Grève de la SNCF le 8 mai prochain, fermeture des petites lignes de TER, 1 Français sur 3 qui affirme avoir refusé un travail par manque de mobilité...le ministre des Transports est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Boy du 24 avril 2025.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Boy du 24 avril 2025.
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00:00RTL Matin
00:02Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Olivier, vous recevez aujourd'hui le ministre en charge des transports, Philippe Dabarro. Bonjour.
00:10Bonjour M. le ministre, merci d'être avec nous sur RTL.
00:13On s'achemine vers une semaine noire à la SNCF pour le pont du 8 mai.
00:16Le syndicat Sudrail a dit que les négociations hier avaient été un échec. Est-ce que c'est fichu ?
00:22Je ne sais pas si c'est fichu. Je pense que la direction de la SNCF veut continuer le dialogue social.
00:27Il y a un certain nombre de revendications sur lesquelles il souhaite avancer.
00:31Pour autant, pour négocier, il faut peut-être deux.
00:35Certains syndicats ne semblent pas vouloir avancer vers un apaisement.
00:39Moi, je suis le ministre des Usagers. Je pense beaucoup aux usagers qui s'inquiètent par rapport à ce mois de mai qui s'annonce difficile.
00:46Je pense qu'il faut rapidement qu'ils puissent avoir des informations pour pouvoir s'organiser.
00:50En tout cas, j'ai espoir encore sur les capacités de Jean-Pierre Farandoute, Christophe Fannichet à pouvoir trouver un accord
00:57et que certains syndicats reviennent à la raison par rapport à une grève qui aurait des conséquences très lourdes
01:03à la fois financièrement pour l'entreprise et pour la confiance des Français dans cette grande entreprise.
01:08Sudrail, les syndicats demandent une augmentation de la prime, un travail sur les plannings également.
01:13Pour le moment, ils ne bougent pas là-dessus. Est-ce que la SNCF doit céder ?
01:19Il paraît qu'à chaque fois que je prends la parole, c'est pour mettre de l'huile sur le feu sur ces questions.
01:23Donc, je ne voudrais pas être une cause supplémentaire de grève pour les syndicats.
01:28Je fais confiance à la SNCF pour voir ce qui est juste et ce qui n'est pas juste en termes de revendications.
01:34Et vous êtes le ministre des Transports ?
01:35Oui, je suis le ministre des Usagers. Je pense à eux prioritairement.
01:40Par contre, je pense également qu'on doit avoir sur les comptes de la SNCF un certain équilibre
01:46parce qu'on a besoin d'investir dans le réseau.
01:49C'est ça le plus important, investir dans les infrastructures.
01:52Et une journée de grève, c'est 10 millions qui ne sont pas investis dans le réseau.
01:57Donc, ceux qui se prétendent, et je veux bien le croire, des amoureux du ferroviaire
02:02et qui souhaitent que l'État, à travers la SNCF, puisse investir dans le ferroviaire,
02:09doivent pouvoir permettre, tout en ayant un dialogue social apaisé,
02:12d'avancer sur ces sujets et surtout de ne pas utiliser en permanence l'arme de la grève.
02:18Ce sera une grosse grève si jamais ça n'aboutit pas ?
02:19Sudrail, CGT, c'est très présent chez les contrôleurs et les conducteurs.
02:22Ce sera une grosse grève ?
02:23Écoutez, on ne sait jamais comment une grève peut être suivie ou non.
02:28Moi, je veux encore que le dialogue social puisse se mettre en œuvre.
02:32Je ne souhaite pas intervenir directement parce que je pense que ça affaiblirait...
02:36L'État n'a pas à mettre la pression sur l'un ou l'autre pour que les négociations avancent.
02:41L'État l'a toujours fait et ça ne s'est jamais très bien passé au final.
02:45Donc, moi, j'ai confiance.
02:47Jean-Pierre Farandou est à la fin de son mandat.
02:49Il va l'assumer pleinement jusqu'au bout et il saura s'il peut trouver un accord ou pas.
02:54Le plus important, c'est en amont de pouvoir donner l'information aux usagers et de penser à eux.
02:59Au 64 900 sur RTL, on a beaucoup d'auditeurs qui réagissent là-dessus.
03:03Un auditeur en particulier qui dit
03:05« S'il y a grève, il faut avancer sur cette histoire d'interdiction, les jours variés et les vacances. »
03:09C'est précisément cette proposition de loi que vous portez depuis des années,
03:13que vous avez fait voter au Sénat, qui n'est pas encore arrivé à l'Assemblée.
03:15Est-ce que s'il y a grève, vous allez revenir, vous, ministre des Transports,
03:18avec cette loi et avec la volonté qu'elle passe près de tout le Parlement ?
03:21Vous l'avez dit, je ne redis pas le parlementaire que j'ai été il y a encore quelques semaines.
03:27Ce texte a été voté.
03:29On verra si des députés s'en saisissent.
03:31Je pense qu'il sera intéressant de faire un point de toute manière de la situation
03:34après cette potentielle grève, après cette période du mois de mai.
03:38On en parlait tout à l'heure.
03:39Il y a une autre période qui est clé aussi.
03:41C'est celle des vacances de Noël,
03:43qui correspondent souvent aux négociations annuelles salariales.
03:47Je pense que ce sont les deux points...
03:49S'il y a grève, est-ce que cette loi revient et arrive à l'Assemblée nationale ?
03:53C'est aux parlementaires d'en décider, ou en tout cas aux députés,
03:56puisqu'au Sénat, elle a été votée avec une large majorité.
04:00Vous la souhaitez toujours ?
04:01Écoutez, j'en suis un des co-rédacteurs,
04:04donc je ne renie pas celui que j'ai été sur ces sujets.
04:08Je ne le souhaiterai pas, parce que je pense qu'on peut avancer autrement.
04:11Après, quand il y a un contournement du droit de grève,
04:15des grèves perlées, des grèves de 59 minutes,
04:18des préavis dormants pendant des années,
04:21je pense que le droit de grève lui-même est détérioré.
04:26Je pense que c'est un droit constitutionnel
04:27qui est particulièrement important dans notre pays.
04:30Et qui est dévoyé aujourd'hui par les syndicats, c'est ce que vous dites ?
04:32Non, qui pourrait l'être, qui pourrait l'être quelquefois.
04:35Et je pense qu'il y a un autre droit constitutionnel,
04:38c'est celui de pouvoir aller et venir.
04:40Je pense qu'on en parlera dans un instant.
04:42Et ça aussi, c'est important pour moi, ça a du sens.
04:45On va parler maintenant de l'état de nos transports en France.
04:47C'est inquiétant.
04:48Vous avez vous-même commandé une étude au ministère des Transports
04:50qui est arrivée sur votre bureau, on l'a révélé ce matin sur RTL,
04:53avec un chiffre qui nous a tous effarés.
04:55Un Français sur trois qui renonce un jour à une opportunité professionnelle
05:00parce qu'il ne peut pas y aller facilement,
05:01parce qu'il y a des problèmes de transport.
05:03D'abord, vous, le ministre,
05:04est-ce que vous avez été aussi effaré, étonné par ce chiffre ?
05:08C'est ça ma préoccupation principale.
05:10Je ne l'ai pas été totalement parce que si j'ai souhaité une conférence de financement
05:13qui se tiendra le 5 mai prochain à Marseille,
05:17lancée par le Premier ministre et sur une dizaine de semaines
05:20avec des experts des transports, avec des élus, avec des usagers,
05:24c'est pour trouver des sources de financement pour les infrastructures de transport.
05:28On s'aperçoit dans notre pays que les infrastructures sont vêtues,
05:32qu'elles ont besoin de financement pour être beaucoup plus efficaces,
05:35qu'il y a une dette grise qui existe parce que nous n'investissons pas suffisamment.
05:39Et je souhaite qu'à travers cette conférence de financement,
05:42on puisse trouver la possibilité à la fois de financer à travers les secteurs
05:48qui peuvent gagner de l'argent, comme on dit, de manière très simple,
05:51et je pense notamment aux concessions autoroutières,
05:54qu'elles soient en mesure de pouvoir financer d'autres modes de transport,
05:58comme nos routes nationales qui sont particulièrement détériorées,
06:02ou comme nos infrastructures ferroviaires qui ont besoin.
06:04Et peut-être, il y a la question aussi, par rapport au sondage,
06:07bien sûr, cette question d'un sur trois, un Français sur trois qui ne peut pas trouver de travail,
06:12et il y a également la différence entre Paris et la province,
06:16et la différence entre les métropoles et les périphéries.
06:19C'est ça peut-être le plus frappant.
06:21La France a deux vitesses, on l'a entendu sur RTL tout à l'heure,
06:23avec cette ligne en Auvergne qui ne fonctionne pas sur l'état des routes.
06:26Juste sur ce point-là, parce que vous parlez d'argent.
06:27Les maires de France partent de réseaux routiers proches du délabrement.
06:32C'est un autre sujet.
06:34Non, ils disent qu'eux, vous leur donnez un milliard d'euros pour gérer les routes gérées par les communes,
06:40alors que vous récupérez 50 milliards par rapport.
06:41Ça n'a rien à voir.
06:42On parle de voirie communale, ça c'est des questions de communes et d'intercommunalité
06:47à la rigueur de dotation de l'État sur ces sujets.
06:49Moi, je vous parle des routes nationales,
06:51je vous parle qui sont de la compétence de l'État,
06:54et l'État n'investit pas suffisamment sur ces routes nationales.
06:56Vous n'avez pas assez d'argent pour vous occuper de ces routes nationales ?
06:59Parce qu'il faut que d'autres moyens, par solidarité, puissent aider au financement.
07:05Nous avons un sujet important qui est la fin des concessions autoroutières dans notre pays.
07:09Il faut se dire qu'est-ce que nous souhaitons de ces concessions routières.
07:12Le sondage montre que les Français sont très attachés.
07:15C'est un patrimoine national.
07:17Il y a 10 000 kilomètres d'autoroutes dans notre pays
07:23qui sont plutôt très bien entretenues par le système concessif.
07:26Est-ce qu'on souhaite conserver ce système concessif ?
07:29Récupérer l'argent des sociétés autoroutières ?
07:33Pour l'instant, vous n'en récupérez pas assez.
07:35Ils servent à quoi les bénéfices des sociétés autoroutières ?
07:37Écoutez, l'État s'est un petit peu désengagé de ces questions ces dernières années
07:41et n'est plus au cœur de ces discussions.
07:43Moi, je souhaite que l'État soit de nouveau au cœur de ces sujets,
07:47à la fois pour notifier aux sociétés autoroutières
07:50les dernières années de contrat qu'elles ont
07:52et les investissements qu'elles doivent faire dans leur contrat de concession
07:55et puis surtout leur donner la possibilité
07:58à travers notamment les recettes des péages...
08:01Qui augmentent, qui ont augmenté les dernières plus que l'inflation.
08:04Qui ont augmenté, mais vous voyez dans l'étude,
08:06les Français disent qu'ils sont prêts à payer le juste prix
08:08si les autoroutes sont dans un bon État
08:10et si elles permettent de financer d'autres modes de transport,
08:14notamment comme le ferroviaire.
08:15Ça, ce sont des sujets intéressants.
08:17Concrètement, comment ça se passerait ?
08:18Vous allez renégocier à partir de 2030, c'est ça ?
08:202031.
08:21Exactement.
08:21Dans votre modèle, comment ça se passe ?
08:23Comment vous récupérez l'argent des sociétés autoroutières ?
08:26Quelle clause vous mettez dans les contrats ?
08:28La conférence de financement sera là pour le dire.
08:31Moi, à titre personnel, j'ai un certain nombre de convictions.
08:34Les pays qui ont voulu renationaliser ces autoroutes,
08:37et je pense notamment à l'Espagne,
08:38qui ont voulu faire la gratuité des transports,
08:40se retrouvent dans une situation particulièrement difficile aujourd'hui.
08:44Ils n'ont plus de finances publiques pour les financer.
08:46Vous les laissez aux sociétés autoroutières ?
08:48Et donc comment vous faites ?
08:49Et on encadre, et on encadre beaucoup plus peut-être
08:51que par les précédentes concessions.
08:54A la fois la question des profits,
08:55à l'époque c'était le débat sur les super-profits,
08:58également...
08:59Ils gagnent trop d'argent ?
09:00Comment ?
09:00Ils gagnent trop d'argent, les sociétés autoroutières ?
09:01Avec les précédents contrats, très probablement,
09:03parce qu'ils n'avaient pas été suffisamment bien négociés.
09:06Là, je pense que tout le monde peut y trouver son compte.
09:08Bien sûr, les actionnaires de ces grandes sociétés concessionnaires,
09:11mais également les usagers qui doivent payer le juste prix et pas plus,
09:16et puis dégager des sommes qui pourront permettre d'investir,
09:19comme je l'ai dit, sur les infrastructures ferroviaires,
09:22et sur les routes nationales qui en ont besoin pour éviter...
09:25Les routes nationales, est-ce qu'il faudrait les faire payer ?
09:27Non, je ne suis pas pour faire payer les routes nationales,
09:30c'est du ressort de l'État de les entretenir,
09:33et nous devons trouver les sommes nécessaires
09:35dans un contexte financier si compliqué pour pouvoir investir.
09:39Il y a des ponts aussi qui posent un certain nombre de problèmes dans notre pays,
09:43il faut sécuriser tout ça,
09:45et je pense que les mains des concessions autoroutières
09:47pourront le permettre dans les 10, 20 et 30 prochaines années,
09:50en tout cas, c'est mon souhait,
09:51et j'espère que ce sera le souhait lors de la conférence de financement
09:54le 5 mai prochain à Marseille pour 10 semaines.
09:57Avec tous les acteurs du transport en France.
09:59Merci Philippe Tabarro d'avoir été avec nous sur...