L'auteur Louis Sarkozy à propos de son livre sur Napoléon : «Pour Napoléon, la femme est une mère, une sœur, peut être une amie, mais certainement pas une collègue, une politique ou une écrivaine.»
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00:00Parce que chaque génération étudie son passé avec ses propres lunettes.
00:05Et notre génération aujourd'hui est, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas,
00:08dans les débats sur la misogynie, sur le sexisme et sur le racisme et sur l'esclavagisme.
00:12Dans 40 ans, ça sera quelque chose d'autre.
00:14On voit constamment le passé. Bonaparte d'ailleurs disait, rien ne change comme le passé.
00:18On voit le passé d'ailleurs.
00:19C'est drôle cette phrase, je ne la connaissais pas. Rien ne change comme le passé ?
00:22Vous avez vu, il arrive à comprendre comment sa propre légende va être comprise
00:27deux siècles avant sa mort, et sur un million de choses d'ailleurs, il est très juste.
00:31Sur les questions de la misogynie, ce qui me rend dingue dans ce débat,
00:36c'est que les gens qui le critiquent d'un tel crime,
00:38semblent penser que si eux avaient été en vie à l'époque,
00:42ils auraient d'une certaine manière, ils seraient volés au-dessus de tout le monde.
00:45C'est toujours les autres qui sont misogynes.
00:48Or, en termes de probabilité, si eux étaient nés en 1769 avec lui,
00:51ils seraient tout aussi, etc.
00:53Alors il est vrai qu'à l'époque, il y avait des gens qui étaient complètement anti-esclavagisme,
00:56par exemple, un des auteurs que Bonaparte adorait,
00:59qui est l'abbé Rénal, qui avait écrit le traité sur les deux Indes
01:03et qui effectivement faisait des plaidoyers contre l'esclavagisme,
01:07excusez-moi, pendant la totalité du bouquin.
01:09Bonaparte adorait le livre.
01:11Le rétablissement de l'esclavage n'est pas une question de haine raciale,
01:14concept d'ailleurs qui n'existait pas à l'époque.
01:16Le concept même n'aurait pas eu de sens pour lui.
01:18C'est vraiment une question, et ça peut paraître difficile à comprendre,
01:22mais le sujet a cette contextualisée, c'est une question économie.
01:25Parce que Saint-Domingue, Haïti à l'époque,
01:27c'est quelque chose comme un tiers de la production sucrière au monde.
01:31Et Bonaparte, qui avait grand besoin d'argent,
01:33rétablit l'esclavage, ce qui est une chose atroce.
01:35Il ne faut surtout pas essayer de blanchir ce crime-là,
01:38mais il le fait pour des raisons économiques.
01:40Et sur la prétendue misogénie,
01:42vous savez, il y a une phrase de Madame de Stal,
01:44qui plus tard le détestait, mais quand elle était jeune,
01:47adorait Bonaparte.
01:48Elle mentait d'ailleurs sur le fait qu'elle l'adorait.
01:50On a les lettres, on sait que c'est vrai.
01:52Elle le coinçait dans les dîners, elle essayait de le suivre, etc.
01:55Et elle coince Bonaparte pendant un dîner,
01:56elle va le voir en disant,
01:57« Au général, quel est l'attribut que vous préférez chez une femme ? »
02:00S'attendant sûrement à ce qu'il réponde son intelligence,
02:02sa production littéraire, son charme.
02:04« Celle qui me fait le plus d'enfants. »
02:07Donc effectivement, on pense que la relation
02:09commence à se froisser à ce niveau-là.
02:12Mais vous voyez la vision de la femme de Napoléon.
02:14Pour Napoléon, une femme, c'est une mère,
02:16adorait sa mère, une sœur, peut-être une amie,
02:19mais certainement pas une collègue,
02:21certainement pas une écrivaine ou une politique.
02:23Bon, et...
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