Boris Fauche a été « remué » quand le dossier Notre-Dame de Bétharram a éclaté au grand jour, au début de l'année. Elève de 1987 à 1991, entre ses 13 et ses 16 ans, au sein de l'institution catholique située près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), il a été comme des dizaines d'autres victime des violences physiques et psychologiques infligées par une partie des surveillants et du corps enseignant, laïc et religieux, en place à cette époque.
Le Bordelais qui va fêter cette année ses 50 ans, a rejoint le groupe Facebook créé par Alain Esquerre, une autre victime de l'institution à l'origine de « l'affaire Bétharram. » « J'ai été horrifié de ce que j'y ai lu » raconte Boris Fauche, qui a reçu 20 Minutes dans son appartement des Chartrons. « D'un seul coup, plein de choses sont remontées à la surface, mais d'un autre côté je me suis aussi rendu compte que je n'étais pas tout seul à avoir vécu cela. A l'époque, chacun restait seul avec sa souffrance. On ne s'épanchait pas entre nous. »
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NewsTranscription
00:00 J'ai vécu différentes violences physiques, psychologiques.
00:04 Aujourd'hui, à 13 ans, j'ai échappé à une tentative de viol du père directeur de l'époque.
00:09 Je suis rentré à Bétharame en avril 87.
00:26 J'étais en 5e, j'avais 12 ans.
00:30 Je suis resté jusqu'en juin 91.
00:33 Je suis parti en fin de 3e.
00:35 Je suis rentré à Bétharame dans une circonstance un peu particulière.
00:38 J'étais plus ou moins excité du milieu dans lequel je vivais
00:42 parce que j'avais été victime d'un réseau de pédophilie.
00:45 Pour me préserver, pour m'amener à avoir une scolarité un peu plus glorieuse,
00:51 on m'a placé à Bétharame.
00:53 Durant ces trois années et demie passées là-bas,
00:56 comme beaucoup d'élèves de l'époque,
00:59 j'ai vécu différentes violences physiques, psychologiques,
01:04 des gifles, des brimades diverses et variées,
01:08 des soumissions à la porte pendant des heures,
01:12 au pied du lit pendant des heures,
01:14 pour un sourire, pour un petit nom d'œil, pour un chuchotement.
01:19 Aujourd'hui, à 13 ans, j'ai échappé à une tentative de viol du père directeur de l'époque
01:24 qui, pour me fêter mon anniversaire, me fait venir dans son bureau,
01:28 me fait venir sur ses genoux, aller des gestes déplacés,
01:31 me caresser des parties, m'embrasser, etc.
01:34 J'ai réussi à échapper, je pense, ce jour-là à des violences sexuelles.
01:42 On n'en parlait pas vraiment parce que tout était fait à l'avis de tout le monde,
01:45 hormis pour les violences sexuelles dont on parle beaucoup aujourd'hui.
01:48 Les violences physiques, on les voyait, elles étaient adressées à tout le monde,
01:53 à n'importe quel moment de la journée.
01:55 On était en collectivité, on les voyait bien, c'était le lot de tout le monde.
02:00 Je n'ai pas du tout été surpris, parce qu'on savait quand même où on vivait.
02:17 On contextualisait les choses, parce que c'était dans les années 80,
02:20 donc notre pédagogie n'était pas les mêmes qu'aujourd'hui,
02:24 la position de l'enfant dans l'éducation n'était pas la même non plus.
02:28 Quand ça a éclaté, j'avoue que j'ai été assez stupéfait de lire les témoignages
02:33 que j'ai pu lire sur le groupe Facebook, qui a été créé.
02:36 Ça fait remonter pas mal de choses.
02:38 Mais les témoignages, plus ou moins troublants quand même.
02:41 Jamais je n'aurais imaginé qu'il y avait eu autant de violences sexuelles répétées,
02:46 surtout durant cette période des années 80 où j'ai été scolarisé.
02:51 Je me suis mis chanceux, je pense, par rapport à beaucoup de victimes aujourd'hui.
02:55 Au travers de ma propre histoire avec Bétharame,
02:58 j'ai eu la chance de faire une thérapie qui m'a beaucoup apporté.
03:04 Où j'ai pu expulser ma colère, la colère que j'avais en moi par rapport à ça.
03:09 Et j'ai travaillé dessus, parce que c'est un sentiment qui m'est grandement contre-productif.
03:15 Et je suis plutôt nature optimiste.
03:17 Donc aujourd'hui, non, j'ai pas de colère.
03:20 Très paradoxalement.
03:22 Ce que j'espère aujourd'hui, c'est qu'au travers de mon témoignage
03:25 et puis des témoignages d'autres victimes,
03:28 on puisse retrouver des victimes dont les faits ne sont pas prescrits.
03:31 Pour que justement, ces bourreaux qu'on a pu avoir,
03:35 qui nous ont éduqué à l'époque,
03:38 et qui ont pu évoluer en toute liberté, en toute impunité,
03:42 et puissent être enfin punis de leurs gestes et de leurs actes,
03:47 précisément, nous y éluvis,
03:50 que cette impunité cesse, tout simplement.
03:53 Merci.
03:55 [SILENCE]