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Avec toute mon âme, c'est le titre du premier livre de Tifany Huot-Marchand, disponible le 16 mai prochain, aux éditions En Exergue. Dans cet ouvrage, Tifany revient sur son terrible accident survenu le 9 octobre 2022 aux Pays-Bas, sur une piste de short-track. Aujourd'hui, avec une force mentale et un courage exceptionnels, Tifany marche, court, fait du vélo, et a même remis les patins, alors qu'on lui avait dit qu'elle ne remarcherait sans doute plus jamais. Malgré un handicap encore présent et de nombreuses douleurs et séquelles, elle regarde désormais vers l'avenir et le para-cyclisme.

Catégorie

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Sport
Transcription
00:00Musique
00:00Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport,
00:19soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:22Bienvenue dans La Victoire est en elle avec, j'allais vous dire comme d'habitude,
00:26une femme exceptionnelle mais peut-être encore plus.
00:28Et surtout pour les invités précédentes, ne le prenez pas mal,
00:32mais la lecture de ce livre de Tiffany Huomarchand est juste époustouflante,
00:37ébouriffante, avec toute mon âme.
00:39Tu vas nous raconter exactement tout ce qui s'est passé Tiffany, bonsoir.
00:42Bonsoir.
00:43Tu vas nous raconter évidemment ce qui s'est passé ce 9 octobre 2022 à Irine-Ven aux Pays-Bas,
00:48une compétition de short track, tu fais partie des meilleurs mondes.
00:52Et puis il y a cette chute, cette chute qui te coûte encore aujourd'hui très cher.
00:57On va expliquer tout cela.
00:59Tu le dis d'ailleurs dans le livre « La glace m'a brisé, tétraplégique, je me suis relevé ».
01:04Aujourd'hui tu marches, tu cours, tu fais du vélo.
01:07Alors évidemment il y a encore beaucoup de séquelles.
01:09Tu parles d'handicap invisible, on en parlera, mais même d'handicap visible,
01:12on en parlera tout à l'heure.
01:14Je voudrais juste qu'on regarde cet extrait de ce reportage incroyable
01:18que tu as consacré France Télévisions et on les remercie.
01:20« Le combat d'une vie », ils t'ont suivi pendant de longs mois.
01:24Regardons ces images et on en parle évidemment juste après.
01:27La vie de Tiffany bascule le 9 octobre dernier dans cette patinoire aux Pays-Bas.
01:32Je fais un dépassement à l'extérieur.
01:34Il y a un adversaire qui décroche et du coup qui me met un coup,
01:39ce qui fait que je chute et ensuite elle chute.
01:43Sauf que Tiffany, elle, ne se relève pas.
01:48Ça a tapé et étonnamment je n'ai pas eu mal.
01:53Je n'ai juste rien senti.
01:57Mes jambes sont tombées sur le côté et mes bras dans la même direction,
02:02sauf que j'étais dans ma tête totalement désarticulée.
02:07Et puis ça a été le début de l'enfer parce que je ne sentais plus rien.
02:12Et je ne pouvais pas bouger la tête non plus.
02:13J'avais juste les yeux qui bougeaient.
02:16Puis ensuite, les secours sont arrivés.
02:20Mon corps s'est réveillé.
02:22Et là, je n'ai jamais senti une douleur aussi vive de toute ma vie.
02:28Mon corps m'a brûlé.
02:29J'avais l'impression que j'étais dans des flammes
02:33et je n'attendais qu'une chose, c'était qu'on me sorte de là.
02:38Au bloc, j'ai rencontré mon superbe chirurgien.
02:42Il m'a regardé dans les yeux et il m'a dit
02:44« Par contre, tu ne remarcheras probablement plus jamais. »
02:51Tiffany, c'est dur de voir ces images.
02:54Oui, ça me fait quelque chose.
02:55Je suis émue de revoir ça parce que c'était une période difficile de ma vie, vraiment douloureuse.
03:01Ça me rappelle tous ces mauvais souvenirs.
03:05En même temps, je me dis que je suis ici aujourd'hui.
03:09Beaucoup de chemin parcouru.
03:12Mais ça ne fait que deux ans et demi.
03:13Exactement.
03:15Je voudrais m'arrêter sur deux mots.
03:17Et après, on parlera toute la suite, évidemment.
03:19Tu parles de désarticulé.
03:21Oui.
03:21C'est quoi cette sensation ?
03:23J'avais vraiment l'impression que mes bras étaient tordus entièrement.
03:26Et tes jambes ?
03:27Mes jambes, j'avais vraiment l'impression qu'elles étaient devant moi,
03:30mais je ne les voyais pas, je ne voyais plus rien.
03:32Et je n'avais plus aucun repère.
03:34J'avais l'impression que la patinoire était totalement retournée.
03:37Et on n'a plus de repère parce qu'on ne sent plus rien.
03:40Le verdict va vite tomber, fracture d'une cervicale avec une atteinte de la moelle épinière.
03:44Tu parles de brûler.
03:47C'était quoi cette douleur ?
03:48Ça partait d'où ?
03:48Ça allait où ?
03:49C'était des douleurs neuropathiques.
03:51Donc ma moelle épinière m'envoyait des signaux, des signaux très forts.
03:56Et c'était dans tout le corps.
03:57J'avais vraiment l'impression qu'on m'avait mise dans des flammes.
04:01Et c'était terrible.
04:02Tu interprétais comment ces deux passages de désarticulé, brûlé ?
04:06Finalement, il est encore là parce qu'il te brûle ?
04:08Je ne comprenais pas ce qui se passait.
04:10On panique ?
04:10On panique terriblement.
04:12Et puis, on a l'impression d'être dans un cauchemar.
04:15J'ai même posé la question à ma kiné de savoir si j'étais morte.
04:18J'étais vraiment perdue.
04:20Et pendant un temps, je me suis dit, en fait, je suis morte et voilà.
04:23On t'évacue, on t'amène à l'hôpital.
04:25Oui.
04:25Qui te dit quoi ?
04:27Mon chirurgien m'annonce juste avant l'opération que je ne remarcherai probablement plus jamais.
04:32Et là, c'est encore plus le chaos finalement parce que j'avais très bien compris que j'étais paralysée.
04:38Sauf que lorsque c'est le médecin, le chirurgien qui nous l'annonce, c'est quand même différent.
04:42Ça prend une autre dimension.
04:44On t'opère et on a quelques images.
04:46Tu vas avoir des vis que tu as toujours d'ailleurs.
04:48Oui.
04:49Elles sont placées où ces vis ?
04:50Au niveau de la cervicale, donc là, on peut voir encore un peu ma cicatrice.
04:55Ils m'ont ouverte par ici et ils ont placé des plaques, une plaque et des vis en tétane.
05:00Et ça s'appelle une double arthrodèse.
05:02Donc c'est vraiment les, c'est ça, on arrive bien à le voir là, les cervicales qui font un bloc à présent.
05:08Oui.
05:09Et qui relient C4, C5 et C5, C6.
05:12Quand tu sors du bloc, on te dit quoi ?
05:15Ou on ne te dit rien ?
05:16On ne dit pas grand-chose.
05:17Je ne vois pas mon chirurgien.
05:18Donc là, finalement, les premiers réflexes, c'est OK, est-ce que je bouge ?
05:25Donc dans un premier temps, ça ne bouge pas, ça ne répond pas, tout petit peu.
05:28Mais les douleurs sont toujours présentes.
05:31Et puis là, on se dit, bon, voilà, ça commence à partir de maintenant, finalement.
05:35Le combat.
05:36Exactement.
05:36La deuxième vie.
05:38Oui, une deuxième vie, même si sur le coup, on ne s'en rend pas compte.
05:41De se dire, bon, maintenant, c'est une reconstruction, une renaissance.
05:43J'étais vraiment dans l'optique de, bon, je me suis blessée et à présent, il faut entamer une rééducation, comme tous sportifs, sportifs qui sont blessés.
05:53On va revenir sur tout ce long processus de rééducation, physique, mental, évidemment.
05:59Et ta force exceptionnelle.
06:02Enfin, moi, je suis fasciné par cette force, ce courage qui te permet d'être là aujourd'hui.
06:06Quand on voit les images que l'on va voir maintenant, j'ai envie de te demander comment tu vas.
06:10Cet été, tu as fait le marathon pour tous.
06:13Tu as fait ce marathon 5h38, à peine deux ans après ton accident.
06:17Non, c'est incroyable.
06:20Oui.
06:20Non, non, vous ne remarcherez plus.
06:22Deux ans après, tu fais le marathon.
06:23Alors certes, 5h38, mais j'allais dire, c'est la perve du siècle quand même.
06:28Oui, oui, totalement.
06:29Et puis, ce marathon, c'était énormément de fierté, mais c'était aussi terriblement difficile, il faut le dire.
06:35Bien sûr.
06:36J'ai eu des douleurs liées avec mon accident, des douleurs neuropathiques, des douleurs dues à mes séquelles.
06:42Et ça a été très dur.
06:43Ça a été dur physiquement.
06:45Et puis, j'avais vraiment l'impression que je n'allais pas aller au bout.
06:48Au 14e kilomètre, j'ai quand même posé la question à mes deux amis.
06:52Et je leur ai dit, mais je crois que je vais devoir abandonner.
06:54J'en fais plus, j'ai trop mal.
06:56Et puis, en fait, je me suis tout de suite ressaisie à me dire, OK, je n'ai jamais abandonné de ma vie.
06:59Ce n'est pas maintenant que je vais le faire.
07:00Si je dois le terminer en rampant, je le ferai en rampant.
07:04Mais ce mental, Tiffany, qui vous cesse de t'accompagner.
07:07Oui, je ne sais pas.
07:09C'est normal pour moi, finalement.
07:12Oui, normal pour toi, mais bon.
07:15Je voudrais aussi qu'on s'arrête trois petites secondes.
07:17Tu es la marraine de la fondation Wings for Life.
07:20Tu as couru l'un des plus grands événements de running au monde pour financer la recherche sur la moelle épinière.
07:27C'est important, j'imagine, cet engagement pour toi aussi de dire,
07:30et on viendra sur la motivation du livre, mais on la comprend déjà,
07:33qui est de dire, oui, il faut avancer, il faut aider la recherche et dont tout le monde.
07:39Oui, totalement.
07:40Ça fait vraiment aussi écho à mon histoire, cette fondation et cette course Wings for Life.
07:46Parce qu'aujourd'hui, on n'a pas encore trouvé de remède contre les lésions de la moelle épinière.
07:52Et grâce à l'aide de cette course, on pourra, j'espère, vite trouver un remède contre les lésions de la moelle épinière.
08:00Et puis encore une fois, c'est un bel événement, donc ça me tient vraiment à cœur.
08:05Je voudrais juste quand même qu'on revienne sur une chose que tu m'as confiée tout à l'heure.
08:09Tu m'as dit, les médecins ne savent pas et n'expliquent pas comment je peux remarcher.
08:13Oui.
08:14C'est fou parce qu'on se dit, ok, rupture à moelle épinière, ça ne marche plus.
08:17Ok.
08:17Mais là, on a des médecins et les meilleurs.
08:19Alors, certes, tu as ces vices, mais les médecins ne comprennent pas comment toi, Tiffany, aujourd'hui, tu peux faire du vélo, tu peux courir.
08:28Alors certes, à ton rythme, mais c'est fou de se dire ça.
08:31Et c'est là où on se dit, ouais, il faut de l'argent, quoi.
08:34Oui, oui, bien sûr.
08:35Après, la chance dans mon malheur, c'est que ma moelle épinière n'a pas été entièrement sectionnée exactement.
08:42Parce qu'aujourd'hui, on n'a pas de remède contre ça.
08:44Donc, si elle est sectionnée, il n'y a pas de retour possible, en tout cas pour de la marche, pour de l'autonomie.
08:48Moi, j'ai une lésion au niveau de la moelle épinière, ce qui a engendré aussi la gravité d'effet.
08:53Mais malgré ça, oui, il ne l'explique pas.
08:54Il me considère vraiment comme une méra acculée.
08:57Et s'il devait l'expliquer par trois facteurs, il l'expliquerait par le fait que j'ai eu une prise en charge rapide après mon accident.
09:04Ça, c'est très important quand on a une compression, justement, au niveau de la moelle épinière.
09:07Tu as été opérée combien de temps après ?
09:08Je dirais entre deux et trois heures après mon accident.
09:11Ah oui ?
09:11Donc, c'est très rapide.
09:13Oui.
09:14Mais il faut aller très, très vite.
09:15Oui, mais encore foutu de voir un hôpital à disposition.
09:17Et des spécialistes pour.
09:19Bien sûr.
09:19Et finalement, le fait que ce soit déroulé en compétition, ce n'était pas plus mal.
09:24Et donc, clairement, pas plus mal.
09:26Et puis après, le fait que j'étais sportive de haut niveau, donc avec une musculature quand même assez élevée.
09:31Et puis, ils m'ont dit, le dernier point qui est non négligeable, ça a été votre mental.
09:36Oui, ça, on va revenir là-dessus parce que celui-là, il est bien là.
09:39Oui.
09:40Je voudrais qu'on voit d'autres images.
09:42Moi, je trouve bouleversantes.
09:44D'abord, elles sont esthétiquement très belles, ces images.
09:47Et puis, on le sait, on imagine le sens qu'elles prennent.
09:49Toi, qui étais sportive de haut niveau, qui étais championne d'Europe, vice-championne du monde de relais, en short track.
09:55Il y a ces images-là.
09:56C'est combien de temps après, ça ?
09:58Ça, c'était le 31 janvier 2024.
10:02Donc, il n'y a pas si longtemps.
10:04Et ça me fait des frissons, rien que de voir ça.
10:07Donc, c'est pour dire à quel point ça me tient vraiment à cœur et à quel point ça m'avait manqué.
10:12C'est la première fois que tu remettais des patins ?
10:14Première fois après l'accident.
10:15C'est où ?
10:16C'était sur un lac gelé, dans le Jura.
10:19Tu arrives avec des certitudes ou au contraire des interrogations ce jour-là ?
10:22Je ne sais pas trop.
10:22En tout cas, j'avais juste une hâte, c'était d'enfiler mes patins.
10:27J'étais avec ma soeur jumelle, avec sa fille, son copain et Tristan.
10:30Donc, un moment très fort et partagé, oui.
10:33Et oui, ça a été vraiment très fort en émotion, puisqu'on ne m'a pas autorisé à reprendre le short track en compétition.
10:41Mais on ne m'a pas autorisé non plus à le reprendre en loisir.
10:43Et du coup, je n'étais pas autorisé finalement à monter avec mes patins.
10:47Donc, tu l'as fait en douce.
10:48Exactement.
10:49Finalement, pas si en douce que ça, puisque c'était sur un lac gelé.
10:54Mais en tout cas, en toute liberté.
10:56Explique-moi, parle-moi de tes sensations, tes appréhensions.
11:00Avant de me parler de la joie, de l'émotion.
11:02Moi, le truc physique.
11:04Si je redonne une impulsion, mais j'y vais doucement.
11:06Comment ça s'est passé ?
11:07J'ai enfilé mes patins.
11:09Et puis finalement, c'était comme si je ne m'étais jamais arrêtée.
11:13Et tout de suite, les sensations, tout de suite.
11:15Le vent sur le visage, cette sensation de glisse.
11:19Pourtant, on est à l'extérieur.
11:20Donc, on peut se dire, la patinoire, entre guillemets, artificielle, ne peut pas être très, très bonne en termes de qualité.
11:25Elle glissait parfaitement bien.
11:27Et puis, cette sensation de prise de vitesse.
11:30Ma soeur filmait cette vidéo.
11:32Et elle me disait, mais je n'arrivais même plus à te suivre.
11:34Là, on voit que je m'éloigne.
11:35Et elle me dit, je n'arrivais même pas à te suivre.
11:37Elle dit, mais c'est incroyable.
11:38Tu as eu ton accident.
11:39Et puis, moi, je suis incapable de te suivre alors que je suis en pleine capacité.
11:45Tu as patiné combien de temps ?
11:46On y a passé quand même pas mal de temps.
11:49Les deux fois.
11:49Après, j'avoue qu'il faisait vraiment très, très froid.
11:51On est quand même à l'extérieur.
11:52Donc, les pieds gelés.
11:54Mais moi qui n'aime pas le froid, là, ça me passait bien.
11:56Tu as envie de t'arrêter.
11:57Exactement.
11:57Et puis, dans un cadre comme celui-là, encore une fois.
12:00Ah, magnifique.
12:00Tu as pleuré ?
12:01Oui.
12:02Quand ?
12:02Oui, oui.
12:03Dès les premiers instants.
12:05Bien sûr.
12:06Ah oui, terrible.
12:08Je voudrais qu'on revienne sur ta carrière.
12:10Et on va revenir évidemment sur toute cette rééducation qui, une fois de plus, est très impressionnante et me fascine.
12:16Tu as commencé très jeune.
12:17Tu as découvert ce sport grâce à ta voisine, Jacqueline, à 9 ans.
12:22Comment, quoi, pourquoi ?
12:23Tu étais où ?
12:23Totalement par hasard.
12:24Je viens d'un tout petit village du Doubs.
12:25On est moins de 100 habitants, donc c'est pour dire pas un commerce dans notre village.
12:29Et notre voisine habitait à Chamonix, donc à la montagne, lorsqu'elle était plus jeune.
12:33Et puis, elle a déménagé.
12:34Elle est venue dans ce village.
12:35Elle a eu des enfants.
12:36Elle a découvert qu'il y avait un club à Belfort de Short Track.
12:39Et elle s'est dit, bon, ben voilà, j'aimerais transmettre ma passion à mes enfants.
12:43Et puis, avant d'y aller, elle nous a proposé à ma sœur jumelle et moi de les accompagner.
12:46C'est ce qu'on a fait.
12:48Et puis, en plus, c'était notre premier sport en club.
12:51Et c'était la première fois qu'on rentrait dans une patinoire.
12:53Et là ?
12:54Coup de cœur, directement.
12:56Coup de cœur et tout va s'enchaîner très vite.
12:58Et on va passer tout de suite aux images de l'Euro 2021 avec ce titre européen.
13:04Quelques semaines plus tard, vice-champion du monde de ce même relais avec la même équipe, avec Gwendoline, Aurélie.
13:09Enfin, les deux Aurélie, d'ailleurs.
13:10Oui.
13:14Évidemment, tu n'aurais jamais imaginé ce qui est intervenu un an après.
13:17Tu imaginais quoi à ce moment-là ?
13:19Ta vie n'était faite, entre guillemets, que de ça ?
13:21Oui.
13:22Lorsque j'ai eu mon accident, c'est vrai que je ne m'y attendais pas.
13:26Mais là, sur les images, c'est vrai que j'étais en plein essor, on va dire.
13:29Ça faisait quand même longtemps que je faisais du short track.
13:32Ça faisait longtemps aussi que j'étais à haut niveau.
13:34Ça faisait déjà 12 ans que j'étais à haut niveau.
13:37J'avais fait deux fois les Jeux Olympiques.
13:38Je visais clairement les Jeux Olympiques de Milan, de 2016.
13:41Donc, Chan, Pékin.
13:42Oui.
13:43Et puis là, les Jeux Olympiques qui arrivent l'année prochaine, c'était ce que je visais.
13:46Ça, c'est les JO.
13:47Oui.
13:48Et j'attendais ça avec impatience, de me dire, bon, ben voilà, je continue sur ma lancée.
13:53Et puis, c'est juste incroyable de pouvoir vivre de sa passion.
13:58Évidemment.
13:59Et puis, il y a cet accident.
14:00Oui.
14:00Ce fameux 9 octobre 2022.
14:06Évacuation très rapide.
14:07Opération deux heures après.
14:08Et à peine quelques heures après, ces images, avec un début de rééducation immédiat.
14:13Donc, on part d'un corps d'une sportive de très haut niveau.
14:17Et on va voir les images.
14:18Est-ce que, d'abord, tu te dis quoi à ce moment-là ?
14:20Est-ce que tu te dis, waouh, la montagne est insurmontable ?
14:23Est-ce que les images, les paroles du médecin qui disait que vous ne remarcherez pas,
14:27est-ce que c'est quelque chose qui te hantait ?
14:29Finalement, oui et non, parce que ça reste dans un coin de la tête.
14:32Mais en fait, j'étais vraiment dans le déni de me dire, bon, ben voilà, je viens de me blesser pour la première fois de ma carrière.
14:38Je vais entamer ma rééducation et tout ira bien.
14:41Et c'est aussi pour ça que j'ai commencé à faire ces vidéos.
14:43Parce que j'étais sûre de moi.
14:44J'étais vraiment sûre de moi.
14:45Et après coup, je me suis fait la réflexion.
14:46Je me suis dit, mais et si ?
14:48Et si je n'avais pas retrouvé l'usage de mes jambes, de mon autonomie ?
14:51J'ai posté toutes ces vidéos sur les réseaux sociaux.
14:54Et je me disais, mais en fait, j'étais tellement convaincue que j'allais retrouver la marche recourir, repatiner,
14:59que c'était normal pour moi de faire ça.
15:02Là, on est dix jours après ?
15:03Totalement, oui.
15:04Et là, tu as envie de lui dire quoi au médecin qui t'a dit, vous ne marcherez pas ?
15:07Finalement, ce n'était pas vraiment de la vengeance.
15:10Non, mais je comprends.
15:11Je n'avais pas non plus envie de lui répondre quoi que ce soit.
15:13Mais c'est vrai que là, j'étais juste terriblement heureuse.
15:15Après, sur la vidéo, on me voit marcher.
15:17Mais c'était étonnant.
15:18Donc là, on me voit très, très contente, bien sûr, parce que j'avance.
15:21Mais il faut savoir qu'après cette vidéo, j'ai pleuré aussi dans mon lit
15:24parce que je ne ressentais pas entièrement mes jambes.
15:26Et pour moi, c'était contradictoire, cette sensation, ces émotions de se dire,
15:30bon, ben voilà, j'avance, je fais quelques pas.
15:33Mais en même temps, je ne ressens pas tout comme avant.
15:35Et c'est bizarre.
15:38Ouais, en même temps, la patience.
15:40Oui.
15:40Il y a une infirmière qui me disait, c'est pour ça qu'on appelle les patients, patients.
15:45Et je trouve que c'est fort.
15:46Et je trouve que ça représente assez bien ce qu'on peut traverser en étant dans les hôpitaux.
15:50Est-ce que sur les images qu'on a vues il y a quelques secondes,
15:52quand tu as du mal à te coiffer, quand c'est un oeuf ?
15:55Oui.
15:56On sent que le bras est plus lourd avec l'oeuf.
15:58On a l'impression que tu as un poids de 15 kilos qui te tombe dessus.
16:01Tu te dis quoi dans ces moments-là ?
16:03Tu es déjà dans ton process, là.
16:04Là, la warrior, elle est déjà repartie.
16:06Totalement.
16:07Je me dis, OK, finalement, que l'oeuf me tombe à moitié dessus, ce n'est pas grave.
16:11Je suis en train de manger par moi-même.
16:13Donc, c'est une victoire.
16:14Le fait que je me coiffe aussi par moi-même, tout ça, c'est des petites victoires.
16:18Et ça va venir nourrir aussi l'atteinte de mes objectifs que je me suis fixé.
16:21Alors, il y a la championne, la femme que tu es.
16:25Et puis, il faut quand même évoquer le rôle de quelqu'un qui est ton fiancé, chéri,
16:29je ne sais pas comment vous vous appelez, Tristan, qui, depuis le premier jour, est là.
16:33Il était là au moment de l'accident ou il arrivait juste après ?
16:35Il n'était pas là au moment de l'accident.
16:36Il est arrivé trois jours après.
16:37OK.
16:38Et depuis ?
16:39Et depuis, on est toujours ensemble.
16:41C'est pas ça, oui, j'imagine.
16:43Il a été d'un soutien sans faille.
16:44Il a été vraiment très présent durant toute cette période de rééducation,
16:50après mon accident, mais aussi après les épreuves que j'ai surmontées après ça.
16:54Il a été vraiment d'un soutien vraiment sans faille.
16:56Il a mis sa vie de côté ?
16:58En tout cas, oui, pendant un temps, il a mis sa vie de côté.
17:01Il a fait passer mes besoins avant les siens.
17:04Il était vraiment présent et ça a joué un rôle déterminant.
17:07Tu as commencé à écrire à ce moment-là ?
17:09J'ai commencé à écrire au moment où j'étais à l'hôpital.
17:11Donc, j'étais paralysée et je dictais à mon téléphone.
17:14Donc, au début, c'était juste des notes.
17:16Encore aux Pays-Bas, hein ?
17:17Oui, c'était juste des notes.
17:18Donc, je parlais à Syrie et je demandais de prendre des notes pour moi.
17:22Puis ensuite, quand j'ai intégré l'hôpital à Henri Gabriel, donc à Lyon,
17:25j'ai commencé à taper déjà avec deux doigts et puis ensuite avec mes deux mains,
17:30des chapitres un peu plus gros.
17:32Et puis l'année dernière, en rencontrant mon éditeur, José,
17:36on a commencé à mettre en place aussi et de structurer le livre.
17:40Parle-moi de Lyon.
17:42Lyon, donc tu y arrives combien de temps après l'accident ?
17:44Et l'opération ?
17:45Lyon, j'y arrive un peu plus d'un mois après l'accident.
17:50Ok.
17:50Donc, tu as été opérée, tu commençais à remarcher.
17:54Tu es restée combien de temps à Lyon ?
17:56Trois mois.
17:56Trois mois ?
17:57Un peu plus trois mois.
17:58Ta première impression quand tu arrives là-bas dans le couloir,
17:59que tu vois les portes, les gens ?
18:01Je voudrais juste que tu précises le service,
18:03ce que c'est exactement et quel type de patients sont là ?
18:06J'étais dans un hôpital où ils sont spécialisés dans les traumatismes médulaires.
18:10Donc, ce que j'avais, il y a beaucoup d'accidentés de sport,
18:13mais aussi de la route, de moto.
18:15C'est dur.
18:16C'est dur.
18:17C'est moins l'épinière.
18:18C'est moins l'épinière, oui.
18:19Et c'est dur de voir et d'entendre les témoignages de chacun, chacune.
18:23Ça bouleverse.
18:24Et moi, souvent, quand j'entendais les patients,
18:26je rentrais dans ma chambre le soir et je pleurais.
18:28Je pleurais parce que je me disais, mais c'est terrible et c'est dur ce qu'on traverse.
18:31Parce qu'il y en a qui venaient d'arriver, mais il y en a qui étaient là depuis longtemps.
18:36Arrivée dans l'hôpital, les infirmières m'ont fait visiter le service dans lequel je me trouvais.
18:42Les portes des chambres des patients étaient ouvertes.
18:45Et en fait, je me rendais compte qu'il y avait des tableaux, c'était décoré.
18:48Il y avait énormément de vêtements dans les armoires.
18:50C'est de me dire.
18:51Oui, c'est de me dire, bon, en fait, je n'ai pas envie de rester aussi longtemps que ça.
18:56De me dire, je suis obligée d'avoir autant de vêtements et de décorer ma chambre.
19:00Donc, je n'ai pas décoré ma chambre et je ne voulais pas.
19:03Parce que pour moi, c'était…
19:03Je suis de passage et plus vite je partirai, mieux ce sera.
19:05Pour moi, c'était ça, oui.
19:07Parle-moi de ta force mentale.
19:10Là où les médecins te disent aujourd'hui, Tiffany, on ne sait pas comment elle fait.
19:13On ne sait pas pourquoi elle marche, on ne sait pas pourquoi elle court, on ne peut pas l'expliquer.
19:17Je pense que c'est mon caractère aussi qui veut ça.
19:20Quand on était plus jeune, avec ma sœur, on avait été interviewé par un journaliste, mais pas en même temps.
19:26Et du coup, il nous avait posé…
19:27En tant que sportive.
19:28Oui, en tant que sportive, petite sportive.
19:30Et on ne faisait pas de résultats, on était encore très jeunes.
19:32Et du coup, il nous avait posé la question à chacune, quelle est la plus grande force de ta sœur ?
19:38Et j'avais lu dans le journal, après, quand c'était sorti, que ma sœur avait dit de moi,
19:43« Ma Tiffany, quand elle a quelque chose en tête, elle ne lâchera jamais rien avant de l'obtenir. »
19:47En fait, ça m'avait beaucoup touchée.
19:48Ça m'avait beaucoup touchée parce qu'au quotidien, pour elle, c'était pénible.
19:52Alors, bien sûr, des fois, c'était vraiment cool de se dire, « Bon, ben voilà, elle se bat pour avoir ce qu'elle veut. »
19:56Et puis, souvent, c'était pénible parce que je la traînais un peu dans mes histoires.
20:01Elle me dit, « Non, mais tu vas venir avec moi et on va faire ça. »
20:03Elle n'avait pas envie.
20:04Et voilà, donc ça m'a vraiment beaucoup touchée.
20:07Le mental, aujourd'hui, il t'a quoi ?
20:09Sauvée ?
20:10Clairement, je pense que ma tête m'a sauvée, oui.
20:12Me dire, « Bon, ben en fait, je refuse le diagnostic et puis je me fixe des objectifs.
20:17Je mets en place des outils de sportifs de haut niveau et je vais avancer comme ça. »
20:21Donc, je pense que, clairement, c'est ma tête qui m'a sauvée, oui.
20:24Aujourd'hui, tu parles de handicap.
20:27Tu l'estimes à combien ?
20:29Mon handicap, il a été fixé à hauteur de 55% de handicap.
20:32Donc, aujourd'hui, quand on me croise dans la rue, on ne se doute pas un instant que je suis une personne en situation de handicap.
20:38Et pourtant, c'est le cas.
20:38Mais c'est du handicap invisible.
20:41Quoi ?
20:41Donc, j'ai énormément de séquelles.
20:43Donc, ça peut être de la spasticité, ce qui fait que ça peut causer des tremblements, les muscles très raides.
20:49Je peux avoir des spasmes.
20:51J'ai aussi des douleurs neuropathiques au quotidien.
20:54Dans mon livre, j'en parle beaucoup de ces douleurs et aussi de ces séquelles.
20:58Je fais la liste exacte.
20:59Les douleurs, c'est où ?
21:01Les bras ?
21:01C'est dans tout le corps.
21:02Mais c'est vrai que tout le côté droit a été plus touché que le côté gauche.
21:06Donc, jambes droites et bras droits.
21:07Et puis ensuite, les mains.
21:09Les mains, c'est vraiment insoutenable.
21:11Tu as un traitement contre ces douleurs ?
21:12J'ai un traitement assez lourd de médicaments.
21:15Mais je fais aussi des poses de patch au piment sur mes deux mains pour justement essayer de contrer encore une fois ces douleurs.
21:21Et des injections de Botox dans le corps.
21:23Tu te dis que tout ça, c'est ton compagnon à vie ?
21:28Comment tu le qualifies ?
21:29Peut-être que tu lui as donné un nom, j'en sais rien.
21:31Ou comment tu le visualises ?
21:33Au début, j'avais vraiment du mal à l'accepter.
21:36Ça a été vraiment dur pour moi.
21:37Me dire aussi que maintenant, je suis une personne en situation de handicap, ça a été difficile à accepter.
21:43Parce que finalement, on se compare sans cesse à avant.
21:46C'est ça la difficulté.
21:47Finalement, les douleurs et les séquelles, je les accepte parce qu'aujourd'hui, je sais que je n'ai plus le choix.
21:52C'est comme un deuil ?
21:53Je pense que c'est un deuil aussi quand même d'une vie d'avant.
21:56De se dire, on n'aura plus jamais le même corps.
21:59Il faut tout réapprendre, réapprivoiser.
22:02Et ça, ce n'est pas simple.
22:03Deux questions rapides.
22:04Est-ce que tu as l'impression de toujours progresser dans ta rééducation aujourd'hui ?
22:07Oui et non.
22:08Ça dépend sur quoi.
22:10Je peux faire un peu machine arrière sur certains plans et sur d'autres encore un petit peu avancés.
22:16Et ce n'est pas par laxisme ?
22:17Non, non, non, du tout.
22:19Est-ce que tu as du plaisir dans ta pratique sportive ?
22:21On va voir quelques images de paracyclisme notamment en même temps.
22:25Est-ce que tu prends du plaisir ?
22:26Énormément.
22:27Oui, énormément.
22:29C'est par le sport que je vis, clairement.
22:32C'est ma plus grande passion.
22:34Le short track était vraiment ma plus grande passion en termes de discipline, mais aussi de compétition.
22:39Mais après, le sport, d'une manière générale, ça fait partie de moi maintenant.
22:44Et je ne peux pas vivre sans pratiquer.
22:46Dans quelques jours, le 16 mai, tu vas disputer ta première course en paracyclisme.
22:50C'est quoi tes objectifs, tes attentes ?
22:53Alors ça, c'est vrai que c'est une bonne question parce qu'au début, je ne m'étais pas vraiment fixée d'objectifs.
22:57Oui, moi, je parle à une championne.
22:59Je ne m'étais pas fixée d'objectifs parce que je passe du tout au tout.
23:02Déjà, je passe d'une discipline d'hiver à une discipline d'été, mais aussi d'un sport de glisse à un sport du coup sur deux roues.
23:10Et puis surtout, de valides à parats.
23:13Donc, je ne sais pas où me situer, mais j'espère qu'à moyen terme, long terme, je vais être performante.
23:19Parce qu'en effet, j'ai envie d'aller sur des compétitions pour finalement faire des résultats.
23:25C'est les résultats, c'est l'énergie de la gagne, c'est la haine de la défaite, c'est les trophées sur une étagère.
23:31C'est quoi ?
23:32Non, c'est la sensation quand on passe la ligne d'arrivée.
23:36Et puis, l'effort.
23:37L'effort, toujours aller et être poussé dans ses retranchements.
23:41Les sensations que ça procure, avant tout.
23:44Vraiment avant tout.
23:45Les gens qui t'entourent, te disent quoi ?
23:49Je parle du personnel médical, ça peut être des coachs, je ne sais pas quoi.
23:53Alors, j'ai fait un stage avec l'équipe de France de Paras fin mars.
23:57Et c'était juste exceptionnel.
23:58Ils sont incroyables, le staff, ils sont géniaux, tous, les athlètes aussi.
24:02Donc non, ils me poussent, ils m'encouragent.
24:04Ils sont heureux aussi de m'accueillir.
24:06Donc ça, j'ai hâte.
24:08Et puis après, pour mes proches, ils m'encouragent aussi terriblement.
24:12Ils sont heureux pour moi de se dire que je me lance sur une nouvelle aventure.
24:17Est-ce que tu as conscience que ce que tu fais est incroyable ?
24:21Non.
24:23Parce que pour moi, encore une fois, c'est vraiment mon quotidien.
24:27Et j'ai conscience…
24:27Enfin, moi, je reviens au mot du médecin.
24:29Oui, mais j'ai conscience.
24:31Et ce livre aussi, ça a été ça, de prendre le temps de revenir sur mon parcours.
24:35Parce que j'ai été vraiment la tête dans le guidon pendant toute cette rééducation.
24:38Pourquoi ce livre ?
24:39Ce livre, parce que lorsque je me suis trouvée à l'hôpital,
24:43j'ai essayé de trouver des témoignages, des documentaires…
24:46Inspirants.
24:47Exactement.
24:48Et puis surtout, qui faisaient écho à mon histoire.
24:50Et je n'ai rien trouvé vraiment qui me correspondait.
24:52Ce qui fait que je me suis dit, déjà, si j'écris un livre, je le ferai en toute transparence.
24:58Et peut-être que ça pourra aider certains patients ou certaines personnes,
25:01même dans la vie de tous les jours, puisque je ne parle pas que de sport,
25:04je ne parle pas que de compétition.
25:06Je parle aussi d'autres choses, de handicap, de la vie de tous les jours,
25:10et puis aussi des autres épreuves que j'ai pu traverser.
25:13Et ça, c'était vraiment important pour moi de le faire en toute honnêteté.
25:16Merci, Tiffany.
25:17Et je pense à toutes celles et ceux qui regardent,
25:19qui n'ont pas besoin d'être sportives de haut niveau,
25:21parce qu'à un moment, on les emmerde de santé.
25:23Ça nous tombe tous sur la figure.
25:24Et c'est particulièrement inspirant.
25:26Je vous recommande cette lecture.
25:28On va parler d'une autre championne, avec Julie Caron, qui va nous rejoindre.
25:37Et Julie Caron, de Féminin.com, nous a rejoint.
25:39Bonjour, Julie.
25:40Bonjour, Alexandre.
25:41Et bonjour, Tiffany.
25:42Tu nous parles d'une femme.
25:43Oui, vraiment, déjà, merci pour votre témoignage,
25:46votre prise de parole, votre parcours.
25:47Vraiment, ils imposent le respect.
25:50Et c'est aussi le cas de l'athlète dont je vais vous parler aujourd'hui
25:52et que j'ai voulu mettre à l'honneur.
25:54C'est Alana Nichols.
25:55Donc, comme vous, cette athlète américaine,
25:57elle a su sublimer un drame personnel.
26:01Elle, elle a transformé un accident lors d'un entraînement
26:03en carrière d'exception.
26:05Et c'est un vrai modèle de résilience, comme vous.
26:07Et j'ai voulu vous raconter donc son histoire.
26:09Nous sommes en janvier 2000.
26:12Alana, à ce moment-là, elle a 17 ans.
26:14Elle est promise un grand avenir en tant que snowboardeuse.
26:18Donc, elle se retrouve lors d'un voyage dans les montagnes de San Juan,
26:21dans le Colorado, à un entraînement.
26:23Elle tente une figure, un backflip.
26:26Elle chute, comme ça arrive, sauf que cette fois, c'est la mauvaise chute.
26:29Elle atterrisse sur le dos, sauf que sous la neige,
26:31se cache une roche à cet endroit-là.
26:33– Aïe.
26:34– Ouais.
26:35Elle est prise, du coup, en charge d'urgence par un hélicoptère
26:38qui l'amène à l'hôpital le plus proche.
26:40Elle subit près de 8 heures d'intervention chirurgicale
26:44à l'issue desquelles le verdict tombe.
26:49Sa vertèbre est brisée.
26:51Elle est donc paraplégique.
26:53Elle a perdu l'usage de ses membres inférieurs.
26:56À ce moment-là, elle aurait pu tout abandonner.
26:59Elle va suivre des mois et des mois de rééducation
27:02pour retrouver en mobilité.
27:04Mais on lui dit qu'elle ne remarchera jamais.
27:06– Tiens donc.
27:07– Et elle ne remarchera pas.
27:10Mais elle, il y a un événement vraiment marquant
27:11dans son parcours qui va transformer la suite de sa vie et de sa carrière.
27:16C'est son entrée à l'université.
27:18Elle avait donc 17 ans.
27:19Donc, 9 mois plus tard, après son accident,
27:21on est en septembre, elle rentre à l'université du Nouveau-Mexique.
27:25Et là-bas, en fait, les structures aux États-Unis, c'est vrai,
27:27permettent l'inclusion plus facilement des personnes en situation de handicap.
27:32Et là-bas, elle va découvrir sa nouvelle passion,
27:35une nouvelle discipline, c'est le basket fauteuil.
27:38Elle était, dès ses débuts, excellente,
27:40à tel point que, et je pense que son tempérament de championne
27:43y a beaucoup fait, elle devient l'une des meilleures de son équipe.
27:47Et elle va rejoindre, quelques années plus tard, la Team USA,
27:51avec laquelle elle va pouvoir participer à ses premiers Jeux paralympiques.
27:54Donc, on est à Pékin, en 2008.
27:57Avec Team USA, elle décroche sa première médaille d'or,
28:00donc à Pékin, en 2008.
28:01Et donc, elle aurait pu se satisfaire de cette performance.
28:04Mais non.
28:05Elle, ce qu'elle aime, c'est quand même la glisse.
28:07C'est les sports d'hiver.
28:08Et elle décide de retourner à l'entraînement en montagne,
28:12sur les pistes, pour s'entraîner au ski alpin assis,
28:15qui est donc permis dans les disciplines olympiques.
28:20Et donc, devinez quoi ?
28:21Elle va, là aussi, exceller.
28:23Elle ajoute à sa brillante carrière d'été,
28:26des succès hivernaux.
28:28Au Jeu paralympique d'hiver de Vancouver,
28:30donc on est en 2010,
28:31elle réalise un exploit,
28:33c'est un quadruplé historique.
28:36Elle va décrocher la médaille d'or en descente
28:38et en géant assis,
28:40donc ça fait deux,
28:41l'argent en super géant assis
28:42et le bronze en super combiné.
28:45Donc, quatre médailles olympiques
28:47qui s'ajoutent à celles qu'elle avait obtenues,
28:48donc en basket.
28:50Elle participe ensuite à Londres au JO.
28:52Elle finit quatrième avec la Team USA en basket.
28:55Pas de médaille,
28:57mais ne vous inquiétez pas,
28:58elle revient au JO d'hiver à Sochi.
29:01Là, elle enfonce le clou.
29:02Elle remporte l'argent en descente assis.
29:05Et ce qui est encore fabuleux dans son histoire,
29:07c'est qu'elle remporte cette médaille
29:09seulement quelques semaines
29:10après s'être rempue trois ligaments à l'entraînement.
29:14Ça montre quand même un tempérament
29:16et une volonté de battante.
29:18Mais ne croyez pas qu'elle abandonne non plus les JO d'été.
29:21Elle adore multiplier les disciplines.
29:24On la retrouve en 2016 à Rio
29:26et là, elle change encore de discipline,
29:28donc troisième discipline.
29:30Elle prolonge sa légende
29:31en faisant des débuts en kayak, KL2.
29:34Alors là, elle ne va pas obtenir de médaille,
29:36mais quand même, si on compte,
29:37il y a cinq participations à des Jeux paralympiques,
29:41six médailles et donc trois disciplines.
29:43Trois disciplines.
29:44Et pendant son temps libre,
29:46vu qu'elle s'ennuie un peu,
29:47elle fait aussi du surf.
29:48Elle s'essaye au surf.
29:49On la voit là en image.
29:51Donc voilà, bref,
29:52c'est un parcours vraiment hors normes
29:54où le sport a vraiment joué un rôle moteur
29:56dans son parcours de vie.
29:58Aujourd'hui, à 42 ans,
29:59elle a pris sa retraite,
30:00mais elle continue d'inspirer
30:01justement les jeunes générations
30:04grâce à sa fondation
30:06où elle dispense des cours d'initiation
30:09sur des sports assis.
30:12Bravo, génial.
30:15Tu fais partie de la même race.
30:17Ça donne envie, en tout cas,
30:18quand on voit un tel parcours.
30:20Ça donne envie de tester d'autres disciplines ?
30:22Déjà une,
30:23et puis après, on verra,
30:24mais c'est vrai que ça donne envie de se lancer.
30:26Oui, bien sûr.
30:26Clairement.
30:27Chant du possible et phénoménal.
30:29La photo de la semaine.
30:30Oui, alors on parle encore
30:32d'une autre athlète paralympique,
30:34c'est Pauline Déoulet,
30:35la française en tennis,
30:36qui s'apprête à reprendre
30:38le chemin de la compétition.
30:41Tennis fauteuil, Pauline.
30:41Tennis fauteuil, oui.
30:42Elle commence avec la Coupe du monde
30:44en Turquie du 6 au 11 mai
30:46où elle va défendre sa médaille de bronze
30:49avec la France
30:49et on est évidemment tous derrière eux.
30:51Et un parcours, là aussi, Pauline,
30:53que l'on embrasse exceptionnel.
30:54Merci infiniment, Julie.
30:56Merci beaucoup, Tiffany.
30:57Merci.
30:57Bon retour sur ton vélo,
31:00sur les pistes,
31:02où tu veux.
31:03En tout cas, ce livre est formidable
31:05avec toute mon âme
31:06aux éditions en exergue.
31:08Merci à tous pour votre fidélité.
31:10À bientôt.
31:11À bientôt.
31:11Bravo.
31:12Merci, Julie.
31:13Je vous souhaite une très bonne fin de journée.
31:14À bientôt.
31:14Salut.
31:14Sous-titrage Société Radio-Canada
31:19Sous-titrage Société Radio-Canada
31:23Sous-titrage Société Radio-Canada
31:27Sous-titrage Société Radio-Canada
31:31Sous-titrage Société Radio-Canada

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