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00:007h-9h, Europe 1 Matin
00:03La grande interview CNews Europe 1 avec vous Monseigneur Patrick Chauvet. Bonjour Monseigneur.
00:13Bonjour.
00:13Merci d'être avec nous. Vous êtes le curé de la Madeleine, vous êtes l'ancien recteur de Notre-Dame de Paris
00:20et vous êtes l'auteur du journal d'un curé de Paris aux éditions Fayard, livre qui vient de sortir.
00:28Pierre, merci beaucoup d'être avec nous en ce lundi de Pâques.
00:33Beaucoup de questions à vous poser, évidemment.
00:35Je voulais qu'on commence par ce dont beaucoup de gens ont parlé,
00:39beaucoup de catholiques ont parlé, beaucoup de médias ont parlé,
00:42les 17 000 catéchumènes adultes et adolescents qui ont été baptisés hier pour Pâques.
00:50C'est une grande joie pour les catholiques, évidemment.
00:52Comment est-ce que vous l'analysez, vous ?
00:55Est-ce que vous y voyez le point de départ d'un regain de la foi chrétienne en France ?
01:01Eh bien, j'ai regardé aussi, comme vous, les médias, j'ai lu.
01:08Il y a peut-être une chose qui manquait.
01:11C'est la dimension surnaturelle.
01:14On a peut-être oublié que l'Esprit Saint jouait un rôle important.
01:20Et je vais dire par là que, mon expérience, comme curé,
01:24je vois tous ces jeunes qui viennent pour demander le baptême,
01:28c'est d'abord un appel, un appel de Dieu.
01:32C'est une petite dose d'Esprit Saint qui vient, j'allais dire, les chatouiller
01:37pour donner sens peut-être à une vie qui est un petit peu difficile aujourd'hui,
01:43ou dans un monde où on a perdu peut-être des repères,
01:46et on a besoin de cette rencontre.
01:48Et cette rencontre, elle passe à travers, naturellement, des intermédiaires,
01:52des témoins, un appel, que sais-je, lors d'un pèlerinage, le fraternel, que sais-je.
02:00Il n'empêche que, c'est l'Esprit qui travaille.
02:02Or, moi, vous savez, depuis 40 ans, j'entends dire,
02:06« Oh, l'Église, elle est fichue, c'est fini, c'est la fin de l'Église. »
02:10Eh bien, ce n'est pas tellement la fin de l'Église,
02:12parce que le bon Dieu est là,
02:14et on a traversé des heures difficiles.
02:17Je pense que tout le monde le sait.
02:20Elles sont derrière nous.
02:21Elles sont derrière nous.
02:22Je pense que l'Église a été courageuse.
02:24Elle a fait tout ce qu'il fallait.
02:27Et en tout cas, quand on parle des jeunes,
02:29moi, je leur dis,
02:30« Mais vous rentrez dans une Église un petit peu fragile, »
02:33il dit qu'importe.
02:34Nous, c'est le Christ qui nous intéresse.
02:36Et l'Esprit-Saint est passé également par les réseaux sociaux.
02:41Et quelque chose m'a frappé pour Pâques 2025, cette année.
02:45Pour la première fois, j'ai entendu des hommes d'Église,
02:47des prêtres, dire que plusieurs de ces nouveaux baptisés
02:49avaient rencontré Dieu sur les réseaux sociaux.
02:52En tout cas, je ne l'avais pas entendu
02:54lors des dernières fêtes de Pâques,
02:58les dernières années.
02:59Ça veut dire quoi ?
03:00Comment est-ce que vous l'analysez ?
03:02L'Église doit aller plus sur les réseaux sociaux,
03:05s'en méfier.
03:06Qu'est-ce que c'est ?
03:06Moi, je pense qu'il faut effectivement s'occuper
03:09de prendre place aussi dans les réseaux sociaux.
03:12Ce qui est déjà le cas, d'ailleurs.
03:13Ce qui est le cas.
03:14Il y a le frère Adrien, par exemple,
03:16qui a un succès important.
03:18Il y a beaucoup de prêtres qui communiquent beaucoup
03:20sur les réseaux sociaux.
03:21Nous-mêmes, à la Madeleine,
03:23on est sur YouTube pour les messes.
03:25Il m'arrive de faire des interviews.
03:28Je pense que c'est important
03:29parce que tout le monde n'est pas à l'Église.
03:32Moi, je n'ai que 700 fidèles
03:35qui viennent à la Madeleine.
03:36Mais voilà, pour une belle célébration,
03:40comme hier, on était 1300.
03:42Donc, ça veut dire que ça vient.
03:44Là où je veux en venir aussi,
03:46c'est avec les réseaux sociaux
03:48et la communication sur les réseaux sociaux.
03:49Est-ce que vous ne craignez pas
03:50qu'il y ait une sorte d'effet de mode ?
03:54Est-ce que c'est l'appel de Dieu ?
03:56Est-ce que c'est uniquement l'appel de Dieu ?
03:59Ou est-ce que vous ne craignez pas ?
03:59Oui, que ce soit une envie,
04:03j'allais dire, comme une autre.
04:05Est-ce qu'il n'y a pas ce danger
04:06sur les réseaux sociaux ?
04:07Oui.
04:08Est-ce que vous voyez
04:08où est-ce que je veux vous emmener ?
04:09Oui, oui, très bien.
04:11C'est quand même une exigence.
04:14Quand on est catéchumène,
04:15ça veut dire deux ans de préparation,
04:18se voir régulièrement.
04:20Il y a une exigence.
04:21Il y a un chemin de conversion.
04:24Donc, pour un jeune,
04:26comme pour un adulte,
04:27c'est quand même pas si simple.
04:29Alors maintenant,
04:30est-ce qu'on nous dit
04:31qu'au bout de trois ans, quatre ans,
04:33les jeunes néophytes,
04:36donc les baptisés,
04:38disparaissent ?
04:39La grande difficulté,
04:40parce qu'il y a une difficulté,
04:42c'est comment insérer
04:43dans une communauté
04:45un néophyte ?
04:47C'est-à-dire comment il va être heureux
04:49dans cette communauté,
04:50il va se sentir accueilli,
04:52il va se sentir utile.
04:54Il va découvrir une famille.
04:55Ça, c'est un enjeu.
04:56Et je pense qu'il faut y réfléchir.
04:58Et il faut faire vraiment
05:00une sorte de néophyta.
05:01Comme il y a eu le catéchuména,
05:03il faut faire le néophyta.
05:05Comment accompagner tous ces jeunes
05:06pour qu'ils puissent s'épanouir
05:09dans l'Église ?
05:10Parmi les nouveaux convertis,
05:12certains viennent de l'islam.
05:14C'est vrai.
05:15Nous en avons.
05:17Il y en a certains
05:18qui demeurent cachés
05:20parce qu'ils ont un grand risque
05:23pour leur vie
05:23et puis pour les liens
05:25avec leur famille.
05:27Il y en a d'autres.
05:28Ils sont plutôt libres.
05:29Il y en a un que j'accompagne.
05:31Il est libre.
05:33Je lui ai dit
05:33mais comment réagit la famille ?
05:36Bon, sa maman est musulmane.
05:40C'est dur pour elle.
05:41Mais bon, elle accepte.
05:43Elle dit si c'est ton choix,
05:44c'est ton choix.
05:46Voilà.
05:46Alors comment ?
05:48Là aussi, c'est difficile.
05:49Comment un musulman
05:50qui se convertit
05:52peut rester,
05:55vous voyez,
05:55en lien familial
05:57parce qu'il a besoin
05:58de cette culture ?
06:00Il a besoin de...
06:01C'est son histoire.
06:02Oui.
06:02Et donc nous,
06:03on ne peut pas faire une rupture.
06:05Moi, je ne pense pas
06:05que ça soit utile
06:06de faire une rupture radicale.
06:07Mais le plus souvent,
06:09c'est une rupture radicale.
06:10Également sur ce regain de foi,
06:14en tout cas sur le nombre
06:16de nouveaux baptisés
06:18qui augmente,
06:20est-ce que vous pensez
06:20que c'est une réponse
06:21à l'islam
06:22qui est de plus en plus
06:22pratiquée en France
06:23du fait de l'immigration ?
06:27Certains Français voient
06:29ce qui se passe avec l'islam.
06:31Il y a de plus en plus
06:31de mosquées en France.
06:32C'est un fait.
06:33Et il y a de plus en plus
06:35de musulmans.
06:36Et ils se disent
06:37mais ça me donne envie
06:40de croire.
06:41Est-ce qu'il se passe
06:42quelque chose ?
06:42Est-ce que c'est
06:43une réaction à ça ?
06:44Dans le temps,
06:45on entendait,
06:46on l'entend moins,
06:47mais le carême,
06:48c'est le ramadan chrétien.
06:50Alors,
06:51est-ce qu'il y a eu
06:53une génération,
06:54c'était peut-être
06:54un peu plus identitaire ?
06:56C'est-à-dire,
06:57je vis le carême
06:57pour répondre au ramadan.
07:00Aujourd'hui,
07:01je ne pense pas.
07:02Je pense qu'il y a
07:03une liberté.
07:04je pense qu'on ne peut pas
07:07construire en tout cas
07:08une vie spirituelle
07:09contre quelque chose.
07:10On construit
07:11avec le Seigneur.
07:13Voilà.
07:13Donc,
07:14je ne pense pas
07:14que ça soit
07:15une réponse à l'islam.
07:17Alors,
07:18le nombre de nouveaux
07:18baptisés augmente.
07:19Qu'est-ce qu'il en est
07:20des vocations ?
07:21Donc,
07:21les vocations
07:22pour devenir prêtre.
07:24Ah,
07:24grave question.
07:26À Paris,
07:26on a encore de la chance
07:27parce que nous,
07:28nous avons
07:2840 séminaristes,
07:30mais ça pose
07:31une question.
07:32Vous savez,
07:33si...
07:34Alors,
07:35peut-être que
07:35cette génération,
07:36ça va peut-être
07:38susciter aussi
07:39des vocations
07:40parce qu'on a besoin
07:41de prêtres.
07:42Notre beau pays
07:43de France
07:44a quand même
07:45beaucoup touché
07:47par ce manque
07:48de vocations.
07:49On parle
07:50des déserts médicaux,
07:51il y a des déserts
07:51spirituels.
07:53Des déserts spirituels,
07:55des églises
07:55qui sont fermées
07:57parce qu'elles vont
07:57être pillées.
07:59Je vois bien
08:00en province
08:01des gens
08:01qui cherchent
08:02une messe,
08:03ça tourne,
08:04c'est difficile.
08:05Et les évêques,
08:06ils font ce qu'ils peuvent
08:07parce qu'on a
08:09uniquement...
08:10Alors,
08:10on fait venir
08:11des prêtres
08:11d'Afrique
08:12ou d'Haïti
08:13qui,
08:15qui naturellement,
08:15nous aident.
08:16Et j'allais dire,
08:18on leur a annoncé
08:19la bonne nouvelle,
08:20c'est eux qui viennent
08:20maintenant annoncer
08:21la bonne nouvelle.
08:23Mais,
08:23pour moi,
08:24c'est une priorité.
08:25Comment susciter
08:27aujourd'hui
08:27des vocations
08:28dans un monde
08:29qui est difficile ?
08:31Parce que,
08:32de mon temps,
08:33c'est épouvantable
08:34dire ça,
08:35de mon temps,
08:35mais de mon temps,
08:36on était dans un milieu chrétien.
08:38Il y avait des familles,
08:40on était entouré
08:41de prêtres.
08:42Donc,
08:43l'appel de Dieu
08:44y passait à travers
08:45différents appels.
08:47Moi,
08:47j'ai été appelé
08:49par cette phrase
08:50d'un cardinal,
08:52le cardinal Petit-Julesville,
08:53qui était à Sainte-Croix,
08:54à ce moment-là,
08:54supérieur de Sainte-Croix.
08:55Sainte-Croix,
08:56école de Neuilly,
08:58sur Seine,
08:58à côté de Paris.
09:00Et il disait,
09:01le prêtre fait tous
09:02les sacrifices
09:03sauf celui du bonheur.
09:04Eh bien,
09:05qu'est-ce que vous voulez ?
09:05Moi,
09:05ça a touché mon cœur.
09:06Bon,
09:06je me suis dit,
09:07au moins,
09:08je suis prêt à faire
09:09des sacrifices,
09:10on en fait tous,
09:11mais pas celui du bonheur.
09:14Et c'est peut-être pour ça
09:14que ça fait 45 ans
09:16que je suis prêtre
09:17et 45 ans
09:18que je suis heureux.
09:19Vous aviez quel âge ?
09:20Eh bien,
09:21j'avais,
09:23quand je suis rentré,
09:25à l'ordonnation,
09:2628 ans.
09:27Et l'appel de Dieu ?
09:29Eh bien,
09:30l'appel,
09:30c'est un mystère,
09:31c'est un grand mystère.
09:33Mais,
09:33pourquoi moi ?
09:34Comment c'est venu ?
09:35À quel âge ?
09:35Comment c'est venu ?
09:36En même temps,
09:36racontez-nous votre vocation.
09:37Oh là là,
09:37ma vocation,
09:38c'est,
09:39je crois qu'à l'âge
09:40de ma première communion,
09:42je voulais déjà être prêtre.
09:43Donc,
09:437 ans.
09:44À ce moment-là,
09:44on faisait notre première communion
09:45à 7 ans,
09:46parce que j'ai été nourri
09:48à l'eau de Lourdes,
09:49parce que j'aime bien
09:50la Vierge Marie.
09:51Et donc,
09:52tout de suite,
09:53j'ai senti cet appel.
09:54Bon,
09:54et puis ça a avancé,
09:55j'étais accompagné,
09:57mais dans une grande liberté.
09:58Ce qui fait qu'au moment
09:59de mon bac,
10:00mon père spirituel m'a dit
10:02« Ah non, non, non,
10:02il faut faire des études supérieures. »
10:04Donc,
10:04j'ai fait des études,
10:05moi j'ai été très obéissant.
10:06Des études supérieures,
10:07j'étais à Nanterre,
10:09au moment un peu
10:09de la Révolution,
10:11mais je n'ai pas fait
10:12la Révolution,
10:13mais je me suis intégré
10:15dans la communauté,
10:17j'étais avec,
10:18voilà,
10:19une bonne équipe,
10:20on a fait un peu de politique,
10:22j'étais prof pendant deux ans,
10:23prof de lettre,
10:24français latin grec,
10:26et puis,
10:27le Seigneur est revenu.
10:29Parce que je me suis posé
10:30la question du mariage,
10:32et le Seigneur m'a pris
10:33par le collet en disant
10:33« Non, non, non,
10:35c'est ici que je te veux. »
10:37Et donc,
10:37je suis rentré au séminaire,
10:39et puis voilà.
10:40Et ça fait 45 ans.
10:42Monseigneur Patrick Chauvet,
10:44curé de la Madeleine,
10:45auteur du livre
10:46« Journal d'un curé de Paris ».
10:48énormément de questions
10:49à vous poser.
10:51Le pape François,
10:52il est fatigué,
10:53mais il est là.
10:54Il envoie ce message,
10:55il est fatigué,
10:56mais il est là,
10:57il est courageux.
10:58Hier,
10:58il a appelé
10:59à un cessez-le-feu
11:00à Gaza,
11:01et il s'est inquiété
11:02de la montée
11:02de l'antisémitisme.
11:04Qu'est-ce que l'Église
11:04peut faire
11:05pour lutter
11:05contre l'antisémitisme ?
11:07Ah ben,
11:07je pense quand même
11:08que pour lutter
11:09contre l'antisémitisme,
11:10il faut montrer
11:11que nous avons
11:12des racines communes.
11:14Je suis prêt
11:15à raconter,
11:17c'est le cardinal
11:18Aveline
11:18qui nous racontait
11:19cette belle histoire
11:20où il a fait
11:20une conférence
11:21chez les Corses,
11:22et puis,
11:23à la fin,
11:24c'était pour dire
11:25que Jésus était juif,
11:26que les apôtres
11:28étaient juifs,
11:28que tout était juif.
11:29Voilà,
11:30il fallait
11:30qu'on avait
11:32une racine commune
11:33merveilleuse.
11:34Et alors,
11:34à la fin,
11:35elle dit,
11:35est-ce qu'il y a une question ?
11:35Et c'est une dame corse,
11:37elle dit,
11:38monsieur le cardinal,
11:40que Jésus soit juif,
11:41on est tous d'accord.
11:43Que les disciples soient juifs,
11:44on est tous d'accord.
11:45Mais ne doutez pas
11:46quand même
11:47que la Madone
11:47était juive.
11:48Vous voyez,
11:49il y a toujours
11:50un fond qui reste
11:51en disant,
11:52mais est-ce que Marie
11:53était juive ?
11:53Ben oui.
11:54Et donc,
11:55je pense que pour lutter
11:56contre ce fléau,
12:00parce que c'est un fléau,
12:02et bien de se dire,
12:03mais,
12:04nous sommes quand même frères.
12:05Moi,
12:06vous savez,
12:06j'ai travaillé 20 ans
12:07avec le cardinal Lustiger.
12:10Qui est né juif.
12:10Il est né juif.
12:11Et qui s'est converti.
12:12Et il est resté juif,
12:13profondément juif.
12:15Et tant mieux.
12:16De culture.
12:17De culture,
12:18de tradition.
12:19Et il était là
12:20pour nous dire,
12:21voilà,
12:23qu'on ne peut pas
12:24mettre une barrière.
12:24Et que le judaïsme
12:26comme le christianisme,
12:27ce sont deux parallèles,
12:28mais comme vous le savez,
12:29les parallèles,
12:30à un moment,
12:30elles vont se croiser.
12:32On verra à ce temps-là.
12:33Monseigneur Patrick Chauvet,
12:36je voulais vous parler
12:36également de ce pape,
12:39on continue à parler de ce pape,
12:40le pape qui secoue
12:41les catholiques
12:42quand il demande
12:43d'accueillir les migrants,
12:44qui secoue les français,
12:45qui secoue les européens.
12:47Comment l'Église
12:48se place-t-elle
12:49sur les questions
12:50d'immigration ?
12:51Eh bien,
12:53naturellement,
12:53C'est très compliqué.
12:54Oui,
12:54c'est très compliqué.
12:56Le pape nous invite
12:58à être ouverts,
12:59accueillants.
13:01Moi, ma question,
13:02alors ça,
13:03c'est personnel,
13:03mais c'est dans le catéchisme
13:05de l'Église catholique.
13:07Si on accueille,
13:09quels sont les moyens
13:10que nous avons
13:11pour accueillir ?
13:13Parce que si c'est pour faire
13:14une forme de colonialisme
13:17chez nous,
13:18ou on fait des ghettos,
13:20je pense que c'est
13:21un échec total
13:22de cet accueil
13:24des migrants.
13:25Donc,
13:26on voit des migrants,
13:28on accueille,
13:29nous,
13:29des migrants.
13:30À la Madeleine,
13:32on a un restaurant,
13:34on a le réfectorio
13:35qui s'occupe
13:36de tous ces pauvres,
13:37mais qu'est-ce qu'on
13:39peut leur proposer ?
13:40C'est toujours
13:40le même problème.
13:41Moi,
13:41je suis arrivé
13:42en 45 ans
13:43à sauver un gars.
13:45Un gars
13:46qui était dans la rue
13:47qui n'est pas migrant lui,
13:49mais dans la rue
13:50et je suis arrivé
13:50à l'embaucher
13:52comme sacristin.
13:54Ça fait un an et demi
13:55et il tient.
13:56Donc,
13:56je veux dire,
13:56c'est très compliqué.
13:59Alors,
13:59bon,
14:00je ne sais pas ce que...
14:00Moi,
14:01je ne suis pas politique,
14:02donc je ne sais pas
14:02ce que peut faire la France,
14:04mais en tout cas,
14:05il faut au moins
14:05se poser la question
14:06que faire des ghettos,
14:07je pense que c'est
14:08une erreur totale.
14:09Est-ce que la majorité
14:10de l'immigration
14:11n'est pas une immigration
14:12chrétienne ?
14:13Non.
14:13Est-ce que ça vous inquiète ?
14:16Est-ce que ça m'inquiète ?
14:18Oui,
14:19ça m'inquiète,
14:20parce que je me dis,
14:22là aussi,
14:23comment on va toucher,
14:24nous,
14:25chrétiens,
14:26comment on va toucher
14:26cette population ?
14:28Parce qu'aussi,
14:28ils ont le droit
14:29d'entendre la bonne nouvelle.
14:30Donc,
14:32il faut qu'on se donne
14:33les moyens
14:34et sûrement pas
14:35en les mettant,
14:36je vous dis,
14:36dans un ghetto,
14:39c'est sans doute
14:39par l'accueil.
14:40Je me dis toujours
14:41tous ceux
14:42dont on se peut.
14:43Vous ambitionnez
14:44de convertir ?
14:45Oh,
14:45je ne sais pas
14:46si je m'ambitionne,
14:46ça c'est le bon Dieu,
14:47mais je me dis quand même
14:49que comment on peut,
14:52comment on peut
14:53toucher cette population ?
14:56Vous savez,
14:56quand on les aide,
14:57on en aide beaucoup,
14:58l'Église fait beaucoup,
15:00et bien quand on les aide,
15:02je me dis toujours,
15:04est-ce qu'ils se posent
15:05au moins la question
15:05pourquoi ces chrétiens
15:08sont-ils aussi donnés
15:10et gratuitement à nous ?
15:13Peut-être que certains
15:13se posent la question.
15:15Monseigneur Patrick Chauvet,
15:16je voulais vous parler également,
15:17il y a tellement de sujets
15:18à évoquer,
15:19et le temps presse,
15:21mais le projet de loi
15:22fin de vie
15:22va revenir à l'Assemblée.
15:24Il a été scindé en deux,
15:25l'un pour les soins palliatifs,
15:27les soins de fin de vie,
15:28et l'autre pour autoriser
15:29l'euthanasie
15:30et le suicide assisté,
15:32l'Église est farouchement contre.
15:34Contre, complètement.
15:35Alors, les soins palliatifs,
15:37on a à Paris
15:38la maison Jeanne Garnier,
15:40qui est un modèle
15:41de soins palliatifs,
15:43c'est vrai que c'est un coût,
15:44c'est vrai que ça suppose
15:46un investissement dans personne,
15:48parce qu'il faut accompagner,
15:50c'est un travail
15:51qui est grand, beau, merveilleux.
15:54Je connais des soignants là-bas,
15:56c'est fantastique.
15:57de prendre conscience
15:59qu'on ne souffre plus,
16:00à la fois qu'on se prépare
16:02à la belle rencontre
16:03avec le Seigneur,
16:05et cet accompagnement
16:07de minute en minute.
16:09Je pense à l'archevêque de Paris,
16:11le cardinal Lustiger,
16:13qui a passé quatre mois là,
16:14qui a donc un calvaire,
16:16mais il était toujours bien présent,
16:19mais ne souffrant plus.
16:20pourquoi on est contre ?
16:23Mais parce qu'on ne peut pas tuer.
16:27Alors c'est vrai qu'on me dira
16:28les soins palliatifs,
16:29à force,
16:31c'est vrai que quand on rentre
16:33à Jeanne Garnier,
16:34on ressort malheureusement mort.
16:37Mais ça ne veut pas dire
16:38qu'on a tué.
16:40Moi, le suicide assisté
16:41et l'euthanasie,
16:44mais je ne vois pas très bien
16:45la différence entre le suicide
16:46assisté et l'euthanasie,
16:47le résultat, en tout cas elle-même,
16:50c'est qu'on repart les pieds devant.
16:52Donc, je pense qu'on doit choisir
16:55sa mort,
16:57et elle vient à un moment
16:59où on n'a pas décidé.
17:03Moi, je pense que...
17:04Une fois, je suis allé en Suisse
17:06pour un ami
17:07qui allait être euthanésié
17:11le lendemain.
17:12Donc, il voulait se préparer,
17:15se confesser,
17:15recevoir le sacrement et tout.
17:18Mais je suis sorti de là
17:19avec une angoisse,
17:21de me dire,
17:22mais c'est pire
17:23d'être condamné à mort
17:24parce qu'il savait
17:25que le lendemain,
17:26il ne serait plus là.
17:27Je me suis dit,
17:28mais non,
17:28ce n'est pas possible
17:29de faire une telle chose.
17:32Voilà.
17:32Alors maintenant,
17:34si on me donne toujours des cas,
17:35parce qu'on nous montre
17:36toujours des cas épouvantables
17:37à la télévision,
17:38au moment du déjeuner,
17:40où ça ne vous coupe pas
17:40d'ailleurs l'appétit,
17:41mais on voit quelqu'un
17:43qui est en train de mourir,
17:44on dit,
17:44il vaut mieux la piquer.
17:47Eh bien moi,
17:48je pense qu'il vaut mieux
17:49l'accompagner.
17:50La compassion
17:51remplace l'euthanasie.
17:54Mgr Patrick Chauvet
17:55avec nous ce matin,
17:56invité de la grande interview
17:57C News Europe 1.
17:58Merci beaucoup,
17:59Mgr,
17:59d'être venu ce matin.
18:01Et je rappelle le titre
18:02de votre livre
18:03Journal d'un curé de Paris.
18:05Bonne journée,
18:06merci beaucoup.
18:07Merci.
18:07Merci.
18:07Merci.
18:07Sous-titrage Société Radio-Canada

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