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  • 14/04/2025
Pendant un an et demi, il a intégré plusieurs services du ministère de l'Intérieur et découvert la réalité du terrain. Une bande dessinée est née de cette immersion : "A l'intérieur. Police, gendarmerie, opérations spéciales... Cinq saisons au cœur du plus secret des Ministères". Regardez l'interview e Mathieu Sapin.
Regardez L'invité de Céline Landreau du 14 avril 2025.

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Transcription
00:007h10, RTL Matin, Céline Landreau et Thomas Soto.
00:04Il est 8h et car l'interview de Céline Landreau au cœur de l'actualité pour une immersion inédite au sein du ministère de l'Intérieur, au sens large.
00:10On la doit à l'auteur et dessinateur de bande dessinée Mathieu Sapin qui nous raconte,
00:15crayons à la main les coulisses du plus secret des ministères, des commissariats, des brigades.
00:20Sa BD s'appelle A l'Intérieur, c'est publié chez Dargo Charivari.
00:23Bonjour et bienvenue à vous Mathieu Sapin.
00:25Merci.
00:25Bonjour. A l'Intérieur, chronique de 5 saisons passées au ministère de l'Intérieur, Thomas le disait,
00:31et dont vous avez visité toutes les arcanes du centre interministériel de crise de Beauvau, au terrain, partout ou presque.
00:37Manif contre la réforme des retraites, Mayotte, la préparation des Jeux Olympiques, la visite du pape à Marseille.
00:42Votre souvenir le plus marquant, si vous ne deviez ne retenir qu'une image ?
00:46C'est la séquence d'introduction, qui est assez longue,
00:49qui est avec les compagnies d'intervention, qui assurent le maintien de l'ordre dans les manifestations.
00:57Et donc moi, on m'a donné un casque et tout l'attirail pour accompagner ces compagnies d'intervention.
01:03Alors moi, je suis quelqu'un de très, très, comment dire, calme dans ma vie de tous les jours.
01:08Pacifiste revendiqué.
01:09Voilà, et de me retrouver comme ça, au milieu d'une manif, côté, alors ce n'est pas des CRS, mais c'est tout comme,
01:16mais en tout cas, côté Force de l'Ordre, c'est très impressionnant et très marquant.
01:21Enfin moi, c'est pour ça que j'ai ouvert l'album avec ça.
01:24Et aussi, il y a le côté Force de l'Ordre, mais il y a aussi, non pas les manifestants, mais les Black Blocks en face,
01:30qui, ça fait très, très peur.
01:32Moi, c'est la première fois de ma vie que j'ai en face de moi quelqu'un qui veut vraiment me dégommer.
01:36Et d'ailleurs, vous ne restez pas jusqu'au bout de la manifestation ?
01:39Non, non, j'ai fait la moitié, ça m'a largement suffi.
01:41Ça, c'est le terrain, le vrai, le plus dur peut-être.
01:45Vous racontez une autre scène en mai 2024.
01:47On vous oublie dans le centre interministériel de crise.
01:51Et vous assistez donc aux conversations entre ministres et militaires.
01:54C'est au début des affrontements en Nouvelle-Calédonie.
01:56Oui, oui, alors ça, c'était incroyable.
02:00Moi, je pensais que je n'aurais même pas l'occasion d'entrer dans cette salle.
02:03Mais finalement, j'étais accompagné de Camille Chaise, porte-parole du ministère à l'époque,
02:09et qui m'a dit, tiens, entre, on verra bien si tu peux rester quelques minutes.
02:14Et puis, en effet, comme vous le dites, on m'a oublié.
02:17Camille Chaise, on lui a demandé de sortir.
02:21Et puis, à un moment donné, les portes se ferment.
02:23Donc, c'est comme un bunker sous le palais de Beauvau.
02:25Et là, oui, j'étais comme dans un film d'action,
02:29à assister aux premières loges, à ces échanges de ministres,
02:34et qui étaient en duplex avec Nouméa.
02:36Vous avez pu tout raconter de ce que vous avez entendu ?
02:38Oui, alors c'était le contrat que j'avais, non pas signé,
02:42mais évoqué avec, à l'époque, Camille Chaise.
02:47C'était, il n'y a pas de relecture, et je peux raconter ce que je veux.
02:51Et c'est ce qui s'est passé.
02:52Il y avait Camille Chaise, à ce moment-là, au ministère de l'Intérieur,
02:56Gérald Darmanin, aussi, qui en était le ministre.
02:57Vous avez un tête-à-tête avec lui.
02:59Vous parlez d'abord BD, et puis, il est question de la mort.
03:03Celle des agents, d'abord un à deux policiers,
03:05toutes les trois semaines, vous dit-il, en ajoutant,
03:08je suis celui qui enterre le plus ses employés.
03:11Oui, oui, ça, c'est une phrase qui m'a marquée.
03:13Et la mort est très présente dans l'interview,
03:16parce qu'il parle aussi du fait que tous les jours,
03:19il y a, je crois, de mémoire, un meurtre ou deux.
03:21Trois homicides, c'est 900 homicides par an, dit-il.
03:26Et donc, à chaque fois qu'il y a eu un homicide en France,
03:29il reçoit un texto.
03:30Et donc, c'est comme bizarre, comme métier,
03:34d'avoir, dans sa journée, plusieurs textos
03:36pour annoncer la mort de Jean.
03:38Et ça, ça apparaît à plusieurs moments dans le livre,
03:40cette horreur qui devient le quotidien du ministre,
03:43mais aussi des agents sur le terrain.
03:45Oui, alors moi, j'essaie de contrebalancer ça avec de l'humour,
03:48parce que comme je me mets en scène dans l'album,
03:51et comme je suis un peu, j'ai un côté un peu Pierre-Richard,
03:54donc il y a en effet, d'un côté, la réalité du terrain et sa dureté,
04:00et puis aussi tout l'aspect social,
04:01parce qu'on est confronté dans ces métiers-là à la réalité sociale.
04:08Et puis, moi, au milieu, qui essaye de comprendre,
04:10qui essaye de suivre le mouvement,
04:11et qui, parfois, oublie la moitié de mes affaires derrière moi.
04:16Et ce qui est marquant, c'est que les agents sont très soucieux.
04:18Ça aussi, ça apparaît à plusieurs moments de l'image
04:20qu'ils renvoient d'eux, de l'institution même, j'allais dire.
04:24Ce qui m'a frappé, une des choses qui m'a frappé,
04:26c'est aussi cette espèce de fossé qu'il y a entre l'opinion publique
04:30vis-à-vis des forces de l'ordre, vis-à-vis de la police, de la gendarmerie,
04:33et eux qui, du coup, il y a une espèce de défiance mutuelle
04:39qui est ressentie aussi de leur côté.
04:42Et c'est vrai que j'ai l'impression que c'est quelque chose
04:44qui s'est exacerbé avec les années
04:45et qui n'est peut-être pas aussi marqué dans d'autres pays.
04:50Il y a quelque chose en France qui fait que, voilà,
04:53il y a une tension permanente.
04:56D'ailleurs, vous-même, vous expliquez avoir hésité à accepter ce projet
04:59parce que vous êtes, je vous cite, un pacifiste dessinateur de BD.
05:04De gauche, ça va sans dire.
05:05Vous aviez peur de quoi de passer pour un réac avec un livre comme ça ?
05:08Je sais qu'il y a des idées très vite toutes faites.
05:12Donc, en fait, moi, quand j'essaye d'aborder un sujet comme celui-ci,
05:16je n'ai pas d'a priori.
05:17Je me dis...
05:18Donc, en effet, au départ, j'ai un peu réfléchi avant d'y aller.
05:21Mais une fois que j'y vais, j'y vais sans a priori
05:23en me disant, on verra bien ce que je vais trouver et comment...
05:26Mais je sais qu'il y a, oui, il y a beaucoup de gens pour qui police, égale, droite, et voilà.
05:30Et votre regard a changé avec cette immersion sur la police, justement ?
05:33Oui, dans le sens où j'ai vu des gens, tout simplement.
05:37Et moi, c'est ça qui m'intéresse, c'est de montrer les gens,
05:40montrer la variété des personnalités
05:43et puis d'essayer de comprendre qui sont ces personnes.
05:47Il y a une autre personnalité que vous avez suivie il y a quelques années, Mathieu Sapin.
05:51C'est Gérard Depardieu.
05:52Vous l'avez accompagné, rencontré de multiples reprises pendant cinq ans.
05:54L'acteur a été jugé fin mars pour agression sexuelle.
05:58Le parquet à requêt 18 mois de prison exurcie, 20 000 euros d'amende.
06:01Jugement rendu le 13 mai prochain.
06:03Quel regard vous portez sur tout ça ?
06:06Oui, je ne suis pas du tout à l'aise avec ça.
06:11J'ai été beaucoup sollicité.
06:13Moi, je n'ai pas souhaité m'exprimer
06:14parce que je n'avais pas spécialement de choses nouvelles à dire
06:17ou je n'ai rien vu de moi particulièrement répréhensible
06:22à part des propos, mais ça, on le sait.
06:26Et ce que j'ai noté, en revanche,
06:28c'est que là encore, c'est très difficile d'avoir du recul
06:35sur des sujets comme ça qui sont très sensibles.
06:38Et par exemple, je constate quand je vais maintenant en dédicace ou en festival
06:40que ma bande dessinée, elle n'est plus présente.
06:43Et ça, ça m'étonne parce que ça veut dire qu'on ne peut plus parler
06:46de sujets comme ça sans être soit partisans d'un côté ou de l'autre.
06:51Il y a une case dans cette BD Gérard
06:54où on voit Gérard Depardieu qui vient de faire un selfie avec une femme
06:58et qui vous dit, elle portait un string, j'ai senti la ficelle quand j'ai passé
07:02et pardon pour l'expression, ma main sur son cul.
07:05On vous voit lui répondre, ah c'est pour ça qu'elle est partie en tirant la gueule.
07:08Cette case-là, vous la redessineriez aujourd'hui ?
07:12Je réfléchirais à deux fois, mais moi ce qui m'avait marqué à l'époque,
07:17c'est d'abord, c'est des propos qu'il me tient.
07:21Donc je n'ai pas constaté la chose, je ne doute pas, j'en sais rien.
07:25Mais c'est le côté provocateur qu'il peut avoir
07:30et la femme dont vous parlez étant à l'époque la nièce du président d'Azerbaïdjan.
07:34Donc il y avait un côté complètement fou en fait dans ce qu'il me dit.
07:40Encore une fois, je ne parle pas d'acte, je parle de paroles.
07:43Et c'est pour ça que je l'ai raconté parce que ça fait partie du personnage.
07:46Et quand je suis beaucoup sollicité sur lui, sur Gérard Depardieu,
07:50moi je dis aux gens, lisez ma bande dessinée parce que j'ai toujours,
07:54dans cette bande dessinée, je n'ai rien caché, j'ai montré tout ce que j'ai vu
07:57et à chaque fois, on m'a dit, c'est vraiment lui.
08:00Mais encore faut-il la trouver puisque, comme je vous le disais,
08:03elle est moins facile à trouver aujourd'hui.
08:05La prochaine, ce sera sur Notre-Dame de Paris, c'est pour quand ?
08:09Fin de l'année.
08:11Et sans attendre, donc à l'intérieur, plongée dans le ministère de l'Intérieur,
08:14le plus secret des ministères, c'est chez Dargo Charivari,
08:17et déjà en librairie.
08:18Merci Mathieu Sapin.
08:19Merci Mathieu Sapin.

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