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  • il y a 6 jours
Après un début d'apaisement, les relations franco-algériennes se sont à nouveau tendues en début de semaine. Des aléas diplomatiques qui inquiètent les soutiens de Boualem Sansal, l'écrivain franco-algérien condamné à cinq de prison en Algérie.

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Transcription
00:00Boilem Sansal, il est toujours en prison en Algérie, il en est à son 150e jour de détention.
00:06Et ce sont ses filles qui ont décidé de prendre la plume, d'écrire au président de la République Emmanuel Macron
00:13pour qu'il puisse intercéder dans sa faveur.
00:15N'oubliez pas notre père, c'est la lettre qu'elle publie dans le Figaro, cette lettre que vous avez pu voir, Thierry Arnaud.
00:23Et elle poursuive, 80 ans, c'est son âge, il est malade, il est écrivain, il est enfermé.
00:28Donc c'est à l'adresse du président de la République pour qu'il puisse intercéder auprès du président Tebboune.
00:33Oui, ce qu'il a évidemment fait à plusieurs reprises et notamment pour la dernière fois le 31 mars
00:37dans une conversation directe avec le président algérien Tebboune.
00:40Mais là on voit bien qu'à nouveau les relations entre la France et l'Algérie se dégradent ces dernières heures
00:44avec la décision par l'Algérie d'expulser ses 12 agents consulaires français.
00:49Et donc les deux filles de Boilem Sansal, Nawal et Sabéa, ont décidé de prendre la plume
00:53et d'appeler publiquement à l'aide le président de la République.
00:57Boilem Sansal a arrêté le 16 novembre, condamné le 27 mars à 5 ans de prison,
01:03une peine pour laquelle il a fait appel.
01:05Nous avions espéré, écrivent les deux femmes jusqu'au bout,
01:08qu'une grâce même discrète viendrait rétablir l'équilibre des choses.
01:11Mais elles sentent bien que cette dégradation fait de lui, elles disent,
01:15l'otage d'un contentieux qui ne le concerne pas.
01:18Elles écrivent au président de la République, disent-elles, non pas dans l'invective, non dans le reproche,
01:23mais dans un dernier élan d'espoir.
01:26Voilà le sens de ce message qui est rédigé ce soir.
01:30Aujourd'hui, il a besoin de vous, disent ces deux filles, qui rappellent qu'il n'a plus beaucoup de force.
01:36On sait qu'au Boilem Sansal souffre d'un cancer, qu'il est malade, qu'il est âgé.
01:39Et donc, évidemment, il y a beaucoup d'inquiétudes sur les conditions de sa détention et son état de santé aujourd'hui.
01:45Mais lorsqu'elles disent, il est dans un contentieux qui ne le concerne pas.
01:49À quoi font-elles allusion ? Juste purement au contentieux diplomatique France-Algérie-Paris-Algérie ?
01:54Oui, alors il est emprisonné, rappelons-le, je le disais, depuis le mois de novembre dernier,
01:58parce qu'il s'est rendu en Algérie, il a été arrêté.
02:01Il est franco-algérien.
02:02Il est franco-algérien au motif qu'il avait fait des déclarations concernant un sujet qui est extrêmement sensible pour l'Algérie,
02:07la frontière entre l'Algérie et le Maroc.
02:09Il avait déclaré qu'à ses yeux, historiquement, l'ouest de l'Algérie, en réalité, historiquement, appartenait au Maroc.
02:18Et c'est ça qui a été perçu par les autorités algériennes comme une provocation qui lui a valu son arrestation et sa condamnation.
02:25Il y a de multiples raisons qui ont contribué à la dégradation des relations entre la France et l'Algérie depuis juillet 2024.
02:32Et sur ce même sujet, des relations entre l'Algérie et le Maroc,
02:35c'est le moment où la France reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
02:40Et puis, une série de difficultés, le refus par l'Algérie d'accueillir l'écrasante majorité de ceux qui sont sous une obligation de quitter le territoire français.
02:52Et puis là, cette décision d'expulser ces douze agents consulaires.
02:56À un moment, on pensait que les relations allaient un peu s'améliorer,
02:58parce qu'il y a eu, je vous en parlais il y a un instant, ce coup de fil entre les deux présidents le 31 mars qui a en quelque sorte remis la relation sur les rails.
03:05Il y a eu cette visite une semaine plus tard à Alger du ministre français des Affaires étrangères,
03:10qui s'était plutôt bien passé et qui ouvrait la voie, avait dit Jean-Noël Barraud de retour d'Alger,
03:16au rétablissement d'une relation sereine et apaisée.
03:19Et on voit que cette affaire des agents consulaires a tout fait déraper et suscite évidemment l'inquiétude des deux filles de Wallem Sansal.
03:26Xavier Driancourt, vous êtes l'ancien ambassadeur de France en Algérie.
03:29Oui, bonsoir.
03:30Est-ce que cette lettre peut avoir une quelconque influence, selon vous ?
03:33Est-ce que ça peut aider, toucher le cœur aussi du président Tebboune ?
03:38Oui, mais toucher le cœur peut-être, mais peut-être pas la clairvoyance du président algérien,
03:42parce qu'il faut bien voir qu'à l'intérieur du système politique algérien,
03:46vous avez différents groupes, différents clans,
03:49et on peut penser que les derniers développements qui se sont produits en France,
03:53là depuis 48 heures, c'est aussi l'effet d'un certain nombre d'actions,
03:59de groupes opposés au président algérien et à sa volonté de rapprochement avec la France.
04:05Et ces groupes qui sont-ils en fait ?
04:08Vous savez, le pouvoir algérien c'est mystérieux, c'est une boîte noire,
04:12avec des clans, des groupes qui se tirent dans les pattes,
04:15et il ne faut pas croire que c'est un système monolithique,
04:21comme chez nous, avec un président qui tient toutes les manettes.
04:25Il a l'armée qui est avec lui, qui est la colonne vertébrale du système depuis 1962.
04:32Mais pour ceux qui nous regardent, en quoi Boilem Sansal,
04:37c'est important de le garder en prison en Algérie ?
04:40– C'est un symbole.
04:43– Et vous savez de qui ?
04:44– C'est un symbole vis-à-vis de la France, vis-à-vis du monde occidental,
04:48pas vis-à-vis des Algériens, parce que les Algériens lisent assez peu Boilem Sansal,
04:53qui est écrit en français, qui publie en France,
04:56mais c'est un symbole aux yeux de la France, aux yeux de la littérature française.
05:01Et Boilem Sansal est pris en otage depuis le mois de novembre dernier.
05:06Il est l'otage de cette crise née, il faut le rappeler, du Sahara occidental.
05:11– Quitte à ce qu'il meurt en prison, c'est prendre ce risque aussi.
05:14– Les Algériens ne reculent devant rien.
05:18Ils prennent un risque, effectivement,
05:20mais il y a eu des interventions françaises, du président de la République,
05:24de M. Barraud, il y a eu des interventions européennes,
05:27il y a eu des interventions italiennes auprès des autorités algériennes,
05:32parce que l'Italie a très bonne relation avec l'Algérie,
05:35et les Algériens n'ont absolument pas reculé.
05:37– Ce bras de fer, finalement, pourquoi le maintenir ?
05:41Pourquoi ne pas apaiser les situations,
05:43alors qu'effectivement, du côté du ministre des Affaires étrangères,
05:46on est allé sur place, que le président de la République…
05:49– Et on a beaucoup cédé à l'Algérie, je le rappelle,
05:51si vous regardez le communiqué public.
05:53– Ça sert à montrer à la population qu'on reste un pays fort
05:56face à l'ancien colonisateur.
05:57– Il faut montrer qu'on est d'égal à égal,
06:01et qu'on peut tenir la dragée haute à la France.
06:04– Donc c'est un message de politique intérieure.
06:06– Parce que la France, c'est de la politique intérieure en Algérie,
06:10de même que l'Algérie, c'est de la politique intérieure en France.
06:13– Merci, Xavier Driancourt, Thierry Arnault.
06:16– Oui, il y a un point important,
06:17parce que dans ce conflit entre la France et l'Algérie,
06:19vous savez qu'il y a cette expulsion des 12 agents consulaires,
06:22qui doit être effective aujourd'hui,
06:23puisqu'elle a été annoncée dimanche avec un délai de 48 heures.
06:26On attend la confirmation officielle
06:28que l'Algérie a décidé de maintenir cette impulsion, cette expulsion,
06:32et on attend donc évidemment la réponse de la France,
06:34dont on comprend qu'elle est imminente.
06:37Et la pratique habituelle, je parle sur le contrôle de l'ambassadeur,
06:39mais c'est que si l'Algérie a expulté 12 agents de son ambassade à Alger,
06:44on devrait imaginer que la France appliquera la réciprocité
06:48et expulsera à son tour 12 agents de l'ambassade d'Algérie à Paris.
06:52– Donc on est reparti dans une escalade.
06:54– Voilà.

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