Sophie Binet, la Secrétaire générale de la CGT, était l’invitée du Face-à-Face sur RMC et BFMTV de ce vendredi 16 mai. Elle a été interrogée notamment sur la demande des patrons de Renault et de Stellantis sur l'assouplissement des normes européennes du secteur automobile.
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00:00Les normes sociales, les normes environnementales, les normes européennes qui, à l'inverse, sont jugées trop élevées, trop exigeantes pour faire face à la concurrence.
00:10C'est ce que, notamment, se crie assez symptomatique quand même de deux patrons qui habituellement sont concurrents et qui se sont mis ensemble,
00:17le patron de Renault, le patron de Stellantis, qui ont appelé l'Europe à baisser ses exigences de normes qui coûtent trop cher
00:23et qui empêchent de produire ou de vendre des voitures européennes. Comment vous réagissez à ça ?
00:29C'est une honte. C'est une honte parce qu'ils ont une stratégie de délocalisation depuis très longtemps.
00:34L'automobile en France, depuis 10 ans, c'est 100 000 suppressions d'emplois.
00:38Si on les laisse faire, c'est 80 000 suppressions d'emplois dans les 5 ans, avec des grands groupes qui ne cherchent qu'à délocaliser pour accroître leurs marges.
00:45Et le prétexte du basculement du thermique vers l'électrique, c'est seulement un prétexte.
00:52Aujourd'hui, leur seul objectif, c'est de produire pour toujours moins cher et de délocaliser les capacités de production.
00:58Donc, vous estimez aujourd'hui que leurs demandes ne sont pas justifiées ?
01:03Non, leurs demandes ne sont pas justifiées. Ce qu'il faut, c'est protéger le marché européen et donc justement accroître les normes sociales et environnementales et conditionner les droits de douane.
01:12Mais si vous faites ça, mais que vous continuez à importer des voitures qui ne les respectent pas ?
01:16Justement, c'est pour ça que je dis qu'il faut conditionner les droits de douane aux normes sociales et environnementales.
01:20Et aujourd'hui, que fait Renault, par exemple ? C'est lui qui envoie ses moteurs être produits en Chine.
01:27J'étais hier à Renault-Cléon en Seine-Maritime.
01:31Renault s'était engagé à ce que tous les moteurs électriques de la gamme soient fabriqués à Cléon en Seine-Maritime.
01:39Et les salariés viennent d'apprendre qu'une partie de ces moteurs seraient envoyés au Portugal et en Chine.
01:44Mais mécaniquement, vous allez faire augmenter le prix de ces voitures. Il n'y aura plus de concurrence. Qui va les acheter ?
01:50Le problème, en fait, c'est que les constructeurs européens ont fait le choix de produire des gros véhicules chers pour avoir plus de marge.
01:58Ça, j'ai bien compris. Mais là, je tire le fil de votre scénario.
02:01Vous maintenez ces exigences de normes très élevées. Vous augmentez les droits de douane sur les voitures qui viendraient de l'étranger.
02:10En gros, vous faites en sorte que les voitures qui viennent de Chine, etc., ne pénètrent plus sur le marché européen.
02:18Donc, certes, on n'a plus vraiment le choix. On achètera des voitures européennes.
02:22Mais le prix va mécaniquement beaucoup monter.
02:25Non ?
02:25C'est-à-dire qui va les acheter à la fin ?
02:27Eh bien non. En fait, la CGT a un projet de véhicule électrique populaire produit en France.
02:32Nous savons que Renault comme Stellantis pourraient produire et fabriquer en France un véhicule électrique qui serait commercialisé autour de 15 000 euros.
02:40C'est ce que Nissan fait au Japon. Et donc, ils peuvent le faire en France.
02:44Pour cela, il faut baisser les marges et puis aussi changer de gamme et produire des véhicules plus petits qui seraient moins polluants d'un point de vue environnemental.