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00:0018h22, de retour dans punchline sur CNews et sur Europe 1. On accueille Henri Guaino, bonsoir Henri Guaino, merci beaucoup d'être avec nous.
00:07On va évoquer tout de suite, avant de reparler de politique, ce qui se passe avec les Etats-Unis, ces droits de douane que nous impose Donald Trump, 20% pour l'Union Européenne.
00:15Face à cette offensive commerciale, l'Europe tente de se mettre en ordre de bataille. On fait le point avec Maxime Legay et puis je vous passe la parole, ainsi qu'à Marc Twaty.
00:26Après le séisme économique mondial des droits de douane américains, la riposte européenne se met en marche.
00:33Ce lundi, les ministres européens du commerce réunis au Luxembourg décident de hausser le ton à l'image de Laurent Saint-Martin, ministre français du commerce extérieur.
00:44Il nous faut n'exclure aucune option sur les biens, sur les services, quelle que soit la façon de l'aborder et ouvrir la boîte à outils européenne qui est très complète et qui peut être extrêmement agressive également en retour.
00:58Je pense évidemment à l'instrument anti-coercition.
01:00Des menaces et une réponse européenne qui se veut coordonnée, mais également un premier pas vers la négociation, comme l'a fait savoir la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen.
01:12Nous sommes prêts à négocier avec les Etats-Unis.
01:16En effet, nous avons proposé des droits de douane nuls pour les biens industriels, comme nous l'avons fait avec succès avec de nombreux autres partenaires commerciaux.
01:24Car l'Europe est toujours prête pour un bon accord, donc nous le gardons sur la table.
01:31Une main tendue vers l'administration américaine est saisie en partie par Donald Trump qui annonce ouvrir des négociations avec les pays qui l'ont demandé, à l'exception de la Chine.
01:42Louis, un tout petit mot sur ce que disait le ministre français.
01:45C'est vrai que la riposte française qui se veut agressive ne fait pas beaucoup peur pour l'instant.
01:48Tout d'abord, il n'y aura pas de riposte française puisque Emmanuel Macron, jeudi dernier, a fait un point avec les chefs d'entreprise français.
01:55Il leur a dit votre dossier, il faut l'envoyer directement à Bruxelles, c'est la commission européenne qui va prendre des décisions.
02:00Donc il n'y a aucun volet français sur ce dossier.
02:02Peut-être Emmanuel Macron va essayer de pousser un ou deux dossiers sur la pile.
02:06Ensuite, ce qu'Emmanuel Macron a aussi dit, il a mis en garde les chefs d'entreprise en leur disant surtout n'allez pas négocier tout seul pour les intérêts de vos entreprises.
02:13Ce qu'ils vont évidemment faire.
02:15Mais surtout ce qu'ils ont déjà commencé à faire.
02:17Parce qu'à la différence des politiques qui pensent toujours que jusqu'au dernier moment, tout est négociable, dans la vraie vie, c'est le monde économique.
02:23Dès qu'ils ont vu dans le programme économique de Donald Trump, il y avait cette possibilité-là.
02:27Je peux vous dire que les équipes américaines de ces entreprises françaises ont déjà commencé à travailler avec l'administration.
02:34L'exemple, c'est l'affaire CMA-CGM.
02:36C'est-à-dire que M. Sade est un grand ami intime de M. Macron.
02:40Et qui pourtant, avant même l'annonce des droits de l'honneur, a été voir dans le bureau Oval et a annoncé 20 milliards de dollars d'investissement.
02:46C'est quand même pas rien aux Etats-Unis.
02:48Et il ne va pas se dédier.
02:50Donc ça veut bien dire que ça fonctionne normalement.
02:52Ensuite, il y a un paradoxe dans les deux lignes qu'on entend aujourd'hui, à la fois à Paris et à Bruxelles.
02:59Il y en a certains qui veulent aller à la guerre commerciale avec Donald Trump.
03:03Et d'autres qui disent, et il suffisait d'écouter Ursula von der Leyen, qui dit qu'elle veut une négociation.
03:08Et la guerre commerciale et la négociation, ce n'est pas exactement la même chose.
03:11Origano, est-ce que nous sommes au bord du gouffre ou pas ?
03:14On est toujours au bord du gouffre.
03:16Oui, mais là, on est au bord du gouffre économique, de krach mondial.
03:19Non, mais je crois qu'il faut se calmer d'abord.
03:25Le pire, ce serait la guerre commerciale.
03:28Le pire, ce serait qu'il y ait une réponse européenne sur le même registre.
03:31C'est-à-dire qu'on augmente les droits de douane.
03:33Et puis, évidemment, les Américains vont augmenter un peu plus.
03:37Et là, on rentre dans une vraie guerre commerciale, avec une surenchère permanente.
03:42Et là, tout le monde va le payer très cher.
03:44Et le monde entier va le payer très cher, et l'Europe en particulier.
03:47Donc, je pense qu'il faut se calmer.
03:50On ne peut pas à la fois dire que ça va être catastrophique pour les Américains,
03:53et puis vouloir à tout prix leur faire la guerre.
03:57On verra bien si c'est catastrophique pour les Américains.
03:59Après tout, c'est leur problème.
04:01Si ça ne l'est pas, ils maintiendront leur position.
04:07La question est de savoir ce que nous, nous faisons pour nous-mêmes.
04:10S'agissant des compétences, hélas, c'est la Commission européenne
04:14qui a des compétences pour les négociations commerciales,
04:17en particulier pour les droits de douane.
04:20Mais je crois que c'est un volet qu'il faudrait mettre de côté, en réalité.
04:27C'est-à-dire s'occuper d'autre chose.
04:29Nous vivons un vrai changement structurel qui ne commence pas avec Donald Trump,
04:36qui a commencé bien avant, un peu sous Obama, beaucoup sous Biden.
04:39On a oublié aussi que les États-Unis étaient un pays protectionniste depuis très longtemps.
04:45Ils n'ont jamais cessé de l'être depuis la Grande Dépression.
04:48Le Buy American Act, il date de la Grande Dépression.
04:52Il n'a même cessé d'être élargi depuis.
04:55Donc le monde est en train de changer, et politiquement, et économiquement.
05:02C'est-à-dire que c'est fini la mondialisation heureuse, qui d'ailleurs n'a pas été très heureuse.
05:06Elle était beaucoup malheureuse aussi.
05:08Mais la preuve qu'elle a été malheureuse, c'est ce qui nous arrive aujourd'hui.
05:11C'est-à-dire que ça, c'est un retour de base.
05:13Vous savez, l'histoire protection-ouverture, enfin protection-libre-échange,
05:17ce n'est pas une histoire linéaire.
05:19C'est une histoire d'aller-retour, depuis toujours.
05:21Regardez l'histoire économique, on ouvre, on ferme.
05:24Chacun ouvre d'ailleurs quand c'est son intérêt.
05:26C'est-à-dire quand il se sent fort, ferme quand il se sent faible.
05:29Mais il y a des grandes vagues de protectionnisme et de libre-échange.
05:34Aujourd'hui, on se retrouve d'ailleurs dans une situation
05:37qui ressemble un peu à celle des années 1873-1890,
05:41où tout le monde, après une grande période de libre-échange,
05:45se remet à faire de la protection.
05:47Beaucoup plus raisonnablement que le fait Donald Trump,
05:50avec son style très particulier.
05:53Mais ça ne débouche pas.
05:56D'abord, ça ne débouche pas toujours sur des échecs et des drames.
05:59Ça dépend comment on le fait.
06:01Parfois ça marche le protectionnisme, parfois ça ne marche pas.
06:03Les Japonais ont construit, bien après les autres,
06:06une industrie automobile avec du protectionnisme au début du XXe siècle.
06:12Les Argentins ont essayé de faire pareil, ils ont complètement échoué.
06:16Ça dépend des ressources que vous possédez, de la situation dans laquelle on est.
06:20Ce que je crois aujourd'hui, c'est que l'Europe...
06:23Ce qui me frappe, c'est qu'on annonce un tas de plans dans les tiroirs
06:27pour répondre à la guerre commerciale et faire la guerre commerciale,
06:30mais rien pour ce qui concerne l'adaptation de nos économies à ce monde nouveau.
06:36Est-ce qu'on va continuer, par exemple, avec le droit européen de la concurrence tel qu'il est,
06:41qui est beaucoup plus désarmant que les droits de douane ?
06:45Est-ce que derrière la politique de désindustrialisation,
06:50il y a réellement une stratégie, des politiques pensées ?
06:54Est-ce que chacun reprend un peu aussi de sa marche de manœuvre,
06:59de son autonomie, une politique économique dans ce monde-là ?
07:03Je parle de chaque pays européen.
07:05Est-ce que l'Europe arrête de se dire, je suis le seul champion du monde du libre-échange
07:09et plus je signe de traiter le libre-échange et mieux je suis ?
07:14Est-ce que c'est une bonne idée de regarder la situation économique de l'Europe
07:17par rapport au reste du monde ?
07:19Je vois bien qu'on essaie de remettre sur la table, par exemple, le traité du Mercosur.
07:24Je pense que ce n'est pas du tout une bonne idée.
07:27Occupons-nous de restructurer nos politiques économiques,
07:31nos politiques publiques et nos appareils productifs
07:34pour répondre aux exigences et aux contraintes de ce nouveau monde
07:37qui ne va pas changer, même si Trump abandonne en partie ses prétentions.
07:43Ce changement-là est profond et structurel.
07:47Marc Twaty ?
07:48Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le match est déjà perdu.
07:52Quand vous regardez depuis 30 ans l'évolution de notre richesse,
07:55la richesse concrète hors inflation entre les États-Unis d'un côté,
07:59la zone euro, la France de l'autre, c'est pas compliqué.
08:01Le PIB américain, donc la richesse concrète aux États-Unis, hors inflation,
08:04a augmenté de 110% sur les 30 dernières années.
08:07Dans la zone euro et en France, 55%.
08:10Du simple au double.
08:13Là, évidemment, c'est le bouc émissaire.
08:15Tout ce qui nous arrive, c'est à cause de Trump.
08:17La récession en France a déjà commencé avant ces droits de douane.
08:20Le drame le plus inquiétant, c'est qu'effectivement, ça commence à fonctionner.
08:24On voit bien.
08:25Regardez ce qu'a dit Madame Underlain à l'instant.
08:27Au début, on a dit qu'on allait faire mal à Trump.
08:31Le problème, c'est que la part des exportations américaines,
08:35en France, c'est 0,2% du PIB américain.
08:38C'est pas grand-chose.
08:39Alors que pour nous, c'est 3% de notre PIB,
08:41ce qu'on exporte dans les Etats-Unis.
08:43C'est un impact beaucoup plus fort.
08:45Les Américains, aujourd'hui, ça commence à fonctionner.
08:48Surtout, ce qu'on oublie, ce n'est pas que des droits de douane.
08:50C'est que c'est un package.
08:52Dans le même temps, il y a une baisse des impôts.
08:54Pour toutes les entreprises, d'ailleurs.
08:56Ils veulent baisser à 15%.
08:58Alors que nous, comme vous le savez, qu'est-ce qu'on fait en France ?
09:00On augmente les impôts, notamment pour les grandes entreprises.
09:03Évidemment, ces entreprises vont dire,
09:05entre les droits de douane, plus la baisse d'impôts,
09:07alors que chez nous, on fait exactement l'inverse.
09:10Ça ne sera pas compliqué.
09:12Et dernier point, c'est le match entre le pragmatisme et le dogmatisme.
09:16C'est-à-dire que nous, malheureusement, en Europe,
09:18on est très forts pour faire des règles,
09:20pour limiter l'émission de CO2,
09:22on est les meilleurs, etc.
09:24Nous, ce qu'on veut, c'est mourir guéris.
09:26Effectivement, on est guéris, mais on est morts.
09:28Mais derrière, et là, je parle pour le quotidien des Français,
09:30qu'est-ce qui va compter ?
09:32C'est effectivement la création de richesses,
09:34la création d'entreprises.
09:36On a des sommets historiques, aujourd'hui,
09:38le chômage est en train d'augmenter, personne n'en parle,
09:40et même l'inflation est en train de repartir à la hausse,
09:42notamment dans l'alimentation, personne n'en parle.
09:44C'est ça, effectivement, qui intéresse les Français.
09:46Et ce que fait Trump, aujourd'hui,
09:48je suis désolé de le dire,
09:50c'est qu'il tient simplement ses promesses.
09:52Ce qu'il a dit dans sa campagne, il est en train de le faire.
09:54Malheureusement, nos politiques, depuis des années,
09:56ils ont fait combien de promesses qui n'ont jamais été tenues, ou quasiment pas.
09:58Et c'est ça que nous payons, aujourd'hui.
10:00C'est cette version, effectivement, du pragmatisme.
10:02Je ne fais pas du pro-américanisme.
10:05Je rêverais, effectivement, aujourd'hui, d'un homme ou une femme politique
10:07qui nous dise, voilà, je vais réformer la France,
10:09je vais réformer l'Europe, également.
10:11Ils disent tout ça en arrivant, mais ils ne le font pas.
10:13Mais ils n'ont qu'une culture économique.
10:15Je suis désolé, regardez ce qu'ils avancent.
10:17C'est ça qui est scandaleux.
10:19Et on n'a pas cette culture économique en France.
10:21Et c'est pourquoi toutes ces idées fausses
10:23passent, malheureusement, il est grand temps de restaurer cette culture économique
10:25pour sauver la France et sauver l'Europe.

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