Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Le coup de bluff de Donald Trump est-il contrôlé ? Le président américain a en tout cas donné un coup d'arrêt à la mondialisation. Le 2 avril, le président américain annonçait des droits de douane réciproques contre les pays qui exportent vers les Etats-Unis pour une entrée en vigueur le 9 avril. Mais quelques heures après leur application, il décrète une pause de 90 jours et maintient un taux mondial de 10 % sur tous les pays touchés par ses nouveaux droits, sauf la Chine touchée à hauteur de 145% (puis finalement 245%) qui a répliqué à son tour pour imposer les produits américains à 125%.
- Assiste-t-on à la fin de la mondialisation ?
- Cette guerre est-elle commerciale ou monétaire ?
- Comment les marchés encaissent-ils cette déflagration ?
- Prise en étau entre la Chine et les Etats-Unis, comment les économies de l’UE vont-elles réagir ?
- Comment évolue le cours de l'or dans la tempête ?
Le monde rentre dans une période de transition douloureuse, le nouvel ordre économique mondial nait dans le chaos : Donald Trump avait-il tout prévu ?
Pour Philippe Béchade, rédacteur en chef aux publications Agora et de La Lettre des Affranchis, on peut commencer à parler de krach...

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:01Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour Politique et écho au programme cette semaine,
00:23le fameux coup de poker de Donald Trump et ses conséquences.
00:26Alors pour vous remettre dans le contexte de ce fameux tremblement de terre, on était le 2 avril,
00:32le président américain annonçait des droits de douane réciproques contre les pays exportateurs vers les Etats-Unis
00:38pour une entrée en vigueur le 9 avril.
00:41Mais quelques heures après leur application, il décrète une pause de 90 jours et maintient un taux mondial de 10%
00:49sur tous les pays touchés par ces nouveaux droits, sauf la Chine, frappée finalement à hauteur de 145.
00:55Qui a répliqué à son tour, pour imposer les produits américains, à 125% ?
01:02Alors, assiste-t-on à la fin de la mondialisation ? Cette guerre est-elle commerciale ou monétaire ?
01:08Comment les marchés encassent-ils cette déflagration prise en étau entre la Chine et les Etats-Unis ?
01:14Comment les économies de l'Union Européenne vont-elles réagir pour y répondre ?
01:20Nous recevons aujourd'hui Philippe Béchade. Bonjour monsieur.
01:23Bonjour, merci de m'accueillir.
01:24Philippe Béchade, rédacteur en chef de la chronique Agora et de la lettre des Affranchis.
01:30Alors, Philippe Béchade, on entend parler d'une fin de mondialisation, de la fin d'un monde.
01:38Est-ce qu'on y est vraiment ?
01:39Oui. Et ça a commencé il y a déjà 6 ou 7 ans avec le premier mandat de Donald Trump, on s'en souvient.
01:47Il s'est pris la Chine en frontale sans avoir, on va dire, une pleine liberté de mouvement.
01:56Parce qu'à l'époque, on peut dire que les relations avec le Sénat et la Chambre des représentants, c'était quand même compliqué.
02:04Il y avait des contre-pouvoirs. Il ne pouvait pas décider de taxes, de sur-taxes comme il le voulait.
02:11Cette fois-ci, il a les pleins pouvoirs. Il en use. Et donc, il déroule un plan.
02:16En fait, il l'avait déjà dévoilé dès 1995. En réalité, ça fait depuis 1995 qu'il considérait que l'architecture du commerce mondial allait dans la mauvaise direction.
02:30Il avait déjà diagnostiqué un début de désindustrialisation des États-Unis depuis 1995, 30 ans plus tard.
02:37C'est infiniment pire. Et il n'avait pas pu faire ce qu'il voulait lors de son premier mandat.
02:44Là, il compte probablement orchestrer l'avènement d'un nouvel ordre économique mondial qu'il a déjà décrit maintes fois,
02:57où effectivement les États-Unis se recentrent sur eux-mêmes, retrouvent leur autonomie de production,
03:05cessent d'être les gendarmes du monde, ce qui est trop coûteux.
03:09Ou alors, si on veut qu'il reste les gendarmes, il va falloir que les pays qui bénéficient du parapluie américain mettent la main à la poche.
03:18Et puis, sérieusement, l'Europe, je pense qu'elle va très très vite comprendre sa douleur.
03:26Et ce caractère de shérif planétaire, je pense que connaissant Donald Trump, il va le monnayer, tout simplement.
03:37Mais en ce qui concerne l'architecture du commerce international, j'ai l'impression qu'il veut prendre un virage
03:44qui nous amène à rebours de ce qui s'est fait depuis 50 ans, on pourra peut-être même dire depuis Bretton Woods,
03:51depuis 1971, les États-Unis se désarriment de l'or.
03:56Et puis là, qu'est-ce qu'on voit ?
03:58Depuis un an, l'ordre monétaire est en train de se bouleverser littéralement.
04:05Quand l'or retrouve un statut d'actif de réserve, d'actif de confiance, les premiers à avoir montré la voie,
04:15c'était quand même les BRICS qui ont accumulé de l'or, ils ne sont pas les seuls.
04:20La Pologne l'a fait, la Turquie.
04:23Donc on voit que l'or retrouve quelque part un rôle quasi monétaire, en tout cas une vraie référence,
04:31dans un monde qui devient complètement chaotique, ou en tout cas les règles qu'on a connues depuis au moins 40 ans
04:38sont en train d'être retournées.
04:41Enfin, Trump renverse la table, mais il le fait sciemment, délibérément,
04:47et peut-être que ces 4 ans de mandature seront considérés, dans 5 ou 10 ans,
04:55comme un des grands virages, comme a pu l'être celui des Reaganomics au début des années 80.
05:01– Alors vous nous dites que l'Europe va sentir sa douleur, ça veut dire quoi pour nous, Français,
05:06la fin de cette mondialisation ?
05:08– Nous, Français, on se débat déjà avec des dettes abyssales,
05:13à tel point d'ailleurs que la Cour des comptes a menacé de ne plus certifier les comptes de la France.
05:19Vous voyez, comme une entreprise délinquante, ou qui aurait falsifié sa compta,
05:23et aucun cabinet ne veut certifier les comptes, c'est quand même hallucinant.
05:28Enfin, je ne sais pas, la 5ème République est en train peut-être de se terminer
05:33dans un chaos et une gabegie insondable.
05:37En tout cas, la France n'a évidemment pas les moyens de se relancer,
05:40si telle était sa volonté ou c'était la nécessité.
05:45Si elle doit faire des économies, ça sera forcément de l'argent en moins injecté dans notre économie.
05:53Et puis surtout, on voit qu'on est absolument incapable de faire des économies là où on le devrait,
05:58c'est-à-dire dans l'argent distribué aux copains et aux coquins,
06:01au travers des diverses agences d'État, comités d'experts, ONG, etc.
06:09– Comité Théodule.
06:11– Voilà. Et puis bien sûr, j'en passe, et des meilleurs,
06:14avec l'argent déversé en faveur de l'Ukraine,
06:19dont on ne sait pas où il va, ce qu'il devient.
06:22Et après ça, on nous dit que la France vit au-dessus de ses moyens.
06:25Mais si on donne 10 milliards par an à l'Ukraine, je ne sais pas.
06:31Il n'y a pas des économies à faire.
06:33En tout cas, ce n'est clairement pas là que l'État veut les faire.
06:36C'est sur les pensions de retraite, sur les annuités des chômeurs, sur les soins, etc.
06:41Donc je ne vais pas m'étendre.
06:42Mais voilà où en est la France.
06:44La France, on est arrivé au bout de notre modèle social
06:49qui est en train d'exploser littéralement.
06:52Il n'y a plus l'argent.
06:53Et puis, il est en train de se désintégrer sous nos yeux.
06:56– Pourquoi la mondialisation, la fin de la mondialisation, intervient-elle maintenant ?
07:01Comment vous expliquez ce timing ?
07:03– Alors, la mondialisation, donc issue des Reaganomics,
07:12elle a fonctionné de façon orthodoxe, on dirait économiquement.
07:19C'était du mix de Schumpeter, d'Adam Smith, etc.
07:27jusqu'au moment, en fait, où l'État américain a perdu la main,
07:34où c'est la Fed qui l'a pris, la main.
07:37La Fed réglant la croissance, où on va dire les phases,
07:44où on essaie de calmer un petit peu la surchauffe,
07:47par le robinet monétaire.
07:49L'État américain ne pouvait plus faire grand-chose.
07:51Et c'est la Fed qui…
07:53– À partir de 2008, c'est les Man Brothers ?
07:55– Non, non, bien avant.
07:56– D'accord.
07:56– À partir des années 2000, à partir du second mandat Clinton.
08:01– D'accord, ok.
08:02– C'est les années Clinton.
08:04Clinton, il a fait un truc énorme, Clinton.
08:06Il faut se rappeler que c'est lui qui a autorisé à nouveau
08:09les banques à devenir des banques globales,
08:11c'est-à-dire faire d'un côté du trading,
08:13de l'autre côté de la gestion, donner de l'argent à des hedge funds,
08:19financer des hedge funds, gérer des réseaux pour ce qu'on appelle le retail,
08:24le client particulier, faire du crédit immobilier, du crédit auto, etc.
08:31et de l'assurance, tout ça faisant des espèces de mastodontes
08:36qui n'ont pas… qui ont succombé à leur propre nature,
08:39qui consiste à spéculer dès qu'ils ont, comme on dit, de la couverture,
08:43qu'ils ne peuvent pas s'empêcher d'aller jouer sur les marchés.
08:46Ça, c'est ça qui s'est désintégré en 2008.
08:50Mais là, ce qu'on vit là, c'est en fait la désintégration de 25 ans maintenant,
08:56de croissance, assis sur la dette, c'est-à-dire une croissance achetée à crédit aux États-Unis.
09:03– On aurait pu continuer comme ça longtemps si Donald Trump n'avait pas pris cette décision.
09:08– Oui.
09:09– Enfin, longtemps, peut-être aussi longtemps que ça.
09:11– Mais voilà, c'est qu'on ne sait jamais jusqu'où on peut s'endetter
09:16au moment où les choses tournent mal.
09:18La Grèce, ça tournait mal en 2011.
09:21Ils falsifiaient leur compte depuis 2002.
09:25Ils vivaient à crédit.
09:26Mais on le savait tous, les Allemands les premiers.
09:29Parce que les Allemands, ils étaient bien contents que la Grèce s'endette
09:31pour acheter des chars allemands.
09:34Un pays qui a des milliers d'îles, c'est évident qu'ils ont besoin de chars.
09:38Non mais, on le savait.
09:41Et puis à un moment, ça ne passe plus.
09:42C'est un ménage, il s'endette, alors il achète son appartement,
09:46la résidence principale, puis une résidence secondaire, puis un chalet.
09:48Et puis ils commencent à acheter des appartements à louer pour faire du Airbnb.
09:53Puis ils achètent une voiture, deuxième voiture, troisième voiture.
09:55Le banquier est content.
09:57L'encours gonfle et les commissions, elles gonflent.
10:00Puis d'un seul coup, je ne sais pas pourquoi, d'un seul coup,
10:02il y a un ou plusieurs maires qui décident que les Airbnbs, paf, on ne peut plus les louer.
10:07Et le modèle s'effondre.
10:08C'est-à-dire que celui qui était endetté, ça n'allait bien que tant qu'il avait les flux qui rentraient.
10:14Et d'un seul coup, ça ne rentre plus.
10:15Et les États-Unis, peut-être qu'on est arrivé à un moment où ils s'endettaient, s'endettaient, s'endettaient,
10:21puis on s'est aperçu qu'à un moment, les flux ne rentrent pas.
10:24Pourquoi ?
10:25Parce que les États-Unis ne produisent pratiquement plus rien sur leur sol.
10:31Et Trump qui dit, regardez, les autres pays profitent de nous, ils ne nous achètent rien.
10:36Mais qu'est-ce que les États-Unis profitent qu'on a envie d'acheter ?
10:39En tout cas, en termes de biens matériels, de produits finis, pas grand-chose.
10:46Pas grand-chose, c'est sûr.
10:48Alors heureusement, il reste de l'armement.
10:50Donc là, l'Europe, jusqu'à présent, acceptait de prendre des F-35 qui sont incapables d'être opérationnels.
10:59On achetait des armes américaines.
11:01Mais pas assez, parce qu'en fait, le complément, c'était quand même les États-Unis qui continuent d'envoyer du matériel en Allemagne, en Pogne, etc.
11:08Et les États-Unis, en fait, n'exportent que du service.
11:13Et le service, c'est quoi ? C'est Visa, Mastercard, American Express, c'est Netflix, Disney, Discovery.
11:22Voilà.
11:22Les États-Unis exportent surtout de l'immatériel.
11:25Mais du matériel, plus beaucoup.
11:27Et donc, les déséquilibres sont tels qu'aujourd'hui, les États-Unis n'arrivent plus, en fait, à rembourser, si je veux dire, le principal de la dette.
11:37Si vous rajoutez des taux qui passent en l'espace de 3 ans, de 0,25 à 4,75, on va revenir péniblement à 4.
11:47Mais c'est insupportable, une dette de 36 000 milliards à 4% quand on a 2,2 ou 2,3% de croissance.
11:55Ça veut dire que chaque année, il faut rajouter encore 1,5% de PIB pour rembourser la dette.
12:04Il y a un moment, ça coince.
12:05Et peut-être que Trump a eu des signaux de la part des créanciers de sa vie en disant, il faut vous arrêter là, parce que 36 000 milliards, on ne sait pas pourquoi, mais ça ne passe plus.
12:15– Quelques heures après l'entrée en vigueur de ces droits de douane réciproques, finalement, Donald Trump annonce une pause de 90 jours.
12:23Comment vous expliquez la volte-face du président Trump ? Vous évoquez un message chinois.
12:30– Ah oui, mais là, on allait à la cata. Le lundi 15 ou le 14 avril, ça aurait pu être une journée noire.
12:44Si Trump n'avait pas fait cette volte-face, on allait vraiment à la cata.
12:50On avait le chaos sur les actions, sur le marché obligataire, donc la dette américaine.
12:56– Donc Donald Trump a eu peur de la réaction des marchés ?
12:59– Ah, je pense que là, on a dû lui dire, lundi, ça peut être un lundi noir.
13:02– Oui, oui. Et donc, troisième désordre total, les devises.
13:09Ça, c'est quand même depuis octobre 1998, 27 ans, qu'on n'avait pas vu le dollar perdre 3-4% en 48 heures face au franc suisse,
13:20perdre 5% face au yen, la dernière fois que c'était arrivé, c'était en octobre 1998.
13:25On n'a jamais vu de tel désordre monétaire.
13:29Alors que le dollar, traditionnellement, quand les marchés sont un peu chaotiques, c'est la valeur refuge.
13:34Idem pour les tibons américains, quand d'un seul coup, sur les actions, on n'a plus confiance qu'on commence à avoir des moins 15.
13:41Sur le S&P, on a même été à moins 25 sur le Nasdaq avant un petit rebond autour du 9 avril dernier.
13:49– Oui, plus 12.
13:50– Et on a fait plus 12 sur le Nasdaq, plus 9,5 sur le S&P.
13:55Mais au soir du 8, ça commençait sérieusement à ressembler à un krach sur les compartiments actions.
14:05D'habitude, l'argent va massivement se réfugier sur les tibons.
14:11Et là, qu'est-ce qu'on voit ? Au lendemain du rebond des valeurs américaines,
14:15on voit le marché obligataire qui commence à dévisser.
14:19– Alors ça, est-ce que ce n'est pas la Chine qui a vendu des obligations américaines ?
14:23– C'est une des hypothèses.
14:26Mais on pourrait imaginer également que les Japonais ne sont pas non plus contents
14:29des 24% de tarifs qu'on leur colle.
14:34Il y a plein de gens mécontents.
14:36– Les Japonais avaient déjà commencé à vendre de la dette américaine en juillet dernier.
14:40– Oui, ce sont un petit peu…
14:42Peut-être qu'ils ont rééquilibré en faveur de l'euro.
14:44En tout cas, c'est vrai qu'il n'y a plus personne qui accumule de la dette américaine.
14:48Depuis longtemps déjà.
14:50En fait, depuis que l'or a commencé à grimper,
14:53on est parti de 1800 ou 1900, on est maintenant à 3003 et au-delà.
14:59Le mouvement sur l'or s'est accompagné partout d'un écrémage lent mais régulier
15:09des détentions de tibons américains.
15:12Donc, les BRICS, petit à petit, se dédolarisent, clairement.
15:19Alors là, d'un seul goût, ça a été extrêmement brutal.
15:2150 points de hausse sur le 10 ans américain.
15:25Ce n'était pas arrivé depuis l'été 1981 quand Paul Volcker avait décidé de terrasser l'inflation
15:32en mettant les taux à 18 ou 20%.
15:34Bon, bref, pendant une semaine, on a vu les taux exploser.
15:38Mais 50 points en une semaine, c'est du jamais vu.
15:40Et surtout, jamais vu depuis que Wall Street existe, à la fin du XIXe siècle.
15:48On va dire 140 ans.
15:50On n'avait jamais vu en 140 ans Wall Street plonger et les marchés obligataires faire exactement la même chose.
15:57En 1929, la bourse s'effondrait, mais on allait chercher la sécurité sur les tibons et sur l'or.
16:04Jusqu'au moment où ils ont dit que l'or montait tellement qu'il fallait arrêter.
16:07Enfin, que l'or n'était plus négociable.
16:09En tout cas, les refuges traditionnels fonctionnaient.
16:12Mais là, ce n'est pas le cas.
16:13Et donc là, on est devant des scénarios qui ne sont...
16:16C'est du jamais vu.
16:17Il faut être conscient qu'on assiste finalement à des scénarios,
16:23et quelque chose qui s'apparente à du chaos total,
16:26tous azimuts, actions, obligations, Forex.
16:30C'est une situation complètement inédite.
16:33Mais tout comme était un peu inédite la décision de Nixon en 1971.
16:39Donc...
16:40De désadosser le dollar sur l'or.
16:41Voilà. Donc là, on est vraiment dans un bouleversement.
16:45On est vraiment dans un bouleversement.
16:46Alors, les marchés se sont un peu calmés mi-avril.
16:50Mais pour moi, on est dans l'œil du cyclone.
16:52On s'est pris le premier mur du cyclone.
16:55Donc, on a perdu 15-25% sur les actions.
16:58Après ça, c'est les obligations qui perdent 7 ou 8%.
17:00Et à mon avis, on va...
17:03Là, pour l'instant, il fait beau, on voit le soleil.
17:05Mais là, la deuxième couche va arriver fatalement.
17:10Et Trump, d'ailleurs...
17:12Est-ce qu'on est au bord d'un krach des bourses américaines, Philippe Béchade ?
17:17Si vous voulez, quand on a déjà 25% de repli en 6 semaines,
17:22ça commence à ressembler un petit peu à un krach.
17:24Surtout quand les valeurs qui ont le plus monté affichent des baisses de 30, 35, 40% en 6 semaines.
17:31Donc là, on peut vraiment commencer à parler techniquement de krach.
17:36Là où on me dira non, non, non, il ne faut pas exagérer, c'est qu'il y a toujours eu de la contrepartie.
17:42Pourquoi ? Parce qu'il y a des gens qui, depuis 2009, pensent que les banques centrales sont toujours derrière les marchés,
17:49que la seule préoccupation de la banque centrale, c'est de faire monter Wall Street,
17:55et que Trump, sa boussole, tout au long de son premier mandat, c'était Wall Street, Wall Street, Wall Street.
18:02À chaque fois que Wall Street prenait 10%, il disait, regardez, c'est encore moi qui ai fait ça,
18:07Wall Street m'adore, Wall Street célèbre toutes mes décisions fiscales, commerciales, etc.
18:14Et là, d'un seul coup, on a un discours qui change, pas seulement dans la bouche de Trump,
18:20mais également son ministre des Finances, ce qu'on appelle le secrétaire d'État au Trésor,
18:24qui dit, maintenant, la bourse, ça monte, ça baisse, là c'est comme ça, quoi.
18:29Et en fait, c'est même plus brutal, c'est que Trump et Besant disent un petit peu…
18:38– Scott Besant, le secrétaire d'État au Trésor.
18:40– Le secrétaire d'État au Trésor dit, clairement, la bourse, oui, ça peut baisser.
18:48D'ailleurs, on vous avait prévenu, on va avoir une période de transition,
18:51ça pourrait être un peu douloureux.
18:53Mais qui va souffrir ?
18:55Cette fois-ci, pour une fois, ça va être la bourse.
18:58Parce que depuis 2009, la seule préoccupation des dirigeants des États-Unis et de la Fed,
19:05ça a toujours été de faire monter les marchés.
19:07– Et voilà, ma foi.
19:09– Mais alors, c'est quoi leur stratégie à Trump et à Bessenne sur le long terme,
19:13sachant qu'ils sont, après, depuis cette volte-face, au bord du krach ?
19:19– Mais l'idée, plusieurs analystes sont parvenus un peu à la même conclusion.
19:27Trump espérait faire d'une pierre trois coups.
19:29– Faire baisser des marchés qui sont à des niveaux de valorisation stratosphérique,
19:36au 19 février 2025, la valorisation de Wall Street, c'était 202% du PIB américain.
19:45Alors que selon Warren Buffett, quand on atteint les 100, c'est beaucoup.
19:49– On avait atteint 150 ou 160 lors du krach des dot-coms.
19:53Là, on était à 200.
19:55C'est des niveaux de valorisation absolument invraisemblables.
19:59Et une hausse des marchés, d'ailleurs, largement soutenue par les rachats de titres.
20:08C'est-à-dire, en fait, des chefs d'entreprise qui font voter au conseil d'administration des rachats de titres.
20:14Ça fait monter la valeur des actions, dont eux-mêmes, sont les principaux bénéficiaires,
20:19qui reçoivent des paquets d'actions, des stocks-options.
20:22Et ils font monter, en fait, leur propre rémunération avec une hausse complètement artificielle.
20:30Voilà.
20:30Et Trump, il a l'air de dire que la fête est finie.
20:34C'est ça qu'il est en train de dire.
20:36La financiarisation de l'économie, ça fait exploser tous les actifs.
20:44Tous les actifs immatériels, comme les actions, en partie les obligations.
20:49Mais ça fait déjà trois ans qu'on est dans un krach obligataire.
20:52C'est là que ça a commencé.
20:53On est dans un krach obligataire depuis trois ans, aux États-Unis.
20:57Ça commence à faire.
20:58On n'a jamais vu un épisode de correction aussi long.
21:01Même en 80-81, quand Volcker met les taux à 20%, ça ne dure pas trois ans.
21:05Là, on est déjà dans un krach obligataire.
21:08Et là-dessus, maintenant, Trump pense que si les investisseurs sortent massivement des actions,
21:19ça va aller s'investir dans l'obligataire.
21:23C'était l'idée, c'était le plan de départ.
21:24Raté.
21:25Raté.
21:26Et non seulement ça, mais en plus de ça, vous avez des gros détenteurs,
21:30probablement chinois, japonais ou autres, qui commencent également à balancer.
21:34Donc là, Trump, je pense que ça, il ne l'avait pas forcément vu venir.
21:39Et quand je disais de faire d'une pierre trois coups, c'est qu'ils disaient aussi,
21:42avec les tarifs, je fais rentrer de l'argent dans les caisses.
21:45Donc, je commence à réduire ces déficits.
21:48Parce qu'on m'a envoyé un message en me disant, les États-Unis, la croissance à crédit, c'est terminé.
21:52Il faut réduire vos déficits.
21:54Eh bien là, je donne satisfaction.
21:55Avec les tarifs, je rentre du pognon.
21:58Je rétablis la balance commerciale.
22:01Ça va soutenir le dollar.
22:02Là encore, les choses tournent complètement à l'envers.
22:08Donc, je pense qu'effectivement, là, Trump est confronté à quelque chose
22:11qu'il n'avait pas forcément prévu.
22:15C'est une situation…
22:17Si vous voulez, à partir du moment où on pensait avoir compris la logique de Trump,
22:21mais qu'on voit que les choses n'évoluent pas dans le bon sens,
22:23ça devient totalement imprévisible.
22:26Ou alors Trump a un plan B, mais on ne sait pas encore lequel.
22:28– Est-ce que cette volte-faste du président Trump
22:34ne pourrait pas être quelque part, comme vous disiez tout à l'heure, une pierre quatre coups,
22:39puisqu'on parle beaucoup de délits d'initiés, de coups de bourse du président Trump,
22:44qui leur a averti son entourage,
22:46qui leur a fallu racheter certaines actions au moment où elles étaient au plus bas ?
22:50– Il y a eu quelque chose, c'est sûr.
22:55Dans le quart d'heure qui a précédé l'annonce qu'il a faite sur son propre réseau privé,
23:00il y a eu des achats massifs de call, S&P, Nasdaq,
23:07des rachats massifs sur les semi-conducteurs,
23:10qui étaient les principaux concernés par les super-tarifs infligés à la Chine.
23:14Donc là, c'est évident qu'il y avait des initiés.
23:18Mais c'est totalement incontestable, d'un point de vue de marché.
23:22Alors à ce qu'après ça, est-ce que Trump l'a fait exprès ?
23:25Est-ce qu'il a d'abord fait chuter les marchés ?
23:27Et puis le lundi, je crois que c'était le 7,
23:30la rumeur circulait qu'il pourrait justement renoncer à ces tarifs
23:34et mettre un moratoire de 90 jours.
23:37L'information est fuite, ou plutôt certains propos d'un de ses conseillers
23:42sont mal interprétés, bizarrement.
23:44Le marché bondit en séance, puis rechute dès le démenti de la Maison-Blanche.
23:49Et là, Trump fait un truc que tout le monde, bien sûr, a gardé en mémoire.
23:54Il a dit que les tarifs sont là pour durer.
23:56C'est-à-dire que vous n'espérez pas qu'à compter du jour où ils sont mis en œuvre,
24:01le lendemain, je change la vie.
24:02Ça ne va pas faire comme le Canada et le Mexique il y a deux mois.
24:04Et là, donc, c'est la parole présidentielle.
24:07C'est comme dire, au marché, les tarifs sont là pour durer.
24:11Et si 48 heures apparaît, vous changez d'avis,
24:15vous faites justement cette volte-face, là, vous avez menti.
24:19Mais vraiment, menti.
24:21Là, ce n'était pas des paroles pour faire son fanfaron.
24:26Là, c'est un mensonge d'État.
24:28Vous ne pouvez pas dire, les tarifs sont là pour durer,
24:30et 48 heures après, vous changez complètement de stratégie.
24:35Là, il y a un truc qui ne va pas.
24:37Plus, bien sûr, ceux qui ont acheté, très opportunément,
24:4210 minutes, un quart d'heure avant l'annonce.
24:45Bon, là, il y a forcément des initiés, c'est sûr.
24:48Alors, je ne dis pas que c'est Trump qui l'a fait pour lui ou son entourage proche,
24:52mais en tout cas, quelque part, c'est sûr qu'il y a eu des fuites
24:55et qu'il y a eu des initiés.
24:56C'est une certitude.
24:57On utilise beaucoup en ce moment, en tout cas, on l'entend,
25:00le terme de guerre commerciale.
25:02Est-ce que cet affrontement économique entre les États-Unis et la Chine
25:07n'est pas aussi une guerre monétaire,
25:10comme ce qui s'était passé en 1971, avec le premier krach pétrolier ?
25:15Alors, 71, ça n'a pas été vraiment un krach pétrolier.
25:20C'était que les vendeurs de…
25:22Non, c'était 73, excusez-moi.
25:23Voilà. En 71, en fait, les producteurs…
25:27Est-ce qu'on assiste à une guerre monétaire ? C'est ça, ma question.
25:30Ah là, oui, on est dans une guerre monétaire, c'est évident.
25:34Et on est maintenant dans ce basculement, comme je le décrivais,
25:38qui remet en cause 60 années de nouvel ordre monétaire post-71.
25:47Voilà vraiment ce qui est en train de se jouer.
25:51Donc là, c'est majeur.
25:54Et quand on a une économie qui devient l'économie la plus puissante de la planète,
26:00la plus productive, et là, il n'y a aucun doute que la Chine
26:02est maintenant largement devant les États-Unis et l'Europe,
26:05il y a toujours un moment, un basculement.
26:10C'est toujours la monnaie du pays qui a la domination économique
26:15qui devient la monnaie monde.
26:19La livre Sterling jusqu'au début du XXe siècle,
26:22et puis après ça, le dollar.
26:24Il y avait eu le franc avant.
26:25Bref, on est face à ce genre de bouleversements.
26:31Donc forcément, ça ne va pas se faire en trois mois.
26:36Donc on est vraiment au tout, tout, tout début.
26:38Quand je vous parle de ce chaos qui se répand à tous les secteurs,
26:44c'est juste le début de la fin d'un ordre mondial qui date d'il y a 50 ans.
26:52– Justement, parce qu'on peut parler de nouvel ordre économique mondial aujourd'hui.
26:58Est-ce que le visage de ce nouvel ordre, c'est le chaos ?
27:01Ou alors, est-ce qu'on peut déjà définir ce que ce nouvel ordre va être
27:06dans les années qui viennent ?
27:08– On ne peut pas.
27:09On sait ce que Trump, on comprend ce que lui veut.
27:16Et c'est la démondialisation, la déglobalisation.
27:22Et donc, il a en face de lui des forces de résistance
27:25contre la démondialisation.
27:27La Chine, elle est évidemment désavantagée.
27:31Elle perd son plus gros client, là, en ce moment même.
27:34L'Europe, alors là, l'Europe, c'est que des globalistes.
27:37C'est des pantins du UEF, donc on sait qu'elle est leur logiciel.
27:41Et là, Trump mène en plus de ça un combat presque à mort
27:45contre les tenants, justement, de la globalisation.
27:49Les Chinois, c'est pas opportunistes qu'ils sont quelque part globalistes,
27:53alors qu'ils sont complètement dirigistes, le logiciel chinois.
27:56– Depuis leur rentrée dans l'OMC.
27:58– C'est mercantiliste et dirigiste.
28:02Nous, en Europe, c'est l'ouverture totale.
28:05Le citoyen n'est qu'un consommateur.
28:08Il faut le garder sous contrôle.
28:10Bon, ça, c'est l'autre volet.
28:12La décarbonation, alors ça, c'est notre lubie.
28:17Vous pensez bien que ni les États-Unis, ni la Chine ne vont sur ce terrain-là.
28:22Donc, on a, en fait, trois blocs avec des logiciels différents.
28:28C'est sûr que le logiciel européen, c'est pas du tout celui de Trump.
28:31Et c'est pas non plus celui de la Chine.
28:33Maintenant, en termes de zone, l'Europe, elle est broyée.
28:37Parce que la grande zone États-Unis, Nord-Amérique plus Amérique du Sud,
28:43on voit bien que tout ça va se réunir.
28:46Face à un bloc asiatique, qui englobe maintenant la Russie,
28:51alors que la Russie aurait dû être historiquement du côté de l'Europe,
28:54elle a basculé du côté de l'Asie,
28:56elle fournit de l'énergie en quantité infinie et indéfiniment.
29:01Enfin, indéfiniment, en tout cas, sur 50 années.
29:04Donc, l'Europe, là-dedans, elle n'appartient plus à grand…
29:08Enfin, à quel bloc appartient-elle ?
29:11Elle va se faire déglinguer complètement.
29:14– Dans ce chaos boursier, Philippe Béchade, est-ce que c'est le moment d'investir ?
29:19– Je pense que c'est beaucoup trop tôt.
29:20– Oui.
29:21– Je le dis, on vit là, depuis le 19 février,
29:25le premier choc du début d'une démondialisation,
29:32qui est la définanciarisation de l'économie.
29:39C'est-à-dire que ça ne va plus être les actionnaires aujourd'hui
29:41qui sont les principaux bénéficiaires des changements en cours,
29:45ça va redevenir les salariés américains.
29:48Je ne parle pas des salariés européens,
29:50parce que qui va leur donner du travail ?
29:52On n'est pas compétitifs.
29:53Donc on ne va évidemment pas voir des usines revenir en Europe.
29:58Nous, voilà.
29:59Aux États-Unis, en tout cas, c'est certain que Trump veut faire revenir
30:05des emplois bien rémunérés sur le sol US.
30:11et nous, c'est l'inverse de ce qui s'est fait depuis 80.
30:1880, c'était le partage de la richesse.
30:21C'est de plus en plus de dividendes pour les actionnaires,
30:24de moins en moins de hausses de salaires et de primes pour les salariés,
30:29pour lutter contre une forme de spirale inflationniste.
30:33C'était ça l'idée.
30:34On donne moins d'argent aux consommateurs pour éviter que l'inflation s'envole.
30:38Là, maintenant, Trump, il veut que les salariés aient plus d'argent
30:44dans leur poche à la fin du mois.
30:45Et ça suppose donc qu'effectivement, les détenteurs du capital
30:49et des actions en reçoivent moins, probablement.
30:53Ces droits de douane ont été montés, dans un premier temps,
30:57à 125% contre la Chine.
31:00Ils sont désormais à 145%.
31:03L'Europe traite avec la Chine.
31:07On va donc se prendre un retour de bâton de ces droits de douane à 145%.
31:12Comment ça va se passer pour l'Union européenne,
31:14ces droits de douane à 145% contre la Chine ?
31:17– Ben, la Chine va plus commercer avec les États-Unis.
31:22À 145, ça veut dire que…
31:23– Embargo.
31:24– On va y revenir, l'embargo.
31:26On n'y est pas encore.
31:27Là, c'est carrément 145% de droits de douane.
31:30C'est comme 45%.
31:32C'est pareil, ça s'arrête.
31:34Ça s'arrête.
31:34Il n'y a plus personne qui échange des biens frappés de 40% ou 45%.
31:39Après ça, 145%, ou je l'ai vu sur des caricatures.
31:43Vous avez un vieux Xi Jinping et un vieux Trump.
31:45Ils ont 100 ans chacun, il y en a un qui dit 8 745%.
31:49Je réponds 8 997%.
31:53Et voilà, donc…
31:55– Ça se renchère.
31:56– Le commerce, ça s'arrête.
32:00Au-delà de 30-40%, ça s'arrête.
32:02Donc après ça, on est dans l'absurde.
32:04Mais qu'est-ce qu'il va faire la Chine ?
32:06Il va dire, puisque je ne commerce plus avec les États-Unis,
32:07je vais inonder l'Europe.
32:09– Avec mes voitures électriques ?
32:11– Bien sûr.
32:11Et l'Europe, qu'est-ce qu'elle dit ?
32:13– Ah bah, ouais, faisons affaire.
32:15Finalement, nous, on renonce à nos tarifs de 40%,
32:18parce que c'est ce qu'on a fait pour la Chine.
32:19On leur a collé des taxes de 40%.
32:21Et maintenant, on leur dit, bon, finalement, on va faire 0-0.
32:24Et on va essayer comme ça de maintenir notre activité économique.
32:29Mais on va être littéralement broyés par l'outil industriel chinois
32:34et par son avance technologique dans l'automobile.
32:37– Et on va inciter nos entrepreneurs à partir aux États-Unis.
32:41– En tout cas, pour ceux qui veulent vendre aux États-Unis,
32:43il faudra produire, évidemment, aux États-Unis.
32:45BMW devrait construire une deuxième usine,
32:48Mercedes aussi, et Volkswagen, ils ont intérêt aussi à se scoyer un peu
32:52s'ils veulent continuer de vendre des Audi, etc., aux États-Unis.
32:55Donc, évidemment que les multinationales européennes
32:59vont être très tentées de se délocaliser aux États-Unis.
33:02C'est-à-dire qu'en fait, l'Europe va continuer de se vider de sa substance.
33:05On exportait beaucoup de berlines haut de gamme, on ne le fera plus.
33:10Porsche, j'imagine, qui construiront aussi leur méga ou leur giga factory aux États-Unis.
33:16Et puis, voilà, en Europe, on ne produira plus que pour le marché intérieur.
33:20Et un marché intérieur qui va, en fait, être complètement envahi,
33:26submergé de véhicules chinois plus jolis.
33:31C'est juste un sens.
33:32Si vous connaissez un petit peu les derniers modèles qui sont exposés dans les salons.
33:38Oui, ce n'est pas Renault, quoi.
33:40C'est des belles voitures bourrées d'innovation, avec des portes-papillons,
33:46des voitures qui se garent en crabe.
33:48Vous descendez de votre voiture, vous appuyez sur un bouton,
33:49elles se garent toutes seules.
33:50Les Français auront peut-être plus de l'argent pour acheter ces bagnoles magnifiques.
33:54Mais elles sont beaucoup moins chères.
33:55Une voiture haut de gamme chez BYD, c'est l'entrée de gamme,
34:05ou en tout cas quelque chose qui est comparable à la Peugeot 2008,
34:11qui vaut 35 000 en version électrique.
34:15Et je ne sais plus si c'est la Renault Mégane ou l'équivalent,
34:19elle est entre 34 000 et 36 000 selon les versions.
34:22Et vous allez avoir pour ce prix-là une voiture qui va ressembler à une Porsche Panamera.
34:29Parce que c'est ça que les Chinois font.
34:31Ils copient la ligne des Porsche, la ligne des Audi,
34:35et ils nous vendent ça 40% moins cher.
34:39Bon, si pour 36 000 euros, vous pouvez avoir une voiture qui ressemble à une Porsche Panamera,
34:43et que vous avez en face, vous avez une petite 2008 entrée de gamme
34:47avec le minimum d'options dedans,
34:49c'est évident que là, on est mort.
34:51– Cette guerre commerciale et monétaire entre la Chine et les États-Unis,
34:57qui maîtrise le rapport de force ?
35:00– Si vous écoutez Trump, il dit que c'est lui.
35:06Voilà.
35:07Et que Xi Jinping n'aura pas d'autre solution que de négocier.
35:12Xi Jinping, lui, il se dit, moi, j'ai les routes de la soie,
35:16j'ai les BRICS qui s'élargissent tous les ans.
35:19Voilà, les BRICS étendues, c'est 11 pays maintenant.
35:22Il y en aura certainement le double dans 3 ou 4 ans.
35:27Et je suis, moi, à la tête, je suis le leader dans une zone qui est désormais totalement autonome.
35:33– Donc lui, Xi Jinping, il est tranquille, il va négocier.
35:37Et donc, on peut s'attendre à un compromis entre Chine et États-Unis ?
35:41– Il y a un moment, probablement.
35:42Et puis, les États-Unis, ils ont besoin de terres rares.
35:44Donc là, si la Chine maintient l'embargo,
35:48parce qu'on a évoqué le mot tout à l'heure, des embargos.
35:52Donc là, quand on est dans les embargos, c'est difficile de dire qui mène le jeu.
35:57Bon, de toute façon, très terre-à-terre, c'est la Chine qui tient vraiment les États-Unis à sa merci.
36:08Sans les semi-conducteurs pour l'automobile, ce qu'on appelle les micro-contrôleurs,
36:14vous ne pouvez plus fabriquer une voiture électrique ou hybride.
36:18Donc là, voilà.
36:19Sans les terres rares, et ce qu'on appelle les aimants permanents,
36:22il n'y a plus d'éoliennes, il n'y a plus…
36:27– Pour construire les voitures, ils en ont besoin également.
36:29– Absolument.
36:30On n'a plus non plus de semi-conducteurs pour les smartphones,
36:37tous les équipements électroniques.
36:39On n'a plus de quoi faire des éoliennes.
36:43Et surtout, là, pour les États-Unis, c'est extrêmement stratégique,
36:46sans les aimants permanents, on n'a plus non plus de missiles,
36:50plus de guidage, etc.
36:51Donc là, il ne faut pas que les Américains jouent trop longtemps à ça,
36:56parce qu'ils vont se retrouver, ils n'auront plus rien.
36:58Et il n'y a pas de fournisseurs alternatifs.
37:00Si encore, les Américains pourraient dire,
37:02bon, les Chinois, ils vont aller se faire voir.
37:04Nous, on va se fournir au Brésil, on va se fournir en Australie.
37:07Rien.
37:08Alors, du soja, ils vont en trouver au Brésil, c'est sûr.
37:11Du cuivre, ils vont en trouver en Australie.
37:13Mais des terres rares transformées, il n'y en a pas.
37:17Donc là, je veux dire, c'est assez compliqué.
37:20Donc là, il faut rentrer dans la psychologie de Trump
37:24pour essayer de comprendre pourquoi il a déclenché une guerre
37:27où il ne semble pas avoir tous les atouts en main.
37:30Je dirais que peut-être que Trump, c'est un peu comme un joueur de poker.
37:34Il n'a peut-être pas toutes les cartes en main,
37:35il n'a peut-être pas un brelandasse et il y en a un quatrième sur la table.
37:39Il essaie de bluffer pour garder la tête.
37:43Il essaie un peu de bluffer.
37:45Ou alors, je sais que Trump est un vrai amateur de catch.
37:50Donc c'est quoi ?
37:52C'est de la comédie.
37:53C'est de la comédie.
37:55D'ailleurs, un combat de cas, enfin, une après-midi dans un super dôme
38:00avec toutes les stars du sketch, c'est quoi ?
38:02C'est 80% de parlottes, de défis, de surenchère.
38:07– C'est de la mise en scène.
38:08– De la mise en scène, de la surenchère verbale.
38:11Et quand on rentre, quand on est sur le ring, là, on suit le script.
38:15– C'est-à-dire de la bonne télévision, comme il avait dit face à Zelensky.
38:19– Mais là, on suit vraiment le script.
38:20C'est-à-dire que si on ne fait pas le salto au moment prévu,
38:23que le gars qui va réceptionner, le gars qui se jette dessus,
38:25n'est pas bien positionné…
38:26– C'est fini dans une chaise roulante.
38:28– Voilà, c'est les vertèbres qui partent, c'est une épaule qui se retourne.
38:31Donc là, quand on est vraiment dans la bagarre,
38:36là, tout est scénarisé.
38:37Et là, on respecte exactement ce qu'on avait prévu de faire.
38:41Donc je ne sais pas si Trump et Xi Jinping se sont parlé en se disant
38:45voilà, on va déclencher comme ça, on va amuser le bon peuple
38:49avec des surenchères.
38:51Mais à la fin, voilà comment on va le faire.
38:54Et ça, ça va être en plus de ça pour mettre un mauvais coup aux Européens
38:59parce qu'ils ne vont rien comprendre.
39:02– Donc pas de panique du côté chinois après ces droits de douane à 145%.
39:08– Je n'en sais rien.
39:09Je dis simplement que là, on est dans la phase
39:11où les athlètes s'insultent, disent, je vais te plier en quatre, etc.
39:18Tu repartiras dans un fauteuil roulant.
39:20Donc là, pour l'instant, c'est ça.
39:23Peut-être que dans une semaine, les droits de douane n'existent plus.
39:26Mais pour moi, ce n'est pas ça le fait vraiment majeur.
39:32Et le plus inquiétant, c'est le risque des embargos.
39:35Donc Vidya ne peut plus, depuis ce 16 avril,
39:42exporter ses GPU de dernière génération,
39:45les fameux Blackwell, ni ce qu'ils appellent les puces X20.
39:50Et les Chinois ne vont même pas pouvoir importer la génération précédente.
39:54Moins puissante, mais si vous en mettez deux fois plus,
39:56ça fait exactement le même job que le Blackwell.
39:58Il n'y a pas de souci.
39:59Donc, les Chinois, là, embargo, ça veut dire que probablement,
40:05les États-Unis vont également étendre l'embargo.
40:07C'est-à-dire qu'un pays comme Singapour ne pourra plus en expédier en Chine
40:11comme ils l'ont fait depuis des mois et des mois.
40:14Parce que comment les Chinois ont pu avoir d'une Vidya ?
40:18C'est au travers de Singapour.
40:19Donc, je pense que les partenaires des États-Unis vont être avertis
40:22que s'ils achètent d'une Vidya et qu'ils le revendent ensuite aux Chinois,
40:26il va y avoir des sanctions.
40:27Donc là, on est vraiment en quelque chose de très dur.
40:31Donc ça, ça me paraît à la limite plus dommageable
40:34que des droits de douane qui sont intenables.
40:37Puisque, comme je disais, au-delà de 40%, de toute façon, tout s'arrête.
40:39Donc, c'est plus ça qui fait la différence.
40:41Donc, d'un côté, on arrête de faire des échanges, soit.
40:44Mais à partir du moment où on commence à mettre des embargos,
40:47là où ça s'arrête, et là, le coup de bluff de Trump,
40:51je ne sais pas très très bien s'il peut réussir.
40:55Parce que là, la Chine dit, ok, tu joues comme si tu avais un carré d'as.
40:59Moi, j'ai une quinte.
41:00Donc, vas-y, fais monter les enchères.
41:03Moi, je renonce.
41:04– Alors, après la volte-face du président Trump,
41:08on l'a entendu parader à la télévision,
41:11en déclarant au monde entier que les pays frappés par ses droits de douane
41:15le suppliaient de négocier avec lui, le fameux Kiss My Ass.
41:20Comment ça se passe exactement, ces négociations entre les États-Unis
41:25et les pays du monde entier ?
41:28– C'est vrai qu'on a des sources concordantes qui confirment
41:36que 70 pays ont décroché leur téléphone et ont appelé Trump
41:40en disant que 38% de droits de douane, 46% pour le Cambodge.
41:45– À quoi tu joues ?
41:46– Voilà, donc on est mort, donc il faut arrêter la guerre.
41:50Et qu'est-ce que fait Trump ?
41:51Il dit, ok, on met 10%.
41:53En fait, Trump, quelque part, il a gagné,
41:57puisque jusqu'à présent, c'était presque du libre commerce,
42:00il n'y avait pas de droits de douane.
42:01Donc déjà, il vient de mettre 10%.
42:03Quand vous regardez ce qui existait vis-à-vis de la Chine,
42:08avant qu'il mette les douras à 145,
42:10on était quelque chose de l'ordre de 19%.
42:13En fait, Trump vient d'augmenter de 19% les recettes douanières des États-Unis.
42:20Sur, je ne sais pas, le commerce mondial,
42:25ça va se chiffrer peut-être à 4 000 milliards.
42:27Il va réussir, comme il dit, à rentrer 500 milliards par an de taxes douanières.
42:36Là où le calcul va s'avérer faux, c'est que si, effectivement,
42:39le commerce s'arrête entre la Chine et les États-Unis,
42:41ce n'est certainement pas les montants qu'il annonce,
42:44puisque là, il n'y aura plus d'échanges,
42:46il n'y aura plus rien à taxer dans la Chine.
42:48Et c'est déjà le cas.
42:49Si le commerce s'arrête, il n'y a plus rien à taxer.
42:51Donc là, ça devient du perdant-perdant.
42:53– Est-ce que l'Union européenne est en train de réagir
43:00à l'annonce de Donald Trump ?
43:03On sait aujourd'hui que les droits de douane contre la France,
43:06contre l'Union européenne, sont revenus à 10%,
43:09comme pour tous les autres pays frappés.
43:11Comment l'Union européenne s'organise-t-elle en ce moment même ?
43:14– On ne s'organise pas beaucoup, c'est un petit peu comme d'habitude.
43:23La démondialisation, enfin, la mondialisation nous a coûté extrêmement cher.
43:31La mondialisation à l'américaine fait que depuis qu'on a l'euro,
43:36on a perdu 50% de potentiel de croissance par rapport aux États-Unis.
43:41C'est juste énorme.
43:42Depuis 25 ans, l'Europe n'arrête pas de tomber, je dirais même de sombrer.
43:50Donc on a une monnaie dysfonctionnelle,
43:53on a des industriels qui ont tout délocalisé,
43:56on ne produit plus grand-chose sur le sol européen.
43:58Le peu qui restait, c'était en Allemagne,
44:00depuis que Nord Stream a sauté, voilà, c'est clair,
44:04les Allemands ne sont plus capables de produire.
44:05La chimie est en crise totale.
44:07En France aussi, il y a 200 000 ou 220 000 emplois à risque en France dans la chimie.
44:12Et je ne vois pas comment ça peut se renverser.
44:16On n'est pas compétitif, donc je ne sais pas comment on va y arriver.
44:19Alors il faut qu'on se mette, nous aussi, à mettre des droits de douane.
44:21Bref, l'Europe, elle a raté une bonne partie de la mondialisation heureuse.
44:27Elle en a été une des victimes.
44:29Beaucoup moins de croissance que la Chine, les États-Unis,
44:32ou des pays qui n'avaient pas l'euro.
44:33C'est évident, regardez la Suisse, regardez la Norvège,
44:37comparer la croissance par rapport à l'Europe,
44:39on est complètement dans les choux.
44:42Donc ça, c'est clair.
44:43Et la démondialisation que Trump est en train d'orchestrer,
44:46alors là, c'est nous qui allons finalement absorber des produits chinois
44:51qui ne peuvent plus s'écouler aux États-Unis.
44:53On n'a toujours pas une énergie bon marché,
44:55et la Russie ne nous en fournira plus.
44:58L'Afrique non plus.
44:59L'Afrique, si, on va continuer d'importer du pétrole du Gabon,
45:04je pense, quand même.
45:05Mais enfin, globalement, les Qataris ne nous feront pas de cadeaux,
45:09les Émiratis non plus.
45:12Bref, on ne va pas avoir une énergie bon marché.
45:15Et en plus de ça, les Américains nous obligent à acheter leur GNL.
45:20Et il le dit, Trump, il le dit.
45:22Les Européens, ils ne nous achètent pas assez de voitures.
45:24Il faut dire quand même qu'on ne leur en l'achète pas,
45:26à part quelques Corvettes ou quelques Ford Mustang,
45:29parce que c'est quand même des véhicules bien sympatoches,
45:32il faut le dire.
45:33Mais oui, puis il y a des Harley-Davidson.
45:35Et vous retirez ça, les Européens n'importent rien.
45:39Donc, Trump, il dit, au moins, ils vont acheter du GNL.
45:43Et s'ils n'achètent pas du GNL, ils seront punis.
45:46Parce que c'est ça, ça fait de ça le deal.
45:48Soit les Européens continuent d'acheter du GNL hors de prix
45:51aux Américains qui coûtent deux fois ou trois fois le prix du gaz
45:58que peuvent nous fournir les Norvégiens, le Qatar.
46:02Soit on le rachète, soit, vous allez voir,
46:05les droits de douane, il va nous remettre 25%.
46:07– Donc pour vous, l'Union européenne est en phase terminale.
46:12– Absolument.
46:13Et je vais même aller plus loin.
46:16Toujours en me référant aux diverses petites phrases de Trump,
46:21qu'est-ce qu'il est en train de dire ?
46:24Bon, il a bien conscience qu'il y a un vrai problème de dette,
46:2736 000 milliards, il sait qu'on est au bord de la désintégration,
46:30c'est-à-dire qu'on pourrait avoir un krach obligataire majeur aux États-Unis
46:33dont les États-Unis ne se relèveraient pas,
46:36donc on ne peut pas se permettre ça.
46:37Vaut mieux sacrifier Wall Street que de se prendre un krach obligataire majeur,
46:41c'est sûr, parce que le krach obligataire,
46:43ça veut dire que les retraites des Américains,
46:46en partie, l'autre partie, elle est en bourse.
46:50Donc là, ça va être temporairement douloureux pour les futurs retraités,
46:54mais ça vaut mieux que le krach obligataire.
46:57Qu'est-ce que dit Trump ?
46:59Ben, si vous ne voulez plus acheter des tibons d'Américains,
47:02ben moi, je vous mets des tarifs.
47:04Jusqu'à présent, il avait pris…
47:06– Donc acheter notre dette, c'est ça, acheter des tibons, c'est acheter notre dette.
47:10– Acheter notre dette, ou il va y avoir des tarifs.
47:12Donc on a déjà vu jusqu'où il pouvait aller,
47:14en 1,46 au Vietnam ou au Cambodge,
47:17ben il va dire aux Cambodgiens, on reste à 10,
47:21mais dès que vous avez des petits excédents, hop, vous achetez du dollar.
47:24– C'est du chantage, quoi.
47:25– Ben bien sûr que c'est du chantage, ça n'a pas d'autre mot.
47:27Et d'ailleurs, Trump ne s'en est jamais caché, mais jamais.
47:32On ne peut pas dire que c'est le gars qui vous dit,
47:34on ne va pas rendre la vaccination obligatoire,
47:37et le lendemain, il la rend obligatoire.
47:39Enfin, c'est un gars qui, au moins, on peut s'y fier.
47:43On peut ne pas aimer ce qu'il raconte,
47:44on peut ne pas aimer la façon dont il le dit,
47:48mais la réalité, c'est qu'il fait ce qu'il a dit.
47:52Et le deal, parce que c'est quand même ça la priorité,
47:55c'est pour refinancer le trésor américain,
47:58et donc là, il faut que les pays acceptent d'acheter des tibons.
48:03Et d'ailleurs, il l'avait dit avant les élections du 6 novembre,
48:07il avait dit, ceux qui refuseront d'acheter des tibons américains
48:11ou qui utiliseront une autre devise pour les transactions internationales,
48:16– Ils seront frappés.
48:16– Ils seront frappés de 100% de droits de douane.
48:20Je pense qu'à un moment, ils pensaient un petit peu à l'Inde,
48:23qui acceptait des paiements en rouble,
48:26et la Russie qui a accepté de la roupie,
48:29pour que le pétrole russe transite par les usines indiennes,
48:37les raffineries, avant d'être réacheminée vers l'Europe.
48:42Donc, je pense qu'un jour, il mettra ces menaces à exécution.
48:46C'est-à-dire que s'il y a des pays qui ont effectivement
48:48laissé tomber un peu le dollar pour des échanges bilatéraux,
48:53il va leur coller des droits de douane.
48:54– Mais en fait, la Chine, elle est déjà…
48:57Voilà, c'est ça qui arrive à la Chine.
48:59La Chine, SD-dollarise, pan, 100%, 145.
49:03Mais ça n'a pas d'importance.
49:04Et tous les pays qui sont avec la Chine,
49:07qui sont dans le même ensemble,
49:10ou dans la même collaboration économique,
49:12qui risquent de se faire frapper de 100%.
49:14Mais il y en a qui vont regarder en disant,
49:16finalement, c'est quoi mes échanges avec les États-Unis ?
49:20Et c'est quoi mes échanges avec la Chine ?
49:21– Maintenant, c'est 80% d'échanges avec la Chine,
49:25et 20% avec les États-Unis.
49:26Bon, ben, si les États-Unis me claquent la porte
49:28ou veulent me mettre 100% de tarifs,
49:30eh ben, ok, chiche, chiche, mettre 100%,
49:33j'achète plus l'orti.
49:34Bon, voilà, ça va très bien comme ça.
49:36Alors, tous les pays, évidemment,
49:37ne peuvent pas tenir ce genre de raisonnement.
49:40Il y a des pays comme les Philippines
49:42qui sont une base aérienne,
49:45enfin, une base militaire.
49:46– C'est américaine, oui.
49:47– Une base, voilà, c'est un porte-avions
49:49aux frontières de l'espace maritime chinois.
49:55C'est ça, les Philippines.
49:56– Exactement.
49:56– C'est un énorme porte-avions
49:57qui surveille la zone.
50:00Donc, tous les pays ne peuvent pas se passer des Américains.
50:03Je ne vois pas le nouveau dirigeant des Philippines
50:05qui disent, moi, je n'achète plus de Tibor.
50:06Mais il y a beaucoup de pays qui, eux, risquent de se dire,
50:11moi, je privilégie maintenant le commerce avec la Chine,
50:13sans problème.
50:14Les États-Unis, ils veulent rompre le commerce.
50:18Ben, qu'ils se débrouillent.
50:19Quand on vient à leur face, on va se débrouiller.
50:22– On voit donc bien que Donald Trump a créé
50:25une forme de chaos à l'échelle planétaire.
50:28Les négociations sont en cours.
50:31Combien de temps ce chaos peut-il encore durer ?
50:34– C'est une question à 10 000 milliards
50:37ou même à 36 000 milliards de dollars.
50:40Je ne saurais pas répondre.
50:42Tout ce que je peux envisager, c'est quelles sont les étapes.
50:46Qu'est-ce que ça peut donner pour l'épargne de ceux qui nous écoutent,
50:50pour ceux qui ont de l'argent en bourse,
50:52parce que c'est ce qu'il y a de plus volatile.
50:54Donc, je dis que là, le chaos, il peut être trop douloureux
50:57pour ceux qui ont des actifs boursiers.
50:59Ça, c'est clair.
50:59Et Trump l'a dit, maintenant, la bourse,
51:02comme disait Edith Cresson dans les années 80,
51:05la bourse, je n'en ai rien à cirer.
51:07Donc là, on est prévenu.
51:09Ce n'est plus la boussole de Donald Trump.
51:11Donc là, ça peut souffrir.
51:13Ça, pour un épargnant américain, ça fait mal.
51:16Pour un épargnant européen et français,
51:18les actions, ce n'est pas grand-chose de la future épargne-retraite.
51:23Donc, on peut survivre à un krach boursier sans problème.
51:28Ça, c'est sûr.
51:29Ça ne va pas provoquer un sentiment d'appauvrissement de la population.
51:34Aux États-Unis, là, ça peut être…
51:38– Oui, tout le monde boursicote, quoi.
51:39– Il y a 40% d'Américains qui ont une bonne partie de leur épargne en action.
51:44Si Wall Street perd 30-40%, ça va fortement impacter leur désir de consommer.
51:50Et remettre à beaucoup plus tard des projets importants,
51:55comme l'achat d'une maison, d'une deuxième, troisième voiture, etc.
51:59Donc là, ça peut avoir des impacts très forts sur l'épargnant américain,
52:05moins l'épargnant européen.
52:07Maintenant, il y a autre chose, c'est les désordres monétaires.
52:10Si le dollar continue, comme il l'a fait,
52:13à perdre 10% depuis le 1er janvier,
52:16des fois de perdre 5% en une semaine,
52:185% de baisse sur le dollar,
52:21quand ça arrive dans un trimestre, on se dit déjà,
52:23waouh !
52:24Là, ça modifie complètement le commerce mondial.
52:28Enfin, d'un seul coup, Airbus est 5% moins compétitif.
52:33Il y a un vrai problème.
52:34Puis ceux qui achètent des produits de luxe en dollars,
52:38et là, ils viennent de perdre 10% de pouvoir d'achat
52:40depuis le début de l'année.
52:41Cherchez pas ailleurs pourquoi LVMH fait des mauvais résultats aux États-Unis.
52:45Déjà, rien que la devise dans laquelle ils vendent,
52:47elle perd de sa valeur.
52:49Et leurs clients sont, comme on dit, désolvabilisés.
52:53Donc, si le dollar continue de chuter,
52:55moi, je pense que le luxe va continuer de souffrir.
52:59Forcément.
53:00Et Trump se dira, lui, en revanche,
53:01moi, j'ai un dollar de combat,
53:03avec un dollar qui vaut maintenant 1,18 ou 1,20 contre euro.
53:08Là, je vais reprendre des parts de marché.
53:09Les Européens, ils vont être bien marrons.
53:12Qu'est-ce qu'ils vont faire ?
53:14Nous, on ne va rien pouvoir faire, évidemment.
53:17Donc, voilà une des conséquences.
53:20C'est que si là, on a un chaos monétaire
53:23qui se perpétue,
53:27c'est des centaines de milliers d'emplois perdus en Europe.
53:31Le peu d'industries qui nous restaient
53:33va être complètement concurrencés
53:36par les Américains,
53:38avec leur dollar qui vaudra 15, 20 %,
53:41le moins, peut-être, que le 1er janvier.
53:44Mais c'est un bouleversement énorme.
53:46Je le répète.
53:47Un dollar qui varie de 5 % dans un trimestre,
53:50c'est exceptionnel.
53:52C'est une fois par décennie.
53:54Et qui baisse de 5 % en 4 jours,
53:57c'est une fois tous les 50 ans.
53:59Donc, il faut prendre conscience
54:02de ce à quoi on a assisté.
54:05Mais le dollar qui continue de baisser,
54:08ça nous causera une récession
54:12et des pertes d'emplois
54:14par dizaines, centaines de milliers.
54:17C'est une certitude, c'est mécanique.
54:20Donc, pour terminer, Philippe Béchade,
54:22on a un chaos monétaire et commercial mondial.
54:25Comment les Français peuvent espérer se protéger ?
54:29Là, le meilleur conseil que je puisse donner,
54:35c'est de ne pas avoir tous ces actifs,
54:37d'abord en euros.
54:39Parce que si une situation de crise majeure,
54:43existentielle,
54:45j'en passe, c'est des meilleures,
54:46sur les expressions que nous a sorties M. Béraud,
54:49le pays est au bord de la désintégration,
54:52état d'urgence absolu,
54:55risque de faillite imminent.
54:57Bon, quand on lâche ce genre de choses,
55:00imaginez que derrière,
55:01ça ne soit pas complètement des éléments de langage.
55:05Clairement, si on rentre dans une crise majeure,
55:06il ne faut pas avoir tous ces actifs
55:09dans la zone où il y a une crise majeure.
55:11Ça, c'est l'évidence.
55:13Restez quand même sur des actifs tangibles,
55:17parce que si demain, il arrive un malheur à l'euro,
55:21l'immobilier, ça vaudra toujours quelque chose.
55:25Les actions en temps normal,
55:26j'aurais dit, bien sûr,
55:27protégez-vous des désordres monétaires avec des actions.
55:30L'entreprise, c'est une valeur sûre.
55:33Bon, là, on est à des niveaux de valorisation tels
55:36que des baisses de 40 ou 50 % sur les actions,
55:39je ne les exclue pas.
55:40Je ne l'exclus pas.
55:42Et je n'ai pas envie que ceux qui vont m'entendre
55:44se disent, j'ai perdu 20 %, 30 % sur l'air liquide,
55:4940 % sur LVMH.
55:51Donc là, vraiment, les actions,
55:53ça sera à faire dans un deuxième temps
55:54quand les marchés auront vraiment bien baissé.
55:57Et aujourd'hui, le seul actif
55:59qui, pour l'instant, rassemble tous les suffrages...
56:02– La relique barbare.
56:03– La relique barbare.
56:05Les Américains importent des quantités d'or énormes,
56:08je parle sous forme de physique.
56:10Ils en importent par avion, etc.
56:14La Chine en accumule depuis des décennies.
56:18La Russie aussi.
56:20Là, aujourd'hui, le seul actif sur lequel on se dit
56:23qu'il n'y a pas de problème,
56:24il ne va pas faire défaut.
56:25Il ne va pas y avoir de craque sur l'or
56:27comme il pourrait y avoir un craque obligataire aux États-Unis
56:29ou comme l'Europe pourrait se retrouver également
56:31en situation de crise.
56:33Parce que si on se dit que, pour se relancer,
56:37on fait 800 milliards d'investissements par-ci,
56:39500 milliards par-là en Allemagne,
56:41ça veut dire qu'on fait fonctionner la planche à billets.
56:43Donc la planche à billets, ça veut dire qu'on dévalue l'euro.
56:47Donc on voit bien que là,
56:48ce sont les monnaies qui sont en train d'être sacrifiées.
56:51Donc il faut avoir autre chose que de la monnaie.
56:54Et donc l'autre chose, c'est des actions.
56:56Si on les achète au bon moment,
56:59c'est de l'immobilier.
57:01Et l'or, pour l'instant, je ne vois pas vraiment
57:03qu'est-ce qui peut l'arrêter.
57:05On voit qu'il a repris pratiquement 10%.
57:08C'est incroyable.
57:09En une semaine, il est passé de 3 000 à 3 320 dollars.
57:14Bon, ça ne peut pas arriver dans un marché serein
57:18où on a de la visibilité.
57:21Et manifestement, tout le monde est en train de se réfugier là-dessus
57:27parce que le franc suisse, c'est beaucoup trop petit,
57:30même si c'est un actif sécurisant.
57:32La couronne norvégienne a été victime de la chute de 30% du baril de pétrole.
57:38Donc on voit que même la couronne norvégienne,
57:40qui est un pays pas endetté, bien géré,
57:43mais on voit que sa monnaie est dans une situation compliquée.
57:47Bon, actuellement, il n'y a pas beaucoup d'autres actifs que l'or.
57:51Et à un moment, probablement aussi les matières premières en général.
57:53– Merci à vous, Philippe Béchal.
57:56Je rappelle que vous êtes le rédacteur en chef des publications Agora
58:01ainsi que de la Lettre des Affranchis.
58:04Merci à vous tous de nous avoir suivis.
58:07Et quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine.
58:09À bientôt, salut.
58:09Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations