Dans son édito du 14/04/2025, Thomas Bonnet revient sur les relations entre Alger et Paris.
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00:00Si vous pensiez que les relations entre Paris et Alger étaient désormais apaisées,
00:06et bien voilà une affaire qui va complètement à l'inverse de cette idée reçue.
00:10Une nouvelle affaire qui relance donc les tensions entre les deux pays.
00:14L'ambassadeur de France a été convoqué une fois de plus
00:17et on apprend donc désormais que 12 agents français sont sommés de quitter le territoire algérien.
00:24Ils ont 48 heures pour partir, c'est totalement inédit.
00:27Et alors rappelons que tout cela part d'une affaire qui se déroule à la base sur le sol français.
00:32Des ressortissants algériens qui fomentent des plans d'enlèvement, voire d'assassinat.
00:36Et c'est le pouvoir algérien qui s'offusque quand les autorités françaises réagissent
00:40et procèdent à des interpellations. C'est le monde à l'envers.
00:42Alors Jean-Noël Barraud a réagi au communiqué algérien.
00:46Il demande aux autorités algériennes de renoncer à ces 12 expulsions
00:50et il prévient si la décision de renvoyer nos agents a été maintenue,
00:53nous n'aurons d'autre choix que d'y répondre immédiatement.
00:56C'est une instrumentalisation politique de cette affaire par le régime algérien ?
01:00Oui, ça ne fait aucun doute.
01:02Les agents visés par ces expulsions sont tous sous l'autorité du ministère de l'Intérieur.
01:07Information de nos confrères du Figaro.
01:10Il y a également ce communiqué publié ce week-end par Alger
01:13et qui donne la couleur politique de ces annonces.
01:16Parmi les 10 points exposés dans le texte,
01:19l'un consiste à dire que ce qui est présenté comme un tournant judiciaire inédit
01:22vise, je cite, à torpiller le processus de relance des relations bilatérales
01:26entrepris lors de l'échange téléphonique entre les deux présidents.
01:30Traduction, Bruno Rotaillot, amère de la stratégie de l'apaisement,
01:34aurait commandité une enquête visant un agent consulaire algérien.
01:38La diplomatie algérienne fait preuve en l'occurrence d'une méconnaissance totale de nos institutions.
01:43L'indépendance du parquet national antiterroriste n'est plus à démontrer.
01:46Et il se trouve que le parquet agit en plus sous l'autorité du ministère de la Justice
01:50avec à sa tête Gérald Darmanin et non pas Bruno Rotaillot.
01:53Gérald Darmanin qui lui a toujours été partisan d'un dialogue avec Alger.
01:58Le faux procès n'est donc pas celui qui pourrait s'ouvrir à Paris,
02:01mais bien celui du pouvoir algérien contre le ministre de l'Intérieur français, Bruno Rotaillot,
02:06qui d'ailleurs est actuellement en déplacement au Maroc.
02:10Et ce n'est sans doute pas étranger à ses intentions de l'Algérie.
02:13Alors Thomas, est-ce que ce nouvel épisode peut remettre en cause la normalisation des relations entre les deux pays ?
02:20Il conforte en tout cas dans l'idée que l'Algérie n'a définitivement pas envie de tourner la page.
02:25Malgré les génuflexions répétées de nos dirigeants, le ton du régime algérien ne s'est pas apaisé.
02:30On a bien compris que le Quai d'Orsay avait pour objectif de faire profil bas
02:34en croisant fort les doigts pour que Boalem Sansal soit libéré rapidement.
02:38C'est ça aujourd'hui la stratégie de la diplomatie française,
02:41sans remettre au bon vouloir du président algérien.
02:44Placer le destin de notre compatriote dans l'aléatoire de sa clairvoyance,
02:48pour reprendre le terme d'Emmanuel Macron.
02:51Cette affaire, ces expulsions inédites,
02:53c'est le réel qui éclate au visage de ceux qui ont joué l'apaisement.
02:57Parce que nous avons beau fuir le rapport de force,
02:59il continuera de s'exercer avec ou malgré nous.
03:04Sous-titrage Société Radio-Canada