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RTL vous a parlé de ce caïd du grand banditisme à Marseille qui risque toujours trois fois la perpétuité, mais qui a été libéré pour la deuxième fois, suite à l'erreur d'un magistrat. Une nouvelle illustration du SOS lancé par la justice dans le sud de la France, où s'est rendue Cindy Hubert : l'explosion de ces dossiers menace d'emboliser totalement la justice à tous les niveaux, avec à la clé le risque de remise en liberté de détenus dangereux.

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Transcription
00:00RTL événement
00:02Et l'événement ce matin sur RTL, c'est cette justice qui craque à cause de l'ampleur du narcotrafic.
00:08On vous parlait hier de Pascal Gomez, ce caïd marseillais libéré suite à l'erreur d'un magistrat.
00:14Énième illustration, Amandine, d'une situation qui n'est absolument plus tenable.
00:17Oui, ça fait des mois que les magistrats, notamment ici dans le sud, s'en inquiètent publiquement.
00:22Bonjour Cindy Hubert.
00:23Bonjour.
00:24Le procureur général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence vous a d'ailleurs tenu des propos qui font froid dans le dos.
00:30Je le cite, 2026 sera l'année de la submersion en matière criminelle.
00:35Oui, c'est mathématique. La situation est déjà très très alarmante en termes de stock.
00:39Il y a aujourd'hui 400 dossiers criminels qui attendent d'être jugés.
00:43Or, il va falloir ajouter à cela les 50 narcomicides qui ont eu lieu à Marseille en 2023.
00:49C'était l'année de tous les records.
00:51Et ce qu'il faut bien comprendre, c'est que juger des barons de la drogue ou des tueurs à gâche l'apprend parfois des mois.
00:57Franck Rastoul redoute donc de laisser en bas de la pile des milliers de dossiers en souffrance, y compris de viols, malgré des efforts considérables.
01:04Et tous nos efforts, c'est déjà, si vous voulez, pour privilégier les dossiers avec des accusés détenus,
01:09ne plus audiancer les dossiers avec des accusés libres.
01:12Et avoir de fait, aujourd'hui, des délais qui ne sont plus entendables,
01:16puisque on peut, hélas, aller jusqu'à 75 mois d'attente.
01:1975 mois, c'est 6 ans.
01:21Effectivement. Donc, on voit bien que le système, il est à bout de souffle.
01:25Le système est à bout de souffle, Cindy.
01:27Le risque, on l'a bien compris, c'est de voir potentiellement libérer un individu dangereux.
01:32On en est là.
01:32Oui, c'est automatique si la justice ne réussit pas à juger dans les délais légaux.
01:36Nathalie Roche, du syndicat de la magistrature, est juge d'instruction à Marseille.
01:41Elle a toujours le regard sur la montre.
01:42On a toujours en tête les difficultés à faire rentrer dans des toutes petites boîtes des très très gros dossiers.
01:49Quoi qu'on fasse, on sent que ça va être embolisé, donc on est très inquiet.
01:52Je ne pense pas qu'on en ait du tout à se dire qu'on ne va pas interpeller certaines personnes,
01:55parce qu'on sait qu'on ne pourra pas les juger.
01:56Mais il ne faudrait pas qu'on en arrive là.
01:57La juge me montre le petit tableau rempli de fiches bristoles derrière son bureau
02:02pour ne pas rater une échéance en termes de détention, une charge mentale perpétuelle,
02:07d'autant que dans ces affaires de narcotrafic, les avocats n'hésitent pas à traquer la moindre erreur
02:12et c'est leur droit devant les chambres de l'instruction qui croulent aujourd'hui sous les recours,
02:17ralentissant encore un peu plus les procédures.
02:19Des avocats, en tout cas certains avocats, Cindy, qui sont aujourd'hui pointés du doigt
02:23car ils n'hésitent pas à recourir à des stratagèmes, on va dire, pour faire libérer leurs clients narcotrafiquants.
02:29Oui, cela peut être une demande adressée simplement au greffe,
02:32alors que la cour d'appel compte des dizaines de bureaux.
02:35Un courrier qui cite juste l'article de loi, sans écrire « demande de mise en liberté ».
02:40Pour le procureur général d'Aix-en-Provence, ce sont des pièges tendus à la justice.
02:44On est dans la volonté de tromper le juge, et ça ce n'est pas entendable,
02:48et pour ne parler que de Marseille,
02:49quand vous avez 830 détenus incarcérés pour de la délinquance organisée,
02:54nous gérons des milliers de demandes de mise en liberté.
02:57Parfois, c'est quasiment des demandes de mise en liberté mitraillette,
02:59c'est-à-dire que vous avez à peine statué, qu'il y en a une autre qui arrive.
03:02Donc il faut simplement comprendre que ce n'est pas loin d'être de l'ordre du tsunami.
03:06Faut-il pour autant jeter le discrédit sur toute une profession ?
03:10S'insurge maître Charlotte Césari.
03:12L'avocate défend régulièrement des accusés de grand banditisme,
03:15et clairement pour elle, la misère de la justice n'est pas la fouille des avocats.
03:18La véritable solution, c'est mettre des moyens avec des magistrats, avec des greffiers,
03:23et à ce moment-là, il y aura une véritable réponse pénale à un phénomène sociétal.
03:27Depuis quelques mois, en tout cas, la tension est telle
03:30que la Cour d'appel a mis en place une cellule d'analyse pour revenir sur chaque loupé,
03:34et selon nos informations, depuis sa création au printemps dernier,
03:38il y a eu 19 détenus remis en liberté.
03:41RTL événement signé Cindy Hubert. Merci à vous.
03:44Sous-titrage Société Radio-Canada

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