Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 05/05/2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Jocelyne Berger n'arrivait pas à trouver le sommeil.
01:06C'était une nuit de pleine lune.
01:08Il y avait du vent, de l'orage, de l'électricité dans l'air.
01:12Les branches des arbustes tapaient contre les volets
01:15et Jocelyne finit par allumer sa lampe de chevet pour essayer de lire et surtout calmer ses angoisses.
01:22Tout à coup, le vent se mit à souffler avec plus de violence encore et un volet cogna fort contre le mur.
01:32Pourtant, Jocelyne se souvenait d'avoir soigneusement fermé toutes les issues.
01:37C'est ce qu'elle faisait chaque fois qu'elle se trouvait toute seule dans sa maison de campagne.
01:41Le bruit se fit entendre à nouveau.
01:45Tous ces sens étant en alerte, Jocelyne réalisa soudain que ça ne venait pas d'un volet, mais de la porte d'entrée.
01:52Oui, on aurait dit que quelqu'un cognait de toutes ses forces contre la porte.
01:57Jocelyne, le cœur battant, se glissa hors du lit, enfila son peignoir, sortit de la chambre et resta figé en haut de l'escalier.
02:09Qui pouvait frapper à sa porte, à quatre heures du matin, par une nuit de pleine lune ?
02:16Tout à coup, il lui sembla entendre une voix.
02:21C'était une voix de femme qui criait « Au secours, au secours ! Ouvrez-moi, je vous en prie ! »
02:28Jocelyne descendit l'escalier, s'approcha de la porte d'entrée et demanda « Qui est là ? »
02:36La voix répondit « J'ai été agressée dans la forêt près d'ici. Ouvrez-moi, je vous en prie ! »
02:44La voix était brisée, implorante.
02:47Sans hésitation, Jocelyne ouvrit la porte.
02:51Une jeune fille était là, tremblant de froid, à moitié nue, exténuée, à garde, ruisselante de pluie et de larmes.
03:02À travers ses sanglots, Jocelyne Berger comprit que la jeune fille avait été agressée et violée par trois individus qui avaient pris la fuite.
03:11Après avoir servi une boisson chaude et enveloppé la malheureuse dans une couverture, Jocelyne téléphona à la gendarmerie.
03:22Quelques minutes plus tard, l'adjudant-chef Aubin et le gendarme Dijon sont sur les lieux.
03:27Prévenus par le commandant de compagnie, je les rejoins immédiatement accompagnés du chef Beauvais, technicien des investigations criminelles,
03:37et du maître chien Campan, flanqué de son fidèle Roxy.
03:43Il m'est très difficile de recevoir la déposition de la jeune fille, qui semble fortement traumatisée.
03:49Elle s'appelle Agnès Champaud, elle a 18 ans.
03:55Avec bien du mal, je réussis néanmoins à comprendre ce qui s'est passé.
04:01Après avoir quitté des amis avec lesquels elle était allée au cinéma à Chaumont ce samedi soir 30 mars,
04:08elle a voulu rentrer chez ses parents à bord de sa voiture, une Clio de marque Renault.
04:12Il était environ une heure et demie du matin, et la rue Jean Jaurès qu'elle venait d'emprunter était vide de toute circulation.
04:21Quand arrivée à hauteur de la cité Magellan, une zone sinistre et mal éclairée,
04:27elle s'était arrêtée au feu qui venait de passer au rouge.
04:32Brutalement, la portière gauche de la Clio s'était ouverte.
04:35Un homme armé d'un pistolet l'avait bousculé, prenant sa place au volant,
04:39tandis que deux autres individus s'engouffraient par la porte droite.
04:42D'une voix à peine audible, Agnès Champeau raconte que la voiture a démarré en trombe,
04:52prenant la direction du nord, traversant un village désert et s'immobilisant dans un chemin creux,
04:58en plein bois, après avoir parcouru une dizaine de kilomètres.
05:02Sous la menace d'un pistolet et d'un couteau, les trois hommes l'ont obligé à se dévêtir et l'ont violé à tour de rôle.
05:15Au moment de repartir, ces ignobles individus constatent que la voiture est embourbée,
05:20alors ils s'enfuient, abandonnant la jeune fille qui, errant dans la nuit,
05:24finira par frapper à la porte de Jocelyne Berger.
05:29Dès les premières constatations, nous nous rendons compte qu'il n'y a aucun indice exploitable.
05:37Dès l'aube, la pluie qui s'est remise à tomber rend le chien inefficace
05:41et brouille les éventuelles empreintes sur la carrosserie de la Clio.
05:45Néanmoins, la voiture est passée au peigne fin au cas où l'on trouverait un indice.
05:52Tous les objets découverts dans le véhicule sont saisis et présentés à Agnès Champeau, sans résultat.
06:01Un ratissage est organisé dans le bois, où a eu lieu le viol.
06:06À 500 mètres de l'endroit où on a retrouvé la voiture,
06:09on découvre une chaussette de nylon noir trouée, malheureusement sans intérêt.
06:15Je continue d'interroger Agnès Champeau, dont l'attitude me semble de plus en plus étrange.
06:24En effet, on dirait qu'elle ne veut pas coopérer.
06:27Elle se fige dans un mutisme inquiétant.
06:31J'essaie de la raisonner.
06:33Voyons, mademoiselle Champeau, je comprends que vous répugniez à parler de ce qui vous est arrivé,
06:37mais croyez bien que nous ne voulons que retrouver au plus vite ces monstres.
06:42Ils doivent être arrêtés et jugés pour le mal qu'ils vous ont fait,
06:46et mis hors d'état de recommencer un acte aussi ignoble.
06:51Agnès Champeau reste prostrée et répond évasivement aux questions que je lui pose.
06:56J'ai fait venir de Chaumont une jeune femme gendarme, Françoise Arena,
07:03car je comprends qu'il est difficile pour Agnès de se confier à un homme
07:09après les heures traumatisantes qu'elle a vécues.
07:13Malheureusement, Françoise Arena n'obtient pas plus de résultats que moi.
07:18Agnès ne veut plus rien dire.
07:20Son silence est tel que je m'interroge.
07:26Serait-il possible qu'elle nous ait mystifiés ?
07:29Après tout, elle n'a que 18 ans, peut-être,
07:31s'est-elle rendue samedi soir dans les bois en galante compagnie
07:34et prise de panique à l'idée d'avouer à ses parents
07:38que sa voiture étant bourbée en un lieu où elle n'était pas supposée se rendre,
07:43elle a inventé de toutes pièces cette histoire de viol.
07:46Pas un indice, pas une empreinte à l'intérieur de la voiture
07:49et la visite médicale à laquelle elle se soumet n'apporte aucun élément nouveau.
07:56Comment savoir ce qui se passe dans la tête de la jeune fille ?
08:01Je décide de la mettre au pied du mur et de lui faire part de mes doutes.
08:07Mademoiselle Champot, je vous avoue que je regrette que vous ne soyez pas plus coopérative.
08:13Nous allons vraisemblablement arrêter là notre enquête,
08:16faute de preuve que vous ayez bien été violé.
08:19Et comme vous refusez de parler, de décrire au moins l'un des hommes qui vous ont agressé,
08:24j'ai fini même par me demander si toute cette histoire est vraie.
08:27Après tout, vous avez peut-être vous-même embourbé votre voiture
08:31et pour ne pas que vos parents vous grondent, vous avez imaginé toute cette histoire.
08:35La réaction ne se fait pas attendre.
08:42Agnès Champot semble se réveiller.
08:45Croyez ce que vous voulez, monsieur.
08:47Après tout, moi je sais ce que j'ai souffert.
08:49C'est vrai, je n'ai rien vu.
08:51Trois hommes masqués de noir, habillés de noir, comment voulez-vous que je les décrive ?
08:55Si vous voulez des détails croustillants, retrouvez mes agresseurs, monsieur.
08:59Eux sauront vous en donner des détails.
09:01Moi, je ne dis rien.
09:04Si je ne dis rien, c'est que je ne sais rien.
09:06Classez l'affaire si ça vous chante, monsieur.
09:08Pour moi, tout ce que je souhaite, c'est oublier le plus vite possible.
09:13Je me sens un peu honteux face aux accents de sincérité de la jeune fille.
09:20La jeune femme gendarme, Françoise Arena, me met en garde.
09:23Dans une affaire de viol, il faut savoir tenir compte de l'état de choc de la victime,
09:27en faisant preuve de patience.
09:28Si la jeune fille reste évasive, c'est par pudeur, bien sûr.
09:36Il m'arrive souvent d'être maladroit avec les femmes, mais cette fois, je me suis surpassé.
09:43Plus par routine que par conviction, dans l'après-midi,
09:46le chef Beauvais reprend ses recherches d'indices dans la voiture.
09:51Comme c'est un perfectionniste, pour arriver le mieux possible à relever des empreintes éventuelles,
09:56il démonte les sièges avant de la Clio.
10:00Coincé entre le rail de réglage et les tapis caoutchoutés,
10:05le chef Beauvais trouve un briquet publicitaire de la marque Diamélite,
10:09qu'il va rendre à Agnès Champaud.
10:11Pour la première fois depuis le début de cette enquête, la jeune fille est formelle.
10:20Ce briquet ne lui appartient pas.
10:24C'est notre seul indice.
10:27Il semble un peu mince, c'est vrai, mais nous devons entreprendre toutes les recherches possibles pour faire avancer l'enquête.
10:32Agnès Champaud, qui persiste dans ses affirmations, a-t-elle dit la vérité ?
10:38Si oui, qui sont les auteurs de l'odieuse agression dont elle a été la malheureuse victime ?
10:44C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
10:46Par une nuit de pleine lune, sous un violent orage,
10:58une jeune fille frappe à la porte d'une maison de campagne isolée.
11:03Elle prétend avoir été agressée et violée par trois hommes masqués
11:07qui sont montés à bord de sa voiture et l'ont emmenée en forêt.
11:10Le véhicule étant embourbé dans un chemin creux,
11:16les trois voyous, leur acte odieux accompli, ont pris la fuite.
11:24Tout au long de l'enquête, la victime, Agnès Champaud, 18 ans,
11:30reste enfermée dans un mutisme inquiétant et ne semble pas vouloir coopérer.
11:37Le seul indice que mes gendarmes ont trouvé dans la voiture
11:39est un briquet publicitaire qui n'appartient pas à la jeune fille.
11:46Appartiendrait-il à l'un des voyous ?
11:49Le lundi matin, je décide de me rendre à l'endroit où Agnès Champaud
11:53prétend avoir été agressée.
11:58La cité Magellan est vraiment ce que l'on peut faire de pire
12:02dans le genre cité à haut risque.
12:04Le lieu est sale, sinistre, sans âme, misérable.
12:11Un groupe de jeunes est assis aux abords de la cité, sur le gazon,
12:14enfin, sur l'herbe rare de ce qui a peut-être été un jour une pelouse.
12:22Nous nous dirigeons vers la loge du gardien qui, en nous écoutant,
12:26hoche tristement la tête.
12:27« Vous savez, ici, c'est la zone.
12:31Il ne se passe pas un jour sans qu'il y ait une agression,
12:34un vol de sac, une bagarre.
12:36Ça devient dangereux d'habiter la cité.
12:40Maintenant, vous me dites qu'il y a eu un viol, mon Dieu.
12:44Plus rien ne m'étonne. »
12:46Je vais demander s'il soupçonne quelqu'un en particulier.
12:50Encore une fois, il soupit.
12:51« Ici, les jeunes, ils sont désœuvrés, n'est-ce pas ?
12:56Ceux qui sont en âge de travailler sont au chômage
12:58et les autres, ils ne vont même pas à l'école
13:01parce qu'ils disent qu'à la sortie, ils seront chômeurs eux aussi.
13:05Alors, ils traînent, ils volent, ils boivent de la bière.
13:11Il suffit qu'ils aient bu une canette de trop samedi soir et puis voilà.
13:16Ils sont désespérés, comprenez ?
13:18Ils ne respectent plus rien.
13:19Qu'est-ce que vous voulez ?
13:22Mais non, moi, je ne soupçonne personne,
13:24mais ce qui s'est passé, mon commandant,
13:28je crois qu'ici, ils en sont tous capables.
13:33Malgré la bonne volonté du gardien,
13:35il ne nous reste plus qu'à faire du porte-à-porte dans la cité.
13:41Nous sortons dans le hall.
13:42C'est à ce moment-là que le gardien revient vers nous.
13:46Réflexion faites, mon commandant.
13:47« Devriez aller voir l'escalier C, au cinquième étage.
13:51Un fou obsédé sexuel et puis très violent.
13:55C'est peut-être bien lui qui a fait le coup.
13:57Il s'appelle Fraugère.
13:59Et je ne vous ai rien dit. »
14:02Nous prenons donc l'escalier C et nous montons au cinquième
14:07dans un ascenseur qui ressemble davantage à un cachot
14:11qu'à un ascenseur.
14:14Nous frappons à la porte du dénommé Faugère
14:17qui nous ouvre mais qui refuse de nous laisser entrer
14:20ou qui refuse même de répondre à nos questions.
14:24Il prétend n'avoir rien à nous dire.
14:26Qu'à cela ne tienne,
14:29avec l'aide des hommes qui m'accompagnent,
14:30je le fais emmener de force à la brigade
14:33où il nous fait tout un numéro.
14:36« Je répondrai aux questions qu'en présence de mon avocat.
14:39Je clame mon innocence avec vigueur
14:41jusqu'à ce que mort s'en suive.
14:42C'est une bavure.
14:44Je sais bien ce que vous allez me faire.
14:45Vous allez me frapper lâchement
14:47alors que je n'ai rien à me reprocher.
14:48Vous êtes des SS, des tortionnaires.
14:51Vous aurez ma mort sur la conscience. »
14:55Faugère pousse des hurlements tels qu'on ne s'entend plus
14:58et qu'il est pratiquement impossible de procéder à son interrogatoire.
15:03Ce n'est qu'au bout de quelques heures,
15:05alors qu'il est en proie à une crise de nerfs
15:08et qu'il se met à sangloter comme un enfant,
15:10que j'arrive à me faire entendre de lui.
15:14« Monsieur Faugère, je n'ai pas du tout l'intention de vous frapper
15:17ni de vous accuser d'un crime que vous n'auriez pas commis.
15:21Je voudrais simplement que vous me disiez
15:23où vous étiez samedi soir. »
15:26« Ça n'est pas compliqué tout de même. »
15:30C'est à cet instant que je me rends compte que
15:32le dénommé Faugère est vraiment très laid.
15:38Il ressemble à un énorme crapaud
15:39qui est allé parterrer
15:40et qui se répand sans retenue.
15:43Il me regarde,
15:45reste soudain bouche bée
15:47et finit par répondre.
15:50« Samedi soir ? »
15:52« Mais j'étais à la Scala comme tous les samedis soirs.
15:56Je suis resté au bar toute la journée.
15:57Le garçon pourra confirmer.
15:59Et je suis resté jusqu'à trois heures du matin. »
16:02« C'est tout ce que je voulais savoir, monsieur Faugère. »
16:05« C'est tout ce que je voulais savoir.
16:07Nous allons vérifier votre alibi
16:09et vous serez libre. »
16:12Le personnel de la Scala ayant confirmé
16:15les dires du dénommé Faugère,
16:18je le laissais sortir.
16:19« Monsieur Faugère, vous remarquerez
16:21que vous sortez sans fracture et sans échymoses.
16:25N'est-ce pas ? »
16:28« Se détraquer, nous ayant fait perdre pas mal de temps,
16:32nous devons retourner du côté de la cité Magellan.
16:34Je sens que là-bas se trouve la solution. »
16:39Mais tout à coup, mon adjoint, le major Morsan,
16:42m'apprend que l'enquête vient enfin
16:44de prendre un tour nouveau.
16:46En effet, la direction de la maison Diamélite à Paris
16:49nous fait savoir que le briquet découvert
16:52dans la voiture d'Agnès Champot
16:53et dont on a transmis la description la veille
16:56correspond à une série
16:58qui n'a pas encore été distribuée dans le public.
17:01Ils ont été expédiés
17:02aux seuls représentants régionaux de la marque
17:04en prévision d'une campagne publicitaire.
17:07Je fais donc immédiatement rechercher
17:10le représentant régional de la marque Diamélite.
17:15Une fois celui-ci identifié,
17:17je le fais convoquer d'urgence à mon bureau.
17:20Il me déclare avoir été victime d'un vol
17:22dans sa voiture le 21 mars dernier.
17:25On lui aurait dérobé
17:26tout un stock de briquets publicitaires.
17:29S'il n'a pas porté plainte,
17:30c'est que les briquets n'ont pas une grande valeur.
17:32Il ajoute que sa voiture était alors stationnée
17:36à proximité de la cité Magellan, à Chaumont.
17:40Une fois de plus,
17:41nous en revenons à la cité Magellan.
17:44Après une enquête discrète,
17:46mais minutieuse,
17:48le représentant est rapidement mis hors de cause.
17:52Le 2 avril,
17:54je concentre mon enquête
17:55plus particulièrement
17:56sur cette cité Magellan.
17:58Il faut tout mettre en œuvre
18:01pour retrouver les voleurs
18:02du stock de briquets,
18:03car ils devraient théoriquement
18:05nous conduire aux violeurs.
18:07Et il faut que tout aille très vite.
18:11Je demande donc le concours
18:13des gendarmes
18:13de toutes les brigades de Chaumont
18:15et je propose un stratagème très simple.
18:18Ils n'auront qu'à demander du feu
18:19à toutes les personnes
18:20qu'ils rencontreront
18:21au cours des services et des enquêtes.
18:25Vers 17h,
18:27deux de mes hommes,
18:28parmi d'autres,
18:29qui passent la cité Magellan
18:30au peigne fin,
18:32questionnent les locataires
18:33palier par palier.
18:35Le jeune homme
18:35qu'ils interrogent
18:36est sympathique
18:37et n'a vraiment pas
18:38une tête de violeur.
18:40Une fois son audition terminée,
18:42les gendarmes le remercient
18:44d'avoir spontanément
18:45et aimablement répondu
18:46à toutes leurs questions.
18:48Ils lui offrent une cigarette
18:49et lui demandent du feu.
18:51Le garçon ne fume pas,
18:53mais il appelle son tout jeune frère,
18:55âgé de 11 ans,
18:56qui se précipite
18:57avec à la main
18:58un briquet
18:58de la marque Diamélite.
19:02Immédiatement,
19:03le gendarme reconnaît
19:04le briquet
19:05et demande au gamin
19:06où il se l'est procuré.
19:09C'est un copain
19:10qui lui en a fait cadeau.
19:13Dans les minutes
19:13qui suivent,
19:15informé par radio,
19:16je rejoins mes hommes
19:17et nous sonons
19:18à la porte de Stéphane,
19:20le fameux copain
19:22qui a donné le briquet.
19:23Stéphane a 17 ans environ.
19:28Il tremble de tous ses membres
19:30quand je lui demande
19:30où il a trouvé
19:31le briquet
19:32Diamélite.
19:35Je l'ai trouvé,
19:36c'est tout ?
19:37Oui,
19:37non,
19:37mais bien sûr.
19:38Mais tu l'as trouvé où ?
19:41Ça,
19:41je ne peux pas le dire.
19:42Arrête de faire le malin,
19:44Stéphane,
19:45parce que si tu ne me dis pas
19:46où tu as trouvé ce briquet,
19:47je te mets en prison.
19:47je l'ai trouvé dans une voiture.
19:51Oui,
19:51tu l'as volé
19:52dans une voiture,
19:53n'est-ce pas ?
19:56Si vous voulez.
19:56Non,
19:56non,
19:56ce n'est pas si je veux,
19:57Stéphane.
19:58Tu as volé
19:59toute une cargaison
20:00de briquets
20:01dans la voiture
20:01du représentant
20:02Diamélite,
20:03hein ?
20:05Bon,
20:06et ensuite,
20:06qu'est-ce que tu en as fait
20:07de ces briquets ?
20:10Ben,
20:10je n'en ai rien fait,
20:10monsieur.
20:11Je ne pouvais pas aller vendre
20:12des trucs publicitaires
20:13comme ça,
20:14alors je les ai donnés
20:15aux copains.
20:15à quel copain ?
20:19Allez,
20:20donne-moi la liste
20:21des garçons
20:21à qui tu as offert
20:22ces briquets.
20:25Et péniblement,
20:27Stéphane énumère
20:28ceux à qui
20:29il a fait cadeau
20:30d'un briquet
20:31de marque Diamélite.
20:35Il va nous falloir
20:36enquêter sur chacun
20:37des jeunes gens
20:38en question.
20:38Ça prendra
20:39certainement
20:40beaucoup de temps,
20:41mais je suis sûr
20:42que parmi eux
20:44se cachent
20:45les trois violeurs.
20:48Tout à coup,
20:50Jérôme,
20:51le frère aîné
20:51de Stéphane,
20:52entre dans l'appartement.
20:56Il semble inquiet.
20:58Notre présence,
20:59sans doute.
21:01Stéphane,
21:02et à ton frère,
21:03là,
21:04tu as donné
21:05un briquet aussi ?
21:07Bien sûr,
21:08monsieur.
21:08Jérôme a 23 ans.
21:14Il est grand,
21:15costaud,
21:17vêtu d'un blouson
21:18de cuir noir.
21:19C'est peut-être
21:20l'un de ceux
21:22que nous recherchons.
21:25Je le prie
21:25de bien vouloir
21:26nous accompagner
21:27à la gendarmerie
21:28où,
21:30pendant une heure,
21:31je l'interroge
21:32sans relâche.
21:34à la question traditionnelle
21:37« Où étiez-vous
21:38samedi soir ? »
21:40Il se trouble.
21:42Tant et si bien
21:43que l'interrogatoire
21:44est de plus en plus serré.
21:47Je sens
21:48que le dénouement
21:49est proche.
21:51Quand,
21:51pour la deuxième fois,
21:52je lui demande
21:53ce qu'il a fait
21:54samedi soir,
21:56Jérôme reste
21:57très évasif.
21:59« Ben,
22:00j'étais avec mes potes. »
22:02« Jérôme,
22:03qui sont vos potes ? »
22:06« Ben,
22:06Gérard et Manu. »
22:10« Bien.
22:11Jérôme,
22:11où étiez-vous
22:12samedi soir
22:13avec vos potes
22:14Gérard et Manu ? »
22:17« Ben,
22:18par-ci,
22:19par-là,
22:20on a traîné,
22:21quoi. »
22:23Je finis enfin
22:24par savoir
22:25qui sont
22:26Gérard et Manu.
22:28Une heure plus tard,
22:29ils sont là,
22:30eux aussi,
22:31dans mon bureau.
22:32Mais je les interroge
22:33séparément.
22:35Je commence par Manu.
22:37Manu,
22:38je viens de parler
22:39avec Jérôme.
22:39Alors,
22:39racontez-moi,
22:40dans les bois,
22:41quand vous vous êtes aperçu
22:42que la voiture
22:43s'était embourbée,
22:45qu'est-ce que vous avez fait ?
22:47« Ben,
22:47rien. »
22:48« Vous avez tué la fille ? »
22:50« Oh,
22:50non,
22:50non,
22:50non,
22:50on ne l'a pas tuée.
22:51On l'a laissée
22:52dans la voiture.
22:53Ça,
22:53on ne l'a pas tuée. »
22:56« Oui,
22:57vous l'avez laissée
22:57dans la voiture
22:58après l'avoir violée.
23:01Hein ? »
23:02« Oui,
23:03oui,
23:04d'accord.
23:04Mais on ne l'a pas tuée. »
23:06« Mais vous l'avez violée.
23:07Tous les trois.
23:09Jérôme,
23:10Gérard,
23:11et vous,
23:11Manu,
23:12n'est-ce pas ? »
23:14« Ben oui. »
23:17Jérôme et Gérard
23:18finiront par avouer
23:19à leur tour
23:19leur participation
23:21au viol d'Agnès Champaud
23:23qui,
23:23Dieu merci,
23:25était bien vivante.
23:29Jérôme ne s'était même pas
23:30aperçu qu'il avait perdu
23:31son briquet
23:32tout simplement
23:33parce que la poche
23:34de son blouson
23:35était trouée.
23:37En trois jours,
23:38l'enquête était terminée,
23:39les auteurs du viol
23:41arrêtés,
23:41tout cela grâce
23:42ou à cause
23:43d'une poche trouée.
23:45Il suffit parfois
23:48de peu de choses
23:49pour retrouver
23:50un coupable.
23:52C'est peut-être ça
23:53que l'on appelle
23:55la justice immanente.
24:02Vous venez d'écouter
24:04Au cœur du crime,
24:05un podcast
24:06issu des archives
24:07d'Europe 1.
24:08Réalisation
24:09Julien Tarot
24:10Production
24:11Romy Azoulay
24:12Patrimoine sonore
24:13Sylvaine Denis
24:14Laetitia Casanova
24:16et Antoine Reclus
24:17Promotion
24:18Marie Corpé
24:19Au cœur du crime
24:20est disponible
24:21sur le site
24:22et l'appli Europe 1.
24:24Écoutez aussi
24:25l'épisode suivant
24:26en vous abonnant
24:26gratuitement
24:27sur votre plateforme
24:28d'écoute.
24:28Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations