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00:00L'invité éco, Camille Revelle.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, la France reste la première terre d'investissement étranger en Europe, oui, mais...
00:10Bonsoir Marc Lhermitte.
00:11Bonsoir.
00:11Associé au sein du cabinet EY, vous êtes coordonnateur du baromètre annuel sur l'attractivité de la France, publié donc aujourd'hui par EY.
00:18Ce qu'il nous dit, ce baromètre, c'est que oui, la France est toujours numéro 1.
00:221025 projets d'investissement annoncés par des entreprises étrangères dans notre pays l'an dernier, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
00:28Ça, c'est le verre à moitié plein. Le verre à moitié vide, c'est que ces investissements sont en baisse de 14%. Pourquoi ?
00:34D'abord parce que l'Europe est une Europe sans croissance depuis trois ans et c'est épuisant de ne pas avoir de croissance.
00:39Ça épuiserait la plus audacieuse et la plus solide des entreprises.
00:42C'est ça d'abord que les entreprises regrettent et c'est la raison pour laquelle elles font moins d'investissements en Europe, moins 5% entre 2023 et 2024.
00:49Et puis, il y a l'effet du plan Biden, du plan IRA, qui a finalement retenu énormément d'entreprises américaines sur le sol des Etats-Unis,
00:58qui sont incitées par des incitations fiscales, aussi par une croissance assez solide, par une énergie très très compétitive.
01:04Les Américains ne se gênent pas pour aller puiser du gaz de schiste.
01:08Et donc tout ça, ça fait que 50% d'investissements américains qui se réalisaient en 2021 ne se réalisent plus en 2024.
01:15C'est considérable. Donc tout ça fait que les grands pays comme la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne baissent de la même manière assez considérablement en 2024.
01:24Ces investisseurs américains, ce n'est pas qu'ils n'investissent plus, c'est qu'ils investissent chez eux.
01:28Ils investissent chez eux et puis sont un peu refroidis par une Europe qu'ils ont toujours trouvée assez complexe, un peu agaçante.
01:35Ils ont surtout peu de croissance, des marchés qui sont très difficiles à capter.
01:40Et donc, pour le moment, ils se sont mis un peu en pause en Europe.
01:43Vous parliez de Joe Biden, Marc Lhermitte, il a un remplaçant à la Maison Blanche, Donald Trump, qui crée, on va dire, un contexte incertain.
01:50Est-ce que ça se ressent déjà dans les flux d'investissement ?
01:54Alors, il y a beaucoup d'entreprises qui sont en train de prendre des positions, je dirais presque vitales.
01:58C'est-à-dire que se dire 50% de mon marché est aux Etats-Unis.
02:02C'est le cas de Sanofi qui l'a dit très publiquement ce matin.
02:05Je dois aller aux Etats-Unis produire plus dans un certain nombre de secteurs d'activité.
02:09Aller s'implanter et produire aux Etats-Unis, c'est presque un réflexe de survie pour se protéger d'importations qui prendraient soudainement 50% de droits de douane, le lendemain 10%.
02:19Donc, l'imprévisibilité, le côté un peu chaotique, turbulent et finalement, disons-le, très inquiétant de ces annonces et de ces contre-annonces.
02:26C'est vrai que les entreprises se disent, je dois absolument sécuriser ce que je fais dans mon premier marché mondial, les Etats-Unis.
02:34Mais elles se disent aussi, l'Europe, finalement, ça a du mérite.
02:38C'est agaçant, je l'ai dit tout à l'heure, c'est complexe, mais c'est une zone de droit.
02:43Il y a une transparence, en tout cas sur le cap.
02:45Il y a une forme de collectif qui se crée dans des moments de crise.
02:48Est-ce qu'on est dans un moment de crise, un moment critique suffisant pour que l'Europe, la Commission, avec le Royaume-Uni, la France étant plutôt leader dans cet ensemble,
02:58se dise, c'est un moment important, c'est un moment où on doit se rassembler, arrêter de se diviser, se rassembler pour avoir une réponse à l'échelle sur les droits commerciaux,
03:08avoir une réponse à l'échelle aussi sur l'industrie de la défense, mais aussi sur l'automobile.
03:14Tous ces sujets sont sur la table.
03:15Parlons-en de l'automobile parce qu'il y a des secteurs attractifs en France qui attirent les investisseurs.
03:20Il y en a, ça marche moins, notamment des secteurs historiques, automobiles, chimie.
03:24Oui, commençons par ce qui ne va pas.
03:25Et après, on ira sur ce qui va.
03:26Voilà, c'est l'automobile et la chimie.
03:29Je pense qu'on voit pourquoi l'automobile est dans une crise de choc, un choc de transition.
03:34Entre aller du véhicule thermique, qui était la très grande spécialité et formidable spécialité de beaucoup de constructeurs automobiles en Europe,
03:42vers le véhicule électrique, on voit que le géant chinois est allé plus vite et avec des moyens subventionnés de l'État chinois.
03:50Sur la chimie, c'est une crise qui est liée au coût de l'énergie, quatre fois plus important en Europe qu'aux États-Unis, par exemple.
03:57Et ne parlons pas de la Chine et d'autres régions du monde.
03:59Donc c'est ça, ces deux crises systémiques font que ces deux secteurs sont très importants en France,
04:04qui ont énormément apporté d'emplois, qui continuent à en apporter d'ailleurs, mais beaucoup moins en ce moment que dans les années précédentes.
04:09Et si on revient sur ce qui va, les secteurs qui attirent les investisseurs en France ?
04:13Alors il y a des bonnes nouvelles effectivement dans ce baromètre.
04:15Tant mieux parce que ce sont des nouvelles dans des secteurs ou des informations, des performances dans des secteurs sur lesquelles on doit miser pour l'avenir.
04:23L'énergie, justement.
04:24L'énergie renouvelable où la France avait un certain retard.
04:26Et là, la machine a commencé à investir avec plus de 70 investissements dans l'énergie.
04:34La France est très largement première en Europe sur les investissements dans le secteur de l'énergie.
04:39Deuxième secteur qui marche, l'intelligence artificielle.
04:42Pas seulement des effets d'annonce au sommet de l'intelligence artificielle, qui est un formidable sommet en février.
04:48Ce n'est pas seulement les data centers, c'est toute l'industrie, le secteur de l'intelligence artificielle, plus de 40 projets.
04:53Là aussi, on est très loin devant nos principaux concurrents européens.
04:57Donc il y a une avance française sur ces deux secteurs.
04:59Il y en a quelques autres, mais ces deux secteurs montrent bien que la France a vraiment aussi, en même temps que ses difficultés du moment, parié sur l'avenir.
05:06Une question, Marc Lermitte, parce qu'on est sur des projets d'investissement.
05:09Est-ce qu'il y a un suivi après ? Parce que c'est une chose d'annoncer qu'on va implanter une usine, l'étendre, un projet d'extension, embaucher.
05:15Mais est-ce que vous savez s'ils suivent ces projets et les résultats sont-là ?
05:18Oui, on les suit tous.
05:19C'est un peu vocation d'une entreprise comme EY de compter, de compter ce qui est sûr.
05:23Donc on fait ce travail dans 45 pays.
05:25On filtre énormément de projets qui ne nous paraissent pas tout à fait prêts, pas tout à fait sûrs.
05:30En France comme ailleurs, plutôt moins en France.
05:32En France, les choses sont sérieusement annoncées, sérieusement préparées.
05:35Donc on suit tous ces projets.
05:37L'immense majorité de ces projets se réalisent.
05:39Alors parfois avec des aléas, des retournements de conjoncture.
05:41Parfois en plus, en mieux.
05:43Et donc on les suit.
05:44Généralement, ce qu'on annonce se réalise de la bonne manière.
05:48Et en tout cas dans les mêmes proportions quelques années plus tard.
05:50Il nous reste une petite minute, mais je voudrais qu'on parle des singularités françaises.
05:53Parce que les annonces concernent surtout des extensions de sites déjà existants,
05:57plutôt que des projets d'implantation nouvelles.
06:00Coût salarial et une certaine prudence relative à notre droit social, à notre climat social.
06:04Il faut que les entreprises hésitent à faire des projets plus volumineux.
06:08Hésitent d'autant plus dans un contexte où la croissance n'est pas vraiment là.
06:12Et les investisseurs sont confiants pour la suite ?
06:14Alors ils sont beaucoup plus confiants maintenant qu'ils ne l'étaient en octobre-novembre dernier.
06:18Quand on ne savait pas quel budget.
06:20Après la dissolution.
06:21Donc ils le sont.
06:22Ils sont, on va dire, très vigilants.
06:24Quand même très attentifs.
06:25Notamment, notamment, principalement à ce qui n'est pas de fiscalité supplémentaire.
06:30Parce que la France est championne d'Europe de l'attractivité.
06:32Mais aussi championne d'Europe de la fiscalité.
06:34Donc il faut faire très attention à ne pas en rajouter pour que la croissance reparte et que les investissements repartent.
06:39Et on entend ce message des investisseurs.
06:42Les ministres sont en train de préparer le budget 2026.
06:45On verra ce qu'il en ressort.
06:46Merci beaucoup Marc Lermitte.
06:48Associé au sein du cabinet EY.
06:49Vous êtes le coordonnateur de ce baromètre annuel sur l'attractivité de la France.
06:53Toujours première terre d'investissement étranger en Europe.
06:56Mais ces investissements reculent globalement.
06:57Et on va voir ce qu'il y a de l'attractivité de la France.

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