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Jeudi 1er mai, le père d'un chef d'entreprise qui a fait fortune dans la cryptomonnaie a été enlevé, dans le 14e arrondissement de Paris. L’homme a été retrouvé, en vie, mais avec un doigt sectionné, samedi 3 mai, dans un pavillon situé en Essonne.

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Transcription
00:00Merci d'être en direct sur le plateau de BFM Story parce qu'avec vous nous allons reparler de ce qui s'est passé.
00:05En fait ça a commencé jeudi dernier avec un enlèvement en plein jour du père d'un millionnaire de la crypto-monnaie, c'est ça ?
00:12Et c'est l'assaut de la BRI qui a permis de le libérer, c'était samedi.
00:17Oui absolument, donc d'abord vous dire la grande satisfaction des enquêteurs d'avoir pu aboutir au bout de 58 heures
00:25à libérer cette personne qui en effet a été enlevée dans le 14ème arrondissement de Paris jeudi matin.
00:31En pleine rue ?
00:32Par un commando de malfaiteurs cagoulés.
00:36Il a été ciblé par ce commando, 7 individus d'ailleurs ont été interpellés, pourquoi lui précisément ?
00:44Alors ça il faudra le demander aux malfaiteurs qui sont derrière cette action criminelle.
00:50En tout cas voilà c'est effectivement sans pouvoir rentrer dans les détails
00:53parce que l'enquête judiciaire est en cours.
00:56Ma direction, la direction de la police judiciaire, de la préfecture de police travaille sous l'autorité du parquet,
01:01en l'occurrence la juridiction interrégionale spécialisée, la GIRS de Paris.
01:06Et donc ce qu'on peut dire sans rentrer dans trop de détails,
01:10parce que les gardes à vue se poursuivent, c'est que c'était le père d'un jeune homme
01:14qui a fait fortune, en tout cas qui a réussi dans le milieu de la crypto-monnaie.
01:22Donc il a été enlevé, ensuite il a été emmené en région parisienne, à Palaiso, dans un pavillon, dans l'Essonne,
01:30et à ce moment-là il a été torturé.
01:33Alors là vous racontez les choses de façon très condensée.
01:38Mais ce qu'il faut savoir c'est que dès qu'on est saisi,
01:41évidemment cette victime n'est pas dans nos radars, on démarre l'enquête de zéro.
01:46Grâce au témoignage notamment de ceux qui ont vu l'enlèvement ?
01:49En fait ce sont des personnes qui racontent que cet homme qui promenait son chien dans la rue
01:54s'est subitement fait attaquer par ce commando, monté dans une camionnette,
01:58siglé UPS et donc a été emmené.
02:02Donc c'est vraiment le point de départ de l'enquête.
02:03On comprend évidemment tout de suite très au sérieux ces faits,
02:07on comprend tout de suite qu'on est sur des faits graves d'enlèvement.
02:11Et donc là il y a une sorte de rouleau compresseur qui se met en place,
02:16c'est la méthode de la police judiciaire du 36.
02:19Il y a plusieurs services de police qui sont mobilisés en ce cas-là ?
02:20En fait on constitue assez vite une task force d'une centaine d'enquêteurs
02:25qui sont issus de divers services et chacun va venir travailler dans son cœur de métier,
02:31son pôle d'expertise. Donc il y a la BRB, la brigade de représentation du banditisme,
02:35il y a la brigade criminelle, il y a la BRI, il y a la brigade de lutte contre la cybercriminalité
02:39pour l'essentiel. Et ensuite on va constituer des ateliers, des ateliers thématiques,
02:43ceux qui vont être chargés du recueil des témoignages et de la vidéoprotection,
02:48ceux qui vont faire les constatations, ceux qui vont être chargés des opérations de terrain,
02:52ceux qui vont s'intéresser à tout l'aspect crypto-monnaie,
02:54puisque on comprend assez vite qu'on est dans ce domaine-là.
02:57En fait c'est une course contre la montre qui se met en place.
02:58C'est une course contre la montre et tout se joue dans les premiers instants.
03:02Pourquoi ?
03:03Parce qu'en fait il faut tout de suite partir sur les bons rails, je dirais,
03:07lancer les bonnes investigations.
03:09Ce qui est très important aussi, et je le signale, et ça a été le cas dans cette affaire,
03:13c'est la confiance qu'il y a entre les enquêteurs et le parquet, et les magistrats.
03:19Là le parquet nous a fait confiance,
03:21on a élaboré très vite une stratégie ensemble,
03:23et donc on l'a suivi, et ça nous a permis d'accumuler des données colossales.
03:29C'est pour ça qu'on peut parler d'une enquête vraiment hors normes, titanesque.
03:33Mais très rapide.
03:34Alors les données, on les accumule de façon assez rapide,
03:36puisque c'est des données...
03:38C'est quoi ? C'est la géolocalisation ?
03:40La géolocalisation des portables ?
03:42Quand vous...
03:44N'importe qui qui va utiliser son portable dans l'espace public va laisser des traces.
03:47Donc là on va recueillir des données sur le lieu de l'enlèvement, dans un premier temps.
03:52Il y a la vidéo protection, ce qu'on appelle le PZVP à Paris.
03:57Il y a les témoignages oculaires.
03:58Il y a les témoignages, etc.
03:59Puis après il y a la fuite de la voiture des malfaiteurs et tout ça.
04:01Donc on accumule un tas de données.
04:04Et là ce qui a été difficile dans cette enquête,
04:05et encore une fois je ne peux pas rentrer en détail,
04:07puisque le parquet communiquera...
04:09Et les gardes à vue se poursuivent en ce moment.
04:10Et les gardes à vue sont en cours au moment où on se parle.
04:12Ce qui a été compliqué dans cette affaire,
04:14c'est qu'on est vraiment face à des malfaiteurs
04:17qui utilisaient ce qu'il y avait de plus pointu
04:20dans le domaine de la criminalité organisée
04:22pour s'anonymiser,
04:25pour ne pas qu'on remonte à eux.
04:26Ça veut dire quoi ?
04:27À la fois dans leurs échanges entre eux,
04:28dans leur façon de communiquer.
04:30Je ne vais pas entrer dans les détails.
04:30C'est-à-dire qu'ils utilisent par exemple des réseaux cryptés ?
04:33Des réseaux cryptés, mais ça va au-delà.
04:34Parce qu'utiliser des réseaux cryptés, tout le monde le fait.
04:36Mais là ça va au-delà d'utiliser simplement des réseaux cryptés.
04:39Ça veut dire quoi ? Vous pouvez nous donner un exemple ?
04:40Non, parce que j'ai pas envie de donner des petites recettes
04:43à éventuellement des gens malheurs.
04:45Ça veut dire quand même que c'est des gens qui sont aguerris ?
04:47Parce qu'ils sont jeunes les individus qui ont été interpellés.
04:5018 à 30 ans.
04:51Oui, 99, 98, 2005, 2022.
04:542002.
04:55Enfin, 2002 pardon.
04:56Ils sont très jeunes.
04:57Ils sont très jeunes, effectivement.
04:59N'empêche que ce qu'on constate,
05:02c'est qu'ils suivaient un plan.
05:04Alors qui a fait ce plan ?
05:05Est-ce que c'est eux ? Est-ce que c'est d'autres ?
05:06Ça c'est l'enquête qui le déterminera.
05:07Ils suivaient un plan et des méthodes
05:09qui étaient très sophistiquées.
05:11Donc, on a accumulé tout un tas de données.
05:16Et en fait, la difficulté, c'est ensuite,
05:18une fois qu'on accumule toutes ces données,
05:19qu'est-ce qu'on en fait ?
05:20Comment on les exploite ?
05:21Et comme ils commettaient très peu d'erreurs,
05:23il fallait chercher la faille.
05:25Et donc ça, ça a pris du temps.
05:26Ça, ça a pris quasiment 48 heures
05:27pour enfin arriver dans ces données colossales.
05:31C'est des milliers de réquisitions dans tous les sens.
05:33À trouver la petite aiguille dans tout le jeu.
05:38Parce qu'ils commettent forcément une erreur à un moment.
05:39C'est-à-dire que tous les voyous commettent une erreur.
05:41Et c'est pour ça qu'ils nous trouvent sur leur chemin
05:43et que, bien souvent, on arrive à les neutraliser.
05:46Et donc, cette petite aiguille qui intervient
05:48à peu près 48 heures après l'effet
05:51nous permet de remonter petit à petit jusqu'à eux.
05:56Et donc, ça va nous mener, comme vous l'avez dit en préambule,
05:59un pavillon à palaiso.
06:01Sauf que, quand on localise le pavillon,
06:04en fait, on en est sûr à 70-80%.
06:07On n'est pas complètement sûr.
06:09Et là, le temps tourne.
06:11La victime qui est séquestrée
06:13a déjà subi des atteintes à son intégrité physique.
06:16Parce qu'on lui a sectionné un doigt, oui.
06:17Pour faire pression sur sa famille.
06:19Je ne vais pas rentrer trop dans le détail
06:20par respect pour la victime.
06:21Et on s'approche,
06:25donc samedi en fin de journée,
06:26on s'approche d'un nouveau terme,
06:28d'un nouvel ultimatum des ravisseurs
06:29qui disent, voilà, si vous ne payez pas la rançon,
06:32et la famille et le fils en particulier
06:34n'étaient pas en mesure de payer de toute façon,
06:36si vous ne payez pas,
06:37il y aura de nouveau une atteinte grave
06:40à son intégrité physique.
06:41D'accord.
06:42Oui, il y a eu urgence.
06:42Il demandait combien ?
06:44Il demandait plusieurs millions d'euros.
06:46Ça va rentrer dans le détail.
06:47Et là, il y a une urgence
06:48parce que, du coup,
06:49on se retrouve avec cet ultimatum
06:50où, évidemment, la priorité,
06:52c'est préserver la vie de la victime au maximum
06:54et le fait qu'on a peut-être localisé le pavillon
06:57mais qu'on n'en est pas sûr.
06:58Et là, on rentre dans le bilan...
07:02Est-ce qu'on y va ou pas ?
07:03Risques, intérêts...
07:04C'est un pavillon qui avait été loué, c'est ça ?
07:06C'est un pavillon qui avait effectivement été loué
07:08pour une courte durée.
07:09Et donc, on a l'ABRI qui est sur place.
07:13L'ABRI, c'est la partie émergée de l'iceberg.
07:15C'est la partie qu'on voit...
07:17La brigade d'intervention, on connaît tous.
07:18Mais derrière, il y a, comme je vous l'ai dit,
07:21une centaine d'enquêteurs de la BRB,
07:23de la CRIM, de la brigade de lutte contre la cybercriminalité.
07:26Et donc, tous les enquêteurs sont à notre siège,
07:28le 36, le 36 Bastion.
07:31Et on a le chef de l'ABRI en communication.
07:33À ce moment-là, on est tous dans l'atrium de la BRB.
07:36Et il faut décider.
07:39Qu'est-ce qu'on fait ?
07:40On y va ou on n'y va pas ?
07:41Sachant qu'il y a le risque.
07:42Sachant que c'est un fusil à un coup.
07:43Si on y va et qu'on intervient, forcément, ça va se voir.
07:48On n'est pas sûr de la maison exactement,
07:50mais on est quand même à peu près sûr du quartier.
07:52Ça pourrait être une maison à côté.
07:53Exactement.
07:54Donc, si on intervient, que ce n'est pas la bonne,
07:56qu'est-ce qu'ils vont faire à l'otage ?
07:57Voilà.
07:57Donc, il y a vraiment un gros risque.
07:59Et qui donne le goût.
07:59Je prends la décision d'intervenir après avoir eu leur BQO,
08:06la procureure de Paris, qui valide ma décision et notre stratégie.
08:11Parce qu'encore une fois, c'est cette confiance enquêteur-magistrat
08:14qui permet de réussir dans ces dossiers.
08:16Et donc, je donne le goût au chef de la BRI qui est sur place.
08:19On est tous à l'écoute radio autour.
08:21Et je lui dis, c'est bon, go, on peut y aller, tu peux donner l'assaut.
08:24Et là, il s'écoule 20 ou 25 minutes, en fait,
08:27le temps que la BRI s'équipe, constitue les colonnes
08:30pour encerquer la maison, etc.
08:32Là, il y a un silence total.
08:34Tous les enquêteurs, tout le monde arrête ses procès-verbaux,
08:37ses rédactions, tout ce qu'il est en train de faire.
08:39Tout le monde vient là, tout le monde écoute.
08:41Donc, il y a un grand silence.
08:42On entend la BRI progresser sur les ondes.
08:46Le chef de la BRI indique qu'il donne l'assaut.
08:50Donc là, il y a du bruit, il y a l'intervention.
08:52Et voilà, quelques instants après,
08:54il prend la radio et il dit jackpot.
08:56Signe que tout va bien.
08:58Dans notre jargon, jackpot, c'est bon.
09:01Jackpot, c'est surtout qu'on a libéré,
09:03qu'on a retrouvé et libéré l'otage.
09:04Comment les interpellations se déroulent ?
09:06Est-ce qu'il y a, comment dirais-je,
09:08des échanges de coups de feu ?
09:10Plutôt non ?
09:11Est-ce qu'ils vous opposent une forme de résistance ?
09:13Alors, la BRI progresse.
09:16Encore une fois, je ne peux pas rentrer trop dans le détail des faits.
09:18Tout ça est couvert par le secret de l'enquête.
09:21Il n'y a pas d'échange de coups de feu.
09:24Les personnes qui se trouvent dans la maison sont neutralisées.
09:26Et surtout, surtout, surtout,
09:28la victime, la personne retenue, est libérée.
09:32Et ça les sauve.
09:33Elle est, encore une fois, je ne peux pas,
09:36par respect pour elle et pour ses proches,
09:39mais elle a eu des conditions de détention très difficiles.
09:42Elle est blessée physiquement et moralement,
09:44comme on l'imagine.
09:45Et il faut savoir que dans chaque colonne d'intervention de la BRI,
09:49il y a un médecin de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris
09:52qui lui prodigue les premiers soins avant qu'ils soient médicalisés.
09:55Pour suivre l'assaut, est-ce que c'est filmé ?
09:57Ce n'est pas filmé.
09:58Donc, vous n'avez pas de retour par image ?
10:01Non, on n'a pas de retour.
10:01C'est le son, en fait.
10:02C'est le son.
10:03C'est le son.
10:04Et je peux vous dire que quand…
10:05Vous entendez les hommes de la BRI qui rentrent,
10:07progresser dans le silence, j'imagine,
10:10pour ne pas se faire…
10:11Oui.
10:11Et ensuite, il y a les quelques secondes de l'assaut
10:13où là, forcément, c'est un peu bruyant.
10:17Et je peux vous dire que quand il y a ce mot de jackpot,
10:19c'est un soulagement indescriptible.
10:21Je peux dire, dans une carrière de policier,
10:23en PJ, on ne vit pas ça tous les jours.
10:26Et là, les enquêteurs ont applaudi,
10:28on s'est pris dans les bras les uns les autres.
10:29C'était vraiment un soulagement énorme.
10:31Et les ravisseurs ?
10:32Les ravisseurs, ils se sont montrés violents ?
10:34Parce qu'ils étaient armés.
10:35Ils étaient quand même bien équipés, comme vous l'avez dit.
10:37Pour avoir commis, effectivement, les graves blessures en question,
10:42oui, effectivement, ils étaient équipés.
10:44Ce qui, aujourd'hui, fait que l'enquête est ouverte aussi
10:48pour des actes de torture et de barbarie.
10:51L'enlèvement-séquestration est aggravé par ces actes de torture et de barbarie,
10:55si bien que ces jeunes hommes, qui sont présumés innocents,
10:58mais qui sont jamais, si jamais, ils sont déférés, mis en examen,
11:01eh bien, ils encourt tout de même la réclusion criminelle à perpétuité.
11:03Comment ils ont été choisis ?
11:04Ils ont été recrutés sur Internet, c'est ça ?
11:06Non, alors ça, on ne peut absolument pas le dire.
11:09On n'en sait rien pour l'instant.
11:11Ils se connaissaient ou ils sont recrutés ?
11:13On a plusieurs personnes en garde à vue.
11:15Il faut qu'on détermine le rôle de chacun.
11:17Sont des Français ?
11:18Pour la plupart, oui.
11:22Connus des services de police et de justice ?
11:24Connus, connus.
11:25Ce sont des gens d'une vingtaine d'années.
11:26Ce sont tous des hommes qui sont connus,
11:29mais qui n'ont pas non plus un palmarès,
11:32si évidemment ce terme est ironique, de très, très haut niveau.
11:36Donc, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément aguerris,
11:38mais ce n'est pas pour ça qu'ils ne sont pas violents ?
11:40Alors, encore une fois, je ne veux pas trop parler de cette affaire-là précisément,
11:43parce que tout est en cours et seul le parquet pourra vous donner plus de détails.
11:48Ce que je peux vous dire, c'est que dans les affaires en général que l'APJ traite,
11:52on a en effet de plus en plus de jeunes délinquants,
11:56de membres du narco-banditisme,
11:58qui sont recrutés au contrat, à la commande.
12:02Alors, c'est vrai pour le trafic de stups lui-même,
12:05c'est vrai pour les règlements de comptes,
12:07c'est vrai pour les home-jacking, les attaques à domicile.
12:10On a des gens jeunes, inexpérimentés,
12:13qui, quand ils commettent leur action criminelle,
12:16s'ils sont confrontés à la moindre résistance,
12:18si le plan ne se passe pas comme prévu,
12:19très vite, ils paniquent, très vite, ils tombent dans la violence,
12:21et donc c'est encore plus dangereux.
12:23On n'est pas du tout sur les beaux voyous,
12:26comme on les appelait en PJ, qui avaient un code d'honneur il y a 20 ou 30 ans.
12:30C'est la deuxième affaire d'enlèvement, quand même,
12:31il y a eu l'affaire David Ballon,
12:34effectivement, qui a été très médiatisé il y a
12:35quelques semaines de cela, mais en décembre dernier,
12:38le père d'un influenceur, déjà,
12:39avait été enlevé
12:41en province.
12:43Il y avait eu un autre fait similaire,
12:45il y a un an, un an et demi, toujours visant
12:47un influenceur en
12:49crypto-monnaie. Il y a un vrai sujet, en ce moment,
12:51d'inquiétude sur les profils
12:53de ces victimes-là,
12:55qui, parfois, ont aussi la mauvaise idée,
12:57j'allais dire, de mettre
12:59un petit peu sur les réseaux sociaux,
13:00d'étaler, comme ça, un petit peu leur réussite,
13:03et, forcément, de donner l'envie à des malfaiteurs
13:05de s'en prendre à eux.
13:07Quelles sont les leçons à tirer
13:08de ce qui s'est passé ?
13:11Alors, les leçons à tirer,
13:12je dirais,
13:15pour nous, police judiciaire,
13:16et pour d'éventuelles futures victimes.
13:19Pour nous, police judiciaire,
13:20on avait déjà commencé, il y a quelques mois,
13:23à la police judiciaire de la préfecture de police,
13:24à faire des réunions de travail,
13:27avec, justement,
13:28la brigade criminelle,
13:29la BRI,
13:30la brigade de lutte contre la cybercriminité,
13:32la BRB,
13:32les services qui ont agi aujourd'hui,
13:35pour mettre en place
13:36des plans d'action,
13:38si ce genre d'affaires arrivait.
13:41Et, d'ailleurs, ça nous a servi
13:42à être positionnés
13:45et à réagir vite.
13:47Donc, ça, c'est, voilà,
13:48quelles sont les méthodes qu'on emploie
13:49d'un point de vue policier,
13:50et donc, on va en tirer
13:51beaucoup de leçons, forcément.
13:53Après, pour les victimes,
13:55que ce soit les personnes
13:56qui ont fait fortune en crypto-monnaie,
13:59que ce soit les gens
13:59qui s'exhibent sur les réseaux sociaux
14:01avec des montres de luxe,
14:02des sacs de luxe,
14:03exactement,
14:04forcément, c'est des gens
14:05qui s'exposent.
14:06Et il faut savoir
14:06qu'il y a des malfaiteurs,
14:07il y a des malfaiteurs aujourd'hui
14:08qui passent leur temps
14:09à cibler ces gens-là
14:10et qui, ensuite, vont...
14:11À repérer les adresses.
14:13Exactement.
14:14Ils les repèrent,
14:14ils les identifient,
14:15ils les logent,
14:16dans notre jargon,
14:17et ensuite,
14:18ils vont payer
14:20des équipes,
14:22parfois des équipes à tiroir,
14:23qui ne sont pas des équipes constituées,
14:24qui peuvent changer
14:25du jour au lendemain
14:25pour aller faire
14:27les attaques.
14:28Et sur la crypto-monnaie,
14:29en particulier,
14:30c'est particulièrement
14:31un domaine,
14:32je dirais, sensible,
14:34parce que l'argent
14:35est très facilement transférable
14:37et surtout,
14:38c'est visible.
14:39C'est-à-dire que quand...
14:40Bon, c'est un peu comme si
14:42vous pouviez voir
14:43ce que chacun a
14:44sur son compte en banque,
14:45votre voisin,
14:46votre collègue,
14:46dans des banques traditionnelles.
14:47Là, la crypto,
14:48c'est un peu ça.
14:49À partir du moment
14:50où vous avez
14:50le numéro
14:51de ce qu'on appelle
14:51les wallets,
14:53où sont stockées
14:54les crypto-monnaies,
14:56vous pouvez savoir
14:57à qui c'est attribué
14:58et savoir ce qu'il a.
14:59On voit le montant.
15:00Donc, tous les fonds
15:00sont traçables
15:01et sont facilement accessibles.
15:04Aujourd'hui,
15:04aller braquer une banque,
15:05aller braquer une bijouterie,
15:06c'est devenu marginal
15:07parce qu'il y a des procédures
15:08de sécurité massive.
15:11Donc, c'est accéder
15:12à l'argent facilement
15:14et une fois qu'on l'a,
15:14cet argent,
15:15pouvoir le transférer
15:16et le blanchir facilement
15:18puisque ça passe
15:19de wallet en wallet,
15:20c'est sur des plateformes
15:21qui sont plus ou moins sécurisées.
15:24L'argent peut arriver
15:25dans des pays étrangers,
15:26la Corée du Nord,
15:27la Chine,
15:28la Russie,
15:28où forcément,
15:29la coopération
15:30va être plus compliquée.
15:31Et quand ils arrivent
15:32dans ces pays-là,
15:33ça peut ressortir,
15:34je dirais,
15:35dans l'économie réelle,
15:35sur des comptes bancaires
15:36et puis ils arrivent
15:37à récupérer l'argent comme ça.
15:38Prudence aussi,
15:39même avec ces nouvelles technologies.
15:41Votre ancien patron,
15:42l'ancien ministre de l'Intérieur,
15:44aujourd'hui garde des Sceaux,
15:45Gérald Darmanin,
15:46estime qu'il n'y a plus
15:47de lieu safe en France.
15:49C'est-à-dire sûr.
15:49Vous êtes d'accord avec ça ?
15:51Alors,
15:52ce qui est sûr,
15:52c'est qu'à partir du moment
15:53où on se trouve
15:54sur l'espace public,
15:56par définition,
15:58il peut vous arriver
15:58quelque chose.
16:00Mais plus aujourd'hui
16:01qu'avant ?
16:02Après,
16:03alors,
16:03moi je suis patron
16:04de la police judiciaire
16:05de la préfecture de police.
16:06Aujourd'hui,
16:08j'ai travaillé
16:09il y a peu de temps
16:11aussi en province.
16:13Ce qu'on peut
16:13objectivement constater,
16:14c'est que dans des villes
16:15petites ou moyennes,
16:17il y a aujourd'hui
16:18un niveau de violence,
16:19notamment dans le narco-banditisme
16:21qu'on ne connaissait pas
16:22il y a 5 ou 10 ans.
16:23Donc oui,
16:24en effet,
16:24cette violence,
16:25elle est présente
16:26dans la société
16:26et pour ce qui est
16:28du narco-banditisme
16:29en particulier,
16:30elle touche aujourd'hui
16:31l'ensemble du territoire
16:33et plus forcément
16:34les grandes métropoles
16:35comme auparavant.
16:35Et donc,
16:36quel message envoyer
16:38aux citoyens ?
16:39Soyez plus sous vos gardes
16:40qu'avant ?
16:43Vous voulez dire
16:43par rapport aux attaques
16:45dont on parlait
16:46sur cette affaire ?
16:46Par rapport à cette insécurité,
16:47par rapport à des gens
16:48qu'on peut rencontrer
16:49même sur l'espace public ?
16:50Non,
16:51moi je pense que
16:51les citoyens
16:52dans l'espace public
16:52peuvent avoir confiance
16:54dans leurs services
16:55de police.
16:59Alors là,
16:59c'est le préfet de police.
17:00Les services de police
17:00qui n'arrêtent pas de dire
17:02on manque d'effectifs
17:02justement pour pouvoir
17:03assurer la sécurité
17:05du quotidien,
17:06les patrouilles et autres.
17:07Est-ce que c'est vrai ?
17:08On peut toujours mettre
17:09un policier derrière
17:13chaque citoyen
17:14et considérer
17:15que ce serait plus sécure.
17:16Bon,
17:16après,
17:16il faut trouver
17:17le juste équilibre.
17:18Moi,
17:18je ne veux pas parler
17:19au nom du préfet de police,
17:21notamment par rapport
17:21à la sécurité du quotidien
17:22dans l'agglomération parisienne.
17:24Il vous le dirait mieux que moi,
17:25mais il y a des chiffres
17:27qui sont orientés à la baisse
17:30de façon régulière
17:31et de façon très sensible.
17:33Les agressions
17:33dans les transports en commun,
17:35les vols avec violence,
17:36tout ça diminue quand même.
17:38Donc,
17:38il faut voir effectivement
17:39le côté violent de la société
17:41pour une frange d'individus,
17:44mais il faut voir aussi
17:44les choses qui marchent mieux,
17:46qui s'améliorent.
17:47Et il y a un gros travail
17:48qui est fait par l'ensemble
17:49des services
17:49et notamment la police judiciaire.

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