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00:00Alors avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin Thomas.
00:03Oui, je reçois ce matin le journaliste Dominique Verdeyan qui pendant plus de 30 ans a été, on l'a dit, le chroniqueur judiciaire des journaux de France Télé.
00:10Pourquoi vous avez arrêté d'ailleurs ?
00:14J'ai arrêté parce que j'avais envie de faire autre chose.
00:16Alors c'est vrai que dans un premier temps c'était rien.
00:20Et nous on s'était habitué à vous voir dans ces journaux régulièrement.
00:23Oui, c'est vrai.
00:24Ça ne vous a pas manqué ?
00:27Je ne voulais pas faire le journal de trop, comme on dit.
00:32Et c'est vrai que c'était aussi, pour aller jusqu'au bout et être un peu honnête,
00:36un moment où la justice intéressait un peu moins les journaux télévisés.
00:42D'accord, donc on vous demandait moins de sujets.
00:45Et alors vous lancez donc ce mois-ci la quatrième saison de Justice en France sur France 2,
00:49une série documentaire particulièrement originale, même unique je crois en son genre
00:54parce que le principe est donc de filmer de vrais procès.
00:57Et ça, on ne peut le faire que depuis quelques années et dans un cadre qui est bien spécifique.
01:02Depuis une loi de 2021 qu'a voulue Éric Dupond-Moretti,
01:07que j'évoquais tout à l'heure quand il était ministre de la Justice,
01:09qui a été donc votée par le Parlement.
01:15La force de cette émission, c'est que vous l'avez dit, elle est régulière.
01:18Elle est axée sur la justice au quotidien.
01:20On n'est pas du tout dans la justice spectacle.
01:22On n'est pas dans les grands procès médiatiques.
01:26Et évidemment, la démarche voulue par le ministre,
01:29voulue également par France Télévisions,
01:32ce n'est pas un hasard si c'est France Télévisions, Service Public,
01:35qui diffuse cette émission, c'est la valeur pédagogique.
01:38C'est-à-dire d'expliquer au fur et à mesure, d'abord des audiences que nous diffusons,
01:44les éléments de langage,
01:46qui sont quelquefois incompréhensibles pour le justiciable et pour le téléspectateur.
01:52Et puis, ce plateau qui intervient à la fin de l'émission,
01:57où pendant dix minutes, je suis avec un avocat et un magistrat,
02:01et où on donne des éléments d'information pour aller plus loin.
02:05Mais quand vous dites justice du quotidien,
02:07moi je pensais au départ qu'il s'agissait de conflits de voisinage,
02:11par exemple, de petites choses comme ça.
02:12Non, ça va beaucoup plus loin.
02:14Dans le premier épisode, par exemple, on suit une affaire de viol.
02:17Alors là, effectivement, demain, on est dans une affaire de viol, en appel.
02:21Mais il y a aussi, la semaine d'après, le juge d'application des peines,
02:28donc on est plutôt sur l'exécution ou la non-exécution des courtes peines.
02:34On est aussi, la semaine d'après, dans un tribunal correctionnel à Créteil,
02:38sur les violences interfamiliales.
02:40Mais les émissions passées, on a évoqué l'arrangement à l'amiable,
02:46le sur-endettement, la tutelle,
02:48tout ce qui concerne vous et moi, quelquefois, au quotidien.
02:53Il y a une chose qui est importante, et je pense qui fait partie de cette convention,
02:56parce que vous avez signé, c'est le fruit d'une convention
02:58entre France Télévisions et le ministère de la Justice.
03:01Une chose importante, c'est que l'affaire soit vraiment terminée,
03:04et qu'il n'y ait plus d'appels possibles.
03:05Oui, tout à fait.
03:06Ça, c'est quelque chose qui avait déjà été évoqué en 2004,
03:10parce que ce n'est pas la première fois que cette idée,
03:12après ce qu'on appelle la loi Badinter,
03:14qui permet la captation des grands procès,
03:19et d'ailleurs France 2 diffuse ce soir une grande partie du procès Barbie,
03:24la volonté à chaque fois, ça a été de dire,
03:29il faut que l'affaire soit jugée,
03:31c'est-à-dire que sa diffusion n'empiète pas sur la procédure elle-même.
03:37C'est ça.
03:38Donc effectivement, il ne doit pas y avoir d'appel,
03:40il ne doit pas y avoir de cassation.
03:42L'affaire doit être juridiquement jugée.
03:45Et il y a une forme de distance aussi qui est mise vis-à-vis des accusés
03:49ou des plaignants qui sont floutés.
03:51Ça, c'est systématique aussi ?
03:53Oui, c'est l'anonymisation.
03:56Alors, ce qui est arrivé une fois,
03:59où des victimes ont accepté d'être à visage découvert,
04:02mais voilà, il n'y a pas de nom,
04:04on floute aussi, j'allais dire, tous les signes extérieurs
04:09qui pourraient permettre à une personne d'être reconnue.
04:13Encore une fois, ce qui est intéressant,
04:16c'est de voir comment la justice juge,
04:20tranche au quotidien les affaires que j'évoquais il y a un instant.
04:24Alors, là où il y a une exigence, j'allais dire, de notre part,
04:27c'est que les magistrats, les avocats
04:30et les personnels de justice apparaissent à visage découvert.
04:36On ne peut pas jouer sur une émission et une loi de transparence
04:40avec des personnels et des professionnels de la justice
04:44qui se cacheraient derrière un voile.
04:46Mais moi, ce que j'ai trouvé très intéressant,
04:48c'est qu'il y a très peu de voix off,
04:50c'est presque entièrement brut comme retranscription.
04:52Donc, ça va être trois jours et demi,
04:54par exemple dans le premier épisode,
04:56des procès qui vont être résumés en 45 minutes,
04:58qui sont assez denses.
05:00Et puis donc, après le document,
05:02vous échangez sur ce cas avec deux experts en plateau,
05:04un magistrat, un avocat.
05:06Faire de la pédagogie comme vous le faites,
05:08Dominique Verdeyan, c'est évidemment utile,
05:10mais comment est-ce que vous percevez,
05:12plus globalement, l'évolution de la communication
05:15qui peut y avoir aujourd'hui autour de certaines affaires
05:17avec des avocats, mais aussi des magistrats
05:20qui interviennent régulièrement dans les médias,
05:22même sur Twitter, pour donner leur avis ?
05:26On est passé d'une époque où,
05:28selon l'expression d'un confrère,
05:30les magistrats, les avocats
05:32ne vous donnaient même pas l'heure quand vous les appeliez,
05:34à une période où,
05:36effectivement, tout le monde communique.
05:38Alors, vous avez raison, moi j'ai vécu ça un peu déjà
05:40en suivant les procès,
05:42avec ce qu'on appelait
05:44le procès parallèle,
05:46c'est-à-dire les avocats,
05:48parce que c'était souvent les avocats,
05:50qui refaisaient l'audience dans le couloir
05:52en se précipitant devant les caméras
05:54pour dire quelquefois le contraire de ce qui s'était passé
05:56d'ailleurs à l'audience.
05:58Alors voilà, bon,
06:00aujourd'hui c'est vrai,
06:02j'ai participé à un colloque il y a quelques jours
06:04à Nancy, et c'était
06:06des réflexions des magistrats et des avocats
06:08unanimes, qui
06:10mettaient quand même
06:12en accusation
06:14leurs collègues, qui vont
06:16effectivement à l'antenne
06:18pour parler d'une affaire dont ils n'ont pas saisi.
06:20Je pense que là, on n'est pas loin
06:22d'une petite dérive.
06:24Et à quel point ça peut influer aussi le cours d'une affaire ?
06:26Est-ce que ça peut impacter vraiment
06:28les verdicts rendus ?
06:30C'est une question toujours très difficile,
06:32parce que je me suis toujours posé la question
06:34de savoir, je pense que
06:36à partir du moment où
06:38vous avez des
06:40journalistes dans une salle d'audience,
06:42ça ne peut pas
06:44ne pas avoir une influence.
06:46Oui, le comportement est forcément...
06:48Et ça a été aussi d'ailleurs un grand débat,
06:50encore une fois,
06:52j'évoquais 2004, c'est le moment où Dominique Perben
06:54s'interroge, garde des Sceaux à l'époque,
06:56s'interroge sur est-ce qu'il faut
06:58justement permettre la captation des procès ?
07:00Et la réaction des professionnels
07:02c'était de dire, oui mais
07:04cette caméra, identique à celle qui est devant moi,
07:06elle va forcément me perturber.
07:08Ça va jouer.
07:10Après, moi, je suis
07:12obligé de vous dire qu'au bout de 4 saisons,
07:14je m'aperçois
07:16que les magistrats,
07:18les avocats,
07:20cette caméra, ils l'oublient.
07:22Assez rapidement, parce que la priorité,
07:24c'est le dossier
07:26qu'ils ont à juger, c'est la personne
07:28qui est dans le box, c'est la victime
07:30qui est là, et encore une fois,
07:32dans l'émission de demain,
07:34vous verrez cette femme qui
07:36a été victime
07:38de 3 viols. Son témoignage
07:40emporte la question.
07:42Bien sûr. Et c'est vrai que
07:44c'est là qu'on voit que même la réalité
07:46de la justice, finalement, c'est même mieux
07:48que n'importe quelle fiction. Donc vraiment, je vous
07:50recommande de regarder ça, Justice en France,
07:52d'avoir chaque mercredi à 22h45
07:54sur France 2 et bien sûr
07:56sur France.tv.
07:58Restez encore un petit peu avec nous, Dominique Verdier,
08:00pour suivre l'actu des médias dans un instant.

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