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Jean Moulin, tombé entre les mains de Klaus Barbie à l’été 1943, se sait démasqué. Il regarde son bourreau dans les yeux et lui dit : « vous allez perdre ».

Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00Anne Rosencher, en toute subjectivité, donc en ce 8 mai, vous revenez sur une information que vous avez lue récemment, à propos de Jean Moulin.
00:07Oui, c'est un passage qui figure dans les archives accumulées par le journaliste allemand Gert Eidmann,
00:12dont la tribune dimanche publiait des extraits le week-end dernier.
00:16En août 1979, ce journaliste a rencontré pendant de longues heures Klaus Barbie à La Paz, en Bolivie,
00:23où l'ancien tortionnaire de la Gestapo vivait sous une fausse identité depuis 28 ans.
00:27Et le passage qui m'a marqué de ces archives inédites concerne en effet Jean Moulin, tombé entre les mains de Klaus Barbie à l'été 1943.
00:37On apprend que lors d'un interdactoire, Jean Moulin, qui se sait démasqué, regarde son bourreau dans les yeux et lui dit « vous allez perdre ».
00:47Il lui dit « vous allez perdre » alors que lui-même sait qu'il va être torturé et mourir.
00:52Il regarde le boucher de Lyon dans les yeux et il lui dit « vous allez perdre la guerre ».
00:58Parce que du tréfonds de l'enfer auquel il se prépare, Moulin est porté par la foi en la victoire, en la France et en la liberté.
01:07Cette foi, on la retrouve dans le témoignage de nombreux résistants, dont un qui me tient à cœur,
01:12celui de mon grand-père Henri Rosencher, déporté comme prisonnier politique à Dachau en août 1944 sous le faux nom de Georges Breuillot.
01:22Interrogé dans une émission près de 50 ans plus tard, en 1991,
01:27il confirmera que c'est bien la certitude de la victoire qui leur a fait tenir dans le camp de concentration.
01:32Ceux auxquels j'appartenais étaient les déportés résistants, dit-il.
01:38Il y avait en nous une fraternité venant de notre foi commune dans le relèvement de la France.
01:44C'est ce qui faisait qu'on était confortés les uns par les autres et que l'on tenait,
01:48malgré les privations, les tortures et le fait de se savoir abandonnés aux mains des SS.
01:5480 ans après la victoire de 1945, Anne, est-ce qu'il existe selon vous un leg de la résistance ?
02:01A bien des égards, c'est un héritage trop impressionnant et presque impossible.
02:06Et il faut toujours faire attention à ne pas superposer les époques.
02:10Les temps de paix ne nécessitent pas le courage de Jean Moulin ni de son terrible cortège.
02:15Les temps de paix ne suscitent pas la même ferveur.
02:18Patriote, c'est évident.
02:19Mais n'oublions pas, même en temps de paix,
02:22que les principes de la France, que son projet, que son modèle, doivent se défendre sans honte.
02:27De notre pays, De Gaulle disait qu'il était condamné à viser haut et se tenir droit.
02:33Cela me semble toujours une bonne feuille de route.
02:36Alors j'entends ceux qui, aujourd'hui, au nom de la capacité des démocraties à douter,
02:41au nom de l'aspiration des démocraties à s'améliorer,
02:44voudraient tout déconstruire des principes de l'histoire, de la culture dont nous héritons.
02:49Je leur dis prenez garde, car dans cet édifice-là, celui qui vous paraît si honteux
02:54figure aussi les remparts face aux menaces contre la liberté,
02:58qu'elles viennent de l'intérieur ou de l'extérieur.
03:01Anne Rosencher, du journal L'Express, en toute subjectivité, merci.
03:04Sous-titrage Société Radio-Canada

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