Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00On va parler des données informatiques. Plusieurs entreprises françaises se sont déclarées inquiètes de confier leurs données à des hébergeurs étrangers.
00:08Sébastien Lescope, merci d'être avec nous. Vous êtes directeur général de Cloud Temple, un hébergeur 100% français.
00:14Alors est-ce qu'il est exact que de grands groupes français ne font plus confiance aux hébergeurs chinois ou américains ?
00:21Bonjour Eric. En effet, c'est un sujet de préoccupation. Il y a une véritable prise de conscience actuellement des industriels,
00:28également du monde politique par rapport à ce sujet. Il faut savoir que quand vous confiez vos données à un acteur américain,
00:35c'est comme si vous donniez le double de vos clés aux autorités américaines.
00:39Ah oui, à ce point-là.
00:39Oui, donc en effet, il y a un vrai sujet par rapport à la confidentialité des données qui sont confiées, en particulier lorsque les données sont sensibles.
00:46Bien sûr, notamment dans la défense. Mais est-ce que vraiment, même dans le domaine de la défense, on confie nos données à des Américains ?
00:52Alors en effet, il y a certaines entreprises ou certains établissements publics qui ont tendance à garder les infrastructures en propre,
00:59à ne pas les confier à des fournisseurs de Cloud externe.
01:02Donc vous, vous êtes français, vous défendez bien sûr la bannière française, mais ça laisse entendre qu'on ne peut plus faire confiance aux GAFAM,
01:08c'est-à-dire à tout ce qui est Amazon, Google, Microsoft, etc.
01:14Ce n'est pas comme ça que je poserais la question. La question, ce n'est pas de pouvons-nous faire confiance aux Américains ?
01:19C'est plutôt quelles données confier aux Américains ? Lorsque vous parlez d'enjeux qui sont vitaux, lorsque vous parlez de données qui sont ultra sensibles,
01:27en effet, il faut s'appuyer sur des solutions de Cloud sécurisé, souveraine.
01:30Oui, mais quels sont les risques réels ? Parce qu'il n'y a que les Américains pratiquement aujourd'hui, à part des entreprises comme vous qui commençaient à prendre du poids.
01:38Mais les géants, ils sont Américains, voire Chinois.
01:40Alors, pour se rappeler, la filière qui produit de la tech en France, c'est 25 milliards d'euros.
01:47Donc les solutions existent. Le sujet, c'est la dépendance des entreprises aux technologies américaines.
01:53Aujourd'hui, 83% des technologies qui sont consommées en France sont américaines.
01:58Oui, à ce point-là. Comment peut-on aujourd'hui reconquérir des entreprises qui sont passées à des hébergeurs américains ?
02:03Je pense à Total. J'avais entendu le président de Total qui s'inquiétait de ne pas avoir suffisamment d'hébergeurs français.
02:10Et comment faire pour qu'il aille chez vous ?
02:12Alors, déjà, il faut savoir que l'aventure du cloud ne fait que commencer.
02:16Seulement 20% des infrastructures aujourd'hui sont confiées à des fournisseurs de cloud.
02:20Ça vous donne une idée du potentiel qu'il existe.
02:23Aujourd'hui, quand je rencontre, en tant que dirigeant de Cloud Temple, des dirigeants d'entreprises,
02:28il faut savoir que c'est un sujet de direction générale.
02:30Maintenant, le choix du cloud, ce n'est plus un sujet de directeur informatique.
02:34Il n'y a pas un seul rendez-vous que je réalise sans qu'on me parle de la localisation de la donnée,
02:39de l'accès de la donnée et de l'usage qui est fait de la donnée.
02:42Mais ça peut être aussi des tournées. On sait bien que les cyberattaques se développent.
02:46Absolument. Il faut voir le cloud comme un château fort.
02:50Le but, c'est de ralentir les attaques.
02:52Et aujourd'hui, on a la chance en France d'avoir l'État qui certifie les solutions de cloud.
02:56Il faut savoir que les solutions américaines ne sont pas capables aujourd'hui
03:00d'obtenir les plus hauts niveaux de certification.
03:02Donc, ça veut dire qu'il y a encore de l'espoir pour nos hébergeurs.
03:05Parce qu'il y a quand même OVH et Outscale qui existent en France, il faut les citer.
03:09Donc, ça veut dire qu'ils sont crédibles ou pas ?
03:11On a un très bel écosystème français avec des solutions qui existent,
03:14qui répondent aux usages des clients.
03:17Et on est au tout début de l'aventure du cloud.
03:19C'est pour ça que BPI France a dit qu'on avait perdu la guerre du cloud.
03:22C'est quand même un peu décourageant, non ?
03:24Alors, je ne suis absolument pas d'accord avec Nicolas Dufour,
03:27qui est le patron de BPI France.
03:29On est au début de l'aventure du cloud.
03:31Et d'ailleurs, si j'écoute le gouvernement,
03:33la ministre Clara Chappaz indique qu'il n'existe pas d'IA,
03:37donc d'intelligence artificielle, sans cloud.
03:39Il n'existe pas de solution numérique, sans cloud français.
03:43D'accord. Alors, un cloud souverain, ça marche comment, justement ?
03:47Parce que ça coûte plus cher d'être en France qu'à l'étranger ?
03:51Est-ce que les coûts sont différents, par exemple ?
03:52À un service équivalent, les coûts sont les mêmes, voire moins chers,
03:55avec des solutions françaises.
03:56Malgré l'énergie plus chère, parce qu'on dit que ça consomme beaucoup d'énergie, un hébergeur.
04:00Oui, mais c'est les mêmes usages pour les Américains que pour les Français.
04:03Donc, ce n'est pas ça qui crée une différence.
04:06Mais en effet, on a la chance en France d'avoir une électricité qui est verte,
04:11qui est en plus excédentaire et qui est compétitive.
04:15Tout le sujet, c'est de savoir à ce que cet or noir de demain,
04:18qui est l'or noir de la tech, sera favorable à cet écosystème français.
04:22Et on pourra laisser ces hébergeurs en France ?
04:25Parce qu'on disait qu'à une époque, il fallait les mettre dans les pays froids,
04:28les scandinaves, ça consommait moins d'énergie parce qu'il fait plus froid.
04:31Alors, moi, ce que j'ai compris, en tout cas, c'est qu'en effet,
04:34il y a eu un certain nombre d'initiatives, même des data centers sous l'eau,
04:37Microsoft avait fait.
04:39Mais aujourd'hui, l'ensemble des initiatives sont revenus en arrière.
04:42En France, on peut le voir, il y a eu le sommet de l'IA en février,
04:45avec Emmanuel Macron qui a annoncé 109 milliards d'investissements
04:49pour construire des gros data centers,
04:50en particulier pour tous ces besoins de calcul liés à l'intelligence artificielle.
04:55Le sujet des ces 109 milliards, c'est bien de voir ces investissements étrangers arriver,
05:00mais 90% de ces investissements émanent de forces étrangères,
05:04au-dehors de l'Europe, et qui viennent construire des data centers
05:08qui fournissent l'électricité à nos infrastructures.
05:12Et comme je vous le disais, l'électricité, c'est l'or noir de demain.
05:14Bien sûr, mais alors si c'est des investissements étrangers,
05:16est-ce qu'il n'y a pas pris une prise en main de tout cela ?
05:19Il y a un risque réel.
05:20Il y a un risque réel, et c'est pour ça qu'il faut être prudent
05:22pour que cet or noir de demain serve bien à la tech française.
05:25Juste dernière question, donc vous disiez,
05:27l'intelligence artificielle, ça va donner un boom au data.
05:31Mais justement, comment allez-vous vous faire face ?
05:33Ça suffira ce que l'on a comme équipement en France,
05:36face à l'intelligence qui va exploser ?
05:37Alors en effet, l'IA aujourd'hui est un accélérateur de la consommation du cloud.
05:44Aujourd'hui, il n'y a aucun chef d'entreprise,
05:46c'est la guerre à l'armement, il n'y a aucun chef d'entreprise
05:48qui ne réfléchit pas à intégrer l'IA dans ses processus métiers,
05:51pour rester dans la course, pour rester compétitif.
05:54Donc est-ce qu'aujourd'hui, les Français et les Européens
05:57sont capables sur ce terrain d'être crédibles ?
05:59Oui, je le pense absolument.
06:00La France et l'Europe ont perdu la première bataille,
06:03mais on est loin d'avoir perdu la guerre.
06:05C'est le mot de la fin.
06:05Merci beaucoup Sébastien Lescope d'être venu sur CNews,
06:08directeur général de Cloud Temple,
06:09les bergeurs 100% français.
06:12Restez avec nous sur CNews.