Julien regardait dans le métro des gens qui semblaient être en retard, courir comme des malades, vous les voyez ces gens ?
Retrouvez « La chronique de Julien Santini » dans La Bande originale sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-julien-santini
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AmusantTranscription
00:00C'est Julia Santini !
00:03Allez Julia !
00:04Merci, merci beaucoup.
00:06Rebonjour à toutes et à tous.
00:08C'est parti pour cette chronique placée
00:10sous le signe du rire.
00:12C'est gentil de nous prévenir.
00:14Dans l'ambiance. Dans la vie, j'aime bien
00:15regarder les annonces immobilières sur les vitrines.
00:18C'est une passion que j'ai et que je pratique
00:19parfois dans le 16e arrondissement.
00:21C'est là que ça prend tout son sens. Je vous explique
00:23pourquoi. Bien évidemment, je ne peux pas me permettre
00:25de les acheter, mais ce qui est important, c'est que
00:27les badauds pensent que je suis
00:29un acheteur potentiel et crédible.
00:31Pour ce faire, j'adopte une attitude précise,
00:33un air concerné. Je prends des notes
00:35sur un calepin et le tour est joué.
00:38Par contre, quand je vois des appartements
00:39à plus de 3 millions d'euros avoir
00:41un diagnostic énergétique E,
00:44vous savez, c'est les barres de couleurs
00:46différentes, ça va de A à F, et E,
00:47c'est très mauvais. Vous avez ça aussi
00:49sur les paquets de gâteaux,
00:51c'est ce qu'on appelle le Nutri-Score.
00:53Et un appart magnifique avec un diagnostic
00:56énergétique à chier,
00:57ça ne va pas ensemble. C'est comme
00:59si je te disais, tu vas sortir avec
01:01la plus belle femme du monde, mais
01:03elle pue de la gueule grave !
01:06Bon, honnêtement, je n'étais pas sûr
01:07de cette vanne, et j'avais
01:09raison au vu de son inefficacité.
01:11Franchement, j'ai la chance
01:13de faire une chronique France Inter sur le papier,
01:15c'est un diagnostic A, et je fais cette vanne,
01:17qui est une vanne E.
01:19C'était un running. Sinon, mardi dernier,
01:22deuxième chance que je me donne
01:23et que je m'octroie, j'étais dans le métro,
01:26j'allais passer une audition pour une radio
01:27concurrente, une radio dont les animateurs
01:29semblent aimer mon humour et qui ne s'offusquent pas
01:32toutes les deux minutes de mes propos.
01:33Quoi ?
01:34En disant quoi ?
01:35C'est faux, France Inter, c'est super, c'est A.
01:37Par contre, j'étais vraiment dans le métro,
01:39je voyais des gens qui semblaient être en retard,
01:41courir comme des malades.
01:42Est-ce que vous les voyez, ces gens dont on parle ?
01:44L'arrogance de ces gens en retard,
01:46à qui il faut céder le passage de façon entendue.
01:49On en parle de leur attitude à ce moment-là.
01:51T'es qui ? T'es mon patron ? T'es Dieu ? T'es Nagui ?
01:54Je te dois de l'oseille ? T'es qui ?
01:56Ces gens qui bousculent tout sur leur passage.
01:58Ils ont un sac à dos sur le dos et un sac à main à la main.
02:01Et à ce moment-là, vous, à côté,
02:04merci Nagui, vous n'existez, vous n'existez pas,
02:07seuls contre leur désir impérieux de ne pas manquer ce métro.
02:11Je ne les supporte pas, vous êtes d'accord ?
02:13Ce train, ce moyen de transport,
02:15ils sont un carrefour de leur vie.
02:16Tout se joue ici et maintenant.
02:18Et vous, vous êtes témoins impuissants de leur périple.
02:21Vous ne pouvez que les aider en faisant un pas de côté,
02:24en leur laissant la voie libre.
02:25Et je remarque, quand je parle de ça autour de moi,
02:27que la plupart des gens disent
02:28« Oh oui, les pauvres, on est embêtés pour eux ! »
02:30Cette empathie, à leur égard, je ne l'ai pas.
02:33J'en suis dépourvu.
02:34Moi, à ce moment-là, j'ai envie de les retenir par le call-back
02:38et de les empêcher, oui, de les empêcher d'avancer,
02:41de faire opposition, une sorte de raffût, comme au rugby.
02:43Et, et, plus encore, de les culpabiliser.
02:46Moi, si j'étais président de ce monde,
02:48je créerais une pièce dans les couleurs du métro,
02:50dédiée, une sorte de bureau pour gérer cette situation-là.
02:52Une pièce spécialement affrêtée.
02:53Quand on a pris en flagrant délit quelqu'un en retard,
02:56et en tant que gardien de cette cellule,
02:57j'arriverais avec un béret et une matraque,
02:58je jouerais le chaud et le froid et je dirais
03:00« Alors, on est en retard aujourd'hui ? »
03:03« Mais que faisais-tu lorsqu'il était 14h et que tu savais qu'il te fallait partir ? »
03:13« Tu jouais au loto, tu t'amusais, tu t'astiquais la nouille ! »
03:18Voilà, quand je disais que vous vous offusquez.
03:21Et en plus, je pensais dire « se toucher la nouille »
03:24et je me suis dit « Non, Julien, c'est vulgaire, c'est France Inter ! »
03:27Bien entendu, je me rends compte que je n'ai pas la bonne réaction.
03:30Mais je me rends compte aussi que ce n'est pas moi qui agis à ce moment-là.
03:33C'est mon père en moi.
03:34Laissez-moi vous narrer cette histoire.
03:36Glou, glou, glou, comme vous savez dans les films, quand ils font les souvenirs.
03:41J'ai pas de mépris à l'humiliation.
03:43J'ai 13 ans, mon frère en 15.
03:45Et il me raconte cette anecdote.
03:47Il est en retard pour aller à l'école.
03:48C'est mon père qui l'accompagne comme tous les matins.
03:49Et ce jour-là, ils se font arrêter par un contrôle de police.
03:51Et la 1er degré, mon père sortira à l'agent la phrase suivante.
03:54Merci, monsieur l'agent.
03:56Merci, je vous remercie.
03:58Tu vois, Jean-Charles !
03:59Parce que pour la petite anecdote, mon frère s'appelle Jean-Charles.
04:03Le pire, c'est que c'est vrai.
04:05Et d'ailleurs, j'ai très souffert, moi, souvent,
04:07parce que quand je disais « mon frère s'appelle Jean-Charles »,
04:08à l'école, il disait « Jean-Charles, il est de la haute bourgeois ».
04:13Et je ne supportais pas ça, parce que c'est mon fradé.
04:16Personne ne touche à mon fradé.
04:18Donc, je reprends mon fradé à mon fradé.
04:21« Jean-Charles, qu'est-ce que je t'avais dit ?
04:23Tu n'écoutes pas.
04:24Monsieur l'agent, je lui disais, ne sois pas en retard.
04:26Prends toujours de la marge.
04:28Sinon, tu ne peux pas faire face à l'imprévu. »
04:31Véridique, à ce moment-là, l'agent de police aurait eu légèrement peur.
04:34C'était un Continental en stage sur l'île, il y a un mois.
04:37Et il a dit « c'est bon, monsieur Santini, on fera le contrôle une autre fois.
04:41Et vous savez quoi ?
04:42Pour que votre fils ne soit pas en retard,
04:43ou plus encore, on va même vous escorter. »
04:45Et mon père a dit « bravo, Jean-Charles, grâce à ton retard, au final,
04:50on va être à l'heure.
04:52Ce n'était pas grave, finalement.
04:53Tu n'as pas fait de faute. »
04:55Alors, vous l'avez compris, mon père, lui aussi, soufflait le chaud et le froid.
04:58C'est de lui que j'ai tout appris.
05:00Et moi, je vous laisse avec cette leçon de vie.
05:01En cette fin de matinée, que vous soyez en avance ou en retard,
05:04ce n'est pas grave.
05:05L'important, c'est d'être dans le bon timing.
05:06Je voyais monsieur Galabru.
05:15Merci Damien.
05:18Je lui fais peur.
05:20Et nous embrassons Jean-Charles, évidemment.
05:21C'est Jean-Charles.
05:22Absolument.
05:22Et toutes les semaines, il est au théâtre de la gaieté Montparnasse à 19h.
05:25Et le jour, sachez-le, évolue entre le jeudi, le vendredi ou le samedi.
05:29Renseignez-vous.
05:29Et sinon, tout le monde, le 31 mai prochain,
05:32Oussa à Ajaccio, pour aller le voir au théâtre de l'Empire.
05:35On viendra tous.
05:36A domicile.