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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Dans Deux Sœurs, le nouveau film de Mike Lee, une femme rongée par la douleur passe son temps à agresser verbalement ses proches et ses contemporains.
00:08Et seule sa sœur semble la comprendre, Philippe.
00:11Oui, alors Mike Lee revient avec un grand film de personnages.
00:17Il a fait deux films historiques et là, il revient à un cinéma qu'on adore,
00:22qui est le cinéma de Secrets et Mensonges, le cinéma de Vera Drake,
00:24où il va vraiment dans l'intimité des gens, les relations avec les gens,
00:28avec un processus de construction des personnages avec ses interprètes.
00:33Et là, il y a ce personnage absolument qui s'appelle Deux Sœurs, mais c'est avant tout une femme.
00:37C'est Pansy qui est joué par Marianne Jean-Baptiste, donc qui était dans Secrets et Mensonges.
00:41Et cette femme est dans une colère folle.
00:44Et toute la première moitié du film, en fait, est drôle parce que, sans le vouloir, elle est drôle.
00:50Elle est très fine et ça devient tellement fou du matin au soir.
00:55Le film s'ouvre sur un cri, elle se réveille en criant.
01:00Et à partir de là, elle agonise son fils, son mari, la vendeuse, au parking, tous les médecins.
01:07Il y a une séquence chez le dentiste.
01:08Et là, je vous apportais une séquence, je vais évidemment me taire.
01:12Elle revient des courses et c'est le dîner et elle est avec son mari et son fils.
01:16Vous allez voir, elle parle tout le temps et eux, ils ont l'habitude.
01:19Donc, ben, ils mangent.
01:20You can't go in or out of a supermarket without being harassed by those grinning, cheerful charity workers
01:27begging you for money for their stupid causes.
01:30Why they got to skin their teeth like that?
01:33Cheerful, grinning people.
01:36Can't stand them.
01:38Loitering out there, demanding your hard-earned cash.
01:43It's a scam.
01:45They're scamming people.
01:47Can't trust them.
01:51They want your phone number, your email.
01:54I asked one of them, I said,
01:56Why do you want my postcode?
02:00I might as well just give you my front door key so you can bruck into my house,
02:03teeth out my things and kill my only child.
02:07And nobody calls the police on them.
02:09Police won't come anyway.
02:10They're too busy harassing black boys walking.
02:14And they're round the corner with that dog.
02:15Got it dressed up in a red coat and green booties.
02:20Why has the dog got on a coat?
02:22It's got fur, isn't it?
02:24Must be sweating under there, stinking.
02:27Est-ce qu'on y arrive à s'y attacher à ce personnage ?
02:31Parce qu'elle ne va pas à main morte.
02:33Le personnage est extraordinaire.
02:34Et l'actrice est extraordinaire.
02:36Et c'est une des meilleures scènes du film.
02:37Et elle continue après dans la scène.
02:39Et là, elle s'en prend aux vêtements de bébé qui ont des poches.
02:43Et à quoi ça sert de mettre des poches sur les vêtements de bébé ?
02:45Et en fait, on est embringués dans cette espèce de folie.
02:49Je trouve qu'il y a des personnages, effectivement, qu'il y a des scènes.
02:54Vraiment, des scènes, tout le temps.
02:56Et bizarrement, pour moi, ça ne fait pas un film à l'arrivée.
02:59C'est un film, c'est un bon film.
03:01Mais ce n'est pas un grand Mike Lee.
03:03Parce que je trouve qu'une fois qu'il a posé tout ça,
03:06et on sait qu'il travaille avec ses comédiens très en amont,
03:09qu'ils ont inventé le personnage, le passé, etc.
03:12Qu'ils ont répété des semaines pour créer cette dynamique.
03:16Mais une fois qu'il a tout posé dans la première partie du film,
03:20pour moi, il fait du surplace ensuite.
03:22C'est l'histoire d'une femme rendue folle par le malheur, par le chagrin.
03:26Et là, c'est là où je pense que le film n'est pas aimable.
03:29Mais en revanche, il est très intriguant.
03:31Et chacun pourra se dire,
03:33peut-être que ça pourrait être moi, un moment de ma vie.
03:36Mais je peine à comprendre où veut aller le film,
03:43qui pour moi ne va un peu nulle part.
03:45Vous avez cet avis, Frédéric ?
03:47Non.
03:48Non, moi j'ai été, tout simplement, d'abord bouleversé par le film.
03:52Bouleversé par la progression du film.
03:54C'est-à-dire ce personnage...
03:55Parce que vous râlez tout le temps un peu comme elle.
03:57Peut-être.
03:57Vous êtes identifiés.
03:58Mais on les confond beaucoup.
03:59Non, mais c'est très...
04:01C'est un personnage, c'est une sorte d'hyperbole.
04:03C'est-à-dire, c'est un personnage qui est exagéré.
04:05Exagérément en colère.
04:07Exagérément fâché.
04:08Et vous lâchez ce personnage dans des scènes, dans des situations.
04:12À ce moment-là, ça va éclairer énormément, je dirais,
04:15d'aspects du contemporain, du monde.
04:17Et d'ailleurs, il faut parler un tout petit peu de la photographie du film.
04:20On est dans de l'hyperréalisme.
04:22C'est-à-dire que la photo numérique est hyper nette.
04:24Mais je dirais, elle est aussi nette que cet appartement est nette.
04:28Et ça raconte quelque chose sur le personnage.
04:29Comme un personnage balsacien.
04:31On est sans cesse en train d'enquêter, se poser des questions sur elle.
04:34Et ce qu'elle renvoie du monde, de nos solitudes, de nos malheurs, de nos choix dans l'existence.
04:39Moi, c'est un film avec lequel je n'ai cessé de dialoguer.
04:41La photo, c'est Dick Pop.
04:4235 ans de collaboration avec Mike Lee.
04:45Et c'est fini puisqu'il nous a quittés.
04:47Et ce qui est très intéressant, le film fait beaucoup écho à un film de 2008 de Mike Lee,
04:52Be Happy, dans lequel on suivait non pas une femme insupportable,
04:55mais on suivait une femme insupportable d'optimisme, de sourire et de gentillesse.
04:59Salut Hawking !
05:00C'est vrai, salut.
05:01Absolument.
05:01Et exactement de la même manière qu'il prenait, on va dire, un espèce de type ou de cliché.
05:06La personne qui t'agace par son sourire.
05:08C'est la voisine qui est emblairable tellement tout n'est que confrontation.
05:11Mais tout d'un coup, il va voir en quoi là-dedans il y a de l'humanité.
05:14Et tu parlais de dialogue.
05:15C'est ça qui est très beau.
05:16C'est qu'en fait, ce personnage qui pourrait naître qu'un personnage secondaire très drôle ou très agaçant,
05:22finalement, est formidablement humaine.
05:23Et elle nous renvoie à plein de choses.
05:25Et finalement, ce n'est pas très important pourquoi elle est malheureuse.
05:27Ce n'est pas très important ce qu'il s'est passé.
05:29Ce qui est évident, c'est que tout d'un coup, il arrive à créer un espace dans lequel,
05:33moi, c'est là où le film me touche beaucoup,
05:35ce n'est pas tant vu sur place que la vraie étude de caractère.
05:37Moi, j'ai l'impression d'aller beaucoup plus profondément en elle que je ne vais d'habitude dans des personnages,
05:42quel que soit le genre de...
05:43Moi, j'ai eu l'impression, à l'inverse, qu'on faisait du sur place,
05:45mais que c'était fait exprès parce que, en fait, finalement, le film, pour moi, n'est pas sur elle,
05:49mais il est sur ses proches.
05:50Parce que toute la colère de cette femme engloutit.
05:53Elle prend toute la place.
05:54Mais il y a quelques scènes, et notamment une scène finale,
05:58qui sont finalement sur ses proches.
05:59Parce qu'on parle d'elle, mais il y a aussi toute sa famille, l'autre sœur aussi, ce pauvre enfant.
06:04Et ça m'a fait penser, moi, à une femme sous influence,
06:07parce que j'ai aimé le fait qu'on nous force à regarder des scènes de colère
06:10que personne ne veut voir, ni dans la vraie vie, ni au cinéma,
06:13avec toute la gêne, la détresse que ça engrange chez sa famille.
06:18Et donc, j'ai trouvé ça courageux.
06:20Et les silences qu'elle impose à sa famille.
06:22C'est ça, c'est aussi le narcissisme.
06:24Cette femme prend de l'espace.
06:25Elle prend de l'espace sonore, elle prend de l'espace.
06:27Elle oblige certaines personnes à se taire, à dissimuler les choses,
06:30à ce que les liens n'aient pas lieu.
06:32Après, il faut voir que le film s'appelle « Atrous »
06:33et qu'il a été traduit de sœurs.
06:35C'est pas la même, ça teinte pas le film.
06:38Non, elle est assez incroyable, cette relation,
06:40parce que cette femme est insupportable.
06:42Elle est exaspérante.
06:45Et sa sœur, elle, elle a presque ce côté Sally Hopkins dont tu parlais tout à l'heure.
06:48C'est-à-dire, voilà, elle, elle laisse passer, elle laisse parler.
06:52Le lien est créé.
06:54Il y a un lien invisible.
06:54Oui, mais il y a même beaucoup de séquences où, tu vois,
06:57la famille de la sœur avec ses filles, ce serait le rire.
07:00C'est presque forcé, c'est presque démonstratif, tu vois.
07:03Dans cette opposition, je trouve qu'il y a quelque chose...
07:05C'est son registre, l'Hermel.
07:06Oui, mais du coup, ça finit par créer quelque chose de très fabriqué.
07:09Oui, mais qu'est-ce qui se passe quand, dans ce moment très joyeux,
07:12on la met, elle, tu vois, et la scène de la fête des mères
07:15est absolument extraordinaire.
07:16Oui, en fait, mais je crois qu'il y a des belles scènes.
07:18Il y a des belles scènes, tu vois, parce qu'elle a un effet, justement.
07:20C'est pas juste deux blocs qui se regardent face à face.
07:22C'est quel effet, quelles émotions, quels sentiments,
07:25quelle manière d'être au monde contamine les autres ?
07:26Et qu'est-ce qui se passe quand elle se tait ?
07:28Et qu'est-ce qui se passe à face ?
07:33Eh, donc voilà !

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