Haut lieu de la résistance, plus grand maquis de France, le Vercors est un territoire fortement griffé par la seconde guerre mondiale : plus de 800 morts, dont 201 civils, 41 déportés, 573 maisons et fermes détruites...
Dès le lendemain de la guerre, le Vercors entreprend un travail mémoriel très fort pour rendre hommage aux nombreuses victimes et communes frappés par le conflit, en se reconstruisant autour de multiples stèles, croix, monuments aux morts.
Devenu Parc Naturel régional au début des années 1970, le Vercors a pu consolider sa forte dimension patrimoniale grâce à la valorisaIon de la richesse de son milieu naturel et de ses paysages.
Retour sur l’histoire de ce maquis du Vercors, né de l’héroïsme de quelques enfants du pays, qui ont su fédérer une réelle armée de résistants, inscrivant à jamais ce territoire dans l’histoire.
Un film de Candy DEUBEL d’après une idée originale de Nathalie FAURE Une coproduction TéléGrenoble / TL7 / Viva Productions ©2025
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Dès le lendemain de la guerre, le Vercors entreprend un travail mémoriel très fort pour rendre hommage aux nombreuses victimes et communes frappés par le conflit, en se reconstruisant autour de multiples stèles, croix, monuments aux morts.
Devenu Parc Naturel régional au début des années 1970, le Vercors a pu consolider sa forte dimension patrimoniale grâce à la valorisaIon de la richesse de son milieu naturel et de ses paysages.
Retour sur l’histoire de ce maquis du Vercors, né de l’héroïsme de quelques enfants du pays, qui ont su fédérer une réelle armée de résistants, inscrivant à jamais ce territoire dans l’histoire.
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00:00Vassieux-en-Vercors, Saint-Lysier-du-Moucherotte ou encore Valchevrière,
00:23autant de lieux qui rappellent le lourd tribut payé par le Vercors pendant la Seconde Guerre mondiale.
00:28Amis, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
00:37Amis, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
00:47Ô hépartisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !
00:56Ce soir, l'ennemi connaîtra le bruit du sang et des larmes.
01:07Au lieu de la Résistance, plus grand maquis de France,
01:11le Vercors est constellé de monuments et de stèles gravant à jamais le souvenir d'un bilan humain tragique.
01:21En s'appuyant sur un travail mémoriel remarquable,
01:25ce territoire meurtri a su se reconstruire, se réinventer pour s'adapter aux enjeux de chaque époque.
01:30Le Vercors est aujourd'hui un massif et une entité géomorphologique assez cohérente.
01:36De Lille à Grenoble, on voit bien un massif qui se dégage assez nettement dans le paysage.
01:42Sauf que quand on regarde ça d'un point de vue plus historique,
01:47on se rend compte que le Vercors est un massif extrêmement morcelé.
01:52Vous avez une partie sud, le Vercors est un massif qui se dégage sur la côte.
01:57On a une partie nord, le Vercors est un massif qui se dégage sur la côte.
02:03On a une partie nord, le Vercors est un massif qui se dégage sur la côte.
02:09Vous avez une partie sud, le Vercors dit historique, qui est tournée vers le Divois, vers la Drôme,
02:16qui est en Drôme, alors que la partie nord, autour de Villers-de-Lens, qui est beaucoup plus tournée vers Grenoble.
02:23Donc ça, c'est ce qui explique par exemple que jusqu'au 19e siècle,
02:27cette entité géomorphologique qu'on appelle le Vercors, elle n'a pas de nom.
02:32Les géographes de l'école grenobloise vont s'intéresser à tous ces massifs préalpins
02:36et vont chercher à leur donner des noms.
02:38Le premier d'entre eux, qui est un peu un erudit, mais qui se positionne également dans une optique un peu touristique,
02:46c'est Henri Ferrand, qui en 1904 publie un ouvrage plutôt touristique
02:52et qui est le premier à utiliser le nom Vercors pour désigner le massif du Vercors dans sa globalité.
03:01Il y a trois moments importants dans l'histoire et dans la construction de cette identité commune du Vercors résistant.
03:08La première étape, c'est fin 19e siècle, la construction des routes.
03:11La construction des grandes routes d'accès au Vercors,
03:14qui sont faites pour mieux connecter et pour renforcer les liens entre le Vercors et ses piémons.
03:20Et deuxième étape dans la construction de l'identité du massif, c'est véritablement la Seconde Guerre mondiale.
03:26Puisque dès lors, on va parler de maquis du Vercors,
03:29pour désigner l'ensemble des camps maquisards qui s'installent au sud comme au nord.
03:34Et la troisième étape, c'est la création du parc naturel régional du Vercors au début des années 1970,
03:41où on est justement dans un contexte un peu compliqué pour les territoires ruraux.
03:47Et la conséquence majeure de la création des routes, conséquence qui n'avait pas du tout été envisagée, c'est l'apparition du tourisme.
03:54Dans un contexte où le tourisme se développe, où il y a un regain d'intérêt pour les territoires de montagne.
04:05Il y a une vie dans le Vercors, une vie qui même avant-guerre était relativement prospère,
04:10c'est dû à l'essor du tourisme, du climatisme.
04:13L'agriculture est assez florissante, c'est un territoire qui est déjà touristique, avec de nombreux hôtels qui sont ouverts.
04:20Quelle clientèle fréquentait Villard de Lens dans les années 1920 et 1930 ?
04:24C'était la bourgeoisie française, ça allait du Rouen du Maroc en passant par l'Aga Khan,
04:31et ensuite tous ces grands capitaines de l'industrie française, de la sidérurgie et du début de l'industrialisation de la nation France.
04:39Avec une clientèle bourgeoise, puisque c'était bien avant les congés payés,
04:44et sur des séjours qui s'étalaient entre un et deux mois, qui fonctionnaient principalement l'été.
05:04Vous êtes sur mon établissement hôtelier, qui est un établissement familial, dont modestement je n'en suis que la cinquième génération.
05:12Établissement qui a été créé par mon aïeul en 1894, agrandi successivement en 1900.
05:191900 c'est la pièce dans laquelle nous nous trouvons, et la partie, ce que l'on appelle grand hôtel, qui a été faite en 1922.
05:25C'était des vraies vacances, tout le monde était logé au même endroit, des familles complètes,
05:30plus le personnel de ces familles qui accompagnaient les familles pendant les villégiatures.
05:36Le ski est arrivé un peu après, parce que sur des bâtisses comme celle-ci, c'était le début du chauffage central.
05:43Il fallait être autonome sur le chauffage, sur les productions culinaires et sur le personnel.
05:49Donc il fallait être capable de fournir de la nourriture aux 100-150 clients qui venaient à la montagne.
05:54On nourrissait les gens midi et soir, et c'était des menus uniques.
06:01Il n'y avait pas les moyens de conservation modernes que l'on a.
06:04Et pour nourrir les clients, il fallait aussi nourrir tous ceux qui venaient avec les clients,
06:09les chauffeurs, les gouvernantes, les bonnes, ou celles qui s'occupaient des enfants.
06:16Et ensuite, il y a la saison d'hiver, principalement le ski de printemps, qui est venu compléter, ou plutôt devancer, la saison printanière et estivale.
06:24Derrière le tourisme florissant et ce nouveau loisir qu'est le ski, c'est un peu la sous-science qui reprend ses droits,
06:30comme pour cicatriser les années assombries par la Première Guerre mondiale.
06:54Mais le répit va être de courte durée. Comme frapper d'amnésie, l'histoire va se répéter.
07:12Hitler envahit la Pologne en septembre 1939, poussant l'Angleterre et la France à entrer en guerre.
07:24Paris tombe au bain des Allemands l'année suivante, en juin 1940.
07:32Le maréchal Pétain conclut l'armistice avec le Reich et mène dès lors une politique de collaboration avec l'occupant.
07:39Refusant la défaite, le général de Gaulle appelle à la résistance depuis Londres, et son message envahit le pays.
07:46« L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront. »
08:02« L'honneur, le bon sens, l'intérêt supérieur de la patrie commandent à tous les Français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront. »
08:15À partir de l'avènement du gouvernement de Michy et de Pétain, il y a des premiers groupes locaux de résistants qui vont se créer.
08:23Nous sommes en 1941-1942, avec les premières réunions clandestines qui vont avoir lieu dans le Vercors.
08:29Ce sont des personnes qui se connaissent et qui vont commencer à imaginer des circuits de résistance.
08:35Parmi ces précurseurs, il y a la famille Huillier, qui règne sur les transports dans la région de Grenoble depuis 1889.
08:59On a commencé avec les chevaux, puis après les chevaux, on est venu à la mécanique. En 1889, mon grand-père a commencé, il avait 19 ans.
09:12Ça doit être mon grand-père, ça. Ça doit être une réunion de conscrits certainement, mais ils ont tous l'air d'avoir le même âge.
09:20Ça, c'est pendant la guerre à Vérotrand. J'ai un cousin, là.
09:27C'était nos bureaux.
09:30Billard Blanc, autocar Huillier. Moi, je suis né juste là-derrière, dans une petite maison, là.
09:40Mon père avait fait la connaissance avant la guerre d'un juif, Ernest Samuel, qui est venu à Billard Blanc, qui était médecin à Pantoise,
09:47qui était venu installer sa femme pharmacienne à Billard Blanc. Ils se connaissaient, parce qu'il était socialiste, mon père socialiste.
09:56Ils se sont devenus amis, et puis c'est eux deux qui ont lancé la résistance pour le Vercors, qui ont recruté...
10:05Ils lui disaient, tiens, tu vas voir celui-là, je lui téléphone, puis tu vas le voir, puis voilà.
10:12Ils étaient une dizaine, sur le plateau, une dizaine de gars.
10:19Et je pense que ça a démarré après le discours de Gaulle. Ils se sont constitués comme ça.
10:30Ils faisaient des réunions chez ma tante, on habitait au deuxième, elle au premier. C'est comme ça que ça a démarré.
10:42Au début, ce sont des initiatives qui sont pratiquement personnelles, voire d'ordre familial, voire amical.
10:48Au début, il n'y a pas de mouvement de résistance qui existe.
10:52Mais ce sont d'abord ces camarades de collège, d'entreprise, avec lesquels on va discuter des événements.
10:59Ce qui va faire en sorte que tous ces groupes vont se fédérer petit à petit.
11:03Ce sont l'arrivée des grands mouvements de résistance.
11:05Et dans le Vercors, c'est notamment le mouvement Front-Tireur qui va se développer à partir de Grenoble jusqu'à Villers-de-Lens.
11:13J'avais 14 ans, 15 ans.
11:17Je suivais mon père.
11:19Je voyais...
11:22Je résonnais comme un gars de 20 ans.
11:25Je suppose.
11:28Parce que faire ce que j'ai fait, c'est...
11:30Je servais d'agent biaisant entre le personnel et l'État.
11:37Mon père donnait un tel ordre.
11:39Tu vas donner cet ordre-là.
11:42Les gars exécutaient.
11:44J'étais gamin par rapport à eux.
11:47Les gars qui étaient colonels...
11:51Mon père était avec eux.
11:52Moi, je discutais avec eux.
11:55Les mouvements de résistance dans les différentes régions vont prendre en charge la création de ces maquis.
12:00La création, c'est début 1943.
12:02Un moment assez particulier où la pression allemande en France s'accroît.
12:06Et dans un contexte où le STO, le Service du Travail Obligatoire,
12:11va conduire un certain nombre de jeunes hommes à devoir partir travailler en Allemagne
12:15pour contribuer à l'effort de guerre allemand.
12:25Et donc, c'est ce phénomène-là qui, au niveau national,
12:29va générer la création des maquis un peu partout en France.
12:32Maquis dont la vocation est d'accueillir ces jeunes hommes
12:35qui ne veulent pas partir travailler en Allemagne,
12:37qui ne sont pas à proprement parler des résistants,
12:40qui sont avant tout des réfractaires.
12:42Donc là, il y a entre 300 et 400 hommes qui vivent en pleine forêt, dans des camps,
12:46qui ont des liens réguliers, évidemment, avec les habitants,
12:49parce qu'ils sont des résistants.
12:51Donc une logistique très importante qui se met en place de partout dans le Vercors,
12:55des véritables filières qui sont organisées, et dont notamment des transports,
12:59puisque ces jeunes gens, il faut bien pouvoir les transporter,
13:01les amener de Grenoble ou de Valence.
13:04Et ensuite, il faut bien pouvoir transporter des provisions.
13:07Donc il y a des entreprises de transport, dans les transports huiliers,
13:09qui sont mises à contribution pour toute cette logistique.
13:14Les jeunes hommes, c'est-à-dire ceux qui sont en train de travailler,
13:18Les jeunes qui venaient, les premiers qui sont arrivés,
13:21ce sont des cheminots, des jeunes qui devaient partir à la relève en Allemagne.
13:28Et les premiers, c'était donc...
13:31Surtout, c'était des jeunes communistes.
13:33Ces gens-là, il fallait les nourrir, il fallait les...
13:36Ils avaient besoin de travailler.
13:38Ils avaient des familles, souvent.
13:40Ils étaient employés chez nous.
13:42Après, ils faisaient le maquis.
13:44Leur ravitaillement, c'était Léon Martin, le boulanger,
13:48qui était chargé de ça.
13:50Pour toute la région, le plateau.
13:53Il allait dans les fermes, il achetait ce qu'il fallait pour les camps,
13:57et puis le pain, c'est lui qui le faisait.
14:00Alors, il n'y a pas de problème.
14:03Le ravitaillement était organisé à partir de chaque village
14:06qui avait en charge entre 1 et 2 personnes.
14:10Très souvent, ravitaillés par des femmes.
14:12Ou, à l'inverse, les maquisards se rendaient dans les villages,
14:16dans des endroits qui étaient identifiés,
14:18pour chercher leur ravitaillement.
14:20Donc, il y a un lien très fort entre le village et les maquis des alentours.
14:25Les conditions de vie dans le maquis sont quand même assez précaires.
14:28Mais avec un soutien de la population extrêmement massif et fort,
14:32on a réussi à faire de la maquillage très efficace.
14:36Avec un soutien de la population extrêmement massif et fort,
14:40ils ont quand même pu s'en sortir et tout simplement se chauffer
14:44et avoir de quoi manger.
15:06Ce sont ceux du maquis, ceux de la résistance.
15:11Ce sont ceux du maquis, combattant pour la France.
15:15Bravant le froid, bravant la faim, défiant l'horrible esclavage.
15:19Bravant l'aval, bravant ces chiens, sans jamais perdre courage.
15:24Ce sont ceux du maquis, ceux de la résistance.
15:28Ce sont ceux du maquis, jeunesse du pays.
15:33La singularité du Vercors, c'est qu'à la création de ce maquis début 1943,
15:38s'ajoute une autre dimension beaucoup plus singulière.
15:42La création du plan montagnard, ou du projet montagnard,
15:46conçu par un homme qui s'appelle Pierre d'Aloz,
15:49et qui considère le Vercors, le massif du Vercors, comme une forteresse
15:53à partir de laquelle il serait possible d'envisager,
15:57dans le cadre d'un débarquement en Provence, des opérations aéroportées
16:00pour prendre à revers les troupes allemandes,
16:03dans le cadre de combats futurs de libération.
16:06Le Vercors résistant, il a été imaginé, notamment par Pierre d'Aloz et Jean Prévost,
16:11qui ont véritablement architecturé le Vercors dans un projet montagnard,
16:15qui est devenu le plan montagnard, validé par Jean Moulin.
16:18L'idée, c'était de pouvoir tomber sur les arrières des troupes allemandes,
16:22dans la vallée du Rhône et dans les vallées alpines.
16:25D'où des moyens conséquents qui ont été mis à contribution pour aider ces maquisards,
16:30pour toute la logistique, à accueillir tous ces jeunes gens,
16:34dans l'attente des alliés qui devaient être acheminés à Vassio en Vercors.
16:48Mais c'est un autre scénario qui va se mettre en place
16:51et marquer un tournant décisif dans le conflit.
16:546 juin 1944, les alliés débarquent au petit matin sur les plages de Normandie,
16:59en force et par surprise, prenant les Allemands de court
17:02et donnant enfin le souffle d'espoir tant attendu par les Français.
17:17Le débarquement de Normandie a eu lieu et partout en France,
17:21on assiste à des phénomènes de mobilisation en faveur des maquis,
17:25avec le sentiment que la libération est proche.
17:28Et dans le Vercors, tout cela prend une ampleur assez exceptionnelle,
17:32puisqu'en quelques jours, c'est entre 3 000 et 4 000 hommes
17:35qui vont être présents dans le Vercors résistant.
17:39Les chefs du Vercors résistant vont prendre la décision de verrouiller le massif,
17:43c'est-à-dire d'en contrôler tous les points d'accès.
17:46C'est un contexte phorique.
17:48On a vraiment le sentiment d'assister à un mouvement et à un moment charnière
17:52dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
17:55Et dans ce contexte un peu euphorique, il y a un événement,
17:58qui est plutôt symbolique, mais qui témoigne de l'ambiance
18:01du Vercors résistant à ce moment-là.
18:04C'est ce qui se passe le 3 juillet 1944 à Saint-Martin-en-Vercors,
18:08où solennellement, on restaure la République française.
18:11La République française qui est restaurée,
18:14rappelons que le régime de Vichy avait mis à terre la République française en 1940.
18:19Donc symboliquement, c'est la République française qu'on restaure dans le Vercors,
18:23avec sa devise, liberté, égalité, fraternité.
18:27L'aventure va avoir une telle ampleur,
18:30puisque pendant plusieurs semaines, c'est vraiment un bout de France libérée
18:35qui va fonctionner, qui va s'organiser pour préparer la suite,
18:40et préparer la fin de l'occupation allemande.
18:43Et la chute du régime de Vichy.
18:46Pour les Allemands, après le débarquement de Normandie,
18:49ils ne pouvaient pas supporter une telle concentration d'hommes en armes,
18:52et la meilleure défense, c'est l'attaque.
18:54Donc il fallait absolument réduire le maquis du Vercors.
19:00À la mi-juin 1944, c'est le baptême du feu pour les maquisards.
19:03L'armée allemande envoie un bataillon de 400 hommes
19:06pour tenter de percer le maquis à Saint-Nizier-du-Moucherotte.
19:10Les résistants, emmenés par le chef militaire du Vercors, François Huet,
19:13font face et repoussent l'ennemi.
19:16Mais le 15 juin, les Allemands reviennent en force,
19:19avec 2000 hommes et miliciens.
19:21Face à eux, 600 maquisards, trop peu nombreux, trop peu armés.
19:31Ils étaient peu de résistants, donc sur cette ligne de crête de Charvet.
19:35Et pour faire croire à l'ennemi allemand,
19:38qui arrivait de l'agglomération grenobloise,
19:41ils se déplaçaient sur cette ligne de crête,
19:43parce qu'ils n'étaient pas nombreux,
19:45et avec peu d'armes et de munitions,
19:48pour faire croire qu'en fait, sur la totalité de la ligne de crête,
19:51il y avait du personnel, donc du personnel militaire,
19:54et armés, ce qui n'était pas du tout le cas,
19:56parce qu'ils n'étaient qu'une poignée de personnes,
19:58mais ils faisaient comme ils pouvaient.
20:00Et là, inéluctablement,
20:02les Allemands étant nombre bien plus supérieur,
20:05l'inévitable est arrivé,
20:08et est arrivé ce qu'on connaît par la suite.
20:12La quasi-totalité des habitations ont été brûlées.
20:15Voilà, donc ça a été les premiers combats du Vercors.
20:18Les opposants allemands sont arrivés par une première brèche
20:21venant de l'agglomération grenobloise.
20:24Ce fameux 13 juin 1944 et le 15 juin,
20:27des jeunes et des moins jeunes, civils et militaires,
20:31ont péri ici.
20:33On peut parler en gros d'une vingtaine.
20:35Donc voilà, le tribut qui a payé la commune de Saint-Nizier,
20:40c'est la quasi-totalité des habitations détruites.
20:45J'ai un souvenir de guerre.
20:47Je vous dis, les souvenirs de guerre que j'ai pu avoir,
20:50on avait un client qui était un juif.
20:53Alors donc, ce juif s'appelait Ahmad Israël.
20:57Il a été tué à Saint-Nizier
20:59au moment de la bataille de Saint-Nizier.
21:02Mais avant, il vivait ici avec nous,
21:05il vivait ici à l'hôtel.
21:07Et quand il a été tué, bon, bien évidemment,
21:10ça m'a ébranlé.
21:13Et puis après, ma foi,
21:16il y a eu les Allemands.
21:19On en avait un à chaque porte.
21:21On ne sortait pas, on ne bougeait pas.
21:23Sur cette période-là, l'hôtel a été réquisitionné
21:27en 1944 par les Allemands
21:29pour en faire un hôpital militaire.
21:31L'hôtel a été occupé par les Allemands.
21:35Et c'était ma mère qui s'entretenait avec eux.
21:39Et c'était l'hôpital.
21:41C'était l'hôpital, donc on avait les blessés,
21:44parce qu'il y en a eu pas mal.
21:46On avait des canons derrière,
21:48on avait des sentinelles à chaque porte.
21:52Ça, je m'en rappelle très bien, voilà.
21:56Parce que là, j'avais 12 ans.
21:58À 12 ans, on se rappelle.
22:00Et puis maman me disait toujours,
22:02on est peut-être appelés à partir
22:04au moment du feu à Saint-Nizier,
22:07quand Saint-Nizier a été brûlé.
22:09Maman m'avait dit, tu sais,
22:11on est peut-être appelés à partir.
22:13Alors ma foi, elle m'avait mis un peu d'argent dans une poche
22:16et puis elle m'a dit, tu prends ta petite valise
22:18et tu t'en vas, tu t'en vas n'importe où.
22:20Mais tu t'en vas.
22:22C'est des souvenirs qui m'ont marquée.
22:26Les Allemands ont une vision assez précise
22:28de ce qu'est le Vercors, de ce qui s'y passe.
22:30Surestiment sans doute un peu
22:32la capacité d'action des hommes du Vercors.
22:34Mais clairement, ils ont bien identifié
22:36que depuis quelques semaines,
22:38il y a beaucoup d'hommes qui affluent vers le Vercors.
22:40Que le Vercors reçoit régulièrement
22:42des parachutages d'armes, notamment avacieux.
22:45Et que le Vercors, c'est un endroit
22:47où il y a beaucoup d'armes.
22:49C'est un endroit où il y a beaucoup d'armes.
22:51C'est un endroit où il y a beaucoup d'armes.
22:53Des parachutages d'armes, notamment avacieux.
22:55Les Allemands redoutent plus que tout une chose.
22:57C'est que dans le cadre d'un débarquement
22:59allié en Provence,
23:01les soldats allemands vont devoir affluer vers le nord.
23:03Les Allemands redoutent qu'à ce moment-là,
23:05des résistants du Vercors
23:07puissent aller conduire des opérations de représailles
23:09dans la vallée du Rhône
23:11et ainsi prendre les troupes allemandes en tenaille.
23:15Pour évacuer cette menace,
23:17les Allemands doivent donc concentrer leurs efforts
23:19pour venir à bout du maquis du Vercors.
23:21Mais le matin du 14 juillet,
23:23les Alliés mènent la plus spectaculaire opération
23:25de parachutage
23:27à destination des maquisards.
23:2972 bombardiers américains
23:31larguent 862 containers d'armes
23:33et de munitions sur la plaine de Vacieux.
23:37C'est une provocation de trop pour les Allemands.
23:39Si Vacieux est le centre
23:41névralgique du Vercors résistant,
23:43c'est donc là qu'il faut frapper,
23:45vite et fort, pour anéantir ce maquis.
23:51Le 21 juillet 1944,
23:53finalement, les Allemands vont mettre fin
23:55à cette aventure Vercors
23:57en lançant une attaque généralisée
23:59sur l'ensemble du massif du Vercors,
24:01donc sur son pourtour,
24:03mais aussi par une opération aéroportée
24:05à Vacieux en Vercors,
24:07le petit matin du 21 juillet 1944.
24:09Donc le Vercors est attaqué par l'extérieur,
24:11mais aussi à l'intérieur,
24:13ce qui constitue la plus grande opération aéroportée
24:15qui a été menée par la Luftwaffe en 1944
24:17en Europe occidentale.
24:19Il y a 12 000 soldats qui sont mobilisés,
24:21face auxquels se trouvent
24:233 000 à 4 000 résistants tout au plus,
24:25faiblement armés,
24:27assez peu entraînés,
24:29donc d'entrée de jeu un combat extrêmement inégal,
24:31et quand les combats s'engagent,
24:33c'est une violence extrême,
24:35le village est complètement anéanti.
24:37La plupart des personnes civiles
24:39qui rencontrent les troupes allemandes
24:41sont sommairement exécutées.
24:43La consigne avait été donnée
24:45de n'épargner personne à Vacieux,
24:47avec la volonté de faire aussi
24:49de Vacieux un exemple
24:51des exactions auxquelles
24:53s'exposaient les habitants,
24:55qui apportaient un soutien trop actif à la résistance.
24:57Il y a un bilan humain extrêmement lourd,
24:59puisque les combats à Vacieux,
25:01c'est presque 200 personnes qui perdent la vie,
25:03dont 73 habitants.
25:07Il faudra attendre la fin du ratissage sanglant
25:09entrepris par les Allemands dans le secteur
25:11pour que des volontaires puissent accéder à Vacieux
25:13près de trois semaines après le massacre.
25:15Ils vont alors regrouper
25:17tant bien que mal les cadavres éparpillés
25:19autour du village,
25:21puis entreprendre le pénible travail
25:23de recensement et d'identification.
25:25Le récit de l'un d'entre eux,
25:27Maurice Rouchy, est insoutenable.
25:31Plusieurs kilomètres avant d'arriver au village,
25:33une odeur fade de cadavres nous prend à la gorge.
25:35Les fermes commencent à apparaître,
25:37c'est-à-dire des morceaux de ruines.
25:39Elles ont été brûlées, détruites,
25:41saccagées.
25:43Partout traînent les pauvres hardes des paysans.
25:45Partout, des cadavres d'animaux
25:47que les Allemands ont souvent attachés dans les étables
25:49avant de livrer la ferme au feu.
25:51Le spectacle de ces lambeaux de chair
25:53est affreux.
26:13...
26:33Nous sommes sur le chemin d'accès
26:35au hameau de Valchevrière,
26:37qui a été incendié ici par les troupes allemandes
26:39en juillet 1944.
26:41Le hameau n'était pratiquement plus habité.
26:43Il y avait qu'une ou deux familles
26:45qui restaient avant les combats,
26:47qui sont déroulées au-dessus du village.
26:49Finalement,
26:51les troupes allemandes qui ont réussi
26:53à percer les lignes de défense
26:55mises en place par la résistance
26:57ont incendié le village en juillet 1944.
26:59...
27:13Valchevrière, c'est emblématique
27:15parce que ça a été un lieu,
27:17d'un point de vue stratégique,
27:19très important pendant les combats.
27:21Les troupes allemandes avaient investi
27:23dans un premier temps le vercors nord
27:25à partir du 21 juillet 1944,
27:27c'est pareil pour les troupes aéroportées
27:29au sud du vercor avacieux.
27:31Pour faire leur jonction,
27:33il n'y avait plus qu'une seule route
27:35qui était utilisable, la route de Valchevrière.
27:37Les Allemands s'engagent sur cette route
27:39jusqu'à la position défendue par les hommes
27:41du lieutenant Abel Chabal,
27:43qui vont se battre avec un ratio de 1 pour 5.
27:45Ils résistent,
27:47repoussent l'ennemi le 22 juillet.
27:49Mais durant la nuit, les Allemands
27:51progressent sur les positions des résistants
27:53qui sont bientôt encerclés et retranchés
27:55au belvédère de Valchevrière.
27:57C'est là, au belvédère,
27:59où Chabal avait installé
28:01son poste de commandement.
28:03C'est en fait le dernier verrou
28:05qui saute avec la mort
28:07de nombreux chasseurs alpins lors de ces combats.
28:09Le 24 juillet,
28:11le village de Valchevrière est incendié,
28:13probablement pour éviter le retour
28:15de Macky Zarr ici, ou pour montrer sa présence.
28:17On ne sait pas véritablement.
28:19Sachant que le 23 juillet au soir,
28:21à 17h, l'ordre de dispersion
28:23est donné par le chef militaire du Vercors.
28:25Donc l'idée, c'est de se disperser
28:27par toutes petites unités et de regagner les vallées.
28:29Après, les Allemands vont effectuer
28:31un ratissage. C'est là qu'il va y avoir
28:33d'ailleurs beaucoup de morts,
28:35beaucoup de victimes. Et ce ratissage va faire
28:37que parfois des hameaux,
28:39des maisons vont être incendiées
28:41pour éviter que les Macky Zarr puissent
28:43tout simplement y trouver un repli
28:45ou un lieu de refuge.
28:53C'était à Saint-Martin.
28:55Et puis, quand mon père m'a envoyé
28:57avec la famille
28:59rejoindre le camp,
29:01quand on est monté au col du Rousset,
29:03j'ai vu des Allemands
29:05qui auraient pu nous tirer dessus.
29:07On était...
29:09Ils nous avaient cernés.
29:11Ils avaient des armes
29:13qu'il fallait, nous, pas.
29:15Puis des gens entraînés,
29:17plus ou moins entraînés.
29:19Et puis, on s'est dit,
29:21des gens entraînés,
29:23plus que nos Macky Zarr.
29:27De toute façon, il nous fallait
29:29des armes lourdes.
29:31Et du nombre.
29:35Il aurait fallu que si on avait eu
29:37mille hommes,
29:39ils prenaient chacun...
29:43Chaque QA prenait cinq, six gars.
29:47Tout le monde aurait su vivre.
29:49Enfin, on ne pensait pas
29:51que ça allait se tourner au vinaigre
29:53comme ça s'est tourné pour nous.
29:55Pour bien d'autres Macky.
29:57J'ai perdu deux cousins,
29:59deux oncles.
30:01Quatre chauffeurs.
30:03Beaucoup d'amis.
30:05Des jeunes.
30:07Un an ou deux de plus.
30:09Un paquet.
30:11Quelques-uns.
30:13C'est le prix à payer.
30:15C'est malheureux pour ceux
30:17qui sont restés.
30:19Personne ne se prenait
30:21pour des héros.
30:23C'est sûr.
30:25On subissait l'occupation allemande
30:27et on essayait de participer
30:29à notre libération.
30:35C'est le 15 août 1944
30:37que les troupes alliées
30:39débarquent en Provence,
30:41forçant le repli des Allemands
30:43postés dans le sud-est de la France.
30:47Depuis le 25 août,
30:49Paris est enfin libère.
30:51...
31:15Il faudra encore attendre l'année suivante
31:17pour que l'Allemagne capitule,
31:19en 1945.
31:21...
31:29Si la France pleure
31:31les trop nombreuses victimes
31:33de cette guerre,
31:35c'est aussi l'heure du retour
31:37des enfants du pays,
31:39emprisonnés ou enrôlés
31:41de force en Allemagne
31:43pour le service
31:45du travail obligatoire.
31:47...
32:09Lorsque les Allemands
32:11sont arrivés le 21 juillet 1944
32:13à Autran,
32:15tout de suite, il y a eu un recensement
32:17de tous les hommes valides
32:19de 17 à 30, 35 ans.
32:21Certains, comme nos parents,
32:23sont partis en Allemagne,
32:25d'abord en camion,
32:27puis en train,
32:29avec beaucoup de péripéties.
32:31Et ces cinq-là
32:33sont restés
32:35...
32:37toujours ensemble.
32:39C'est-à-dire qu'ils étaient
32:41dans le même wagon.
32:43Après, en Allemagne,
32:45ils ont travaillé dans la même usine.
32:47Ils étaient dans le même barraquement,
32:49dans la même chambre.
32:51Pendant dix mois
32:53de captivité,
32:55ils étaient des travailleurs français.
32:57Ils n'avaient rien à manger.
32:59Ils avaient une soupe
33:01le soir.
33:03C'était plus de l'eau qu'un bouillon.
33:05Ils n'avaient rien à manger.
33:07Mon père a perdu
33:0925-30 kg en dix mois.
33:11Les autres,
33:13pareil.
33:15Ils sont revenus.
33:17Ils n'étaient pas en très bon état.
33:19Il y a eu un esprit
33:21de solidarité à tous les cinq
33:23qui a duré
33:25toute leur vie.
33:27Ils ont été, franchement,
33:29très copains toute leur vie.
33:31Ils jouaient à la blotte souvent ensemble.
33:33Et là-bas,
33:35c'était le départ
33:37d'une longue amitié.
33:39Donc,
33:41très solidaires.
33:43C'est peut-être pour ça
33:45qu'ils sont tous revenus.
33:47Je les ai réunis une fois,
33:49tous les quatre.
33:51Parce que
33:53M. Gamon, Marcel Gamon,
33:55lui est décédé très tôt.
33:57On ne l'a pas connu.
33:59On ne l'a pas connu.
34:01On ne se souvient pas.
34:03Je les ai réunis tous les quatre.
34:05Je les ai questionnés
34:07un après-midi.
34:09Ils m'ont raconté.
34:13Il y avait des rires.
34:15Il y avait des larmes.
34:21C'est un territoire qui est griffé
34:23de toute façon.
34:25Il y a des héros, mais il y a aussi des martyrs.
34:27Il ne faut pas oublier que la victime la plus jeune a 18 mois,
34:29la plus âgée a 92 ans.
34:31Forcément, il y a des stigmates.
34:33On a peut-être parfois eu tendance
34:35à oublier que des enfants de 10 ans
34:37ont vu des choses absolument abominables.
34:39On ne devrait pas voir quand on a 10 ans.
34:41Bien sûr, ça se transmet dans la génération.
34:43Il y a des douleurs absolument improbables
34:45qui sont encore très présentes dans certaines familles.
34:47On frôle
34:49certains secrets de famille finalement
34:51avec tout ce qui s'est passé.
34:53Ce territoire est griffé, il est marqué.
34:55Bien sûr, il y a des héros, mais il y a aussi
34:57beaucoup de martyrs.
35:05...
35:15Dès le lendemain de la guerre,
35:17le Vercors entreprend un travail mémoriel très fort
35:19pour rendre hommage aux nombreuses victimes
35:21et communes frappées par le conflit.
35:23Le territoire va se reconstruire
35:25autour de multiples stèles,
35:27croix, monuments aux morts.
35:29C'est ainsi, entre autres,
35:31que vont voir le jour les nécropoles
35:33de la commune de Chrotte et Vassu en Vercors.
35:35...
35:37Saint-Nizier est une commune
35:39médaillée de la Résistance.
35:41Ça mérite d'être souligné.
35:43Il n'y a que 18 communes médaillées de la Résistance
35:45en France.
35:47Médaille de la Résistance qui a été attribuée
35:49à la commune par le général de Gaulle
35:51lui-même.
35:53La particularité du cimetière national
35:55qui est à Saint-Nizier,
35:57là où il est implanté, ça a été les premiers combats
35:59du Vercors le 13 juin 1944.
36:01Et là, il y avait des jeunes
36:03qui étaient là et qui se sont battus
36:05et qui sont tombés pour nous.
36:07Ça représente rien que ça, juste ça.
36:09Mais c'est tellement énorme qu'il n'y a pas besoin
36:11d'en dire beaucoup plus.
36:13Ça veut juste tout dire.
36:15...
36:17Il y a d'autres communes sur le territoire
36:19du Vercors que je dois citer,
36:21comme la chapelle en Vercors
36:23qui est aussi une commune médaillée de la Résistance.
36:25Et bien évidemment,
36:27quand on parle de Résistance,
36:29on parle de la Résistance à Vassieux-en-Vercors
36:31qui a un grade au-dessus,
36:33là, en tant que Campagnon de la Libération.
36:35Avec les drames qui se sont déroulés
36:37sur la commune de Vassieux-en-Vercors.
36:39...
36:41...
36:43...
36:45...
36:47...
36:49...
36:51...
36:53...
36:55...
36:57...
36:59...
37:01...
37:03...
37:05...
37:07...
37:09...
37:11...
37:13Le fait que la commune de Vassieux
37:15soit admise dans l'ordre de la Libération,
37:17ça dit aussi quelque chose de la notoriété
37:19que le Vercors acquiert très rapidement
37:21dès la fin de la guerre.
37:23Avec un exemple tout à fait marquant,
37:25figure en une du monde
37:27le bombardement américain
37:29sur Hiroshima et Nagasaki
37:31et le Vercors résistant
37:33puisque Vassieux
37:35venait de recevoir
37:37la Croix de la Libération.
37:39Donc voilà, rapidement,
37:41dès la fin de la guerre,
37:43le Vercors en général et Vassieux en particulier
37:45vont occuper une place de choix
37:47dans l'histoire de la Résistance française.
37:49...
38:15Dès la fin de la guerre,
38:17il y a régulièrement des camions entiers
38:19d'habitants de la région qui viennent à Vassieux
38:21en pèlerinage pour voir ce qui s'est passé
38:23alors que le village n'est pas encore reconstruit
38:25mais qui montent voir de leurs propres yeux
38:27ce qui s'est passé ici
38:29et ce tourisme de pèlerinage va rapidement
38:31se transformer en tourisme mémoriel
38:33et ce tourisme mémoriel
38:35va s'appuyer sur deux lieux majeurs
38:37le musée de la Résistance
38:39créé en 1973 par Joseph Lapicirella
38:41et 20 ans plus tard
38:43par le mémorial de la Résistance
38:45qui est une impulsion politique
38:47du plus haut sommet de l'État
38:49et qui sont deux sites, le musée et le mémorial
38:51qui portent vraiment l'histoire du Vercors résistant.
38:53...
39:01Ce mémorial a été voulu par l'Association nationale
39:03des pionniers combattants volontaires
39:05du Maquis du Vercors,
39:07association qui existe encore de nos jours
39:09dans la continuité de la construction des deux
39:11mécropoles qu'il y a dans le Vercors
39:13c'est 1948 pour Vachion au Vercors.
39:15...
39:17L'idée c'était de faire un monument
39:19pour rendre hommage
39:21de manière très solennelle
39:23aux martyrs et aux combattants du Vercors
39:25aux victimes civiles et aux victimes combattantes du Vercors.
39:27...
39:29Donc nous sommes ici dans le premier espace
39:31du mémorial qui représente d'une manière
39:33très symbolique la France des années noires
39:35à travers plusieurs scénettes
39:37dont celle de la montée au Maquis.
39:39...
39:49Le bâtiment s'articule autour de la montagne
39:51c'est-à-dire du Maquis, là où nos jeunes combattants
39:53sont venus se réfugier dans un premier temps
39:55là où ils ont combattu,
39:57où ils ont rencontré des véritables frères d'armes
39:59là où ils ont perdu également.
40:01Donc en fait le mémorial vient se lever contre la montagne
40:03il ondule autour de la montagne, il respecte les courbes de niveau
40:05c'est aussi pour ça que le toit a été végétalisé
40:07ce qui à l'époque était particulièrement rare
40:09à nouveau c'est pour se fondre dans la végétation
40:11et cette position de hauteur
40:13c'est aussi pour, on surveille
40:15on est aux affûts de l'arrestation
40:17des combats.
40:19Donc tout dans ce mémorial
40:21respire la symbolique en fait
40:23des combattants et des combattantes.
40:25Cet endroit dans le mémorial
40:27c'est peut-être un de mes préférés
40:29parce qu'en fait il présente le parcours
40:31de résistantes et de résistants
40:33ce qu'ils étaient avant la guerre, pendant la guerre
40:35et parfois après la guerre.
40:37Donc en fait ici nous avons toute une diversité
40:39de personnes qui ont tout simplement
40:41fait le parcours de résistante
40:43et de résistante
40:45et qui ont fait le parcours de résistante
40:47et de résistante
40:49et qui ont fait le parcours de résistante
40:51et de résistante
40:53une diversité de personnes qui ont tout simplement
40:55fabriqué du pain pour les maquisards
40:57jusqu'à des militaires de carrière
40:59avec un rôle très important au niveau de la résistance nationale
41:01qui sont venus dans le Vercors
41:03pour encadrer ces jeunes gens
41:05et pour faire de ces maquis
41:07des exemples en fait pour l'ensemble des maquis
41:09du sud-est de la France.
41:13On a évidemment
41:15Jean Moulin mais qui va
41:17côtoyer par exemple un boulanger
41:19qui pétrit le pain pour les maquisards
41:21pendant les combats.
41:23Vous avez Odette Malossane,
41:25infirmière à l'hôpital du maquis
41:27qui a été déportée
41:29et qui est morte à Ravensbrück.
41:31Voilà c'est tout un ensemble de portraits
41:33qui forment la diversité, la mosaïque du Vercors résistant.
41:41La mémoire de la résistance s'entretient également
41:43à travers des lieux emblématiques
41:45comme le camp C3 à Autran
41:47qui abritait une trentaine de maquisards
41:49et la cabane d'Ecarto.
41:51Les dernières pierres de cet abri
41:53s'apprêtaient à disparaître à tout jamais
41:55mais c'était sans compter
41:57sur quelques passionnés d'histoire
41:59et curieux de leur territoire.
42:03Alors ça s'appelle la cabane d'Ecarto,
42:05c'est le lieu dit,
42:07la prairie là-haut, la petite terre,
42:09ça s'appelle l'Ecarto.
42:11Curieusement ça n'apparaît pas sur les cartes IGN.
42:13C'était un camp de résistants
42:15pendant la seconde guerre mondiale
42:17de mi-juin 1943
42:19à la libération.
42:21Je me suis mis en tête de trouver cette cabane.
42:23Je l'ai trouvée.
42:25J'ai trouvé les ruines.
42:27Le pari fou est parti.
42:29Après on y est remonté,
42:31on a pris quelques mesures,
42:33on a fait faire quelques devis
42:35et là ça nous a donné le tournis.
42:39Donc on a créé une association,
42:41la cabane 44.
42:43L'idée c'était aussi de la reconstruire à l'identique,
42:45sur les photos qu'on avait.
42:47...
43:13La reconstruction était très rapide.
43:15On a mis même pas un an.
43:17On a commencé en avril 2023
43:19et fin octobre c'était terminé.
43:21En gros on a eu neuf
43:23journées complètes de travail sur place
43:25sachant qu'il fallait compter une heure
43:27pour monter à pied avec le matériel sur le dos.
43:29C'était plutôt un abri qu'une vraie cabane.
43:31La cabane aujourd'hui est terminée
43:33donc elle est ouverte,
43:35il n'y a pas besoin de réserver
43:37ni d'avoir une clé.
43:39Aujourd'hui on est sur un chantier plus historique.
43:41On a retrouvé des photos
43:43de groupes de résistants
43:45et l'idée c'est de remettre
43:47un nom sur chaque visage.
43:55À partir du moment où les derniers résistants
43:57ont disparu,
43:59aujourd'hui c'est notre génération
44:01directement qui vient.
44:03Et si nous on ne le fait pas,
44:05les jeunes,
44:07c'est pas péjoratif,
44:09ils ont d'autres soucis
44:11il faudra tomber sur un historien
44:15spécialiste de la résistance
44:17qui va s'occuper de ça,
44:19donc ça se réduit.
44:21Donc il faut le faire maintenant,
44:23sinon après on va oublier.
44:25Et si on oublie, ça va recommencer.
44:41Louis,
44:43Jourdan, Marcel,
44:45Bouyane,
44:47Louis, mort pour la France.
44:51Pascal, Alphonse,
44:53Thomas, Marie,
44:55Morin, Anaïs,
44:57mort pour la France.
45:03On voit les erreurs qui se sont produites
45:05sur le territoire du Vercors,
45:07il est évident qu'on n'en parle pas avec joie
45:09mais avec enthousiasme.
45:11Les jeunes que nous étions,
45:13on savait que le grand-père ou la grand-mère
45:15étaient là, il fallait leur tirer un peu
45:17les verres du nez pour se dire
45:19« Tiens, un tel m'a dit que ce jour-là
45:21il s'était passé ça à tel endroit,
45:23mais toi t'étais où ? Qu'est-ce que t'avais fait ?
45:25Est-ce que tu t'en rappelles ? Est-ce que tu t'en rappelles pas ? »
45:27Donc voilà, ça a toujours été des épisodes.
45:29Rares sont ceux
45:31qui parlaient de cela
45:33de manière fluide et naturelle.
45:35Alors ça a été plus le cas là,
45:37peut-être par une prise de conscience
45:39des derniers anciens
45:41qui ont vécu cette période-là,
45:43en se disant « On a ce devoir
45:45peut-être de mémoire,
45:47et ce qui n'a pas été dit
45:49peut-être à une certaine période,
45:51ben là maintenant il faut le dire
45:53parce qu'on est les derniers à être là,
45:55à avoir vécu ça, et c'est important
45:57pour nos jeunes générations
45:59d'avoir des informations sur ce qui s'est déroulé.
46:07C'est arrivé
46:09Contre nous de la tyrannie
46:13L'étendard semblant est levé
46:17L'étendard semblant est levé
46:19Entendez-vous
46:21Nous dans les campagnes
46:23Légitimer
46:25Ces féroces soldats
46:27Ils viennent
46:29Juste de mon pouvoir
46:31Égorger nos fils
46:33Nos compagnes
46:35Aux armes citoyennes
46:37Aux armes citoyennes
46:39Pour les bataillons
46:41Pour les bataillons
46:43Maléchons
46:45Maléchons
46:47Que s'abîment
46:49Maléchons
46:51Notre nation
46:59Le bilan de la guerre est tragique dans le Vercors.
47:01Plus de 800 morts,
47:03301 civils,
47:0541 déportés,
47:07573 maisons et fermes détruites.
47:09Malgré l'héroïsme
47:11dont ont fait preuve les résistants,
47:13le territoire est exsangue.
47:15Certains villages ne sont plus qu'un amas de ruines.
47:21La reconstruction, c'est un phénomène massif.
47:23Il va falloir reconstruire le monde,
47:25sortir de la seconde guerre mondiale,
47:27donc il va aussi falloir reconstruire la France,
47:29et reconstruire le Vercors et Bastiaux en particulier.
47:31D'abord, il va falloir déminer le village
47:33pour pouvoir réellement reconstruire,
47:35c'est-à-dire retirer,
47:37faire tout un travail préparatoire,
47:39démolir les bâtiments qui ne peuvent plus être récupérés,
47:41parce qu'effectivement,
47:43il fallait impérativement que ça soit raccord
47:45avec les enjeux urbains de la reconstruction.
47:47Donc on est vraiment dans quelque chose
47:49extrêmement massif qui s'impose au territoire
47:51et qui fait totalement
47:53table rase du passé.
47:55Ce qui explique qu'on a aujourd'hui très peu de vestiges
47:57de vacieux avant-guerre.
47:59Les maisons ont été reconstruites,
48:01donc un plan de village nouveau,
48:03et puis évidemment,
48:05quand on compare l'architecture
48:07des maisons avant-guerre
48:09et l'architecture des maisons reconstruites,
48:11on voit de profondes différences,
48:13avec évidemment une forme de modernisation.
48:17La quasi-totalité des habitations de Saint-Nizier
48:19ont brûlé, et c'est la raison pour laquelle
48:21après tout a été reconstruit,
48:23donc quand on se promène un peu dans Saint-Nizier,
48:25et que, alors maintenant Saint-Nizier
48:27est une commune de 300-400 habitants,
48:29c'est une commune de 1200,
48:31mais quand on regarde toutes les anciennes maisons
48:33et les fermes, entre autres en l'occurrence,
48:35la quasi-totalité des fermes sont des fermes de la reconstruction.
48:37Dans beaucoup d'anciennes maisons
48:39qui ont été reconstruites,
48:41on voit des meubles similaires de partout.
48:43Ce sont les meubles que tous les anciens
48:45ont sur Saint-Nizier,
48:47ce sont les meubles de la reconstruction.
48:49C'est entre autres des vaisseliers
48:53ou des armoires
48:55qui avaient été fournis par l'Etat à l'époque.
48:57Ces meubles-là sont des meubles de la reconstruction.
48:59C'est l'Etat qui finançait,
49:01après,
49:03région par région,
49:05ils avaient missionné
49:07différents corps de métier,
49:09et là, en l'occurrence,
49:11pour ce qui est de l'ameublement,
49:13c'était, a priori, une usine qui était basée
49:15aux environs de Grenoble.
49:17Il y avait mission de faire des vaisseliers
49:19en série
49:21pour remeubler
49:23toutes ces maisons de la reconstruction
49:25en même temps.
49:29Pour l'aider à se relever et financer sa reconstruction,
49:31le Vercors va également bénéficier
49:33du Don Suisse,
49:35un fonds créé par le Conseil fédéral Helvète
49:37dans la lignée de sa tradition humanitaire.
49:39C'est sous l'impulsion d'une femme,
49:41Juliette Le Sage,
49:43que le Vercors se verra attribuer cette dotation
49:45pendant des années.
49:47C'est une combattante du sud du Vercors
49:49qui a été de la Drôme,
49:51qui a été blessée lors des combats
49:53et qui a été soignée
49:55à l'hôpital du Maquis.
49:57Cette dame est revenue dans le Vercors
49:59au départ des troupes allemandes
50:01et a constaté que beaucoup de villages avaient été détruits
50:03avec des populations civiles
50:05qui avaient été massacrées.
50:07Comme elle a des contacts avec la Croix-Rouge,
50:09parce qu'elle travaillait avant-guerre
50:11pour la Croix-Rouge,
50:13elle se rend à Genève pour demander de l'aide.
50:15Cette action va mettre en route ce qu'on appelle
50:17le Don Suisse pour la reconstruction du Vercors.
50:19C'est aussi grâce à elle, combattante du Vercors,
50:21qu'ils se retrouvent en Suisse.
50:23Ce Don Suisse va donner beaucoup de choses
50:25pour la reconstruction des villages.
50:27Ils vont tout d'abord envoyer des pansements,
50:29des bas de laine pour les enfants,
50:31des jouets, des manuels scolaires,
50:33parce qu'il fallait aussi reconstruire.
50:35Il fallait penser aux enfants qui allaient faire
50:37la France et le Vercors de demain.
50:39C'est aussi pour ça qu'ils ont beaucoup basé
50:41sur l'enfance, sur les enfants,
50:43qui avaient vu des choses absolument abominables
50:45et que c'était à eux de préparer l'avenir.
50:47On va à l'école avec des manuels scolaires.
50:51Tout le Vercors connaît la reconstruction.
50:53Le Vercors, mais également ses piémons,
50:55le Royan, la Gervane,
50:57qui avaient subi également les combats
50:59et les bombardements.
51:01C'est vraiment un phénomène important
51:03qui va profondément marquer
51:05et transformer la physionomie du Vercors
51:07telle qu'on le connaît aujourd'hui.
51:14En plus des déchirures laissées par la guerre
51:16et des villages à reconstruire,
51:18c'est toute l'activité économique du Vercors
51:20qu'il fallait repenser, réinventer.
51:22Et c'est en grande partie
51:24grâce au tourisme que la transformation
51:26s'est opérée peu à peu,
51:28en misant sur les vertus réputées de son climat,
51:30sa forte valeur patrimoniale
51:32et en s'appuyant sur l'esprit d'innovation
51:34d'hommes et de femmes qui ont su s'adapter
51:36aux enjeux de chaque nouvelle époque.
51:40S'il demeure un sanctuaire de mémoire,
51:42un territoire griffé par l'histoire,
51:44le Vercors a su renaître plus fort,
51:46plus fier et mérite sans conteste
51:48son surnom de forteresse.
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