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00:00Alors Charles Trenet c'est magnifique, c'est la jeunesse, c'est l'amour et c'est l'amitié.
00:06Voilà ce qu'écrivait Jean Cocteau.
00:07Charles Trenet a créé tout un univers d'objets légers,
00:11d'objets dans un courant d'air, d'objets sur lesquels on souffle,
00:14d'objets qui deviennent des mains, des mains qui deviennent des objets,
00:17d'amoureux qui s'envolent par les fenêtres,
00:19de pendus gays qui deviennent des fantômes gays,
00:22des facteurs bleus qui voyagent plus vite que le télégraphe.
00:25Trenet a crevé et secoué un édredon,
00:28c'est édredon que les bohémiens d'Apollinaire transportent comme un chœur.
00:33Ils chantent, ils chantent dans son lit, ils chantent dans son cabinet de toilette,
00:37ils chantent en voiture, ils chantent au téléphone, ils chantent au théâtre,
00:42ils chantent sur l'aile des ondes, ils chantent sur Europa.
00:46Je chante, mais la fin qui me poursuit tourmente mon appétit.
00:53Je tombe soudain au creux d'un sentier,
00:56je défaille en tombant et je meurs à moitié.
00:59Et gendarme qui passait sur le chemin,
01:03gendarme, je tends les mains.
01:07Pitié, j'ai faim, je voudrais manger,
01:10je suis tout léger, léger.
01:13Au poste, d'autres moustaches m'ont dit,
01:17au poste, ah mon ami, oui, oui, oui, oui,
01:20c'est vous le chanteur, le vagabond,
01:23on va vous enfermer, oui, votre compte est bon.
01:27Non, ficelle, tu m'as sauvé de la vie,
01:31ficelle, sois donc béni.
01:34Car grâce à toi, j'ai rendu l'esprit,
01:37je me suis pondu cette nuit,
01:39et depuis je chante.
01:42Je chante, je chante soir et matin,
01:45je chante sur les chemins.
01:48Je hante les fermes et les châteaux,
01:51un fantôme qui chante,
01:53on trouve ça rigolo.
01:54Et je bouge,
01:56la nuit sur l'herbe du bois,
01:58les mouches ne me fiquent pas.
02:02Je suis heureux,
02:03ça va, j'ai plus faim,
02:04et je chante sur mon chemin.
02:12Alors, Charles,
02:17déjà d'avoir été dans le monde entier,
02:20et puis moi je t'ai vu au Canada,
02:22où tout d'un coup,
02:24le public qui t'est fidèle et qui t'aime,
02:27et surtout la jeunesse,
02:28parce que j'ai remarqué que,
02:29à 80% du public,
02:31il y avait des gens très jeunes,
02:33qui avaient des disques,
02:34qui avaient entendu tes chansons,
02:34mais qui ne te connaissaient pas,
02:36comme on dit en chair, en os,
02:38et qui t'ont découvert.
02:40Oui, mais au Canada,
02:41c'était pas tellement une découverte,
02:43c'est-à-dire qu'ils avaient entendu parler de moi
02:45par leurs parents,
02:45parce que lorsque j'ai fait mes premiers contrats aux Etats-Unis,
02:48quand j'ai débuté à la BC en 1938,
02:50tout de suite,
02:51un impressaire yo d'Amérique
02:52qui s'appelait William Morris
02:55est venu m'engager pour New York,
02:57et puis au lieu de partir pour New York,
02:59je suis parti pour Salon de Provence,
03:01où j'ai retrouvé,
03:02comme une âme perdue,
03:03mon corps,
03:04comme on dit.
03:05J'ai retrouvé mon corps,
03:06j'étais dans l'aviation,
03:07et puis alors la guerre,
03:08bon,
03:09et après l'occupation,
03:10en 1946,
03:11il arrive de nouveau,
03:12il me dit,
03:12mais le contrat est valable,
03:13et je suis parti.
03:14Et alors à ce moment-là,
03:16ce que j'ai remarqué là-bas,
03:18ce que j'ai découvert surtout,
03:19qui était extraordinaire,
03:21c'est le repos que je pouvais avoir,
03:23parce que je ne parlais pas anglais couramment,
03:27et alors j'avais du mal,
03:28je me débrouillais,
03:28oui,
03:28parce que j'avais un certain anglais
03:29que j'avais appris au collège,
03:31mais en fait,
03:31c'est pas ça,
03:32il me fallait ce qu'on dit,
03:32la practice,
03:33il fallait que je pratique,
03:34et au bout d'un certain temps,
03:37ça devient fatigant,
03:38parce qu'on se bloque,
03:39on ne peut plus dire vraiment ce qu'on voudrait dire.
03:41Et tout d'un coup,
03:42je découvre le Canada,
03:43dont m'avait parlé un chanteur que je connaissais depuis longtemps,
03:48qui allait chanter au Canada,
03:49un petit peu,
03:50comme ça,
03:50à droite et à gauche,
03:51dans les églises même,
03:52parce que j'ai chanté aussi dans les églises au Canada,
03:54dans les villages,
03:54et j'ai découvert ce pays où on parle très bien français,
03:57je me reposais,
03:58j'étais bien,
03:59mais j'ai débuté tout de même,
04:01par un vrai grand contrat,
04:03à Ottawa,
04:04et c'est de là que j'ai eu l'idée d'aller voir les petites villes,
04:08et même j'avais une envie folle de voir Québec,
04:10je pensais être une ville beaucoup plus petite que ça n'est,
04:12c'était déjà très grand à l'époque,
04:15et je suis allé à Québec,
04:16et là, prudemment,
04:17en arrivant à la gare,
04:18je ne savais pas du tout où j'allais aller,
04:22je savais vaguement qu'il y avait un bel hôtel,
04:23le château Frontenac,
04:24mais c'était un peu cher à l'époque,
04:27et je vois une espèce de petit café en face de la gare,
04:31qui s'appelait Soda Fountain,
04:33chez Gérard,
04:35et j'entre là-dedans,
04:35et je dis à Gérard,
04:37est-ce que vous aimeriez que je vienne chanter ici,
04:40je suis Charles Trenet, chanteur à Paris,
04:41il me connaissait de nom,
04:43il me connaissait,
04:44mais il me dit,
04:44mais monsieur,
04:44vous ne pouvez pas chanter ici,
04:46regardez,
04:47il y a une estrade qui tient sur des tonneaux,
04:49il y a des buveurs de bière qui viennent le soir,
04:51avec un accordéon,
04:52ça n'irait pas pour vos chansons,
04:54j'ai dit, écoutez,
04:54laissez-moi faire,
04:55on va faire un petit pari,
04:56vous m'engagez au prix que vous voulez,
04:58moi je me plais tellement à Québec,
05:00je vais rester ici pendant 15 jours,
05:02et au bout de 20ème jour,
05:03je vous fais le pari,
05:04que les gens du gouvernement,
05:06qui sont en haut de la ville,
05:07vont descendre là,
05:09et bien il m'a cru,
05:11et ce que je lui avais dit est arrivé,
05:12et les gens du gouvernement sont venus,
05:14et tout d'un coup,
05:16on l'entendait dans la salle,
05:17arrêtez les filets mignons,
05:18Charles Trenet va venir chanter,
05:19on entendait ça,
05:20mais c'était pas moi qui le disais,
05:21c'était lui,
05:22ça créait une atmosphère charmante.
05:25Dans les pharmacies,
05:26dans les pharmacies,
05:28j'entends par hasard,
05:29et le plus bizarre,
05:30je n'en sors qu'après deux heures et quart,
05:32les poches gonflées,
05:33de pommes soufflées,
05:35de rasoir à main,
05:36en dur à l'humain,
05:37de mille pour l'huile humain,
05:38un phonographe immense et lourd,
05:40il joue des chansons d'amour,
05:42et pour 25,
05:43sans peut-on entendre,
05:44un bariton,
05:45à voix tendre,
05:47les oiseaux sont couchés dans leur nid,
05:51et moi,
05:53je suis couché dans mon lit,
05:56il fait froid ce soir,
05:58il fait nuit,
06:00alors tendrement,
06:02je te dis,
06:04bonne nuit,
06:07bonne nuit Suzy,
06:10bonne nuit,
06:11bonne nuit Suzy,
06:14Suzy,
06:15oui, bien sûr,
06:16certainement,
06:17et que oui,
06:18bonne nuit,
06:19bonne nuit Suzy,
06:21jolie,
06:22bonne nuit,
06:24c'est une chanson qui s'appelle
06:25bonne nuit Suzy,
06:26dans les pharmacies,
06:27dans les pharmacies,
06:28je suis très heureux,
06:30tout le monde le sait,
06:31car je deviens joyeux par les français,
06:33et ce plaisir-là,
06:34est unique là-bas,
06:36dans les pharmacies,
06:37si,
06:38si,
06:39si bien mal,
06:40du Canada,
06:41D'ailleurs,
06:48tu as écrit de belles chansons au Canada.
06:50Oui,
06:50j'ai écrit pour les compagnons de la chanson,
06:52nous trouvions,
06:53alors,
06:53je chantais dans un cabaret,
06:55qui s'appelait le Café de l'Est,
06:56qui est dans le quartier tout à fait français,
06:58là-bas,
06:59et un jour,
07:00les compagnons sont venus me voir,
07:02ça les a tentés,
07:03et alors,
07:03ils ont essayé de chanter là,
07:05puis après,
07:05ils ont chanté dans un grand théâtre,
07:07mais à ce moment-là,
07:08ils venaient presque tous les soirs,
07:09à ce moment-là,
07:10j'écrivais un livre qui s'appelle
07:11Un noir éblouissant,
07:13et qui a paru il y a quelques années,
07:15et je l'écrivais au jour le jour,
07:17et je leur liais tous les soirs un chapitre,
07:19et ils m'ont dit qu'ils n'ont jamais autant ri de leur vie,
07:21tous les soirs,
07:21je leur lisais tout fraîchement ce chapitre,
07:23comme de Molière,
07:24je lisais sa cuisinière,
07:25mais eux,
07:26c'était autre chose que la cuisinière de Molière,
07:27c'était des gens qui avaient quand même
07:29beaucoup plus d'esprit,
07:30sans doute que cette cuisinière,
07:32et j'étais ravi,
07:33et alors,
07:35un beau jour,
07:35je me disais,
07:35« Mais pourquoi je ne vous ferais pas une chanson pour vous ? »
07:38Et comme j'ai un peu la nostalgie de la France,
07:41de tout ça,
07:41de ma petite enfance,
07:43de ce midi,
07:44auquel je prends tout le temps ici,
07:45sous la neige,
07:47j'ai écrit mes jeunes années,
07:48pour eux,
07:49ils l'ont créé,
07:49ça a été la chanson de leur vie.
07:51Oui, oui, absolument.
07:51Ça a été la chanson de leur vie.
07:53J'ai fait peu de chansons pour les interprètes,
07:55mais quand ils ont eu l'intelligence,
07:58je dis bien l'intelligence,
07:59et le goût de les chanter,
08:00ça a été la chanson de leur vie,
08:02qui m'a aidé énormément en la chantant,
08:06puisqu'il m'a fait connaître,
08:07mais en même temps,
08:08c'était très bon pour lui,
08:09parce qu'il se renouvelait complètement,
08:11il devenait un personnage poétique,
08:13ce dont il me dit qu'il avait rêvé
08:14toute sa vie d'être ce personnage-là.
08:17Comment ça s'est passé avec Maurice Chevalier ?
08:18Tu étais déjà chez Breton ?
08:19J'étais chez Breton,
08:21et alors,
08:22à ce moment-là,
08:24Madame Breton,
08:26que nous appelons tous à Paris la Marquise,
08:27Tu as l'intilisé, toi ?
08:29La Marquise,
08:30oui, c'était depuis l'Apolle-Cas du Roi,
08:31avant de vous danser Marquise,
08:33et alors la Marquise me dit,
08:34il y a Maurice Chevalier,
08:37il voudrait me faire un cadeau pour mon mariage,
08:38avec Raoul,
08:39avec Raoul Breton,
08:40je vais lui donner
08:41une chanson de vous,
08:43comme cadeau,
08:44c'est Y a de la joie.
08:46Alors,
08:47je vais la porter à Chevalier,
08:48il la regarde,
08:49il me dit,
08:49vous savez,
08:50c'est un peu foufou,
08:51ça, etc.
08:52Je dis,
08:53je vais vous la ranger,
08:54quand même,
08:54parce que,
08:54je la chante dans la version
08:55que j'ai faite pour Maurice Chevalier,
08:57mais dans la version que j'ai faite pour moi,
08:58il y avait autre chose,
08:59il y avait des paroles que Maurice
09:00m'a dit,
09:01non, c'est trop fou,
09:01écoutez,
09:02ça faisait,
09:03le garçon boucher
09:06qui va sur ses 15 ans,
09:07est fou d'amour fou
09:08pour une femme à Jean,
09:10et la femme à Jean
09:10qui va sur ses 100 ans,
09:12est folle de bonheur
09:13de cet amour d'enfant,
09:14il y a de la joie.
09:15Oui, oui, oui.
09:15Oui, mais en fait,
09:16il m'a dit,
09:17non, non, pas ça, pas ça,
09:17pas ça,
09:17il est en trainé,
09:18il n'a jamais appelé Charles,
09:20il m'a appelé tout en trainé.
09:23Alors,
09:23ça faisait très solennel,
09:24dans sa bouche.
09:25Alors,
09:26il a hésité,
09:26quand même,
09:26avant de la chanter.
09:27Il a hésité un petit peu,
09:29mais il l'a compris quand même,
09:30il l'a répété absolument,
09:31il venait au cours breton,
09:33à répéter avec moi la chanson.
09:36C'est incroyable,
09:37de gentillesse,
09:39et de simplicité.
09:40Je ne dis pas de modestie,
09:41parce qu'il ne faut pas être modeste,
09:42mais il faut être simple.
09:43Absolument.
09:44Il l'était.
09:45Et alors,
09:45du jour au lendemain,
09:46cette chanson est partie,
09:49et c'est lui qui l'a créée,
09:50qui l'a lancée.
09:51Et toi,
09:51tu y avais déjà,
09:52tu chantais déjà.
09:53Et alors,
09:53je l'ai chanté une fois,
09:55dans une émission,
09:56qui était au Théâtre Marigny,
09:59pour les fiancés,
10:00je ne sais quoi,
10:01d'une boisson.
10:03Je crois que c'était le billet.
10:05Et alors,
10:06à ce moment-là,
10:06Miss Tinguette était fâchée avec lui,
10:08et elle était venue ce jour-là.
10:09Et le public me demande,
10:11il y a de la joie.
10:12Parce que Maurice,
10:13tous les soirs,
10:13disait,
10:13mon nom était connu par lui.
10:16Et je chante,
10:16il y a de la joie.
10:17Et tout d'un coup,
10:17on entend dans une avant-scène,
10:19il la chante mieux que Maurice.
10:21Évidemment,
10:25alors,
10:25naturellement,
10:26on s'est fâchés.
10:27On s'est fâchés.
10:28Puis alors,
10:28on a mis un certain temps,
10:29tout de même,
10:30à se ravi bocher.
10:31Et un jour,
10:32j'ai profité de l'occasion.
10:33Quand il y a eu le Lambra,
10:34Maurice Chevalier,
10:35je l'ai inauguré.
10:36Et il est venu,
10:37on s'est embrassés.
10:38C'était joli.
10:38Il m'a dit,
10:39c'est stupide,
10:39toutes ces petites querelles,
10:40clochers,
10:42embrassons-nous,
10:42etc.
10:42C'était fini.
10:43Et il y a de la joie,
10:45le percepteur,
10:46un message à qui te plie boutique.
10:48Et il dit d'un air très doux,
10:49très doux,
10:50bien le bonjour.
10:51Pour aujourd'hui,
10:52finit la quête,
10:53gardez tout,
10:54messieurs,
10:55gardez tout.
10:57Mais voilà que soudain,
10:58je m'éveille dans mon lit.
11:00Donc j'avais rêvé,
11:02oui,
11:02car le ciel est gris.
11:04Il faut se lever,
11:05se laver,
11:06se vêtir,
11:07et ne plus chanter,
11:08s'il n'en a plus rien à dire.
11:10Et je crois pourtant,
11:12que ce rêve a du bon,
11:14car il m'a permis
11:15de faire une chanson,
11:17chanson de printemps,
11:19chansonnette d'amour,
11:21chanson de vingt ans,
11:22chanson de toujours.
11:24Et il y a de la joie,
11:25bonjour, bonjour,
11:26les hirondelles,
11:27il y a de la joie,
11:28dans le ciel,
11:29par-dessus le toit,
11:30il y a de la joie,
11:32et du soleil,
11:33dans les ruelles,
11:34il y a de la joie,
11:35partout,
11:35il y a de la...
11:36Tout le jour,
11:38mon cœur bat,
11:39j'avirai sans celle,
11:40c'est la...
11:41qui vient,
11:42avec je ne sais quoi,
11:44c'est l'amour,
11:45bonjour,
11:45les deux moiselles,
11:47il y a de la joie,
11:48partout,
11:48il y a de la joie.
11:49Et tu l'as dit,
12:08c'est la baissée.
12:09La baissée, c'est ça,
12:10mais à la baissée,
12:11je n'ai jamais chanté la joie.
12:13La baissée, c'est quoi ?
12:14C'est 37, 38 ?
12:15La baissée, c'est exactement
12:16entre fin 37
12:18et début 38.
12:19J'ai commencé en novembre 37
12:22et j'ai été réengagé en mars 38.
12:25Et tout de suite,
12:25ça a été...
12:26Mais le premier soir,
12:27je devais passer en numéro 3
12:28et les gens ne m'ont pas laissé partir.
12:32Il a fallu que je revienne
12:33pour finir la première partie.
12:35C'était très gênant
12:36parce qu'après,
12:36c'était Lise Gauthier
12:37qui avait été tellement gentil pour nous
12:39avec Johnny et nos autres.
12:40On les menait dans ces tournées,
12:41Charles et Johnny.
12:42Nous étions les vedettes
12:43de première partie
12:44du spectacle de Lise Gauthier.
12:46Et c'est embêtant
12:47parce que ça lui a fait quand même...
12:48Alors quand même,
12:49Maurice qui était venu
12:51à cette première,
12:53quand même,
12:53il a assisté à la seconde
12:54avec Lise Gauthier
12:55qui s'est battu.
12:56Il me dit,
12:56voyez-vous,
12:56ces vieux chevaux.
12:58Ça tient.
13:00Mais en même temps,
13:01il se représente lui-même
13:02comme un vieux cheval.
13:03Très simplement.
13:04Il me dit,
13:04vous voyez quand même,
13:05vous, avec votre jeunesse,
13:06tout de même,
13:07il y a le métier,
13:07il y a l'âge,
13:08il y a l'expérience.
13:10Mais c'est bien ce que tu dis
13:11que des grandes vedettes
13:12comme Lise Gauthier
13:13ou comme Chevalier
13:14aimaient quand même
13:15les gens jeunes
13:15et qu'il les a emmenés
13:19en plus avec eux
13:20en tournée.
13:21En tournée,
13:21nous avons fait
13:22trois ans de tournées
13:23avec Lise Gauthier
13:24tournées de Casino d'été.
13:26Moi, j'aime le musical.
13:29C'est le refuge
13:30des chanteurs poètes.
13:34Ceux qui se montent
13:35pas du col
13:36et qui restent pour ça
13:39de grandes gentilles vedettes.
13:42Moi, j'aime Juliette Gréco.
13:44Mouloudji,
13:46une mère,
13:47les frères Jacques.
13:49J'aime à tous les échos
13:52Charles Aznavour,
13:54Gilbert Bécaud.
13:57J'aime les boulevards de Paris
13:58quand Yves Montand
14:00qui sourit
14:00le chante,
14:03le somme en chante.
14:04J'adore aussi
14:05ces grands garçons
14:06de la chanson,
14:08les compagnons
14:09ding-bem-don.
14:12Ça, c'est du musical.
14:16On dira
14:17tout ce qu'on peut en dire,
14:20mais ça restera toujours,
14:24toujours l'école.
14:25On en apprend
14:29à mieux voir,
14:30entendre,
14:31applaudir,
14:32à s'émouvoir
14:33en se fondant
14:34de larmes
14:35ou de rires.
14:36Voilà pourquoi
14:37la domicile,
14:40j'aimerais toujours
14:42le musical.
14:43J'aimerais toujours,
14:46toujours,
14:47toujours,
14:48toujours,
14:49toujours
14:49le musical.
14:56J'aimerais toujours
14:57le musical.
15:00L'amour est toujours.
15:01Alors donc,
15:02tu es né à la Rbonne,
15:02tout le monde le sait.
15:04Et quand tu étais tout petit,
15:06tu aimais chanter tout le temps ?
15:07Oui, j'aimais chanter,
15:08c'est vrai.
15:09J'ai toujours chanté,
15:10même en pension,
15:11dans la cour des petits,
15:13j'allais dans la cour des grands
15:13pour chanter.
15:14Puis je faisais la quête après
15:15pour m'acheter des bonbons.
15:16Ah oui, quand même.
15:18Tu faisais un petit équilibre.
15:19Oui, c'est ça.
15:20Et je pense que c'est comme ça
15:21qu'il fallait faire.
15:22Parce que comme ça,
15:23on me respectait.
15:23Sors quoi,
15:24j'aurais été le petit chanteur
15:25comme ça.
15:25Oui, on avait que...
15:26Tandis qu'en faisant la quête,
15:28il y avait du respect.
15:29En même temps,
15:30beaucoup de gentils camaraderie,
15:32tout le monde des grands.
15:32Mais tu composais déjà ?
15:33Tu avais déjà fait ?
15:34Non, non, pas du tout.
15:35Alors, des chansons très bêtes.
15:38Tu faisais avec mon frère Antoine.
15:39Tu imitais des gens ?
15:42Non, nous faisions des chansons.
15:43C'est drôle,
15:44comme notre enfance
15:44était un peu comme l'enfance maintenant.
15:46Nous aimions des choses terrifiantes.
15:48Alors, on avait fait une chanson,
15:51croyant faire peur à nos parents,
15:52qui s'appelait
15:53Le diable est tombé dans la soupière.
15:54Des choses comme ça.
15:55Alors, on faisait comme
15:56si on avait peur.
15:57Finalement,
15:57ma grand-mère finissait
15:58par avoir peur.
16:00Ah oui, mais c'est joli,
16:01parce que ça,
16:02c'est déjà l'imagination.
16:03Oui, c'est ça, oui.
16:04Et puis l'extravagance.
16:05Oui, et puis cette maison de Narbonne
16:06elle est propice,
16:07comme j'en parle aussi
16:08dans certaines chansons,
16:09elle est propice
16:09à ses apparitions extraordinaires
16:11du diable ou ça.
16:12Je le sentais toujours caché.
16:13Oui, oui, c'est une maison
16:14qui était fantomatique.
16:16Elle a 120 ans maintenant.
16:17Et à l'époque,
16:18pour un enfant de 5 ans,
16:20toutes ces boiseries,
16:21toutes ces meubles rococos
16:23déjà à cette époque-là.
16:25Baroque, oui.
16:26Oui, mais plus rococo que baroque.
16:28Je sais que rococo vient de baroque.
16:31Oui.
16:31Barocco, oui.
16:33Mais à ce moment-là,
16:35c'était une atmosphère
16:36un peu de grande sacristie,
16:40de cathédrale.
16:41Il y avait une espèce
16:42d'odeur d'encens.
16:43Je ne sais pas d'où elle venait.
16:45Parce que ma mère
16:45allait souvent à la messe
16:46ou les bougies, l'encens.
16:47Elle sentait un peu
16:48la sacristie comme ça.
16:49Et cette maison,
16:50tu l'as gardée ?
16:51Je l'ai gardée.
16:52Enfin, c'est elle qui me garde.
16:53Oui.
16:53Parce que je dis,
16:54toutes les propriétés que j'ai,
16:55ces propriétés m'appartiennent.
16:57Mais ma maison de Narbonne,
16:58je lui appartiens.
16:59Ah, c'est joli.
17:00Oui, je lui appartiens.
17:01Et tu y vas de temps en temps ?
17:03Quand je peux, oui.
17:05Toujours ?
17:05Deux, trois jours ?
17:06Quatre jours ?
17:07Ah, c'est magnifique.
17:08J'y vais toujours.
17:09Parce qu'il faut l'entretenir,
17:10cette vieille, quand même.
17:10Ma maison est jolie à l'hiver sous la neige.
17:17Ma maison est jolie quand revient le printemps.
17:23Les saisons ont pour elle un cortège émouvant
17:29de chansons qu'elle dit dans le vent.
17:34Ma maison, volé, gris, jardiné, vieille porte.
17:42Ma maison, je la vois quelquefois, rapidement.
17:48Quand je passe dans le train de la vigne
17:53qui m'emporte, ma maison me regarde tristement.
18:01En classe, c'était un bon élève ou pas ?
18:05Je n'étais pas mauvais
18:06parce que je sais que ça fait très bien maintenant
18:08de dire qu'on était nul.
18:10C'est fou le nombre de gens qui étaient nuls.
18:12Non, je n'étais pas complètement nul.
18:14J'étais bon en français, en classe de cinquième.
18:17J'avais un très bon professeur.
18:19J'étais premier, mais j'étais chahuteur
18:21et finalement, j'avais de mauvaises notes
18:23parce que j'étais nerf.
18:25Je ne pouvais pas rester au cours
18:26qui ne durait plus d'une heure.
18:28Je me levais après.
18:29Avant la fin du cours,
18:30j'allais faire un tour dans la cour.
18:31Tu faisais l'école missionnaire ?
18:33Non, pas tellement.
18:34Parce que nous avions le jeudi et le dimanche pour sortir.
18:37Non, je ne ratais pas les cours,
18:39mais au bout d'un moment, c'était un peu long.
18:41Alors, voilà.
18:42Alors, je demandais à sortir.
18:43Ça t'est resté un peu dans la vie, ça.
18:45Oui, c'est vrai.
18:45Non, non, je te connais assez bien.
18:47Tu es quelqu'un qui...
18:48Enfin, pas pour l'amitié.
18:49L'amitié, tu es un homme fidèle.
18:51Oui, oui, oui.
18:52Oui, mais je veux dire que quand on parle,
18:53on t'a appelé le vagabond, etc.
18:54Mais comme Charlene Chaplin,
18:56c'est quelqu'un
18:57où il y a un très joli mot pour Rimbaud,
19:00c'est le jeune homme au semel devant.
19:02Ah, oui, oui.
19:03Je trouve que c'est tellement joli
19:04parce qu'on est bien là où on est bien.
19:07Le bonheur vient là.
19:08Mais on peut l'emmener avec soi.
19:09Je ne le dis pas forcément.
19:11Il y a une chose que j'aimais beaucoup de Rimbaud,
19:15une phrase qui va très bien avec mon style de chanson.
19:20C'est j'ai tendu des guirlandes de clocher à clocher
19:23et je danse.
19:24Ah, c'est beau.
19:25C'est joli, ça irait très bien à un danseur.
19:26Oui, oui.
19:27Mais c'est ravissant.
19:28Fidèle, fidèle, pourquoi rester fidèle
19:33quand tout change et s'en va son regret
19:37Quand on est seul, debout sur la passerelle
19:44Devant tel ou tel monde qui disparaît
19:50Quand on regarde tous les bateaux qui sombrent
19:55En portant les choses qu'on espérait
19:59Quand on sait bien que l'on n'est plus qu'une ombre
20:07Fidèle à d'autres, sombre à jamais
20:10Alors tu es arrivé à Paris, donc tu es dans des études
20:25qui sont assez bonnes, hein ?
20:27Oui, très bien.
20:28Moi j'ai passé mon bac à Berlin, la première partie
20:30et la seconde à Montpellier.
20:31Pourquoi à Berlin ?
20:32Et parce qu'à ce moment-là, ma mère était dans le cinéma
20:35Son deuxième mari, Benovini, était l'auteur du fameux film
20:39Le cœur brûlé
20:40Et il tournait à Berlin
20:43Alors je suis allé pour les vacances
20:45Et puis j'ai pu vouloir repartir
20:47J'ai pu vouloir rentrer à Perpignan
20:49Et alors elle me dit, oui, tu resteras ici
20:50mais à condition que tu continues tes études
20:53Donc tu as appris l'allemand ?
20:55Ah oui, ja, ich hab Deutsch gelernt
20:56Ah, gut, gut
20:58Toi, c'est du Pravker
20:59Il y a beaucoup de mots en allemand
21:02qu'on peut dire en français très bien
21:03Ich hab ein rendez-vous mit einer charmante Dame
21:06C'est joli en plus
21:08Alors donc tu es à Berlin
21:10et puis après tu passes ton examen
21:12et puis tu viens à Paris quand ?
21:14Et bien alors à Paris là
21:15il a fallu que je demande la permission à mon père
21:17parce que j'avais 17 ans
21:18Et il fallait...
21:18Il était sévère ton papa ?
21:19Non, pas du tout
21:20Pas du tout
21:20Il m'a dit, bon je veux bien
21:21mais il faut que tu fasses quelque chose
21:23là-bas, enfin je t'aiderai
21:24Bon
21:24Oui mais c'est formidable
21:25Il en t'avait à l'époque extraordinaire
21:27parce que...
21:27Ah oui, mais mon père était ton artiste
21:29Mon père fait très bien du violon
21:31C'est comme ça qu'il a séduit ma mère du reste
21:34En lui jouant la méditation de Thaïs
21:36Et bien moi je suis né de ça
21:40de cette méditation de Thaïs en fond
21:41Il m'a dû avoir quelques reconnaissances
21:44Et donc à Perpignan je suis parti
21:47j'avais 17 ans
21:48et je ne savais pas quoi faire
21:50Tu n'avais pas une idée ?
21:52Non
21:53Tous les acteurs ?
21:54J'ai voulu être journaliste
21:55Journaliste ?
21:56Journaliste
21:57Et finalement en allant rôder devant des studios de cinéma
22:00parce que j'avais un peu dans la tête
22:01J'avais vécu dans un atmosphère
22:03J'étais d'abord allé à Vienne
22:05où ils travaillaient aussi
22:06à Berlin, à Prague
22:07Je les suivais un peu pendant les vacances
22:09Et je me suis présenté
22:11devant les studios Pâté-Latant
22:14Et par bonheur
22:17Je me suis demandé
22:17Est-ce que vous n'avez pas besoin de quelqu'un ?
22:19Il m'a dit
22:19Si il y a une place d'accessoires ici
22:20Je me suis dit
22:21Je prends tout de suite
22:22sans savoir ce que j'allais gagner
22:23C'était 700 francs par mois
22:24J'y suis resté pendant 8 mois
22:27Et là j'ai connu alors
22:29Jean-Pierre Romand
22:29Beaucoup d'artistes
22:30Oui bien sûr
22:31Il y a eu un film qui s'appelle
22:32Le trou dans le mur à l'époque
22:34Et puis bien d'autres choses
22:36J'ai vu débuter Gabin
22:37Et qui tournait un film avec Jean Sablon
22:40C'était Chacun sa chance
22:41Dimitri Ronsen
22:42C'est un exemple
22:44C'était son premier film
22:44C'était son premier film
22:46Et alors moi
22:46À ce moment-là
22:47J'étais l'assistant de
22:49On l'a dit de Baron Sely
22:51Mais avant
22:52J'avais eu d'autres
22:53D'autres metteurs en scène
22:54Pour faire les claquettes
22:55L'accessoirisme comme ça
22:56Mais enfin
22:57Avec Jacques de Baron Sely
22:59J'étais un assistant
23:00Qui m'avait un petit peu remarqué
23:02Et il tournait à ce moment-là
23:04Le rêve d'Émile Zola
23:06Avec Le Bargy
23:08Et Jacques Atelin
23:10Ce qui fait que l'éloge
23:11De ces artistes
23:12C'est à côté les unes des autres
23:13Et j'ai connu Gabin
23:14Tout à fait à ses débuts
23:16Et nous avons sympathisé tout de suite
23:18J'ai des relations
23:19Mondaine
23:20J'ai des relations
23:21Je connais la baronne
23:23Du Mène
23:24Son fils Absalon
23:25Je vais les voir chez eux
23:27Une fois par semaine
23:28Dans leur vieux salon
23:29Où tout un gratin
23:31Des men se promènent
23:32En large et en long
23:33J'y côtoie des gens
23:35S'illustres membres de l'institut
23:38Rassemblés autour
23:39D'un lustre
23:40Ils me disent tu
23:41Par un jeu savant
23:43De miroirs et de glaces
23:44Dans leurs beaux atouts
23:45On les voit de profils
23:47De toes et de faces
23:48Croquant des petits fous
23:50Là, mes relations mondaines
23:52Ne m'empêchent pas
23:54De rencontrer huit fois par semaine
23:56La petite Ida
23:57Qui ne demande rien
23:59A l'existence
24:00Rien qu'un peu de bonheur
24:02Ça suffit pour que nos deux cœurs
24:04Je pense ne forment qu'un cœur
24:06Loin des relations
24:08Mondaine
24:09Loin des relations
24:10Nous allons au bord
24:12De la Seine
24:12A la belle saison
24:14Quand arrive l'hiver
24:15Et sa froidure
24:17Au lit
24:17Nous restons
24:18Et c'est bien ce qu'il y a
24:20De meilleur
24:20Je vous le jure
24:21Dans mes relations
24:23Comme accessoriste
24:42Tu n'étais pas un peu distret
24:43Assez, oui
24:45Jean-Pierre Romand
24:46M'a dit que quand même
24:46De temps en temps
24:47Tu mélangeais un peu
24:48Tu étais assez sur une échelle
24:50C'était l'image
24:52Qu'il avait de toi
24:53Assise sur une échelle
24:54En rêvant
24:55Et on disait
24:55Traîner, traîner
24:56Une fois
24:58On tournait un film
25:00Qui s'appelait Partir
25:01Avec Marcel Chantal
25:03Qui s'appelait
25:04Pas du tout encore
25:05L'époque Marcel Chantal
25:06Elle s'appelait
25:06Madame Jefferson Cohen
25:07Et alors j'étais là
25:09En admiration de Vente
25:10C'était une femme
25:11Très très belle
25:12Très élégante
25:13Et alors elle
25:13Tout d'un coup
25:14Elle dit
25:14Mais enlevez
25:15Cet accessoiriste de là
25:17Il m'empêche
25:18De me concentrer
25:19J'étais tout penaud
25:22Parce que j'ai dit
25:23Madame Jefferson
25:23Des fois c'est l'admiration
25:24C'est vrai
25:25C'était une femme
25:25Alors après
25:26J'étais dans le deuxième film
25:28De Georges Milton
25:29Qui s'appelait
25:30Le roi du cirage
25:33Parce qu'il y avait d'abord
25:33Le roi des rassiers
25:34Et il y a été
25:35Alors j'étais accessoiriste
25:36Là aussi
25:37Et claquette man
25:38Pour le roi du cirage
25:39Et alors là
25:41J'ai fait la connaissance
25:42De pas mal d'artistes
25:43Aussi
25:43Qui étaient là
25:44Il y avait
25:44Christiane Deligne
25:46Qui jouait
25:47Le sexe faible
25:49Et c'est là
25:50Que j'ai vu
25:50Pour la première fois
25:51Elle m'a donné des billets
25:52Et c'est là
25:52J'ai vu pour la première fois
25:54Pierre Brasseur
25:55Et Marguerite Moreno
25:56Je me suis dit
25:58Un jour
25:58Je fais du cinéma
25:59J'engagerai
26:00Marguerite Moreno
26:01Et ce jour là
26:02Est arrivé
26:03On m'a proposé
26:03De faire un scénario
26:04En 1938
26:06La route enchantée
26:07Et j'ai pris
26:08Marguerite Moreno
26:09T'as réalisé ton rêve
26:10Mais c'était facile
26:12Avec elle
26:12Je me sentais comédien
26:14C'était facile
26:15Mais c'était une grande actrice
26:16Oui quand même
26:17Les grands talents
26:18Ça vous aide
26:18Quand j'ai tourné
26:19Avec Popesco
26:20C'était facile
26:21Mais ça te plaisait
26:22D'être accessoriste ?
26:23Mais oui
26:23C'était amusant
26:24Puis alors quand même
26:25C'était l'atmosphère
26:26Des studios
26:26J'étais un peu habitué
26:27Toi même
26:28J'étais un peu habitué à ça
26:29Tout le même
26:30Tu faisais des blagues
26:31Tu t'amusais ?
26:32Oui bien sûr
26:33Tu sortais le soir
26:34Tout le tard
26:35Oui parce que
26:36Bien souvent
26:36Tous ces artistes
26:37Me donnaient des billets
26:38Alors tu allais voir
26:39Les spectacles
26:40Oui j'allais voir
26:41Le marché
26:41Mais tu n'écrivais
26:41Toujours pas de chansons là
26:42Si mais pour les autres
26:44Ah
26:44Pour les autres
26:45Parce qu'il y avait
26:47Des auteurs
26:48En ce moment là
26:48Parce qu'il n'y avait pas
26:49Des auteurs compositeurs
26:50Il y avait des auteurs
26:50Qui n'avaient pas toujours
26:51Des idées
26:51Alors ils me demandaient
26:53D'écrire des chansons
26:54Mais je lui dis
26:54Mais moi je n'écris
26:55Que paroles et musiques
26:56Et je lui dis
26:56Mais voilà ça va allier
26:57Et j'ai fait comme ça
26:58Deux ou trois chansons
26:59Je me suis aperçu
27:00Que ça devenait un succès
27:01Mais je ne l'ai fini pas
27:02On me donnait 50 francs
27:03Ah tu n'avais pas d'éditeur encore ?
27:04Non mais j'étais nègre
27:06Ah oui
27:07Blanc mais noir
27:10Voilà c'est ça
27:11Comme dans la pièce
27:12C'est mon collègue
27:12Alors et puis tout d'un coup
27:16Tu t'es dit
27:16Pourquoi je ne chanterais pas moi ?
27:19Oh mais ça m'est venu
27:20Beaucoup plus tard
27:21Beaucoup plus tard
27:23Ensuite
27:23Quand j'ai eu terminé
27:25Soit disant mes études
27:26Je suis un petit peu
27:27Rodé à Montparnasse
27:28Et là j'ai fait
27:28La connaissance
27:29Des derniers Montparnasse
27:31De l'époque
27:31Et puis des écrivains
27:32Qui rodaient encore par là
27:33J'ai fait la connaissance
27:35D'Antoné Arthaud
27:35Avec qui je suis devenu
27:37Très très ami
27:38Et à ce propos
27:38Il y a eu une histoire
27:39Assez curieuse
27:40C'est qu'on était
27:41Vraiment très liés
27:42Et un jour il me dit
27:43Ben venez me voir demain
27:44J'habite
27:45Il me donne son adresse
27:46Du côté de Grenelle
27:47Et je vais le voir
27:48Et je sonne à sa porte
27:50On m'ouvre
27:52Et je le vois
27:53Entièrement habillé en femme
27:54Je dis
27:55Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
27:56C'était sa mère
27:57Mais il se ressemblait
27:59A un point
28:00C'était sa mère
28:02Alors je lui dis
28:04Charles Trénet
28:06Alors elle ouvre une porte
28:08Et elle crie
28:09Charles Téméraire
28:10Et l'autre qui était au lit
28:12Un peu dans son lot d'un homme
28:14Qui me dit
28:15Qui dit qu'il entre
28:16Ça ne t'en est pas du tout
28:17Que le truc de Bourgogne
28:19Il va le voir
28:20Oui oui oui
28:21C'est magnifique
28:22Alors on est resté très lié
28:24Avec Antoine Arthaud
28:24Et je l'avais connu au studio
28:25Il tournait
28:27Il faisait de la figuration
28:28Comme ça
28:28Alors il frappait contre les décors
28:30Comme ça
28:31Tout le temps
28:32C'était un type comme ça
28:33C'est pour revenir à la réalité
28:34Ah oui
28:34C'est pour redescendre
28:35Parce qu'il n'aimait tellement
28:35On tapait sur les décors
28:37Cocteau tu l'as connu plus tard
28:39Ah oui
28:39Cocteau
28:40Mais non
28:40C'est assez curieux
28:41Quand j'ai eu terminé
28:44Chez Paté-Laton
28:45Je suis habité avec ma mère
28:4647 rue La Fontaine
28:48Et là
28:49J'ai écrit à Cocteau
28:50Je voulais le connaître
28:51Je lui ai écrit
28:52Et ce qui m'a étonné
28:53C'est qu'il m'a répondu tout de suite
28:55Il m'a dit
28:55Mais venez bien sûr
28:56Venez me voir
28:56Et puis j'ai pas osé
28:59Et j'avais marqué
28:59Le numéro de téléphone
29:00Et alors
29:01Ça l'avait intéressé
29:02Cette lettre
29:02Parce que je lui avais écrit
29:03Je ne veux pas jouer
29:04Les persicaires
29:04Etc
29:05Bref
29:05Il s'est dit
29:06Peut-être que ce type là
29:07Il a quelque chose
29:07Enfin ça l'intéressait
29:08Et il me téléphone
29:09Et alors je vois toujours
29:11L'expression de ma mère
29:12Qui me tend le téléphone
29:13Comme si ce téléphone
29:14Était tombé
29:15Dans un baril d'anchois
29:16Pourri
29:17Et elle me tend le téléphone
29:19Et il dit
29:19Tu as Jean Cocteau
29:20Au bout du film
29:21Ah oui
29:21Méfiante
29:22Méfiante
29:23Et avec un air un peu dégoûté
29:24Après ils sont devenus
29:25Les meilleurs amis du monde
29:26Car Jean pour conquérir les mères
29:28Il avait un numéro extraordinaire
29:30D'ailleurs il adorait la sienne
29:31Donc il était tout à fait à l'aise
29:33Avec la mère
29:33Alors ma mère ensuite
29:34Toute sa vie n'a juré que par lui
29:36Elle l'adorait
29:37Longtemps, longtemps, longtemps, longtemps
29:40Appreignent que les poètes ont disparu
29:45Leurs chansons courent encore dans les rues
29:52La foule les chante un peu distraite
29:59En ignorant le nom de l'auteurs
30:03Sans savoir pour qui battaient leur cœur
30:10Parfois on change un mot ou une phrase
30:17Et quand on est à court d'idées
30:20On fait
30:21La la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la la
30:51Chansons qui rendent gai, qui rendent tristes, filles et garçons, bourgeois, artistes ou vagabonds.
31:06Alors comment tu as commencé à chanter alors ?
31:22Et bien j'ai commencé à chanter parce qu'à ce moment-là on entendait partout des duétistes, Pils et Tabette, qui chantaient Coucher dans le foin.
31:30Et puis à des chansons de Mireille et Jean Noé.
31:34Et j'avais des amis qui m'ont dit, mais c'est drôle, on entend des chansons maintenant comme celles que tu fais.
31:41Je ne vais pas chanter ça tout seul, je vais monter un petit numéro duétiste.
31:44Et là, un jour que je me baladais à Montparnasse, je vois dans un petit cabaret, qui s'appelait le Collège Jean, j'entends un piano, j'entre.
31:54C'était un garçon de mon âge, qui jouait magnifiquement.
31:58Mais il ne venait que l'après-midi, parce que sa mère ne lui donnait pas la permission pour le soir.
32:02Moi j'avais 18 ans et lui en avait 17. Johnny avait un an de moins que moi.
32:07Et alors, petit à petit, on a décidé de monter le numéro.
32:10Mais ce qui était très drôle, j'étais très prudent.
32:12J'ai dit, vous jouez très bien du piano, j'ai un camarade qui chante bien, c'était un camarade de Perpignan, Jean Réal.
32:17Nous allons faire un numéro de duétiste avec lui et vous nous accompagnerez.
32:20Oui, très bien, etc.
32:21Et puis, petit à petit, je me suis aperçu que ce garçon, Johnny, chantait très bien, qu'il avait une voix très juste, une voix de musicien.
32:27Donc, il chantait harmoniquement.
32:29Et on nous a monté le petit numéro, Charles et Johnny, qui a duré trois ans.
32:33Et nous nous sommes séparés parce que c'est Marianne qui nous a séparés.
32:38Parce que moi, je suis parti sous les drapeaux.
32:39J'avais 22 ans quand même.
32:41J'avais eu trois ans de sursis d'études, soyez-en.
32:44Mais ces études, je les faisais dans les cabareils avec lui.
32:46C'est là où tu es parti, à Salon.
32:48Je suis parti pour Salon.
32:49Dans l'aviation, tu es où ?
32:50Dans l'aviation.
32:51Dans les nuages, donc, déjà.
32:52Oui, c'est vrai.
32:54Et à Salon, là, j'ai fait mon service militaire, mais je l'ai fait un petit peu partout.
33:00Et puis là, tu as commencé à chanter, alors tout ça.
33:02Et alors là, effectivement, quand j'étais à Salon, j'allais passer mes permissions à Marseille.
33:09Et il y avait un directeur du Grand Hôtel de Marseille et de Montboiry, qui est là, c'est plus de ce monde.
33:15Nous avions un contrat avec Johnny.
33:18Et un jour, je vais le voir, je lui dis, je suis Charles de Charlie & Johnny.
33:21Et je peux chanter tout seul, peut-être, essayer mes chansons dans mon cabaret.
33:24Il a eu confiance.
33:25Il m'a dit, oui, venez, pendant vos permissions.
33:27Et alors, je venais d'Istres, pendant mes permissions, parce que j'avais été muté à Istres.
33:31Et je venais d'Istres, à Marseille, chanter dans les sous-sols du Grand Hôtel.
33:35C'était un petit cabaret qui s'appelait Le Mélodimar.
33:39Et là, j'ai eu tout de suite tout le monde qui est venu là.
33:42Et c'est merveilleux.
33:44C'est là que j'ai connu Marcel Pagnol.
33:46Et c'est merveilleux qu'un homme comme ça, bon, qui n'est pas...
33:50Te donne ta chance, tu aies confiance en toi.
33:53Parce qu'il nous connaissait de Charlie & Johnny.
33:55Nous avons entendu dans des cabarets à Paris.
33:57Ça l'intéressait.
33:58Alors, t'as rencontré Pagnol.
34:00J'ai rencontré La Pagnol, j'ai rencontré Louis Ducreux, qui avait le rideau gris à ce moment-là.
34:05Avec André...
34:06Roussin.
34:07Oui, qui vient de mourir.
34:09Mais Ducreux, tout ça, c'était tout bon.
34:12Et alors, un jour, Maurice Chevalier est venu là, dans ce cabaret, voir ce que je faisais.
34:18C'est la première fois qu'il m'a vu seul.
34:20Ah oui.
34:21Il m'a dit cette phrase étonnante, quand nous nous sommes rencontrés en escalier.
34:24Lui était...
34:25Moi, je remontais avec ma tartine de caviar, parce que j'avais fait un contrat où j'ai dit que je voulais te nouer.
34:31Et du caviar après.
34:32Oui.
34:33Après, on a fait un prix, parce qu'il m'a dit que ça lui coûtait trop cher.
34:36Mais je monte avec ma tartine de caviar, et je rencontre Maurice dans l'escalier à qui il venait chercher une bouteille d'eau.
34:42Et il m'a dit, oh, c'est extraordinaire ce que vous avez fait là ce soir. Vous ne savez pas l'argent que vous allez gagner.
34:48Ah oui.
34:49La première fois.
34:50Mais je ne l'y pensais absolument pas.
34:52Et c'est très curieux.
34:53Et ça m'a donné à réfléchir après quand même, parce que lui savait.
34:55La mer qu'on voit danser le long du Golfe Clay
35:06Un des reflets d'argent
35:09La mer
35:12Des reflets changeant sous la pluie
35:19La mer
35:22Au ciel d'été
35:24On fond ses blancs moutons
35:29Avec les angles c'est pur
35:32La mer
35:34La mer
35:35Des verres d'azur
35:36Infini
35:38Je
35:40Vous voyez
35:42La mer
35:43La mer
35:44La mer
35:45La mer
35:46La mer
35:47Elle est
35:49La mer
35:51La mer
35:53La mer
35:54La mer
35:56A bercer mon cœur
35:58Pour la vie
35:59La mer
36:01La mer
36:02La mer
36:05La mer
36:06Lui d'abercer le nom des golfs glauves
36:14Et d'une chanson d'amour, la meur
36:21A bercer mon cœur pour la vie
36:36Mais alors Charles, on arrive à Paris
36:50Où tu fais la baissée
36:52Donc c'est ton premier contrat, tu vas d'abord chanter
36:54Dans des camarades
36:55C'est ça, je passe en numéro 3, la baissée
36:57Et puis alors à la suite de cela
37:00Mitty Goldine, qui était un homme charmant du reste
37:04Il chantait très bien
37:05Et alors, à ce moment-là, j'avais toujours avec moi Francis Blanche
37:08Que j'ai connu, je ne sais pas, il devait avoir 16 ans
37:10Et il venait avec moi
37:13Et un jour, on assiste à une audition d'un comique
37:17Alors, comme il avait confiance en moi
37:20Après le premier passage, Goldine me dit
37:22Tu me diras ce que tu en penses, etc
37:24C'est un pauvre comique qui faisait
37:26Et Goldine se retourne vers nous
37:32J'étais avec Francis
37:33Et nous fait
37:34Ça ne fera pas rire
37:36Alors là-dessus, c'est là-dessus que Francis est parti avec cet accent-là
37:40Quand il a fait une babette et tout ça
37:42C'était l'accent de Goldine qu'il faisait
37:44Un limité Goldine
37:45Tout le temps
37:45Alors là, on se parlait en Goldine toute la journée
37:47Et alors là ?
37:48Et bon, alors la baissée, ça a été un triomphe
37:52Moi, oui, mais alors là, je passais en tête d'affiche
37:56En tête d'affiche, la deuxième fois, en 1938
37:58Donc, c'était un vrai début, quoi ?
38:01Absolument
38:02Et alors, c'était une vengeance sur tous les impressariaux de l'époque
38:07Qui trouvaient que nous étions trop jeunes avec Johnny
38:09C'est pour ça que finalement, on aurait pu avoir plus de succès qu'on a eu
38:11Parce qu'on n'aimait pas la jeunesse à ce moment-là
38:14Et puis les états-bés, c'était des gens
38:15C'était des hommes
38:17C'était pas des adolescents
38:18Ils avaient 29-30 ans
38:21Alors on nous disait, mais attendez, attendez
38:23Et nous, on avait 18 ans, on voulait débuter
38:25Tandis que maintenant, qui est-ce qui va se présenter à 30 ans
38:29Pour faire une carrière de chanteur ?
38:30On lui dira, mais c'est trop tard, c'est trop tard
38:32Et alors Jean Coctoy avait fait une critique merveilleuse ?
38:37Oui, bien sûr, ça ne l'a plu tout de suite
38:39Il était venu ensuite, il était venu avec Colette
38:41Et ça les avait enthousiasmés
38:44Mais bon, en ce moment-là, on ne s'est plus quittés
38:47On se voyait
38:48J'avais beaucoup vu Marc Jacob, moi aussi
38:52Je l'ai toujours vu à peu près, soit Marc, à un certain moment, ne sortait plus
38:56Tandis qu'avec Jean, on pouvait sortir, s'amuser, on allait au bœuf
38:59Il était quand même plus...
39:01Il était extrêmement parisien
39:03Et moi, j'avais besoin de prendre des leçons de parisianisme
39:06Oui, toi qui étais un vrai provincial
39:07Eh oui, bien sûr
39:08Je ferais encore un peu comme ça, tu comprends ?
39:11Mais il ne faisait rien
39:12Oui, il avait des histoires vraisemblables
39:15Il l'inventait
39:16Mais toujours
39:17Il m'en vient de théâtre comme ça
39:20Il avait trouvé des épousteuses
39:22Je ne sais pas s'il y a eu le courant des épousteuses
39:23Eh bien, ce sont des femmes qui viennent critiquer en s'époustant
39:27Alors, avec ses mains
39:30Alors, voilà ce qu'on venait
39:31Oh, elle est vraiment charmante, cette petite
39:33C'est dommage qu'il n'y ait pas de voix
39:35Il s'est poussé à l'écritique
39:37Il s'est poussé à l'écriture
39:38Il fait des époustes
39:39C'est gelé d'ailleurs
39:40Oh, des tas de choses de théâtre
39:42J'ai assisté à toutes les représentations, bien sûr
39:46Mais aux répétitions
39:47Des parents terribles
39:48Avec...
39:49Comme il ne pouvait pas avoir à cette époque-là
39:51Yvonne Debré
39:52C'est Germaine Dermot
39:53Qui a pris le rôle
39:54Et j'ai assisté à toutes les répétitions
39:56Et moi, encore assez naïf
39:58À cette époque-là
39:58Je l'entendais
39:59Mais qui hurlait
40:00Qui hurlait
40:02À un moment
40:02Mais j'ai dit
40:03Mais je vais dans ta loge
40:04Après, je dis
40:05Vous êtes fatigué ?
40:05Non, ça va
40:06J'ai dit
40:06Mais tous ces cris
40:07N'aie pas peur d'un drôle
40:08Et elle me répond
40:08Oh non, je place mes cris
40:10J'étais merveilleux
40:13Je vais les répéter à Jean
40:14Tout de suite
40:14Elle place ses cris
40:16Oui, elle place ses cris
40:17Tu es en train de se
40:17Elle place ses cris
40:18Tu connais le mot merveilleux
40:20Quand Yvonne Debré
40:21Elle a tourné le film
40:22Et après, elle l'a joué au théâtre
40:23Puis elle était ivre-morte
40:24On a dû baisser le rideau plusieurs fois
40:26Et elle l'a remplacée par Berthe Bovy
40:28Qui a bien voulu pendant trois semaines
40:29Remplacer Yvonne Debré
40:30Et le premier soir
40:31Argent était dans les coulisses
40:33Alors, Bovy était une grande actrice
40:35Mais bien sûr
40:35Elle n'avait pas le génie
40:36L'Yvonne Debré
40:37Le rideau se lève
40:38Elle commence à jouer
40:39Et on entend Jean qui dit
40:39Quel dommage
40:40Qu'elle ne boive pas
40:41Elle doit quand même jouer
40:45La voix humaine
40:45Oui, oui
40:46Elle était magnifique
40:47Puis elle a baissé
40:48Bon, la guerre
40:49Et alors, pendant la guerre
40:50Je faisais des tournées en province
40:53Bon, mais alors
40:53Il y a eu un moment
40:54Où les trains n'étaient plus chauffés
40:55C'était plus possible
40:56Et comme il n'y avait plus d'essence
40:57Pour mettre dans la voiture
40:59J'ai accepté de faire du cinéma
41:01Et j'ai tourné un petit peu
41:02N'importe quoi
41:02Mais enfin, des films gentillers
41:03Qui n'ont jamais fait perdre un sou
41:04A leurs producteurs
41:05Mais enfin, il n'y a pas de quoi s'inventer
41:07Que tu avais écrit ?
41:08Le premier, oui
41:09Mais c'était avant la guerre
41:10C'était en 38
41:10Oui
41:11Ensuite, à fin
41:12C'est à l'âge
41:13J'ai tourné deux
41:14Et fin 38
41:15Il y a eu
41:15Je chante
41:16Qui était pas mal aussi
41:17Qui était très gentil
41:18Et puis après
41:19Il y a eu le romance de Paris
41:20Mais tout ça
41:21C'est des films gentillers
41:22Mais ce n'est pas des films comme ça
41:24Qui vont faire du programme de cinéma
41:25À part le premier
41:27Et le dernier
41:28Le premier, il était de moi
41:29Le dernier, il était de Brévert
41:30Oui, c'est pas mal
41:31J'ai tourné
41:32C'est son frère, Pierre
41:33Qui a mis en scène
41:34Adieu Léonard
41:37Avec, j'avais comme partenaire
41:39Pierre Brasseur
41:40Et Carette
41:41Que je prenais presque dans tous les films
41:42Ah oui, oui
41:43Parce que c'était un génie
41:45Ah oui, il avait une invention
41:47Tout
41:48Une merveille
41:49Très, très, très, très
41:50C'est un vrai Parisien alors
41:53Oh oui
41:54Puis alors
41:54Il était toujours dans une espèce
41:56De nuage sérieux
41:58Il était sérieux
42:00Dans une espèce de folie
42:01À lui
42:02Oui, il allait très loin
42:03Oui
42:03Puis alors
42:03Cette voix
42:04Fantastique
42:05On ne sait pas d'où ça sortait
42:06Il avait une voix de ventriloque
42:08C'était une espèce de charlot
42:10Quand même
42:10C'était un charlot
42:11C'est un jardin
42:13Extraordinaire
42:14Il y a des canards
42:16Qui parlent
42:17T'anglais
42:18Leur donnent du pain
42:20Ils remuent leur derrière
42:22En me disant
42:23Thank you very much
42:25Monsieur Twainet
42:26On y voit
42:28Aussi des statues
42:30Qui se tiennent tranquilles
42:32Tout le jour
42:33Dit-on
42:34Mais moi je sais
42:35Que dès la nuit venue
42:37Elle s'en va danser sur le gazon
42:40Pour ceux qui veulent savoir
42:44Où jardin se trouve
42:45Il est, vous le voyez
42:47Au cœur de ma chanson
42:49J'y vole parfois
42:51Quand un chagrin m'éprouve
42:54Il suffit pour ça
42:57D'un peu d'imagination
42:59Il suffit pour ça
43:01D'un peu d'imagination
43:04Balles de nuit
43:06Les oiseaux
43:07Les fleurs émerveillées
43:09Artémise
43:11Oh douceur
43:11Extase de l'amour
43:13Je vous retrouverai ce soir
43:15À la veillée
43:16Belle
43:17Et pareille au premier jour
43:19Et je vous aimerai
43:21Sous la clarté lunaire
43:23Du jardin
43:25Extraordinaire
43:27Il suffit pour ça
43:30D'un peu d'imagination
43:32Bon alors on va parler de toi
43:34Parler de toutes tes carrières
43:35Qu'on connaît
43:36Et où tu as fait le tour du monde
43:37Mais quel est le public
43:39Quel est l'endroit
43:40Bien sûr la France
43:41Mais où tu as été
43:43Le plus heureux
43:43Au Canada
43:44Finalement dans les pays
43:45On comprend le français très bien
43:46Au Canada
43:47Parce qu'il y a quand même
43:48Une affection particulière
43:50Pour la France
43:50Mais la Belgique c'est magnifique
43:52La Suisse aussi
43:52Et même dernièrement
43:54En Angleterre
43:55A Londres
43:57Où j'étais allé très peu
43:59Et ils ont mis dans les critiques
44:00Les meilleures images de la France
44:03Se reflètent à Charles Traite
44:04C'est comme ils ont raison
44:05Oui enfin
44:06Je m'attendais quand même pas à ça
44:08Et Charles
44:09Quel est le
44:10Dans toutes les personnalités
44:12Que tu as rencontré
44:12Les gens qui t'ont
44:13Qui t'ont fasciné
44:15Qui t'ont
44:15Parce que
44:16On parlait de Cocteau tout à l'heure
44:18Oui beaucoup
44:19Arthaud aussi
44:20Il était très fascinant
44:20Machacob Arthaud
44:21Puis des peintres aussi
44:24La peinture
44:26La peinture ?
44:26Oui mais j'ai connu beaucoup de peintres
44:28Qui m'ont donné la peinture
44:29Oui bien sûr
44:30Vlamin que j'ai connu
44:32Renoir ?
44:34Non je n'ai pas connu Renoir
44:35J'ai très bien connu Maurice Trudeau
44:37Très bien
44:38J'ai encore beaucoup de photos avec lui
44:40Où je suis en train de le regarder peindre
44:41Comme ça
44:42Et je l'ai placé
44:43Chez moi
44:45A nos gens
44:46Cette photo
44:47Au dessus
44:47D'un petit tableau de lui
44:49Qu'il m'avait donné ce jour là
44:50Un moment de ce manège
44:51Qui est adorable
44:52Et Sacha Guiterie tu as connu ?
44:53Oh oui
44:54Très bien
44:55Très bien
44:56D'autant plus qu'on se voyait très souvent
44:57Pour cette pièce
44:58Qui devait s'appeler
44:59Mon Auguste grand-père
45:00Qui était l'histoire
45:01De quelqu'un
45:02Qui était à la recherche
45:03De son grand-père
45:03Il y avait des allusions
45:04Avec des gens
45:05Qui devraient chercher
45:06Tout leur état civil
45:08Pour les présenter aux allemands
45:09Et alors
45:10Comme j'étais un petit peu
45:11Dans ce cas
45:11Il en a fait une pièce
45:13Pour moi
45:14Et pour
45:15La femme
45:16Qui l'avait épousée
45:17À ce moment là
45:17Qui était Geneviève
45:18De Syrieville
45:18Qui était une femme
45:19Qui est venu Geneviève Guiterie
45:21Qui est venu Geneviève Guiterie
45:22C'est ça
45:23Et il fallait donc
45:25Aller le montrer
45:26À la commande tour
45:28À la propagande
45:29Et alors on lui a dit
45:30Écoutez monsieur Guiterie
45:31Vous ne pouvez pas
45:32Faire une pièce
45:33Comme ça
45:33Qui ridiculise
45:34L'armée allemande
45:35Et les allemands
45:35En ce moment
45:36Nous ne pouvons pas
45:37Etc
45:38Alors lui
45:38Part sur ses canchevaux
45:39Et il dit
45:40Eh bien
45:40Puisque vous ne voulez pas
45:42De ma pièce
45:43J'irai demander
45:43L'autorisation pour vous
45:45À votre supérieur
45:45Le docteur Goebbels
45:47Et il s'en va
45:49Et nous nous retrouvons
45:50Dans un couloir
45:51Dans un escalier en fer
45:52Parce qu'en fond
45:53Il me faisait partir
45:53Par la sortie de secours
45:55Avec un être
45:56Il donne un grand
45:58Coup d'écharpe rouge
45:59Comme ça
45:59Et il me regarde
46:00Je dis
46:01Mais vous
46:01Vous le connaissez
46:02Le docteur Goebbels
46:03Il me dit
46:04Pas du tout
46:04Ah oui
46:07Le débagulé
46:07Ah oui
46:08Le culot
46:09Ah oui
46:09Alors finalement
46:10On n'a pas joué
46:11À la pièce
46:12Puis il est arrivé
46:13Ce que tu sais
46:13Il a été emprisonné
46:15On l'a torturé
46:16Oralement
46:17Je suis content maintenant
46:18Qu'on s'aperçoit
46:19Qu'il est un grand auteur
46:20Un grand auteur
46:21Mais un très grand français
46:22Parce qu'il faisait ça
46:22Édicument pour le préciser
46:23La France est de Paris
46:24Pour embêter les autres
46:25On trouvait des gens lourds
46:27Et nous
46:28Nous gardons notre esprit
46:29Malgré notre détresse
46:31C'était bien
46:32Seulement
46:33Tout de même
46:34À ce moment là
46:35On l'a commencé à bavarder
46:36Moi je commençais
46:36À recevoir des cercueils aussi
46:37Oui l'horreur
46:38À cause de mon amitié
46:40Pour Sacha Guitry
46:41Quand tu composes ça
46:42Tu composes très vite ?
46:44Assez
46:45Ou alors
46:45Je me suis jamais assis
46:46À mon bureau
46:47En me disant
46:48Je vais faire une chanson
46:49Ça, ça me fascine
46:50Mais oui
46:51Mais ça
46:51Il faut être un génie
46:52Pour ça
46:52Et puis tout recours
46:52Écrivait 100 vers tous les matins
46:54Moi je peux pas
46:55Il faut que l'inspiration arrive
46:57Et alors à ce moment là
46:58La chanson se fait dans ma tête
47:00Et puis quand elle est finie
47:01Au lieu de l'écrire
47:02Je la transcri
47:02Et puis c'est fini
47:03Mais tu le mets d'abord au piano ?
47:05Non pas du tout
47:06Non j'entends parole et musique
47:07Ah t'entends parole et musique ?
47:08Si ça ne l'est pas parole et musique
47:09J'ai beaucoup de difficultés
47:11Et comme ça
47:12J'ai pas mal de musiques
47:13Qui sont restées sans parole
47:15Tu m'as d'ailleurs même fait une chanson
47:16Tu m'as dit que j'avais une chanson
47:18C'est un sujet de chanson
47:19Ça s'appelle la petite musique
47:21Qui est l'histoire d'une musique
47:22Qui n'a jamais eu de parole
47:23Mais enfin ça fait une chanson
47:24Ça fait des paroles aussi
47:26Mais je raconte l'histoire
47:26D'une petite musique
47:27Qui n'a pas eu de parole
47:28Il revient à ma mémoire
47:30Des souvenirs familiers
47:32Je revois ma blouse noire
47:35Lorsque j'étais écolier
47:37Sur le chemin de l'école
47:40Je chantais à pleine voix
47:42Des romances sans parole
47:45Vieilleux chanson
47:48D'autrefois
47:51Douce France
47:56Chère pays de mon enfance
48:00Bercée de tendres insouciances
48:04Je t'ai gardée dans mon cœur
48:08Mon village
48:12Aux clochers
48:15Aux clochers
48:15Aux maisons sages
48:17Où les enfants de mon âge
48:21Ont partagé mon bonheur
48:25Oui je t'aime
48:29Et je te donne ce poème
48:34Oui je t'aime
48:38Dans la joie ou la douleur
48:42Douce France
48:46Chère pays de mon enfance
48:50Bercée de tendres insouciances
48:54Je t'ai gardée dans mon cœur
48:58Je t'ai gardée dans mon cœur
49:04Alors Charles Trénet
49:13Quel bonheur
49:14Quel bonheur de rencontrer quelqu'un
49:16Et qui a gardé cette jeunesse
49:18Cette enthousiasme
49:19Alors comment fais-tu ?
49:21Bon je sais que la vie t'aime
49:22Puisque tu l'aimes
49:22Beaucoup
49:23J'aime beaucoup la vie
49:25Mais enfin
49:26Il faut l'aimer
49:27Avec l'ardeur nécessaire
49:30Et indispensable
49:31À mon âge
49:32Donc pour cela
49:33Il faut être en forme
49:34Et la forme
49:35Elle est
49:36Pour moi
49:37La forme
49:38C'est d'avoir une bonne santé physique
49:41Et morale
49:41La santé morale
49:43On peut l'avoir
49:43Par la santé physique
49:44C'est-à-dire que
49:467 km par jour
49:47Dans le bois de Vincennes
49:48Me sont nécessaires
49:51Si je ne les fais pas
49:52Tous les jours
49:53Je me sens moins bien
49:54Et ensuite
49:55Une alimentation normale
49:57Sans se priver de rien
49:58Dans la mesure
49:59Où on ne fait pas
50:00Des excès stupides
50:02Où on ne fait pas
50:03Dans des restaurants
50:04Soit disant
50:05Gastronomiques
50:06Et qui sont simplement
50:07Astronomiques
50:08De prix
50:10Et puis bien dormir
50:11Et puis boire du vin
50:12Pas trop
50:13Et un tout petit peu d'alcool
50:15Un demi-verre
50:17Le jeudi
50:18Le jeudi
50:19Le jeudi
50:20Oui
50:20Parce que ça me rappelle
50:22Mon enfance
50:23Où le jeudi
50:23Était le jour de sortie
50:24Alors on organisait
50:26Le jour
50:26On discutait
50:27Arrosait le bon petit vin
50:28À la maison
50:29Et puis on est très heureux
50:31Que grâce à toi
50:32C'est vrai que
50:33Des générations
50:34Le matin
50:34Se sont réveillées
50:35En chantant
50:36Tes chansons
50:37Que dans la rue
50:38On chante tes chansons
50:39Et que
50:40Les grands-mères
50:41Les pères
50:42Les enfants
50:43Les petits-enfants
50:44Et ceux qui vont naître
50:45Plus tard
50:45Chantant tes chansons
50:46Ça c'est merveilleux
50:47D'être un poète
50:48Merci
50:48Ce que j'aime bien
50:50À penser
50:50C'est que si un jour
50:51Je meurs dans un lit
50:52Et que mes chansons
50:53Continuent à vivre
50:53Dans la rue
50:54Bye bye
50:54Vous venez d'écouter
51:00Destins Extraordinaires
51:02Un podcast
51:03issu des archives
51:04d'Europe 1
51:05Réalisation
51:07Julien Tarot
51:08Production
51:09Romy Azoulay
51:11Patrimoine sonore
51:13Sylvain Denis
51:14Laetitia Casanova
51:15Antoine Reclus
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