En déplacement dans les Pyrénées-Atlantiques auprès de la force frontière, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau est revenu sur plusieurs sujets d'actualité.
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00:00La question des frontières est une question importante.
00:02Je veux rappeler que c'est d'abord une question de fermeté.
00:06Un pays, c'est un dedans et un dehors.
00:08Donc, les frontières.
00:10Et la France, ce n'est pas un lieu de passage où on pourrait passer n'importe comment.
00:15Ce n'est pas un hall de gare.
00:18Et la question des frontières, je veux rappeler que c'est aussi une question de sécurité.
00:22On sait, depuis notamment le Bataclan, que dans les flux migratoires peuvent se glisser malheureusement.
00:27des individus qui peuvent être dangereux.
00:30Donc, je suis venu ici, à cette frontière qui est importante pour nous, sur les Pyrénées,
00:36frontière qui sépare deux pays, l'Espagne et puis la France,
00:40pour illustrer un cas très, très pratique, très concret,
00:43de notre stratégie de fermeté, de défense de nos frontières.
00:48C'est à la fois des moyens juridiques et opérationnels.
00:51Les moyens juridiques, j'ai signé, il y a quelques jours,
00:54une demande auprès de la Commission européenne pour prolonger le 6 mois,
00:58le contrôle intérieur de nos frontières.
01:01Voilà, ça c'est les moyens juridiques.
01:03Les moyens opérationnels, vous savez que, contrairement à d'autres pays européens,
01:07la France ne dispose pas d'un corps unifié de garde-frontière.
01:12Mais nous avons mis en place un État-major, mais surtout de force,
01:17la force frontière, qui permet d'amalgamer quatre forces différentes.
01:22Bien sûr, les forces de sécurité intérieure, la police nationale, police aux frontières,
01:27la gendarmerie nationale, les douanes, et y compris, fontinelles, l'armée française.
01:35Ça, c'est ce qui compose la force frontière.
01:38Il y a eu, il y a quelques jours, une méthode opérationnelle qui a été testée ici,
01:43c'était à la fin du 20 mars, 350 effectifs ont pu être déployés,
01:49avec l'interpellation de 144 étrangers en situation irrégulière.
01:56Ça ne s'arrête pas là, je veux dire que ces phénomènes migratoires
02:00ne sont pas, si j'ose dire, totalement non provoqués, en tout cas, le fait du hasard.
02:08Il y a derrière des trafiquants d'êtres humains, qui sont violents.
02:11Il y a derrière des filières qui sont très, très organisées,
02:16parce que ça rapporte de l'argent, ça rapporte beaucoup d'argent,
02:19au mépris parfois de vies humaines, au mépris de la dignité d'hommes et de femmes
02:23qui sont poussées sur les routes de l'exode, sur les routes de la migration.
02:28J'installe actuellement une cellule, qui sera une cellule de renseignement,
02:34qui va nous permettre de mieux lutter contre la filière des passeurs.
02:37Il y a deux mois, au mois de février, on a installé, près de Paris,
02:41justement, une cellule qui s'appelle la Certime,
02:44où on regroupe l'essentiel de nos forces en termes de renseignement.
02:48Et là encore, c'est interministériel.
02:50Il y a bien sûr le renseignement qui dépend du ministère de l'Intérieur,
02:54il y a le renseignement qui dépend de Bercy, les douanes et autres,
02:57et le renseignement qui dépend du ministère de la Défense.
03:01L'idée, c'est qu'on décloisonne l'État, trop souvent l'État est décloisonné,
03:06en face de réseaux qui sont totalement, eux, structurés, organisés,
03:10et qu'on puisse échanger le renseignement pour être beaucoup, beaucoup plus efficaces.
03:15Et la première cellule, aujourd'hui, de la Certime, c'est à Paris,
03:19la première cellule qui est délocalisée dans une zone,
03:22c'est ici, dans la zone, donc ici, donc Pyrénées.
03:25Il y aura ensuite une duplication dans les autres zones, sur chaque frontière,
03:31et ensuite, il y aura une duplication dans chaque département
03:36qui compose les zones frontalières françaises.
03:40Je veux dire aussi, ça n'est pas le cas là, mais c'est le cas au niveau national,
03:43qu'on a aussi une tax force qui permet de traquer les flux financiers,
03:48puisque tout ça, c'est une affaire d'argent, une fois de plus,
03:52puisque ces gens-là, ce sont des esclavagistes,
03:55ce sont les trafiquants d'êtres humains,
03:58et on les combat, là aussi, en essayant de tracer les flux financiers,
04:03là encore, avec une force du ministère de l'Intérieur,
04:06et notamment, Prat-de-Femme, qui dépend de Bercy.
04:11Voilà l'idée que je voulais illustrer aujourd'hui,
04:15avec beaucoup, beaucoup de résultats, on l'a vu avec le préfet,
04:18avec l'ensemble des forces qui sont sur la zone.
04:21Je veux dire qu'on a une très bonne coopération avec l'Espagne,
04:25ça y tient beaucoup, on a des patrouilles qui sont des patrouilles conjointes,
04:31et je m'entretiens très régulièrement avec mon homologue que j'ai rencontré à Londres,
04:35il y a une dizaine de jours, puisqu'il y avait un grand sommet,
04:38qui a réuni 40 pays à Londres, sur notamment les filières, sur l'immigration,
04:43et je veux dire aussi, mes remerciements, je l'ai fait en direct,
04:48avec mon homologue espagnol, puisque l'Espagne a concouru aux grands, grands coups de filet
04:54que nous avons faits, notamment après l'arrestation en Roumanie,
04:58à Bucarest, de Mohamed Amra,
05:02vous savez qu'il y a eu ce type qui, c'est un narcotrafiquant,
05:06qui s'était évadé, et lors de l'évasion, il y a eu deux agents pénitentiels
05:11qui ont été froidement abattus, on a bien entendu pu arrêter cette tête,
05:18en sens, si je dis ce narcotrafiquant, et plusieurs dizaines d'arrestations ont été faites
05:22dans des pays aussi différents que l'Espagne, le Maroc, la Thaïlande, etc.
05:27Donc il faut que les narcotrafiquants sachent que, de tout à l'heure,
05:30ça prendra du temps, mais on les aura.
05:33Justement, c'est ici un passage très utilisé par les trafiquants de l'Ordre,
05:37qui est régulièrement des narcotrafiquants.
05:39Est-ce qu'il y aura des moyens supplémentaires ?
05:48On s'organise, et vous savez, on a des saisies qui sont de plus en plus importantes.
05:53Les douaniers m'ont montré une cage dans une voiture,
05:56ils sont saisis 16 kilos de résine de cannabis,
06:00mais c'est quasiment chaque jour et chaque semaine que l'on fait d'énormes saisies.
06:04Il y a quelques jours, on a fait une saisie, c'était la première saisie avec une technique que les trafiquants ont,
06:11ça s'appelle en anglais, pardonnez-moi, le drop-off,
06:13c'est-à-dire qu'ils sont sur des bateaux, sur des cargos,
06:16et ils se délestent en mer sur des ballots qui sont flottants,
06:20et c'était des pêcheurs qui étaient venus les récupérer.
06:23On a pu récupérer 630 kilos de cocaïne, il faut savoir que c'est l'équivalent de 37 millions.
06:29Quelques jours auparavant, c'était plus de 800 kilos, etc.
06:35Entre 2023 et 2024, on n'a plus que doublé les saisies de cocaïne.
06:39En 2023, c'était 23 tonnes, en 2024, c'était 53 tonnes.
06:44Donc nos services sont de plus en plus performants,
06:47et je veux saluer vraiment l'action de tous,
06:49aussi bien les services qui dépendent de mon ministère de l'Intérieur,
06:52les forces de sécurité intérieure, la police nationale, la gendarmerie nationale,
06:56et je veux évidemment associer les douaniers, qui sont aussi, à nos côtés, très performants.
07:03Donc ce dispositif va être généralisé, on va le retrouver aussi à Calais, par exemple ?
07:07On va le retrouver, alors à Calais, on a un dispositif beaucoup plus important,
07:11mais vous avez raison de parler de Calais,
07:13puisqu'il faut savoir que ces trafiquants d'êtres humains font passer des migrants ici.
07:19Et une bonne partie se dirige, notamment dans le Calaisie, en tout cas dans le Pas-de-Calais,
07:24pour pouvoir traverser la Manche, et malheureusement, l'an dernier, on a eu 80 morts.
07:31Ils traversent dans des conditions qui sont épouvantables, absolument épouvantables.
07:35On entasse des dizaines et des dizaines de personnes dans des canaux qui sont des canaux très peu chers.
07:41Ils ont même pas de... ils ont un fond, dit qu'il était un fond, simplement en plastique,
07:45et au moindre pépin, ils se replient comme un portefeuille,
07:48et ce sont souvent des enfants, des femmes qui meurent.
07:51J'ai vu des images, j'ai vu des images de ces trafiquants, de ces filières,
07:57qui, avec des bâtons, tapent sur des femmes, sur des enfants,
08:00qui, au dernier moment, au moment d'embarquer sur ces bateaux,
08:03se rendent compte que la mer n'est pas bonne, que les bateaux présentent des risques,
08:06et c'est à coups de bâton qu'il est force à monter, à grimper sur ces bateaux.
08:12Donc ce que je veux dire, c'est que ceux qui encouragent les migrants,
08:15encouragent aussi les filières, et participent à un commerce international qui est inhumain.
08:22Voilà ce que je veux dire.
08:24Sous prétexte d'une fausse générosité, bien souvent,
08:27on commet et on aide, en réalité, un trafic qui est abominable.
08:32Est-ce que les opérations de contrôle telles qu'elles ont été faites fin mars
08:36sont amenées à être renouvelées ?
08:38Bien sûr.
08:39À quelle fréquence, est-ce que... comment ça se décide ?
08:41Cette fréquence, elle sera inopinée.
08:43Il faut que ce soit opportun.
08:45Ça se décidera département par département.
08:48Ce que je veux dire, c'est que les contrôles aux frontières
08:51ne se contentent pas d'un péage, par exemple.
08:55On fait des contrôles en profondeur, dans la bande de 20 km,
08:58mais au moment où on a fait cette opération, un peu coup de poing,
09:02nous avons été contrôlés très, très en profondeur
09:05sur quasiment l'ensemble des départements de la région de Nouvelle-Aquitaine.
09:10Donc, c'est des opérations qui sont très, très lourdes,
09:12qui se déroutent sur le linéaire, bien entendu,
09:15sur les linéaires de la frontière,
09:17en profondeur sur la bande de 20 km,
09:19mais aussi au-delà de la bande de 20 km.
09:22Et les dérogations à laquelle vous faites référence
09:25auprès de la Commission européenne,
09:26qui dure depuis la période des attentats, s'il vous plaît appétit ?
09:28Ça dure, vous avez raison, ça dure depuis novembre 2015.
09:32Pareil, là aussi ?
09:33Tous les six mois, tous les six mois.
09:34Tant qu'on aura une menace terroriste,
09:38tant qu'on aura une pression migratoire.
09:41Je veux dire que depuis que j'étais installé au ministère de l'Intérieur,
09:44c'est pas moins de six attentats terroristes qui ont été déjoués.
09:48Donc, là encore, et vous vous souvenez, à Mulhouse aussi,
09:51on a eu un attentat qui était, lui, malheureusement mortel.
09:55Donc, de six mois en six mois,
09:56on demande le renouvellement de cette autorisation
09:59à la Commission de Bruxelles.
10:01Moi, je pense qu'il faut, compte tenu de cette pression migratoire,
10:05compte tenu de ces menaces en termes d'attentats,
10:08une double membrane.
10:09Une membrane aux frontières extérieures de l'Union européenne.
10:13J'ai à côté de moi une députée européenne.
10:16Ça, c'est la protection des frontières de l'Europe.
10:20Mais aussi une membrane intérieure.
10:22Les traités, bien entendu, l'ont prévu.
10:25Et ça nous permet de les activer quand il y a une crise,
10:28une menace précise.
10:29Et c'est le cas actuellement.
10:31Vous avez vu que l'Allemagne, elle-même,
10:33il y a quelques semaines, a demandé le contrôle dans ses frontières intérieures.
10:36Emmanuel Macron se dit confiant sur le retour de l'Union européenne sociale.
10:42Est-ce que vous partez avec cette opinion ou en est le dossier ?
10:45Emmanuel Macron, oui, j'ai vu, bien entendu, cette déclaration.
10:51Il a aussi ajouté qu'il attendait des résultats.
10:53C'est exactement ma position.
10:56J'ai assumé un rapport de force avec l'Algérie.
11:00Je veux dire que ce rapport de force,
11:01il a été aussi assumé par l'ensemble du gouvernement.
11:03François Béroux, qui présidait le Conseil interministériel de contrôle de l'immigration,
11:08avait ratifié cette idée, cette stratégie d'une riposte graduée.
11:12Puisque ce que je veux rappeler, c'est qu'à Mulhouse,
11:16malheureusement, si l'Algérie avait tenu compte de ses obligations,
11:21si l'Algérie avait respecté le droit,
11:23à la fois le droit international,
11:25mais le droit que nous nous sommes donnés,
11:26l'accord de 1994,
11:28cet Algérien n'aurait pas dû être à Mulhouse,
11:31il n'aurait pas dû être en France,
11:32il aurait dû être en Algérie.
11:34A 14 reprises, nous avions présenté ce ressortissant algérien
11:39aux autorités algériennes qui l'avaient refusé.
11:42Donc, moi, mon obsession, c'est la sécurité des Français,
11:45la protection des Français.
11:47Ce que je souhaite, c'est qu'enfin, on sorte de cette crise
11:50et qu'on obtienne des résultats.
11:52Les résultats, pour moi, c'est bien entendu la libération de Boilem Sansal,
11:56c'est un cas humanitaire,
11:57il a 80 ans et il a un cancer.
12:01Mais le résultat qui m'intéresse, pour ma part,
12:05c'est que l'accord de 1994 soit scrupuleusement respecté.
12:10La France respecte tous les accords qu'on a avec l'Algérie,
12:14nous les respectons.
12:15Donc, nous attendons de l'Algérie la même chose,
12:18pour qu'elle puisse réadmettre les individus
12:20qui doivent être sur le sol algérien,
12:22et certainement pas en France.