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Novak Djokovic est le plus grand joueur sur terre battue de l’histoire. Pourtant, c’est bien Rafael Nadal qui a dû affronter les deux autres légendes : le Federer prime de 2007 et le grand Djokovic dans les années 2010. Alors, quelle place a véritablement Rafa dans l’histoire ?

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#Nadal #Federer #Djokovic

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▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬ 🧐 CHAPITRES DE CETTE VIDÉO 🧐 ▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

00:00 : Introduction
01:58 : Une question d’adversité
09:11 : Battre le maestro
11:51 : Djokovic : le défi ultime
16:02 : Federer & Djokovic, même adversité ?
19:28 : Et si… ?
23:50 : Le résistant

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:0024 grands chelèmes, le règne le plus long en tant que numéro 1 mondial avec 428 semaines.
00:05Des records dans tous les sens.
00:07On le dit partout et tout le temps, Novak Djokovic est le goutte du tennis.
00:11Et c'est vrai, du moins si on se fie aux chiffres, aux palmarès.
00:14Et si la vraie question n'était pas qui a gagné le plus,
00:17mais plutôt qui a gagné dans l'époque la plus dure de l'histoire, la plus dense.
00:21Parce qu'au fond, gagner c'est une chose.
00:23Mais gagner quand les grands monstres sont en face,
00:25quand personne ne vous fait de cadeau,
00:26quand vous devez arracher chaque titre à deux autres légendes vivantes,
00:29ça c'est autre chose.
00:30Et si on vous disait que Rafael Nadal a fait exactement ça ?
00:34Et que personne ne le souligne vraiment.
00:35Nadal n'a pas régné seul.
00:37Il n'a jamais eu de boulevard, pas de génération creuse, pas de circuit affaibli.
00:41Il est arrivé en pleine domination de Federer, une domination qu'il a dû briser.
00:45Puis quelques années plus tard, il a dû faire face à l'un des athlètes les plus invincibles de tous les temps,
00:50Novak Djokovic.
00:51Et même dans l'ère du CERM, Nadal a continué à gagner.
00:53Donc face à lui, deux monstres et deux zéras à combattre.
00:56Federer, il a régné.
00:58Mais avant que Nadal n'atteigne sa maturité.
01:00Djokovic, oui, il a tout raflé.
01:02Mais l'un vieillissait, et l'autre bataillait déjà depuis plusieurs années.
01:06Mais Nadal, lui, a tenu tête aux deux quand ils étaient au sommet de leur art.
01:09Il a stoppé Federer au pic de sa domination.
01:12Il a résisté au Djokovic le plus injouable qu'on ait jamais vu.
01:15Et il a gagné dans les deux époques.
01:17Alors non, cette vidéo ne cherche pas à réécrire les palmarès.
01:20Absolument pas.
01:20On ne nira pas les 24 majeurs de Djokovic qui font de lui le plus grand sans contestation.
01:25On ne nira pas non plus le génie intemporel de Federer, mais on va poser une autre question.
01:30Et si, dans le débat du GOAT, l'adversité traversée valait autant, voire plus que les trophées soulevés ?
01:35Et si, le plus grand exploit de tous, c'était de survivre à deux légendes,
01:38et de les battre quand elles étaient à leur meilleur niveau ?
01:41Aujourd'hui, on va parler de contexte, de combat, de pic de performance.
01:44Et vous allez voir que dans cette histoire, le seul qui n'a jamais eu de répit, c'est peut-être bien lui.
02:02Quand on parle du GOAT en tennis, on parle toujours de chiffres.
02:06Des titres du Grand Chelem, des semaines à la première place mondiale,
02:09les Masters 1000, le ratio victoire-défaite, et tout autre record impressionnant.
02:13Si on s'en tient à ça, le débat est terminé.
02:15Djokovic a gagné, et de très très loin.
02:17Et pendant longtemps, c'est ce qu'on nous a appris à regarder.
02:19Les Grands Chelems, la place de numéro 1 mondial,
02:21et c'est notamment Federer qui a ouvert la voie dans le tennis moderne,
02:24en allant battre les grands records établis par Pitsampras.
02:26Puis Nadal l'a rejoint, et Djokovic a dépassé les deux.
02:30Fin de l'histoire.
02:30Mais à chaque fois qu'on tente une nuance, on nous ramène à cette évidence.
02:33Oui, mais Djokovic a 24 majeurs.
02:35Oui, mais il a battu les deux autres en confrontation directe.
02:38Oui, mais c'est le seul à avoir gagné au moins 3 fois chaque Grand Chelem.
02:41Et tout ça est vrai, c'est indiscutable.
02:43Mais est-ce que c'est tout ?
02:44Est-ce qu'un palmarès suffit à raconter une carrière ?
02:47Est-ce qu'on peut résumer une légende à une ligne Excel et quelques chiffres ?
02:50Et surtout, est-ce qu'on peut comparer des trajectoires
02:52sans regarder les obstacles qui ont été mis sur leur route ?
02:55Parce que parfois, les chiffres cachent l'effort, ils gomment le contexte,
02:59ils oublient l'époque, et ils effacent ce qu'il a fallu traverser pour les obtenir.
03:03Et si on s'arrêtait uniquement aux lignes de trophées,
03:05on passerait à côté de ce qui rend une carrière légendaire.
03:07Alors oui, niveau statistique, le débat est clos.
03:09Et je vais le répéter pour éviter de frustrer les pros de Joko,
03:12et j'en fais même partie.
03:13Après avoir supporté Roger et Rafa, je me mets derrière Novak
03:16parce qu'il est extraordinaire et que c'est la dernière lueur des 3 monstres aujourd'hui.
03:20Mais cette vidéo, elle n'est pas là pour fermer la discussion.
03:22Elle est là pour la rouvrir, mais avec un angle qui est trop peu mis en avant.
03:26A savoir, le contexte.
03:27L'époque dans laquelle on a évolué.
03:29La densité des adversaires, et sur ce qu'il fallait battre pour arriver au sommet.
03:33Parce que qu'on soit bien d'accord,
03:35tous les titres ne racontent pas la même histoire.
03:37Oui, un grand chelème égale un grand chelème.
03:39C'est toujours un exploit de gagner ces tournois.
03:40Mais les obstacles pour y parvenir, eux, changent.
03:43Le parcours pour soulever le trophée n'est toujours pas au même niveau.
03:46Exemple, l'Open d'Australie que Djokovic a gagné en 2012,
03:49en battant Ferrer, puis Murray, puis Nadal dans des matchs de dingue,
03:52a été bien plus dur à gagner que l'Open d'Australie 2023,
03:56où Djokovic perd un petit set,
03:57et en jouant des joueurs sans expérience.
03:59Comme Roublev en quart de finale,
04:01Tommy Paul en demi-finale,
04:02ou même Tsitsipas en finale.
04:03Donc parfois, l'écart entre le meilleur et le reste du circuit est énorme,
04:07comme en 2023.
04:08Alors qu'à d'autres moments,
04:09plusieurs monstres se battent pour le même titre,
04:11comme en 2012.
04:12Et dans ce cas-là,
04:13chaque titre devient une grosse guerre.
04:15Ce qu'on oublie souvent dans le débat du Goat,
04:16c'est de regarder qui régnait en même temps.
04:18Pas pour relativiser,
04:19mais pour comprendre la densité historique
04:21dans laquelle une carrière s'est construite.
04:23Est-ce que c'est pareil de gagner 10 grands chelèmes
04:25dans une période où personne ne semble pouvoir vous rattraper,
04:28que de gagner 10 grands chelèmes
04:29en affrontant deux autres légendes dans leur prime ?
04:31C'est pas une question de mérite,
04:32ni un procès à charge.
04:33C'est une question d'intensité,
04:35de concurrence directe,
04:37de poids des adversaires dans l'histoire du sport.
04:39Et si on veut évaluer objectivement la grandeur d'un parcours,
04:41il faut élargir le débat.
04:43Il faut regarder l'environnement,
04:44et pas seulement le bilan.
04:45Qui était là ?
04:47A quel moment de leur carrière ?
04:48A quel niveau ils jouaient en grands chelèmes ?
04:50Parce que résumer un grand chelème à son trophée,
04:52c'est réducteur,
04:53et ça serait omettre l'histoire
04:54que le champion nous a raconté.
04:56Tous les parcours ne se ressemblent pas,
04:57donc la question est simple.
04:58Est-ce que c'est plus impressionnant
05:00de gagner 24 grands chelèmes
05:01quand vos deux rivaux ne sont pas dans leur pic de forme,
05:03ou alors d'en gagner moins,
05:04mais en battant deux autres légendes absolues
05:06dans leur pic de forme ?
05:07Et bah là,
05:08on commence à voir les choses autrement.
05:09Parce que Raphaël Nadal n'a jamais eu le confort.
05:12Il n'a jamais gagné quand la voie était dégagée.
05:14Il a gagné quand l'Everest était en face,
05:15très souvent.
05:16Il a battu Federer,
05:17alors que Federer était numéro 1 mondial
05:19depuis plus de 200 semaines consécutives.
05:21Et c'était pas un Federer vieillissant,
05:22pas un Federer nostalgique.
05:24Non, c'était le Federer de 2005 à 2008.
05:26Le Federer qui paraissait injouable.
05:28Le Federer des 5 Wimbledon d'affilée.
05:30Et Nadal est venu briser ça.
05:32Et quelques années plus tard,
05:33il s'est retrouvé face à une autre tempête.
05:35Novak Djokovic.
05:36Mais pas n'importe lequel.
05:37Le Djokovic de 2011.
05:38Le Djokovic qui gagnait tout.
05:40Qui l'a battu 7 fois d'affilée.
05:42Qui semblait avoir décodé son jeu.
05:43Qui dominait physiquement,
05:45mentalement,
05:46tactiquement.
05:46Et bah même là,
05:47Nadal n'a pas lâché.
05:48Il a pris des coups,
05:49il a encaissé,
05:50il a perdu,
05:51beaucoup,
05:51mais il est revenu.
05:52Il a repris Roland-Garros
05:53et il l'a battu en plein prime.
05:55Donc Nadal n'a pas juste remporté des titres,
05:57il les a arrachés à ceux qu'on considère comme les plus grands.
06:00Il a gagné,
06:01alors que personne n'aurait dû pouvoir respirer à cette époque.
06:03Et sur ce seul critère,
06:04qui d'autre peut en dire autant ?
06:06Dans d'autres sports,
06:06il faut vraiment se rendre compte
06:07que ce critère de l'adversité,
06:09il est vraiment central.
06:10Quand on parle d'un grand joueur,
06:11on regarde pas juste les trophées.
06:12On regarde aussi
06:13qui il a battu pour les gagner.
06:15Et dans quelle ère il a construit sa légende.
06:16Michael Jordan, par exemple,
06:18il a pas juste gagné des titres.
06:19Il a vaincu les Bad Boys de Détroit,
06:21il a éteint Magic Johnson,
06:23il a brisé les rêves de Barclay,
06:24de Malone,
06:25de Stockton,
06:26et tout ça dans une NBA
06:27où la densité de talent était monstrueuse.
06:29Donc on se souvient pas que des Seabags,
06:31on se souvient qu'il les a gagnés
06:32dans une époque
06:33où chaque série était un combat.
06:35Messi et Ronaldo,
06:36ils ont pas empilé les ballons d'or
06:37seuls dans leur coin.
06:38Ils ont dû se battre déjà l'un contre l'autre
06:40et en plus dans le même championnat
06:41relevé de la Liga pendant plus de 10 ans.
06:43Et autour,
06:44la concurrence était féroce
06:45avec des Neymar,
06:46des Lewandowski,
06:47Ibrahimovic,
06:48Xabi,
06:48Iniesta,
06:49Robben,
06:49Ribéry,
06:50Suarez,
06:51Mané,
06:51Griezmann,
06:52Oussala,
06:52tous ces joueurs extraordinaires
06:54qui n'ont jamais soulevé le ballon d'or.
06:56On a l'exemple de la MMA aussi
06:57où Khabib a pris sa retraite invaincue.
06:59Sauf que certains le mettent derrière John Jones
07:01parce que Jones a battu les plus grands
07:02dans l'ère la plus compétitive de l'UFC.
07:05Donc l'adversité,
07:06c'est un argument très valorisé dans le MMA.
07:08Et même en Formule 1,
07:09Lewis Hamilton n'est pas juste le champion aux 7 titres.
07:11On regarde face à qui il a construit ça,
07:13donc contre Schumacher en début de carrière,
07:15contre Rosberg dans l'attention,
07:17contre Verstappen dans la violence,
07:18et on valorise cette adversité.
07:20Donc vous l'avez compris,
07:21la plupart du temps dans les autres disciplines,
07:23on prend le contexte très au sérieux.
07:24On regarde ce qu'il a fallu battre,
07:26qui, quand et à quel niveau.
07:28Mais dans le tennis,
07:28quand on parle du goutte,
07:29on oublie souvent ça.
07:30On oublie l'époque,
07:31les joueurs à battre.
07:32On oublie à quel point il est rare
07:34de devoir battre deux légendes vivantes
07:35au sommet de leur carrière
07:37et de le faire durablement.
07:38Non, à la place,
07:39on empile juste les titres
07:40comme s'ils avaient la même valeur.
07:41Comme si chaque grand chelème
07:43se jouait dans le même paysage.
07:44Comme si la concurrence de 2008
07:45était la même que celle de 2016
07:47ou de 2022.
07:48Bah non,
07:49c'est pas du tout le cas.
07:49Parce que le tennis,
07:51comme tous les grands sports,
07:52c'est un sport d'époque.
07:53Et toutes les époques
07:54n'ont pas la même densité,
07:55n'ont pas les mêmes adversaires.
07:56Et ici,
07:57il s'agit pas de dire
07:57que Federer a gagné trop tôt
07:59ou que Djokovic a gagné trop tard.
08:01Ce serait une lecture injuste
08:02et complètement fausse.
08:03Ce qu'on dit,
08:03c'est que Nadal a gagné entre les deux.
08:05Et ça,
08:05personne ne l'a fait.
08:06Alors certains vont me dire
08:07« Oui, mais pourquoi sortir cet argument maintenant ?
08:09Parce que Djokovic est devant ? »
08:11Mais non,
08:11c'est pas une tentative de réécriture.
08:13C'est juste un éclairage
08:14qu'on peut juger pertinent
08:15qui n'a jamais vraiment été pris en compte.
08:17Il retire rien à Djokovic
08:18ou à Federer.
08:19Il ajoute juste une chose,
08:20le chemin parcouru.
08:21Et dans le cas de Nadal,
08:22ce chemin,
08:23bah c'est un champ de mine.
08:23Il est arrivé
08:24alors que Federer dominait tout.
08:26Numéro 1 depuis des années,
08:27intouchable sur dur,
08:28intouchable sur gazon.
08:30Et Nadal l'a battu,
08:31sur dur et sur gazon
08:32jusqu'à Wimbledon.
08:33Et puis,
08:33il a vu surgir Djokovic,
08:35pas un Djokovic en rodage.
08:36Le Djokovic de 2011,
08:37le Djokovic qui battait tout le monde,
08:39y compris Nadal,
08:40pendant des mois
08:40et des années.
08:41Et Nadal,
08:42encore une fois,
08:42il a trouvé les ressources.
08:44Il a résisté.
08:45Il a riposté.
08:46Il n'a jamais eu de creux dans la vague.
08:47Il n'a jamais eu ce moment seul au sommet.
08:49Et pourtant,
08:50il a continué à gagner.
08:51A Roland-Garros,
08:52mais aussi à l'US Open,
08:53en grand chlème.
08:54Donc,
08:54deux règnes,
08:55deux piques,
08:56deux légendes au sommet de leur art
08:57et au milieu,
08:58un joueur,
08:59un survivant,
09:00Nadal,
09:00qui n'a pas juste eu des rivaux.
09:02Il a eu les deux plus grands joueurs
09:03de tous les temps
09:04comme adversaires à leur prime.
09:05Et malgré ça,
09:06il a gagné 22 grands chlèmes.
09:08Et ça,
09:08aucune autre légende du tennis
09:09a eu à le faire.
09:10Aucune.
09:15Entre 2004 et 2007,
09:17le boss,
09:17c'est Roger Federer.
09:18Il ne domine pas le tennis.
09:20Il l'est le tennis.
09:21Numéro 1 mondial sans discontinuer,
09:234 saisons terminées au sommet
09:24et des finales à la chaîne
09:26sur toutes les surfaces.
09:27A cette époque,
09:28le débat n'est pas
09:28qui peut battre Federer.
09:30Le débat,
09:30c'est
09:30est-ce qu'il est déjà
09:31le plus grand de tous les temps ?
09:32Les commentateurs parlent
09:33d'élégance divine,
09:35de jeu parfait,
09:36d'un joueur sans faille.
09:37Certains vont même jusqu'à dire
09:38qu'ils pourraient finir
09:39avec 20, 25,
09:40voire 30 grands chlèmes.
09:41Sans rival.
09:42Parce que faut dire
09:42que sur le circuit,
09:43en face,
09:44personne n'y croit vraiment.
09:45Andy Rodic est dépassé,
09:47Leighton Ewitt est neutralisé,
09:49Nalbandian,
09:49Bagdatis,
09:50Safine,
09:51personne ne tient la cadence.
09:52Mais un mur finit par se dresser.
09:54Un mur venu de Mallorque.
09:55Un joueur encore adolescent,
09:57short,
09:57débardeur,
09:58et un regard déjà impénétrable,
10:00Raphaël Nadal.
10:01Entre 2005 et 2007,
10:02Nadal impose sa loi sur terre battue,
10:043 Roland-Garros d'affilée,
10:06il bat Federer à Paris,
10:07encore et encore,
10:08mais le Suisse garde le reste.
10:09Le dur,
10:10le gazon
10:10et le trône.
10:11Il est toujours numéro 1 mondial,
10:13il gagne tout ce qu'il touche,
10:14sauf à Paris,
10:15donc c'est une guerre froide.
10:16Nadal tient sa surface,
10:17mais Federer gouverne l'Empire.
10:19Du moins,
10:20jusqu'en 2008.
10:20Parce qu'à Wimbledon,
10:21se produira le match
10:22que l'histoire retiendra.
10:24Le plus grand de tous les temps.
10:26Le match qui change tout.
10:275-7.
10:28Presque 5 heures de jeu,
10:29un crépuscule qui tombe
10:30sur le center court,
10:31mais surtout deux hommes
10:32au sommet de le rare.
10:33Federer a vaincu à Wimbledon
10:35depuis 6 ans,
10:35avec 5 Wimbledon d'affilée,
10:37c'est sa maison.
10:38Mais ce jour-là,
10:39Nadal n'est plus l'outsider.
10:41Il n'est plus le roi
10:41de la terre battue.
10:42Il est là pour tout prendre.
10:44Passing,
10:44coup droit décroisé,
10:45plongée
10:46et victoire.
10:47Nadal bat Federer chez lui,
10:49dans son jardin,
10:50sur l'herbe sacrée de Wimbledon.
10:51C'est beaucoup plus qu'un match.
10:52C'est une fracture,
10:53un renversement.
10:54Le joueur que personne
10:55ne devait battre à Wimbledon
10:57vient de chuter.
10:57Et il a chuté
10:58face à un homme de 22 ans.
11:00Et c'est pas fini.
11:01C'est juste le début du renversement.
11:02Open d'Australie 2009,
11:04encore une finale
11:04entre Federer et Nadal
11:06et encore un chef-d'oeuvre
11:07qui est remporté
11:08par Raphaël Nadal.
11:09Mais cette fois,
11:10c'en est trop pour le Suisse
11:11qui craque.
11:11Il pleure à la remise
11:12des trophées.
11:13Il pleure parce qu'il le sait.
11:15Le vent a tourné.
11:16Nadal n'est plus
11:16un défi de surface.
11:17C'est un nouveau roi.
11:19Par la suite,
11:19Federer continuera
11:20à gagner quelques gros titres,
11:21bien sûr.
11:22Mais cette période
11:22entre 2008 et 2010
11:24a bien marqué
11:25la fin d'un monopole.
11:26A partir de là,
11:27il sait que Nadal
11:28peut le battre n'importe où,
11:29n'importe quand,
11:30même dans son jardin.
11:31Donc Nadal a bien réussi
11:32à prendre le dessus
11:33sur un Federer
11:34qui était le GOAT.
11:35Un Federer à son prime.
11:36Il est allé battre
11:36Federer prime
11:37sur la surface de Federer
11:39dans le tournoi de Federer.
11:40Donc il a brisé
11:41le fantasme du joueur
11:42invincible que représentait
11:43Roger
11:44et il l'a fait
11:44à l'âge où d'autres
11:45découvrent encore le circuit.
11:47Mais pour Rapha,
11:47c'était que le début
11:48de la mission
11:49parce que la suite
11:50allait être bien plus difficile.
11:56Comme si battre
11:56une légende ne suffisait pas,
11:58Raphaël Nadal
11:59a dû en affronter une autre.
12:00Il avait été le némésis
12:01de Federer
12:02mais à son tour,
12:03il allait rencontrer le sien,
12:04Novak Djokovic.
12:05En 2011,
12:06le serbe explose.
12:07Mais c'est pas une montée
12:08en puissance,
12:08c'est une prise de pouvoir,
12:10un renversement d'équilibre.
12:11Cette année-là,
12:12Djokovic bat tout le monde.
12:13Federer,
12:14Murray
12:14et surtout Nadal.
12:16À six reprises.
12:17Mais surtout,
12:17six fois en finale
12:18et sur toutes les surfaces.
12:20Indian Wells,
12:21Miami,
12:22Madrid,
12:22Rome,
12:23Wimbledon
12:24et l'US Open.
12:25C'est une humiliation
12:26pour Nadal.
12:27Et comme si ça suffisait pas,
12:29Djokovic enchaîne
12:29avec une septième victoire
12:31d'affilée contre Nadal
12:32en 2012
12:32en finale
12:33à l'Open d'Australie.
12:35Ce match-là,
12:35c'est un chef-d'oeuvre.
12:36La plus longue finale
12:37de l'histoire du tennis
12:38en grand chelem.
12:395 heures et 53 minutes.
12:40Un choc de mental,
12:42d'endurance,
12:43d'orgueil.
12:43Mais Djokovic l'emporte.
12:45Encore.
12:45C'est pas juste une série de défaites,
12:47c'est un verrou mental
12:48qui s'installe.
12:49Djokovic a trouvé la clé
12:50contre Nadal.
12:50Il neutralise son lift,
12:52il prend la balle tôt,
12:53il retourne tout,
12:54il faiblit jamais physiquement
12:55et surtout,
12:56il y croit.
12:56Il entre sur le cours
12:57en pensant qu'il va gagner.
12:59Contrairement à une majorité défaitiste
13:00qui espère remporter un 7.
13:02Et Nadal,
13:03pour la première fois,
13:04semble impuissant,
13:05débordé
13:05et prévisible pour Djokovic.
13:07L'Espagnol est pris
13:08dans un scénario
13:09qu'il ne contrôle plus du tout.
13:10Et là,
13:11une question résonne.
13:12Est-ce que Nadal
13:12est en train de vivre
13:13ce qu'il a infligé à Federer ?
13:14Bah oui,
13:15totalement.
13:15Mais comme toujours,
13:16il revient.
13:17Roland-Garros 2012.
13:18Final contre Djokovic
13:19qui vient de mettre
13:203 petits 7 à Federer,
13:21la suite semble claire
13:22pour tout le monde.
13:23Après avoir fracassé Nadal
13:26pour tenir le travail à Paris.
13:27Mais Nadal le contient.
13:29Il varie.
13:30Il défend.
13:31Il le pousse à la faute.
13:32Et 4-7 lui suffisent
13:33pour conserver son titre.
13:34L'air de dire à Djokovic,
13:36ici c'est chez moi mon gars.
13:372013,
13:38Roland-Garros,
13:39demi-finale entre les deux,
13:40est l'un des plus grands matchs
13:41de leur rivalité.
13:42Djokovic est encore plus fort.
13:44Il vient de déloger Nadal
13:45à Monte Carlo
13:45après 8 titres d'affilée
13:46de l'Espagnol sur le Rocher.
13:48Djokovic est agressif,
13:49percutant,
13:50impressionnant
13:51et tellement fort
13:52qu'au terme d'un match ahurissant,
13:53il a le break dans le 5ème set.
13:55Il est à un souffle de la victoire.
13:56Sauf que comme toujours,
13:57Nadal résiste
13:58et sort le grand jeu.
13:59Encore,
14:00il stoppe Djokovic.
14:01Mais le symbole
14:02de la pugnacité de Nadal
14:03a lieu à l'US Open
14:04cette même année 2013
14:05où il bat Djokovic en finale.
14:07Là, on est sur dur
14:08et Nadal parvient à battre
14:09celui qui enchaîne littéralement
14:11les titres à l'Open d'Australie.
14:12Roland-Garros 2014,
14:13Robelot
14:14et finale entre les deux.
14:15Djokovic mène 1-7 à 0,
14:17il veut en finir
14:18mais sous la pression de Nadal,
14:19il craque.
14:20Nadal reprend le contrôle
14:21avec un 9ème titre à Paris.
14:23Face à Federer,
14:24Nadal avait été l'obstacle.
14:25L'homme qui empêchait la perfection.
14:27Face à Djokovic,
14:28il devient l'homme à surmonter.
14:30Et il le fait.
14:31Pas toujours,
14:32pas partout,
14:32mais il trouve des réponses.
14:34Alors pour être honnête,
14:35après cet US Open 2013,
14:36Nadal n'a plus jamais battu Djokovic
14:38sur gazon et sur dur.
14:39Il n'a même plus jamais pris un 7
14:41à Novak Djokovic sur dur.
14:43Donc le serbe a fini par prendre
14:44l'ascendant petit à petit.
14:45Mais c'est là que Nadal
14:46paradoxalement
14:47renforce sa légende.
14:48Pas parce qu'il domine,
14:49mais parce qu'il s'est accroché.
14:50Parce qu'il a continué d'y croire
14:52et qu'il a évolué
14:53pour continuer à gagner.
14:54Roland-Garros 2022,
14:56quart de finale,
14:56Nadal revient d'une année noire,
14:58Djokovic est favori,
14:59mais l'Espagnol renoue
15:00avec l'impossible.
15:01Il sort un match immense,
15:02une leçon tactique
15:03et une grande victoire.
15:05Une belle revanche
15:05après sa défaite
15:06l'année d'avant
15:07contre Djokovic à Paris.
15:08Donc Djokovic est sans aucun doute
15:09le plus grand défi
15:10dans la carrière de Nadal
15:11parce que Djokovic
15:12le bat dans la tête,
15:14dans le style,
15:14dans le temps.
15:15Et pourtant,
15:16malgré les défaites,
15:17malgré l'usure,
15:18malgré les périodes de doute,
15:19Nadal a résisté.
15:20Il a plié sur le long terme
15:21à l'image de leur confrontation
15:22avec Djokovic.
15:23Djokovic qui a remporté
15:2431 matchs
15:25contre 29 pour Nadal.
15:27Mais Nadal n'aura jamais
15:28vraiment rompu.
15:29Au fait,
15:29nous c'est Game Set & Talk,
15:30on est des passionnés de tennis.
15:31Et si tu trouves ce genre de vidéo
15:33intéressante
15:33et que t'as envie
15:34qu'on continue à en faire,
15:35je prends 20 secondes
15:36pour te dire que je suis en alternance
15:37sur la chaîne.
15:37J'essaye de faire croître le projet
15:39avec ses formats longs.
15:40Tu le vois,
15:40c'est pas du contenu fast-food,
15:41ça prend du temps,
15:42mais c'est pas ce qui rapporte le plus.
15:44Donc si tu veux nous aider,
15:45n'hésite surtout pas
15:45à t'abonner premièrement.
15:46Et si tu veux aller plus loin,
15:47on a fait une campagne
15:48de financement participatif,
15:50donc tu peux nous soutenir
15:50sur Tipeee.
15:51C'est grâce à ça
15:52que je peux continuer
15:52à produire ces vidéos,
15:53qu'on garde notre indépendance
15:55et qu'on peut proposer
15:56des contenus plus construits.
15:57Le lien est juste en dessous
15:58en description
15:58et même un mot ou un clic,
16:00ça change beaucoup pour nous.
16:01Merci beaucoup.
16:02Jusqu'ici,
16:07on a parlé des défis
16:07que Nadal a affronter.
16:09Mais pour mesurer
16:09l'ampleur de son parcours,
16:11il faut aussi regarder
16:12ce que les autres
16:12n'ont pas eu à affronter.
16:13Est-ce que Federer
16:14et Djokovic
16:15ont connu une adversité
16:16aussi forte,
16:17aussi constante,
16:18aussi écrasante
16:19que celle qu'a vécu
16:20Rafael Nadal ?
16:20Commençons par Federer.
16:22Entre 2004 et 2007,
16:23il est tout simplement
16:24intouchable.
16:25Numéro 1 mondial
16:26pendant 237 semaines
16:27consécutives,
16:28il empile les titres,
16:29il écrase le circuit.
16:30Mais regardons
16:31qui est en face.
16:32Andy Roddick,
16:33excellent mais limité.
16:34Letton et Witt,
16:35très bon
16:36mais en fin de cycle.
16:37David Nalbandian,
16:38dangereux
16:39mais irrégulier
16:40et pas le plus menaçant
16:41en grand chelem.
16:41Et puis des Maratsafine,
16:43des Fernando Gonzales,
16:45des Nikolai Davidenko.
16:46Tous très brillants,
16:47pas de problème.
16:48Mais jamais vraiment dangereux
16:49dans le jeu pour Federer.
16:50Ce sont des très bons joueurs,
16:52des top 10 solides.
16:53Mais soyons sérieux,
16:54aucun d'entre eux
16:54n'a jamais été
16:55dans les discussions du GOAT.
16:56Et pendant ce temps-là,
16:57Nadal arrive.
16:58Il a 18 ans,
16:59il fracasse tout,
17:00d'abord sur terre battue,
17:01puis il grignote.
17:02Et en 2008,
17:03il renverse Roger à Wimbledon.
17:05Puis il lui prend la place
17:05de numéro 1 mondial.
17:07Puis il le renverse
17:07à l'Open d'Australie.
17:08Et c'est là que le vrai défi
17:09de Federer commence.
17:10Quand Nadal atteint sa maturité.
17:12Et Djokovic, lui,
17:13qui il a affronté ?
17:14Novak, il gagne son premier grand chelem
17:16à l'Open d'Australie en 2008.
17:17Il bat Federer
17:18qui est encore au sommet
17:19en demi-finale en 3-7.
17:20Rien à dire.
17:21Exceptionnel.
17:22Et Nadal, à ce moment-là,
17:23il commence à prendre l'ascendant.
17:24Puis Djokovic ralentit.
17:25Il a 2 ans de flottement,
17:27des doutes,
17:28des blessures,
17:29perte de confiance.
17:30Et il revient en 2011 en monstre.
17:31Et c'est vraiment là
17:32que le Big 3 devient réel.
17:33Les affrontements sont légendaires.
17:35Mais regardons l'autre versant.
17:36Après 2016,
17:37Djokovic connaît une baisse,
17:39puis revient en 2018
17:40plus fort que jamais.
17:41Et là, il gagne beaucoup.
17:42À partir de 2018,
17:44il gagne 12 grands chelems.
17:45Mais dans quel contexte exactement ?
17:46Federer, il a 33,
17:4834 ans,
17:49puis 36,
17:5037 ans.
17:51Nadal commence vraiment
17:51à être diminué physiquement.
17:53Les Murray,
17:54Wawrinka,
17:55Del Potro
17:55commencent à être blessés
17:56ou absents.
17:57Dominic Thiem a eu
17:58une période prime
17:592018 à 2020
18:00avant de complètement sombrer.
18:02La next-gen avec
18:03Tsitsipas,
18:04Zverev,
18:04Medvedev,
18:05manque de constance.
18:06Et Alcaraz,
18:07qui est le premier
18:08à vraiment faire douter Djokovic,
18:09n'émerge qu'en 2022.
18:10Encore une fois,
18:11c'est pas du tout pour minimiser.
18:13Djokovic, c'est le plus grand.
18:14On l'a dit
18:14et on le répétera.
18:15J'ai même dit
18:16qu'il était le plus grand sportif
18:17de l'histoire moderne
18:18tout sport confondu.
18:19N'hésitez surtout pas
18:20à aller voir cette vidéo
18:21où j'ai regroupé
18:21tous les sports.
18:22Non, la carrière,
18:23elle est immense.
18:24Mais il faut poser
18:24une question honnête.
18:26Est-ce que Federer
18:26et Djokovic
18:27ont dû gagner
18:28dans deux règnes différents
18:29contre deux autres légendes
18:30à leur meilleur niveau
18:32sur toutes les surfaces
18:33et pendant plus de 15 ans ?
18:34La réponse est non.
18:35Raphaël Nadal,
18:36lui, a survécu à deux aires.
18:37L'ère Federer
18:38puis l'ère Djokovic.
18:40Il est arrivé
18:40quand Federer dominait tout,
18:42il a gagné,
18:42puis Djokovic est arrivé
18:44et il a encore gagné.
18:45Donc Nadal a tenu
18:46dans ces deux aires folles
18:47et il s'est pas contenté
18:48de survivre.
18:50Il a progressé.
18:51Nadal, c'est un joueur
18:52qui a fait muter son jeu
18:53par petites touches
18:54mais en continu.
18:55Il a changé sa position
18:56en retour,
18:57il a modifié son geste au service,
18:58il a raccourci les échanges,
19:00il est monté au filet,
19:01il a utilisé davantage
19:02le slice,
19:03l'amorti,
19:04le jeu vers l'avant,
19:05il a osé prendre des risques
19:06même à 35 ans.
19:07Federer aussi,
19:08mais davantage en 2017
19:09pour changer son approche.
19:11Rover bloqué,
19:12jeu plus agressif,
19:13retour plus risqué.
19:14Djokovic aussi,
19:15mais surtout après 2018
19:16quand il revient
19:17après ses blessures.
19:18Nadal a dû s'adapter
19:19en permanence
19:20sur chaque surface,
19:22face à chaque rivale,
19:23chaque saison.
19:24Et c'est peut-être ça
19:24sa plus grande force.
19:25Il n'a pas simplement
19:26traversé le temps,
19:27il l'a dompté.
19:28Maintenant, faisons une pause.
19:34On laisse un instant
19:35les trophées,
19:35on met de côté les chiffres
19:36et on se pose la question suivante.
19:38Et si Rafael Nadal
19:39avait joué dans une autre époque ?
19:41Pas celle de Roger Federer,
19:42pas celle de Novak Djokovic,
19:43mais dans une époque sans eux,
19:45sans de légende
19:45de son calibre.
19:46Je sais que c'est déci
19:47et que ça peut paraître superficiel,
19:49mais si Nadal avait été
19:50tout seul en haut de la montagne ?
19:51Si il avait eu
19:52la même intensité concurrentielle
19:53qu'un Federer
19:54entre 2004 et 2007,
19:56à affronter des Rodic,
19:57des Hewitt,
19:58Davidenko,
19:59Gonzales,
20:00Lubicic,
20:01Blake,
20:01Bagdatis,
20:02mais sans Federer
20:03en état de grâce.
20:04Sans une opposition
20:05systématiquement gotesque
20:06à chaque grand chelem.
20:07Combien de grands chelems
20:08il aurait gagné d'après vous ?
20:0925 ?
20:1030 ?
20:11Parce que Nadal,
20:12même dans les conditions
20:13les plus difficiles,
20:14a réussi à trouver des titres,
20:15des gros titres.
20:16Alors imaginez-le
20:17dans une ère plus ouverte.
20:18Imaginez un Nadal de 20 ans
20:19qui n'a pas de rival,
20:21qui enchaîne plusieurs saisons
20:22sans avoir à battre
20:23Federer en finale,
20:24sans devoir trouver la solution
20:25contre Djokovic sur dur
20:27et sans subir les assauts
20:28conjugués de deux machines différentes.
20:30Et maintenant,
20:31prenons l'histoire à l'envers.
20:32Et si Federer avait croisé Nadal
20:33dès 2004 ?
20:34Pas celui qui découvrait le circuit,
20:36mais celui de 2008.
20:37Celui qui frappe plus fort,
20:38qui court plus longtemps
20:39et qui t'étouffe dans l'échange.
20:41Et si Djokovic surgissait
20:42dès 2008 ?
20:43Non pas comme un jeune prétendant,
20:45mais comme l'ogre
20:46qu'il est devenu en 2011.
20:47Est-ce que Federer
20:48aurait gardé le même tempo ?
20:49Est-ce qu'il aurait accumulé
20:50autant de titres du grand chelem ?
20:51Ou est-ce qu'il aurait été
20:52contraint lui aussi
20:53de partager,
20:54de perdre
20:54et de se réinventer plus tôt ?
20:56Et si Djokovic avait dû
20:57prendre le pouvoir
20:58avec un Federer
20:59en pleine possession
20:59de ses moyens ?
21:00Et un Nadal
21:01semblait sur chronique ?
21:02Est-ce qu'il aurait pu
21:03construire sa domination
21:04aussi vite ?
21:05Aussi longuement ?
21:05On ne dit pas non.
21:06On ne dit pas qu'ils n'auraient pas gagné.
21:07On dit simplement
21:08que Raphaël Nadal
21:09n'a jamais eu ce luxe-là.
21:10Donc ces questions,
21:11elles ne sont pas là
21:12pour minimiser Federer
21:13ni pour atténuer
21:14ce qu'a bâti Djokovic.
21:15Au contraire,
21:16elles sont là
21:16pour comprendre
21:17une chose essentielle.
21:18Aucun n'a eu l'opportunité
21:19d'évoluer
21:20sans les deux autres.
21:21Ils se sont bloqués,
21:22ils se sont freinés,
21:23ils se sont arrachés
21:24des finales,
21:24des saisons.
21:25Et si Nadal
21:26avait joué sans eux ?
21:27Il aurait sans doute
21:27gagné beaucoup plus.
21:29Mais à l'inverse,
21:29si Federer
21:30n'avait pas eu Nadal
21:31dans les pattes
21:31dès 2005,
21:32ni Djokovic
21:33dès 2008,
21:34il aurait probablement
21:35enchaîné encore plus
21:36de grands chlèmes.
21:36Sa domination
21:37aurait duré plus longtemps
21:38et son rythme
21:39aurait été encore
21:39plus impressionnant.
21:40Et pour Djokovic,
21:41c'est pareil.
21:42S'il n'avait pas dû
21:43affronter un Federer
21:44encore compétitif
21:44à son arrivée
21:45et surtout un Nadal
21:46spécialement redoutable
21:47sur Terre,
21:48il aurait gagné
21:49certains tournois
21:50plus tôt
21:50et atteint
21:51certains records
21:51beaucoup plus vite.
21:52Donc les carrières
21:53du Big 3
21:53ne sont pas construites
21:54indépendamment.
21:55Elles se sont entrelacées.
21:57Et c'est justement
21:57pour ça que seul Djokovic
21:59a tout gagné.
21:59Parce qu'ils se sont ralentis
22:01mais seul Novak
22:01a su déverrouiller
22:02tous les cadenas
22:03appartenant à Federer
22:04et Nadal
22:05et pas l'inverse.
22:06Alors quand on regarde
22:07les chiffres,
22:07les stats,
22:08on compte les titres,
22:09les semaines de numéro 1
22:10mais ce qu'on compte pas
22:11c'est les trophées
22:12qu'ils se sont empêchés
22:13de gagner les uns les autres.
22:14Et c'est là que le débat change
22:15parce qu'on pondère
22:16avec la concurrence.
22:17Et c'est peut-être là
22:17qu'on mesure la vraie complexité
22:19de la trajectoire de Nadal
22:20qui n'est pas la plus linéaire,
22:22pas la plus dominante
22:22mais la plus exposée,
22:24la plus difficile à maintenir,
22:25la plus instable
22:26et pourtant
22:27la plus résistante.
22:28Parce que oui,
22:29Nadal n'a pas eu
22:30le prime le plus long.
22:31Il n'a pas enchaîné
22:31les saisons à 3 grands chelems.
22:33Il n'a pas eu
22:33300 semaines numéro 1 mondial.
22:35Il n'a pas traversé
22:3610 années sans blessure.
22:38Il a eu des creux,
22:38des rechutes,
22:39des mois d'absence,
22:40des saisons écourtées
22:41mais ce qu'il a eu aussi
22:42c'est l'adversité la plus haute.
22:43Pas sur un tournoi,
22:44pas sur une surface
22:45mais sur l'ensemble
22:46de sa carrière.
22:47Federer avant,
22:48Djokovic après,
22:50parfois les deux en même temps
22:51et au milieu
22:51Nadal qui a tout fait pour tenir.
22:53Pas toujours au sommet,
22:54pas toujours favori,
22:55pas toujours au meilleur
22:56de lui-même
22:57mais toujours présent.
22:58Alors peut-être que son prime
22:59est moins impressionnant
23:00que le grand Federer,
23:01que le grand Djokovic
23:02mais sa grandeur
23:03elle est dans sa résistance,
23:04dans sa capacité
23:05à exister
23:06même quand tout
23:07semblait lui échapper
23:08et c'est peut-être
23:08un critère qu'on oublie.
23:10Il a volé des titres
23:10à Federer en plein règne,
23:12il a arraché des grands chlèmes
23:13au grand Djokovic
23:14et tout ça en plus
23:15dans une époque
23:15où l'excellence était la norme
23:17parce qu'on n'a pas parlé
23:18des Murray,
23:18des Wawrinka,
23:19des Del Potro
23:20mais aussi à leur prime,
23:21fallait aller les chercher.
23:22Donc le mythe du GOAT
23:23c'est aussi l'histoire
23:24qu'on traverse pour y arriver.
23:26Les blessures,
23:27les ennemis,
23:27la pression,
23:28les comebacks
23:29qu'on ne pensait pas possible
23:30et cette histoire-là,
23:31Nadal l'a écrite
23:32au milieu du chaos.
23:33Pas en trouvant
23:33un boulevard dégagé
23:34mais en survivant
23:35à deux légendes
23:36au sommet de leur art.
23:37Rafa n'est pas le plus titré
23:38mais il est peut-être
23:39le joueur qui a eu
23:40la carrière la plus difficile
23:41et quand on pense
23:42à la notion de plus grand
23:43on peut se poser une question.
23:44Est-ce que le plus grand
23:45c'est celui qui a le plus gagné
23:47ou est-ce celui
23:47qui a quasiment tout gagné
23:49mais à des moments
23:49où il n'aurait jamais dû ?
23:51Rafaël Nadal
23:56n'a pas le palmarès
23:57le plus fourni.
23:57C'est une réalité.
23:58Il n'a pas eu
23:59la plus longue période
24:00de domination continue.
24:01Il n'a pas gagné le Masters.
24:02Il n'a pas gagné Bercy.
24:03Il n'a pas gagné Shanghai
24:04ni Miami.
24:05Mais ce qu'il a gagné
24:06il l'a fait face à Federer.
24:08Face à Djokovic.
24:09Il l'a fait au milieu
24:10de deux règnes monstrueux.
24:11En étant constamment
24:12au centre du champ de bataille.
24:14Alors on pose une vraie question.
24:15Pas une provocation hein.
24:17Juste une réflexion.
24:18Est-ce que le plus grand
24:18c'est celui
24:19qui a le plus de trophées
24:20ou est-ce celui
24:21qui a résisté
24:22quand personne pensait
24:23que c'était possible ?
24:24Et surtout
24:24face à ceux
24:25qu'on considère aujourd'hui
24:26comme les deux autres
24:27gaudes potentielles.
24:28Djokovic le gaude
24:29des résultats
24:29le gaude des titres
24:30qui a tout gagné
24:31et Federer le gaude
24:32dans ce qu'il a représenté
24:34son influence.
24:35Et attention
24:35ce qu'on vient de faire ici
24:36c'est pas de chercher une excuse.
24:37C'était pas de dire
24:38Nadal n'a pas eu de chance
24:39parce qu'il est tombé
24:40au milieu de ses deux fous.
24:41Et de toute manière
24:41le contexte il a aussi affecté
24:43Federer et Djokovic.
24:44Si Federer avait eu
24:45une décennie sans Nadal
24:46sans Djokovic
24:47peut-être qu'il aurait gagné
24:4830 grands chelems.
24:49Et Djokovic
24:49sans un Nadal en feu
24:50à Roland-Garros
24:51peut-être qu'il aurait
24:52tout raflé encore plus vite.
24:53Mais c'est justement ça
24:54la grandeur de leur génération.
24:56Ils se sont pas contentés
24:57de gagner
24:57ils se sont ralentis
24:58freinés
24:59challengés
25:00et c'est ça qui donne
25:01du poids réel
25:01à chacun de leurs titres.
25:02Donc non
25:03on sort pas le contexte
25:04quand ça nous arrange
25:05on le remet juste dans le débat
25:06parce que c'est lui
25:07qui donne du sens
25:08à tout ce qu'on regarde.
25:09Donc peut-être que le gaude
25:09c'est pas celui
25:10qui a dominé une époque
25:11mais celui qui a traversé
25:12la plus dure
25:13et qui restait jusqu'au bout.
25:14Et vous ?
25:15Si Nadal avait joué
25:16dans une autre époque
25:16combien de grands chelems
25:17vous pensez qu'il aurait remporté ?
25:19Dites-le nous en commentaire
25:20et surtout
25:20continuez à penser par vous-même
25:22parce qu'ici
25:23on ne vous impose pas une vérité
25:24on cherche juste
25:25à creuser des sujets
25:26et trouver des angles
25:27un peu plus intéressants
25:28de ce que la plupart
25:29ont l'habitude de raconter.
25:30Et si tu veux aller plus loin
25:31sur Rafa
25:31en revivant ses débuts
25:32ses hauts
25:33ses bas
25:33ses blessures
25:34ses comebacks
25:35je te laisse avec cette vidéo
25:36juste là
25:36qui revient sur toute son histoire.
25:38Ciao !

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