Gad Elmaleh évoque son nouveau spectacle et l'ouverture de son Comedy Club sur le Vieux-Port à Marseille, au micro d'Hervé Godard.
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00:00Gros gros coup de cœur sur Ici Provence, votre radio avec notre invité Gad Elmaleh, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Il fait beau, c'est formidable quand même.
00:07Il fait beau, c'est formidable et puis c'est la première fois que je reviens dans votre radio depuis la nouvelle appellation, le nouveau nom, le nouveau baptême de France Bleue.
00:19Voilà, je pense que je viens d'une génération, je suis un peu nostalgique quand même du nom d'avant, on pense toujours que c'était mieux avant, mais je vais m'y faire, ici.
00:25Je vais m'y faire.
00:26Ici Provence.
00:27Parce qu'ici c'est partout.
00:28Voilà, ici c'est vous.
00:30C'est nous.
00:30Ici c'est vous, c'est nous, c'est partout et puis ici c'est aussi là-bas.
00:34Donc je vais m'y faire, je vais m'y faire.
00:36Gad Elmaleh, spectacle à découvrir dans notre région, notamment à l'aréna du Pays d'Aix, mais on va parler de votre ancrage à Marseille, même si vous avez toujours un gros coup de cœur pour notre région.
00:47Alors c'est quoi cette envie d'ouvrir un lieu comme ça, le Wiggs, sur le Vieux-Port ?
00:51Alors, le Wiggs c'est avant tout une histoire d'amitié parce que les personnes avec qui je l'ai monté sont des amis d'enfance.
01:00Avec qui j'ai grandi à Casablanca.
01:01Moi je suis né au Maroc et j'ai passé mon enfance et une partie de ma jeunesse là-bas.
01:07Et puis il y a un de mes potes de la bande d'enfance qui est parti très tôt à Marseille.
01:11Quand moi je suis parti au Canada, puis ensuite en France et aux Etats-Unis.
01:14Lui, Stéphane, il est parti à Marseille, il est devenu plus marseillais que les Marseillais, comme tous les Marseillais qui se convertissent au marseillisme.
01:21Il devient encore plus marseillais.
01:25C'est plus que sa ville, j'ai l'impression qu'il y est né.
01:29Et puis il a ouvert des établissements, des restos, des bars, tout ça.
01:32Et un jour il s'apprête à ouvrir un nouvel établissement.
01:35Il me dit, tiens, j'ai une idée.
01:36Alors je ne sais pas bien faire l'accent marseillais, mais il a un accent plus marseillais que les Marseillais.
01:40Et il me dit, voilà, j'aimerais, j'ai une salle en haut, j'aimerais bien mettre des guitares, des guitaristes.
01:45Mais qu'est-ce que ça veut dire mettre des guitares ?
01:47Quoi, on va faire venir les Gypsy Kings ? Pourquoi pas, j'aime beaucoup les Gypsy Kings.
01:50Et en fait, je lui dis, montre-moi le lieu.
01:52Je rentre dans ce lieu, je vais à l'étage.
01:54Et là j'ai un flash, j'ai l'impression que je suis à New York au Comedy Cellar,
01:58qui a été mon club de référence et le meilleur club du monde.
02:01Bas de plafond, très intime.
02:03Et je lui ai dit, Stoff, parce qu'on l'appelle Stoff,
02:06je lui ai dit, Stoff, on ne va pas mettre des guitares.
02:08On va mettre des comiques et on va faire de la comédie.
02:11Il m'a dit, mais non, mais ce n'est pas un théâtre, ce n'est pas assez grand, c'est trop bas de plafond, c'est trop petit.
02:14Je lui ai dit, t'es fou, c'est un trésor que tu as là.
02:17Et les humoristes aujourd'hui, dans le stand-up, plutôt que, on n'est pas dans le café-théâtre, on n'est pas dans le théâtre,
02:22ils veulent des endroits bas de plafond, très chaleureux, très proches du public.
02:26Et il m'a dit, t'es sûr ?
02:27Je dis, oui, oui, je rêve de monter un club depuis longtemps.
02:29Pour être tout à fait honnête, c'est un hasard un peu, Marseille.
02:32Parce que, bien que j'ai beaucoup d'affection pour la région et la ville, je n'y suis pas connecté, en fait.
02:37Maintenant, j'y ai une attache, qui est belle.
02:41Et donc, voilà comment c'est né, avec un troisième partenaire, qui est aussi un ami d'enfance.
02:44Et puis, c'est un lieu où on accueille des humoristes.
02:46Et pourquoi ? C'est parce que j'arrive à un moment de ma vie où je pense que, naturellement, j'ai envie de transmettre, de produire, de révéler des talents.
02:55Ça s'appelle vieillir.
02:58En d'autres termes, trouver de l'inspiration dans la filiation, peut-être.
03:02Et puis, pour être tout à fait honnête, souvent, quand on parle de filiation, on a l'impression que c'est très vertueux et qu'on fait du bien qu'aux autres.
03:10Non, on se fait du bien aussi.
03:11Quand on découvre des talents, quand on développe des jeunes carrières, quand on découvre des humoristes dans la région, il y en a beaucoup.
03:17Parce que la scène marseillaise, plus largement de la région, elle est très, très, très riche.
03:24Il y a beaucoup de talent, en tout cas.
03:26Et l'humour, c'est un langage et c'est un patrimoine, c'est-à-dire de la région, dans le quotidien des gens.
03:31Gad Elmaleh sur Ici Provence.
03:33Si je ne me trompe pas, vous avez quand même un lien à Marseille assez lointain.
03:36Vous parliez de transmission.
03:38Vous avez vu un lien fort avec Elie Kaku à vos débuts ?
03:41Racontez-nous, un marseillais.
03:43Elie Kaku, c'est une légende de Marseille.
03:48Je pense qu'il y a Zidane dans le sport et Elie Kaku dans le spectacle.
03:52C'est la première personne connue que j'ai connue.
03:55C'est-à-dire que j'ai eu la chance de travailler à ses côtés.
03:58J'étais son assistant et il était une immense vedette.
04:02J'emploie le mot vedette parce que c'est comme ça qu'on appelait les gens connus dans les années 80.
04:08Et il faut bien mesurer que la notoriété de cette époque n'a rien à voir avec la notoriété de maintenant.
04:12Il n'y avait pas de réseau social à l'époque.
04:15Il n'y avait pas de...
04:16C'était quand même une icône.
04:18Il n'y a pas de téléphone portable.
04:20Pour prendre une photo avec une star, il faut avoir son appareil sur soi.
04:23Et donc moi, je me balade dans les rues de Paris avec Elie Kaku.
04:25C'est une immense star et je suis dans sa petite voiture.
04:28Les gens klaxonnent.
04:30On est au feu rouge, ils lui font des coucous.
04:31Et puis moi, je passe la tête pour montrer que je suis à côté de la star.
04:34Et je me dis, c'est quand même pas mal d'être connu.
04:36Donc je goûte finalement à cette notoriété.
04:39Je vois ce que c'est.
04:40Bien sûr, je travaille après avec lui.
04:41Donc je goûte aussi à cet amour de la blague, du comique, de cet univers.
04:46Mais aussi tout un monde que je découvre.
04:48Il m'a amené au resto après avec les producteurs.
04:50C'était la grande époque de tous les comiques qu'on connaît maintenant.
04:54A l'époque, tous les comiques de sa génération.
04:59Muriel Robin, Pierre Palma, Danny Boone qui commençaient à arriver.
05:04Et puis moi, j'étais fasciné.
05:05Je regardais ces gens-là comme des stars inaccessibles.
05:08Donc c'est un lien avec Marseille et Elie Kaku parce qu'il est vraiment une icône de la ville.
05:14D'ailleurs, on lui fait un bel hommage.
05:16On a mis un portrait de lui quand on descend de la salle de spectacle.
05:20Je vous invite à lever l'œil et vous allez voir qu'il y a un petit Elie qui vous regarde avec un air malicieux.
05:26Et il est avec nous.
05:27C'est un peu notre bénédiction, Elie Kaku.
05:29Gadel Malé, vous dites que vous avez un peu un nouvel ancrage avec Marseille.
05:32Vous connaissiez plus ou moins.
05:33En tout cas, on ne peut pas renier que vous avez un énorme ancrage avec la Méditerranée, avec les deux rives de la Méditerranée.
05:40Cette ville, vous êtes né à Casablanca, vous avez grandi au Maroc après être parti aussi au Canada, aux Etats-Unis.
05:47Qu'est-ce qui reste de vous, de méditerranéens ?
05:50J'aime bien l'idée que vous soulignez la Méditerranée parce que c'est ce que je ressens à Marseille et dans la région.
05:57Ça fait un peu grande idée, grande phrase, un peu fourre-tout où on met tout quand on dit méditerranéen.
06:03Mais je crois qu'il y a une vraie culture, une vraie philosophie, un vrai état d'esprit qui est une forme de...
06:09Je ne sais pas si on dit la Méditerranéité.
06:11On veut le dire.
06:12On peut le dire.
06:13J'ai l'impression que la Méditerranéité, c'est une manière aussi...
06:17C'est un mode de vie, c'est une ouverture en tout cas, je pense, sur les autres.
06:20J'aime l'idée de ce positionnement, pas uniquement géographique, mais profondément philosophique, en tout cas dans ma vision de la vie, d'être ouvert aux autres, d'être ouvert aux communautés, d'être ouvert à ces mouvements en tout cas.
06:38Moi, Marseille et la région, c'est, au-delà de ce qu'on peut voir dans les news, c'est beaucoup de rencontres que j'ai faites ces derniers mois avec des parcours totalement surprenants de gens, avec des origines, des histoires, des familles.
06:52C'est la Méditerranée, avec sa richesse en tout cas.
06:56Donc moi, c'est très très important pour moi.
06:58Et l'humour, il puise quand même pas mal de son inspiration là-dedans.
07:03La galéjade, l'autodérision.
07:05Totalement. Parce que je pense que c'est pas uniquement un cliché, c'est pas... de dire que cette région de la France pratique l'humour comme un langage, c'est pas une caricature.
07:17C'est une vraie... c'est un vrai mode de vie, quoi.
07:21Je pense qu'il y a des humoristes nés dans la région, ils en font pas leur métier, mais la répartie, le tac au tac, l'espèce de...
07:30Et aussi la susceptibilité, c'est très intéressant.
07:31J'aime beaucoup la susceptibilité. Moi, je suis un Méditerranéen insusceptible.
07:35Et je trouve que le mélange entre la galéjade, comme vous dites, la chariade, comme on peut dire, et la susceptibilité, ça donne lieu à des choses un peu explosives que j'aime énormément.
07:46Gadel Meles qui identifie aussi ce qui est votre marque un peu d'acteur, de comédien, c'est ce travail sur le corps, sur le mime.
07:53Est-ce qu'on peut dire que ça remonte à votre enfance, à votre papa ?
07:57Totalement.
07:58C'est marrant, ce matin, je parlais de mime avec un ami qui est fan du travail de Marcel Marceau.
08:03Les plus jeunes connaissent peut-être pas, mais ça a été...
08:05C'est le grand monsieur du mime, ouais.
08:07Celui qui l'a quasiment pas inventé, mais en tout cas rendu tellement populaire à travers le monde.
08:14Même le fameux moonwalk de Michael Jackson a été appris par Marcel Marceau.
08:19Et en fait, je parlais de ça ce matin avec un ami, et puis on se disait, c'est vrai que c'est un art qui paraît comme ça un peu dépassé.
08:27Mais moi, j'y ai épuisé beaucoup d'inspiration, parce que mon père en faisait, et puis qu'aujourd'hui, je peux pas imaginer aller sur scène sans m'engager physiquement.
08:37Souvent, on me demande si je suis un artiste engagé, je dis oui, avec mon corps, déjà, avant tout, puisqu'il faut y aller avec le corps.
08:43Et puis je peux pas imaginer, même en faisant du stand-up, qui est un art plus minimaliste,
08:47je peux pas imaginer ne pas avoir le langage du corps.
08:50Il est pas lié uniquement à la Méditerranée, je crois qu'il est lié à l'amour que j'ai pour ça.
08:55Et encore hier soir, sur la scène de Nikaya à Nice, je faisais des blagues et je l'ai ponctuée par des gestes,
09:04et ça amplifie les rires.
09:07C'est très important, c'est pas que de la grimace, c'est une manière en tout cas de transmettre quelque chose que je ressens profondément.
09:13D'ailleurs, on parle du corps, mais du visage, les yeux, les regards, les mimiques.
09:17Oui, je pourrais pas passer une heure et demie ou deux heures de manière très...
09:21J'ai beaucoup d'admiration pour les stand-upers qui sont un peu épurés,
09:27mais j'ai besoin de jeux, j'ai besoin que ce soit truculant, jubilatoire, incarné,
09:34qu'il y ait des personnages, des accents, de la couleur.
09:37C'est ma vie, je viens de là, quoi.
09:40J'ai une grande admiration pour les stand-upers qui sont, ce qu'on appelle dans le jargon des stand-upers,
09:44des one-liners.
09:45C'est une phrase, une blague, sans interprétation.
09:49Je tiens huit minutes.
09:51Je veux pas donner de nom.
09:53Gad Elmanet sur Ici Provence, votre radio, deux mots sur ce spectacle.
09:58C'est complet à chaque fois, mais comment on fait pour aller vous voir ?
09:59On touche du bois, alors.
10:01Bon, on s'y prend à l'avance et puis...
10:03Non, non, mais c'est une grande joie.
10:04Je vais pas faire de la coquetterie, de la fausse modestie.
10:07Moi, je suis très très heureux.
10:08C'est mon spectacle...
10:10Oui, c'est le spectacle de ma carrière qui marche le mieux.
10:13Et c'est paradoxal, parce qu'on peut s'imaginer que quand tu prends de l'âge, tu vieillis,
10:19t'es déconnecté d'une certaine génération.
10:21Mais non, puisqu'ils viennent avec leurs enfants, puisqu'il y a un échange.
10:25Hier soir, sur la scène du Nikaya, il y a des gamins de 6-8 ans qui sont montés sur scène,
10:29me demandaient des autographes.
10:30Ça m'a touché.
10:31Ça m'a beaucoup touché.
10:33Alors peut-être qu'ils savent que j'ai fait la voix de Grou dans le dessin animé Les Mignons.
10:36Peut-être que ça doit être ça.
10:37Ça revient.
10:38On vous réclame toujours les sketchs du blond, etc.
10:40C'est un contournant bien des choses, vous ne pouvez pas ne pas les mettre.
10:44D'abord, je ne peux plus aller au ski sans qu'on me parle du blond.
10:47C'est impossible.
10:49Tous les jours, mais vraiment tous les jours, ce n'est pas une exagération.
10:52Je pense que tous les jours, dans la rue, on me parle de chouchou.
10:54Je crois que c'est un personnage qui, au-delà des gags,
10:59au-delà de l'outrance ou alors de l'apparence physique de chouchou,
11:05il y avait un message de tolérance.
11:07Il y avait un message dans un contexte et un moment où on n'était pas encore dans cette ouverture,
11:13dans ce débat sur l'identité, sur le genre.
11:16Donc, chouchou, on m'en parle très, très souvent.
11:19On redécouvre, puisqu'il y a eu le film avec Claude Brasseur,
11:23avec Daniel Auteuil, oui, c'est ça ?
11:25Roche d'Izem, votre frère.
11:27Claude Brasseur, oui.
11:28Voilà.
11:29Ces moments de passage au cinéma, où vous avez joué d'autres choses ?
11:33La réalisation, un peu moins.
11:34Oui, aussi, un peu moins, mais avec des films importants.
11:37Pour moi, le dernier en date, c'est Reste un peu.
11:40C'est un film qui est pour moi un film vérité, même si ce n'est pas un documentaire.
11:45Même si je n'ai pas reçu le baptême par l'Église catholique, je le dis,
11:48parce qu'on a voulu me baptiser, pas de force, mais bon, ça faisait plaisir à certaines personnes.
11:55Je ne l'ai pas reçu le baptême, je ne suis pas converti.
11:57Mais est-ce que je me suis intéressé profondément au christianisme,
12:00venant d'une éducation juive ?
12:02Est-ce que j'ai voulu vraiment créer une connexion entre les communautés, créer un dialogue ?
12:07Le dialogue interreligieux, ce n'est pas qu'une posture des politiques,
12:11c'est ce qu'on doit vivre, nous, dans notre quotidien.
12:13Et puis, j'ai voulu raconter cette histoire d'un gamin qui est fasciné par la Vierge Marie.
12:16Et il a une éducation juive, et les parents sont vraiment,
12:19c'est la pire des choses qui puissent arriver.
12:21Et je le dis, c'est presque une exagération,
12:26c'est presque un coming out passerait mieux dans une famille traditionnaliste séfarade
12:31que le fait d'aller vers une autre religion.
12:34Mais c'est un film qui me touche énormément,
12:37c'est, je pense, le film dont je suis le plus fier,
12:39que j'ai fait avec beaucoup, beaucoup de cœur.
12:41Et voilà, j'ai adoré faire ce film, j'ai adoré parler de ça,
12:44j'ai adoré cette histoire, j'ai adoré me replonger dans ses souvenirs d'enfance.
12:48Alors, il y a du vrai, il y a du pas vrai.
12:51Après, chacun a été allé raconter l'histoire comme il le voulait.
12:54Il y avait cette église dans laquelle vous ne voulez pas rentrer ?
12:57Oui, je ne pouvais pas, c'était interdit, en fait.
12:59Moi, j'ai grandi dans une famille juive et dans un pays musulman.
13:02Et donc, très, très tôt au Maroc,
13:04j'ai su mesurer l'importance de la fraternité, en tout cas,
13:08et de comprendre ce qu'il y avait d'intéressant chez l'autre,
13:10et non pas se refermer chacun sur notre communauté.
13:13Et je n'avais pas le droit de rentrer dans les églises,
13:15parce que mon père me disait que c'était un péché.
13:16Et puis, bien sûr, quand t'es gamin, qu'on te dit qu'il ne faut pas rentrer,
13:19c'est là que tu rentres.
13:21Je suis rentré, puis je suis tombé face à une représentation de la Vierge Marie.
13:24Alors, je précise toujours une représentation,
13:26parce qu'il y a eu aussi des articles qui ont dit que j'ai eu des apparitions.
13:29Il y a tout eu.
13:30Moi, je me suis converti, il y a tout eu.
13:33Peut-être mon coming out, mais je ne sais pas, on va voir.
13:36Non, mais plus sérieusement, je tombe sur cette représentation.
13:39Et puis, je suis séduit, je suis bouleversé, je suis ému.
13:42Je suis un gamin, elle m'apaise, elle me rassure.
13:44Un peu comme dans le texte de Claudel, peut-être.
13:48La Vierge à midi.
13:49Et voilà, je trouve ça juste beau.
13:51Et j'ai eu envie de raconter cette histoire de cet enfant
13:53qui tombe amoureux, en fait.
13:55D'une image, d'une idée, d'un absolu.
13:58Est-ce que c'est la femme parfaite, peut-être, que je recherche ? Je ne sais pas.
14:01En deux mots, le pape vient de décéder.
14:06Qu'on se croit, croyons pas.
14:07C'est une personnalité importante qui aimaient aussi bien la vie,
14:11les footballeurs, les comédiens.
14:13Racontez-nous en deux mots.
14:14Mais ce que vous venez de dire, ça a beaucoup d'importance,
14:17qu'on soit croyant ou pas, ou quelle que soit notre religion.
14:19Je pense que l'idée, en tout cas,
14:23l'idée qu'une personne incarne, en tout cas,
14:27déjà de faire un travail sur la paix,
14:30de faire un travail à travailler réellement,
14:32à unir les hommes sur terre.
14:36Je crois que cette idée-là, elle est fondamentale.
14:40Et moi, j'avais une infinie tendresse pour lui.
14:42J'ai eu l'honneur et la chance de le rencontrer.
14:45Et justement, j'ai pu parler de ça, du dialogue interreligieux.
14:50Donc, je pense qu'il a représenté quelque chose de très beau,
14:53de très apaisant, de très doux.
14:55Et aussi, une chose importante, c'est l'humour.
14:59L'humour, c'est important.
15:00Alors, on vous censura, Gad Elmaleh, dans votre foi.
15:04C'est l'âge aussi, comme moi, c'est l'âge.
15:06Vous êtes comment dans la ville ?
15:08Là, on est dans le sud.
15:08On peut peut-être même se projeter l'été.
15:10Vous, vous êtes complètement farniente.
15:12Vous devez aller au bout du monde.
15:13Vous êtes sportif.
15:14C'est quoi Gad Elmaleh en vacances ?
15:16C'est quoi Gad Elmaleh en vacances ?
15:18Alors, je ne vais pas vous faire rêver, malheureusement.
15:21Mais il faut qu'il y ait...
15:22Alors, il y a des gens qui aiment avoir des hôpitaux pas loin.
15:24Il y a des gens qui aiment avoir des boîtes de nuit.
15:29Il y en a d'autres qui aiment avoir des transats.
15:31Moi, il faut que j'ai, pas trop loin, la possibilité d'aller sur scène.
15:35C'est-à-dire que...
15:36C'est-à-dire que je...
15:40Je vais vous raconter une anecdote dans laquelle je me suis vraiment retrouvé.
15:43Je m'y suis identifié.
15:45Un jour, j'ai un ami, qui est un grand humoriste américain,
15:49qui m'appelle et qui me dit, écoute, voilà, je fête mon anniversaire de mariage.
15:55Et je veux le fêter à Paris.
15:56Et je lui dis, ok.
15:57Il me dit, j'ai besoin de toi, Gad.
15:59Je lui dis, ok, j'ai compris.
16:01Je vais t'organiser ça.
16:02Je connais un mec qui a des péniches.
16:04Il peut t'amener avec ta femme, faire un beau dîner romantique sur la scène.
16:07Et je peux t'envoyer dans tel restaurant.
16:09Tu vas voir, c'est inoubliable.
16:11L'anniversaire de Paris.
16:11Il me dit, Gad, pour ça, je n'ai pas besoin de toi.
16:15J'ai besoin d'un endroit où je peux jouer.
16:18Parce qu'une semaine à Paris sans jouer, ça peut être difficile pour moi.
16:21Je lui dis, mais je ne suis pas le seul.
16:22Je ne suis pas fou.
16:24Et en fait, plus je parle aux stand-upers, plus je parle aux humoristes,
16:26et plus je me rends compte qu'on fait un métier
16:27où ce n'est pas vraiment dissocié notre vie, notre métier.
16:31Et puis on vit des choses qu'on a envie de raconter sur scène.
16:34Et vice-versa.
16:35Donc, en vacances, j'aime être en famille.
16:38Ça, c'est fondamental pour moi.
16:40Le temps que je ne peux pas passer avec eux,
16:42en été et pendant les vacances, je me rattrape.
16:45Mais je veux pouvoir aller jouer.
16:47L'été dernier, j'étais à Saint-Rémy-de-Provence,
16:49dans une très belle maison en famille.
16:51Et j'ai appelé un copain qui a un comedy club à Marseille,
16:54au Vieux-Port, le comedy club du Vieux-Port.
16:56Et je lui ai dit, est-ce que je peux venir jouer chez toi demain soir ?
16:58Il me dit, bien sûr, tu viens jouer.
17:00Je lui ai dit, j'ai besoin.
17:00Je suis avec un autre ami qui s'appelle Tariq, un autre humoriste.
17:02On peut venir, parce que là, la famille, je n'en peux plus.
17:06C'est vital pour vous, la scène.
17:07C'est au-delà d'avoir le contact, de se faire aimer, entre guillemets.
17:12C'est le besoin.
17:14C'est un besoin.
17:15Vous avez dit le mot.
17:16Je pense qu'on va sur scène dans le stand-up.
17:19Dans la chanson, c'est autre chose.
17:21On va sur scène pas parce qu'on en a envie,
17:22c'est parce qu'on en a besoin.
17:24Je pense qu'on a besoin d'aller raconter les choses.
17:26Je pense qu'on a besoin de...
17:29C'est même physique, physiologique.
17:31Là, j'ai pris quelques jours de repos pendant la tournée.
17:34À un moment donné, je me disais...
17:36J'étais à Marrakech, il n'y a pas de Comédie Club.
17:38Je me disais, vous ne voulez pas monter un Comédie Club vite fait ?
17:41Non, mais c'est vrai qu'il y a un besoin.
17:43Et puis, il y a un besoin de raconter ce qui se passe quasiment en temps réel
17:46parce qu'il y a une résonance immédiate.
17:48Et ça, c'est très, très agréable.
17:50Bon, très agréable.
17:51Vous êtes comme chez vous, ici, en Provence, à Marseille.
17:53Alors, pas pour les autres.
17:54Ce n'est pas agréable pour les autres.
17:56Oui, parce que quand la famille, quand vous l'entite,
17:59vivement qu'on trouve un Comédie Club,
18:01ils se disent, oulala, on ne l'a pas pour nous à fond.
18:03Mais bon, en couple, c'est pire.
18:06Bon, on n'en parlera une autre fois.
18:08Surtout qu'il n'y a rien à raconter.
18:10Il n'y a rien à raconter à ce moment.
18:11Ça n'est pas une annonce, s'il vous plaît.
18:15On est sur ici.
18:17Provence.
18:17Ici Provence.
18:18Maintenant.
18:19Ici et maintenant.
18:20Merci beaucoup, Gad Elmaleh.
18:22C'est moi qui vous remercie.
18:23On était heureux de vous avoir pour ce gros, gros coup de cœur dans Ici Provence.
18:27Belle journée à vous.
18:28Merci.
18:28Merci.