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00:00L'industrie française du jeu vidéo rayonne à travers le monde
00:02grâce à ses créations originales et innovantes.
00:04Les titres comme A Black Tale, Endless ou Humankind
00:07incarnent certaines French Touch admirées.
00:09Et derrière ces succès, la réalité est plus complexe.
00:12Coup de production en hausse, concurrence internationale féroce
00:15et difficulté de financement fragilisent les studios.
00:17Face aux vagues de licenciements récentes
00:19qui n'épargnent ni les grands studios ni les indépendants,
00:21les sorties de jeux se comptant par milliers chaque année depuis la crise Covid,
00:24comment cette industrie parvient-elle à résister ?
00:26Si l'industrie française du jeu vidéo se distingue,
00:29c'est sans doute grâce à une recette mêlant créativité
00:31et narration immersive et originale.
00:33En France, on a cet héritage du jeu vidéo
00:36comme une forme d'art et comme une forme aussi innovante.
00:39La scène française se positionne à un endroit ultra intéressant,
00:42je trouve, de cette logique entre l'offre et la demande.
00:45Savoir, bien sûr, être conscient d'un marché,
00:47mais également pousser un petit peu les curseurs
00:50de ce que le jeu vidéo peut ou doit être.
00:53On a des jeux qui sont très beaux, qui sont connus pour ça.
00:55À un moment, c'était presque un défaut,
00:56parce qu'on disait qu'il y avait des jeux qui sont beaux,
00:58mais ce n'est pas des jeux.
00:59Ça a presque joué contre l'offre aujourd'hui.
01:00On fait des jeux qui sont beaux, qui sont d'excellents jeux.
01:02Les créateurs français proposent de, par leurs œuvres,
01:04des visions différentes, des approches différentes
01:07sur des sujets différents,
01:08que ce soit d'un point de vue artistique
01:10et puis d'un point de vue aussi narratif.
01:12Cette French Touch repose en effet sur des histoires profondes,
01:15des designs novateurs et une attention aux détails
01:17qui captivent les joueurs du monde entier
01:18depuis plusieurs décennies déjà.
01:20Mais ce succès repose aussi sur des atouts culturels
01:22éprouvés sur le vieux continent.
01:23On a une très forte culture de l'image,
01:26on a une très forte culture de l'illustration,
01:28on a d'excellentes écoles,
01:30que ce soit en infographie, en informatique,
01:33en programmation,
01:34et aussi dans les formations qui sont dédiées
01:36aux jeux vidéo dorénavant.
01:38Donc ce qui est certain,
01:39c'est qu'on a vraiment un écosystème,
01:40si on rajoute à ça aussi l'aide de l'État
01:43à la production vidéoludique,
01:45on a vraiment un écosystème
01:46qui permet de faire émerger des productions
01:48qui vont rencontrer un succès mondial.
01:50Maintenant, il ne faut jamais oublier
01:51que pour une production qui marche bien,
01:53il y en a peut-être d'autres qui marchent moins bien.
01:55Face à la crise qui touche le secteur depuis 2024,
01:58les aides publiques permettent aux studios
01:59de rester compétitifs.
02:00Parmi les plus importantes,
02:01il y a le fameux crédit d'impôt jeux vidéo,
02:03créé en 2007,
02:04et qui permet aux entreprises installées en France
02:06de bénéficier d'un crédit d'impôt de 30%
02:08sur les dépenses éligibles d'un nouveau jeu,
02:10dans la limite de 6 millions d'euros.
02:12Selon le syndicat national du jeu vidéo,
02:14le crédit d'impôt jeux vidéo
02:15représentait environ 14% des dispositifs de financement en 2023.
02:18La colonne vertébrale du SNJV,
02:20de toute façon, ça reste représenter le secteur,
02:23représenter l'industrie
02:24et porter la voix des entreprises qu'on représente
02:27auprès des pouvoirs publics et auprès des médias,
02:29notamment par rapport à la défense du crédit d'impôt jeux vidéo,
02:32qui est le dispositif le plus important
02:35pour l'industrie française du jeu vidéo.
02:37Depuis la réforme de 2017,
02:39on s'aperçoit qu'il y a de plus en plus de studios
02:41qui peuvent bénéficier de ce dispositif,
02:44ce qui a quelque chose de vertueux,
02:45notamment pour l'attractivité du territoire,
02:47pour le maintien des emplois
02:48et pour garantir la compétitivité des entreprises françaises
02:51dans un contexte international particulièrement concurrentiel.
02:55S'ajoutent à cela les aides régionales,
02:56ainsi que des aides financées par le secteur culturel,
02:59comme celle du Centre National du Cinéma,
03:00le fameux CNC,
03:02avec le Fonds d'aide aux jeux vidéo,
03:03principalement destiné aux studios indépendants.
03:06On retrouve par ailleurs des aides non spécifiques au secteur,
03:08comme le crédit d'impôt recherche.
03:10Le jeu vidéo, c'est un domaine assez vaste.
03:12Il y a des jeux pour téléphone mobile
03:13qui coûtent 10 000 euros à faire
03:15et qui sont faits en deux semaines.
03:17Il y a des jeux qui sont plutôt dans la fourchette
03:18de 10 millions.
03:20Et puis après, il y a des jeux à 300, 400 millions
03:22faits par Ubisoft, Take-Two, d'autres boîtes.
03:24Donc il y a vraiment une échelle assez vaste.
03:26Pour financer ça,
03:27il y a plusieurs façons de le faire.
03:28D'abord, il y a l'investissement personnel,
03:30ce qui a été mon cas.
03:30J'ai mis des sous.
03:31L'investissement salarié aussi,
03:33demander aux équipes de participer
03:35au financement de la société en échange d'actions.
03:36Il y a aussi des fonds d'investissement
03:38qu'on peut trouver pour investir dans la boîte.
03:40Dans notre cas, il y a BPI France
03:41qui a investi pour amorcer le studio.
03:43Il y a des banques aussi
03:44qui peuvent prêter de l'argent
03:45pour développer le jeu,
03:47qui sont spécialistes dans le jeu vidéo,
03:48qui comprennent le métier,
03:49notamment le côté aléatoire du succès,
03:51comme pour le cinéma par exemple.
03:53Au total, les aides publiques
03:54représentent près d'un tiers
03:55des budgets des entreprises du secteur.
03:57En 2021, plus de 100 entreprises
03:59ont bénéficié du crédit d'impôt jeu vidéo
04:00avec un montant total alloué
04:02de plus de 50 millions.
04:03Reste le problème des aides venant du privé
04:05à l'instar d'Arte,
04:06qui soutient de nombreux studios indépendants.
04:08Être éditeur de jeux vidéo indépendants,
04:10c'est essentiellement accompagner
04:12les studios qui développent ces jeux
04:14dans toute la phase de sortie
04:16et dans toute la phase de promotion du jeu
04:18et de mise à disponibilité du public.
04:20Mais ça va aussi être toute la communication,
04:22le marketing,
04:24et puis la manière dont on va parler des jeux
04:26sur les réseaux sociaux.
04:27En général, nos accompagnements
04:28en coproduction et en édition,
04:31c'est aux alentours de 200, 250 000
04:34à peu près par jeu.
04:35Ça dépend évidemment,
04:36on s'adapte aussi selon les projets.
04:38Ça dépend aussi des aides
04:40que ces studios ont pu obtenir avant,
04:42des aides du CNC,
04:43des aides régionales, etc.
04:44Mais depuis 2024,
04:45la crise du secteur a rebattu les cartes.
04:47Désormais, les studios cherchent
04:49plus de stabilité financière,
04:50tandis que les éditeurs affaiblis
04:52misent sur des projets originaux.
04:54Un nouvel équilibre s'installe
04:55où collaboration et synergie
04:56remplacent l'affrontement d'hier.
04:58Moi, quand j'ai commencé dans le jeu vidéo,
05:00l'éditeur était le seul
05:01qui avait accès aux magasins.
05:02Parce qu'à l'époque, c'était dans les magasins.
05:03Donc, il fallait séduire un de ces éditeurs
05:04qui allait choisir des jeux,
05:05qui allaient entièrement être financés,
05:07pour le coup.
05:07On était extrêmement dépendants.
05:08C'est-à-dire que c'est l'éditeur,
05:09c'était tout d'un coup.
05:10Non, eux, finalement, je ne les aime plus.
05:11En général, on était morts.
05:12C'était extrêmement stressant.
05:13Et tout le pouvoir,
05:14quasiment tout le revenu,
05:15allait chez l'éditeur.
05:15On nous payait juste de quoi faire le jeu.
05:18Et c'est tout.
05:19Aujourd'hui, maintenant,
05:20que tout le monde a du mal,
05:21on retrouve quelque chose d'assez sain.
05:22On n'est pas dans une situation
05:23d'entière domination des éditeurs
05:25il y a 15, 20 ans ou plus.
05:27On n'est pas dans une situation
05:27où c'est le développeur,
05:28le créateur qui est à tout pouvoir.
05:30On va chercher des situations
05:31gagnant-gagnant.
05:31Face à des géants comme Tencent
05:33ou Activision,
05:34la concurrence est rude
05:35et beaucoup de studios
05:35restent dépendants
05:36d'aides publiques
05:37ou privées pour survivre,
05:38même si, comme le rappelle
05:40le syndicat national des jeux vidéo,
05:41les investisseurs,
05:42les contrats avec les éditeurs
05:43et la vente de jeux vidéo
05:44demeurent les principales sources
05:46de financement des studios.
05:47Les grandes franchises françaises,
05:48comme celle d'Ubisoft,
05:49jouent également un rôle crucial
05:51dans la visibilité internationale
05:52de l'industrie.
05:53Mais ce sont souvent des studios indépendants
05:54qui innovent le plus
05:55en prenant le maximum de risques.
05:57Des jeux comme Endless
05:58ou Humankind
05:58témoignent d'une créativité débordante.
06:01Pour des studios indépendants
06:03plus ou moins gros
06:04et des succès plus récents,
06:06on va avoir par exemple
06:08Motion Twin
06:08qui a créé le jeu Dead Cells,
06:10qui est un succès planétaire
06:11fait par une toute petite équipe
06:12qui ont rencontré
06:13un succès incroyable
06:14de par la qualité du design,
06:16de par l'originalité
06:17de la direction artistique.
06:19On peut citer aussi
06:19comme succès récent Stray,
06:22qui est un jeu
06:22où on incarne un chat,
06:24ce qui est en somme toute
06:25assez original
06:26et surtout l'exécution
06:27de ce concept-là
06:28parce que tout le monde
06:28pourrait penser à ça.
06:29Mais bien l'exécuter,
06:30c'est tout autre chose.
06:31Je pense qu'il y a quand même
06:32une entreprise
06:33qui a énormément contribué
06:34à cet essor,
06:35c'est Ubisoft,
06:35qui pendant très longtemps
06:36a été l'incontournable en France.
06:38En ayant créé des studios
06:39à l'étranger,
06:40je pense qu'ils ont contribué
06:40à l'essor un petit peu
06:41de ce talent français
06:42dans le monde entier
06:43ou en tout cas
06:44de la reconnaissance
06:45du talent français
06:45dans le monde entier.
06:46C'est très important
06:47d'avoir des grosses sociétés
06:49qui peuvent embaucher
06:51les jeunes diplômés
06:52des écoles
06:53et ce qui est fort
06:54dans notre écosystème,
06:56c'est qu'il est riche,
06:57il est varié,
06:58il y a des studios
06:58d'une personne,
06:59c'est la nouvelle boîte
07:00en ce moment,
07:00des studios,
07:01enfin des boîtes
07:02de 20 000,
07:03donc je pense que
07:03tout le monde a sa place.
07:04Leur modèle économique,
07:05bien que fragile,
07:06repose donc sur une capacité
07:08à surprendre
07:08et à séduire
07:09des publics variés
07:10en quête de renouveau
07:11et d'originalité.
07:13Malgré les embûches,
07:13l'industrie française
07:14du jeu vidéo
07:15continue de briller
07:16par sa créativité
07:16et son innovation.
07:18Entre grandes franchises
07:18et studios indépendants,
07:19elle illustre un savoir-faire unique
07:21qui séduit au-delà
07:22des frontières hexagonales.
07:23Si les défis sont nombreux,
07:25les talents français
07:25prouvent toutefois
07:26qu'ils ont encore
07:27beaucoup à offrir
07:27aujourd'hui comme demain.