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C’est l’histoire d’un championnat de football qui s’est vu trop gros, trop beau, trop cher. Vendus pour plus d’1 milliard d’euros par saison il y a sept ans, les droits TV de la Ligue 1 s’achètent aujourd’hui au fast-food, bradés pour tenter de convaincre de nouveaux abonnés. Récit d’un crash en vidéo. 

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Transcription
00:00Le 31 mai 2018, un certain Raúl Jórez, homme d'affaires espagnol,
00:04donne une conférence de presse dans l'hôtel ultra chic Bristol à Paris.
00:08Quelques heures plus tôt, dans le même hôtel,
00:10il vient de négocier le plus gros deal de l'histoire du football français.
00:13Il déboursera plus de 3 milliards d'euros sur 4 ans
00:16pour acheter les droits de diffusion de la Ligue 1.
00:18Et attendra 5 millions d'abonnés raisonnablement au début.
00:25Bon, dans le jargon, ça équivaut à un coût franc de 30 mètres en pleine lucarne.
00:28Une somme qui était tellement énorme
00:30qu'elle a fait rêver les uns,
00:33a ploué le bec aux autres, et puis voilà quoi.
00:36Sauf qu'en 2020, seulement 2 ans plus tard,
00:38une désillusion pour le football français,
00:39le groupe sino-espagnol Mediapro,
00:41qui avait obtenu les droits de diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2,
00:44se retire du jeu, incapable d'honorer ses échéances financières.
00:48Ce crash industriel illustre à lui seul celui de la Ligue 1.
00:51Un championnat victime des mauvais choix de ses gestionnaires
00:54dont la valeur a dégringolé sur le marché du football mondial.
00:57Si rien n'est fait, dans les semaines qui suivent,
00:59des clubs risquent de prendre des décisions assez dramatiques.
01:02C'est vraiment un effet boule de neige,
01:04et c'est à la fin, c'est la cata, quoi.
01:06En explorant les drames humains, les faillites sportives
01:08et les millions d'euros gâchés,
01:10on vous raconte les 25 ans qui ont ruiné la Ligue 1.
01:13Bon déjà, quand on dit Ligue 1, il faut savoir de quoi on parle.
01:16Dans tous les pays où le foot est développé,
01:17il y a un championnat qui oppose les meilleures villes.
01:19En France, ça s'appelle la Ligue 1.
01:21Dans ce championnat de première division,
01:23les 18 meilleures équipes françaises s'affrontent.
01:25Chaque année, elles se rencontrent au cours de 34 matchs,
01:27qu'on appelle des journées.
01:28À la fin de l'année, l'équipe qui a le plus de points
01:30devient championne de France.
01:32Et ces équipes, elles ont 4 principales sources de revenus.
01:34Il y a d'abord les recettes commerciales,
01:36sponsor, le merchandising,
01:37c'est-à-dire la vente de maillots,
01:38de souvenirs, de produits dérivés.
01:40Il y a aussi le trading,
01:41c'est-à-dire la plus-value que font les clubs
01:42en vendant un de leurs joueurs à un autre club français ou étranger.
01:46Ensuite, il y a les recettes liées à ce qu'on appelle le match day.
01:48Pour faire simple, c'est le résultat de la vente des billets au stade.
01:51Et enfin, il y a les droits télé qui sont négociés
01:53entre les chaînes d'un côté
01:54et la ligue de football professionnelle de l'autre, la LFP.
01:57Et c'est là que ça coince aujourd'hui.
01:58Les sommes réparties entre les clubs satanés
02:01au titre des droits audiovisuels diminueront de 60%.
02:04Alors oui, vous avez bien entendu,
02:05sur la saison 2024-2025,
02:07la somme que vont toucher les clubs grâce aux droits télévés
02:09va chuter de 60%.
02:11Ça fait aussi mal qu'un but contre son camp dans le temps additionnel.
02:14Et cette chute vertigineuse,
02:16c'est le résultat d'une succession de crash
02:17qui a commencé en 1999.
02:19A l'époque, Canal+, règne en maître.
02:26La chaîne cryptée monopolise depuis 15 ans
02:28la diffusion des matchs sur ses antennes.
02:29Sauf qu'une réglementation européenne va venir tout chambouler.
02:32Désormais, pour diffuser du foot,
02:33il faudra remporter au préalable un appel d'offres.
02:35L'Europe, à ce moment-là, fin des années 90,
02:38avait peur que des opérateurs de télévision à péage
02:41deviennent monopolistiques et s'imposent.
02:43Lui, c'est Pierre Maès,
02:44il est économiste spécialisé dans les droits TV du foot
02:47et il a écrit un livre dédié au sujet « La ruine du foot français ».
02:50Bon, pour les connaisseurs,
02:51Pierre, c'est un peu le Pep Guardiola des finances des clubs.
02:53Il connaît son sujet par cœur.
02:54L'appel d'offres a été donc imposé
02:57par les réglementations européennes
02:59et certains pays l'ont imposé après
03:01par une loi spécifique comme la France.
03:04À partir de là,
03:04un acteur vient concurrencer Canal+,
03:06sur son terrain,
03:07son nom, TPS,
03:08la télévision par satellite.
03:10TPS vous offre en exclusivité
03:11l'ensemble des chaînes nationales en qualité numérique.
03:14TPS, c'est le résultat d'une alliance
03:15de plusieurs titans de l'audiovisuel
03:17et ses moyens sont à la hauteur de ses ambitions.
03:19La chaîne aligne 1,85 milliards de francs,
03:22l'équivalent d'un peu plus de 280 millions d'euros
03:24pour diffuser les matchs de la Ligue 1.
03:26À l'époque, personne ne l'a vu venir,
03:28c'est 60% de plus que l'offre de Canal+.
03:30Logiquement, TPS doit remporter l'appel d'offres,
03:32mais rien ne va se passer comme prévu.
03:34Parce qu'en face,
03:35Canal+, se sert de son influence auprès des clubs français
03:37pour rester dans le game.
03:39Depuis plusieurs années,
03:39la chaîne arrose financièrement les clubs français
03:41qualifiés pour les compétitions européennes
03:43au sein d'une organisation qui s'appelle le Club Europe.
03:46Une organisation qui échappe à tout contrôle de la Ligue
03:48et qui représente beaucoup d'argent
03:49pour les équipes concernées
03:50qui ne veulent pas du tout s'en passer.
03:52Canal préfinançait les campagnes européennes des gros clubs.
03:55Cet argent-là venait en plus pour les gros clubs de Canal,
04:00c'était en fait considéré comme des droits télé.
04:02La Ligue de football ne veut pas se mouiller,
04:03ça mériterait d'ailleurs un petit carton jaune
04:05et elle laisse Canal+, et TPS négocier entre eux.
04:07Pour la première fois,
04:08la retransmission des matchs de Ligue 1
04:10se fait entre plusieurs diffuseurs
04:11et le duel peut commencer.
04:13Alors, d'un regard extérieur,
04:14il y a une stratégie du quoi qu'il en coûte chez Canal.
04:17Chez Canal, il faut tuer TPS,
04:19TPS a pris trop d'importance,
04:21TPS les ennuie partout,
04:22sur le cinéma, sur le sport, etc.
04:24Il faut que ça s'arrête.
04:25Et donc, Canal va mettre une somme considérable
04:28sur le foot français pour évacuer TPS complètement.
04:32Et quand Pierre parle d'une somme considérable,
04:34il pèse ses mots.
04:35Lors de l'appel d'offres suivant,
04:36on est en 2005,
04:37Canal+,
04:38met 600 millions d'euros sur la table
04:39pour évincer TPS.
04:41Jamais la chaîne n'a mis autant d'argent
04:43pour diffuser la Ligue 1
04:44et jamais elle n'en mettra autant à l'avenir.
04:46Si TPS et Canal+,
04:47ressortent rincés de cette guerre,
04:49il y a un vrai vainqueur,
04:50les clubs,
04:50car les droits TV se sont envolés.
04:52La concurrence incroyable
04:53qu'il y avait entre les diffuseurs
04:55a mis les ligues et les clubs
04:57dans un confort absolu.
04:58Il leur suffisait de jeter les droits sur le marché
05:00pour voir des chaînes de télé
05:01se battre à coups de centaines de millions
05:04pour les acquérir.
05:05Et c'est ce confort absolu
05:07qui va ouvrir les vannes des abus.
05:08En voyant qu'on leur promet toujours plus d'argent,
05:10les clubs,
05:11un peu comme des enfants gâtés,
05:12ne vont pas arrêter de s'endetter
05:13pour acheter des joueurs stars
05:14et pour moderniser leurs infrastructures.
05:16Là aussi,
05:17ça vaut un petit carton jaune.
05:18En allant fouiller dans les archives des Echos,
05:20on a retrouvé ce papier de 2003
05:22qui pointe déjà la folie dépensière
05:23de certaines équipes
05:24et déjà à l'époque,
05:25on lisait
05:26L'évolution de la masse salariale
05:28est pointée du doigt par la DNCG.
05:30Elle atteignait 299,3 millions d'euros
05:33à la fin de la saison 2000-2001
05:35en hausse de 22%
05:37par rapport à la saison précédente.
05:39Bon, pas de quoi s'inquiéter
05:40parce que si on suit la logique du marché
05:41dans lequel il y a toujours plus de concurrence,
05:43la valeur du championnat devrait augmenter
05:45d'appel d'offres en appel d'offres
05:47et les clubs devraient rentrer dans leurs frais.
05:49Bon, c'est ce qui est arrivé à la première ligue,
05:50l'équivalent britannique de la Ligue 1
05:52qui mériterait le ballon d'or
05:53de la gestion des droits TV.
05:55Au cours des années 2010,
05:56ils ont augmenté de 70%
05:58deux fois successivement,
05:59notamment grâce à la concurrence
06:00de deux diffuseurs anglais,
06:01Sky et BT.
06:02Si ça vous intéresse,
06:03on vous met en commentaire
06:04le lien d'une vidéo en anglais
06:05qui revient en détail
06:06sur cette success story,
06:07c'est passionnant.
06:08Sauf que voilà,
06:08chez nous,
06:09il va se passer exactement l'inverse.
06:11En 2011,
06:15le Qatar arrive dans le championnat français
06:16et devient un acteur incontournable.
06:18Il investit dans le PSG,
06:19ça permet de recruter des stars internationales,
06:21Pastore,
06:22Ibrahimovic,
06:23Beckham.
06:23Et avec ses moyens colossaux,
06:24le Qatar espère aussi
06:25faire grandir sa chaîne nationale,
06:27Be in Sport.
06:27Et ça,
06:28ça donne le sourire
06:28au président de la LFP de l'époque,
06:30Frédéric Thiriez.
06:31Dire que rarement,
06:32franchement,
06:32une reprise du championnat
06:34aura suscité autant
06:35d'impatience,
06:36je dirais même d'excitation.
06:38Il y a le phénomène PSG,
06:39il se passe quelque chose
06:40d'important
06:41dans le football français
06:43avec l'arrivée des Qataris.
06:45Avec ce nouvel arrivant,
06:46on va pas se mentir,
06:47assez blindé,
06:48et les stars internationales
06:49qui l'accompagnent,
06:50les droits TV de la Ligue 1
06:51devaient exploser.
06:52Mais voilà,
06:52l'argent du Qatar
06:53ne va pas suffire.
06:54Et ça,
06:54c'est encore lié à Canal+.
06:56La chaîne intervient cette fois-ci
06:57au plus haut niveau de l'État.
06:58Dans leur livre,
06:59un président ne devrait pas dire ça,
07:01Fabrice Lhomme
07:01et Gérard Davé
07:02raconte un épisode
07:03qui laissera une trace
07:04dans l'histoire du football français.
07:06Le coup de fil
07:06du président de la République
07:07François Hollande
07:08à l'émir du Qatar de l'époque,
07:10Tamim Ben Hamad Al Thani.
07:11L'objectif du call,
07:13protéger la chaîne cryptée
07:14des appétits démesurés
07:15des Qataris.
07:16Là aussi,
07:16ça mériterait
07:16un carton rouge.
07:18On a sauvé Canal.
07:19J'ai reçu discrètement
07:20Rodolphe Bellemère
07:21et Bertrand Méheux.
07:22J'ai appelé l'émir du Qatar
07:24et lui ai dit
07:24« Vous allez venir en France en juin.
07:26On vous a défendu
07:27par rapport aux Saoudiens.
07:28On est à vos côtés.
07:30Mais là,
07:30qu'allez-vous faire sur les rafales ? »
07:32Il y a aussi l'histoire du foot.
07:33Je souhaite qu'il y ait un partage.
07:35Cet interventionnisme
07:36de François Hollande
07:37n'aidera finalement personne.
07:38On est alors en 2016
07:39et pour tenter
07:40de faire exploser
07:40la cash machine Ligue 1,
07:42la LFP change de soldat.
07:43Frédéric Thiriez,
07:44vous savez,
07:44celui qui était très excité
07:45par l'arrivée du Qatar au PSG,
07:47retourne un vestiaire.
07:47Un remplaçant en or
07:48déterminant pour la suite
07:49de notre histoire
07:50va entrer en jeu.
07:51Son nom ?
07:52Didier Quillot.
07:52Cet homme d'affaires de formation
07:53qui a fait carrière
07:54dans les télécoms,
07:55il a notamment été
07:56directeur d'Orange France
07:57entre 2001 et 2006,
07:59se donne une mission,
08:00vendre les droits de la Ligue 1
08:01à plus d'un milliard d'euros
08:02par saison.
08:03Et pour tenter
08:04d'attirer des nouveaux acteurs,
08:05il change les règles du jeu.
08:06Désormais,
08:07le propriétaire des droits TV
08:08a le droit de sous-licencier
08:09des matchs
08:10qu'il achète
08:10à d'autres diffuseurs.
08:11Il n'est plus obligé
08:12de diffuser lui-même
08:13les rencontres sur ses antennes.
08:15Et ça tombe bien
08:15parce que ça,
08:16c'est exactement
08:17le modèle économique
08:18d'un nouveau type d'acteur
08:19dans le monde du foot,
08:20des agences.
08:21La plus connue d'entre elles
08:22s'appelle Mediapro.
08:23Mediapro,
08:24c'est un groupe audiovisuel
08:25sino-espagnol
08:26fondé par Romero Rez.
08:27Vous vous souvenez,
08:28c'est celui qui signe
08:29des deals au Bristol.
08:30A l'époque,
08:30il s'est fait connaître
08:31en signant des contrats XXL
08:32dans le foot espagnol,
08:33mais il se traîne aussi
08:34une réputation de mauvais payeur
08:35dans les droits du foot italien.
08:37Qu'à cela ne tienne,
08:38le 29 mai 2018,
08:39Mediapro décroche 70%
08:41des matchs de Ligue 1
08:42pour 750 millions d'euros par an.
08:45Le reste du gâteau
08:45est partagé entre Free et Bean
08:47et l'addition totale est de...
08:491,150,000,000 d'euros.
08:52C'est la somme record
08:53dépensée par plusieurs opérateurs
08:55pour pouvoir diffuser
08:56les matchs de Ligue 1 de football
08:58à partir de 2020.
09:00Les agences,
09:00c'est très simple.
09:02Elles achètent quelque chose
09:03pour leur vendre.
09:04C'est-à-dire que l'agence
09:06qui a acheté les droits
09:06très très cher,
09:07parce que pour les acheter,
09:09il faut surenchérir
09:10et battre les autres candidats
09:12dans une période
09:13à l'époque de grande concurrence.
09:15Vous devez mettre 1 000
09:16alors que les autres mettent
09:18500 ou 800.
09:19Vous achetez les droits
09:20et après,
09:21il vous faut trouver quelqu'un
09:22qui va les acheter
09:22à 1 100 ou à 1 200.
09:24Le problème,
09:24c'est que personne
09:25ne veut racheter des droits
09:26aussi chers.
09:26Ils ont acheté des droits
09:27pour 800 millions d'euros par an.
09:30Quelle plus-value
09:30vous pouvez faire
09:31quand vous avez acheté
09:32ces droits-là ?
09:32Les autres chaînes de télévision
09:34ne sont pas des gogos non plus,
09:35donc ils ont des dirigeants
09:36qui connaissent un petit peu
09:37le marché.
09:38Donc,
09:39ils ne vont pas forcément
09:39vous sauver la mise
09:40à partir du moment
09:41où vous essayez
09:41de leur revendre vos droits.
09:42L'agence Mediapro
09:43est dans l'impasse.
09:45Privée de son modèle économique,
09:46elle est obligée
09:46de faire ce qu'elle a toujours
09:47voulu éviter
09:48en devenant diffuseur.
09:49Elle crée sa propre chaîne 2-0
09:51et le tout
09:51en plein Covid.
09:52Cette chaîne s'appellera
09:53Téléfoot.
09:54Pour tenter de montrer
09:55que tout va bien,
09:55Mediapro en fait des caisses,
09:57couverture des matchs XXL
09:58avec des directs
09:59dans tous les stades de France,
10:00des émissions spéciales,
10:01etc.
10:02Sauf que seulement
10:03deux mois après
10:03sa première prise d'antenne,
10:05tout s'effondre.
10:05Mediapro ne règle pas
10:06les sommes qu'elle doit
10:07à la LFP.
10:09En interne,
10:12a accepté
10:13de témoigner anonymement.
10:14C'est vrai qu'il y avait
10:15toujours quand même
10:16un nuage.
10:17Un nuage autour de...
10:19Mais d'où viennent-ils ?
10:20Ont-ils les reins solides ?
10:22Assez rapidement,
10:23ça commence un peu
10:24à tourner à l'orage.
10:25Un orage qui se transforme
10:26vite en tempête.
10:27Mediapro décide
10:28de se retirer complètement
10:29de la Ligue 1
10:30en décembre 2020
10:31et de fermer définitivement
10:32sa chaîne Téléfoot.
10:33Son aventure aura duré
10:35à peine 6 mois,
10:36laissant des dizaines
10:36d'employés sur le carreau.
10:37C'est du rêve au cauchemar.
10:39Je réalise ce qui s'est passé
10:40quand même.
10:41C'est quand même
10:41une déflagration
10:42pour le français
10:43et son économie.
10:45Une déflagration
10:45que rien ne va arrêter.
10:49Début 2021,
10:50si on récapitule,
10:51voilà la situation.
10:52La LFP se retrouve
10:53sans diffuseur
10:54pour 70% des matchs
10:56de Ligue 1
10:56qu'elle avait vendus
10:57au préalable à Mediapro.
10:58Le groupe sino-espagnol
10:59qui avait promis
11:00de payer 750 millions d'euros
11:01par an
11:02sur 4 ans
11:03disparaît.
11:04Sa branche française
11:04dépose le bilan
11:05à l'automne 2021.
11:07Les matchs diffusés
11:07par Mediapro
11:08sont finalement rachetés
11:09par un géant de la tech,
11:10fraîchement attiré
11:11par le ballon rond,
11:12Amazon,
11:12montant 250 millions d'euros
11:14par an.
11:15En moins d'un an,
11:15la valeur des droits TV
11:16de la Ligue 1
11:17a été divisée par 3.
11:19Les clubs risquent la banqueroute.
11:20Et c'est alors
11:21que débarque un remplaçant,
11:22encore un.
11:23Vous vous souvenez
11:24de Didier Chiot,
11:24l'ancien boss d'Orange
11:25qui avait pris la tête
11:26de la LFP
11:27et qui avait négocié
11:28le deal avec Mediapro ?
11:29Et bien,
11:29il est remplacé
11:30par Vincent Labrune,
11:31homme d'affaires
11:31et ancien président
11:32de l'Olympique de Marseille.
11:33Et lui aussi,
11:34il fait preuve
11:34de beaucoup de créativité
11:35pour aller chercher
11:41à ce moment-là,
11:42les fonds d'investissement,
11:43les private equity,
11:45sont tous en chasse
11:46dans le domaine du sport.
11:47Ils achètent des clubs
11:48et ils essayent
11:49d'acheter des ligues.
11:50On parlait à l'époque
11:51par ligue
11:52de 10 à 20 fonds intéressés.
11:55C'est la folie.
11:56Profitant de cette folie,
11:57Vincent Labrune
11:58va négocier un deal
11:59XXL avec l'un d'entre eux,
12:00le fonds d'investissement
12:01luxembourgeois CVC
12:03qui a déjà fait ses preuves
12:04dans la Formule 1
12:04et le rugby.
12:05En échange d'un chèque
12:06d'1,5 milliards d'euros
12:08pour renflouer
12:08les finances des clubs
12:09et grâce auquel
12:10Vincent Labrune
12:11va tripler sa rémunération annuelle
12:13au passage,
12:13le boss de la ligue
12:14obtient de CVC
12:15la création d'une société commune,
12:17du joint venture
12:18entre la LFP et CVC.
12:20CVC obtient 13% des parts,
12:23obtient à peu de choses près
12:25la moitié de la gouvernance
12:26et obtient un versement
12:28de 13%,
12:30non pas du profit
12:31de la joint venture,
12:32mais des recettes
12:34de la joint venture.
12:3513% chaque année,
12:37en gros du chiffre d'affaires
12:38de la joint venture
12:39est versé à CVC.
12:41C'est 13% de droits TV
12:42en moins dans le budget des clubs.
12:44Le deal très généreux
12:45de Vincent Labrune
12:45alerte les autorités.
12:46Une mission d'information
12:47se met en place au Sénat.
12:49Son objectif,
12:49faire le point
12:50sur le modèle du football français
12:51et sa financiarisation.
12:53Elle est arbitrée par
12:54Michel Savin,
12:55sénateur de l'ISER,
12:56président du groupe d'études
12:57sur le sport
12:58et les grands événements
12:59sportifs au Sénat.
13:00Elle interroge
13:01plus de 60 protagonistes
13:02de Romero Reyes,
13:03le boss de Mediapro,
13:04à Vincent Labrune,
13:05en passant par les propriétaires
13:06des clubs
13:07et les boss de CVC.
13:08Tout le monde y passe
13:09et les auditions
13:09ne se déroulent pas
13:10comme prévu.
13:10La première chose
13:11qui m'a surpris,
13:12c'était que,
13:14de façon générale,
13:15les présidents de clubs
13:16font confiance
13:17à deux ou trois personnes
13:18qui sont à la tête
13:19des footballs professionnels.
13:21Quand on apprend
13:22sur des documents
13:23aussi importants
13:24que le contrat
13:25qui a été signé
13:26au moment de la création
13:27de la société commerciale
13:28qui lit la Ligue
13:29avec le fonds d'investissement,
13:30certains présidents
13:31n'ont pas pris connaissance
13:32de ce contrat,
13:34n'ont pas pris connaissance
13:35des enjeux financiers
13:37parce qu'ils nous disent
13:38qu'ils font confiance.
13:39C'est vrai que c'est assez surprenant
13:40lorsqu'on sait
13:41que ça concerne
13:42le football professionnel
13:44et que ça engendre
13:45des centaines de millions d'euros.
13:47D'autant plus qu'en parallèle,
13:49la situation sur les droits TV
13:50ne s'arrange pas.
13:51Amazon ne renouvelle pas
13:52son contrat avec la Ligue.
13:53Quatre ans après le crash Mediapro,
13:54il faut de nouveau trouver
13:55un diffuseur
13:56et à ce stade,
13:57le produit est tellement abîmé
13:58qu'il n'attire plus grand monde.
13:59Seule la chaîne britannique Dazone,
14:01peu connue en France,
14:02se montre intéressée.
14:03Elle appartient à un homme d'affaires
14:04américano-britannique
14:05qui a fait fortune
14:06dans l'aluminium et le pétrole,
14:08mais...
14:08C'est clair que Dazone
14:09fait un peu peur.
14:10Ils ont plus de 6 milliards de dollars
14:12de pertes cumulées,
14:13toutes comblées par le propriétaire,
14:16Len Blavatnik,
14:17qui est heureusement
14:17un des hommes les plus riches du monde.
14:19Malgré les doutes
14:20et surtout par manque de temps
14:21à quelques jours
14:21de la reprise du championnat
14:22toujours sans diffuseur,
14:24la Ligue craque et signe.
14:25On est au pied du mur,
14:28Dazone offre 400 millions,
14:30je vais vous dire,
14:30c'est déjà très très bien.
14:31Comme avec Mediapro,
14:32comme avec Amazon,
14:34la LFP se jette sur l'argent
14:35à court terme.
14:36400 millions d'euros par an
14:37sur 4 ans.
14:38Mais elle ne prend pas le temps
14:39de vérifier la stratégie de Dazone.
14:41Bon, à ce stade-là,
14:42et au vu des erreurs passées,
14:43c'est carton rouge direct.
14:44Alors, la stratégie commerciale
14:46de Dazone,
14:46elle a été un peu chaotique.
14:48Yann est journaliste aux Echos,
14:49spécialisé dans le sport business.
14:50Il couvre pour le journal
14:51le feuilleton des droits TV
14:53dans le foot.
14:53Ils ont commencé
14:54avec des prix très hauts.
14:55Au tout départ,
14:56ça pouvait être jusqu'à 40 euros
14:57sans engagement par mois.
14:59Ils se sont vite rendus compte
15:00que ça n'allait pas marcher.
15:02Ils ont baissé
15:02quelques semaines après
15:03de 10 euros.
15:05Et puis,
15:06ça n'a pas toujours fonctionné.
15:08Donc,
15:08ils ont encore baissé
15:09à 20 euros.
15:09Pour finir,
15:10en fin de saison,
15:11avec des packs,
15:12là,
15:12on en est à un menu McDo
15:14pour les 8 derniers matchs
15:16de la saison.
15:17Voilà.
15:1725 ans après le premier appel d'offres,
15:197 ans après le milliard promis
15:20par Mediapro,
15:21la Ligue 1 s'achète donc
15:22au fast-food,
15:23bradé,
15:24pour tenter de convaincre
15:25de nouveaux abonnés.
15:26Aujourd'hui,
15:26le pari perdant de Dazone
15:27se retourne une fois de plus
15:28contre la Ligue.
15:29Devinez quoi ?
15:30La chaîne veut sortir du deal,
15:32rompre son contrat
15:32et ne plus diffuser
15:33les matchs l'année prochaine.
15:34Aujourd'hui,
15:37on n'a même plus
15:38d'acheteurs en France.
15:39Donc,
15:39on a une situation
15:39tout à fait nouvelle
15:40qu'on n'a pas encore vue
15:41en Europe
15:41où,
15:43effectivement,
15:44la Ligue risque
15:45de se retrouver
15:47face à zéro candidat.
15:50Donc,
15:50ce n'est même plus
15:50un monopole,
15:51c'est personne.
15:52L'important,
15:53c'est que rapidement,
15:54il y ait des solutions
15:56qui soient mises
15:57sur la table
15:57pour permettre
15:59au club
15:59d'éviter
16:00des catastrophes
16:01économiques
16:01et financières
16:02et sociales.
16:03Merci d'avoir suivi
16:04ce business drama
16:05sur la Ligue 1
16:05et comme tout bon drama,
16:07ça ne s'arrête jamais.
16:07On vient d'apprendre
16:08que pour l'année prochaine,
16:09c'est carrément la Ligue
16:10qui étudie la piste
16:11de créer sa propre chaîne
16:12pour diffuser
16:13les matchs de foot de Ligue 1.
16:14Une idée sortie du chapeau
16:15d'un remplaçant de plus,
16:16Nicolas Taverneau
16:17qui vient d'être nommé
16:18à la tête
16:18de la société commerciale
16:20de la Ligue.
16:20On attend vos pronostics
16:21sur le futur de la Ligue 1
16:22en commentaire
16:23et on se retrouve très vite
16:24pour un nouveau business drama.

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