Avec le triple scrutin du 9 juin, dans nos articles politiques, le champ lexical des alliances et des coalitions remplacera celui des sondages et des suppositions. À quelques jours des élections, on peut s’interroger sur les enseignements de cette longue campagne électorale. Les saillies des uns et des autres laisseront-elles des traces au moment de négocier des majorités ? Pour les nombreux indécis qui subsistent, quels sont les enjeux principaux et cruciaux du scrutin ? Que faut-il avoir en tête avant d’entrer dans l’isoloir ? Pour répondre à toutes ces questions, Le Soir a réuni certains de ses experts politiques : Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef, Bernard Demonty, le chef du pôle Pouvoirs et Véronique Lamquin qui couvre toute l’année l’actualité européenne.
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00:00On vote ce dimanche, au niveau fédéral, au niveau régional, au niveau européen.
00:04Depuis plusieurs semaines, Le Soir vous a proposé toute une série de formats différents
00:08pour analyser la campagne, pour décrypter ce qui est en train de se jouer.
00:12À quelques jours de l'échéance, on a réuni nos experts pour vous expliquer tout
00:17ce qu'il faut savoir avant le vote de dimanche.
00:19Autour de la table, trois éminences, trois journalistes du soir.
00:29Vous lisez ses éditos, ses opinions, tous les matins, en une du journal, notre éditorialiste
00:34en chef.
00:35Bonjour Béatrice Delvaux.
00:36Bonjour Pierre.
00:37Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui.
00:38Il a, sans surprise, énormément travaillé, comme toute la rédaction, ces dernières
00:42semaines.
00:43Cette élection, c'est un peu sa coupe du monde à lui.
00:46Bernard Demonti, le chef du Pôle Pouvoir.
00:48Bonjour Bernard.
00:49Bonjour Pierre.
00:50Je ne l'aurais pas mieux dit.
00:51Enfin, notre rédactrice en chef-adjointe, chef-adjointe du Pôle International.
00:54Toute l'année, elle court l'actualité liée aux institutions européennes.
00:58Véronique Lamequin.
00:59Bonjour Véronique.
01:00Bonjour Pierre.
01:01Merci beaucoup à tous les trois d'être parmi nous aujourd'hui.
01:04On va organiser cette émission en deux temps.
01:06On va revenir dans un instant sur les enjeux du scrutin, sur ce qui va se jouer à partir
01:11de dimanche soir.
01:12Juste avant ça, ça aurait été dommage de ne pas tirer des leçons, des enseignements
01:17de toute la campagne que l'on vient de vivre.
01:19Bernard, on va commencer avec vous.
01:22On assiste parfois à des campagnes dans lesquelles il y a un sujet qui monopolise un petit peu
01:26toute l'attention.
01:27Est-ce que là, vous vouliez souligner qu'on a pu parler, que les hommes et femmes politiques
01:31ont pu aborder différents sujets tout au long de la campagne ?
01:33Absolument.
01:34Une note positive m'est venue un peu à l'esprit.
01:37C'est possible parfois en politique belge, je trouve effectivement, comme vous le dites,
01:42qu'on n'a pas été écrasé par un thème électoral comme on l'a pu être par la scission
01:45de BHV dans d'autres élections, comme la migration qui occupait tout le terrain dans
01:51d'autres scrutins.
01:52Ici, on a un peu parlé de tous les sujets.
01:56On a parlé de pouvoir d'achat, bien sûr, qui était le thème de préoccupation le
01:59plus important des gens, on l'a vu dans nos grands baromètres, mais on a aussi parlé
02:03d'enseignement, on a aussi parlé de santé, on a aussi parlé d'actualité internationale.
02:09Donc, j'ai l'impression quand même qu'il n'y a pas un thème qui a dominé, qui a écrasé
02:14tous les autres.
02:15On a quand même eu une campagne où les hommes et les femmes politiques ont pu s'exprimer,
02:19développer leur point de vue sur beaucoup de sujets.
02:21Pas d'écrasement donc, et ça, on aurait certainement pu, c'est le défaut de cette
02:26qualité, aller plus au fond des choses sur une série de thèmes, on en parlera peut-être,
02:30mais ce qui est sûr, c'est que l'électeur, l'électrice a pu avoir quand même un panel
02:34assez large de ce que pensent les hommes et les femmes politiques de ce pays, juste avant
02:38le scrutin.
02:39Là, vous brossez un tableau assez positif, assez presque idyllique d'une campagne électorale.
02:43On s'en doute, ça ne se passe pas toujours avec uniquement des choses positives à retenir.
02:47Il y a quand même eu un petit peu des coups bas, notamment en fin de campagne.
02:51Oui, ça, c'est le bémol.
02:52En fait, j'étais dans une appréciation assez positive jusqu'à, je dirais, la dernière
02:56semaine.
02:57Et là, on a eu notamment, c'est un peu le point d'orgre, ce triste débat entre M.
03:02Boukili et Pierre-Yves Jolet où des propos racistes ont été tenus.
03:06Là, on est retombé un peu dans les travers excessifs, agressifs, puis s'en est en suivi
03:11un débat sur est-ce que le propos était raciste ou pas, alors qu'il l'était clairement.
03:14Donc ça, j'ai trouvé qu'on partait là dans un débat qui, finalement, n'apportait pas
03:18grand-chose sur le fond.
03:19D'autre part, on a aussi beaucoup parlé d'exclusives, de coalitions.
03:22Je veux être premier ministre, mais pas si c'est lui.
03:25Je veux être avec ce parti-là.
03:26Et là, on est retombé dans les vieux travers de la politique politicienne qui, je trouvais,
03:30s'était un peu trouvée, entre parenthèses, jusque là.
03:33Donc voilà la fin de campagne un peu triste.
03:35J'espère que les quelques heures qui restent amèneront encore quelques thèmes de fond,
03:39notamment dans les débats de présidents qui vont encore arriver, peut-être dans les
03:43dernières minutes, avant que les gens aillent aux urnes.
03:46Mais voilà, globalement, j'ai une perception plutôt positive, sauf dans le dernier quart
03:51d'heure, j'allais dire.
03:52Béatrice, on rejoint un petit peu ce point de vue avec parfois des éléments qui viennent
03:56potentiellement polluer des débats au niveau électoral.
04:00À Bruxelles, en tout cas au niveau régional, on a peu parlé de ces enjeux régionaux.
04:05On a l'impression que les grands sujets qui auraient pu être abordés, ils ont juste
04:09été utilisés pour s'insulter, pour se lancer des invectives.
04:11Oui, mais si on regarde un peu à tous les étages, que ce soit pour la Wallonie, Bruxelles
04:16et même la Fédération Wallonie-Bruxelles, finalement, la discussion qui a émergé à
04:20un moment donné était surtout basée sur une instrumentalisation de débats de fond.
04:24On a joué la polémique, on s'est divisés, on s'est positionnés, même parfois alors
04:29qu'on était dans le même gouvernement, sur les mêmes projets, défendant les mêmes
04:31ambitions.
04:32Et soudain, en fin de campagne, pour gagner des points, on a torpillé le projet qu'on
04:36avait soi-même voté.
04:37Je vais prendre trois exemples.
04:39Par exemple, pour la région wallonne, on a eu l'épisode Péface avec Céline Tellier,
04:43un débat délétère au Parlement wallon avec des règlements de compte et objectivement
04:47une instrumentalisation d'une absence de chiffres qui ne grandissait pas ceux qui se
04:53sont lancés dans ce débat.
04:54Et une mise à mal d'une concurrente, c'était ça le but, puisque Céline Tellier était
04:57considérée comme une concurrente redoutable pour certains dans sa zone de chalandise.
05:01Deux, si on prend la Fédération Wallonie-Bruxelles, on va pas revenir là-dessus, mais c'était
05:04le décret paysage qui l'a évidemment dans une autre bataille de chiffres avec d'autres
05:08enjeux, mais avec aussi la volonté d'abattre un concurrent peut-être délicat au niveau
05:13du MR et par ailleurs pour les autres, en fin de parcours, de prendre un projet, parce
05:17que dans chaque cas, tant pour les Péfaces qui étaient le projet wallon, vision écologique,
05:22que pour le décret paysage, vision de l'enseignement supérieur avec une certaine perspective plutôt
05:27moyen terme, voire long terme, soudain on perd tout ça, on perd ça de vue.
05:31Et puis ensuite à Bruxelles, c'est le projet Good Move qui a été aussi une vision de
05:35la mobilité de la ville, votée par deux gouvernements précédents de façon très
05:40très positive, avec une ambition pour les habitants de la ville, et puis en fin de parcours
05:44on se dispute, on essaye de dire que finalement pour certains la bagnole est devenue super
05:49importante et pour d'autres on ne sait plus ce qu'on doit penser, on ne sait plus comment
05:51se défendre, avec très peu dans les trois cas de vision alternative sur les sujets de
05:56fond proposés, plus des positionnements tactiques, et ça c'était assez dommage en fait.
06:00C'est ça, on dit qu'on ne veut pas de quelque chose mais on ne propose rien pour
06:03le remplacer.
06:05Béatrice, Véronique, si on regarde pour presque tous les partis cette élection, on parle
06:10souvent de mer de toutes les élections, là il y a presque un enjeu, alors de vie ou de
06:16mort c'est un peu exagéré, mais un enjeu existentiel pour chaque parti dans ce qui
06:19va se jouer dimanche soir ?
06:20A commencer par le PS peut-être, puisque le PS a commencé en tout cas en Wallonie
06:25la campagne en étant en tête des sondages, alors on va beaucoup parler des sondages quand
06:29on regarde un petit peu où sont les partis, ce ne sont que des sondages mais c'est quand
06:32même une indication intéressante de ce qui se joue, ainsi que les fameuses remontées
06:36de terrain et les reportages que nous avons faits, donc le PS a commencé de manière
06:40extrêmement positive pensait-il, en imposant ses thèmes dans le débat, ils ont beaucoup
06:45parlé de santé, de pouvoir d'achat, et surtout on avait Paul Magnette qui évoquait
06:50ouvertement la possibilité d'être Premier ministre, il distribuait les coalitions annonçant
06:55qu'il préférait une coalition progressiste à Olivier, sous-entendu mettre le MR dans
06:59l'opposition etc. Aujourd'hui dans le dernier grand baromètre que nous avons publié,
07:04le PS est au coude-à-coude avec le MR en Wallonie et surtout il semble être en grande
07:08difficulté à Bruxelles où il est pointé derrière le MR, loin derrière le MR et derrière
07:14le PTB, et en tout cas à Bruxelles clairement la campagne du PS elle est difficile, Ahmed
07:19Laouech qui est candidat ministre président a fait le choix d'une campagne sur certaines
07:23thématiques et plutôt dans le nord de Bruxelles, délaissant quelque part le sud, c'est un
07:29pari risqué que pour l'instant, toujours selon les sondages, il ne semble pas spécialement
07:33gagné, il reste encore quelques heures, on connaît la force de tous les partis dans
07:38la dernière ligne droite, tout d'un coup toutes les boitelettes des Bruxellois sont
07:41inondées de tracts et de propositions, c'est assez marquant, mais malgré tout le PS pour
07:46l'instant n'est pas en position de force contrairement au MR.
07:49Ah oui le MR évidemment pour le moment on a l'impression que Georges Louis Boucher
07:52marche sur l'eau et qu'il espère vraiment, je crois que tout son travail depuis plusieurs
07:59années maintenant avait cet objectif d'être le premier parti francophone et là il sent
08:03que c'est à portée de main, alors évidemment si ça ne se réalise pas le soir des élections
08:07on verra les conséquences que ça a, mais si ça se réalise en fait ce sera très important
08:12pour lui, ce sera très important pour son parti et ce sera très important pour les
08:16francophones et pour la Belgique, parce que c'est peut-être là avec lui premier parti
08:20que pourrait se faire au niveau plus global une bascule à droite assez immédiate qui
08:27pourrait se réaliser dès lors qu'on l'a vu, en plus il place ses pions sur cet échiquier
08:33là notamment en ouvrant la voie à l'ANVA et avec des réponses je le trouvais dans
08:38les derniers quinze jours je trouve qu'il est très clair, très déterminé et sur
08:44ses réponses sur pourquoi aller avec l'ANVA en fait il la joue assez finement je pense
08:48et donc là il est en train de se dire qu'il sent l'étable et il sent l'arrivée.
08:54Maintenant il a aussi cet enjeu sur Bruxelles, s'il n'est que premier parti à Bruxelles
08:59ce sera aussi de toute façon un fagnon qu'il pourra revendiquer spécifiquement lui avec
09:03un match dans le match, bon ça ce sera pour autre chose, c'est de voir un peu qui des
09:06deux bruxellois libéraux aura permis de décrocher cette timbale, mais on n'y est pas encore.
09:12Question de vie ou de mort, là on est peut-être plus dans la question de vie que de la question
09:16de mort, il y a la question des engagés et que tout le monde les annonçait perdus
09:19il y a quelques années et puis ils sont redevenus des faiseurs de rois.
09:22Et puis surtout bon déjà ils ont gagné un premier pari c'est-à-dire qu'ils ont réussi
09:26le pari de ne pas être morts donc ils existent et puis en plus on les fait justement des
09:30éléments déterminants, c'est vrai que cette expression de Maxime Pivot elle est
09:34intéressante en fait parce que ça veut dire qu'il est considéré comme quelqu'un
09:39qui peut faire la différence et dénouer ou empêcher certaines alliances.
09:43Après à vérifier, donc on reste très prudent avec ces sondages parce que lui sera très
09:48très déçu si ce n'est pas le cas parce que là il croit aussi que c'est arrivé
09:51et en même temps il y aura une question très importante qui va se mettre tout de suite
09:55parce que 600 scores est de fait très important qu'il a réussi à siphonner les écolos
09:58dont Véronique va vous parler, mais c'est de dire de quel côté de la force il va tomber
10:02entre guillemets.
10:03Est-ce qu'il va favoriser la bascule à droite ? Est-ce qu'il va favoriser la bascule à gauche ?
10:06Et vous voyez aujourd'hui qu'on essaye déjà de le séduire, de le circonvenir,
10:11de dire à mon vieux mais si tu passes sur la droite ça va mal se passer pour toi, tu es un vilain
10:14et la droite qui dit il est formidable et c'est avec ce Maxime Prévost, j'aimerais tellement
10:17faire des choses à droite.
10:18Donc à suivre, c'est très intéressant en fait à suivre.
10:21Avec un petit bémol sur les engagés, c'est qu'à Bruxelles pour l'instant, toujours selon les sondages,
10:26la réussite ou la remontada s'en veut un petit peu moins spectaculaire qu'en Wallonie, mais à voir.
10:31Au niveau des écolos, Béatrice le disait, elle a l'art du teasing évidemment.
10:34Là aussi il y a une question de vie, de mort où on se demande un petit peu à quel score
10:40est-ce qu'ils vont réussir à atteindre.
10:41Et s'ils vont échapper à la fameuse malédiction des années en quatre.
10:44Effectivement, on les sent en moins bonne posture que les engagés, très clairement.
10:50Alors il y a sans doute plein de facteurs qui peuvent expliquer ça.
10:53Clairement, le climat n'a pas été un des thèmes dominants de la campagne.
10:56Il y en avait d'autres.
10:57On peut le regretter ou le comprendre, mais c'est une réalité qui ne joue certainement
11:02pas en faveur des écologistes.
11:04Je pense qu'au niveau Wallon, l'épisode d'Épiphanes dont a parlé Béatrice est clairement
11:08quelque chose, parce que c'est sur un thème cher au vert, à savoir la pollution, la santé,
11:14etc.
11:15Donc clairement, ça doit leur jouer des tours.
11:16Évidemment, Goodmove dont a aussi parlé Béatrice.
11:18Alors à Bruxelles, c'est une ministre groune qui portait le projet Goodmove et qui pourrait
11:24peut-être en récolter les fruits.
11:25Mais clairement, les écologistes francophones vont en payer le prix pour toutes celles et
11:30ceux qui, pour des raisons bonnes ou mauvaises, ne veulent plus entendre parler de Goodmove.
11:35Et donc les écolos sont clairement, clairement, clairement à la peine.
11:38Il sera intéressant de voir ce que ça donne.
11:41Ils le sont un petit peu moins à Bruxelles qu'en Wallonie, mais on ne pense pas que
11:45le résultat sera à la hauteur de ce qu'il était il y a cinq ans.
11:48Ils essayent pour l'instant une dernière tactique qui est de dire « voter pour écolos
11:52c'est éviter le gouvernement avec la N-VA », puisque c'était un des seuls partis
11:55qui dit très clairement qu'il ne veut pas.
11:58C'est un peu une parade de dernière minute.
12:00Il faudra voir ce que ça pourra donner.
12:02Et puis la dernière inconnue de ce scrutin, c'est évidemment le score du PTB.
12:07Et là aussi, les différences sont importantes entre Bruxelles et la Wallonie.
12:11C'est d'ailleurs le cas pour beaucoup de partis où on vient de l'évoquer.
12:14Le PTB à Bruxelles, pour l'instant, est donné comme étant deuxième partie,
12:18comme taillant des croupières au Parti socialiste dans les quartiers où le PS se croit ou se
12:24sait fort sur les thèmes qui sont ceux du Parti socialiste ou en tout cas ceux que Ahmed
12:28Laouet a choisi de mettre en avant.
12:30Donc ce serait intéressant de voir si c'est payant.
12:33En Wallonie, ils sont pour l'instant donnés à des scores plutôt stables par rapport
12:37à ce qu'on attend d'eux.
12:38Donc il y a peut-être moins de suspense qu'à Bruxelles.
12:40Est-ce qu'ils vont en faire ?
12:41Je trouve qu'en vous entendant, ça donne, pour revenir aussi à un point positif, non
12:46pas que vous y étiez négative, mais je trouve que c'est assez vivifiant à vous entendre
12:50de se dire qu'en fait les jeux ne sont pas faits.
12:52On va tous et toutes, j'espère, aller voter dimanche.
12:56Et on voit qu'on ne va pas nécessairement aller voter en Wallonie avec un PS qui a gagné
13:01d'avance comme ça a été le cas pendant des décennies, et je n'exagère pas en parlant
13:04de décennies.
13:05À Bruxelles, pareil, les écolos étaient premiers en 2019.
13:09Ici, on a également le PTB qui pourrait faire un gros score.
13:13Que va-t-il advenir des écolos ?
13:14Donc on se rend aux urnes dimanche avec quand même, j'espère, la conviction que le vote
13:22que l'on va avoir a une importance, qu'il y a des enjeux, que les jeux ne sont pas faits,
13:27et j'irai même un peu plus loin.
13:29J'espère que les partis, après ça, comprendront l'importance pour les gens de voir leur vote
13:36concrétisé après dans une réalité.
13:38Parce que dans les portes, le magnifique reportage de Béatrice qui est allé dans les villes
13:44et villages de Belgique et de Flandre, une des grandes frustrations des gens, c'était
13:49de dire, oui, je vais voter avec mon cœur pour un parti, mais il va se noyer dans une
13:53coalition ou même il va gagner, être exclu d'une coalition.
13:56Donc j'espère que ce côté vivifiant d'avant campagne, les présidents de partis auront
14:01la délicatesse, l'honnêteté, l'humilité et l'éthique de se dire, on va au maximum
14:07tenir compte des envies des gens pour éviter de nouveau que cet antipolitisme qui consiste
14:12à dire, mon vote ne sert à rien, soit désormais endigué ou en tout cas calmé.
14:17Béatrice, c'est un exemple, ce que Bernard vient d'expliquer, c'est un exemple supplémentaire
14:21des fractures qui peuvent parfois habiter notre pays, parce que cette réflexion sur
14:26le vote ouvert, elle vaut pour la partie francophone du pays, beaucoup moins au nord quand même,
14:30où il y a un éléphant que tout le monde veut ou ne veut pas voir.
14:34Oui, évidemment, c'est un éléphant que les sondages ont vu grandir au fil des mois,
14:40des années, depuis l'élection précédente.
14:42Là aussi, on ne sait jamais, il faut quand même toujours être très, très prudent sur
14:46les sondages.
14:47Ce qui va se passer, c'est parce qu'il y a eu une offensive dans les dernières semaines
14:51de médias et du monde intellectuel, enfin il y a eu une offensive pour continuer à
14:56dire attention au Vlaams Belang, c'est pas un particulier des autres, et par ailleurs
14:59le Vlaams Belang et son leader, Tom Van Griek en particulier, est même reconnu par certains
15:03qui sont un peu plus ses fans, comme ayant fait une très mauvaise fin de campagne, apparaissant
15:06comme un personnage assez détestable, avec notamment des positions sur la notion de genre,
15:11dont on ne sait pas si elles vont le pénaliser ou au contraire le renforcer.
15:16Donc c'est vrai que le vote Belang, s'il est premier parti, c'est un chamboulement,
15:22il fait la course en tête depuis des mois et on voit que la N-VA est à la peine, là
15:25aussi dans les éléments qui permettent de circonvenir un peu ce vote, même s'il était
15:29premier parti, on remarque que dans la fin de campagne aussi, troisième élément pour
15:33un peu affaiblir l'impact de ce vote, c'est que Bardo Weaver, de façon beaucoup plus
15:36claire, donc le leader de la N-VA, beaucoup plus clair qu'auparavant, a dit qu'il était
15:40hors de question de faire affaire avec lui.
15:41Et donc, que les francophones ne se trompent pas, ce qui va se passer au nord du pays,
15:47même par le principe même d'un parti d'extrême droite qui serait premier parti de Belgique,
15:52que de ce qu'on va faire de ce vote n'est pas sans impact pour eux.
15:57Véronique, au niveau européen aussi, on vient d'aborder l'extrême droite ici,
16:01c'est une question qui a animé la campagne d'abord et qui sera aussi un des enjeux post-vote
16:07au niveau européen.
16:08Comment vont s'organiser les alliances entre les différents partis ? Et puis tout ça
16:11peut aussi hypothéquer, en tout cas peut avoir des conséquences sur la guerre en Russie
16:17et la guerre en Ukraine menée par la Russie et notre soutien à l'Ukraine évidemment.
16:21Oui, en fait, c'est l'un des éléments qu'on va regarder prioritairement dimanche
16:25soir.
16:26Effectivement, c'est le score de l'extrême droite au Parlement européen.
16:27Pour l'instant, ils sont déjà à près de 20 % quand on additionne les voix des
16:33différents groupes, plus celles des délégations nationales qui sont éparpillées, donc ils
16:37sont déjà à près de 20 %. Certains sondages les donnent à près de 25 %. C'est évidemment
16:42un poids important dans l'Assemblée parlementaire.
16:45Ça a plusieurs conséquences, notamment en termes d'extrême droitisation des discours
16:51et des positions.
16:52C'était extrêmement visible sur la migration dans la campagne, mais même avant la campagne.
16:56L'Europe, elle fonctionne avec une grande coalition traditionnelle, un peu sur le modèle
17:02de ce qu'on connaît chez nous, à savoir une coalition articulée autour du PPE, le
17:06parti de centre droit, ce sont les engagés, le CDNV pour nous, les socialistes et les
17:10libéraux.
17:11Il est arrivé, et de plus en plus fréquemment en fin de législature, que cette grande coalition
17:14ne s'entendait pas et que le PPE allait chercher des voix à sa droite, donc à l'extrême
17:19droite, pour avoir des majorités alternatives.
17:21Forcément, si l'extrême droite est plus importante, ce scénario a des risques de
17:25se reproduire, c'est une évidence, ou d'avoir une infusion, une contagion de leurs discours
17:31racistes, extrémistes, sur le reste.
17:33Ça, c'est l'élément terriblement négatif.
17:35Je vais quand même donner une touche un petit peu plus positive.
17:38Les sondages indiquent aussi, sans ambiguïté, que la fameuse grande coalition dont je viens
17:42de parler, elle garde une majorité, et une large majorité, ou en tout cas une majorité
17:46suffisante pour les cinq prochaines années au sein du Parlement européen, pour pouvoir
17:51relever de manière européenne, constructive, collective, les grands défis qui nous attendent.
17:57Singulièrement, le soutien à l'Ukraine, la défense des Européens, la défense de
18:02la démocratie, la sauvegarde de la compétitivité, l'avenir du Green Deal, du Pacte Vert, même
18:07si là, les avis sont un petit peu plus partagés.
18:09Donc effectivement, le poids de l'extrême droite est quelque chose qu'on va regarder.
18:13Et ce n'est évidemment pas une bonne nouvelle de voir qu'elle est en progression de manière
18:16incroyable en France, en Autriche, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Flandre, mais il y a quand
18:22même aussi des raisons d'espérer que le projet européen puisse continuer, et qu'on
18:26puisse notamment continuer notre soutien à l'Ukraine, puisqu'on sait qu'une partie
18:29de l'extrême droite est radicalement contre ce soutien à l'Ukraine, puisqu'elle est
18:33pro-russe.
18:34J'avais une petite question pour Béraud.
18:35Je me demandais, c'est vrai que le scrutin européen, on a l'impression, en Belgique,
18:38qu'il est passé un peu à l'arrière-plan.
18:40Est-ce que les gens ne pensent pas, finalement, en Belgique, que quand on est Belge, voter
18:44aux Européennes, c'est une goutte d'eau dans la mer ? Est-ce que c'est faux ? Est-ce
18:49que leur dire « mais non, votre vote européen, il compte, il est important ? »
18:53Le vote européen, il compte.
18:54Alors, on est un petit pays, mais on est quand même un pays qui envoie 22 députés européens.
18:58Et ce qu'on se dit en Belgique, d'autres pays pourraient se le dire.
19:01Que dirait le Luxembourg qui envoie 6 députés ? Que dirait Malte ? Que dirait les Slovènes ?
19:05Donc, tous les Européens, chaque voix compte.
19:09C'est la campagne du Parlement européen, et c'est terriblement important de voter
19:13aussi au niveau européen pour faire barrage à l'extrême droite, très clairement.
19:17Et j'ai la faiblesse de croire qu'on l'a ressentie un peu plus dans l'actualité, dans
19:20cette campagne et avant, avec la crise des agriculteurs.
19:22On a beaucoup reparlé du niveau européen, en bien, en mal.
19:25C'est une autre question, mais les questions européennes sont là.
19:28La guerre en Ukraine, effectivement.
19:29L'investissement dans la défense.
19:30Est-ce qu'on le fait tout seul ? Est-ce qu'on le fait ensemble ?
19:32Donc, je trouve que les thèmes, heureusement, sont un peu revenus dans l'actualité, plutôt
19:36que de se concentrer juste sur le pouvoir d'achat belge, par exemple.
19:39Oui, et en Belgique, automatiquement, les élections européennes sont en même temps
19:43que les élections régionales, depuis les législatures, en même temps que les fédérales
19:46aussi.
19:48On a ce sentiment qu'elles passent au bleu.
19:50Comme vient de le dire Bernard, cette campagne-ci a permis un petit peu de parler des thèmes
19:54internationaux.
19:55Et puis, on voit dans d'autres pays, et la France, pour ça, est un exemple terrible,
19:58qu'ils n'ont que les scrutins européens.
20:00Et en même temps, il est totalement obscurci par des enjeux qui n'ont rien à voir avec
20:04l'Europe et qui tiennent tout à la présidentielle de 2027.
20:07Donc, l'Europe, elle doit se battre partout pour être dans la campagne, mais je trouve
20:10qu'effectivement, on a réussi à en parler parce que ça nous concerne tous.
20:14Merci pour la question, Béatrice.
20:16Et à aborder les thèmes qui concernent tous les Européens.
20:18Juste un dernier petit exercice en forme de conclusion.
20:21Dimanche soir, évidemment, vous serez tous en train d'abord d'écrire des articles.
20:25On va travailler pour nos lecteurs.
20:27Moi aussi, en l'occurrence.
20:29Il y a quelque chose que vous allez regarder en premier.
20:31C'est quoi le premier chiffre, la première statistique, le premier fait auquel vous
20:34serez attentif dimanche soir ? Béatrice, pour commencer.
20:36Moi, ce sera d'abord le Vlamzolang et dans la foulée immédiate, celui du MR.
20:39Bernard ?
20:40Moi, c'est un peu le paramètre Wallon.
20:43Effectivement, il y a les enjeux qu'on connaît avec l'extrême droite
20:46et qui nous préoccupent beaucoup.
20:48Mais moi, j'ai envie de regarder le baromètre Wallon parce qu'on a
20:51deux parties, que je dirais, de renouveau.
20:54Que sont le PTB, qu'on aime ou qu'on n'aime pas ?
20:57Les engagés, est-ce que c'est du renouveau ou pas ?
20:59A chacun son avis.
21:00Mais quand même, on a deux forces politiques qui montent de manière un peu
21:03inattendue ou de manière...
21:05Ce sont des formations, en tout cas, qui n'étaient pas aussi hautes
21:08sous cette forme-là.
21:10On a d'un côté, éventuellement, un renouveau de type populiste,
21:13de type radical. Et d'un autre côté,
21:16un renouveau possible en Wallonie, de type centriste,
21:19avec peut-être le succès ou pas, des recettes non clivantes.
21:23Et donc, je trouve que c'est un excellent baromètre pour voir
21:26si l'impression qu'on a tous, à savoir qu'il n'y a plus que le radical
21:29qui paye est vrai ou pas. Et donc, je trouve qu'en tant
21:32qu'observateur politique, ça peut être un baromètre Wallon particulièrement
21:35intéressant.
21:36Véronique, pour terminer.
21:37Alors, en souvenir de mes amours professionnelles passées Bruxelles
21:40et voir un peu quel projet de ville a pu l'emporter,
21:44et par rapport à mes engagements professionnels actuels,
21:48je regarderais le taux d'abstention, à la fois pour la Belgique,
21:51puisque en Belgique, le vote est obligatoire, mais en 2019,
21:54si on additionne les personnes qui ne sont pas allées au bureau de vote
21:57et celles qui ont voté blanc ou nul, il y a 17% des gens
22:00qui n'ont pas exprimé un choix pour un parti.
22:02Et puis, au niveau européen, dans la plupart des États membres,
22:04le vote n'est pas obligatoire. Et donc, en 2019,
22:07on a atteint tout juste la barre des 50%.
22:09Il y a donc 50,6% des électeurs européens qui sont allés voter.
22:14L'objectif est de dépasser ça.
22:16C'est un solide défi et c'est quand même aussi un test important
22:20pour le projet européen qui permettra aussi de répondre
22:22à la question de Béatrice, à savoir l'Europe,
22:24qu'est-ce qu'on en pense et en quoi elle nous intéresse ?
22:26Merci beaucoup, en tout cas, à tous les trois d'avoir participé
22:29à cette vidéo qui, je l'espère, sera utile et pertinent.
22:33Et pertinente et intéressante aux yeux de nos lecteurs.
22:36La rédaction du soir qui sera évidemment mobilisée dimanche soir
22:39dans la nuit de dimanche à lundi pour vous dire tout ce qu'il faut savoir,
22:43tout ce que vous devrez savoir juste après les élections.