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00:00Frontée 1 sur Europe 1, vous écoutez Céline Girouet avec vous aujourd'hui, Céline, Jean-Michel, Salvatore et Julie Torres.
00:05Et parlons de cette visite qui dérange. Emmanuel Macron qui reçoit donc Ahmed Al-Shara, le président par intérim de la Syrie cet après-midi.
00:12Cet ancien djihadiste est aussi l'ancien bras droit du commanditaire des attentats du Bataclan.
00:17Et le gouvernement, vous allez l'entendre, tente de justifier cette invitation.
00:22On va écouter Sophie Prima, porte-parole du gouvernement, il y a quelques minutes à l'Elysée, à l'issue du Conseil des ministres.
00:27C'est pas la question d'un djihadiste à l'étranger, encore une fois, à l'Elysée, pardonnez-moi.
00:34Encore une fois, nous avons parfaitement en tête qui est ce dirigeant temporaire.
00:40Nous avons en tête les enjeux qui sont les enjeux de la Syrie.
00:44Et c'est dans cet esprit de responsabilité qu'aujourd'hui, ce dirigeant entame une conversation avec le président de la République.
00:51Nous avons véritablement encore des demandes à lui faire sur des questions démocratiques, de représentation, de valeurs.
00:59Mais c'est en entamant ce dialogue avec lui que nous pouvons avoir des avancées.
01:02Sophie Prima, porte-parole du gouvernement au micro de Jacques Serret pour Europe 1.
01:06Alors, la sécurité des Français se joue en Syrie.
01:08La lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires, la maîtrise du trafic de drogue,
01:12et j'ajouterais l'avenir du Liban se joue en Syrie, selon le ministre Jean-Noël Barraud.
01:16Jean-Michel Salvatore.
01:17C'est vraiment un sujet impossible.
01:20C'est un piège.
01:21Parce que, d'un côté, si les diplomates et les chefs d'État ne parlaient qu'à des démocrates,
01:27ils ne sortiraient jamais de leur palais.
01:31Donc, évidemment qu'il faut parler avec des responsables politiques qui ne sont pas des démocrates,
01:37qui sont parfois même des sanguinaires.
01:40Nicolas Sarkozy avait reçu Bachar Al-Assad.
01:42Bien sûr, et même Vladimir Poutine pour Macron, qui l'avait accueilli au château de Versailles.
01:50Donc, évidemment, si vous voulez que la réelle politique commande d'avoir des relations diplomatiques avec les chefs d'État étrangers.
01:58Donc, on voit bien l'intérêt qu'il peut y avoir à le recevoir.
02:02Mais c'est vrai qu'on est extrêmement gênés.
02:03D'abord, parce que le curriculum vitae de ce chef d'État est évidemment répugnant.
02:13Et puis, je dirais même qu'il y a pire encore.
02:16C'est qu'il y a eu des massacres des Alaouites il y a un peu plus d'un mois et qui ont fait 2000 morts.
02:22Il y a eu des massacres contre les Druzes qui ont fait aussi des centaines de morts.
02:26Et c'est ce personnage-là qui va se retrouver dans la cour de l'Élysée.
02:30Donc, évidemment qu'on est très choqués, très gênés.
02:34Service minimum, pas de tapis rouge, pas de revenus.
02:36C'est bien le moins, comme dirait l'autre.
02:39Je pense qu'il n'y a pas de bonne solution.
02:41Il faut choisir entre la moins pire.
02:42Moi, je suis très gêné par cette visite.
02:46Puisqu'on parle quand même, et vous l'avez dit Céline,
02:49c'est le bras droit des commanditaires des attentats du Bataclan.
02:52Et donc, c'est un petit peu différent de Vladimir Poutine ou de Bachar Al-Assad quand on le reçoit.
02:58C'est-à-dire que là, on parle de quelqu'un qui a du sang français, objectivement, sur les mains.
03:02Donc, ce n'est pas un dirigeant de la Chine communiste.
03:06Ce n'est pas un dirigeant islamiste comme en Qatar, par exemple.
03:10Voilà, c'est quelqu'un, on sait, on connaît son curriculum vitae.
03:14Moi, je ne crois pas du tout à sa déradicalisation.
03:18Ce n'est pas parce qu'aujourd'hui, il met une jolie cravate et un costume bien taillé.
03:22Dérogation de l'ONU pour pouvoir voyager.
03:25Absolument, que ça ne fait pas de lui un islamiste.
03:28Le président français dit, il redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie,
03:33d'une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse.
03:35Il a dit qu'il allait être très exigeant.
03:37Le président français disait qu'il invitait Al-Shara à condition qu'il forme un gouvernement inclusif
03:42et qu'il donne des garanties sur la sécurité du pays.
03:45Jean-Michel l'a dit, il y a des alaouides qui se sont fait trucider il y a à peine quelques jours, quelques semaines.
03:51C'est une blague.
03:51Toutes les minorités sont en insécurité en Syrie.
03:55Donc, non seulement le gouvernement de M. Al-Shara, qui est d'ailleurs président par intérim autoproclamé,
04:01ce qu'il dit beaucoup, le régime syrien.
04:05À part le ministre de la Défense et le ministre de l'Intérieur, il n'y a aucun ministre qui a du pouvoir.
04:08C'est le président qui décide.
04:10Donc, oui, il faut discuter avec tout le monde, avec les régimes autocratiques, les régimes théocratiques,
04:16les républiques, qu'elles soient islamiques ou non, les monarchies.
04:19Mais en revanche, l'accueillir maintenant, au moment même en plus où Emmanuel Macron reçoit le chancelier allemand,
04:26je trouve que le timing est très mauvais.
04:28Jean-Michel Salvator, c'est une blague pour vous ?
04:30Oui, surtout ce que dit Macron quand il dit, oui, je serai intraitable, etc.
04:34C'est une blague.
04:35En fait, qu'est-ce qui est en train de se passer en Syrie ?
04:37Il est en train de s'installer une république islamique, tout simplement.
04:42Et ça ne sera pas un régime modéré.
04:44Ça sera un régime très dur, un peu à l'image du régime islamique iranien qui s'est installé en 1979.
04:52Donc, aller dire qu'on sera intraitable sur les droits de l'homme, moi je pense que dire ça au public français, je trouve que c'est leur manqué de respect.
05:03Et au même moment, en février, après 14 ans de guerre civile, l'Union Européenne a décidé de suspendre une série de sanctions à l'encontre de la Syrie,
05:09notamment des sanctions bancaires, des restrictions imposées au secteur du pétrole, du gaz.
05:14L'Union Européenne, avant la France, avait déjà levé des sanctions et amorcé un diable.
05:18Bien sûr, parce que Bachar Al-Assad était l'ennemi juré, mais on savait ce qu'on perdait avec Bachar Al-Assad.
05:23En revanche, on ne savait pas ce qu'on gagnait.
05:25Et moi, pardonnez-moi, je n'excuserai jamais, je n'oublierai jamais des gens qui ont du sang français sur les mains, encore une fois je le redis.
05:33Des gens qui ont fondé le front al-Nosra, des gens qui ont été les têtes pensantes de la bête immonde du XXIe siècle qu'est l'islamisme,
05:44qu'est la pire idéologie depuis le communisme et depuis le nazisme.
05:47Non, ça je ne peux pas l'oublier.
05:49Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu'on puisse un jour changer d'avis à ce sujet.
05:54Moi, je n'ai jamais vu d'islamistes repentis, en tout cas assez peu.
05:58Et puis, surtout, ce n'était pas vraiment le moment.
06:02Ce n'était pas le moment. On voit bien les intérêts de M. Al-Shara.
06:06Il a besoin de cinq ans pour stabiliser son régime.
06:10Mais Macron reste le premier dirigeant européen à le recevoir et occupe le cas.
06:14Il a besoin d'une légitimité internationale.
06:17C'est la raison pour laquelle il vient en Europe.
06:19Il avait déjà accueilli, notamment M. Barron, on se souvient très bien d'ailleurs,
06:21qu'il avait refusé de serrer la main à la chef de la diplomatie allemande.
06:24Là, on verra s'il croise Mme Macron et s'il décide de lui serrer la main,
06:28puisque à Rome, on fait comme les Romains.
06:29Donc bon, quand Syrie, il refuse, pourquoi pas.
06:31En revanche, en France, on sert la main des femmes.
06:34Et deuxième chose, il a besoin d'argent.
06:35Vous l'avez dit, cette levée des sanctions.
06:37Mais la France est l'étape pour arriver aux États-Unis,
06:40puisqu'on sait très bien que si les États-Unis,
06:42dont d'ailleurs la tête de M. Al-Shara aux États-Unis est mésapprise,
06:45sans les États-Unis, il n'aura jamais la levée totale des sanctions.
06:49C'est la raison aussi de son voyage aujourd'hui.
06:50Merci.
06:51Merci.
06:52Merci.
06:53Merci.
06:54Merci.