Le député Nupes Inaki Echaniz des Pyrénées-Atlantiques a "piégé" Olivier Dussopt à l'Assemblée nationale. L'élu lui a posé la même question que le ministre du Travail avait adressée en 2010 à Éric Woerth qui défendait une réforme des retraites à laquelle il était opposé.
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00:00 Monsieur le ministre, il y a maintenant quelques semaines, vous receviez les partenaires sociaux
00:04 pour évoquer la question des retraites et la réforme que vous souhaitez conduire.
00:07 La main sur le cœur, vous vous êtes engagé devant nous et avant vous, le Président de la République,
00:12 à ne pas passer en force sur ce dossier et à mener une concertation approfondie,
00:16 à rechercher une position de consensus.
00:18 Malheureusement, la vérité est ailleurs.
00:21 La concertation que vous avez promise apparaît pour ce qu'elle est,
00:24 un simulacre destiné à faire croire que vous avez d'autres priorités que celles que vous souffle le MEDEF
00:29 et un mépris pour les propositions faites par les autres partenaires sociaux
00:32 que vous recevez finalement sans les écouter ni les entendre.
00:36 Par ailleurs, cette volonté de reculer l'âge de la retraite est doublement injuste.
00:40 Injuste car elle écarte d'emblée la recherche d'autres recettes,
00:43 notamment la mise à contribution de l'ensemble des revenus et en particulier ceux issus du capital.
00:49 Entre les niches fiscales et le bouclier du même nom,
00:52 beaucoup pourrait être fait pour que l'effort ne porte pas encore une fois sur les seuls salariés.
00:58 Injuste aussi car elle fera porter l'effort sur les générations nées après 1990,
01:04 aujourd'hui plus préoccupées par leur situation actuelle,
01:07 par leur entrée sur le marché du travail que par la question de leur retraite.
01:10 A la précarité et au taux de chômage qu'ils connaissent,
01:12 vous allez infliger une double peine au moins de 30 ans,
01:15 en éloignant toujours plus le moment de leur départ en retraite.
01:18 Monsieur le ministre, ma question est double mais elle est très simple.
01:23 Allez-vous réellement prendre en compte les propositions des différents partenaires sociaux
01:27 ou allez-vous imposer une réforme déjà décidée par l'Elysée ?
01:30 Allez-vous, oui ou non, reculer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans ?
01:35 Je vous remercie.
01:36 Je vous remercie. La parole est à monsieur Olivier Dussopt,
01:39 ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion.
01:42 Merci Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés,
01:47 Monsieur le député Enacki, deux questions, deux réponses.
01:50 Pardonnez-moi, Monsieur le député.
01:52 Deux questions, deux réponses. La première, quel est le fruit de la concertation ?
01:56 Cette concertation nous l'avons menée pendant quatre mois avec l'ensemble des partenaires sociaux,
01:59 tous les partenaires sociaux, toutes les organisations syndicales,
02:02 toutes les organisations patronales et nous l'avons élargie avec Madame la Première Ministre aux groupes politiques.
02:07 A l'issue de la concertation, le texte que nous vous présentons n'est pas le même qu'avant la concertation.
02:11 Nous avons progressé sur la question des carrières longues,
02:14 à la fois pour tenir compte de ceux qui ont commencé à travailler entre 16 et 18 ans,
02:18 ça n'était pas le cas précédemment.
02:20 Nous avons encore progressé cette semaine, la Première Ministre l'a dit,
02:22 pour tenir compte de ceux qui commencent à travailler entre 20 et 21 ans dans une logique, une perspective
02:26 de relèvement de l'âge légal de départ.
02:28 Nous avons progressé sur les carrières longues, sur l'amélioration du compte professionnel de prévention.
02:33 Nous avons retenu la quasi-totalité des demandes des organisations syndicales
02:36 en matière d'abaissement de seuil, de protection des polis exposés,
02:39 de création d'un nouveau droit, le droit à un congé de reconversion.
02:43 Nous avons aussi voulu réintégrer et traiter les critères ergonomiques
02:47 de posture pénible, de port de charge lourde, de vibration.
02:50 Nous le faisons avec à la fois des accords de prévention financés à hauteur d'un milliard d'euros
02:54 et un suivi médical pour permettre des départs anticipés à chaque fois que c'est nécessaire.
02:58 Nous avons progressé sur la retraite minimum,
03:00 pour faire en sorte qu'elle s'applique non seulement aux nouveaux retraités,
03:02 mais aussi aux retraités actuels.
03:04 Ce sont 1,8 million de retraités actuels qui vont pouvoir bénéficier d'une revalorisation de pension.
03:08 Nous avons aussi avancé sur les seniors, sur le travail des seniors,
03:11 et dans le débat, nous aurons l'occasion de revenir sur un certain nombre de mesures
03:15 pour faire en sorte que plus d'entreprises soient concernées et que le modèle soit plus incitatif.
03:19 Est-ce que ces avancées ont permis de trouver un accord ? La réponse est non.
03:22 Ce n'est pas parce qu'il y a des convergences qu'il y a un accord global sur la réforme que nous proposons
03:27 et nous savions avant même le début de la conservation
03:29 que sur la question de l'âge légal de départ, il n'y aurait pas d'accord avec les organisations syndicales.
03:34 Est-ce que ça signifie que nous ne devons pas le faire ?
03:36 La réponse est si.
03:37 Si, il faut le faire parce que le système est déficitaire structurellement.
03:40 Vous le savez, 12 milliards et demi en 2027, presque 15 en 2030.
03:44 Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures, c'est de préserver le système pour leur transmettre un vrai principe de solidarité.
03:50 Merci beaucoup Monsieur le Ministre. Monsieur Etchanis ?
03:54 Monsieur le Ministre, je vous remercie la main sur le cœur pour avoir répondu à la question que vous aviez vous-même posée
04:00 le 4 mai 2010 à Eric Wörth, ministre en charge de la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy.
04:05 Depuis, des millions de personnes sont dans la rue pour dire non à votre réforme.
04:09 Depuis, vous avez retourné votre veste pour devenir ministre de la Casse sociale et de l'Impôt sur la vie.