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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Monseigneur Patrick Chauvet; curé de La Madeleine à Paris et ancien recteur archiprêtre de Notre-Dame de Paris.

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Transcription
00:00Bonjour Mgr Chauvet, merci d'être l'invité des 4V ce matin, c'est donc au lendemain de la fête de Pâques,
00:07on le rappelle la fête la plus importante pour les chrétiens du monde entier, que la mort du pape a été annoncée.
00:11Comment vous interprétez d'abord le symbole autour de cette date, la date de la disparition de François ?
00:17C'est sûrement un signe d'espérance, parce que je ne pense pas que le pape ait choisi cette date,
00:22ça nous vient du ciel ça, la mort est donnée par le Seigneur pour la rencontre qu'il attendait d'ailleurs.
00:30Vous y voyez un signe d'espérance ?
00:31Oui, moi je vois un signe d'espérance, parce que mourir pendant l'octave de Pâques,
00:37donc c'est toujours la fête de Pâques, le lundi, qu'est-ce que vous voulez, il entre dans la joie du maître,
00:43donc moi je voudrais bien mourir un lundi de Pâques, peut-être pas tout de suite.
00:46Je voulais voir un petit peu plus tard. C'était un homme qui de toute façon ne laissait pas indifférent.
00:51Vous l'avez rencontré, le pape François, à plusieurs reprises, notamment peu après l'incendie de Notre-Dame de Paris,
00:55dont vous étiez le recteur. Quels souvenirs vous gardez de cette rencontre ?
00:59Un regard. Un regard, il ne parle pas français, il comprend le français, mais il parle très peu français.
01:05Et comme moi, je ne parle que le français, donc il y a une difficulté.
01:08Mais il y a des gestes. C'est un homme, j'allais dire tactile, vous savez,
01:13donc c'était à travers sa poignée de main, son regard, me disant un peu la compassion.
01:18Et de se dire qu'il comprenait un peu la souffrance de Paris, des Parisiens, de la France,
01:26et qu'il était à côté de nous.
01:28Et puis je l'ai vu au mois de juin dernier.
01:33Là aussi, on parlait un peu de la liturgie, des questions de liturgie,
01:37parce que je m'occupe de la liturgie.
01:39Et là aussi, il y avait une attention.
01:43Il était déjà un peu fatigué, mais enfin, il était bien présent.
01:47Toujours combatif, malgré la maladie qui avançait.
01:50Oui, voilà. C'est ça que je trouvais extraordinaire, c'est qu'on voyait, il était déjà dans sa petite voiture.
01:56J'étais à genoux, pour parler au niveau de son oreille.
02:01Voilà. Et puis, mais toujours avec un peu d'humour, parce que pour me relever,
02:05comme un imbécile, je me suis appuyé sur la machine qui a failli se reverser,
02:10j'ai failli y mettre le 5 sièges par terre.
02:11Vous vous rendez compte ? C'est pas possible.
02:14Ça va, il l'a pas mal pris.
02:15Mais au contraire, il y avait un sourire.
02:17Voilà, une attention et une proximité.
02:19Un homme tourné vers les autres, les plus pauvres, c'est une certitude,
02:22mais aussi un pape qui avait un sacré caractère, qui pouvait être un peu dur, disent certains.
02:26Oui. On dit qu'il était autoritaire, c'est-à-dire que, vous savez,
02:32il gouvernait un milliard et demi de chrétiens, c'est pas simple.
02:36Et donc, oui, il avait du caractère.
02:38À la fois, c'était un homme étonnant, parce qu'à la fois, il y a beaucoup de tendresse,
02:42il était le signe de la tendresse de Dieu,
02:45et à la fois, il savait ce qu'il voulait, il est le pape.
02:48Donc, quand on est pape...
02:50Jusqu'à la fin de sa vie, car les médecins lui disaient
02:52« Deux mois de convalescence, vous ne faites rien »,
02:54lui disaient « Mon seul médecin, c'est le docteur Bergoglio. »
02:56Son nom, avant qu'il ne prenne le nom de pape François,
02:59sous-entendu, c'est moi qui décide et personne d'autre.
03:00Oui, je plains à ces médecins, parce qu'ils n'écoutaient pas.
03:06Ils n'écoutaient pas.
03:07Je ne veux pas dire qu'il n'en faisait qu'à sa tête.
03:09Son désir, c'était cette proximité avec son peuple.
03:12Et je trouve que, dimanche, cette traversée de la place Saint-Pierre,
03:17qui était sans doute son au revoir,
03:19de se dire « Ben voilà, ça y est, ça doit être le moment. »
03:22Vous savez, c'est le cantique du vieillard Siméon,
03:25« Maintenant, maître souverain, tu peux laisser s'en aller ton serviteur. »
03:28Eh bien, cette traversée, cette proximité,
03:31il avait encore un enfant qui l'embrassait.
03:34Je me dis « Mais voilà, c'est beau ce départ. »
03:36Mgr Chauvet, c'est donc maintenant la période du CD Vacante,
03:39le siège vacant qui s'ouvre à Rome.
03:41Les cardinaux qui sont convoqués dès 9h ce matin,
03:43d'abord pour décider de la date des obsèques de François,
03:45avant évidemment de commencer à dessiner un successeur.
03:48Quelles sont vos attentes, vos espoirs pour le futur conclave qui va commencer ?
03:52Oh là là, mes attentes.
03:55Mes attentes, d'abord la première attente,
03:57j'espère que ça ne va pas être trop long,
03:58et qu'ils vont trouver le successeur.
04:02Maintenant, quel profil ?
04:04J'entends beaucoup depuis hier.
04:06Voilà, est-ce qu'il faut qu'il soit dans la ligne du pape ?
04:09Est-ce qu'il faut qu'il stabilise un peu tout ?
04:11Que ça soit plutôt un homme un peu plus calme,
04:14un peu plus consensuel ?
04:15Voir plus conservateur, comme le disent certains.
04:17Peut-être conservateur.
04:18Quel est votre souhait ?
04:19Moi, je pense qu'il faut un homme, en tout cas,
04:23qui ait un beau projet pour l'avenir de l'Église.
04:26L'unité de l'Église avant tout ?
04:28L'unité de l'Église.
04:29C'est vrai qu'il faut le reconnaître,
04:32il y a quelques divisions,
04:33mais je crois qu'il faut un homme de communion.
04:37Et puis, il faut garder
04:39toutes ces belles intuitions du pape.
04:42Vous savez, il était très proche,
04:44c'était sa spiritualité,
04:45la petite Thérèse de Lisieux.
04:47Et donc, c'est d'ailleurs pour nous,
04:49la France, c'est une joie
04:50de voir que notre pape se promenait
04:52avec l'histoire d'une âme de Thérèse.
04:56Et donc, il a retenu de Thérèse
04:59cette proximité,
05:01cette confiance,
05:02cet abandon.
05:04Est-ce que 2025 pourrait être l'année
05:05où on verrait le premier pape français
05:07depuis près de 647 ans,
05:09puisque le dernier, c'était Grégoire XI ?
05:11Parmi tous les successeurs potentiels,
05:12certains yeux commencent à se tourner
05:13vers l'archevêque de Marseille,
05:15Mgr Jean-Marc Aveline.
05:17Est-ce que ce serait possible ?
05:18Au moins, je pourrais dire
05:20que je connais bien le pape.
05:23Quelles sont ses qualités ?
05:24Les qualités ?
05:26D'abord, une joie.
05:27Il est habité par la joie, cet homme.
05:29Il est brillant intellectuellement,
05:32mais il a l'accent de Marseille.
05:36Et donc, il y a toujours
05:37beaucoup de soleil.
05:38Et donc, il est là.
05:40Je pense que c'est quelqu'un
05:41qui pourrait être,
05:43qui pourrait assumer.
05:44Mais, voilà.
05:46Je pense que,
05:47je ne sais pas s'il faut souhaiter
05:48à un cardinal d'être pape.
05:50Parce que le travail doit être très difficile.
05:53Mais il serait prêt à l'assumer,
05:54j'imagine.
05:55Et prêt à faire le consensus,
05:58à s'entourer des cardinaux
06:01et arriver à trouver comme ça
06:02une voie médiane
06:03entre tous les courants
06:04qui traversent l'Église ?
06:06Oh, je le pense.
06:07Je pense parce que c'est
06:07un homme de communion.
06:09Donc, c'est quelqu'un
06:10qui est à l'écoute,
06:12qui doit se rendre compte
06:13un petit peu de...
06:14Oui.
06:15Au plus profond de son âme,
06:16vous pensez qu'il le souhaite,
06:17être pape ?
06:18Non.
06:19Alors là,
06:20je pense qu'il ne le souhaite pas.
06:21Qui peut souhaiter être pape ?
06:22Si, un carriériste.
06:24Mais chez les cardinaux,
06:25il n'y a pas de carriériste.
06:26Il y en a bien à avoir
06:27quelques-uns, non ?
06:27Mais non, il n'y en a pas.
06:29Et puis, vous oubliez peut-être
06:31une dimension,
06:31l'esprit saint.
06:33Est-ce que l'esprit saint
06:34veut que ça soit
06:35le cardinal Aveline ?
06:36Peut-être.
06:36Peut-être.
06:37Ah ben, s'il le veut,
06:38il le sera.
06:39François était également
06:40le défenseur des plus pauvres
06:42et des migrants.
06:43En décembre dernier,
06:43le pape François affirmait,
06:44je cite,
06:44que le migrant doit être accueilli,
06:46accompagné, promu et intégré,
06:48vision qui semble en décalage
06:49avec de nombreux discours politiques
06:50en France,
06:51y compris celui du ministre
06:51de l'Intérieur.
06:52Quel message vous souhaiteriez
06:53faire passer aux politiques
06:54sur cette question
06:55de l'immigration ?
06:56Tout homme a une valeur sacrée.
07:01Et c'est vrai que nous vivons
07:02aujourd'hui,
07:03et ce n'est pas terminé,
07:05le drame de l'immigration.
07:07Les changements climatiques,
07:08je suis sûr qu'il y aura
07:09une partie du Sud
07:10qui va être obligée
07:12d'immigrer,
07:12sinon ils meurent tous.
07:13On ne peut pas
07:14nous tolérer cela.
07:16Je pense que ce qui a mené
07:17le pape à dire ça,
07:19c'est dans l'Évangile,
07:20Matthieu 25,
07:22j'étais malade,
07:24vous êtes venu me visiter,
07:25j'étais en prison,
07:25vous m'avez visite,
07:26donc c'est normal
07:28que lui puisse prôner.
07:29Lui le prône,
07:30mais certains politiques,
07:31au contraire,
07:32se prétendent catholiques
07:33et sont en totale opposition
07:35avec cette vision
07:36de l'Évangile défendue
07:37par François.
07:37Et d'ailleurs,
07:38je trouve que Dieu
07:39a de l'humour
07:39puisque la dernière visite,
07:41c'était quelqu'un
07:42qui prône
07:42le vice-président
07:45des États-Unis.
07:46J.D. Evans,
07:47qui est la dernière personne
07:48qu'il a reçu
07:48en audience publique.
07:49Il ne m'en fait pas d'humour.
07:50C'était aussi pour lui montrer
07:51son opposition,
07:53probablement,
07:53et défendre sa vision
07:54des choses jusqu'au bout.
07:55La question,
07:56parce que c'est dans
07:57le catéchisme
07:58de l'Église catholique,
08:00c'est qu'un pays
08:00doit accueillir
08:01les migrants.
08:03Le problème,
08:04c'est comment
08:05on va
08:06les intégrer.
08:08Et la question,
08:09ça s'adresse
08:09à tous les gouvernants.
08:11On peut recevoir
08:12la terre entière,
08:13mais comment nous,
08:14nous allons
08:15les intégrer,
08:16leur donner une possibilité
08:17de vivre
08:17et non pas de faire
08:18une sorte de néocolonialisme.
08:20Un mot, Mgr Chauvet,
08:21sur aussi la lutte
08:22contre les abus sexuels
08:22dans l'Église,
08:23ce qui a été vraiment
08:23un combat important
08:24du pontificat de François.
08:26L'enquête est actuellement
08:26en cours autour
08:27des faits graves
08:28qui ont été commis
08:28au sein de l'institution
08:29de Bétarame.
08:30C'est un combat
08:31qui est tout de même
08:31loin d'être terminé
08:32au sein de l'Église.
08:33Je pense qu'il faut continuer
08:35en tout cas.
08:36Oui, il n'est pas
08:36parce que ce sont des années,
08:39on interroge jusqu'en 1950,
08:41vous vous rendez compte ?
08:43Je pense que c'est bien
08:43que l'Église puisse faire
08:45cette vérité.
08:47Voilà, on est dans une émission
08:48sur les quatre vérités.
08:49Là, il faut faire la vérité.
08:51On ne peut pas tolérer
08:52ce qui s'est passé.
08:54On doit punir
08:54ceux qui sont encore vivants
08:56et de se dire quand même
08:59qu'un enfant,
09:00c'est l'avenir,
09:02c'est l'espérance,
09:03c'est le respect.
09:05Vous voyez,
09:05quand on nous confie
09:06dans nos établissements catholiques,
09:08on nous confie des enfants,
09:10ce n'est pas pour les abuser,
09:12mais c'est pour qu'ils s'épanouissent
09:13et qu'ils trouvent la vérité.
09:16Journal d'un curé parisien,
09:18c'est le titre
09:18de votre dernier livre
09:19publié aux éditions Fayard.
09:22Un curé parisien
09:22de Paris, pardon,
09:24mais parisien,
09:25qui soutient un marseillais
09:26puisque vous soutenez
09:27le cardinal Aveline.
09:29Vous voyez,
09:29je suis ouvert.
09:30Je soutiens un marseillais
09:32et je dois dire
09:35que je me suis inspiré aussi
09:36du pape François
09:37parce que j'ai bien aimé
09:40toutes ces citations
09:41où il nous donne
09:42un petit peu...
09:43Je le dis souvent
09:44à mes paroissiens,
09:46je veux dire,
09:47parfois ils sont tristes
09:48comme la nuit.
09:49Je dis,
09:49mais vous ressemblez
09:50à des poivrons vinaigrés.
09:51Et c'est vrai que c'est affreux
09:52un poivron vinaigré.
09:53C'est notre pape argentin
09:56qui aimait dire ça.
09:57Et vous imaginez
09:58que vous allez encore dire
09:59une messe
09:59à la mémoire de François
10:00aujourd'hui à la Madeleine ?
10:01Ah ben oui,
10:02on va aller tous les jours.
10:03On a à midi et demi
10:04une messe,
10:04on a un livre de signature
10:05et je suis étonné
10:07de voir le nombre
10:08de personnes
10:09qui viennent signer ce livre.
10:11Merci beaucoup Mgr Chevet
10:12d'avoir été l'invité
10:13des 4V ce matin
10:14dans Télématins.
10:14Merci.
10:15Merci.
10:16Merci.
10:17Merci.