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Télématin reçoit l'animateur de radio et de télévision Antoine de Caunes à l'occasion de la sortie de sa bande dessinée "Il déserte : Georges ou la vie sauvage".
Télématin reçoit l'animateur de radio et de télévision Antoine de Caunes à l'occasion de la sortie de sa bande dessinée "Il déserte : Georges ou la vie sauvage".
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00:00Jusqu'à nous, peut-être qu'il était à Trouville, je ne sais pas.
00:02Bonjour Antoine Decaune.
00:03Bonjour famille.
00:04Ça va, tiens.
00:06Zoro, c'était le héros de votre enfance.
00:08Oui, absolument.
00:09Pourquoi ?
00:10Parce qu'il courait vers l'aventure au galop.
00:11Et d'un autre aventurier, on va parler ce matin.
00:15Ah oui, il ne courait pas vers l'aventure au galop, lui.
00:17Qu'est-ce qu'il est tendre, cet album ?
00:19Il est super émouvant.
00:21Cet aventurier, c'est votre père.
00:22Vous lui rendez hommage dans ce très bel album.
00:24Je ne sais pas si on peut dire une BD, c'est bizarre.
00:26On appelle ça un roman graphique.
00:28Je me méfie toujours un peu parce que c'est un peu pompeux, un roman graphique.
00:31Ce n'est pas une BD dans le sens où ce n'est pas des cases, des scripts.
00:33Voilà, donc c'est un roman graphique.
00:36Il déserte, Georges ou la vie sauvage, c'est publié chez Dargo, dessin de Xavier Coste.
00:40Il déserte, c'est un titre qui est super beau et qui dit tout finalement du sentiment d'un petit Antoine
00:46qu'à 8 ans, quand son père lui apprend qu'il part pendant un an sur une île déserte.
00:50Vous vous souvenez précisément de ce moment-là ?
00:52Je me souviens du moment où il me dit qu'il part pour un an.
00:55Alors un an, quand on a 8 ans, c'est une éternité, n'est-ce pas ?
00:57C'est vrai.
00:58Donc je vois mon père partir, disparaître littéralement, ce qui me chagrine beaucoup
01:02parce que je suis déjà très sentimental à ce jeune âge.
01:05Et c'est une décision que vous ne comprenez pas du tout ?
01:08Je ne comprends rien, non ?
01:09Vous êtes un enfant, quoi.
01:10Non, non, non, je n'étais pas déjà très précoce, donc je comprends d'autant moins.
01:14Mais quelques jours plus tard, je l'entends à la radio.
01:16Sur France Inter ?
01:17Oui, sur le Inter de l'époque.
01:19On va recontextualiser en fait.
01:20Votre père, un jour, il dit, voilà, moi j'ai envie de vivre une expérience.
01:23C'est ça, hein ?
01:24Oui.
01:24Et je pars un an sur une île, c'était le 7 ans.
01:25C'était son rêve, être Robinson Crusoe et faire Robinson Crusoe.
01:28Et donc, il rendait compte tous les jours ?
01:30Et donc, sur la radio, tous les soirs, il pouvait émettre, depuis son île, mais pas recevoir.
01:35Et tous les soirs, il émettait un bulletin de quelques minutes où il racontait sa journée.
01:38Il y a des tas de moments dans le moment graphique qui sont très jolis,
01:41où vous êtes, vous, dans votre chambre, face à votre père, qui parle à cette radio,
01:45parce qu'en fait, il parle à la radio, parce qu'il a besoin de financer son voyage,
01:47financer son expérience, de rendre compte.
01:49Et vous, vous partez dans votre imaginaire, vous imaginez ce qu'il est en train de vivre.
01:53Vous imaginez ce que ça présente pour un homme de 8 ans, un père sur une île déserte à l'autre bout du monde.
01:58Pour moi, une île déserte, c'est des pirates, c'est des trésors, c'est des fantômes,
02:02puisqu'on est en Polynésie, tous les tupaparots, dont il m'avait parlé avant.
02:06Donc, je fantaspe complètement.
02:07Et vous aussi, vous êtes dans votre solitude à vous ?
02:09Bien sûr, oui, on est tous les deux, tout seuls.
02:11Et on peut l'entendre à la radio, et vous ne pouvez pas lui parler,
02:14donc du coup, le lien, il doit être bizarre dans la tête.
02:16Oui, enfin, je pouvais lui parler, mais il ne me répondait pas.
02:18Oui, vous savez.
02:18Et puis, ce qu'il y a de fou aussi, ce que je trouve hyper émouvant,
02:21c'est qu'à la fin, on retrouve des articles de presse, on retourne en parler,
02:24et puis, votre maman qui dit, Antoine, il est hyper content, en fait, lui,
02:29de toute façon, à son âge, c'est normal, on vit toujours dans un esprit d'aventure.
02:33Est-ce que vos parents avaient véritablement conscience
02:35de ce que ça pourrait représenter pour vous,
02:37de voir votre père partir et de jouer les Robinson Crusoe ?
02:39Non, mais j'avais un père qui était un aventurier,
02:41donc il avait déjà fait le coup en 1956,
02:43il était parti traverser l'Amazonie à la recherche d'un explorateur disparu,
02:48il était parti au Groenland à la fin des années 40 avec Paul-Émile Victor,
02:51donc c'était un homme qui partait.
02:52Oui, mais vous, est-ce que vos parents avaient conscience
02:54de l'impact que ça pouvait avoir sur vous ?
02:56Lui, certainement pas.
02:57Et votre maman ?
02:58Et ma mère, oui, je pense plus, je pense qu'elle est, oui, évidemment.
03:01D'ailleurs, ça ne se passe pas très bien entre eux,
03:03votre maman, elle ne comprend pas ça.
03:05Non, non, ils sont en pleine séparation à ce moment-là.
03:06Je ne dis pas qu'il y a une relation de cause à effet qui part sur la vie.
03:08Bon, enfin, ça n'arrive pas non plus, quoi.
03:10Mais non, non, il y avait de l'eau dans le gaz, oui.
03:12Il y a cette phrase qui revient toujours, d'ailleurs,
03:13ce qui compte, ce n'est pas l'arrivée, c'est le départ.
03:15C'est le départ.
03:22On a retrouvé une archive.
03:24Antoine, votre père explique à son retour, justement,
03:27ses intentions du départ.
03:29C'était une histoire très simple, c'était une histoire de journaliste.
03:32Je suis parti dans une île déserte,
03:33j'essaie de faire concilier mes goûts personnels
03:35avec l'exercice de mon métier, ce n'est pas incompatible,
03:37c'est comme ça, je crois, quand on réussit à travailler à peu près bien,
03:41j'avais envie de me retirer un petit peu.
03:44Et je pensais que sur le plan professionnel,
03:46c'était une expérience dont je pouvais rendre témoin
03:49beaucoup d'auditeurs, beaucoup de téléspectateurs,
03:51beaucoup de lecteurs qui ont envie de se retirer
03:53et qui n'ont pas la chance d'être journaliste.
03:56C'est évidemment très émouvant d'entendre cette voix,
03:57de voir aussi les images avec ces faux airs de Robinson.
04:00Est-ce qu'avec le temps qu'a passé et le regard que le vôtre maintenant,
04:03vous comprenez ces envies, d'ailleurs ?
04:05Et est-ce que vous dites, oui, c'est presque autant journalistique qu'humain ?
04:08Je les comprends tout à fait, ces envies.
04:10Je les partage, d'ailleurs.
04:11Moi-même, sans aller sur des îles désertes,
04:13j'aime bien casser le joujou de temps en temps et repartir ailleurs.
04:17Oui, c'était une grande leçon de vie.
04:19Alors, c'était un moment difficile, évidemment, pour les raisons
04:21qu'on disait tout à l'heure, un père qui s'éloigne, qui s'absente.
04:25Mais en même temps, ça nous a rapprochés, d'une certaine manière.
04:27On en a beaucoup parlé après.
04:29Il avait du mal à parler, il avait du mal à s'aventurer
04:31sur le terrain de l'intime, d'où ce titre.
04:33Il déserte, il n'arrivait pas à y aller.
04:36Il s'en est excusé auprès de vous ?
04:38Non, il ne s'est pas excusé.
04:38Non, il n'avait pas à s'en excuser.
04:40Mais il était en mission.
04:43Il prenait ça très au sérieux.
04:44C'était un travail journalistique.
04:45Donc, lui, sa mission, c'était vis-à-vis de ses auditeurs.
04:48Donc, il ne mélangeait pas le privé et le public.
04:51Ce qu'il racontait à la radio, c'était ce qu'il estimait juste
04:55de partager avec les gens qu'il écoutait.
04:57Georges, il rêvait d'une forme de paradis
04:59ou de la même de l'expérience.
05:01Il partait en Polynésie.
05:02Enfin, il y avait quand même tout un narratif autour de ça
05:04qui fait rêver.
05:05Et en même temps, le paradis, c'est devenu l'enfer, en réalité.
05:08C'est l'enfer.
05:08En fait, il s'était fait une fausse idée de la Polynésie
05:11parce qu'il avait tourné avec Bernard Bordery en 1956, je crois,
05:15un film qui s'appelait Tahiti ou la joie de vivre.
05:17Il était avec un petit pagne charmant autour de la Thaï
05:21où il avait une scène magnifique dans un lagon
05:23avec une jeune vaillée qu'il prenait dans ses bras.
05:25Et au moment du départ, il lui disait
05:27« Petite fille, un jour, je reviendrai dans ta maison. »
05:29Ce qui est très difficile à dire quand on ne l'est comédien.
05:32Encore plus quand on ne l'est pas, comme c'était son cas.
05:34Et donc, il avait une fausse idée de la Polynésie.
05:37Il ne s'attendait pas du tout à tomber sur cette île.
05:39Il est tombé sur Ayao par défaut
05:42parce que toutes les îles désertes ont des propriétaires
05:45et que les baux qui étaient demandés par les propres Ayao
05:47étaient beaucoup trop élevés.
05:48Et il est rentré au bout de quatre mois.
05:50Il a tenu quatre mois alors qu'il voulait tenir un an
05:52et il a pris ça comme une défaite.
05:54Parce que c'est un caillou bourré de moustiques,
05:55tout ça est raconté très bien dans le roman graphique.
05:59Seriez-vous prêts à suivre cet exemple ?
06:01À partir sur un île déserte, c'est Camille Deran qui est à vos côtés,
06:03qui a envie de découvrir l'aventurier qui se sommeille en vous.
06:08Qu'est-ce que vous êtes un peu aventurier ?
06:10Je suis un peu aventurier.
06:11J'aime beaucoup les aventures.
06:16C'est le moment où on s'éclipse tous.
06:19C'est parti pour l'interview.
06:20Quel Robinson êtes-vous ?
06:22Je vais vous demander de vous remettre dans la place de votre papa.
06:26Vous êtes largué dans des conditions...
06:27Désolé Antoine, on est là-dessus.
06:29Vous êtes largué dans des conditions d'un naufrage
06:31sur l'île déserte d'Eyao.
06:33Vous avez le droit de passer un seul coup de fil par semaine
06:36à la même personne pendant un an.
06:38Laquelle choisissez-vous ?
06:39Une grecque.
06:40Une grecque dont je partage l'existence.
06:44Daphné.
06:45Ma petite Daphné.
06:45Votre épouse Daphné Roulier.
06:47Forcément, c'est une très bonne réponse.
06:48Vous auriez préféré que je vous appelle vous ?
06:49Non, non, non, non.
06:52Parce qu'il peut changer d'avis encore.
06:54Non, non, non, non.
06:55Pas du tout.
06:56Alors, vous allez me déconcentrer.
06:58Ben voilà.
06:58Je suis là pour ça.
06:59Vous avez le droit de prendre un seul objet.
07:02Lequel, ce sera ?
07:03Un seul objet ?
07:04Oui.
07:05Ce sera un livre.
07:06Oh, lequel ?
07:07Ah bon ?
07:07Ah ben oui, comment ça ?
07:08Ben un gros, un gros.
07:10Je ne sais pas pourquoi.
07:11Mon père était parti avec la comédie humaine de Bajac
07:14dans la Pléiade.
07:15Il l'a lu, relu, relu.
07:17Non, il n'y a pas eu le temps
07:17parce qu'il était trop occupé à survivre.
07:19C'est ça.
07:20Moi, je prendrais Stevenson.
07:22D'accord.
07:22Voilà, les légendes polynésiennes traduites par Robert Louis Stevenson.
07:27Ok.
07:27Si vous ne deviez n'écouter qu'une seule chanson ?
07:30Ouh !
07:30Ça, c'est dur.
07:31Ouh !
07:32Alors, un album, si vous préférez.
07:34Ça serait une chanson, soit une chanson triste.
07:36Ah bon ?
07:37Oui.
07:37D'accord.
07:38Ben oui, quitte à avoir le blues.
07:39C'est la folle qu'on plaint de Trenet
07:42ou bien une chanson qui résiste à toutes les écoutes,
07:45Thunder Road de Springsteen.
07:47Donc, tous les jours, vous la remettez en boucle ?
07:49Oui, parce qu'il y a plein de versions acoustiques, électriques.
07:51D'accord, ça marche.
07:52Alors, vous êtes plutôt chasse, pêche
07:55ou vous optez pour l'option ?
07:55Tradition.
07:56Béji, cueillette ?
07:58C'est toute tradition, moi.
08:01Ouais, c'était fait exprès, à mon chasse-pêche.
08:04Non, l'option Béji ?
08:05Ben non, parce que Béji, il faut avoir de quoi se nourrir.
08:09Il faut avoir de quoi cueillir.
08:10Oui, c'est vrai, c'est vrai.
08:11Non, non, plutôt pêche.
08:13Si je suis sur une île, plutôt pêche.
08:14Vous seriez prêt à manger des larves ou pas ?
08:16Non.
08:16Ah bon ?
08:17Mais pour survivre, Antoine.
08:18Si je n'ai vraiment pas le choix, oui.
08:20Si je suis sur le point de crever, mais là...
08:22Bien griller, peut-être.
08:23Ah, bien griller, peut-être.
08:24Dernière, Camille.
08:25Et tu es pas bien avec moi.
08:27D'habitude, tu viens avec des accessoires.
08:28Je suis pas venue.
08:30Alors, la dernière.
08:31Alors, vous préférez vivre totalement nu
08:33ou vous garder un semblant de vêtements ?
08:35Totalement nu.
08:37J'étais sûre de votre réponse.
08:38J'ai mes aventures.
08:39Voilà, d'accord.
08:40Allez, en place de cône, vous restez avec nous,
08:42parce que puisque vous aimez l'aventure
08:43et que vous êtes joueur,
08:44avec Camille Dahan,
08:45à d'autres questions pour vous,
08:46et surtout un petit jeu
08:47qui est la concrétée spécialement en votre nom.
08:48Voilà, on va jouer.
08:49Allez.