"Les mères seules sont gavées d’aides, ce sont des femmes assistées…"
L’auteur Selim Derkaoui dénonce les clichés et la stigmatisation qui pèsent sur les mères seules, souvent perçues comme défaillantes ou dépendantes. Il pointe la responsabilité de l’État dans cette image et souligne l’injustice de ces préjugés, alors que ces femmes, souvent en situation de précarité, assument seules une lourde charge mentale entre éducation des enfants et le travail.
Son livre "Laisse pas traîner ton fils : comment l'État criminalise les mères seules", publié aux éditions Les liens qui libèrent, est disponible en librairie.
L’auteur Selim Derkaoui dénonce les clichés et la stigmatisation qui pèsent sur les mères seules, souvent perçues comme défaillantes ou dépendantes. Il pointe la responsabilité de l’État dans cette image et souligne l’injustice de ces préjugés, alors que ces femmes, souvent en situation de précarité, assument seules une lourde charge mentale entre éducation des enfants et le travail.
Son livre "Laisse pas traîner ton fils : comment l'État criminalise les mères seules", publié aux éditions Les liens qui libèrent, est disponible en librairie.
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00:00Les mères seules sont gavées d'aides sociales et sont assistées.
00:02Leurs enfants cassent des voitures et font n'importe quoi dans la rue.
00:04Je démonte tous ces clichés pour dire que c'est l'État qui criminalise les mères seules et non le contraire.
00:10Moi, j'ai grandi avec ma mère seule et puis mes deux sœurs.
00:13Ma mère, au quotidien, c'était se battre contre les institutions pour ne pas être fliquée, pour ne pas être méprisée.
00:19Les mères seules, vu qu'elles sont plus pauvres que la moyenne, 40% des enfants de mères seules vivent sous le seuil de pauvreté.
00:24Ils se disent que finalement, elles vont toucher plein d'aides et vont davantage les fliquer.
00:28Pour le moindre document qui n'est pas envoyé ou qui n'est pas imprimé, ou en tout cas qui n'a même pas été reçu parfois,
00:32parce que c'est des erreurs souvent de la CAF aussi, finalement, on peut avoir une suspension.
00:35Sur le flicage de mères seules, par rapport à tout ce qu'on peut leur reprocher aussi,
00:38de mal dépenser par exemple l'allocation de rentrée scolaire, qui est environ 500 euros.
00:43Quand Emmanuel Macron ou Jean-Michel Blanquer disent qu'elles dépensent pour acheter des écrans plats, par exemple,
00:47c'est une manière de les criminaliser, c'est-à-dire de les voir comme des fraudeuses, comme des voleuses.
00:51C'est encore une intrusion dans la vie privée de ces femmes.
00:53C'est en fait comment on va contrôler le fait de savoir comment elles dépensent leur argent.
00:58Qu'elles se remettent en couple, qu'elles se remettent en concubinage,
01:01leur caution familiale, qui va servir à calculer les prestations familiales et les prestations sociales,
01:05en fait, il augmente. Et plus il augmente, plus les prestations deviennent faibles.
01:08Il y a des mamans qui m'ont raconté qu'il y avait même des agents qui pouvaient passer pour vérifier s'il n'y avait pas de brosse à dents.
01:12Ça sous-entend l'idée que les femmes, et notamment les mères seules, soit elles sont dépendantes d'un homme,
01:17et dès qu'elles sont plus dépendantes d'un homme, du coup elles deviennent dépendantes de l'État,
01:19et par conséquent, en fait, elles ne sortent jamais d'une dépendance à outrance.
01:23Montrer ses mères et les désigner comme des feignantes, comme des assistées.
01:26Ce terme-là, ça permet aussi de déresponsabiliser l'État, de déresponsabiliser le marché du travail,
01:31le chômage de masse, les maladies au travail aussi, la souffrance au travail et toutes ces choses-là.
01:35Et finalement, ça porte la charge, encore une fois, de la culpabilité sur les mères seules.
01:39Ma mère, je la voyais au quotidien, en train de réfléchir avec des charges mentales partout,
01:43sur à la fois les enfants, sur son travail.
01:45Toutes ces charges-là, en fait, c'est des personnes qui travaillent au quotidien, justement,
01:48qui sont le contraire de l'assistanat.
01:49Ces mamans-là, elles sont au travail à temps plein, elles, elles ne comptent pas leurs heures,
01:53mais que ce soit dans la cellule familiale ou alors même au travail.
01:56On criminalise les mères seules, mais aussi leurs enfants.
01:58Ça, c'est arrivé suite aux révoltes urbaines en juin et en juillet 2023.
02:02Tous les débats qu'il y a autour et toutes les propositions qui ont été faites aussi,
02:04de supprimer les allocations familiales pour ces familles-là,
02:06pour leur refuser aussi des logements HLM et toutes ces choses-là.
02:09La réforme aussi de la justice, notamment la responsabilité parentale en cas d'actes de délinquance de l'enfant.
02:14Mais en fait, quand on est une mère seule à temps plein, c'est compliqué parce qu'on est toute seule.
02:17Et finalement, on ne sait pas toujours ce que font ces enfants.
02:19Quand à l'école, il n'y a pas de preuve remplacée, souvent les jeunes, ils sont dehors.
02:23Du coup, ces mamans qui peuvent être dépassées plutôt que justement défaillantes,
02:26parfois l'autorité qu'elles n'ont pas forcément sur les enfants, c'est l'autorité du quartier qui prend le relais.
02:31Si finalement une maman en vient à perdre par exemple son fils,
02:33c'est surtout l'État qui n'a pas assez soutenu le fait qu'il y a eu l'absence paternelle.
02:37Il y a peut-être quelque chose à voir du niveau des structures, des structures sociales,
02:41au niveau du travail, au niveau des perspectives d'emploi aussi pour ces jeunes-là, dans les banlieues notamment.
02:45On ne pense jamais au père par rapport à l'éducation, on pense toujours à la mère.
02:47C'est-à-dire que si elle fait mal, entre guillemets, son travail, on va l'accuser.
02:51Si elle fait bien son travail, on va dire que c'est une mère courage.
02:53C'est souvent des expressions qui sont utilisées pour parler bien des mères seules.
02:56Mais dès que, par contre, ça devient compliqué pour elle,
02:59finalement on va jeter les accusations sur elle plutôt que sur les hommes qui sont toujours totalement mis de côté.