné par la transaction marchande,
23:03 de classer les gens, de les séparer, de les pousser à s'identifier à la part la plus superficielle,
23:10 c'est-à-dire à la plus réversible,
23:12 de leur identité,
23:14 leur race,
23:16 leur genre, tout en leur disant que tout ça ce ne sont que des constructions, donc par définition ce qui est construit peut être
23:22 déconstruit, peut être inversé, peut être...
23:24 - Ah oui, annihilé, réduit, etc. Vous dites qu'en fait il y a toute une part d'humanité ?
23:30 - C'est de l'adaptation, tout simplement, c'est de la gestion du parc humain. Donc après c'est dû peut-être à la
23:36 ce qu'on appelle la stratification éducative.
23:39 Aujourd'hui,
23:41 on a peut-être
23:43 40%
23:46 des jeunes qui sont précipités vers des filières sans avenir, après avoir subi une espèce de...
23:53 - Comme par exemple, pour vous ?
23:55 - Je ne sais pas...
23:57 - Les sociologues ?
23:59 - Oui, on a un budget d'état faramineux qui consiste à produire des spécialistes dans la sociologie du genre. Pourquoi faire ?
24:04 En quoi sont-ils utiles ? Enfin on ne les empêche pas de travailler, on ne les empêche pas de s'exprimer,
24:09 ces gens-là au contraire, ils sont de discours dominant, ils sont invités dans les médias,
24:13 ils s'expriment sur tout un tas de sujets, ils font des lois, parfois
24:16 ça prend des proportions qui confient nos phénomènes totalitaires quand ils empêchent les autres de s'exprimer, donc on les laisse faire.
24:25 Pourquoi un pouvoir autoritaire laisse-t-il faire à ce point
24:30 se produire un discours qui est censé
24:35 le contrarier ? Parce que c'est utile, c'est tout.
24:40 - Oui c'est ça, en fait il ne le contrarie pas, il le sert mais d'autre manière et voilà,
24:46 c'est le billard à trois bandes ou à quatre bandes. Mais pour revenir à ce transhumanisme,
24:53 vous pensez qu'on va vers ça inéluctablement, sans faire de prédiction, on n'est pas là pour faire de la voyance,
25:00 mais quand même, est-ce qu'on va inéluctablement pour vous, avec la puissance formidable à la fois des gaffes femmes,
25:07 à la fois de la mondialisation, etc.
25:10 Alors qu'il y a quand même, on voit, regardez le retour, on ne connaît pas encore une fois, des identités,
25:17 le retour des tribus, vous savez c'était
25:19 Marshall Macleod qui disait le tam-tam du billard. - Il n'y a rien de plus naturel,
25:23 surtout dans un contexte hostile pour des êtres humains, de se communautariser. Les gens sont tout à fait
25:29 fondés à s'entourer de gens qui leur ressemblent,
25:34 qui partagent les mêmes
25:37 valeurs, les mêmes conceptions, les mêmes repères culturels, d'ailleurs le peuple français est à ma connaissance l'un des rares peuples purement politiques,
25:44 qui n'a pas véritablement de définition ethnique d'ailleurs, donc
25:49 je veux dire, les gens ont tendance, en l'absence d'un état fort, à se
25:54 communautariser.
25:58 - Mais alors justement...
26:00 - Ce que je voulais dire en fait, excusez-moi, c'est que
26:03 le vrai problème c'est que pendant
26:06 une trentaine d'années, le champ médiatique,
26:10 politique,
26:12 j'emploie les deux termes l'un pour l'autre,
26:15 a été accaparé presque exclusivement par des questions économiques.
26:22 Aujourd'hui on voit encore le gouvernement nous remettre en plein contexte de guerre en Ukraine, où sans le consentement de
26:30 l'ensemble de la population, Macron a décidé
26:34 tout seul dans un bureau ou avec deux conseillers d'envoyer des chars sur le front russe, voir des avions de chasse, enfin
26:39 on ne sait quoi, pendant ce temps là on nous assène une réforme des retraites, où il s'agirait de bouger de deux ans
26:49 l'âge du départ à la retraite. - Ça c'est de 64. - Donc apparemment c'est un enjeu
26:54 très très déterminant pour le gouvernement aujourd'hui de faire ça, alors que vu l'état des marchés financés, du système productif,
27:02 il est très très difficile de déterminer l'avenir, surtout dans la période de mutation que nous sommes en train de traverser. Donc j'ai entendu l'autre jour
27:09 sur l'antenne d'Europe 1 ou d'un de vos confrères, un type du parti socialiste expliquer à un type du RN ou de l'opposition
27:17 "ne critiquez pas trop les syndicats,
27:20 surtout ils sont précieux, ils sont utiles, si on les avait pas dans la rue on aurait des gilets jaunes".
27:26 Donc
27:28 ce qui a été très stupéfiant avec le phénomène des gilets jaunes
27:32 dont je parle un petit peu dans mon bouquin, c'est que pour la première fois
27:37 on a vu depuis... enfin moi j'ai jamais vu ça, je suis relativement jeune, enfin j'ai 36 ans,
27:44 enfin quoi que je commence à avoir un peu de bouteille évidemment,
27:48 je n'avais jamais vu des gens se mobiliser dans la rue pour des questions
27:54 existentielles.
27:56 C'est à dire pour des enjeux qui ne sont pas
27:59 négociables. - Attention ils ont commencé par le prix du fioul. - Oui évidemment, moi évidemment
28:04 je veux dire, j'ai pas pris part directement aux manifestations
28:08 comme tous les bourgeois, je veux dire, de par ma condition sociale, je suis parisien,
28:13 j'étais, je veux dire, je découvrais un petit peu ce
28:17 mouvement. J'ai vu qu'au départ il y avait un enjeu économique de survie. - Mais c'est vrai qu'après l'exit ancien était là.
28:26 - Et ce qui m'a beaucoup intéressé, c'est quand il y a eu ce geste particulièrement
28:31 insultant d'Emmanuel Macron, qui a consisté à leur dire "écoutez maintenant je vous ai compris,
28:37 tenez, clac 17 milliards et maintenant
28:41 retournez à vos vies de merde et laissez-moi m'occuper des choses sérieuses comme de gérer
28:47 le gouvernement etc.", il n'y a pas eu de...
28:53 Ça n'a pas calmé les ardeurs de la population.
28:56 C'est très intéressant que le pouvoir mette systématiquement
29:00 face aux gens des enjeux économiques qui par définition sont négociables. On peut discuter et c'est très facile de discuter
29:09 quand on a l'argent, quand on détient
29:12 les moyens de production et qu'on est en position de force pour négocier face à des gens qui n'ont que leur force de travail à
29:19 vendre. C'est très intéressant et on a pu voir récemment à travers les mobilisations un petit peu
29:27 convulsives parfois qu'il y a pu avoir autour du contrôle sanitaire
29:31 électronique, que
29:34 on ne pourrait pas acheter
29:37 le besoin de continuité historique qui s'exprime dans des revendications
29:45 existentielles du peuple. - Et qui est une transmission, vous voyez pourquoi il n'y a pas lieu de désespérer... - Et ça, ça terrorise vraiment le pouvoir et ça peut le
29:54 conduire vers des phases de la plus grande violence.
29:57 Parce que jusqu'à présent il a toujours été en position de force pour négocier, là on a affaire à des gens avec lesquels il peut pas
30:02 négocier parce que ce sont des enjeux existentiels. - Donc vous voyez que le transhumanisme n'a pas encore gagné. - Non mais c'est pas forcément...
30:09 Je veux dire on va vers des troubles assez intenses, par exemple
30:16 il y a eu le thème de la vaccination
30:18 ARN messager. Bon on en pense ce qu'on veut, je veux dire on peut considérer
30:24 que c'est un progrès scientifique, on peut considérer que c'est très inquiétant, enfin il n'y a pas vraiment eu de...
30:30 - Si, il y a eu une discussion, enfin...
30:32 - Oui une discussion très limitée, enfin...
30:34 Dans votre studio, oui, il y a eu beaucoup de discussions mais dans les médias dominants...
30:39 - Il y en a eu moins. - Il y en a eu beaucoup moins, enfin bon heureusement qu'on est encore en démocratie.
30:44 D'ailleurs je crois que la démocratie ne consiste pas seulement à pouvoir parler d'un problème
30:49 mais également d'agir dessus. Il n'y a pas eu de référendum sur la vaccination, il n'y a rien, il n'y a pas eu de votation,
30:55 il n'y a pas eu de véritable débat parce qu'un véritable débat aurait pu aboutir à une décision politique
31:00 concertée, éclairée dans l'âme et conscience des citoyens. Mais là on a vu que
31:05 bon 50% en gros de la population trouve ça très bien la vaccination, le contrôle sanitaire électronique.
31:12 Je ne porte aucun jugement.
31:14 30% de la population se méfie un peu, est pas très sûr,
31:19 voire un peu plus que ça. Et on a peut-être un noyau dur très ferme de
31:26 5% de la population pour qui, à tort ou à raison,
31:31 c'est pas possible.
31:34 - Les gaulois réfractaires. - Oui les fameux petits gaulois réfractaires.
31:37 D'ailleurs c'est assez marrant, on a eu entre les deux tours de l'élection présidentielle un aveu assez terrible de Macron
31:42 qui nous a expliqué qu'il avait appris à aimer les français. Donc j'en conclue qu'il ne les aimait pas jusqu'à présent.
31:48 Voilà mais ça c'est autre chose.
31:51 Ce que je voulais juste terminer là-dessus parce que c'est un peu au coeur de
31:54 ma réflexion. Il n'y a que deux états au monde qui ont imposé la vaccination obligatoire.
32:00 Le Tadjikistan et le Turkménistan.
32:04 Même les pouvoirs libéraux autoritaires occidentaux n'ont pas réussi à le faire. Même la Russie, même la Chine.
32:10 - La Corée du Nord l'a fait non ? - Je crois pas.
32:12 - Ah oui je suis pas sûr. - Non non je crois pas parce que
32:14 on peut contraindre les gens
32:16 sur des questions économiques, mais la plupart des régimes totalitaires ne peuvent s'appuyer
32:22 finalement, et on l'a vu en 39-45, que sur le consentement d'une écrasante majorité de la population. Si on a une minorité
32:28 de l'ordre de 5% de gens qui n'acceptent pas, sous aucun prétexte,
32:33 - Ouais c'est plus compliqué.
32:35 - les changements de paradigme,
32:37 bah ça crée une force révolutionnaire. Moi je suis pas révolutionnaire du tout.
32:42 - Non non, la force révolutionnaire c'est une autre question.
32:45 On va en parler avec nos auditeurs.
32:48 - Oui tout à fait au 0826 300 300, vous continuez de nous appeler, on va tourner une rapide page de pub et on accueillera Guy de Paris à tout de suite sur Sud Radio. 0826 300 300.
32:59 *Musique*
33:14 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
33:16 *Musique*
33:30 Et on commence par Guy de Paris. Bonjour Guy.
33:32 - Bonjour Guy.
33:33 - Bonjour messieurs, merci pour ce livre, que je n'ai pas lu, mais je pense qu'il doit être fécond.
33:39 - Absolument, et vous pouvez l'acheter aussi, on vous dira où en fin d'émission.
33:43 - D'accord.
33:46 - Dites-moi Guy, on vous écoute.
33:47 - Je rejoins ce monsieur, quand même, je vous rejoins monsieur, Nicolas, dans vos considérations,
33:54 cependant ça demande toujours aussi de la retenue, du discernement, pas de précipitation.
34:01 C'est une période depuis plus de 50 ans où on agit dans la précipitation, sans discernement.
34:07 Et on néglige les points essentiels, qui sont la préservation de certains principes intangibles,
34:13 des muraux qu'on ne doit pas détruire.
34:16 Alors le transhumanisme, pour moi, il existe depuis le début des temps.
34:19 Le transhumanisme, c'est ce vieillard qui se taille une canne en bois dans une branche d'arbre
34:25 il y a quelques millions d'années parce qu'il en a besoin pour se porter.
34:28 - Oh non, non, non, vous n'allez pas me dire qu'un porteur de lunettes est transhumanisme quand même, Guy.
34:34 - Ça fait partie du transhumanisme pour moi.
34:39 - Non, non, Guy, attendez, attendez, Guy, excusez-moi, je ne veux pas vous interrompre.
34:43 Il faut définir les choses. Ce qu'on appelle le transhumanisme, ce n'est pas de s'aider d'une roue pour avancer.
34:50 Ça n'a rien à faire. Le transhumanisme, c'est la transformation de l'humain.
34:55 Je veux dire, c'est une transformation intérieure, quand je dis intérieure, par voie chimique et compagnie.
35:00 - Je parle de la nature humaine, je ne parle pas de l'état de santé des gens.
35:03 C'est quand même très bien qu'on permette à des myopes de voir et à des malades de guérir
35:07 par le truchement de la médecine occidentale. Il ne faut pas tout mélanger, franchement.
35:11 Parce que là, vous êtes en train de vous embarquer dans un truc, enfin...
35:14 - Attendez, attendez, Guy a le droit de dire...
35:17 - Non, non, mais oui, on peut discuter aussi. Je veux dire, moi j'ai un côté un peu...
35:20 - Non, non, mais il faut savoir reconnaître son tort. Je retire ce que j'ai dit.
35:23 - Non, non, bien sûr, il est bien entendu. Excusez-moi.
35:25 - C'est la transformation de l'humain. Cependant, il y a des moments où le transhumanisme est nécessaire.
35:31 Les implants, pour une personne qui est Alzheimer par exemple, il ne faut pas jeter le bébé et l'eau du bain.
35:38 - Ah oui, je commence à saisir, en fait. Vous pensez qu'on peut faire un usage raisonnable de ces nouvelles technologies ?
35:45 - Voilà. Cette personne qui a un très bon cerveau n'a pas besoin d'avoir d'implants supplémentaires
35:50 pour pouvoir rivaliser, surmonter tout le monde, passer au-dessus de tout le monde.
35:54 C'est un exemple. Effectivement, c'est toujours l'excès. On doit user sans abuser et surtout bien discerner.
36:01 - Mais là, qui décide des limites qu'on doit mettre à ça ? C'est un peu ça la question que je me pose aussi.
36:06 - Tout à fait. - Parce que ce n'est pas nous qui allons décider. Nous, pauvres citoyens.
36:10 - Qui ? Vous pouvez décider en ne le faisant pas. - Est-ce qu'on a le choix ?
36:15 - Oui, bien sûr. Vous avez le choix. Ça demande du combat. C'est ce que vous faites, vous, avec votre livre.
36:21 Vous êtes en train de révéler, donc vous combattez avec votre livre, vous ouvrez la pensée des gens.
36:29 C'est un exemple. - Voilà, on peut se battre.
36:32 - Et c'est chacun d'entre nous à combattre, à discerner, à détecter. La publicité, par exemple, qui vous transforme une personne,
36:39 c'est terrible, ça. Ne pas se laisser prendre par la publicité, ne pas se laisser prendre par la mode, etc.
36:45 Comprenez-vous ? - Je comprends tout à fait, oui. J'ai tenté d'exercer ma liberté d'expression en essayant de produire une enquête
36:53 pour voir dans quelle mesure, justement, on allait être pris par cette machine qui s'est destinée à nous voyer.
36:59 - Mais vous voyez, on n'est pas tous pris. - On n'est pas tous pris, mais est-ce qu'en dernière instance, c'est nous qui allons décider
37:06 quelles limites on va se donner ? - Regardez ce monde depuis qu'il existe. A chaque fois, c'est le peuple qui décide de lui-même.
37:16 Regardez. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. - Moi, j'ai plutôt le sentiment que ce sont des minorités agressives, agissantes, intolérantes
37:23 qui font l'histoire, et assez rarement les peuples. - Mais ces minorités agressives, elles tombent.
37:29 - Alors écoutez, ça c'est une question... Guy et Nicolas, c'est une question... - En Union soviétique, c'était 150 personnes formées, déterminées, prêtes à tuer
37:39 qui ont décidé le destin de l'humanité. Là, en l'occurrence, on a 4 personnes dans la Silicon Valley qui décident de quasiment l'intégralité
37:46 des évolutions technologiques les plus déterminantes sur notre économie, sur notre quotidien, sur nos vies. Donc ce que j'essaye de dire, Guy,
37:54 c'est que ce processus échappe, sans porter de jugement de valeur dessus, à la démocratie. Puisque la démocratie ne peut s'exercer
38:03 qu'à l'échelle d'un territoire, à l'échelle d'une nation, mais pas à l'échelle de l'humanité entière. Or, c'est l'humanité entière
38:10 qui va devoir se mettre au pas de ces transformations. - Se mettre au pas ou pas. - Ou pas. Mais c'est pour ça que j'insistais sur le rôle des minorités.
38:20 Après, est-ce que c'est forcément désirable ? - En tout cas, écoutez, merci Guy et merci Delahaye. C'est une vraie discussion.
38:27 Je vous remercie, Guy, de l'avoir posée, parce que vous avez tout à fait raison. Et on fera une émission là-dessus, sur cette histoire de liberté
38:35 et de volonté de s'opposer. C'est fondamental. Lucien. - Merci beaucoup, Guy. On reste à Paris avec Jean-Luc. Bonjour Jean-Luc.
38:43 - Oui, bonjour. Merci de me donner la parole. Bonjour à votre invité. Merci à lui d'avoir fait cette enquête et d'avoir consacré du temps
38:54 à éveiller les esprits et à nous donner effectivement de l'espoir dans notre capacité à résister. Parce qu'effectivement, nous sommes, vous avez bien raison,
39:04 dans des systèmes qui sont oppressants. Malheureusement, l'homme est ainsi fait que lorsqu'il a créé un outil, il s'en sert.
39:13 Toute la question de savoir, c'est quelle est l'attention de celui qui s'en sert. Donc, on a bien vu effectivement que depuis des années,
39:22 on a une exclusion de plus en plus grande de personnes, notamment les plus âgées, à tous les outils informatiques. Et maintenant, on se dit,
39:31 mais comment on va faire pour que ces gens puissent avoir leur simple droit de citoyen pour continuer à exister ? Cette question effectivement des libertés,
39:41 du transhumanisme est liée typiquement à ce que je vous disais. On a réussi à le créer et les gens vont vous dire, mais pourquoi on ne s'en servirait pas ?
39:50 Donc, quelle est l'idéologie qui est derrière ? Moi, je pense que le transhumanisme, c'est une idéologie. Une idéologie effectivement sous couvert de progrès,
39:58 qui peut être une idéologie d'oppression. Et on connaît ça déjà en France depuis un certain temps avec ce monsieur Macron, qui est tout jeune,
40:07 qui lève quand même des réflexes de vieux politicien bien avec un joli petit cuir. Et pour simplement vous poser une question, pour aller un petit peu plus loin sur l'université...
40:21 - Allez-y Jean-Luc, parce que nous avons beaucoup d'auditeurs. - Je ne sais pas si M. Bercoff a déjà fait une émission là-dessus, mais nous avons aujourd'hui un véritable scandale
40:28 sur l'interdiction de l'école à la maison par la loi séparatiste. Et donc, à côté des outils informatiques du transhumanisme, nous avons déjà des politiciens et des présidents
40:39 qui s'amusent à restreindre les libertés des Français. Et je pense qu'il faut réveiller aussi les consciences par rapport à ça. Vous avez 60 000 familles en France
40:48 qui doivent passer sous les "coach coding" des inquisiteurs. Et il va falloir effectivement que ça change, notamment avec l'aval du Conseil constitutionnel.
40:58 Donc M. Bercoff a levé cette poussière sur ce scandale. - Jean-Luc, on fera une émission là-dessus, absolument, vous avez raison. Il y a un certain nombre d'auditeurs qui l'ont posé.
41:11 Donc on le fera. Juste, alors, Nicolas Lebeau, est-ce que vous avez envie de répondre à ça ?
41:18 - Oui, tout à fait. Je souscris en grande partie à ce qui vient d'être dit par Jean-Luc. Je ne suis pas du tout spécialiste de la question de l'école à la maison.
41:26 Je suis même très partagé sur le sujet. Mais une chose est sûre, c'est qu'on vit dans une espèce de mythologie quant à l'école républicaine.
41:32 On nous a expliqué pendant très longtemps, et on continue de le faire, que c'était quelque chose qui a été fait dès le départ pour permettre aux citoyens d'être séparés un temps
41:46 des impératifs de la machine économique et du monde du travail, qu'on leur apprenait à lire, écrire, compter, penser.
41:54 Et qu'en dernière instance, l'école avait été dévoyée de sa mission première. Or, ce n'est pas tout à fait le cas.
42:05 Dès le départ, dès l'origine, dès la Troisième République, l'école a été faite pour adapter un certain nombre de citoyens à la machine économique,
42:16 au capitalisme industriel qui est naissant à l'époque. Simplement, à l'époque, il fallait arracher un certain nombre de fils de paysans,
42:25 au savoir, aux traditions, aux superstitions de leurs ancêtres, à leur terre, pour pouvoir les transformer en ouvriers d'usine.
42:30 On a eu besoin de leur donner un certain niveau d'instruction normatif pour les adapter aux exigences de l'urbanisation et de l'industrialisation du pays.
42:41 Aujourd'hui, ça a donné une classe ouvrière puissante, triomphante, intelligente, qui a pu avancer, consciente d'elle-même,
42:50 avec une conscience de classe, qui a pu précipiter dans l'histoire un certain progrès social. Mais aujourd'hui, on n'a plus besoin de ça.
42:56 Aujourd'hui, on a besoin de consommateurs résilients, obéissants, neutres. Donc, l'école est là pour les abrutir.
43:03 Je conçois tout à fait qu'un certain nombre de parents aient recours à l'éducation à la maison pour essayer de leur faire s'échapper.
43:10 - Nicolas, Nicolas, il ne faut pas être trop long. - Ah non, non, je suis désolé, excusez-moi.
43:14 - Essayez, parce qu'il y a beaucoup d'auditeurs qui nous attendent. Simplement à dire, là-dessus, effectivement, je crois que chaque classe, effectivement, convient à l'adaptation.
43:23 Et puis, heureusement, il y a toujours des gens qui se rebellent. Et j'espère de plus en plus.
43:29 Dernier... - Oui, merci beaucoup Jean-Luc. Et allons dans le Gard avec Benoît. Bonjour Benoît.
43:36 - Oui, bonjour. - Oui, bonjour Benoît. - Oui, bonjour M. Bercoff et bonjour à votre invité.
43:42 Je voulais très vite intervenir sur une chose que j'entends un peu sur toutes les ondes.
43:47 Donc, les Gilets jaunes seraient descendus de la rue à cause de la hausse du carburant.
43:51 Bon, écoutez, si ça avait été le cas, ils seraient descendus en 70. Non, il s'agit pour moi d'une... Ils sont descendus dans la rue à cause de l'injustice.
44:00 Et il faut bien entendre ce mot, l'injustice, parce qu'une fois de plus, nous tombons sur le dème. Le dème grec, le dème des Athènes et d'Athènes.
44:08 C'est-à-dire que le dème accompagne le démos. Et en fait, ce qu'ils remettent en question, c'est la démocratie elle-même.
44:13 Ils n'ont pas toujours conscience parce qu'ils ont été appauvris par un système d'enseignement plus ou moins stupide.
44:21 Mais, en fait, quand ils crient "liberté", ils se trompent. Ils devraient crier "amour". Ce serait beaucoup plus juste.
44:26 Cela viendra. Il faut du temps pour défaire les choses. Il faut du temps. Mais voilà. En fait, c'est une injustice.
44:33 Ce n'est pas le prix du carburant.
44:34 — Ah non, mais c'est ce qu'a dit aussi Michel Lecouvreux.
44:36 — Pas seulement. Enfin, effectivement, l'argent est une grosse partie du problème parce que, bon, il ne faut quand même pas oublier que, statistiquement,
44:43 autour des ronds-points, c'était des gens à 1 000 € par mois. Et autour de l'Arc de Triomphe, à Paris, c'était plutôt 1 400 € par mois.
44:49 Donc ce qui fait de cette catégorie de la population quand même dans l'ensemble plutôt des prolétaires, même s'il y avait une petite bourgeoisie
44:56 très déclassée, très paupérisée. Mais effectivement, comme je le disais tout à l'heure, et je vous rejoins complètement sur ce point,
45:05 ce qui pouvait, quand on se baladait un petit peu dans les cortèges et qu'on écoutait un petit peu ce que disaient les gens,
45:13 c'était pas seulement une histoire d'argent. Et c'est là que le pouvoir a complètement paniqué. C'était aussi un mouvement de recul par rapport
45:23 aux tournants civilisationnels, funestes, anxiogènes, non-consentis qui est en train d'avoir cours dans les sociétés.
45:32 D'ailleurs, c'est tout à fait possible que...
45:35 Que... Comment dire ?
45:39 — En tout cas... Oui.
45:41 — Non, non, je vous en prie. Non, parce que je risque d'être long si je parle dessus. Donc je préfère m'arrêter là.
45:46 — Moi, je voudrais... Non, mais c'est très bien. Vous êtes arrêté au moment où on dit "Attention à ce tournant qui peut être à la fois
45:53 mortifère et mortel que vous traduisez dans le transhumanisme, ça termine avec le capitalisme". Mais je voudrais dire, lisez ce livre,
46:00 allez sur Amazon, sur édition de La Reine Rouge, procurez-le vous, que vous soyez... Ça vous donnera en tout cas matière à discuter,
46:08 à réfléchir, et il faut toujours penser y compris contre soi-même, comme vous le savez.
46:12 C'était le Face à Face du mercredi 22 février avec Nicolas Lebeau, écrivain et artiste, pour son livre "Le transhumanisme, stade terminal du capitalisme",
46:21 édition de La Reine Rouge. Merci d'être toujours aussi nombreux à nous écouter. Tout de suite l'émission de Brigitte Lahaie. À tout de suite sur Sud Radio.