Le 6 juin 1944 débute l'invasion alliée de l'Europe. Les armées américaine, britannique et canadienne constituent la force d'invasion la plus puissante jamais rassemblée dans l'histoire. Le projet est d'établir une tête de pont en Normandie et de prendre d'assaut les plages sur un front de plus de 80 kilomètres, permettant ainsi aux troupes aéroportées de sécuriser l'intérieur des terres. Face à eux, des Allemands déterminés et protégés par des bunkers, des barrages et des champs de mine.
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00:00 1944, la seconde guerre mondiale déchire la planète.
00:07 Les bombes volaient de tous côtés.
00:11 Les alliés se livrent à une guerre sans merci pour libérer l'Europe, occupée par les nazis.
00:17 C'est une guerre au cours de laquelle les deux camps vont jouer une véritable partie d'échec.
00:22 Depuis les plages de Normandie...
00:24 L'eau de la mer était couleur rouge sang.
00:27 Aux forêts allemandes...
00:30 Des milliers de cadavres gisaient devant moi.
00:34 Chaque camp déploiera des armements de plus en plus puissants et sophistiqués.
00:39 Ces tanks donneront un avantage de taille aux américains. C'est une arme très efficace.
00:45 Voici l'histoire de l'ultime campagne des alliés, comptée par les hommes qui l'ont directement vécue.
00:52 On tirait, et ensuite on manœuvrait.
00:58 Il était comme un frère pour moi.
01:02 Les soldats ayant survécu au débarquement vont maintenant devoir livrer des combats de grande envergure pour conquérir la ville de Caen.
01:15 Quand la 3e division d'infanterie britannique essaye de prendre camp au cours de l'opération Mitten, les soldats sont exterminés.
01:21 C'était eux ou nous. On ne réfléchissait pas.
01:25 Quand les balles vous frôlent les oreilles, vous tirez dans le tas, croyez-moi.
01:30 Cette sanglante bataille durera des semaines.
01:34 Un véritable enfer pour les soldats déployés sur le front.
01:39 La bataille a duré 14 jours.
01:43 Et la Côte 112 changeait de main tous les jours.
01:48 C'est une des plus horribles batailles s'étant déroulée sur le sol français.
01:53 Je n'oublierai jamais cette sombre expérience.
01:57 Juin 1944. L'Allemagne est impliquée sur trois fronts.
02:07 En URSS, elle vient de subir les défaites de Stalingrad et de Kursk.
02:12 Elle doit maintenant se battre pour contenir l'armée rouge.
02:16 En Italie, les Allemands ont abandonné Rome pour battre en retraite vers le nord du pays.
02:22 Et le 6 juin en France, les forces alliées ouvrent un nouveau front depuis les côtes de Normandie, suite à la plus grande opération militaire de tous les temps.
02:36 Caen est le point clé de la région. Les alliés doivent s'en emparer pour consolider leur position en Normandie.
02:43 Mais la mission ne sera pas simple.
02:46 La prise de Caen est une importante partie des opérations.
02:56 Car en prenant la ville, les alliés pourraient maîtriser les accès principaux allant et venant de Normandie.
03:03 Edwin Bramhall a 20 ans lors de la bataille de Normandie.
03:07 Il sera plus tard nommé officier supérieur des forces armées britanniques.
03:12 Les combats ont débuté alors qu'on voyait Caen au loin.
03:17 On espérait prendre la ville en une journée, mais ça ne s'est pas vraiment passé comme ça.
03:23 Bruce Melanson, de Nouvelle-Écosse, a menti sur son âge pour incorporer l'armée.
03:30 En 1940, il est envoyé sur le front.
03:33 Montgomery, Churchill et nos généraux prévoyaient de prendre Caen en deux semaines.
03:40 C'est ce qu'ils se disaient.
03:42 Ca nous aura pris presque deux mois au final.
03:49 C'est dans les champs normands que des milliers de soldats alliés vont se battre contre les Allemands.
03:57 Une mission difficile ayant pour but de réduire à néant les unités d'élite du Reich.
04:02 En tant que jeune officier, Patrick de la Force est aux commandes d'une batterie d'artillerie composée de quatre canons.
04:13 Il fallait avoir les nerfs bien accrochés et continuer malgré la désolation autour de nous.
04:19 On devait se battre jusqu'au bout.
04:21 Toute cette histoire n'était qu'une question de chance.
04:26 Alors que les renforts allemands arrivent en Normandie, les alliés se sont déjà renforcés pour résister à la riposte.
04:33 Et ils lancent l'assaut sur Caen.
04:36 La tâche est confiée au commandant des forces alliées terrestres, le général Bernard Montgomery.
04:52 Surnommé Monty, le célèbre général anglais est un officier émérite,
04:57 qui s'est distingué plus tôt dans le conflit en évacuant sa division de Dunkerque et en minimisant les pertes.
05:04 Une promotion suivra et en 1942 il est nommé commandant des forces britanniques en Afrique du Nord,
05:10 où il vaincra l'Afrika Korps de Rommel au cours d'une bataille décisive.
05:15 Elle a la main.
05:20 Très particulier et souvent décrit comme arrogant, il jouit toutefois d'une grande popularité auprès de ses hommes.
05:27 Montgomery est un chef de grand talent à l'égo démesuré,
05:33 qui aura pour habitude, surtout après la guerre,
05:36 de dire qu'il était capable d'élaborer des plans de bataille de manière à ce que l'ennemi ne puisse rien y faire.
05:44 Une fois le débarquement terminé, Montgomery décide de se concentrer sur les flancs britanniques et canadiens.
05:50 Il va laisser les américains de côté, tout en les encourageant à livrer leur propre bataille.
05:57 Pendant que l'armée américaine sous le commandement du général Omar Bradley avance lentement à travers la Normandie sur le flanc droit,
06:07 Montgomery planifie la prise de camp.
06:11 Pour cela, il compte sur la deuxième armée britannique menée par le lieutenant général Dempsey.
06:17 A l'origine, elle n'est composée que de divisions ayant débarqué le 6 juin.
06:23 Mais d'autres troupes atteignent les côtes chaque jour,
06:26 dont les vétérans d'Afrique du Nord de Montgomery, la 51e division d'infanterie,
06:30 et les hommes de la fameuse 7e division blindée, surnommées les "rats du désert".
06:37 Les soldats de Montgomery pourront compter sur le soutien des navires de guerre de la Royal Navy stationnés dans la Manche,
06:45 dont le HMS Rodney et le HMS Roberts.
06:48 Les bombardiers et les avions de combat les appuieront depuis les airs.
06:55 Les alliés ne se trouvent qu'à 6 km de camp.
07:06 Les canadiens vont tenter de prendre la ville par une attaque frontale.
07:10 Ils seront repoussés par les Hitlerjugend, la 12e SS Panzer Division.
07:16 Montgomery ordonne alors une offensive de la 51e division d'infanterie Highland en direction de Ranville, à l'est.
07:24 A l'ouest, il lance la 7e division blindée sur Tilly-sur-Sol.
07:33 Il espère ainsi que ses vétérans auront très vite libéré camp.
07:37 Mais la 7e division blindée est ralentie dans le bocage normand, un labyrinthe de champs, de vergers et de prairies inondés.
07:47 Les rats du désert sont alors une des rares unités équipées du nouveau char d'assaut britannique, le Cromwell.
07:59 On a tendance à comparer les chars de combat entre eux.
08:03 Mais le Cromwell ne sera jamais comparable au Panzer, car ils n'ont strictement rien à voir et ils n'ont pas la même utilité.
08:10 Le Cromwell est le blindé le plus rapide de la seconde guerre.
08:15 Et étant équipé de la suspension Christie, il est très agile sur le champ de bataille.
08:20 Et bien sûr, l'indispensable canon 75 mm.
08:24 Le problème du Cromwell vient d'une erreur de conception.
08:28 Regardez le véhicule, le pilote a une trappe au dessus de la tête.
08:31 Et si la tourelle tourne pour tirer, la trappe est bloquée.
08:35 Si le véhicule est touché à ce moment-là, alors impossible d'en sortir.
08:40 La 7e division blindée approche Tilly sur seul et croise le fer avec la division Panzer Lea.
08:48 Une unité d'élite menée par des spécialistes de la guerre blindée récemment arrivés en Normandie.
08:56 C'était comme si une ligne invisible avait été tracée devant nous et qu'on allait devoir se battre pour la franchir.
09:02 À peine on est arrivé aux abords de Tilly sur seul que les combats ont commencé.
09:08 Ça a été mon baptême du feu.
09:11 Et il y en a eu 25 similaires avant que Tilly sur seul soit libérée.
09:17 C'était un sacré combat.
09:19 Les Allemands étaient tenaces et ne reculaient devant rien.
09:26 Certains de leurs soldats collaient des bombes sur nos chars.
09:30 Et ils tuaient tout le monde à bord.
09:33 Je me souviens qu'une fois, alors que je me trouvais derrière l'escadron C,
09:38 plusieurs de leurs soldats ont collé des bombes sur tous les chars de l'escadron.
09:43 Ils ont tous explosé.
09:45 Et tous les gars à l'intérieur sont morts.
09:48 Je suis repassé à cet endroit deux semaines plus tard,
09:51 et le cadavre de nos collègues se trouvait toujours à l'intérieur.
09:55 En arrivant sur place, on était méfiant.
09:57 Mais on ne s'inquiétait pas plus que ça,
09:59 parce qu'on ne voyait pas un seul Allemand à l'horizon.
10:01 Mais eux nous voyaient et nous attendaient,
10:03 et de pied ferme, avec leur char d'assaut et tout leur arsenal.
10:07 Alors qu'on avance vers la ville et que je suis assis sur la caisse de mon char,
10:16 le tank devant moi est directement touché et une main atterrit à mes pieds.
10:20 Enfin, c'était tout un bras. J'ai hurlé comme jamais.
10:24 Les troupes allemandes sont décidées à livrer bataille aux britanniques.
10:29 Mais la situation évoluera en leur défaveur.
10:32 Le 12 juin, 1ère et 2ème divisions d'infanterie américaine
10:36 lancent une attaque sur le flanc britannique
10:38 et parviennent enfin à traverser la ligne de défense allemande.
10:42 La 7ème division blindée va s'immiscer dans la brèche
10:47 et atteindre Villers-Bocage, avec pour objectif d'encercler Caen depuis le sud-ouest.
10:52 Alors que les soldats britanniques entrent dans Villers-Bocage,
10:58 les civils français se bousculent pour leur souhaiter la bienvenue
11:02 et célébrer la fin de 4 années d'occupation.
11:05 Nous sommes entrés dans le village.
11:08 Il faisait beau, les français sont sortis dans la rue
11:10 et nous ont accueillis avec des fleurs, du cidre et du calva.
11:13 Sur le cours qu'insignent les allemands, ça s'annonçait très bien.
11:17 Les français nous ont dit, il n'y a pas de char allemand à Villers-Bocage,
11:22 parce qu'ils se trouvent tous à Tracy-Bocage et les villages avoisinants.
11:27 Donc on a traversé le village assez rapidement, sans craindre quoi que ce soit.
11:34 Je me souviens que je roulais à une vingtaine de mètres derrière le char du colonel.
11:42 Les habitants ont tort et leurs célébrations sont prématurées.
11:47 30% des pertes étaient prévues lors du débarquement.
11:52 On ne les a atteints qu'une fois à Villers-Bocage.
11:56 John Cloutzley-Thompson et son escadron cessent leur avancée
12:01 et ignorent la présence de la 101ème division blindée allemande,
12:04 qui arrive rapidement depuis l'Est.
12:10 J'étais occupé à analyser des cartes pour prendre des décisions.
12:15 Et d'un coup, le char du colonel qui se trouvait devant moi explose.
12:21 L'explosion a été d'une incroyable violence.
12:25 La division est attaquée par un détachement de char tigre allemand.
12:31 J'ai vu ce char au loin, son 88mm visé vers nous,
12:36 et BIM ! Le tir est parti.
12:40 Je me suis réfugié à l'intérieur de la tourelle
12:43 et j'ai regardé à travers le périscope ce qui se passait à l'extérieur.
12:46 J'ai senti une intense secousse au niveau de mes jambes.
12:49 Heureusement que je ne me tenais pas complètement debout, sinon je serais tombé.
12:53 Au commandement du détachement des monstres d'acier de 55 tonnes,
12:57 une légende de la Waffen-SS, le chef de char Michael Wittmann.
13:02 Il se fait une réputation sur le front de l'Est
13:06 et il est un véritable don du ciel pour la machine de propagande allemande.
13:10 Les chars tigres de Wittmann arrivent en France en 1944
13:14 et sont mobilisés après le débarquement pour bloquer l'avancée britannique autour de Caen.
13:21 Alors que la 7e division blindée britannique avance pour prendre les terres,
13:26 entourant le village de Villers-Bocage,
13:29 les chars tigres de Wittmann se trouvent à proximité.
13:34 Dès lors qu'ils aperçoivent que les blindés alliés sont à l'arrêt,
13:38 Wittmann lance l'attaque et décime la 7e division blindée britannique.
13:45 L'attaque destructrice de Wittmann aux abords du village va détruire 13 tanks britanniques,
13:51 2 canons anti-chars et 13 autres véhicules blindés en quelques minutes seulement.
13:58 C'était horrible parce qu'on voyait des tanks en flammes
14:03 et on se disait que le nôtre pouvait très bien être le suivant sur la liste.
14:08 Mais il ne fallait pas y penser et nous défendre.
14:13 Le char tigre de Wittmann sera détruit en août 1944,
14:17 mais d'ici là, il causera énormément de dégâts.
14:21 On a perdu la moitié du régiment en une journée à Villers-Bocage.
14:25 C'était un désastre.
14:27 Les journaux allemands s'emparent immédiatement du succès de Wittmann.
14:31 La machine de propagande allemande va gonfler cette victoire.
14:36 Wittmann sera interviewé à la radio allemande le soir même.
14:40 Sa réputation va enfler et bien sûr celle du char tigre également.
14:46 Mais cette première bataille se termine au final par un match nul,
14:50 car les allemands perdront des chars difficilement remplaçables
14:54 et les alliés aussi.
14:56 La nuit suivante, 300 bombardiers britanniques vont semer chaos et dévastation
15:03 sur le village et les points stratégiques alentours.
15:06 On a vu plusieurs bombardiers passer au-dessus de nos têtes
15:13 et quelques minutes plus tard, des nuages de fumée ont fait leur apparition au loin.
15:19 Ces appareils britanniques avaient pour objectif de bombarder Villers-Bocage.
15:24 Je crois qu'aucune autre ville normande n'a été autant bombardée au cours de cette guerre.
15:29 Il n'en restait plus rien.
15:31 Les alliés se félicitent de ne pas avoir eu à lutter
15:39 contre les puissantes divisions blindées allemandes au cours du débarquement.
15:43 Le commandant Erwin Rommel a demandé à ce que ces unités d'élite
15:47 soient stationnées à proximité de la côte,
15:49 afin de réduire en cendres la moindre tentative d'invasion alliée.
15:54 Mais Adolf Hitler va repousser cette requête.
15:59 Les Panzer Divisions ne peuvent être déplacées que sur son ordre personnel.
16:05 Adolf Hitler est en effet le commandant suprême des forces armées allemandes.
16:11 Pourtant, il n'a suivi aucune formation tactique militaire
16:15 et n'a jamais dépassé le grade de caporal.
16:18 A partir de 1940, il va de plus en plus s'immiscer et interférer dans les débats militaires.
16:26 En 1944, Hitler méprise les conseils de son état-major
16:33 et veut s'assurer que tout ce qu'il souhaite soit exécuté à la lettre.
16:37 Il donnait des ordres extrêmes et précipités.
16:42 Par exemple, en empêchant les forces allemandes de battre en retraite,
16:45 en les forçant à tenir des lignes ou des villes à n'importe quel prix,
16:48 quels que soient les mouvements alliés.
16:50 Ces stratégies mal étudiées et inutiles mèneront l'armée allemande à sa perte.
16:56 Hitler n'autorisera la présence que de trois Panzer Divisions le long de la côte normande.
17:02 Le reste du contingent se trouvera dans les terres,
17:06 en attente de mener une contre-attaque, une fois que le Führer l'aura ordonné.
17:11 Mais lors du jour J, les ordres d'Hitler arrivent trop tard
17:14 pour que les unités de réserve de Panzer Division atteignent les plages de Normandie à temps.
17:19 Le jour du débarquement, le secteur de Caen n'est défendu que par une seule division de la 7ème armée
17:25 et une unité de la 21ème Panzer Division.
17:28 Mais 24 heures plus tard, le premier SS Panzer Korps arrive sur place.
17:32 Et trois semaines plus tard, c'est au tour du second SS Panzer Korps.
17:37 Des unités puissantes, très bien équipées et motivées.
17:41 Les Panzer Korps étaient composés de plusieurs corps majoritairement issus des Waffen-SS,
17:50 la branche militaire du parti nazi.
17:52 Une structure tout à fait indépendante dans son organisation de l'armée allemande.
17:57 Les Waffen-SS constituent à l'origine le service de sécurité d'Hitler
18:04 lors de ses grands discours dans les années 30.
18:07 Et en 1944, ils sont composés de 30 divisions implantées partout autour du monde.
18:15 En Normandie se trouvent deux des plus remarquables unités de l'armée allemande.
18:22 Le premier SS Panzer Korps, l'Ebstandarte d'Adolf Hitler.
18:26 Des hommes totalement dévoués au régime nazi et au Führer.
18:30 D'une redoutable efficacité.
18:33 L'autre unité est la 12e SS Panzer Division,
18:38 que l'on surnomme les Hitlerjugend.
18:41 Lors de la formation des Hitlerjugend en 1943,
18:47 les nazis sélectionnent des officiers expérimentés autour desquels bâtir cette structure particulière.
18:53 De très jeunes hommes d'à peine 18 ans et en grande partie issus des jeunesses hitlériennes
18:58 vont y être additionnés et envoyés au combat.
19:01 Comme les cadres expérimentés venaient de la première SS Panzer Division,
19:06 les deux unités présentes en Normandie au moment du débarquement étaient étroitement liées.
19:12 Ils étaient considérés comme fureurtreux, c'est-à-dire fidèles au Führer.
19:19 Cette dévotion à Hitler n'avait d'égal que leur compétence au combat.
19:24 Cette dévotion aveugle les mènera malheureusement à tuer des prisonniers de guerre et des civils.
19:30 Confrontés à la fine fleur de l'armée nazie,
19:33 les alliés ont impérativement besoin de faire parvenir sur le front renforts, matériels et approvisionnements.
19:39 Pour cela, une opération sophistiquée est mise en place.
19:43 Elle met en scène des milliers de navires et véhicules amphibies,
19:47 ainsi que deux ports artificiels géants appelés Mulberry A et Mulberry B.
19:52 Au cours de la semaine qui suit le jour J,
19:56 30 000 soldats et 7 000 véhicules débarquent chaque jour en Normandie.
20:01 Mais les conditions météorologiques vont plonger les plans des alliés dans le chaos.
20:05 Le 19 juin, la pire tempête enregistrée depuis 40 ans s'abat sur la région.
20:22 Le mois de juin avait été choisi car c'était le mois de l'année idéale,
20:27 mais il s'est avéré être un désastre.
20:30 Le port américain bâti à Harmanche sera détruit, donc impossible à utiliser.
20:36 Les blocs de ciment qui constituaient les jetés du port ont été balayés par les eaux.
20:42 La tempête va détruire 800 navires et véhicules amphibies.
20:47 Des pertes cinq fois plus importantes que celles recensées pendant le débarquement.
20:52 Un véhicule de débarquement à fond plat de 3 500 tonnes équivaut à une boîte de chaussures dans une piscine.
21:00 Vous la mettez dans l'eau, vous l'agitez un peu et elle partira n'importe où.
21:05 Une grande partie des véhicules ont été éparpillés dans les mers.
21:10 Ils étaient impossibles à récupérer.
21:16 Les plages seront parsemées d'épaves. Il faudra de nombreux jours pour les nettoyer.
21:21 Cette tempête aura pour conséquence de mettre à mal la logistique alliée.
21:25 Le réapprovisionnement des forces alliées après la tempête va chuter de 50%,
21:31 ce qui offrira aux Allemands une occasion de souffler un peu.
21:35 L'effectif allié est alors déjà plus nombreux en hommes et en matériel.
21:40 Et si les deux Mulberrys avaient tenu, cela aurait été bien pire pour les Allemands.
21:46 La tempête contre un Montgomery a décalé de 5 jours sa nouvelle offensive sur Caen.
21:52 Il est conscient que ce retard pourrait coûter cher, car d'après les informations confidentielles en sa possession,
21:58 l'ennemi est sur le point de recevoir des renforts.
22:01 Les Allemands pensaient communiquer par le biais d'un code indéchiffrable grâce à la machine Enigma,
22:10 qui ressemble en tout point à une machine à écrire un peu plus grande.
22:15 Mais une de ces machines va tomber entre les mains des services de renseignement polonais suite à l'invasion allemande de 1939.
22:24 Les Polonais vont ensuite la confier aux Britanniques.
22:28 Et une unité spéciale va travailler 24 heures sur 24 pour déchiffrer le code et pouvoir ainsi lire les messages allemands.
22:38 La mission Ultra va permettre au général Montgomery, au cours de la bataille de Caen,
22:43 de comprendre d'où allaient provenir les unités de renforts allemandes et comment préparer ses réponses.
22:49 Montgomery est déterminé à lancer l'offensive avant l'arrivée des renforts allemands.
22:55 L'attaque, nommée Opération Epsom, débute par un monstrueux tir de barrage de 700 canons,
23:02 dont ceux de l'artillerie lourde de plusieurs navires de guerre de la Royal Navy, positionnés à 16 km des côtes françaises.
23:10 J'ai vu un char-tigre touché par un obus tiré depuis le HMS Warspite.
23:16 Il était reversé comme un jouet. C'était impressionnant.
23:20 Les interminables bombardements vont raser la campagne normande.
23:25 Des centaines d'animaux de ferme vont trouver la mort et leurs carcasses vont se décomposer dans la chaleur de l'été.
23:32 C'est une des pires choses dont je me souviens.
23:35 Pourtant j'en ai vu des choses horribles. C'était dégoûtant et on devait passer outre.
23:39 Il pouvait y avoir seulement 4 ou 5 cadavres de vaches dans un champ
23:43 et les carcasses répandaient une odeur pestilentielle à plusieurs mètres à la ronde.
23:49 Au moment de l'offensive, le 8e corps britannique, soutenu par 600 chars d'assaut, va se diriger vers le sud,
23:57 traverser la rivière Odon et encercler Caen.
24:02 Pour soutenir ces mouvements, la 3e division d'infanterie canadienne part prendre Carpiquet,
24:09 pendant que la 49e division se dirige vers Roray.
24:17 Mais les Allemands ont eu le temps d'organiser leur système de défense et les pertes sont lourdes.
24:23 On devait passer par les champs. Ils étaient complètement ouverts.
24:28 Les snipers allemands se sont amusés.
24:31 Ils tiraient principalement sur les officiers car ils étaient facilement reconnaissables à cause de leur grade sur leurs uniformes.
24:37 Ils se sont donc fait tirer comme des lapins.
24:40 A la fin de l'opération, il ne restait qu'un officier.
24:44 Le feu n'arrêtait pas, que ça vienne des soldats, des canons anti-chars, de l'artillerie.
24:49 La 15e division écossaise a beaucoup souffert et perdu 250 hommes au cours de la première heure de combat.
24:56 Nous nous sommes protégés comme nous pouvions et nous avons malheureusement fait la connaissance d'une arme terrible,
25:03 le Nebelwerfer, des lances roquettes multiples émettant un son très particulier
25:10 qui alimentera nombre de mes cauchemars après la guerre.
25:14 On suivait généralement les tirs de mortier qui couvraient une zone équivalente à la taille d'un terrain de football.
25:23 Heureusement, nous étions prévenus. Dès que nous entendions le son étrange du Nebelwerfer,
25:27 on se couvrait comme on pouvait dans un fossé ou une tranchée.
25:31 L'attaque de Rouray rencontrera également une féroce opposition.
25:39 On a pris quelques villages et on a beaucoup souffert.
25:42 On a lancé trois attaques et chacune d'entre elles a mené à énormément de pertes,
25:47 comme toutes les attaques en Normandie.
25:49 Nous étions repoussés, puis retournions de l'avant et ainsi de suite.
25:54 Si on gagnait 100 mètres, c'était une victoire en soi, car les combats étaient vraiment intenses.
26:00 Nos trois premières attaques nous ont coûté un grand nombre de camarades, malheureusement.
26:08 Deux jours de combat seront nécessaires pour traverser la rivière Audon.
26:12 Puis sur la rive, se déroulera une nouvelle bataille tristement célèbre, la conquête de la côte 112.
26:19 C'était le plus haut point d'un paysage vallonné qu'on avait appelé côte 112,
26:27 juste parce qu'elle se trouvait à 112 pieds au-dessus du niveau de la mer.
26:32 La position ne se trouvait qu'à une dizaine de kilomètres au sud de Caen
26:37 et offrait une vue dégagée sur les alentours.
26:40 Rommel lui-même disait que celui qui tenait la côte 112 tenait la Normandie.
26:47 La 15e division écossaise se trouvait au bas de la côte,
26:51 qui avait été surnommée le couloir écossais, du coup.
26:54 Mais ça, c'était avant qu'on ne rabaptise l'endroit à la vallée de la mort,
26:58 car nous perdions entre 100 et 150 hommes par jour.
27:01 Les soldats britanniques ont pour ordre d'avancer à travers champ,
27:06 mais ils redoutent que les Allemands ouvrent le feu avec une de leurs plus terrifiantes armes.
27:10 Les Allemands étaient là depuis bien plus longtemps que nous,
27:18 et étaient bien positionnés et protégés derrière des sacs de sable.
27:21 Il n'a pas été simple de s'en débarrasser.
27:26 Et alors, cette année mitrailleuse faisait tomber nos gars comme des mouches.
27:32 Les soldats britanniques vont se retrouver sous le feu de la redoutée et dévastatrice MG42.
27:38 La mitrailleuse MG42 est une conception allemande typique,
27:44 une merveille d'ingénierie capable de tirer un nombre de balles impressionnant.
27:48 C'était une arme très redoutée, aucun doute là-dessus.
27:51 Les survivants de la seconde guerre vous parleront tous de ce son très particulier.
27:58 Je ne connais pas de son aussi terrible que celui de la MG42.
28:02 Ça ressemblait à des rafales de pétards qui exposent à vos oreilles.
28:06 Ça faisait...
28:09 Les rafales étaient incroyablement rapides.
28:12 Une fois qu'une rafale était tirée, soit vous étiez touché, soit un miracle s'était déroulé.
28:17 Mais la MG42 est loin d'être parfaite.
28:27 Elle tire 1200 balles par minute, le double des capacités britanniques.
28:31 Et cet avantage va poser problème, car plus vous tirez de balles,
28:35 plus vous avez besoin d'en fabriquer et d'en acheminer sur les champs de bataille.
28:40 C'était une mitrailleuse à refroidissement par air, qui en théorie pouvait tirer 3000 balles par minute.
28:49 Ce qui était impossible techniquement, car impossible de la nourrir de 3000 balles en une minute.
28:57 Il fallait trois hommes pour la manipuler.
29:00 Un qui dirigeait le canon de la mitrailleuse, et deux autres qui la remplissaient de munitions.
29:07 Elle se trouvait dans des boîtes qui en contenaient environ 200, qu'on portait généralement par deux.
29:13 Imaginez le temps qu'il faut rien que pour charger et tirer 200 balles.
29:19 Cette histoire de tir par minute n'était qu'une fanfaronnade.
29:25 En quatre jours d'attaque et de contre-attaque, le 8e corps britannique va perdre 4000 hommes.
29:31 Les tanks Sherman occupent les vallées situées au pied de la côte 112, qui est conquise.
29:39 Mais les troupes vont recevoir l'ordre de battre en retraite.
29:42 Nous sommes parvenus au sommet, ce qui était une brillante avancée.
29:47 Puis l'ordre a été donné de redescendre. Personne n'a compris pourquoi sur le moment.
29:52 Cet ordre a été donné car les décodeurs de Bletchley Park avaient déchiffré un message prévenant de l'arrivée de deux divisions de blindés Panzer par le sud.
30:02 Et si nous restions au sommet de la côte, l'intégralité de notre division aurait été isolée des autres troupes.
30:11 Montgomery ne souhaitant pas prendre un tel risque, il nous a fait redescendre.
30:18 Montgomery prend la décision de s'éloigner de la côte 112 pour se mettre en position de sécurité et tendre une embuscade.
30:25 Et lors de l'attaque de Roray, les britanniques vont tuer de nombreux allemands, car Montgomery est prêt à les recevoir.
30:34 Et tout cela grâce aux équipes de décodeurs de Bletchley Park.
30:43 La contre-attaque des SS Panzer Division est réduite à néant grâce à la combinaison de canons anti-chars, au travail d'artillerie et aux bombardements aériens continus.
30:53 Mais l'avancée des alliés à travers la Normandie se trouve dans l'impasse. Montgomery souhaite battre le fer tant qu'il est chaud.
31:04 Ce qui se déroule ensuite fait partie des épisodes les plus controversés de la campagne de Normandie.
31:12 Camp est toujours aux mains des allemands.
31:15 Les deux premières tentatives de prise de la ville par Montgomery s'étant soldées par des échecs, ils décident d'envoyer le premier corps britannique à l'assaut.
31:23 C'est le début de l'opération Charnwood, au cours de laquelle 467 bombardiers vont pulvériser la partie nord de la ville.
31:37 J'ai pu assister au bombardement de camp, aux premières loges. Le sol tremblait sous mes pieds, c'était impressionnant. On se trouvait très près du bombardement.
31:51 Un de nos avions a été touché par les canons anti-aériens allemands. Il est parvenu à se poser à proximité de notre emplacement et nous nous sommes donc précipités vers la colline pour prêter main forte à l'équipage.
32:03 Et un des officiers a dit "éloignez-vous, il y a des bombes à bord". Alors on a dévalé la colline dans l'autre sens. Je n'ai jamais couru aussi vite.
32:11 Camp a été littéralement réduite en cendres. Nous nous sommes souvent demandé pourquoi elle avait été aussi lourdement bombardée.
32:21 Parce qu'au final, une ville en ruine complique la tâche de l'infanterie, qui n'a plus aucun endroit pour se cacher.
32:29 Les positions allemandes sont fragilisées par les tirs de canons provenant du HMS Rodney, du HMS Belfast et du HMS Emerald.
32:37 Puis les Hawker Typhoon de la Royal Air Force entrent en scène.
32:44 Nous pouvions admirer les typhons en action depuis l'endroit où nous nous trouvions.
32:54 On voyait les canons allemands envoyer leurs roquettes, alors que les avions les évitaient et frappaient les chars-tigres par derrière.
33:02 Les rafales de canons étaient terribles, au point qu'on se demande encore comment les avions s'en sont sortis indemnes.
33:17 Les typhons ont fait un travail remarquable. On les voyait piquer sur leurs cibles et tirer dessus. C'était fou.
33:26 C'était impressionnant, parce qu'ils savaient qui était l'ennemi et ils lui tiraient dessus sans pitié.
33:42 Britannics et Canadiens vont se battre avec acharnement pour conquérir les villages tenus par les Allemands en périphérie de Caen.
33:49 Entre la côte et Caen, il y avait huit villages fortifiés tenus par les Allemands.
33:57 Beaucoup de soldats, d'artillerie, de chars et de canons anti-aériens.
34:06 Gallmanch était un de ces maudits villages fortifiés. Nous avons lutté à deux reprises pour Gallmanch.
34:13 Puis un jour, nous avons souffert de telles pertes au niveau de l'infanterie que le colonel a ordonné de battre en retraite.
34:23 L'escadron B, qui était mon escadron, marque une pause à un moment.
34:28 Les Allemands qui se trouvaient en hauteur dans le village voyaient tout ce qui se passait.
34:35 Dès lors qu'on bougeait un petit doigt, ils nous tiraient dessus en continu pendant quatre ou cinq heures alors que nous n'avions plus d'infanterie.
34:42 Nous avions l'ordre de tenir, de ne pas reculer et de nous faire tirer dessus sans pouvoir faire grand chose.
34:48 Je n'ai jamais connu explosion plus dévastatrice que celle des obus.
34:53 Je me souviendrai toute ma vie de ce son et de cette explosion.
34:58 Un jour, alors qu'on était en formation dans la ville, un obus a atterri derrière moi, entre les jambes de mon meilleur ami, Alec Duncan.
35:06 Moi, je me trouvais à quelques mètres devant lui et je peux vous dire que j'ai été sonné.
35:12 Quelques minutes plus tard, le collègue Harold Burden, qui se trouvait à la gauche d'Alec, me dit « Comment ça va ? ».
35:18 Je lui réponds que je ne sais pas trop et lui demande « Comment va Alec ? ».
35:24 Il me répond qu'il est mort et qu'il a perdu ses deux jambes.
35:28 Une horreur.
35:31 Rue par rue, à travers les ruines de Caen, les Canadiens affrontent les Hitlerjugends, plus déterminés que jamais.
35:42 Et très vite, des rumeurs vont commencer à circuler à propos du massacre de prisonniers canadiens.
35:48 Au cours de la bataille de Caen, nous étions face aux troupes les plus déterminées d'Hitler,
35:55 sous le commandement du général Kurt Mayer.
36:00 Cette ordure a fait exécuter 24 Canadiens détenus prisonniers dans la baie.
36:07 Il les a assassinés.
36:09 Kurt Mayer, le général de la baie, a été le premier à être assassiné.
36:16 Kurt Mayer, ici à l'image, sera accusé par un tribunal canadien d'après-guerre d'avoir ordonné l'exécution de prisonniers canadiens durant la bataille.
36:25 Ça me rend fou encore aujourd'hui d'y repenser.
36:33 Ces énergumènes ne luttaient pas à la loyale.
36:36 Il y a une bonne manière de faire la guerre et une mauvaise.
36:41 On peut mourir sur le champ de bataille et tuer un ennemi, mais pas après qu'il ait été constitué prisonnier.
36:47 Ça ne fait pas partie du jeu.
36:49 C'est pas bien. Je ne pardonnerai jamais et je n'oublierai pas.
36:55 Ça restera gravé à jamais dans un coin de ma tête.
36:59 Ils étaient comme ça, des sauvages sans foi ni loi.
37:03 Les combats autour de Caen atteignent alors un nouveau niveau de brutalité extrême.
37:09 Les accusations d'exécution de prisonniers éclabousseront les deux camps.
37:12 Au cours de la bataille de Normandie, de nombreux prisonniers alliés vont être exécutés par les unités allemandes.
37:19 Ces exécutions seront pour la plupart commises par des unités ayant servi sur le front de l'Est et qui vont perpétuer les mêmes atrocités à l'Ouest.
37:28 Ces exécutions seront également commises par les unités les plus dévouées et patriotiques, telles que les Hitlerjugends.
37:37 Au cours de la bataille de Caen, un grand nombre de soldats canadiens sera exécuté après s'être rendus.
37:42 La réponse des soldats alliés sera d'exécuter les prisonniers allemands en représailles.
37:48 Après une journée de combats acharnés, la pression exercée par les alliés est telle que Rommel décide d'abandonner la partie nord de Caen et de battre en retraite sur la rive sud de l'Orne.
38:05 Le 9 juillet, la moitié nord de Caen est aux mains des alliés. Enfin, ce qu'il en reste.
38:10 C'était qu'une pile de gravats. L'aviation avait fait un très bon travail.
38:17 Pour être honnête, je crois que plus aucune pierre ne tenait debout. Ils ont tout balayé sur leur passage.
38:23 La confrontation entre les deux armées au cœur de la ville, en plus du bombardement aérien, a réduit Caen en ruines.
38:34 Il ne restait plus rien.
38:36 En nous avançant parmi les décombres, on a vu que la cathédrale était encore debout et qu'à ses côtés se trouvait un hôpital de la Croix-Rouge.
38:50 Le bombardement avait épargné ces deux endroits, car c'est là que s'était rassemblée la majorité des habitants de la ville.
39:03 Il y a eu beaucoup de morts.
39:05 Mais il y en aurait eu encore beaucoup plus si nos avions n'avaient pas soigneusement évité de viser ces endroits.
39:13 Les Allemands ne se verront offrir aucun répit.
39:19 Le lendemain, Montgomery lance l'opération Jupiter. La 43ème division Wessex va essayer de reprendre la stratégique côte 112.
39:30 On nous a demandé de prendre la côte et de la conserver.
39:34 Mais les Allemands étaient tout aussi déterminés que nous.
39:38 L'opération s'est résumée à une bataille entre blindés au cours de laquelle les divisions d'infanterie tentaient d'avancer progressivement.
39:49 La bataille a duré 14 jours et la côte 112 changeait de main tous les jours.
39:59 Parfois on la tenait, parfois c'était les britanniques qui la tenaient.
40:04 On a perdu beaucoup de monde et à la fin de la bataille, la zone n'est plus reconnaissable.
40:11 Cette bataille pour la côte 112 sera d'une extrême violence et les combats seront intenses.
40:23 Les Allemands vont baser leur défense sur les mitrailleuses, les canons anti-chars, anti-aériens, les tanks et autres véhicules blindés.
40:30 De leur côté, les Alliés vont devoir éviter les balles et avancer à travers tout ça.
40:35 Les soldats savaient que s'ils levaient la tête, un canon allemand posté à 1 km leur tirerait dessus.
40:41 Ils ont dû avancer minute par minute, heure par heure, jour par jour. Les pertes seront considérables.
40:49 La division Wessex va se battre contre les troupes de la Waffen-SS soutenues par les chars-tigres du 102ème bataillon de blindés allemands.
41:01 On nous avait dit qu'en cas d'attaque, on devait creuser et se cacher dans nos tranchées, sous le niveau du sol.
41:18 Le combat pour la côte 112 décimera la division Wessex qui n'aura pas réussi à prendre son sommet.
41:24 À son pied, le système de défense allemand a semé désolation, cadavres et carcasses de véhicules.
41:32 On a perdu environ 4000 hommes, juste pour essayer de prendre un village et une côte.
41:43 C'est à ce moment que la chance va tourner pour les alliés. La voiture de Rommel va être touchée par les rafales d'un Spitfire canadien.
41:50 Elle effectue une sortie de route. Le conducteur meurt sur le coup et Rommel restera inconscient durant une semaine.
41:57 Les conséquences de cet accident seront désastreuses pour les Allemands.
42:05 Car Rommel est alors à la tête de la défense des positions au nord-ouest de la France, et bien évidemment, il sait très bien comment combattre les alliés, car il les connaît parfaitement.
42:15 Au moment de sa blessure, le haut commandement allemand résout le problème à la va vite.
42:22 Le commandant von Kluge va se voir confier une double casquette.
42:29 Il est nommé responsable du commandement de toutes les forces du nord-ouest de la France, et doit aussi remplacer Rommel.
42:35 Il devient un homme très occupé et ses méthodes seront très différentes de celles de Rommel.
42:40 Alors que la confusion s'installe parmi le haut commandement allemand, Montgomery planifie une dernière poussée sur Caen, qui, il l'espère, mènera à la prise complète de la ville.
42:56 Pour l'infanterie et les blindés alliés, les combats seront d'une violence sans précédent.
43:00 L'offensive est lancée le 18 juillet 1944.
43:04 La première phase de l'opération Goodwood est une attaque par l'ouest de Caen, pour pousser les unités de réserves allemandes au combat.
43:17 A l'est de la ville, les 750 chars des 7e et 11e divisions blindés britanniques lancent l'assaut principal.
43:26 Pendant ce temps, au cours de l'opération Atlantique, le 2e corps canadien va s'attaquer à la moitié sud de la ville.
43:36 Les bombardiers alliés vont faire pleuvoir des tonnes d'explosifs sur les positions allemandes.
43:42 Le raid est suivi d'un gigantesque barrage d'artillerie.
43:51 L'infanterie alliée et les blindés vont ensuite débuter leur avancée.
43:55 Ce qui a fait le plus de mal à nos troupes, c'est la supériorité matérielle de l'ennemi.
44:02 Et surtout le feu d'artillerie qui a précédé l'avancée de leur infanterie. C'était quelque chose.
44:08 Dans un premier temps, la progression à travers les villages détruits et désertés est rapide.
44:17 De nombreux soldats allemands, encore étourdis par la puissance des bombardements, se rendent.
44:22 Mais rapidement, depuis des positions camouflées, les Flak ouvrent le feu et détruisent les chars britanniques un à un.
44:30 Face aux blindés britanniques se trouve une très puissante défense allemande.
44:39 Ils avaient fortifié des fermes, caché des mitrailleuses et des canons, dont le fameux Flak qui se trouve derrière moi.
44:47 C'est un canon de 88mm, dont les obus étaient capables de transpercer les blindages de Sherman à une distance de 2,5 kilomètres.
45:00 Ces derniers ont d'ailleurs été progressivement décimés sans même savoir d'où provenaient les tirs ennemis.
45:08 Ce canon anti-char est à l'origine conçu pour abattre les bombardiers alliés.
45:13 C'est l'une des pièces d'artillerie que nous craignons le plus.
45:19 C'était des canons anti-aériens à l'origine, mais les allemands ont eu l'intelligence de s'en servir de deux manières.
45:24 Ainsi, ils pouvaient tirer sur nos chars et sur nos bombardiers. C'était très efficace, il fallait y penser.
45:32 Les allemands vont d'abord utiliser les Flak en tant que canon anti-aérien.
45:38 Ces énormes obus étaient projetés à des hauteurs incroyables afin d'éliminer les bombardiers alliés volant à 6000 mètres d'altitude.
45:50 Au cours de sa campagne de 1940 en Afrique du Nord, Rommel va demander à ce que les canons soient pointés vers des chars britanniques positionnés au loin, et ce sera une véritable révolution.
46:03 On entendait le 88 qu'au moment du tir et de l'explosion de l'obus, qui était très rapproché.
46:16 C'était une arme incroyable ce 88, ils ont détruit nos chars les uns après les autres.
46:22 A la fin de la journée, les britanniques auront avancé de 5 kilomètres,
46:30 pendant que les secondes et troisièmes unités d'infanterie canadienne encerclent le camp qui sera pris le lendemain matin.
46:40 Camp est enfin entre les mains alliées.
46:42 Montgomery souhaite que les abords sud de la ville servent de point de départ à la libération complète de la Normandie.
46:50 Pendant deux jours, chars et infanterie britanniques et canadiens vont se battre pour avancer face à la résistance allemande.
47:00 Aucun des soldats présents sur le champ de bataille n'en vit la condition de ses collègues.
47:07 Je n'avais pas envie de me trouver dans un char, et les gars dans les chars ne voulaient pas être dans l'infanterie parce qu'ils nous voyaient sans protection.
47:13 C'est toujours la même chose, un gars à bord d'un bombardier nous voyait en se disant "heureusement que je ne suis pas à leur place".
47:21 Mais nous au moins on pouvait creuser un trou et nous protéger, eux ne pouvaient rien faire en cas de pépins.
47:27 L'assaut allié sera sans pitié, et ne laissera pas aux divisions allemandes le temps de se regrouper.
47:37 Les unités allemandes n'ont plus le choix, elles battent en retraite, mais se retrouvent immédiatement confrontées à une nouvelle offensive alliée.
47:45 Les allemands avaient très peu de soutien sur le point d'arrivée, et avaient reçu l'ordre de tenir leur position coûte que coûte.
47:58 Ces soldats se trouvaient dans une impasse totale.
48:03 Certains n'avaient d'autre choix que faire preuve de courage extrême et se sacrifier.
48:08 D'autres ne disposaient d'aucune alternative, car s'ils battaient en retraite, ils étaient exécutés par leur propre camp.
48:17 Et s'ils attaquaient, c'était par le camp adverse.
48:20 Ils n'avaient d'autre choix que de mourir.
48:23 Hitler avait donné l'ordre de tenir et d'affronter la puissance de feu alliée, point final.
48:29 La bataille de Caen sera remportée après six semaines de combats meurtriers.
48:33 L'opération Goodwood coûtera 5500 vies britanniques et canadiennes, et 300 chars.
48:40 L'armée allemande souffrira également de lourdes pertes.
48:46 Mais les dossiers incomplets laissent planer le doute quant à la véritable quantité de morts.
48:51 Les cadavres étaient ramassés par les alliés, et les soldats étaient éliminés.
48:58 Ils étaient ramassés par les équipes médicales.
49:00 L'odeur qui régnait sur Caen, c'était une expérience en soi.
49:08 Je n'ai jamais connu pire au cours de ma longue vie.
49:12 On voyait des cadavres de soldats allemands, anglais, canadiens, gisant au sol à perte de vue.
49:20 Parmi les cadavres de cochons, de chevaux, de poules et de vaches,
49:28 c'est ça la guerre.
49:29 Voilà ce dont je me souviens quand je repense à Caen.
49:33 20 000 civils français perdront également la vie au cours de la campagne de Normandie.
49:40 La plupart, suite aux bombardements alliés.
49:44 Les villages étaient complètement détruits.
49:49 Les habitants de la région n'avaient pas vraiment de raison d'être reconnaissants.
49:56 Car leurs maisons et leurs champs avaient été rasés.
49:59 Caen et Villers-Bocage n'existaient plus.
50:03 La Royal Air Force arrayait Caen de la carte, ce qui n'était pas nécessaire finalement.
50:10 La libération de Caen ne mènera pas à la percée envisagée par Montgomery.
50:19 Car britanniques et canadiens sont toujours confrontés à des défenses allemandes positionnées au sud de la ville.
50:26 L'opération Overlord, l'invasion alliée de l'Europe, prend de plus en plus de retard.
50:31 Mais la bataille de Caen a contraint le commandement allemand à engager ses unités de réserve et ses plus puissantes divisions de Panzer dans ce combat.
50:45 50 km à l'ouest, le général Omar Bradley est sur le point de récolter les fruits de la bataille de Caen.
50:55 En envoyant leurs renforts sur Caen, les allemands vont affaiblir leur ligne de défense plus au sud, où arrive la première division d'infanterie américaine.
51:04 Le général Bradley va alors lancer une offensive sur Saint-Lô, et peu d'allemands s'y trouveront pour défendre la ville.
51:11 Le 25 juillet 1944, le général Bradley de l'armée américaine lance l'opération Cobra.
51:21 Ses troupes vont effectuer la percée pour laquelle de nombreux britanniques et canadiens ont perdu la vie à Caen, prouvant ainsi que leur sacrifice n'aura pas été vain.
51:31 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
51:36 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
51:42 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
51:47 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
51:52 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
51:58 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
52:02 Le général Bradley de l'armée américaine lance la première division d'infanterie américaine.
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