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Mardi 15 avril, Miel Abitbol sera reçue à l'Élysée par Emmanuel Macron pour discuter de la santé mentale des jeunes. Cette invitation fait suite à un message vidéo viral où elle interpellait le président. À 17 ans, Miel est la co-fondatrice de l'application "Lyynk", dédiée à la santé mentale des jeunes. Sur les réseaux sociaux, elle est suivie par près de 3 millions de personnes.

Un reportage de Manon Mella, journaliste à France Inter

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Transcription
00:00C'est hyper important de prendre soin de sa santé mentale, même quand elle va bien.
00:05Il ne faut pas attendre qu'on n'aille pas bien pour prendre soin de soi.
00:08On n'attend pas d'avoir des caries pour se brosser les dents, c'est la même chose.
00:11Hello ! Alors je suis très contente parce qu'aujourd'hui on va rencontrer Miel Habitbol.
00:15Elle a 17 ans, elle a créé l'application Link qui est dédiée à la santé mentale des jeunes.
00:20Et il y a quelques semaines, elle a interpellé le président Emmanuel Macron à ce sujet.
00:25Monsieur le président Emmanuel Macron,
00:27Il y a 4 ans, je vous ai envoyé un message le lendemain de ma première tentative de soin.
00:31J'avais seulement 13 ans, mais j'étais déjà révoltée face à l'inaccessibilité aux soins.
00:35Et si la solution finalement, ce n'était pas que d'augmenter les places en psychiatrie, mais aussi investir dans la prévention ?
00:40Là on va aller la retrouver, elle nous a donné rendez-vous devant l'hôpital Necker à Paris.
00:45C'est là où elle a été hospitalisée à l'âge de 13 ans, elle va nous raconter pourquoi.
00:49Bonjour, comment ça va ?
00:50Ça va et toi ?
00:51Bah moi ça va au top, tranquille.
00:53Ouais ?
00:54Devant quoi on est ici ?
00:56Bah on est devant l'hôpital Necker.
00:58Bah c'est là où je suis venue la première fois que j'ai été hospitalisée après une tentative, donc marquant quoi.
01:04On avance et comme ça on va discuter de tout ça ?
01:06Allez bah moi je te suis hein !
01:09Est-ce que tu peux juste nous expliquer pour qu'on comprenne ce qui s'est passé pour toi du coup, quand tu as été hospitalisée ici, brièvement ?
01:17Bah brièvement, quand je suis venue, je me suis retrouvée dans une chambre vide, dans l'unité des bébés, donc c'était pas la folie.
01:24J'ai pas trop kiffé. J'étais censée rester 48 heures en isolement, mais il n'y avait pas assez de place, donc j'ai dû partir au bout de 24 heures.
01:32Et bah pour au final faire une tentative dix jours plus tard, donc c'était des conditions très compliquées pour une jeune fille qui était déjà en détresse.
01:39Le truc c'est qu'aujourd'hui les systèmes, enfin les structures elles sont saturées, il y a trop de demandes pour le soin qui est disponible, et ça c'est un fait.
01:48C'est même pas une question de bonne volonté des soignants ou quoi que ce soit, pas du tout, c'est juste qu'il n'y a pas assez de personnes, il n'y a plus assez de moyens.
01:55Donc pour moi, c'est un problème qui est hyper important, et il faut faire en sorte, au lieu de juste rajouter des lits et des places en hôpital, et des soignants,
02:07il faut aussi faire en sorte que moins de jeunes, enfin de tous les âges, mais nous on est plus sur les jeunes, que moins de jeunes aillent à l'hôpital.
02:12Est-ce que ça te dit qu'on regarde ensemble, du coup, la réponse d'Emmanuel Macron, qui a du coup répondu à la vidéo, dans laquelle tu l'interpelles ?
02:25Je veux dire, je l'ai vu 50 fois, je peux l'avoir une voix de plus.
02:29Je vais bientôt organiser une rencontre à l'Elysée avec des associations désengagées, et Miel, je vous propose de venir avec votre groupe,
02:36pour qu'on en parle, pour qu'on travaille ensemble, et que vous nous aidiez dans ce travail.
02:40Pourquoi tu as fait cette vidéo ? À quel moment tu t'es dit, ça y est, je vais m'enregistrer, et je vais l'interpeller, et on va voir ce qui se passe ?
02:49En fait, moi, le lendemain de ma première tentative, quand j'avais fini à Necker, du coup, j'avais envoyé un message au président,
02:56parce que ça m'énervait, en fait, qu'il y ait aussi peu de moyens, qu'il y ait aussi peu d'accès aux soins.
03:01Nous, on a des actions à proposer, des courts termes, moyens termes, long termes, avec Link.
03:05Oui, c'est ça, par rapport à Link, mais même pas juste Link, c'est en général pour les jeunes, l'école, la pression, il y a plein de sujets qu'on va aborder.
03:13Après, désolé, je ne peux pas spoil les propositions.
03:16Tu ne peux pas raconter les propositions.
03:17Non, désolé, désolé.
03:19Mais on essaye d'inclure vraiment la communauté aussi de Link.
03:22On a fait un sondage, il y a déjà 8000 réponses, je crois, pour justement appuyer nos actions, appuyer nos propositions,
03:29montrer que les jeunes, ils sont vraiment demandeurs de solutions, d'aide et de soulagement un peu.
03:35Typiquement, il y a une ligne téléphonique qui existe depuis l'an dernier, je crois, le 30-18,
03:42et qui s'adresse justement aux jeunes qui sont victimes de harcèlement et de violences en ligne.
03:48Toi, qu'est-ce que tu penses du fait de créer comme ça des numéros verts, des lignes d'écoute ?
03:53Moi, je trouve ça génial, le 30-18, c'est en France, on a une vidéo sur YouTube par rapport à ça,
03:59on est allé s'infiltrer un peu, regarder comment c'était dans les backstage.
04:02Et c'est génial ce qu'ils font. Franchement, ils font un superbe travail.
04:06Le seul problème, c'est qu'ils ont un appel sur deux qui sont manqués parce qu'ils n'ont plus assez de moyens.
04:10Et c'est une association qui est censée être financée par l'État, par les dons et tout,
04:14mais en fait, ils n'ont pas assez de personnes pour répondre à tous les jeunes et à tous les gens qui les appellent.
04:20Donc, je pense qu'il y a un petit problème de moyens, mais je trouve que l'approche, elle est géniale.
04:24Du coup, la santé mentale a été déclarée grande cause nationale en 2025.
04:30Tu y crois, toi ?
04:32Moi, moi, j'y crois. Moi, j'y crois toujours.
04:37Jusqu'aujourd'hui, il n'y a pas mille et une choses qui ont été faites, ou en tout cas, on n'en a pas trop entendu parler, quoi, sur la santé mentale.
04:44Mais je pense qu'avec la vidéo que le président, il a fait, que ce soit pour l'image, que ce soit peu importe la raison pour laquelle c'est,
04:52il a remis le sujet sur la table publiquement. Il a fait des millions de vues sur sa vidéo.
04:56Et je pense qu'on peut être sur un bon départ.
05:00Il y a un chiffre dont je voulais te parler.
05:03Il y a la moitié des personnes qui ont connu des problèmes de santé mentale,
05:07qui ont rencontré au moins une fois un problème d'accès aux soins.
05:11Donc, impossibilité d'avoir un rendez-vous avec un psychiatre.
05:16Est-ce que toi, c'était ton cas ?
05:18Je suis déjà restée 17h ou 18h sur la chaise d'hôpital, en train d'attendre qu'ils me trouvent une place en psychiatrie.
05:24Et en fait, ils ne m'en ont pas trouvée.
05:26Donc, tu avais une jeune qui avait 14 ans, qui était en état de détresse absolue, qui avait besoin d'être hospitalisée.
05:31Moi, j'étais avec mon père. Il lui disait, oui, elle a besoin d'être prise en charge.
05:36Et en fait, ils n'avaient plus de place. Il n'y avait aucune place.
05:39Et mon père s'est démerdé.
05:41Pour me trouver une place en psychiatrie à Rouen.
05:44Donc, on est quand même allé un peu loin.
05:45Mais c'est pour ça que je dis quand même que j'ai eu de la chance d'avoir...
05:48J'ai un entourage hyper investi.
05:51Enfin, qui était en tout cas hyper investi dans ma santé mentale.
05:53Tu as été accompagnée par ta famille.
05:55Ce n'est pas forcément le cas de tout le monde.
05:56Mais d'ailleurs, toi, tu es suivie par des millions de gens sur les réseaux sociaux.
06:00Est-ce qu'il y a des personnes qui t'écrivent ?
06:03Et qu'est-ce qu'elles te disent ?
06:04Il y en a beaucoup qui me témoignent de leur histoire.
06:06Qui m'expliquent ce qu'ils ont vécu.
06:08Les complications qu'ils ont pu avoir.
06:10Les traumatismes et tout.
06:11En fait, ils m'expliquent.
06:13Et à la fin, ils me disent toujours.
06:14Il n'y a que toi qui peux comprendre.
06:16Il n'y a que toi à qui je peux raconter ça.
06:18Parce qu'en fait, ils se sentent hyper délaissés.
06:20Ils se sentent hyper mis de côté.
06:21Ils se sentent hyper rejetés par tous leurs proches.
06:23Par la société, par les adultes, par l'école, par tout le monde.
06:27Et ils cherchent une porte ouverte.
06:29Et ils savent que moi, je suis la première à avoir vécu des trucs.
06:32Ce n'est pas moi qui vais juger.
06:33Moi, c'est loin de moi, ça.
06:35Mais ils se sentent vraiment seuls.
06:39Si tu avais des conseils à donner aux jeunes en général
06:42par rapport à la santé mentale, ça serait quoi ?
06:45Moi, je leur dirais de bien choisir leur fréquentation.
06:49C'est trop important les fréquentations.
06:51On devient qui on fréquente.
06:53Donc pour moi, ça, c'est un point hyper important.
06:56Moi, je leur conseillerais l'art.
06:57Que ce soit dessiner, peindre, chanter, danser.
07:01Enfin tout, en fait.
07:01Il y a mille façons de faire de l'art aujourd'hui.
07:05Moi, je trouve ça génial.
07:06Je fais beaucoup de peinture, perso.
07:08Et ça fait du bien.
07:09De la peinture, d'extérioriser,
07:11de mettre sur toile ce que tu n'arrives pas à verbaliser.
07:15Oui, donc d'avoir vraiment des endroits comme ça
07:17où on peut s'exprimer, en fait.
07:20Oui, c'est ça.
07:21Qu'est-ce que tu penses justement du rôle
07:23que peuvent jouer les réseaux sociaux
07:24dans la santé mentale des jeunes ?
07:26Ils ont un rôle majeur, les réseaux,
07:28dans notre santé mentale aujourd'hui
07:29parce qu'ils font partie de notre vie.
07:31Donc forcément, il y a du pour et il y a du contre.
07:33Il y a des deux, comme dans tout.
07:35Et c'est vrai que les jeunes,
07:37ils sont un peu sur...
07:39On va dire que les réseaux,
07:40c'est un peu une cour de récré
07:41ouverte 24h sur 24 sans surveillant.
07:44Genre, c'est un peu la jungle, quoi.
07:46Donc tu peux tomber sur tout et rien.
07:48Et en fait, les jeunes,
07:49ils ne savent pas comment utiliser ces outils au début.
07:53Donc forcément, ils vont tomber dans des mauvais pièges
07:54et là, ça va les impacter négativement.
07:56Mais si on les éduque,
07:57si on leur apprend à faire bon usage des réseaux,
08:00ça pourrait changer la donne.
08:01Et je ne pense pas que les réseaux soient si négatifs que ça, perso.
08:05C'est l'usage des utilisateurs qui le rend négatif.
08:09Moi, aujourd'hui, c'est un outil hyper positif dans ma vie
08:11que j'adore, que j'utilise tous les jours et tout.
08:15Je kiffe.
08:16Et je sais que pour beaucoup de personnes,
08:17c'est très positif.
08:18Simplement, il faut apprendre à bien les utiliser.
08:22C'est tout.
08:22Moi, je leur dirais franchement,
08:24Lynx, c'est l'application que moi,
08:25j'aurais aimé avoir quand j'avais 12 ou 13 ans.
08:27Donc pourquoi je ne la recommanderais pas ?
08:30Pour prendre soin de soi, quoi.
08:31C'est hyper important de prendre soin de sa santé mentale,
08:35même quand elle va bien.
08:37Il ne faut pas attendre qu'on n'aille pas bien
08:39pour prendre soin de soi.
08:40On n'attend pas d'avoir des caries pour se brosser les dents.
08:41C'est la même chose.
08:43Donc, ce n'est pas que pour les jeunes qui vont mal,
08:44tout ce qu'on fait.
08:45Ce n'est pas que pour ceux qui sont en dépression,
08:47qui ont des troubles.
08:48Évidemment, ça peut les aider.
08:49Mais nous, on est là pour tous les jeunes,
08:51pour faire en sorte qu'en fait,
08:52s'il n'y en ait pas d'autres qui tombent
08:53dans ces schémas négatifs.
08:55C'est vraiment le rôle de la prévention, en fait.
08:57Et tu as confiance dans les politiques, toi ?
09:00Dans leur capacité à...
09:02Non.
09:03Non.
09:04Non, ça dépend.
09:06En vrai, on ne prend pas que le nom dans la vidéo.
09:08Non, non, mais tu...
09:09Oui, oui.
09:10Ça dépend, parce que...
09:13Beaucoup de politiques, c'est des discours.
09:16Après, c'est un peu ça, le principe de la politique,
09:18j'ai envie de dire.
09:18Mais c'est compliqué de faire que des discours
09:22quand on parle de santé mentale
09:24et de vie de jeunes
09:25et de suicide et de dépression.
09:27C'est difficile de juste parler
09:29et de rien faire après.
09:30Après, voilà, je ne dis pas
09:31que tout n'est pas perdu.
09:33Je ne dis pas que je n'ai plus d'espoir
09:34en la politique du tout
09:36et que ça n'avancera jamais.
09:37Pas du tout.
09:38Je pense qu'on peut faire avancer les choses.
09:40Oui, moi, je suis une meuf plutôt positive, finalement.
09:44Ben, trop bien.
09:44Merci beaucoup, Miel.
09:45Merci.
09:46C'est fini ?
09:46Oui, c'est fini.
09:47Bonne journée.
09:48Au revoir.

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