A 17 ans seulement, son application Lyynk, dédiée à la santé mentale des jeunes, cartonne. De même pour ses vidéos sur les réseaux, la dernière en date lui a valu les excuses et l’invitation d’un certain… Emmanuel Macron ! Miel Abitbol est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell.
Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Mathilde Serrell sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00Les nouvelles têtes Mathilde Serrell, ce matin, votre invitée a 17 ans et elle ne
00:05laissera personne dire qu'on peut renoncer au bonheur.
00:08La créatrice de contenu et entrepreneuse Miel Habitbol est dans notre studio.
00:14Bonjour Miel, j'ai bien vu votre message, on a besoin de vous et donc je vais bientôt
00:17organiser une rencontre à l'Élysée avec des associations, des engagés et Miel, je
00:21vous propose de venir avec votre groupe pour qu'on en parle, pour qu'on travaille ensemble
00:26et que vous nous aidiez dans ce travail.
00:28Bonjour Miel Habitbol, on vient d'entendre le message vidéo que le Président Emmanuel
00:33Macron vous a adressé sur les réseaux sociaux le 30 mars dernier, vous échangez en DM,
00:37en message direct depuis ? Non, on n'a échangé que par des TikToks,
00:41il ne faut pas abuser.
00:43Il vous fait des petits TikToks ? Non, moi j'ai fait un TikTok, lui il en a fait un.
00:47Ça se passe comme ça.
00:48Vous irez donc rencontrer Macron à l'Élysée le 15 avril avec votre groupe, c'est-à-dire
00:53qui ? Les cofondateurs de LingQ, votre appli sur la santé mentale des jeunes ou votre
00:58communauté qui dépasse les 2,5 millions d'abonnés tous réseaux confondus, ça fait du monde.
01:03Oui, ça fait beaucoup de monde.
01:04On va y aller avec les cofondateurs de LingQ, qui sont du coup mon père et le docteur Clermorin
01:08qui est médecin psychiatre, c'est mon équipe, donc on va y aller ensemble, on va porter
01:13la voix des jeunes aussi surtout.
01:14Oui, parce que ce message d'excuses, il s'adresse à vous et à travers vous, c'est toute une
01:18génération que vous représentez, très touchés par les problèmes de santé mentale.
01:22Les chiffres sont plus qu'alarmants, un jeune sur cinq présente des troubles dépressifs
01:26selon Santé publique France, soit une augmentation de plus de 80% en cinq ans.
01:31La santé mentale, elle a été bien déclarée grande cause nationale en 2025, mais dans
01:35une interview au Point, vous dites que ce ne sont que des discours, vous dites derrière
01:39rien n'est fait, c'est tout le système qui est défaillant, il n'y a plus rien qui marche.
01:43Franchement, c'est nul ce qu'ils font, expliquez-nous pourquoi ?
01:48Peut-être que là, j'étais de mauvaise humeur ce jour-là, mais...
01:51Après vous interviewez les bonjours, là vous ne serez plus...
01:54Non, mais c'est vrai, c'est qu'aujourd'hui, la santé mentale, c'est la grande cause nationale
01:592025.
02:00Quand on regarde ce qui a été fait, il n'y a pas grand-chose qui a été fait pour une
02:02grande cause nationale.
02:03Donc, après aujourd'hui, c'est vrai qu'il y a les tabous qui commencent à se lever,
02:07on est sur la bonne voie.
02:08On n'est pas en train de régresser, j'ai envie de dire.
02:09La santé mentale, c'est un problème de société qui existe depuis très très très longtemps,
02:15seulement aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, on en parle énormément.
02:17Donc, la vidéo que le Président de la République a faite, moi d'un côté, je trouve que c'est
02:23bon, c'est un peu du discours aussi, mais c'est bien car ça met quand même le sujet
02:27sur la table.
02:28Sur TikTok, la vidéo a fait des millions et des millions de vues.
02:32Donc, on parle du sujet, on met le sujet sur la table et j'espère qu'avec les rencontres
02:37qu'on va faire à l'Élysée, cette rencontre, on va pouvoir mettre en place des vraies actions
02:42concrètes.
02:43Nous, on a un tas d'idées, de choses simples à mettre en place.
02:46Comme quoi ? Je suis désolée, je ne sais pas.
02:48Elle ne peut pas tout livrer, mais il y a entre autres un ministère du bien-être, ça fait
02:52partie des choses dont vous rêvez ? Oui, c'est ça, il y a des choses, on va faire
02:56des propositions court-terme, moyen-terme et long-terme.
02:58Mais par exemple, il y a quelque chose de très concret, vous en parlez sur votre application,
03:02quand on appelle le 3018, qui est le numéro qui est dédié au cyber-harcèlement, il
03:05n'y a pas assez de monde pour répondre, donc il n'y a personne en fait.
03:07Il y a un appel sur deux qui est perdu au 3018, mais parce que ces associations, c'est
03:13e-enfance, ils sont censés être financés par l'État, mais en fait, ils n'ont pas
03:17assez d'argent et donc ils n'ont pas assez de personnes pour répondre aux appels.
03:21Et t'as déjà un jeune qui a 12 ans qui va appeler le 3018, déjà c'est dur de se
03:26mettre en position de se dire « Ok, j'appelle le 3018 parce que je vis du harcèlement ».
03:29Il l'appelle, personne ne répond, c'est une porte fermée pour ce jeune.
03:32Donc pour moi, c'est hyper important de monter les moyens pour ce genre d'association.
03:38C'est un constat qui part aussi de votre expérience, lors de votre première tentative
03:42de suicide à 13 ans, comme vous le disiez dans ce message de rappel à Emmanuel Macron
03:46qui a déclenché sa réponse.
03:47On vous écoute.
03:48« Monsieur le Président, Emmanuel Macron, il y a 4 ans, je vous ai envoyé un message
03:51le lendemain de ma première tentative de suicide.
03:53Bonjour Monsieur le Président, j'étais récemment à l'hôpital Necker.
03:56J'ai 13 ans et dû au manque de place, j'ai été mise dans une chambre pour bébé, sans
04:00salle de bain et sans toilette.
04:01J'ai été censée rester 48 heures en isolement, mais pour libérer de la place aux autres,
04:05j'ai dû sortir au bout de 24 heures.
04:07» Voilà, ça, ça raconte aussi les conditions.
04:09C'est une vidéo qui a été vue plus de 3 millions de fois, on ne peut pas dire suicide
04:11sur TikTok, c'est pour ça que c'est un peu muté.
04:14A 13 ans, vous étiez victime de revenge porn, entre autres.
04:17Vous avez envoyé des photos dénudées de vous à un camarade qui les a montrées à
04:20tout le collège.
04:21Et vous n'aviez personne à qui en parler.
04:23C'est ça qui vous a déclenché aussi dans votre démarche, c'est-à-dire que les jeunes
04:27ne se retrouvent pas dans votre position de trauma à vous.
04:29C'est-à-dire qu'on ne peut pas en parler aux parents parce qu'on a honte et vous, c'est
04:32en accumulant que ça s'est déclenché.
04:34C'est ça.
04:35En fait, le truc, c'est qu'aujourd'hui, les jeunes, ils ont vraiment peur, je pense,
04:39de ne pas être compris, d'être jugé.
04:40Moi, c'est des choses que je vois tous les jours dans mes messages, dans mes DM Instagram.
04:44Il y a énormément de jeunes qui m'envoient leurs témoignages et qui me disent « Non,
04:47non, non, non, mais je ne sais pas à qui en parler.
04:49Je ne sais pas quoi faire.
04:50Miel, il n'y a que toi qui peux me comprendre ». Et ce n'est pas vrai.
04:52Je ne suis pas la seule qui peut comprendre, mais ils ont ce sentiment d'être incompris,
04:56d'être jugé, d'être rejeté par la génération adulte.
04:59Donc, pour moi, ce lien, il est essentiel aujourd'hui.
05:03La rupture de ce lien tue, en fait, d'une certaine manière.
05:05C'est ça.
05:06Le problème, c'est qu'un jeune qui a 11, 12, 13 ans, il va se retrouver avec des difficultés
05:10comme tous les jeunes.
05:11Tout le monde traverse des choses difficiles dans sa vie, mais à 12, 13 ans, il va se
05:14retrouver face à ça.
05:15Il va tout garder pour lui parce qu'il ne va pas pouvoir en parler.
05:18Moi, c'est ce qui m'est arrivé.
05:19J'ai tout gardé pour moi.
05:20Et en fait, à un moment donné, t'es petit, t'as un jeune, t'as un enfant, tu ne peux
05:24pas porter ce poids hyper lourd sur tes épaules tout seul et c'est là que t'exploses.
05:28Donc, il vaut mieux prévenir que guérir, on va dire.
05:31Nous, on est à fond dans la prévention.
05:32Vous avez emmené votre téléphone d'ailleurs avec vous quand vous étiez à l'hôpital.
05:37Vous habitez les réseaux sociaux depuis que vous avez 10 ans.
05:40C'était aussi une thérapie lorsque vous avez reçu des messages de gens qui disaient
05:43« je vis la même chose que toi ».
05:45Je ne sais pas si j'aurais appelé ça une thérapie, mais pour moi, les réseaux, c'est
05:49un endroit où je peux m'exprimer comme je le souhaite.
05:51En fait, je peux dire tout ce que je pense, tout ce que je veux sur les réseaux sociaux.
05:55C'est mon moyen de communication.
05:57Alors, à la base, je n'avais pas de millions d'abonnés sur TikTok ou un million neuf.
06:02À la base, je postais, j'avais 30 abonnés.
06:04Mais j'ai fait ça pendant des années, des années.
06:06Au fur et à mesure, c'est monté.
06:07Mais moi, c'est vraiment… j'adore le concept des réseaux.
06:10J'adore partager ma vie.
06:12Et quand on pense à une régulation des réseaux pour les jeunes, on pense en Australie, c'est
06:16par exemple interdit avant 16 ans.
06:18Est-ce que vous auriez aimé que ça soit fait autrement pour vous ?
06:21Je pense que non, pas nécessairement.
06:24Mais je pense qu'il y a des gros dangers quand même sur les réseaux sociaux aujourd'hui,
06:27ça ne faut pas le nier.
06:28Mais je pense que c'est important d'éduquer tous les enfants aux réseaux.
06:32Parce qu'en fait, dans tous les cas, ils vont être dessus.
06:34En France, aujourd'hui, il y a 67% des lui-disant qui sont déjà actifs sur les réseaux sociaux.
06:38Donc, on ne va pas pouvoir les interdire, c'est K.O.
06:42La réalité est qu'ils sont sur les réseaux.
06:45Donc pour moi, il faut les accompagner dans l'apprentissage des outils parce qu'ils
06:50peuvent être très, très, très positifs s'ils sont bien utilisés.
06:52Ça fera partie de vos discussions avec Emmanuel Macron, j'imagine, le 15 avril.
06:57Bonne route à vous, Miel à Bitebol et bravo !
06:59Merci !