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00:00La grande interview
00:02Et bien voilà, vous êtes de retour dans le grand rendez-vous de l'immobilier, c'est notre 64ème édition.
00:10On est heureux, très heureux de vous retrouver avec, on vous l'a dit, un programme chargé, toujours accompagné de ma complice.
00:19Bonjour, re-bonjour Christine Lejoux.
00:22Alors là on reçoit quelqu'un qui est aujourd'hui dans le métier, une grande personnalité de l'immobilier et de la construction.
00:27Bonjour Grégory Monod.
00:28Bonjour Sylvain.
00:29Merci d'être avec nous, vous êtes notre grand invité en ce mois d'avril.
00:34Vous présidez le Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment.
00:39Le bâtiment c'est plus de 350 000 entreprises en France.
00:42Et bien sûr, nous avons une tradition mon cher Grégory sur le grand rendez-vous de l'immobilier,
00:47c'est que la première question vous est toujours posée par Christine Lejoux.
00:50Avec plaisir. Bonjour Grégory Monod.
00:52Bonjour Christine.
00:53En février, lorsque vous avez présenté le bilan de l'année 2024,
00:57vous avez fait état d'une chute des ventes de maisons individuelles de 13,3% en 2024 par rapport à 2023 à 50 800 unités.
01:08On a appuyé sur le chiffre en préambule de l'émission parce que c'est moitié moins que la moyenne annuelle des 20 dernières années.
01:19C'est quasiment un plus bas historique.
01:22Et là, après deux ans et demi de crise de l'immobilier, le premier trimestre 2025,
01:27comment il s'est passé dans votre secteur côté construction de maisons individuelles et puis promotion également ?
01:34Eh bien, depuis de nombreux mois, on annonçait des trimestres en baisse.
01:41Et là, c'est vrai que c'est la première fois depuis trois ans qu'on a une augmentation de nos ventes sur le premier trimestre.
01:48Mais comme vous l'avez dit, on part de tellement...
01:50Oui, de combien l'augmentation, s'il vous plaît ?
01:53On a 21%, à peu près, d'augmentation, mais on a perdu 58% depuis 2024.
02:01C'est comme un rebond technique, une base favorable, une base de comparaison favorable.
02:04Aujourd'hui, on sent qu'on a à nouveau des contacts depuis le mois de septembre,
02:12qu'on a toujours cette envie de devenir propriétaire.
02:15On a des acquéreurs qui reviennent nous voir.
02:18Et là, ça s'est traduit par les chiffres.
02:19Vous avez plus de contacts, on appelle ça des leads ou des personnes qui veulent acheter plus.
02:24Ça repart.
02:25Ils reviennent.
02:26C'est-à-dire que c'est des personnes...
02:26Pourquoi il n'y avait plus...
02:27Non, parce qu'il n'y avait plus de confiance.
02:29D'accord.
02:29En fait, le sujet, c'est que l'acte d'acquisition immobilier, c'est un acte de confiance.
02:34Le désir était toujours là.
02:36Le désir d'être propriétaire.
02:37Et puis après, il y a aussi un besoin.
02:38Se mettre un toit sur la tête, c'est quand même un besoin vital.
02:41Et aujourd'hui, on a plus de 2,7 millions de demandeurs de logements sociaux.
02:46C'est qu'on a un vrai problème quand même avec le logement des Français.
02:49Donc oui, il y a eu un rebond, mais il faut relativiser.
02:52Il faut attendre quand même un petit peu, voir comment ça va se passer dans les prochaines semaines.
02:57Vous savez, quand vous avez touché le fond de la piscine, il y a un moment forcément...
03:01Oui, vous ne pouvez que remonter, vous tapez avec le pied et vous bondissez.
03:03Encore, tout ça encore fragile, il ne faudrait pas qu'on soit déstabilisé par plein d'événements.
03:10Donc je pense qu'on va aborder maintenant ces différents sujets.
03:12Alors justement, on va entrer dans le vif du sujet, puisqu'il y a beaucoup de particuliers qui nous écoutent.
03:19Et d'ailleurs, le grand rendez-vous de l'immobilier sur Capital.fr, il est fait pour ça.
03:23On a vu revenir, c'est presque une origine du jour, le prêt à taux zéro.
03:28Le prêt à taux zéro qui était déjà d'ailleurs installé avant effectivement la restriction sur le PLF de 2024, le projet de loi de finances 2024.
03:37Il y a deux choses qui se sont produites qui sont relativement positives.
03:40On peut parler quand même d'une petite éclaircie.
03:42C'est la baisse des taux d'intérêt, donc une baisse du point de base qui a été significative et qui a automatiquement, sur certains dossiers de crédit, resolvabilisé,
03:53accompagné de l'élargissement au PTZ qui a été acquis avec force conviction par Valérie Létard.
04:00D'ailleurs, on souligne, nous, systématiquement, nous, les journalistes, son action, puisqu'elle a été déterminante.
04:06Et on a vu ensuite les statistiques sur le logement ancien comme sur la maison individuelle.
04:10C'était automatique.
04:11Est-ce qu'aujourd'hui, ce corollaire, vous le trouvez favorable certainement, est-ce qu'il va, selon vous, continuer ?
04:18Est-ce qu'on est sur une bonne trajectoire ?
04:20Oui, nous sommes sur une bonne trajectoire.
04:24Vous le rappelez à très juste titre, Valérie Létard a écouté et entendu ce que la profession réclamait depuis de très nombreuses années,
04:33à savoir le soutien, en fait, de la demande et le financement de la demande, l'accompagnement de la demande,
04:39le retour du prêt à taux zéro depuis le 1er avril de façon universelle sur tous les territoires,
04:45pour la maison individuelle comme pour le logement collectif.
04:47Parce que ce n'était pas gagné dans le précédent gouvernement.
04:49Ah non, ce n'était pas gagné.
04:50Alors, sous le gouvernement Barnier, elle était déjà présente.
04:52Donc, c'était sur les précédents gouvernements où là, il y avait, je dirais, je pense qu'il y avait une volonté de ne pas vouloir entendre.
05:00Parce que clairement, quand tout le monde, tous les membres de l'Alliance, l'Alliance s'est créée aussi à ce moment-là,
05:06réclamaient le retour du prêt à taux zéro.
05:08L'Alliance pour le logement qui regroupe plusieurs fédérations professionnelles, dont le pôle Habitat FFB.
05:11Exactement.
05:12Tout le monde le réclamait d'une seule voix.
05:15Et donc, à un moment, ce n'est pas qu'on est partisan, c'est qu'on voit bien ce qui se passait dans les chiffres.
05:20Et donc, le retour du prêt à taux zéro, je dirais, est le début d'une nouvelle ère, je pense, pour les mois à venir.
05:27Vous l'avez dit, les taux directeurs ont baissé aussi.
05:31On a perdu à peu près un point de base après avoir pris 3,5 points.
05:35On a eu une augmentation de 350 points du taux directeur.
05:39Donc aujourd'hui, on revient dans quelque chose d'un petit peu plus normé.
05:43Le prêt à taux zéro, aujourd'hui, c'est quelque chose, là aussi, où les organismes bancaires connaissent ce dispositif.
05:48Ils sont prêts.
05:49Donc, appuyez sur le bouton.
05:50Aujourd'hui, on voit qu'il y a même certains organismes qui doublent le prêt à taux zéro.
05:54Donc, là aussi, c'est un vrai moyen de resolvabiliser, puisque ça peut être considéré comme un apport.
06:01Donc, la trajectoire est bonne.
06:04Et surtout, c'est que le prêt à taux zéro a été sacralisé jusqu'à la fin 2027.
06:09Donc, là aussi, ça nous permet d'avoir un petit peu plus de visibilité, même beaucoup plus de visibilité,
06:14que de se dire, comme tous les ans, à chaque loi de finances, qu'est-ce qui va se passer ?
06:17Qu'est-ce qu'on va nous supprimer ?
06:19Est-ce qu'au 31 décembre 2025, il y aura encore un PTZ ou non ?
06:24Là, on sait que jusqu'à fin 2027, il est là.
06:26Exactement.
06:26Donc, de la confiance et de la visibilité.
06:29Non seulement vous avez mille fois raison, mais on a carrément allé à la recherche d'indicateurs.
06:36Et notamment, on a questionné les Français.
06:37Alors qu'ils sont 87% à plébisciter la maison individuelle.
06:40Donc, ça, c'est pour clouer le bec à certaines personnes qui pensent qu'il ne faut plus étaler.
06:45Et la deuxième chose qui est extrêmement intéressante, c'est de voir que le corollaire de la maison individuelle qui repart,
06:52c'est le logement neuf dont les réservations ont cru de façon significative sur le premier trimestre 2025.
06:59Je prends par exemple les statistiques du groupe Nexity.
07:01Donc, ça a été un véritable carton, mais ils ont été très loin, puisque avec des banques comme le LCL,
07:08alors que c'est un peu le bon taux.
07:08Sur une acquisition de 250 000 euros, on peut arriver jusqu'à quasiment 90 000 euros d'apport,
07:17ce qui est quand même très significatif.
07:19Est-ce que ça veut dire que ça donne une idée quand même de la fébrilité de certains promoteurs
07:24à essayer de d'opper les ventes pour s'en sortir ?
07:27Parce que quand on voit les statistiques, on en parlait tout à l'heure,
07:30des entreprises qui ont mis un genou à terre, c'est quand même assez significatif.
07:35Moi, j'ai envie de vous poser une question professionnelle, c'est que quand le marché va repartir,
07:40est-ce qu'on sera armé, comme dirait notre cher président, pour pouvoir accompagner le marché ?
07:45Alors, je pense que vous faites bien de faire la distinction entre la maison individuelle et la promotion immobilière.
07:51La maison individuelle, on a un tissu d'acteurs qui est plutôt des acteurs assez diffus,
07:56plutôt de petite taille, et la maison individuelle, c'est un objet.
08:00C'est-à-dire que quand on redémarre, on relance la construction, on construit une maison.
08:05Le collectif, c'est différent.
08:06Le collectif, il nous faut un minimum de réservation pour pouvoir lancer les opérations.
08:13Et donc, de ce fait, il faut vendre 50% de l'opération pour pouvoir redémarrer.
08:18Donc, c'est pour ça que les promoteurs ont intérêt à relancer ces opérations
08:23et à faire des opérations de promotion pour pouvoir atteindre ce graal
08:29que sont les 50% de précommercialisation que nous demandent nos organismes de financement.
08:37Mais je pense que là aussi, le monde de la promotion a été beaucoup plus sage que certaines crises
08:43parce qu'en fait, on n'a pas de stock bâti important.
08:45Ça aussi, c'est important de le dire.
08:48La crise des années 90, proportionnellement aux années 90,
08:51dans les années 90, on démarrait à 20%, on livrait des imams,
08:55on se retrouvait avec 80% de logements achevés non vendus.
09:01Et là, ça avait été un vrai sujet.
09:02Il y a quand même un peu de stock.
09:03Il y a un peu de stock, mais il y a quand même eu beaucoup d'opérateurs
09:06qui ont abandonné des opérations.
09:07On estime à peu près à 30% le nombre d'opérations abandonnées
09:11où les promoteurs avaient obtenu un permis de construire, des autorisations.
09:17Ils n'y sont pas allés finalement.
09:18Ils n'y vont pas. Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas suffisamment commercialisé.
09:21Est-ce qu'ils ont revendu éventuellement ces opérations ?
09:23Est-ce que des grosses majors, par exemple, des gros promoteurs,
09:28se sont dit finalement on va absorber ?
09:30Ou est-ce qu'il n'y a pas aussi peut-être les bailleurs sociaux également
09:33qui ont préempté ces opérations ?
09:36On a eu une aide importante, en tout cas un marché,
09:42quelque chose qui nous a beaucoup aidé, c'est le logement intermédiaire.
09:46Aujourd'hui, au travers des filiales d'action logement et de la Caisse des dépôts,
09:50mais surtout les filiales d'action logement,
09:52ça a permis à bon nombre d'opérateurs de soit dérisquer des opérations,
09:56aller chercher ces 50%, soit à l'inverse, de transformer des opérations
10:00qui étaient dédiées à la vente aux particuliers vers de la vente en bloc
10:04aux filiales d'action logement.
10:08Donc ça, ça a été un point.
10:09Et de la Caisse des dépôts ?
10:11Et de la Caisse des dépôts dans une moindre mesure,
10:14puisque le gros a été fait quand même par les filiales d'action logement.
10:1834 500 unités ont été achetées, préemptées par action logement.
10:22Donc, tout ça en fait pour dire que les bailleurs ont pu récupérer au travers de ces opérations en LLI
10:31des opérations en propre, c'est-à-dire qu'ils ont pu racheter parfois certaines opérations.
10:38Ça a été un petit peu les opportunités qui ont fait qu'ils ont pu les acheter,
10:41mais je dirais que ça ne s'est pas industrialisé.
10:43C'est pour ça qu'il y a eu beaucoup d'abandons, une opération qui a été initiée avec les codes que l'on connaissait
10:48en 2021-2022, parce qu'avant qu'une opération soit mise sur le marché,
10:54ça fait trois ans qu'on a travaillé en promotion immobilière.
10:56Donc les codes n'étaient pas du tout les mêmes.
10:58Donc il y a un moment où avec les codes d'aujourd'hui, ces opérations n'étaient pas viables
11:01et les promoteurs préfèrent les abandonner plutôt que de générer du stock qui serait dramatique pour leur bilan.
11:08Une dernière question, Christine Lejoux.
11:11Oui, j'avais une question sur... On a vu tout à l'heure l'élargissement du préat au zéro.
11:15C'est une mesure très importante pour relancer le logement neuf.
11:19Quelles autres mesures faudrait-il mettre en place selon vous ?
11:22Il y a également, à l'initiative encore de Valérie Létard, la ministre du Logement,
11:26l'exonération d'impôts, des donations familiales pour financer l'achat d'un logement neuf.
11:31On va dire grosso modo, c'est les deux principales mesures en route,
11:35enfin en vigueur, qui peuvent aider le secteur.
11:37Qu'est-ce qu'il faudrait faire de plus pour le relancer vraiment selon vous ?
11:40Depuis le 1er janvier, en fait, on n'a plus de dispositif d'accompagnement de l'investisseur privé.
11:45Oui, depuis la fin du Pinel, en fait, c'est ça ?
11:47Depuis la fin du Pinel, exactement. La loi de finances 2025.
11:49Le Pinel était une niche fiscale d'accompagnement qui permettait sur les investisseurs
11:54de mettre sur le marché locatif du bâtiment neuf, des unités neuves, à prix réglementé, à taux fixe.
12:02Exactement, c'est-à-dire qu'on était quand même sur des loyers réglementés.
12:06C'était un crédit d'impôt, puisqu'on a une grosse fiscalité en face,
12:09donc on fait du crédit d'impôt quand il y a une grosse fiscalité.
12:11Donc ça, c'est toujours un petit peu le paradigme, je dirais, que l'État doit gérer.
12:18État qui a considéré que c'était un pognon de dingue, qui ne produisait, je reprends les mots du président,
12:25qui ne produisait aucune efficacité opérationnelle, aucune efficace.
12:31La Cour des comptes a été moins sévère.
12:33La Cour des comptes était beaucoup moins sévère, et puis Bercy s'est rendu compte que le point de pipe
12:37qu'on a perdu à cause de la construction neuve était lié aussi au fait aux 50 000 logements.
12:42Le Pinel, c'était quand même 50 000 logements par an qui généraient de la TVA.
12:46Et donc, c'est sûr, si on ne regardait que les dépenses, on ne réfléchissait pas à l'investissement.
12:50Donc nous, on pense qu'il faut relancer justement le sujet de l'investisseur privé au travers du statut du bailleur.
12:56Mais il y a quelque chose qui serait tout simple à faire.
12:58On parlait du logement intermédiaire tout à l'heure avec les filiales d'action de logement.
13:01Demain, si le logement intermédiaire était ouvert aux particuliers, c'est un dispositif qu'on connaît.
13:06Les banques savent le financer.
13:08Il fonctionne très bien.
13:09Je pense que ça permettrait de relancer l'investissement locatif privé.
13:13Il est un peu ouvert aux particuliers, mais qu'ils doivent créer une ESC, une société civile immobilière.
13:18Mais je dirais, là, il faudrait qu'on le fasse en direct sans forcément créer de ESC.
13:22Mais c'est le statut du bailleur privé dont vous parlez, en réalité.
13:25Alors, le statut du bailleur privé, il y a un amortissement.
13:27Il n'y a pas un jeu de TVA.
13:29Ce n'est pas tout à fait la même chose.
13:30Mais on arrive au terme de cette première entretien, puisqu'on a nos experts
13:33qui vont répondre à vos questions que vous posez tous les mois sur la page de Capital Facebook,
13:39les propriogérés par notre amie Christine.
13:41On se retrouve dans quelques instants.
13:43Et la deuxième partie de l'entretien, vous restez avec nous, Grégory Monod.
13:46Je rappelle que vous êtes le président du Pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment.
13:50A tout de suite.