Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen et une réflexion supplémentaire dans le débat sur la fin de vie.
00:06Débat essentiel et passionnant qui va se poursuivre et se conclure au grand jour,
00:09en solennité dans l'hémicycle de l'Assemblée à partir de lundi prochain.
00:13La réflexion publiée hier est celle de la Haute Autorité de Santé à propos d'un des critères fixés
00:18par le projet originel pour bénéficier d'une aide à mourir,
00:22que le pronostic vital du patient soit engagé à court ou moyen terme.
00:26La formule avait laissé sceptique pas mal de médecins.
00:29« Nous ne sommes pas des devins » disait-il.
00:32Pourquoi ce moyen terme ?
00:33Parce que le court terme est inscrit dans la loi actuelle,
00:36que les Léonetti et que des patients qui ne sont pas condamnés à une mort imminente
00:39dans quelques heures ou quelques jours ne rencontrent pas de solution législative à leur détresse,
00:45avait écrit le Comité Consultatif National d'Éthique dans son avis de septembre 2022.
00:49Le CCNE avait donc recommandé un moyen terme de quelques semaines ou quelques mois,
00:54une échelle de temps reprise par la Convention citoyenne sur la fin de vie,
00:57et puis par le projet de loi déposé l'an dernier par le gouvernement,
01:01mais que les députés avaient remplacé par l'idée d'un pronostic engagé en phase avancée ou terminale.
01:07Et que dit la Haute Autorité de Santé, Patrick ?
01:09Elle donne raison aux médecins sceptiques et aux députés qui les ont suivis.
01:12L'idée d'un décès inéluctable à moyen terme n'a aucun sens.
01:16Il est impossible d'évaluer le temps qu'il reste à vivre à un malade grave et incurable.
01:21D'ailleurs, aucun autre pays européen n'a retenu ce critère de proximité à la mort,
01:26sauf en Autriche où c'est dans les six mois.
01:28Le Québec, qu'il avait inscrit dans sa loi, y a depuis renoncé.
01:31Non, selon l'autorité, le critère à prendre en compte, ce n'est pas la durée, la quantité,
01:36c'est la qualité du reste à vivre telle qu'elle est perçue par le patient.
01:41Cela revient à élargir le champ de la loi à des malades qui ne sont pas en fin de vie,
01:46avec une belle expression que chacun peut comprendre, la qualité du reste à vivre.
01:50Mais c'est très subjectif.
01:51Oui, oui, c'est ce que soulignent les opposants à l'aide à mourir.
01:54Encore un critère objectif qui saute, encore un garde-fou qui tombe.
01:58Cette loi, disent-ils, ouvre la porte à des dérives, voire à des morts non désirées
02:02et à des conflits d'interprétation entre médecins et malades.
02:04Et c'est un vrai risque.
02:05Des conflits sûrement, mais même sans conditions temporelles,
02:09le texte qui sera discuté lundi reste limitatif et très encadré,
02:14bien plus que dans beaucoup de pays.
02:15D'abord, il ne s'adresse qu'aux malades en pleine conscience
02:18qui en feront la demande de façon libre et éclairée
02:21et qui devront la réitérer plusieurs fois.
02:24Pas de directive anticipée.
02:26La Haute Autorité insiste sur l'importance de la conversation,
02:29de la discussion continue avec le patient,
02:32seul légitime à dire ce qui relève pour lui de l'insupportable.
02:36Un dernier point à retenir des exemples étrangers détaillés
02:39dans l'argumentaire de la Haute Autorité,
02:41l'aide à mourir ne s'oppose pas aux soins palliatifs.
02:45Et inversement, en Belgique, au Canada et ailleurs,
02:47une majorité d'euthanasies ou d'aides à mourir sont pratiquées
02:50en lien avec les soins palliatifs sur des patients qui en bénéficient.
02:54Patrick Cohen