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Alors que Donald Trump a annoncé de nouveaux droits de douane le 2 avril, les bourses mondiales continuent de s'enfoncer dans la spirale baissière amorcée en fin de semaine. Les ministres du Commerce extérieur de l'UE se réunissent ce lundi pour préparer leur réponse.

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Transcription
00:00Avec nous Alexis de Gallembert, bonjour. Vous êtes le fondateur de la fabrique de cookies. C'est une PME qui commerce avec les Etats-Unis et qui se pose forcément beaucoup de questions en ce moment.
00:11Face à vous, Eric Zwein, membre des Republicans Overseas. Bonjour. Merci d'être là à côté de Stéphane Bureau, journaliste et consultant Etats-Unis de BFM TV.
00:20Stéphane, on a vécu un lundi noir hier sur les marchés financiers. Des marchés qui sont suspendus à la moindre déclaration de Donald Trump qui pourrait éventuellement assouplir sa politique
00:30alors que les droits de douane majorés entrent en vigueur demain matin à 6h. La surprise est finalement devenue de la bourse de New York qui a limité ses pertes en dessous de 1%
00:40alors que les places européennes perdaient près de 5%. Comment vous expliquer la réaction des marchés américains hier ?
00:46Peut-être que les marchés connaissent bien le président Trump, savent qu'il peut changer, qu'il peut négocier, que rien n'est parfaitement définitif.
00:53Mais ils ont surtout probablement compris sur les marchés que Trump, à court et moyen terme, je pense, serait assez imperméable ce qui s'y passe.
01:00Perméable ou imperméable ?
01:01Imperméable, pardon, parce que Trump est assez conscient de ce que ses électeurs, pour l'essentiel, ne sont pas du tout inquiets de ce qui se passe à la bourse
01:09puisqu'ils ne détiennent aucune forme d'action de titre en bourse. La majorité des Américains qui ont voté pour Trump sont indifférents et je dirais même, si on poussait un peu plus loin,
01:18se réjouissent peut-être de ce qu'il y a un retour du bâton pour ceux qui se sont régalés de la mondialisation. Il y a quelque chose d'un peu sadique dans tout ça,
01:25mais ça semble irrationnel. Je crois qu'il y a beaucoup d'Américains, on sous-estime ça ici, qui se disent « enfin, vous voyez ce que c'est ».
01:33Et Trump, donc, n'est pas pressé de réagir.
01:36Alors sur la vente de l'alien, la présidente de la Commission européenne a proposé des droits de doigt nuls pour les produits industriels, dont les voitures.
01:42Trump a dit « il n'en est pas question ». Il a fait une autre proposition, une contre-proposition. Voilà ce qu'il a dit le président américain il y a quelques heures.
01:51Et ça ne va pas se passer comme ça. Il faut que ce soit juste et réciproque. Il faut que ce soit juste. Ce n'est pas le cas. Nous avons un déficit avec l'Europe de 350 milliards de dollars
02:01et il va disparaître rapidement. Et l'une des raisons et l'un des moyens de le faire disparaître facilement et rapidement, c'est qu'ils vont devoir nous acheter notre énergie,
02:09parce qu'ils en ont besoin. Ils devront nous l'acheter, ils peuvent l'acheter. Nous pouvons nous débarrasser de 350 milliards de dollars en une semaine.
02:18Autrement dit, acheter le pétrole américain, c'est ça qu'il faut comprendre ?
02:21Le gaz liquide, le pétrole américain, toutes les formes d'énergie, y compris le charbon, parce qu'il en parlait de ce charbon propre que peuvent produire les Américains.
02:28Mais c'est aussi peut-être ce que soupçonnent les marchés, pour revenir à la question tout à l'heure, c'est qu'il est prêt à négocier.
02:34Et c'est ce qu'il dit. Si ce n'est pas sur les tarifs, ça sera sur autre chose, sur la réglementation, le cadre réglementaire qui pose beaucoup de problèmes à M. Trump.
02:42Je parle du cadre réglementaire européen. Donc peut-être faudra-t-il aussi fournir quelques idées pour réflexion ici. Mais la porte n'est pas fermée.
02:51La porte n'est pas fermée et des négociations sont possibles. Éric Svan, est-ce qu'il ne vous inquiète pas un peu votre président ?
02:56Écoutez, moi je demande toujours aux Français, est-ce que vous voulez diaboliser Donald Trump ou est-ce que vous voulez le comprendre ?
03:02Ça fait 40 ans que Donald Trump était très ouvert. Il a écrit « The Art of the Deal ». Il explique tout ce qu'il dit.
03:08Et il dit depuis 40 ans, on le voit déjà sur Larry King Live dans les années 80, il dit « les autres pays nous arnaquent et derrière notre dos, ils se moquent de nous ».
03:20Donc quand on dit que Donald Trump est brutal, qu'il utilise la brutalité, en fait lui il répond à des décennies d'attaques sur le peuple américain,
03:36où les leaders sont d'accord pour se laisser arnaquer.
03:41Mais ça fait des années aussi qu'on dit que c'est un dealer, c'est un businessman Donald Trump, c'est pas un économiste.
03:45Tout à fait. Et c'est mieux, le monde est mieux d'avoir des businessmen à la tête d'un pays plutôt que des politiciens qui ne pensent que comme le dit Pascal,
03:58« j'emmerde donc je suis ».
04:00Oui, sauf que quand on regarde factuellement les choses, pour l'instant les marchés financiers s'effondrent.
04:05On a vu les Américains beaucoup manifester le week-end dernier. Les premiers effets de ce que vous décrivez ne sont pour l'instant pas très positifs.
04:13Donald Trump avait prévu cela, il a dit « ça va descendre un peu avant de remonter ».
04:20Malgré la crainte de récession, malgré la crainte d'arrelation.
04:22Tout à fait.
04:23Les Américains ne se retournent pas en ce moment contre…
04:26Les démocrates se retournent toujours contre les républicains.
04:29Toutes les manifestations qu'on a vues, c'est les grandes villes démocrates, c'est Houston, c'est New York City, c'est Los Angeles.
04:36Vous pensez que ça va peut-être se retourner au moment où les Américains les moins aisés vont devoir s'acheter une nouvelle voiture ?
04:41Pardon ?
04:42Vous pensez que les Américains les moins riches devront s'acheter une nouvelle voiture, changer leur voiture ?
04:47A priori, tout va être beaucoup mieux dans quelques mois que maintenant.
04:53Alex, si vous vous êtes fondateur de la fabrique de cookies, c'est une PME qui commerce avec les Etats-Unis.
04:57Je crois que vous avez été mis à l'export en 2023 et que vous avez signé votre premier contrat avec les Etats-Unis il y a un peu plus d'un an.
05:04Cette situation, évidemment, elle est terrible pour vous parce qu'elle vous plonge dans un océan d'incertitudes. Vous en êtes où ?
05:10C'est exactement ça. J'ai l'impression qu'on est un peu à contre-courant de ce qui se passe. Nous, on démarre notre stratégie export au moment où Trump décide de fermer les frontières.
05:17Et c'est ambitieux de vendre des cookies aux Américains, quand même.
05:19Oui, c'était un peu notre American Dream et on y est arrivé. Donc, on était hyper contents et c'est vrai que c'est un peu la douche froide.
05:27Alors, je ne sais pas combien de temps ça va durer. Je ne sais pas si le deal va s'améliorer ou empirer dans les semaines qui viennent.
05:32S'il ne s'améliore pas, c'est cuit pour vous ou pas ?
05:34En l'état actuel des choses, s'il reste à 20 %, là, en ce moment, on a des conteneurs.
05:39En ce moment, on a des conteneurs en cours de livraison. Ils vont tous être taxés.
05:42Donc, notre produit va prendre un minimum à 20 % d'augmentation de prix en rayon pour les Américains.
05:48Je ne vais pas faire un cours d'économie, mais mécaniquement, je pense qu'on va vendre entre 30 et 35 % de produits en moins.
05:53Donc, il va y avoir une baisse de volume suite à la hausse des prix en rayon.
05:56Je ne pense pas que ça casse le deal. Ce qui peut casser le deal, c'est si jamais les négociations avec l'Europe échouent et que le 20 % devient 50 ou 200.
06:04C'est surtout que dans votre cas, si votre produit coûte plus cher une fois qu'il arrive aux États-Unis, vous risquez d'être déréférencé des grandes surfaces où il est vendu ?
06:10C'est exactement ça. Après, le distributeur américain qui est venu chercher notre sablé, parce que c'est un sablé qu'on va vendre là-bas, pas un cookie.
06:17Donc, un bon broyé du Poitou, petite pub pour les poids de vin.
06:20Je pense qu'il est quand même venu chercher quelque chose qu'il ne trouve pas là-bas.
06:23Donc, j'imagine qu'il va quand même faire l'effort de le maintenir autant que faire se peut.
06:27Les 20 % en l'état actuel des choses ne me font pas si peur que ça.
06:31Ce qui me fait peur, c'est, vous l'avez dit, l'incertitude. Donc, moi, je dois faire des choix d'investissement.
06:35Ça réduit en tous les cas vos projets d'investissement.
06:38Ça les met en doute et ça va sûrement modifier mes choix de financement de mes investissements.
06:43Et c'est ça qui est compliqué. Je ne peux pas prendre un risque en endettant mon entreprise sans savoir si je vais perdre mon client américain dans six mois, un an ou deux ans.
06:51En fait, c'est très compliqué d'être dans cette incertitude permanente.
06:54Stéphane, c'est un homme d'affaires, on l'a dit et répété évidemment, Donald Trump.
06:57Est-ce qu'à un moment, il va négocier ou pas ?
07:01En ce moment, s'il bluffe, si on pensait qu'il bluffe, il ne montrera surtout pas le doute.
07:08Il ne va afficher aucun doute, comme il le fait d'ailleurs devant la tourmente des marchés.
07:12Ceci étant dit, je crois que oui, il veut négocier. C'est ce qu'il fait toujours.
07:16Il y a toujours comme le deal, on l'a beaucoup répété.
07:19Et je pense qu'il n'est pas en biscuit, mon vis-à-vis, parce qu'il y a de la marge.
07:24En ce moment, qu'est-ce que disait hier Donald Trump ?
07:26C'est si les marchés boursiers sont catastrophiques, il faut voir que le prix du baril de pétrole est à la baisse.
07:33Ça a un impact lubrifiant dans l'économie américaine, parce qu'on le sait, les Américains, c'est le premier sondage.
07:39C'est le prix de l'essence à la pompe.
07:41J'ajoute que pour la distribution, ça fera baisser les coûts.
07:44Donc, il y a une possibilité aussi, alors je ne suis pas en train de vous vendre les politiques économiques de Trump,
07:48mais il y a une possibilité d'absorber une partie de ce choc des nouveaux droits douaniers par des coûts de distribution beaucoup moins élevés,
07:56parce qu'aux États-Unis, il faut couvrir beaucoup de distance quand on va porter la marchandise à destination.
08:02Et le prix du pétrole compte, c'est un intrant important.
08:04Et ça a eu un impact sur la courbe à long terme des obligations du Trésor.
08:09Donc, ça aussi, c'est très mesurable.
08:12Et je termine en disant que ça force la main à la Fed.
08:14Le patron de la Fed, qui n'est pas du tout un copain de M. Trump, et M. Trump qui dit qu'il faut baisser les taux d'intérêt.
08:20Évidemment, Jérôme Powell ne veut pas le faire, parce qu'il est soucieux, justement, de l'inflation.
08:24Mais ces marchés, peut-être, forceront la main à la Fed, qui devra baisser ses taux.
08:29Et là, c'est une victoire pour Trump, parce que ça, c'est du sonnant et du trébuchant dans la poche des Américains.
08:35Merci en tout cas d'avoir été avec nous.
08:37On vous souhaite à minima que les droits de douane qui doivent entrer en vigueur demain matin à 6h soient un peu repoussés
08:42pour que les conteneurs de biscuits qui sont en route vers les États-Unis arrivent sans frais de douane.
08:48Vous savez où ils sont exactement ?
08:50Ils sont au milieu de l'Atlantique. Ils ne sont pas près d'arriver.
08:52Merci en tout cas à tous les trois d'avoir été avec nous.

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