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À 21 ans, Mathilde Cabanis est victime d'un AVC à l'étranger. Il lui faut alors tout réapprendre et vivre avec les conséquences de ce dernier. Pourtant, la jeune femme l'assure, elle ne s'est "jamais empêchée de vivre". Aujourd'hui maman de deux enfants et enceinte de son troisième, elle milite lever les tabous autour du handicap.

🔗 Ma vie de femme : Maman en situation de handicap : https://www.marieclaire.fr/trois-maternites-m-ont-refuse-leur-acces-le-combat-de-mathilde-cabanis-mere-en-situation-de-handicap,1494148.asp

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Transcription
00:00Moi je suis justement là pour montrer que si on a envie d'être mère, il n'y a rien qui peut nous arrêter.
00:05Même une situation de handicap, on peut réussir à trouver des méthodes de compensation, des gens pour nous aider.
00:09Bonjour à toutes et à tous, moi c'est Mathilde Cavanis, j'ai 34 ans, je suis la maman de Hortense, 5 ans, Marceau, 3 ans,
00:16et je suis enceinte de mon troisième enfant, et je suis une mère en situation de handicap.
00:20Alors je suis devenue handicapée quand j'avais 21 ans, suite à un AVC que j'ai fait au Népal en mission humanitaire.
00:25J'ai fait un AVC hémorragique, c'est-à-dire que j'ai fait une hémorragie interne au niveau du cerveau,
00:31qui m'a laissé hémiplégique, donc je suis paralysée à la moitié de mon corps, et donc de mon côté gauche.
00:34Forcément je fais tout à une main, mais j'ai quelques soucis aussi de marche, parce que je marche avec un releveur en carbone,
00:41et donc je suis un peu plus lente, je boîte, je ne peux pas courir.
00:45Quand j'ai réalisé que j'allais vraiment rester handicapée et que ça allait être pour toute la vie,
00:49forcément on a un petit coup de mou, on se dit mais en fait c'est la fin de ma vie, il ne va plus rien se passer pour moi,
00:52je n'aurai pas de boulot, je n'aurai pas de mec et je n'aurai pas de famille.
00:56Clairement à 22 ans, si la perspective c'est juste de rien faire dans sa vie, autant y mettre fin tout de suite,
01:02et ce n'était pas trop le mood que j'avais, donc j'ai tout de suite un peu remobilisé mes forces,
01:07j'ai puisé dans le soutien de tout le monde pour essayer de bosser à fond et récupérer un maximum.
01:13J'ai rencontré mon mari alors que j'étais déjà en situation de handicap,
01:16il est tombé dans mes filets en toute connaissance de cause, même s'il a mis un peu de temps.
01:21Jean-Charlie m'a demandé un mariage au bout d'un an de relation,
01:24et ensuite je suis tombée enceinte dans la foulée et je me suis mariée à 5 mois de grossesse.
01:28A aucun moment la question du handicap elle s'est posée,
01:30j'ai juste arrêté ma pilule et puis je me suis dit voilà, on va voir ce qu'il va se passer.
01:34La question du handicap elle s'est surtout posée quand on m'a refusé d'accès à des maternités.
01:39Et ça c'est vraiment là où j'ai vécu je pense un des plus gros actes de discrimination,
01:44parce qu'on ne m'a pas réorientée vers d'autres maternités,
01:47on m'a juste dit bah non on ne pourra pas vous accueillir à cause de votre situation,
01:51vous avez trop de risques de faire un AVC lors de l'accouchement.
01:53Et c'est au final en faisant des recherches sur internet que je suis tombée sur l'IMM,
01:56donc l'Institut Mutualisme en Souris,
01:58qui a une section spécialisée pour accueillir les femmes handicapées
02:01et pour les accompagner à l'accouchement,
02:03et avec beaucoup de sensibilisation, du matériel adapté,
02:07et vraiment un accompagnement génial ici.
02:09Quand ma fille est arrivée, j'étais un peu mitigée, j'étais très frustrée de mon accouchement.
02:13Les sages-femmes étaient très stressées que je fasse un AVC pour le premier,
02:15et donc assez rapidement, on a fait venir le médecin et on a utilisé les ventures.
02:19J'avais un peu un goût de « oh, inachevé »
02:22et on m'a privée un petit peu de cet acte de poussée qui se passait super bien
02:26et j'avais l'impression que je maîtrisais.
02:27Les retours à la maison étaient assez complexes
02:29parce que je n'étais pas du tout préparée à me retrouver seule,
02:32couper du lien social, parce que moi je suis quelqu'un qui sortait beaucoup,
02:36et en fait je ne pouvais pas accéder au métro à Paris
02:38parce que je ne pouvais pas porter ma poussette dans les marches.
02:41Vu que je boîte, je n'arrêtais pas d'imaginer que je me cassais la figure avec ma fille en porte-bébé
02:45et que je l'écrasais.
02:46J'ai appris à m'occuper d'un enfant avec une seule main.
02:49Ce n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude de voir des gens faire,
02:52donc j'ai un peu tout appris à ma saut.
02:54Je changeais une couche avec une seule main,
02:56tant qu'on ne l'a pas fait plusieurs fois,
02:58qu'on ne s'est pas foiré ou qu'il y a eu des fuites et machin,
03:01en fait on ne peut pas savoir comment ça marche.
03:04Là maintenant pour ce troisième enfant, je me dis que je suis rodée,
03:06je sais les techniques, je sais qu'il faut que je mette mon avant-bras sur son corps
03:10pour pouvoir un peu la bloquer.
03:12C'est sûr que maternité et handicap,
03:13c'est deux mots qu'on a rarement l'impression que ça peut aller ensemble.
03:17Moi je suis justement là pour montrer que si on a envie d'être mère,
03:21il n'y a rien qui peut nous arrêter.
03:22Même une situation de handicap,
03:23on peut réussir à trouver des méthodes de compensation,
03:25des gens pour nous aider.
03:27De toute façon avec le handicap,
03:28quand on a une forme de dépendance envers l'autre,
03:30on a besoin de l'autre,
03:31et donc on doit oser demander de l'aide.
03:33Et moi c'est vrai que j'ai assez rapidement osé demander de l'aide à mon mari,
03:37à ma belle-mère, à mes parents,
03:39quand j'avais des trucs que je n'arrivais pas à faire.
03:41Par contre je ne supporte pas qu'on fasse à ma place.
03:42Et en même temps j'ai eu la chance d'avoir des enfants jusqu'à présent
03:45qui étaient je pense hyper conciliants,
03:49enfin ils se sont adaptés à moi.
03:50J'ai été assez transparent avec eux dès le début.
03:53C'est-à-dire que même quand ils ne me répondaient pas,
03:56je leur ai toujours expliqué un petit peu ce qu'était ma vie,
04:00le fait que j'avais qu'une seule main.
04:01Et c'est plutôt ça qui me bloque,
04:02même si maintenant qu'ils font du vélo et qu'ils courent partout,
04:05je ne peux pas leur courir après.
04:07Et que je suis obligée d'être dans la conciliation avec eux
04:11et dans la coopération,
04:13parce qu'en fait je ne peux rien leur imposer par la force.
04:15S'ils ne veulent pas s'habiller,
04:16en fait je suis dans la merde,
04:18parce que je dois attendre qu'ils soient ok.
04:20Même si ça m'est déjà arrivé une fois d'être né à ma fille en pyjama,
04:22parce que du coup j'étais complètement bloquée avec elle.
04:26Et elle s'est tapée la honte à l'école,
04:27et depuis bizarrement elle ne m'a plus fait le coup.
04:30Même si moi je suis handicapée,
04:31on mène une vie totalement normale,
04:34et on aspire à une vie normale,
04:37à partir en vacances,
04:39à avoir un boulot,
04:40à acheter une maison si on a envie,
04:42à avoir des animaux,
04:42à faire plein de trucs.
04:45Et ça c'est important pour moi,
04:46en tout cas d'avoir une représentation positive.
04:48Je trouve ça dommage de se priver de vivre,
04:50parce qu'on est en situation de handicap.
04:52On a le droit de rêver,
04:53on a le droit d'avoir de l'ambition,
04:55on a le droit de se donner les moyens de réussir.
04:56Ça demande beaucoup plus de travail que les autres,
04:58ça c'est certain.
04:59Mais je pense que nos parcours de vie,
05:01ils sont tout aussi méritants que les autres.
05:03Et qu'est-ce que la normalité,
05:04au final, moi personnellement je ne connais pas.

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