Entre 1963 et 1966, Éveline Le Bris a vécu l'enfer dans l'institution religieuse du Bon Pasteur d’Angers puis du Mans. Violences physiques, humiliations, isolement… À 78 ans, elle brise le silence et témoigne de ces années marquées par la souffrance et l'injustice.
Placée dans cette maison de correction après avoir été victime d’un viol à 11 ans, Éveline raconte les punitions arbitraires, les traitements médicamenteux imposés, et l'absence totale de soutien. Aujourd'hui, elle se bat pour la reconnaissance des victimes.
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NewsTranscription
00:00Il fallait faire front aux bonnes sœurs, il fallait leur tenir tête,
00:04parce qu'il y a des choses qui étaient franchement injustes.
00:07Marie-Christine, par exemple, elle avait vomi dans son assiette.
00:10La bonne sœur qui était là au réfectoral lui a fait manger tout son vomi.
00:14On ne peut même pas me dire que c'est être humain, ça.
00:18Non, non, ça c'est de la méchanceté pure.
00:20C'était bonne qu'à manger de la merde.
00:23Voilà ce que ça voulait dire.
00:24Evelyne Lebris est une ancienne pensionnaire du Bon Pasteur,
00:27une maison de rééducation religieuse.
00:29Entre 1963 et 1966, elle y a effectué deux séjours, l'un à Angers et l'autre au Mans.
00:35Aujourd'hui, âgée de 78 ans, elle témoigne des violences physiques et psychologiques
00:40qu'elle a subies de la part des religieuses.
00:42À 11 ans, j'ai été violée par un voisin qui aurait pu être mon grand-père, il avait plus de 60 ans.
00:48Il m'avait dit « si tu dis quelque chose, je purais tes parents ».
00:52Mais à l'époque, on ne réfléchit pas.
00:57La question qu'on se pose, c'est comment je vais faire si je dis quelque chose
01:02et qu'ils tuent les parents, comment je vais faire avec mes frères et sœurs ?
01:05C'était moi l'aînée.
01:06Ça a duré plusieurs années, trois ans je crois.
01:09Parce qu'en plus, c'était un ivrogne.
01:11Il est allé au café et il a raconté ce qui me faisait subir.
01:15À ce moment-là, je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai un trou là.
01:19Un trou certainement volontaire, pas volontaire, pour me préserver.
01:25Et à la suite de ça, moi j'étais au tribunal, mais sans mes parents, sans avocat, sans rien, en tant que témoin.
01:32Et puis bon, lui, il a pris huit mois de prison ferme.
01:34J'étais placée dans un foyer, on va dire un foyer de l'enfance, à Chartres.
01:39De juin à octobre 1963, on m'a emmenée à Angers, au bon pasteur d'Angers.
01:45Ça a été décidé par un juge pour enfants que je n'ai jamais vu.
01:49Et à la suite de ça, on m'a emmenée au Mans.
01:51Et je suis restée de octobre au 24 décembre 1966.
01:56L'institution du bon pasteur du Mans accueillait environ 250 jeunes filles par an.
02:00Il y a eu une fille au Mans qui s'est défenestrée.
02:04Il y a eu une fille à Angers.
02:06Elle, elle dormait à côté de moi.
02:08Elle avait bu la bouteille de l'argatil.
02:10C'était un neuroleptique en gouttes.
02:13Pendant 8-10 jours, on ne l'a pas vue.
02:15Elle était dans son lit.
02:17Elle était de couleur olive.
02:18Quand elle n'arrivait pas à bout de nous, il y avait la camisole chimique.
02:23Moi, j'avais de la tarax.
02:25J'en avais trois par jour.
02:27J'étais comme un zombie et je marchais au radar.
02:30J'ai encore l'ordonnance, là.
02:32D'un psychiatre que je n'ai jamais vu.
02:35Toi, tu morfles.
02:37Moi, je n'ai pas fugué parce que j'avais un peu la trouille de savoir comment j'allais faire.
02:42Et qui j'allais rencontrer de mauvais sur mon passage.
02:45C'était perfide parce qu'on ne savait pas qui était visé et pourquoi.
02:50Il fallait trop faire rien, des fois.
02:52Je me souviens, mais ce jour-là, j'ai fait du mitard.
02:55Il y avait la Ducrist.
02:57Je l'appelle comme ça.
02:58Elle en voulait à une fille et elle avait un œil de verre.
03:02Et l'autre, elle lui tournait le dos, mais elle se moquait d'elle.
03:05Marie s'est rendue compte qu'elle se moquait d'elle.
03:08Elle l'a chopée comme ça, elle la décalotait, elle lui a enlevé son voile.
03:12Et moi, j'ai lâché, oh, pour une fois qu'ils prennent l'air.
03:19On a été punis toutes les deux.
03:20Au mitard, j'ai dû faire huit jours.
03:22Un matelas pourri par terre.
03:25Une couverture dans le meilleur décor.
03:27Un seau hygiénique dans un coin.
03:30Quand il était plein, puis que tu avais une envie pressante,
03:33tu te mettais dans un coin et puis voilà, le plus loin possible du matelas.
03:38En quatre ans, j'ai vu une fois un contrôle.
03:42Il était venu dans notre classe et voilà, ça s'est arrêté là.
03:45Mais c'est la seule fois où j'ai vu quelqu'un.
03:47Pas d'assistante sociale, pas d'éducatrice, personne.
03:51Elle nous avait inculqué la honte de ce qu'on était.
03:54Et de ce qu'on n'était pas.
03:56De ce qu'elle, elle pensait de nous.
03:58Ce n'était pas obligatoirement la même chose.
04:01Ça m'a fragilisée parce que pendant quatre ans, en fait,
04:04jusqu'à temps que je me marie, j'en ai jamais parlé.
04:08Je préférais oublier.
04:11Alors la seule chose que j'ai dit à mon mari,
04:13j'ai été chez les bonnes sœurs.
04:14Et comme il n'a pas cherché plus loin, j'ai rien dit.
04:18Evelyne a co-créé le collectif des victimes du bon pasteur d'Angers
04:21il y a maintenant dix ans.
04:22J'ai commencé à chercher un peu, savoir où étaient les filles.
04:26Alors il y en a beaucoup sur Copain d'avant.
04:28J'en ai retrouvé une ou deux, par-ci, par-là.
04:32Toutes, elles ont une information, c'est à moi qu'on la donne.
04:35Ça fait quand même presque dix ans que l'association essaie de se faire entendre.
04:40On attendait une commission d'enquête et elle est arrivée plus vite que prévu.
04:45On a profité de l'occasion et on nous a laissé une place
04:49avec les garçons de Bétaram et autres, Riaumont et les collèges dans les beaux quartiers de Neuilly.
04:56Le 20 mars dernier, Evelyne a témoigné devant la commission d'enquête parlementaire
05:00sur les violences dans les établissements scolaires.
05:03À ce moment-là, j'ai dit aux filles, on va à la commission d'enquête parlementaire.
05:07Alors là, ça a été un grand bonheur.
05:14Ce qu'on attendrait, c'est d'être connus victimes, tous autant qu'on en est.
05:19Parce que ce qu'on nous a fait, ce n'est pas normal.
05:22Moi, je me dis que si on veut la fin de quelque chose,
05:25si on veut l'aboutissement de quelque chose, il faut se donner les moyens.
05:28Ce n'est pas mes fins à moi, c'est les fins de l'association.
05:32Et quand les intervenants à la commission d'enquête disent qu'on a du courage,
05:37on n'a pas de courage.
05:38C'est des actes citoyens, tout ça.