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00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, il va passer la main demain après dix ans à la tête de la première banque française,
00:12la troisième européenne, la dixième au rang mondial.
00:15Bonsoir Philippe Brassac.
00:16Bonsoir.
00:16Invité éco de France Info ce soir, merci de nous accorder votre dernière interview.
00:21Avant de passer donc le relais demain à votre successeur Olivier Gavalda,
00:25ce sera au cours de l'Assemblée Générale des Actionnaires.
00:28Vous avez passé dix ans à la tête du Crédit Agricole, première banque française,
00:3427 milliards d'euros de revenus annuels.
00:37Le Crédit Agricole regroupe en fait énormément de réalités différentes,
00:42avec une banque d'investissement, des caisses régionales, c'est la seule banque mutualiste du CAC 40.
00:48Qu'est-ce que ça change concrètement ?
00:50En quoi le fonctionnement, l'organisation, la gouvernance du Crédit Agricole
00:55en font un établissement bancaire à part ?
00:59Je pense qu'on dit qu'il est à part parce que nous sommes le modèle le plus poussé de la banque universelle.
01:05C'est-à-dire en fait une banque qui essaie d'installer des réponses globales aux problèmes patrimoniaux,
01:11des ménages comme des entreprises, et de le faire partout, tout le temps et pour tous.
01:15Des plus fortunés aux plus modestes, des tout petits professionnels de proximité aux très grandes entreprises internationales.
01:21Et donc ce que vous décrivez, ce n'est pas un morcellement de métiers différents,
01:25c'est la complétude d'une approche globale des besoins des clients.
01:28Et ça vous pensez que vous êtes unique en votre genre, que les autres banques n'offrent pas cette diversité de services ?
01:35On est unique par la façon absolument complète et systémique de l'application de ces principes d'utilité aux territoires et d'universalité.
01:45Et la seule preuve, c'est que si vous vous promenez dans les arrières pays des territoires,
01:49si vous regardez quelques types de populations, si vous regardez quelques types d'opérations,
01:54par exemple les distributeurs de billets,
01:56on voit bien que partout ailleurs, plus ou moins on optimise, on sélectionne,
02:00on se concentre sur ceux qui seraient les plus rentables, nous on prend le tout,
02:04et au total ça fonctionne très bien.
02:06Et on garde des établissements bancaires partout sur le territoire,
02:10vous avez 150 000 collaborateurs, 110 000 en France, et ça c'est assez exceptionnel.
02:15Parce que le fondement du Clédéric Coll, ce sont les caisses régionales du Clédéric Coll,
02:18que tout le monde connaît, 39 caisses régionales,
02:21et leur statut c'est d'être totalement attachés, dédiés au développement du territoire en France.
02:27Et donc on a des entreprises dont la finalité, c'est bien le développement des territoires français,
02:33et ça ce sont les caisses régionales du Clédéric Coll.
02:34Et ça veut dire qu'au cours de ces dix dernières années, contrairement à vos concurrents,
02:38vous n'avez pas fermé d'établissements bancaires, vous n'avez pas fermé de guichets,
02:42vous n'avez pas supprimé du personnel ?
02:43Non, on a surtout continué à nous développer sur, je vais appeler ça le champ de service à la clientèle.
02:50Avant on ne faisait que de la banque, après on a rajouté de l'assurance,
02:53de l'assurance d'épargne, puis de l'assurance des biens des personnes,
02:55on a rajouté de l'asset management, les CICAV, les fonds communs de placement,
02:59on a rajouté des solutions en immobilier,
03:02et aujourd'hui on rajoute des solutions de transition pour l'énergie,
03:05des solutions d'accessibilité à la santé, parce que les populations sont vieillissantes,
03:09et en fait cette extension permanente qui suit les besoins des clients,
03:13ça nous permet de continuer à croître.
03:15Alors Philippe Brassac, vous en avez traversé des crises, en disant,
03:19le Covid, plusieurs crises agricoles, les gilets jaunes,
03:22est-ce que vous pensez que c'est la vie normale d'une banque aujourd'hui,
03:27la gestion d'une crise après une autre, ou est-ce que ça a été une décennie exceptionnelle ?
03:33Je pense que ça devient la vie normale des entreprises de façon générale,
03:36et d'une certaine façon, si on veut bien comprendre que l'utilité est le seul moteur des entreprises,
03:42pour un établissement financier vous êtes particulièrement utile lorsqu'il faut penter,
03:47aider vos ménages, aider vos professionnels, aider vos entreprises à passer au-dessus de difficultés,
03:52et d'une certaine façon, les crises, non pas justifient,
03:56mais en tout cas ce sont des moments dans lesquels notre utilité est la plus probante,
04:00et j'en veux pour preuve la crise Covid, dans laquelle nous avons été des sortes de professionnels de la santé économique,
04:06pour permettre de passer d'un état A avant confinement, à un état toujours vivant, B après confinement.
04:12Et comment doit se positionner un banquier aujourd'hui ?
04:16Comment est-ce qu'il doit rassurer les investisseurs, les ménages et les entreprises ?
04:21Je pense qu'il va d'abord rassurer, parce que justement, son moteur c'est l'utilité.
04:25Et vous voyez dans la régularité de la croissance de nos revenus,
04:29rien d'autre que l'accroissement du nombre de nos clients,
04:32et l'accroissement du champ de notre service en tant qu'elle,
04:35ce qui fait que cette régularité dans la croissance est un facteur qui rassure beaucoup.
04:40Et puis par ailleurs, il faut être un acteur de bon sens.
04:45Il ne faut pas aller chercher les risques maximaux pour optimiser les recettes.
04:49Il faut naviguer toujours un peu au large de ce qui peut paraître excessif,
04:52pour que le clé des agricoles soit, moi j'aime bien cette expression,
04:55apparaissent à tous ce qu'on essaie de faire de lui,
04:58c'est-à-dire une utilité qui soit tranquille, qui soit permanente, qui soit présente.
05:02Et je pense que ce clé des agricoles, dont je voudrais surtout souligner que
05:05j'y ai travaillé pendant plus de 42 ans, au-delà des 10 années qui viennent de se passer,
05:10c'est vraiment ce que je retiens le plus et que je garde dans le cœur.
05:13Alors c'est facile à dire, mais est-ce que ce n'est pas difficile à faire
05:16quand, dans le même temps, on est dans un monde géopolitique extrêmement incertain,
05:20quand on a le président de la première puissance économique
05:23qui, quand il parle, dès qu'il parle, il peut le faire chuter le cours de bourse
05:28ou le faire bondir.
05:30Comment est-ce qu'à côté de ça, on maintient ce que vous avez appelé cette tranquillité,
05:35cette gestion de bon sens, en gros, de bon père de famille ?
05:38Parce qu'il faut que votre business soit vraiment corrélé
05:40qu'aux utilités micro-économiques, auprès de chacune de chacun.
05:44Et ça, c'est invariant et ça ne fait que croître.
05:47Et au demeurant, lorsqu'on voit les annonces du président Trump,
05:51je pense, et j'espère ne pas me tromper pour la suite,
05:53qu'au tout départ, c'était très déstabilisant.
05:55Mais on voit bien que les marchés, de façon générale,
05:58ont compris que pour M. Trump, c'était plus de la tactique
06:01qu'un changement de paradigme.
06:03Oui, mais sauf que les bourses, le cours de bourse des banques
06:07a été affecté quand même.
06:08Pas tant que ça.
06:09Et on voit bien que ça remonte très vite.
06:10Parce que le mouvement, c'est quoi ?
06:12Il envoie le bouchon très loin,
06:14hors de ce qui nous paraît raisonnable et soutenable.
06:16Et puis très vite, lorsque sa mort,
06:18il revient dans un périmètre que l'on considère
06:20comme raisonnable ou soutenable.
06:22Ce sont les taxes douanières.
06:24Ils passent de 10 à 130 %,
06:25et puis d'un coup, il revient à 30.
06:27Et d'une certaine façon, je pense que le système s'est dit
06:29que le président était très provocateur dans ses annonces,
06:33mais qu'en fait, très vite,
06:34les décisions devenaient, si ce n'est très raisonnable,
06:37en tout cas très classiques.
06:39Et donc, je pense que le système financier,
06:42les banques tout particulièrement,
06:43sont tout à fait aptes à traverser ce champ très particulier.
06:46Et notamment les banques européennes,
06:48comment est-ce qu'il faut se positionner aujourd'hui
06:50avec ce nouvel ordre mondial
06:52qui est en train de décider les Etats-Unis,
06:56le président Trump, mais aussi la Chine ?
06:57Moi, je pense que c'est paradoxalement
06:59un très bon momentum pour l'Union européenne
07:02parce que, je vais dire comme ça,
07:04l'Union européenne est contrainte
07:06par les menaces qui peinent sur elle,
07:08au fond, d'être beaucoup plus ambitieuse,
07:10d'avoir une réglementation bancaire
07:11qui corresponde à ces modèles
07:13et pas ceux des Américains,
07:15de réinvestir...
07:15Mais c'est le cas aujourd'hui ?
07:16Oui, mais voilà, ça peut changer.
07:19Je prends un exemple très concret.
07:20La réglementation américaine n'est pas critique,
07:22mais elle fait pour le système américain.
07:24Si on veut toujours des crédits immobiliers
07:26à la française, taux fixe,
07:28sur les revenus gardés dans le bilan
07:30pour garder la relation
07:31et non pas des mortgage à l'américaine,
07:34taux révisables sur la valeur du gage
07:36et mis sur les marchés,
07:38eh bien, il faut que les Européens
07:39décident enfin d'avoir,
07:41non pas des réglementations différentes par principe,
07:44mais adaptées au modèle qu'ils souhaitent.
07:45Et je pense que c'est le bon moment.
07:47Et donc, aujourd'hui,
07:48vous pensez qu'il faut qu'il y ait quoi ?
07:49Moins de réglementations au niveau européen ?
07:51Sinon, le risque, c'est de se retrouver
07:53avec des taux variables à l'américaine.
07:54C'est un petit peu l'épouvantail, là.
07:56Je pense que vraiment,
07:57le principal enjeu,
07:58c'est que l'Europe profite de cette contrainte,
08:00qu'elle réinvestisse,
08:01parce que c'est une contrainte dans l'armement,
08:03c'est une question qui est posée,
08:04qu'elle réinvestisse dans son industrie,
08:06qu'elle réinvestisse dans sa souveraineté alimentaire,
08:09et qu'au fond,
08:10elle le passe de ce qu'elle a déjà très bien fait,
08:12c'est-à-dire la fabrication d'un marché de consommateurs,
08:15qui est très efficace,
08:17en rajoutant enfin un marché de producteurs compétitifs,
08:21rentables sur l'espace européen.
08:22Et je pense que c'est le moment ou jamais
08:24pour l'Europe de faire cela.
08:26Et c'est crédible.
08:27Et en tout cas, c'est attendu.
08:28Alors, vous êtes,
08:29ce sera ma dernière question,
08:30l'un des plus gros contributeurs
08:32à la surtaxe d'impôts sur les sociétés,
08:35à hauteur de 330 millions d'euros,
08:37selon vos estimations,
08:38pour l'ensemble de l'année 2025.
08:40Qu'est-ce que vous vous plaignez de cette surtaxe ?
08:43On a entendu notamment Bernard Arnault
08:45à la tête d'LVMH la critiquer violemment.
08:49D'abord, si vous êtes premier de la surtaxe,
08:51c'est que vous êtes premier de la taxe,
08:52puisque c'est une proportion qui est prélevée.
08:54Donc pour 330 millions,
08:56ça veut dire que le clé d'alcool
08:57va qu'un pays a 1,3 milliard,
08:59puisque c'est grosso modo
09:0030% de plus d'impôts sur les sociétés.
09:03Enfin, il dit que ça peut pousser
09:04les patrons à délocaliser.
09:05Oui, mais pour le coup,
09:06je pense qu'il faut faire au bon cœur
09:08face à une forme d'adversité.
09:10Le rétablissement des finances publiques
09:12est une priorité absolue.
09:13Je ne commente pas le mix
09:15entre plus d'impôts et plus d'économies
09:18qui sont absolument nécessaires,
09:20probablement à court terme
09:21pour les premiers
09:22et à moyen et long terme
09:23pour les secondes.
09:24Et à cet instant,
09:25je vais juste dire qu'après tout,
09:26on est fiers d'être
09:28le premier contributeur fiscal en France,
09:30parce que c'est le signe
09:32de notre développement
09:33et d'une forme de citoyenneté,
09:34parce que l'essentiel de notre action
09:36est d'assigner à nos territoires.
09:37Merci beaucoup.
09:38Merci à vous.
09:39Philippe Brassac,
09:40directeur général du Crédit Agricole,
09:42encore pour quelques heures.
09:43Merci beaucoup d'avoir été l'invité
09:45Éco de France Info ce soir.
09:46Merci.
09:46Merci.
09:47Merci.
09:48Merci.
09:49Merci.

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