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  • il y a 3 jours
En sciences politiques, l’analyse rationnelle des comportements électoraux domine. On parle de programmes, d’idéologies, d’intérêts stratégiques. Mais qu’en est-il des émotions ? Le rôle des affects dans le vote est crucial et pourtant sous-estimé. Si Philippe Braud a mis en lumière l’impact de l’émotion sur les choix politiques, la question reste peu traitée. Or, les électeurs ne sont pas des calculateurs froids : ils sont traversés par des peurs, des colères, des espoirs, qui influencent profondément leur vote. [...]

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00:00En sciences politiques, l'analyse rationnelle des comportements électoraux domine souvent.
00:13On parle de programmes, d'idéologies, d'intérêts stratégiques… Mais qu'en est-il des émotions ?
00:18Le rôle des affects dans le vote est crucial, et pourtant sous-estimé souvent.
00:23Si Philippe Brault a mis en lumière l'impact de l'émotion sur les choix politiques, la question reste peu traitée.
00:29Or, les électeurs ne sont pas des calculateurs froids.
00:32Ils sont traversés par des peurs, des colères, des espoirs qui influencent profondément leur vote.
00:38Car chacun vote avec son histoire.
00:41L'expérience individuelle façonne une perception sélective du politique.
00:46Ceux qui ont vécu des crises économiques ou des insécurités auront tendance à voter sous le prisme de l'anxiété et de la peur.
00:54Tandis qu'une campagne fondée sur l'espoir et l'optimisme peut mobiliser un électorat tourné vers l'avenir.
01:02On pense bien sûr au « Yes we can » d'Obama en 2008 ou au « Make America Great Again » de Trump,
01:08qui a su transformer une frustration en une dynamique collective.
01:13Les émotions personnelles deviennent des dynamiques électorales, structurant des votes de rejet ou d'adhésion.
01:21Dans ce contexte, l'identification à un leader devient centrale.
01:25L'affaiblissement des partis politiques a renforcé ce phénomène.
01:29Emmanuel Macron, en 2017, a incarné le renouveau, séduisant un électorat en quête de modernité.
01:34Marine Le Pen mobilise sur des affects comme la peur de l'immigration et de la perte d'identité.
01:40Trump encore, lui, a bâti un véritable culte autour de sa personne, fonctionnant sur l'exaltation et l'adhésion émotionnelles.
01:49Ces leaders captent l'émotion collective et l'exercerbent pour mieux structurer leur base électorale.
01:56Mais il ne faut pas oublier le rôle des médias et des réseaux sociaux, qui sont aujourd'hui des amplificateurs d'émotions politiques.
02:04Les débats télévisés mettent en scène des affrontements où la colère, l'indignation et le mépris prennent souvent le dessus sur l'argumentation.
02:11Les réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram favorisent encore plus une viralité émotionnelle qui court-circuite la réflexion politique.
02:20Comme nous l'avons montré dans notre dernier livre avec Pierre-Antoine Chardel, ces plateformes ne sont pas neutres.
02:26Elles privilégient des contenus qui suscitent une réaction immédiate, souvent basée sur la peur, la colère ou l'enthousiasme excessif.
02:36Ce phénomène renforce la polarisation des opinions et simplifie à l'extrême les choix politiques.
02:43L'émotion est un formidable levier démocratique, mais elle comporte aussi des risques.
02:48Elle alimente des discours populistes, jouant sur la peur et l'exaspération des électeurs.
02:54Elle provoque des attentes démesurées qui peuvent se transformer en désillusions massives si elles ne sont pas suivies d'actes concrets.
03:03Loin d'être secondaire, l'émotion est un moteur du vote.
03:07Pascal Perrineau l'a démontré avec la peur, la colère et l'humiliation comme force du populisme.
03:12L'aïr, autre auteur, a souligné comment les trajectoires individuelles influencent nos perceptions politiques.
03:18Et les réseaux sociaux radicalisent encore plus cette dynamique.
03:23Dans une économie de l'attention, ce phénomène émotion est encore plus utile et utilisé.
03:30Le vote n'est donc pas qu'un choix rationnel, c'est un acte profondément subjectif et affectif.
03:36Il est temps de le reconnaître pleinement, ce afin de mieux comprendre les phénomènes électoraux, micros ou macros.

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