Cette semaine dans le canapé de Sports Stream : Yoann Stuck ! Aujourd'hui sort le livre d'un homme pas comme les autres, pour qui la course à pieds est devenue un éxutoire inattendu, dans une vie initiale plutôt faite de débauche. "Une vie en équilibre" qu'il a désormais trouvé et qu'il nous raconte.
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00:00:00Salut tout le monde, j'espère que vous allez bien.
00:00:11Bienvenue dans SPORTSTREAM, chaque semaine dans le canapé d'un athlète pour une discussion
00:00:15en tête-à-tête.
00:00:16Avant, il enchaînait les soirées, maintenant les kilomètres.
00:00:19Avant, il avait une vision négative de lui-même, aujourd'hui il ne parle plus qu'en dénivelé
00:00:24positif.
00:00:25Du dernier coucher au premier lever, il a fait un virage à 180 degrés.
00:00:29Mon invité n'a pas juste changé de vie, il l'a redessiné.
00:00:32On tend le micro à un gars qui trace sa route, autrement, un homme réellement peu ordinaire.
00:00:38Yoann Stuck est mon invité aujourd'hui.
00:00:42Ça va Yoann, tu vas bien ?
00:00:43Ça va et toi ?
00:00:44Ça va super.
00:00:45Merci de m'accueillir.
00:00:46C'est un plaisir de t'avoir avec nous, comment tu vas Yoann ?
00:00:50Ça va, je suis content d'être ici.
00:00:54C'est cool.
00:00:55Ça va, mon intro t'a plu ? C'était à peu près bon non ?
00:00:58Ouais, franchement, ça m'a bien fait sourire et ça m'a fait plaisir.
00:01:02Super, bon Yoann, t'es avec nous évidemment, on va en parler longuement dans cette émission
00:01:06de ton livre qui sort aujourd'hui, Yoann Stuck, une vie en équilibre, métamorphose
00:01:11d'un coureur peu ordinaire, écrit avec la journaliste Cécile Bertin.
00:01:14T'en es fier de ce livre Yoann ?
00:01:16Bah ouais, j'en suis fier et au-delà de ça, il m'a beaucoup aidé.
00:01:22Bon Yoann, on va parler évidemment de ton histoire, on a une heure ensemble, donc on
00:01:26a le temps, on va pouvoir papoter de plein de choses.
00:01:28Là, j'ai en face de moi le Yoann de 2025, athlète accompli, très langagé, père de
00:01:33famille également.
00:01:34Parle-moi un peu du Yoann d'il y a, on va dire 15-20 ans, qui était peut-être plus,
00:01:39si je puis me permettre, baraton que marathon ?
00:01:40Ouais, ou barre parallèle.
00:01:43Voilà, exactement.
00:01:44T'es d'un bar à un autre.
00:01:45Ah oui, aussi.
00:01:46Bah écoute, ouais, il y a pas mal de choses à raconter, donc le Yoann d'avant, c'était
00:01:53plutôt quelqu'un qui suivait plus le sport à la télé, dans le canapé comme je suis
00:01:59là, mais qui pratiquait pas, qui pratiquait pas du tout, qui fumait une trentaine de cigarettes
00:02:05par jour, qui buvait plus des pintes de whisky-coca que de bière et en surpoids aussi.
00:02:14Et à quel moment alors, est-ce que déjà il y a eu un moment précis où tu t'es dit
00:02:17bon allez Yoann, là faut que ça change maintenant, faut passer à autre chose ?
00:02:21Alors j'ai essayé au départ de changer un petit peu certaines choses, d'arrêter de
00:02:25fumer par exemple, et je vais pas dire que ça a été des échecs, parce qu'à chaque
00:02:31fois j'ai appris, mais je fumais quand même une trentaine de cigarettes par jour.
00:02:35Donc voilà, étant jeune, et puis voilà, une hygiène de vie quand même très détestable,
00:02:42enfin j'étais pas bien dans ma peau en tout, et du coup c'était de l'auto-destruction.
00:02:48C'est avec le recul que tu te dis ça, ou vraiment au moment où tu vivais comme ça,
00:02:53tu te sentais pas bien ? Je me sentais pas bien, mais sans vraiment
00:02:57me le dire au départ, j'étais pas dans la réalité en fait des choses, et ouais ça
00:03:05a été, on va dire un moment difficile, quand maintenant je le vois en me disant bah ouais,
00:03:12t'as perdu des années de ta vie, parce qu'au final je m'en sers de ce passif, mais ouais
00:03:18j'étais bien perdu, et ouais ça allait beaucoup trop vite ce que je faisais, c'était
00:03:25dans la démesure, malgré tout ce que je fais en ce moment, c'est beaucoup plus pondéré,
00:03:30donc ouais c'était n'importe quoi.
00:03:32Pourquoi la course à pied ? Parce que c'est le plus simple, c'est la chose qu'on fait
00:03:35quand on a envie de se remettre en forme ? Alors au début je pensais que c'était simple,
00:03:40mais ouais la première sortie, bon on pourra en reparler, mais elle a duré pas plus de
00:03:4520 minutes quoi, après j'ai pas choisi le meilleur moment, j'ai commencé au mois d'août,
00:03:50et en pleine canicule, et puis la première chose que j'ai faite après avoir couru c'est
00:03:56d'ouvrir une canette de bière, mais non derrière, ouais je pensais que c'était accessible,
00:04:02tu vois j'ai sorti une paire de baskets plutôt des sneakers, un short de foot, un t-shirt
00:04:07en coton, un short de l'OM forcément, et après ouais ça a été dur, donc il fallait
00:04:18bosser là-dessus et être patient.
00:04:20Et comment justement t'as trouvé cette force pour persévérer, pour continuer, pourquoi
00:04:24tu t'es pas dit à la première sortie, 20 minutes, c'est l'enfer, allez c'est pas pour
00:04:28moi j'arrête.
00:04:29En fait le petit déclic que j'ai eu, c'est quand j'ai essayé une nouvelle fois d'arrêter
00:04:34de fumer, c'est surtout que c'est arrivé tout seul, j'ai vu que le matin j'avais pas
00:04:39forcément l'envie, le midi non plus, tu vois l'après-repas, le café, bon parfait ça
00:04:46se passe, l'après-midi pareil, en soirée, en plus j'étais en coloc avec un mec qui
00:04:51fumait aussi, ça se passe, et là je me dis bon bah un mec, au lieu de compenser dans
00:04:57la bouffe, parce que depuis j'ai perdu une trentaine de kilos, trouve un truc facile
00:05:05à faire, compense dans autre chose que dans de la bouffe et donc ça a commencé comme
00:05:10ça.
00:05:11Je pensais que ça allait être facile, bah à l'arrêt de la clope forcément le petit
00:05:14monstre en toi il se réveille et du coup là ça commence à être compliqué, l'enchaînement
00:05:21en sport c'est compliqué aussi donc il a fallu prendre de la persévérance et surtout
00:05:29qu'il y ait de la patience.
00:05:30Je vais lire pour nos téléspectateurs et pour toi la première phrase de ton livre,
00:05:33alors je suis désolé je l'ai un peu charcuté le livre, mais ça fait plaisir, ça montre
00:05:37que tu l'as bien lu et ça me fait très plaisir.
00:05:40Donc ce livre commence par cette phrase, fin septembre 2010, je suis à Lyon, debout sur
00:05:43la ligne de départ de mon premier 10 km, je ne le sais pas encore mais dans quelques
00:05:47secondes le coup de pistolet qui brisera le lourd silence sera aussi le signal de mon
00:05:51nouveau départ.
00:05:52Tu dis que c'est un nouveau départ mais c'était le début de quoi exactement, d'un
00:05:57corps qui se transforme, d'un mental qui s'éveille, des deux à la fois ?
00:06:00En fait c'est tout, c'est un mode de vie, c'est la tête, c'est les jambes, c'est la
00:06:07passion qui démarre et puis je partais vraiment dans l'inconnu.
00:06:12Tu te sens à ta place à ce moment-là quand tu es sur la ligne de départ, tu l'expliques
00:06:16dans ton livre, il y a des odeurs particulières, il y a des attitudes particulières aussi.
00:06:20Là on parle de camp par exemple, je découvre de nouvelles choses, je vois des gens encore
00:06:27plus stressés que moi.
00:06:28Lui, il a l'arnica, tu le dis aussi.
00:06:31En fait tu découvres cet univers qui était totalement inconnu pour moi et en fait, je
00:06:38regarde beaucoup de sports à la télé, j'étais grassouille parce que ce n'était pas quasi
00:06:44100 kg de muscles, c'était bien l'inverse, c'était des pizzas tous les soirs, du resto
00:06:49tous les midis.
00:06:50Donc là je me dis, on rentre dans un truc.
00:06:56Il y a quelque chose qui m'a vraiment marqué aussi dans ton livre, c'est que tu dis, après
00:07:01d'être mis à la course à pied, avoir changé un peu de dynamique de vie, je perds mon cercle
00:07:05d'amis.
00:07:06Bon nombre de ceux qui me côtoient dans le sud ne me reconnaissaient plus ou plutôt ne
00:07:09se reconnaissent plus dans celui que je deviens.
00:07:11Est-ce que ça tu l'as vécu comme une douleur ou plus comme une évidence, tu y étais préparé ?
00:07:16Oui, c'était de l'observation parce qu'au début, je ne savais pas ce que j'allais faire.
00:07:22Après, c'est vrai qu'on parle de cigarette, mais dans d'autres choses, j'entreprenais
00:07:28des projets que je ne finalisais pas ou je m'en foutais pour pas mal de choses.
00:07:34En fait, la course à pied et le sport en général a mis aussi dans la rigueur parce
00:07:40que comme on le disait, au-delà de 20 minutes, j'ai voulu faire mieux.
00:07:44Il fallait mettre de la rigueur, t'es obligé de prendre de la motivation, mais il faut
00:07:48de la détermination aussi.
00:07:50Je pense qu'il y a une partie de mes connaissances qui se sont dit « de toute façon, on va
00:07:58le revoir au bar dans quelques jours, il est parti dans une nouvelle lubie ». Au final,
00:08:04non, ça a plutôt fonctionné.
00:08:08Maintenant, avec le sourire toujours, je me rends compte que ces personnes-là, la plupart,
00:08:16alors les 30 kilos que j'ai perdus, eux, ils les ont pris, mais ce qui me fait le plus
00:08:21plaisir, c'est que maintenant, ils commencent à se mettre au sport et à se bouger un petit
00:08:25peu plus.
00:08:26C'est ça qui est cool.
00:08:27Finalement, ce qui est bien avec ton livre, c'est que quand on écoute ton histoire,
00:08:30on se dit « c'est exceptionnel », mais on peut vraiment se retrouver dans ton parcours.
00:08:34Beaucoup ont commencé la course à pied parce qu'ils ne se sentaient pas forcément
00:08:37bien dans leur vie, dans leur corps et ils devaient créer du changement finalement.
00:08:41Ce n'est pas forcément une histoire atypique parce qu'il y en a qui se mettent à faire
00:08:46du sport pour les bonnes résolutions de début d'année ou à la rentrée, pour perdre du
00:08:51poids lorsqu'ils ont arrêté de fumer, pour changer le mode de vie, d'être plus actif.
00:08:56Ce livre, il est fait pour ça, pour qu'on s'en serve.
00:09:01Je ne veux pas donner des leçons, je veux servir un peu d'exemple sur cette histoire,
00:09:07pas de ma personne, mais sur l'histoire et que les gens se sentent concernés parce qu'au
00:09:12final, d'aller courir une fois par semaine ou deux fois, c'est déjà une performance.
00:09:16La plupart des gens me disent « je ne cours qu'une fois par semaine ». Je dis oui, mais
00:09:25quand vous partez courir, il y en a, ils sont encore au lit ou il y en a certains qui sont
00:09:29encore dans leur canapé.
00:09:30C'est super bien et c'est surtout de mettre en avant que déjà, il n'est jamais trop
00:09:35tard et rien n'est impossible.
00:09:37Ça m'a fait réfléchir à cette petite phrase que tu dis dans ton livre « je perds
00:09:41mon cercle d'amis » parce que je me suis remémoré une émission que je regardais,
00:09:44je ne vais pas citer l'émission, mais l'invité était Artus, je ne sais pas si tu en parles,
00:09:48tu t'en es bien, Artus ? Et en fait, dans l'émission, il explique qu'il a changé
00:09:52de vie aussi, qu'il avait arrêté l'alcool, qu'il s'est mis au sport.
00:09:55Oui, il a changé énormément de choses.
00:09:58Et la journaliste lui dit « en fait, vous êtes devenu chiant ». Et j'ai trouvé ça
00:10:02fort parce que je me dis que finalement, on est dans une société, je ne sais pas si
00:10:05tu vas être d'accord avec moi, où le plaisir, en tout cas chez la plupart des gens, s'apparente
00:10:12à de l'autodestruction.
00:10:13La source de plaisir naît dans les drogues, dans l'alcool, dans tout ce qui est malsain.
00:10:20Tu vois, l'alcool, c'est très compliqué parce que c'est très social.
00:10:27Oui, c'est ça.
00:10:28Comme si on ne pouvait pas être fun, finalement, si on ne s'en met pas ça.
00:10:31Oui, c'est ça en fait.
00:10:32Mais au contraire, c'est ce que je me rends compte et ce livre m'a permis, c'est un exutoire
00:10:38aussi pour moi.
00:10:39Ce n'est pas un journal intime, mais je me livre énormément.
00:10:42Tu vois, je joue beaucoup des réseaux sociaux ou des fois j'en joue trop, mais je ne parle
00:10:48jamais de ma vie.
00:10:49Et là-dedans, on est vraiment sur un côté très intimiste où je me livre dedans.
00:10:55Et en fait, je me rends compte que tu es toi-même, en fait.
00:11:00Tu vois, je me rends compte que quand je me mettais des bitures, en fait, tu es quelqu'un
00:11:06que tu n'es pas.
00:11:07Et là, au contraire, tu apprends à être toi-même.
00:11:10Et après, un verre de temps en temps, il suffit d'avoir modéré.
00:11:16Mais faire la fête, après, moi, j'étais comme ça au départ, c'est tu ne bois pas,
00:11:22tu n'es pas cool.
00:11:24En fait, c'est con de dire ça, de voir se justifier en fait de mauvais.
00:11:29Mais à l'inverse, c'est de me dire maintenant, tu vois, j'ai changé beaucoup de choses,
00:11:35notamment vis-à-vis de l'alcool.
00:11:37Non, en fait, je ne suis pas chiant, c'est juste que je veux profiter de boire mon coup,
00:11:42tu vois.
00:11:43Voilà.
00:11:44Quand je me suis plongé dans ton livre, je me suis arrêté, dès la couverture, une
00:11:49vie en équilibre.
00:11:50Ce titre, en fait, il m'a tout de suite...
00:11:54Je me suis tout de suite posé des questions, parce que je me dis, une vie en équilibre,
00:11:58l'équilibre, c'est jamais permanent, tu vois.
00:11:59C'est un mouvement un peu constant, qui peut devenir instable parfois.
00:12:03Est-ce que toi aussi, tu le ressens un peu dans ta vie actuellement, ce côté fragile,
00:12:07ce côté où tes addictions, tes vieux démons ne sont pas si loin, pourraient revenir,
00:12:12sont un peu en embuscade ?
00:12:13Oui, il y en a même en ce moment, tu vois, vis-à-vis de l'alcool, par exemple, où
00:12:18j'ai fait un gros travail dessus.
00:12:20La rédaction du livre m'a aidé là-dessus, tu vois, juste avant de venir.
00:12:25Je l'ai relu et ça m'a remis un déclic en disant, c'est quand même pas mal ce que
00:12:33t'as fait, et garde le cap, tu vois.
00:12:36Et ouais, des fois, ça revient, c'est normal.
00:12:39Et ouais, l'équilibre, tu vois, je ne vais pas dire que j'ai changé de vie, j'ai changé
00:12:44de mode de vie et le sport en général, que ce soit sur la performance en compétition
00:12:52ou forcément des fois, même les grands champions, tu vois, il y a des moments où tu vas avoir
00:12:59des périodes de doutes ou des moments où tu ne vas pas être productif.
00:13:05Mais en fait, dans la vie, c'est pareil et souvent, ça arrive tout en même temps.
00:13:09Donc, c'est pour ça que cet apport sport, vie sociale, tu vois, comme tu le disais,
00:13:16Estelle et Charlie, ma fille, Estelle, ma compagne, des fois, ouais, tu as eu des problèmes
00:13:23de couple ou avec ton enfant ou des fois, il y a une journée, tu vois, ça équilibre
00:13:29tout ça.
00:13:30Le sport, c'est un exutoire, je ne fais pas de la bigorexie, au contraire, je ne veux
00:13:35pas entrer là-dedans.
00:13:36Mais non, c'est vraiment un équilibre et c'est important d'être actif, tu vois, il
00:13:41ne faut pas s'entraîner comme je m'entraîne, sauf si tu es à la recherche, tu vois, de
00:13:45performance.
00:13:46Mais ouais, il faut, c'est un bon équilibre d'être actif là-dessus et sans rentrer
00:13:52dans les extrêmes.
00:13:53Tu parlais de bigorexie, c'est l'addiction au sport, ça a été simple, justement, de
00:13:58ne pas tomber là-dedans.
00:13:59Parce que je me dis, quand on a été addict dans certaines choses, l'addiction peut
00:14:04facilement se déplacer.
00:14:06C'est vrai et c'est ce que je me suis rendu compte plutôt au début, quand j'ai senti,
00:14:13tu sais, quand tu commences à avoir ton endurance qui se met en place, que tu arrives à enchaîner
00:14:18sans avoir des courbatures les matins parce que tu commences à courir.
00:14:21Et puis ça peut devenir, les gens qui ne courent pas vont dire évidemment non, c'est
00:14:25pas possible, mais si, la course à pied peut vraiment devenir très addictif.
00:14:28Oui, parce que moi, j'étais le premier, tu vois, quand j'ai commencé à courir, je ne
00:14:31connaissais même pas la distance d'un marathon.
00:14:33C'est physiologique, c'est des endorphines, c'est une hormone du plaisir.
00:14:35Tu te sens bien derrière, le second souffle, le fameux second souffle où tu le sens, tu
00:14:40te sens bien, tu vois, tu lèves la tête, il faut en dire un aiori, mais tu te sens bien,
00:14:47tu te sens relâché.
00:14:48Moi, j'adore courir le matin, derrière, ça me permet de passer une très bonne journée,
00:14:53tu vois.
00:14:54Mais oui, j'ai passé un moment où je ne pensais pas quasi qu'à ça, mais j'y pensais
00:14:58beaucoup.
00:14:59Et ça ne te permet pas, tu vois, de sortir de là.
00:15:02Donc, il faut faire attention et ce que je redis souvent, c'est qu'il faut savoir bien
00:15:06le partager.
00:15:07Il faut regarder, moi, j'ai vu tellement de reportages sur des gens qui sont tellement
00:15:12too much, on va dire, dedans, mais qui le partagent très mal parce qu'ils veulent que
00:15:17leurs proches les accompagnent, mais en fait, les proches ne veulent pas forcément, tu
00:15:22vois.
00:15:23Je vois certains parents pousser à fond, tu vois, leurs enfants dans leur sport.
00:15:28Moi, ma fille Charlie, elle a 10 ans et elle ne va pas kiffer forcément, tu vois, courir
00:15:36du long, elle va préférer le sprint, mais elle n'a pas forcément envie d'aller en
00:15:40école d'athlète, elle préfère rester, tu vois, à faire de la danse.
00:15:44Très bien, tant qu'elle s'épanouit là-dessus, elle veut faire de la musique, elle fera de
00:15:48la musique.
00:15:49Enfin, tant qu'elle s'épanouit, c'est le principal.
00:15:51Il faut savoir partager et écouter et voir si les gens, on ne les saoule pas, quoi.
00:15:56Oui, puis avoir d'autres occupations et toi, c'est le cas, t'as une vie à 10 000 à l'heure.
00:16:00Si je résume, 40 heures par semaine dans un magasin de course à pied, c'est ton emploi.
00:16:04Oui, voilà, autant optimiser.
00:16:05Voilà, jusqu'à 25 heures d'entraînement, on va dire, en fonction à peu près des semaines
00:16:09et des objectifs.
00:16:10Oui, en fonction des charges, mais oui, ça oscille entre 150 et 200 kilomètres par semaine
00:16:14en courant, quoi.
00:16:15Voilà, c'est pas mal.
00:16:16Et maintenant, on oblige à faire du renfo, donc ça rajoute encore, tu vois.
00:16:20Voilà, en plus, création de contenu parce que tu es très actif sur les réseaux sociaux,
00:16:24et vie de famille, et puis en bonus, t'as aussi lancé ta marque, Tone to Trail.
00:16:27Question, tu dors quand, Yohann, tout simplement ?
00:16:29Eh bien, j'essaye, tu vois, on parlait de changement de mode de vie, j'essaye d'avoir
00:16:34des belles nuits, tu vois.
00:16:35Et ça va, t'y arrives ?
00:16:36Ben écoute, j'y arrive parce que j'ai toujours une journée assez accomplie, donc je suis
00:16:42assez content, tu vois, et j'essaye au contraire de squeezer un peu le téléphone.
00:16:47Enfin voilà, j'essaie au fur et à mesure, c'est la sagesse, je pense, d'avoir de bonnes
00:16:52habitudes.
00:16:53Ouais, je dors bien, par contre, je dors bien, mais après, je pense à beaucoup de choses
00:16:57quand même.
00:16:58Ouais, et est-ce que parfois tu ressens le besoin de ralentir ou justement c'est dans
00:17:01le mouvement que t'as trouvé ton équilibre ?
00:17:03Ben l'équilibre, ce que j'aime, c'est d'être proactif quand même, tu vois, je suis une
00:17:08personne comme ça.
00:17:09Quand je suis posé dans le canap', là, c'est cool parce qu'on parle, tu vois, mais si
00:17:14je suis posé à regarder trop la télé, tu vois, ben…
00:17:19Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
00:17:21Eh ben, tu vois, j'ai besoin de prendre le téléphone, alors pas pour scroller, tu vois,
00:17:26mais tu vois, j'aime bien le vélo, donc en ce moment, on est sur les classiques, tu
00:17:31vois, donc ça va, c'est punch et tout, mais je vais prendre un truc parce que j'ai une
00:17:34idée, tu vois, en me disant, demain, peut-être que je vais faire ça, je me le mets en note,
00:17:38tu vois, ou je vais taper un truc sur l'ordi ou je vais écrire un truc, tu vois.
00:17:42Ouais, t'as toujours besoin d'être actif, même pas que dans le mouvement, mais…
00:17:45Ouais, voilà, j'ai besoin d'être stimulé, quoi.
00:17:48D'accord.
00:17:49Je voudrais parler aussi avec toi de ta casquette qui est très prenante de créateur de contenu
00:17:54parce que tu bosses avec des marques, t'es actif sur les réseaux, pour beaucoup, t'es
00:17:58un influenceur.
00:17:59Toi, tu dis un truc très fort dans ton livre, tu dis « je ne me considère pas comme un
00:18:03influenceur, mais comme une personne qui a de l'influence ». Est-ce que tu peux m'expliquer
00:18:06cette nuance, la différence pour toi ?
00:18:08Ouais, alors le terme influenceur, pour moi, n'est pas du tout péjoratif, mais après,
00:18:15il ne faut pas trop en faire.
00:18:17Je suis arrivé à une période où j'en faisais trop et je me satisfaisais de ce côté influenceur
00:18:24et en délaissant un petit peu le côté sportif.
00:18:27C'est toi qui t'en es rendu compte toi-même ?
00:18:29Ouais, je m'en suis rendu compte.
00:18:30Et en fait, c'était une mauvaise période déjà dans ma vie, mais en fait, je me satisfaisais
00:18:38de ça et j'ai mis quand même un certain temps à m'en rendre compte.
00:18:42Et en fait, ce que je vois, c'est que pour revenir à ta question, c'est qu'il y a pas
00:18:49mal de gens qui me disent « grâce à toi, j'ai arrêté de fumer », « grâce à toi,
00:18:57je me suis mis à courir ». Et tu vois, pour moi, c'est ça l'influence, la bonne influence.
00:19:04Et quand une personne me dit « tu n'as pas un conseil, donc je vais le donner », j'essaye
00:19:09d'être proche, même si c'est à travers un téléphone.
00:19:13Et quand la personne me dit « grâce à toi, j'ai arrêté de fumer 20 clubs par jour
00:19:20où j'ai perdu du poids grâce à toi », tu vois, j'ai gagné l'éco-trail de Paris.
00:19:25L'éco-trail de Paris, c'est tu soulèves une banderole, tu lèves les mains, mais voilà,
00:19:31c'est éphémère, tu vois.
00:19:32Alors que là, t'as vraiment rendu service à quelqu'un et ça, ça n'allait pas, quoi.
00:19:36Et ça, c'est avoir de l'influence.
00:19:38– C'est vrai que j'ai été regarder un peu tes réseaux sociaux, notamment Instagram,
00:19:40où tu es suivi par 47 000 personnes.
00:19:42T'as une communauté hyper bienveillante, ça, ça m'a vraiment marqué.
00:19:46Et je pense que c'est grâce à tout ce que tu fais, justement, au fait que tu sois très
00:19:49inspirant.
00:19:50Je suppose aussi que t'as eu parfois quelques critiques, pas forcément des commentaires,
00:19:53même des gens qui ont pu te le dire à l'oral ou penser certaines choses.
00:19:56Tu sais, ce côté un peu, le mec qui vend des produits ou qui court pour des likes.
00:20:00Est-ce que ça, ça t'affecte ? Est-ce que t'arrives à y faire abstraction ?
00:20:03– Ben, c'est pareil, tu vois, ça t'apprend.
00:20:06C'est un peu, lorsque je me suis mis à courir, j'ai appris, j'ai fait des erreurs, heureusement.
00:20:11Parce que c'est ça aussi, le bonheur.
00:20:14Le bonheur, c'est d'avoir des échecs, savoir se relever, tu vois, et après, y arriver, tu vois.
00:20:21Et après, c'est normal de ne pas plaire à tout le monde, tu vois.
00:20:25Moi, il y a, par exemple, certains sportifs, ben, je n'aime pas forcément, donc je ne suis pas, tu vois.
00:20:32Et puis, je ne vais pas me miner, tu vois, je ne vais pas être aigri.
00:20:37– Bon, c'est l'attitude qu'on devrait tous avoir, si on n'aime pas ou si on ne l'aime pas.
00:20:40– Après, comme tu le dis, la communauté qu'il y a est très engagée.
00:20:44Et ce que j'aime aussi, c'est que cette communauté-là va me dire,
00:20:48ben, Yoann, c'est de la merde, ce que tu as fait.
00:20:51Et c'est vrai qu'avec le recul, je me dis, ben, c'est vrai que ce n'était pas terrible.
00:20:55Et j'aime avoir ça, parce que c'est un vrai échange, et du coup,
00:21:00on ne va pas dire du virtuel, tu passes à du réel, mais tu vois, je trouve que c'est cool.
00:21:07Après, je ne vais pas dire, je vais rigoler à chaque fois qu'on va me bâcher, tu vois.
00:21:12– Non, mais tu es plutôt à l'écoute de ta communauté, par contre.
00:21:14– Ouais, totalement.
00:21:15Puis après, bon, ben, quand tu as un mec qui est aigri, j'ai envie de lui dire,
00:21:18bon, ben, peut-être qu'il ne sait pas quoi faire dans sa vie,
00:21:21et puis, il faut passer à autre chose, tu vois.
00:21:23Mais au début, ça a été différent.
00:21:25C'est vrai que je le prenais vraiment pour moi.
00:21:28Maintenant, je prends du recul, et puis, voilà.
00:21:30– Et tu n'as jamais pensé, du coup, à vivre complètement de ta pratique ?
00:21:33Enfin, est-ce que c'est possible, déjà, avec le niveau qu'il y a actuellement,
00:21:36est-ce que c'est possible de vivre juste de ta pratique et peut-être des réseaux sociaux,
00:21:39et de délaisser ton travail dans le magasin de course à pied ?
00:21:44Est-ce que tu en as envie, aussi ?
00:21:45– Après, je trouve que la course à pied, c'est assez éphémère.
00:21:50Tu peux te blesser, déjà, d'une, après, tu peux en avoir marre.
00:21:54Après, là, oui, je suis vraiment content dans ce que je fais,
00:21:57et puis, tu vois, on en a parlé, j'ai une famille,
00:22:01et j'ai envie de pérenniser ce que je suis en train de faire,
00:22:05et peut-être que, derrière, lancer d'autres projets,
00:22:10quand peut-être la compétition passera un petit peu de côté,
00:22:14mais non, je préfère avoir quelque chose de fixe.
00:22:18Déjà, ça m'enlève une pression, tu vois,
00:22:20où tu n'as pas de compte à rendre à des marques.
00:22:25La plupart des marques, donc les sponsors que j'ai,
00:22:27sont, on va dire, au départ, des marques secondaires pour des athlètes,
00:22:32mais pour moi, en fait, c'est mes marques principales,
00:22:34parce qu'elles m'accompagnent depuis des années,
00:22:37j'en suis ultra fier, et maintenant, avec la plupart, c'est amical,
00:22:42tu vois, ce n'est plus du business,
00:22:44et j'ai décidé, surtout, de sortir de marques principales,
00:22:49donc je cours avec ce que je veux, au pied, et en textile,
00:22:54donc déjà, là-dessus, je cours, je suis libre,
00:22:58et j'ai plus de crédibilité aussi à mon travail,
00:23:01parce que je vends des chaussures, je vends du textile,
00:23:04et au moins, les mecs vont se dire,
00:23:06bon, ben en fait, ouais, ils vendent vraiment ce qu'ils aiment,
00:23:09et ils ne posent pas les marques avec qui ils bossent.
00:23:13Et ouais, j'aime bien, et puis au moins, d'avoir un travail fixe,
00:23:17où j'ai de vrais objectifs, tu vois, je peux me dire,
00:23:21je peux laisser la course à pied de côté et passer à autre chose,
00:23:25ce qui n'est pas du tout le cas dans mon esprit,
00:23:27mais ouais, et puis au travail où je suis,
00:23:32on a vraiment de beaux objectifs sur du long terme, et c'est bien.
00:23:38– Est-ce que tu arrives à sortir un peu de la course à pied,
00:23:42à t'intéresser à d'autres choses, parce qu'on le voit,
00:23:43tu pratiques, tu bosses dans un magasin de course à pied,
00:23:46tu crées du contenu autour de ta pratique,
00:23:48est-ce que t'arrives aussi à avoir un peu des choses extérieures
00:23:51qui te plaisent, qui t'animent ?
00:23:52– Bon, on en parlait, ce qui m'anime, c'est l'OM.
00:23:55– Ça ne va pas faire plaisir à Julien Perronais, ça.
00:23:57– Ouais, bon, après, je suis désolé, mais ça m'anime énormément,
00:24:02parce que tu vois, l'OM, tu vois, on parlait des…
00:24:05– C'est difficile en ce moment.
00:24:06– De bien gérer ses émotions, tu vois, l'arrêt de la clope,
00:24:11être supporter de l'OM, c'est pareil, tu vois,
00:24:13on vit des bons moments, et dès que tout va bien…
00:24:15– On vit en équilibre aussi, hein, c'est…
00:24:17– Ouais, ouais, bah, écoute, bon, on verra à la fin de la saison,
00:24:20mais non, tu vois, j'aime beaucoup le foot,
00:24:24j'aime suivre le vélo, comme on en parlait,
00:24:28non, non, je m'intéresse, je m'intéresse à beaucoup de choses,
00:24:31j'aime l'histoire, tu vois.
00:24:32– Tu écoutes des podcasts, d'ailleurs, quand tu cours,
00:24:33tu le dis dans ton livre ?
00:24:34– Ouais, j'écoute la musique, je trouve que…
00:24:37donc, déjà, sur une séance de fractionné,
00:24:39je vais pas utiliser de… genre, j'utilise rien.
00:24:42– D'accord, pour être à l'écoute de tes sensations.
00:24:44– Ouais, pour vraiment être sur les sensations,
00:24:46parce qu'en course, je vais pas mettre de musique ou de podcast,
00:24:50et non, j'adore les podcasts assez longs,
00:24:54sur des personnes différentes, sur l'histoire, tu vois.
00:24:58Là, j'étais content de faire les France 2 Cross,
00:25:00pas loin de La Rochelle, et ça m'a permis d'aller à La Rochelle
00:25:04et de voir un petit peu ce que j'avais vu, tu vois,
00:25:08de ce que je connais dans l'histoire, quoi.
00:25:10– Bon, on va revenir un peu sur ton parcours et tes accomplissements.
00:25:13Mars 2014, trail des Carbonistes,
00:25:1538 kilomètres, 2000 mètres de dénivelé positif.
00:25:18Sur la ligne de départ, bon, il y a des légendes du trail,
00:25:20Ludovic Pomeray, Fabien Antolinos, pour ne citer qu'eux.
00:25:23Tu gagnes cette course.
00:25:24Est-ce qu'à ce moment-là, Johan,
00:25:25t'as senti que t'avais gagné une certaine forme de légitimité, aussi ?
00:25:30– Bah, c'était vraiment les prémisses, tu vois, où je me suis dit,
00:25:33bon, bah, vas-y, mec, lance-toi dedans et on va voir ce que ça donne.
00:25:37– Tu n'étais pas attendu, personne ne te connaissait.
00:25:39– En fait, j'ai eu de la chance, aussi, parce que Ludovic Pomeray,
00:25:43il sortait de la Piramenta, je pense que c'était peut-être
00:25:45la première fois de l'année où il mettait ses baskets, tu vois.
00:25:49Donc, j'ai eu de la chance là-dessus.
00:25:51Après, on était sur un profil, aussi, qui était plus à mon avantage qu'au sien.
00:25:56C'était très roulant, c'était dans les Monts d'Or.
00:25:59Et puis, ce sont des terrains que j'arpente tout le temps.
00:26:02Donc, il y a eu de la chance, mais après, la chance, il faut se la créer.
00:26:05– Bien sûr.
00:26:06– Et ouais, ça a mis une pièce, tu vois.
00:26:10Et ouais, ça a lancé pas mal de choses, tu vois.
00:26:13J'ai été approché par New Balance, à cette époque-là.
00:26:16Et après, je suis parti direct là-dedans en me disant,
00:26:21bon, bah, allez, on va voir, voilà.
00:26:25– Tu as eu un petit moment de vertige, un moment où tu t'es dit,
00:26:27tu sais, le syndrome de l'imposteur,
00:26:29t'en parles aussi dans ce bouquin Une vie en équilibre,
00:26:32en te disant peut-être, j'ai pas ma place ici,
00:26:36je suis personne et j'arrive, et déjà, on parle de moi,
00:26:39je bats certaines légendes du trail.
00:26:41Est-ce que tu as eu ce petit moment-là ?
00:26:43– Oui, ça, ça l'a été beaucoup à la fin de cette année-là.
00:26:48En fait, je suis approché par Adidas.
00:26:51Et c'est vrai qu'il y a beaucoup plus de personnes fortes que moi,
00:26:56mais qui n'ont pas ce sponsor-là.
00:26:59Et je pense que cette bascule,
00:27:02beaucoup de gens ont commencé à suivre ce que j'allais faire,
00:27:05et les résultats n'étaient pas forcément au rendez-vous par rapport à d'autres.
00:27:10Mais ce qui est marrant, c'est que ces gens-là ne savaient pas le contrat que j'avais,
00:27:14parce que tu peux signer avec une marque,
00:27:16moi, j'avais que de la dotation.
00:27:19Et derrière, c'était plus sur de la prime de résultats.
00:27:24Et derrière, ouais, je suis rentré un petit peu comme imposteur,
00:27:29tu vois, le mec, il surjoue sur les réseaux sociaux, ancien fumeur,
00:27:34il ne vient pas du vélo ou de l'école d'athlées.
00:27:38Mais au final, c'est ce qui fait aussi un petit peu mon image maintenant, et tant mieux.
00:27:44– Mais tu sais, je rebondis un peu sur ce que tu dis,
00:27:46on parle souvent, quand on parle de course à pied, de trail,
00:27:49que c'est une petite famille.
00:27:51Et ce n'est pas facile d'y rentrer, dans cette famille-là.
00:27:54Je ne sais pas si toi, tu l'as ressenti.
00:27:55– C'est compliqué, je pense que je ne suis toujours pas rentré dedans, tu vois.
00:28:00Et ce n'est pas grave, tu vois.
00:28:02Parce que du coup, moi, je fais mon petit bonhomme de chemin,
00:28:06où des fois, je ne vais pas citer des noms,
00:28:08mais quand il y a un mec, je sais qu'il ne m'aime pas trop,
00:28:11mais qu'il me dit, tu as fait une belle course,
00:28:14ah ben, ça, ça me fait plaisir, tu vois.
00:28:17Mais je sais qu'il pestera toujours.
00:28:18Mais après, il a eu la franchise de le dire, et c'est vraiment cool.
00:28:23Je suis une vraie branche rapportée, tu vois, vraiment.
00:28:26– Et tu avais des prédispositions, Yoann, ou pas, pour la course à pied, tu penses ?
00:28:31Je me dis, premier 10 km en 2010,
00:28:332014, tu gagnes devant des légendes,
00:28:35même s'il y avait des circonstances un peu atténuantes pour tes adversaires,
00:28:39mais 38 km avec beaucoup de dénivelé positif,
00:28:42tu commences déjà à te faire repérer en peu de temps.
00:28:44Est-ce que tu penses que finalement,
00:28:45tu avais déjà une bonne base pour pouvoir performer par la suite ?
00:28:49– Oui, c'est certain que j'avais des prédispositions,
00:28:52pourtant, quand je parle de mes parents,
00:28:56aucun n'était sportif.
00:28:59Ma mère, par exemple, si je partais faire un 5 km autour de la maison
00:29:03ou un 100 km autour des Alpes,
00:29:06pour elle, c'était dément de faire ça, tu vois.
00:29:08Donc, tu imagines le contexte.
00:29:10Et oui, je me suis rendu compte rapidement
00:29:12que j'arrivais à encaisser quand même facilement,
00:29:14et que j'arrivais à avoir une endurance assez facile,
00:29:20et je suis arrivé à enchaîner assez facilement.
00:29:23Après, j'étais bien entouré aussi,
00:29:25et grâce à ça, ça m'a permis d'acquérir une performance
00:29:33un peu plus rapide que d'autres.
00:29:35Mais après, j'aime bien le rappeler,
00:29:36c'est que sans détermination, sans travail autour,
00:29:40on est dans un sport individuel,
00:29:41donc si tu ne bosses pas, ça ne passe pas.
00:29:45– Et on te voit d'ailleurs à l'entraînement,
00:29:47tu disais 25 heures à peu près, environ, par semaine.
00:29:51– Oui, en fait, ça inclut la course à pied,
00:29:55ça inclut le renforcement, le vélo aussi,
00:29:59parce que j'aime beaucoup le vélo.
00:30:01Je trouve que c'est un sport super fun, le vélo.
00:30:05Je dis, la course à pied, c'est un sport cool,
00:30:11mais le vélo, c'est fun.
00:30:13Et oui, après, du coup, tu as le renfeu.
00:30:15– La boxe un peu ?
00:30:16– Oui, la boxe, j'adore.
00:30:18Je trouve ce sport tellement noble,
00:30:21et en gros, on pense que la boxe,
00:30:25c'est un sport de bourrin, mais pas du tout.
00:30:27Au contraire, c'est noble, il faut réfléchir.
00:30:31– C'est vraiment complémentaire à la course à pied ?
00:30:33– Oui, en fait, ça me fait un renfeu supplémentaire,
00:30:37et surtout, ça me fait sortir de quelque chose
00:30:41que je maîtrise, et j'adore ça,
00:30:44de savoir se remettre dans quelque chose.
00:30:47Tu vois, j'ai le cardio, il monte, mais tu n'imagines pas,
00:30:50alors que pourtant, je ne suis pas en train de courir.
00:30:52Et oui, je bosse avec un mec, on fait un peu de sparring,
00:30:57il me fait vraiment sortir de là, donc on fait du renfeu,
00:31:00après, on croise un peu les gants, tu vois.
00:31:03Et oui, j'adore ça.
00:31:06Et tu vois, je fais ça pour optimiser encore mon temps,
00:31:11je fais ça à ma pause-déjeuner, tu vois.
00:31:14– Ah ouais, donc tu triples parfois, alors ?
00:31:16– Ouais, alors on essaye de caler, tu vois, cette boxe,
00:31:21quand je n'ai pas un gros training, tu vois, le matin.
00:31:24Et ouais, j'arrive au boulot, après, je prends vite une douche, tu vois.
00:31:29– Tu as le temps de manger et tout, quand même ?
00:31:31– Ouais, je fais un truc rapide, tu vois, j'ouvre une boîte, et puis voilà.
00:31:36Mais ouais, j'arrive là, je suis détendu à fond, quoi.
00:31:41– On va continuer à parler, évidemment, des courses qui t'ont marqué.
00:31:44Il y en a une, où tu réserves d'ailleurs tout un chapitre,
00:31:47CCC, l'éternel rendez-vous manqué.
00:31:49Donc, CCC, un Courmailleur Champex-Chamonix,
00:31:51101 km, 6050 m de dénivelé positif.
00:31:54Donc, en vrai, c'est la petite sœur de l'UTMB, on peut le dire comme ça, Johan.
00:31:59Tu participes donc à deux reprises, 2014,
00:32:01t'es dans le top 10 et tu te perds.
00:32:032015, abandon après une mauvaise gestion de course,
00:32:07deux coups durs, et t'as laissé des traces,
00:32:10psychologiques, ces deux courses, elles t'ont laissé des traces même.
00:32:13– Ouais, la première, on va dire, elle n'a pas été aboutie complètement.
00:32:16C'était ma première longue course,
00:32:18et une course où il y avait du monde, de la densité.
00:32:23Et comme j'y suis allé en toute humilité, ça s'est bien passé.
00:32:26Bon, il y a eu ce fait de course où, en gros, sur la dernière montée,
00:32:31ça se passe bien, je remonte, tu vois, je rentre dans le top 10.
00:32:34Devant, on me dit que c'est fatigué, donc je peux y aller.
00:32:37Je me sentais super bien, tu vois, j'avais un vrai flot, tout était aligné.
00:32:42Mais le temps a commencé à changer, et il change très vite en montagne.
00:32:46Et là, je me perds, je me retrouve, mais nulle part.
00:32:49Et à cette époque-là, tu sais, t'as pas de GPS sur la montre.
00:32:53Et je prends mon téléphone, je dis, ouais, je suis perdu, tu vois.
00:32:58Est-ce que vous me voyez ? Est-ce que j'avais une balise ?
00:33:00Mais on me dit, ouais, t'es entre deux chemins, il faut que tu redescendes.
00:33:03J'étais au milieu des rhododendrons, tu vois.
00:33:05– T'arrives à rester calme en ce moment-là, ou c'est la panique totale ?
00:33:07– Eh bien, au contraire, tu vois, je me dis, prends un gel.
00:33:10Donc j'ai pris un gel, je me suis dit, voilà, comme ça, tu t'emballes pas.
00:33:13Et tu vas essayer de trouver ton chemin.
00:33:15Là, boum, il pleut, mon téléphone prend l'eau, il s'éteint.
00:33:20Bah là, du coup, t'es jamais mieux servi que par toi-même.
00:33:22Et j'arrive à retrouver le truc.
00:33:24Bon, j'étais dégoûté, forcément, mais voilà, je suis arrivé à finir ma course.
00:33:29Je l'ai fini.
00:33:30Et il n'y avait pas forcément de la frustration,
00:33:33parce qu'il y avait quand même l'accomplissement de faire 100 bornes en montagne.
00:33:38J'avais jamais fait ça, quoi.
00:33:39Et si tu regardes en arrière, quelques années avant, ça n'aurait pas été le cas.
00:33:45J'aurais dit, mais ces mecs-là, ils sont complètement fous de faire ça.
00:33:48Mais, ouais, le plus difficile, ça a été la fois d'après.
00:33:53– Oui. Et tu soulèves une vraie question dans ton livre.
00:33:55Parce que tu dis qu'après la CCC,
00:33:57t'as essayé de te faire aider aussi, mentalement, psychologiquement.
00:34:00T'as tout essayé.
00:34:01Préparateur mentaux, psychologue, hypnothérapeute.
00:34:04Rien n'a fonctionné avec toi.
00:34:06Il y a une personne qui a réussi, c'est Éric Lacroix.
00:34:09– Ah ouais, Éric, c'est mon mentor sur plein de choses.
00:34:13Ça a été mon premier entraîneur qui m'a vraiment cadré.
00:34:17Donc, lorsque j'ai signé chez Adidas,
00:34:21tu sais, moi, j'arrive, comme on l'a dit, je ne connais rien.
00:34:25Donc, je demande à Olivier Guy, à l'époque, le team manager d'Adidas,
00:34:29de m'aiguiller sur un entraîneur.
00:34:32Et il me conseille Éric Lacroix, qui va m'apprendre à m'entraîner,
00:34:37à m'apprendre à avoir des sensations.
00:34:40Et je le dis dans le livre, parfois, je lui disais,
00:34:44c'est dur tes entraînements, tu vois.
00:34:46Et oui, il faut que ce soit dur, tu vois.
00:34:48Et au-delà d'un entraîneur, c'est devenu maintenant un ami,
00:34:53quelqu'un de très inspirant.
00:34:56Je parle de lui beaucoup dedans.
00:34:59Et il m'a beaucoup apporté dans cette vie de coureur,
00:35:03mais dans ma vie de tous les jours aussi.
00:35:07Et oui, j'ai essayé, notamment vis-à-vis de l'alcool,
00:35:13de voir des hypnothérapeutes, de parler de mes doutes, de mes peurs,
00:35:17un petit peu de mon enfance, tu vois.
00:35:20Et en fait, il n'y avait pas un vrai échange.
00:35:23Et j'avais besoin de comprendre, tu vois.
00:35:27Et oui, à part donner 60 balles à la fin d'une séance
00:35:32et de dire, bon, ben, j'ai perdu 60 balles,
00:35:36mais bon, peut-être que ça va m'aider.
00:35:37Mais au final, je n'avais pas de réponse.
00:35:40Et en fait, puis il n'y a rien qui fonctionnait, tu vois.
00:35:45Et Eric, qui est au départ un scientifique,
00:35:50mais qui est quelqu'un qui est très proche des gens,
00:35:54m'a dit, ben, écoute, moi, maintenant, je me lance là-dedans.
00:35:57Alors, je me suis dit, sur le côté scientifique, ça va être complexe.
00:36:02Et en fait, j'ai attendu un petit peu, puis je l'ai relancé.
00:36:04On s'est croisés lors de l'UTMB.
00:36:08Et je lui ai dit, Eric, tu penses qu'on pourrait le faire ?
00:36:11Je pense qu'il attendait vraiment que je le traque pour lui dire,
00:36:14c'est bon, je suis prêt, tu vois.
00:36:16Et on a commencé à échanger.
00:36:17Je me suis dit, ce n'est pas parce qu'il me connaissait,
00:36:20mais c'est parce qu'il m'a expliqué.
00:36:22Et pourtant, on n'en a pas fini, tu vois, nos rendez-vous là-dessus.
00:36:26Et on continue encore maintenant ?
00:36:27Oui, on continue.
00:36:29En fait, lui, il va te dire, c'est quand t'en as besoin, tu vois.
00:36:32Et on va passer plutôt tel cap, tel cap.
00:36:35Et oui, je me suis rendu compte qu'il habite à La Réunion.
00:36:42Donc, on fait ça en visio.
00:36:44Et c'est là que c'est dingue.
00:36:44Parce que quand tu vois la personne en vrai, ça ne marche pas,
00:36:48mais que la personne est à La Réunion, toi, t'es à Lyon,
00:36:51et que ça marche derrière, t'éteins ta visio.
00:36:55Tu dis, ça va m'aider.
00:36:57J'ai écrit plein de trucs, tu vois, je vais le relire.
00:37:00Parce qu'il faut écrire, écrire, ça aide, tu vois.
00:37:04La preuve.
00:37:05Ça, ça m'a aidé, mais même, tu vois, les échanges
00:37:08où des fois, tu penses à un truc, c'est bien de l'écrire.
00:37:10Et des fois, tu le relis, tu dis, ah ouais, c'est vrai.
00:37:13Tu vois, pas un journal intime, mais c'est bien d'écrire.
00:37:16Et derrière, tu vois, des fois, je vais relire un petit peu
00:37:20les séances qu'on a mises ensemble, parce que je mets des annotations,
00:37:24tu vois, il me conseille sur des livres qu'il faut que je lise, d'ailleurs.
00:37:29Mais ouais, c'est quelque chose de concret qui t'aide.
00:37:35Et ouais, ce mec-là, c'est quelqu'un vraiment d'exceptionnel.
00:37:38Et ouais, ça m'a vraiment aidé.
00:37:41Du coup, là-dessus, à basculer, tu vois.
00:37:45Tu parles d'écriture.
00:37:47Ce livre, ça a été une thérapie pour toi, Johan, aussi ?
00:37:50Ouais, ça a été un exutoire et une thérapie, totalement.
00:37:52Et ça a été très dur de le poser parce que je ne savais pas comment le faire.
00:38:01Comment mettre en place quelque chose qui ne soit pas auto-centré ?
00:38:05Parce que je ne voulais pas du tout ça.
00:38:08Parce qu'une biographie, je n'ai pas fait non plus quelque chose de dingue, tu vois.
00:38:12Je ne veux pas un nom à ma rue, tu vois, une rue à mon nom.
00:38:15Mais non, non, je voulais quelque chose.
00:38:19Donc, je me suis dit, pourquoi pas faire des chapitres
00:38:24sur des expériences en course ou de vie et relater un petit peu tout ça.
00:38:29Et finalement, je me suis pris au jeu.
00:38:33Et c'est là où j'ai déversé, en fait, énormément de choses en moi.
00:38:37Et ouais, ça a été vraiment pas un journal intime.
00:38:41Mais je suis allé vraiment, c'est très profond et authentique, quoi.
00:38:46Non, vraiment, ce livre, je l'ai lu en une journée, je te le disais en off.
00:38:50Et franchement, j'ai pris une bonne claque. J'ai vraiment adoré.
00:38:52Ça m'a fait vraiment plaisir que tu me dises ça.
00:38:56Parce que forcément, c'est aujourd'hui.
00:38:57Donc, je n'ai pas eu de retour et j'espère qu'ils seront comme les tiens.
00:39:04Et on va ouvrir un nouveau chapitre de ce livre, le marathon des sables.
00:39:07Une des courses les plus dures au monde qui a participé en 2024.
00:39:11Je le disais, une course d'une exigence hors norme.
00:39:13Et toi, pourtant, tu dis jamais.
00:39:15Je ne me suis dit comme sur d'autres courses. Mais qu'est ce que je fous là?
00:39:18C'est quoi? C'est comment tu expliques ça?
00:39:19C'est tout est aligné. Tu te sentais à ta place à ce moment là?
00:39:24Au départ, ça a été compliqué parce que j'avais une douleur à un pied
00:39:28qui ne me lâchait pas depuis des mois.
00:39:32Et je me suis dit, bon, ça va être compliqué de courir dans le sable.
00:39:35Et en fait, au fil des étapes, donc on le rappelle, c'est 250 kilomètres dans le désert.
00:39:43Avec 6 étapes, dont une très longue de 85 kilomètres à 40 degrés, voire plus.
00:39:54Où il fait 40 degrés sous les tentes.
00:39:56Et c'est surtout quand on est en autonomie totale.
00:39:59On est juste rationné en eau sur quelques points de contrôle.
00:40:03Mais il n'y en a pas énormément non plus.
00:40:05On est rationné en eau, mais on doit porter notre bouffe pour nos repas le matin.
00:40:11Midi, si l'étape est assez courte. Et le soir, porter notre duvet.
00:40:16Et puis porter tout ce qui est confort, tu vois, en dehors de la course.
00:40:21Et après, tout ce qui est nutrition pendant la course.
00:40:26Donc ça fait un sac. Moi, le mien faisait 7,5 kilos au départ, tu vois.
00:40:30Donc c'est lourd.
00:40:33Et en fait, j'ai adoré cette expérience parce que j'avais fait quelques courses en étapes, mais plus faciles.
00:40:40Et là, non, au contraire, tu vois, je savourais le bonheur de l'instant présent.
00:40:45Même si c'était dur, tu vois, j'ai déconnecté total.
00:40:50J'ai fait un reset et ça m'a tellement aidé là-dessus.
00:40:53Et c'est une super expérience de vie, tu vois.
00:40:57Et tu révèles carrément dans ton livre que le marathon des sables t'a permis de faire la paix avec un deuil douloureux.
00:41:02Tu parles de ta mère emportée par une longue maladie.
00:41:04Tu écris cette phrase très, très forte.
00:41:06Je ne peux pas l'expliquer, mais je pense que celles et ceux qui ont vécu l'expérience du désert me comprendront.
00:41:11Est-ce que tu peux tenter, là, dans ce canapé aujourd'hui, de me l'expliquer, Johan ?
00:41:14Qu'est-ce que tu as ressenti là-bas qui t'a permis de faire ce deuil ?
00:41:16En fait, pendant cette course, je me suis retrouvé souvent très seul.
00:41:22Et comme tu le disais, tout était aligné.
00:41:27Je me suis dit, en fait, il y a une personne qui veille sur moi.
00:41:30Et j'ai eu du mal, tu vois, avec le deuil de ma maman,
00:41:34parce que je n'ai pas pu l'accompagner comme je voulais suite à une longue maladie.
00:41:40Et là, tu vois, j'ai senti une présence alors que j'étais tout seul, tu vois, qui m'a aidé.
00:41:46Parce que, comme je te le disais, le début de course, je partais pas défaitiste, mais j'avais mal à une jambe.
00:41:54Au final, ça se passait bien.
00:41:56Sur la longue étape, j'ai senti une présence qui m'a aidé et, en fait, je me dis, ben, elle était là.
00:42:01Et peut-être que, pour me dire, mais j'ai préféré peut-être partir tout seul pour pas que tu sois là,
00:42:08parce qu'elle a toujours voulu me protéger toute sa vie.
00:42:12Elle m'a mis en... Elle a essayé de m'inculquer des valeurs dans la vie, le travail, tu vois, et la persévérance,
00:42:23parce qu'elle m'a éduqué tout seul, parce que j'ai très peu connu mon père aussi.
00:42:28Il est décédé quand j'étais jeune.
00:42:31Enfin, et derrière ça, ouais, j'ai fait un deuil, même si le deuil, tu le fais pas complètement, tu vois,
00:42:39mais ça m'a allégé un petit peu, tu vois.
00:42:43Et derrière, j'ai fini, j'ai fait premier européen derrière, je suis cinquième au général,
00:42:51et je partais pas dans cette optique-là, je partais de découvrir le désert.
00:42:55Et, en fait, tu te rends compte que plein de personnes dans cette course-là, en fait,
00:43:03sortent et retrouvent certaines choses qu'ils avaient oubliées, et chacun dans son domaine, tu vois,
00:43:10ou c'est peut-être le mec qui a fait un burn-out, tu vois, et ouais, le désert, ça te calme, quoi.
00:43:16Ça te calme, alors, physiquement, mais aussi, ouais, ça t'apaise, quoi.
00:43:22Et ça m'a apaisé beaucoup, et ouais, je me suis dit, il y a une force qui m'aide, quoi.
00:43:27C'est génial, parce que ce livre, finalement, il t'a permis de mettre des mots là où il y avait des silences, aussi.
00:43:32Ça, c'est une réalité. Tu l'as dit, écrire, c'est une thérapie. Courir, c'est une thérapie également, Yohann, pour toi.
00:43:39Ouais, totalement, ça a été l'équilibre. Ça a été l'équilibre d'être actif et de changer beaucoup de choses.
00:43:45Parce qu'en gros, oui, je suis pas... J'ai arrêté de fumer, je commençais à courir, j'ai découvert les légumes.
00:43:51Pour moi, le seul légume qui existait, c'était la pomme de terre, tu vois. Je mangeais que des pizzas froides.
00:43:57Avec ma maman, d'ailleurs.
00:44:00Et ouais, du coup, bon, là, ça va, je commençais à courir, donc tu vois, j'étais moins fit que...
00:44:07T'avais pas encore la barbe.
00:44:08Ouais, voilà, mais on a coupé le ventre un petit peu, souvent.
00:44:10Mais ouais, c'est avec ma maman, et c'était un super souvenir dans le Sud.
00:44:17Et ouais, ça m'a permis de changer beaucoup de choses, d'apprendre sur moi, d'être plus persévérant, donc changer de mode de vie,
00:44:25manger des légumes... Enfin, on peut en rigoler, mais c'est important.
00:44:31Bien dormir, les excès, l'alcool... Et ouais, c'est vraiment cet équilibre-là qui m'a aidé, qui...
00:44:39En fait, tout a commencé, ça a fait comme un aimant, quoi. Donc toutes les choses positives se sont mises dessus,
00:44:46et maintenant, je m'en sers, et c'est important. Et j'essaye du coup maintenant de le transmettre à ma fille, tu vois,
00:44:54et aux gens qu'il y a autour de moi, en disant ouais, c'est bien d'être actif. Je dis pas de courir tous les jours ou quoi, mais...
00:45:02Mais de passer un petit cap et que... Vous voyez, regardez, j'ai commencé à 28 ans.
00:45:08À plus de 40, je fais mon meilleur temps sur semi-marathon, sur marathon, je fais un bon...
00:45:16À 40 ans, je gagne les Côtes-Rives de Paris, je fais cinquième au marathon des Sables,
00:45:21et il est jamais trop tard, et vous ne fixez pas de limites. On en parlait avant,
00:45:26quand t'as des connaissances qui vont dire ah non, mais ça sert à rien ce que tu fais, t'y arriveras pas.
00:45:30Mais l'enfer, c'est les autres. Donc non non, il faut se faire confiance, et vous verrez que petit à petit, ça fonctionnera, quoi.
00:45:38– Alors on a retrouvé une vieille photo de toi, justement, on me dit, dans l'oreillette.
00:45:41On va pouvoir la visionner ensemble, la découvrir, voilà.
00:45:44– En fait, c'est dommage, elle est... Je crois que je l'avais pas, je me souviens de cette photo, mais...
00:45:49Normalement, en bas, j'ai encore un verre de whisky-coca dans la main, tu vois.
00:45:53– Et quand tu revois cette photo, c'était en quelle année, ça, à peu près, Yoann, du coup ?
00:45:57– Ouais, ça doit être 2008, tu vois, 2007-2008, quoi.
00:46:00– Tu as quand même pas mal de temps. Qu'est-ce que ça... Voilà.
00:46:05Qu'est-ce que ça crée en toi, là, quand tu revois ces photos-là ?
00:46:08Est-ce que ça te fait rire ? Est-ce que ça te fait mal ? Est-ce que...
00:46:11– Ouais, j'ai un peu de peine, tu vois, parce que je savais que j'allais dans des excès,
00:46:15qui étaient totalement inutiles, et...
00:46:20Ouais, j'ai un peu de peine, mais je m'en sers, tu vois.
00:46:22Ça me fait plaisir, quand même, de les voir.
00:46:24Ça me fait plaisir de me dire, voilà, aujourd'hui, je suis vraiment en meilleure forme,
00:46:30avec quasi 20 ans de plus, tu vois, et...
00:46:35Ouais, c'est une phrase que j'aime bien dire, tu vois...
00:46:41Avant, tu vois, je pensais me sentir vivant, mais à l'intérieur, j'étais mort, tu vois.
00:46:46Et là, voilà, c'est un renouveau, c'est...
00:46:51Et non, non, au contraire, je m'en sers, tu vois,
00:46:53je les ai toujours dans mon téléphone, des photos comme ça, et puis...
00:46:57Des fois, on va me dire, ben non, c'est pas possible, t'étais pas comme ça.
00:47:00Ben si, regarde, tu vois, j'étais comme ça.
00:47:02Tu peux le faire aussi, franchement, tu peux, enfin, c'est...
00:47:06Là, tu vois, c'était...
00:47:08La photo avec la clope dans la bouche, c'était une fin d'après-midi,
00:47:14où, je sais pas, on avait peut-être bu une bouteille de whisky chacun, tu vois.
00:47:18Oui, en tout cas, Johan, dans ce livre,
00:47:22tu parles évidemment de toutes ces courses d'ultra, de désert, de montagne,
00:47:26et puis t'en cites une qui revient souvent dans tes coups de cœur, l'éco-trail.
00:47:30Alors, t'écris même que c'est l'une de tes courses préférées.
00:47:32Pourquoi celle-là, en particulier ? Qu'est-ce qu'elle a de différente des autres ?
00:47:35Elle est très atypique, déjà, parce qu'éco-trail de Paris...
00:47:38C'est Paris, oui.
00:47:39Ça peut faire sourire beaucoup de personnes.
00:47:42Je trouve que la course, comme elle a été créée, je trouve que c'est sympa,
00:47:47parce que c'est un mec, en gros, au départ, qui voulait se préparer pour une course d'ultra,
00:47:51et il savait pas où aller.
00:47:56Du coup, il a découvert des endroits verts dans Paris,
00:47:59il s'est dit, ben, vas-y, je vais faire une course.
00:48:01Et je trouvais ce côté-là sympa,
00:48:02parce que c'est un petit peu ma découverte de Lyon,
00:48:07quand je suis monté sur Lyon, où j'ai découvert les endroits verts.
00:48:11Et donc, ça correspondait un petit peu à mon histoire.
00:48:14Et j'ai bien aimé, lors de ma première participation, où je fais deuxième,
00:48:22devant des personnes que je connaissais à travers les courses,
00:48:27en me disant, bon, c'est plutôt pas mal.
00:48:31J'y suis retourné une deuxième année, je refais deuxième.
00:48:34Donc tu te dis, bon, ben, va falloir y aller.
00:48:37Après, je fais des classements moins bien, j'abandonne, même une année.
00:48:42Et en fait, ça a été toujours cette continuité de persévérance à me dire,
00:48:47faut que tu ailles jusqu'au bout, quoi.
00:48:49Tu fais deux fois deuxième, troisième, quatrième, cinquième, t'abandonnes.
00:48:53Ben, va falloir y aller.
00:48:54Et là, on vient de le voir, c'est l'accomplissement, tu vois.
00:49:01Et je dis pas que je retournerai pas, tu vois, mais...
00:49:06Qu'est-ce que t'as ressenti, là ?
00:49:07On peut peut-être revoir l'image, les gars en régie,
00:49:09quand Johan remporte cet éco-trail de Paris après de nombreuses participations.
00:49:12On est en 2022, si ma mémoire est bonne.
00:49:14Ouais, c'est ça.
00:49:15Johan, exactement.
00:49:16Qu'est-ce que tu ressens, là, à cette dernière ligne droite,
00:49:18un cadre magnifique où tu soulèves, ben oui, où tu remportes cette course mythique ?
00:49:24En fait, c'est dur, parce que déjà, ce qui est super dur,
00:49:26c'est que tu finis au premier étage de la Tour Eiffel.
00:49:28Exactement.
00:49:29Et je me dis, quand je vois ce tapis rouge, je me dis, enfin, quoi.
00:49:34Et c'est le poste que j'ai fait, c'est enfin.
00:49:37Pas plus, je gagnais ou quoi que ce soit, non, c'est enfin, quoi.
00:49:41Et je me dis, ben voilà, ça y est, tu l'as fait, quoi.
00:49:44Et voilà, c'est une victoire de plus.
00:49:47Une victoire de plus, pas en course, mais envers toi-même.
00:49:50Personnel, ouais, ouais.
00:49:51On parle de trail, là, depuis le début de cette émission.
00:49:53La route, toi, ça t'avait jamais trop botté.
00:49:55T'avais fait, je crois, un marathon,
00:49:57tu l'expliques dans ton livre, en 2h31, sans vraiment kiffer le moment.
00:50:01Et puis 2024 arrive, et bam, deux marathons.
00:50:04Le marathon pour tous, les Jeux, donc tu le fais en mode détente,
00:50:09tu kiffes ton moment, c'est les Jeux, c'est une ambiance particulière.
00:50:12Et puis celui de Florence, là, avec une vraie préparation,
00:50:15même s'il y a eu quelques petits pas de côté, tu expliques aussi.
00:50:19Révélation, tu claques, 2h20,
00:50:21ce qui est incroyable pour un marathon,
00:50:23sur un parcours pas si simple, en plus,
00:50:25et tu dis, je découvre l'inimaginable, j'adore la route.
00:50:29Il a suffi d'un marathon pour que je n'ai plus qu'une envie, et retourner.
00:50:33Ben ouais, pour deux choses.
00:50:35Le marathon pour tous, bon, ça a été une chance incroyable de pouvoir y participer.
00:50:41C'était une ambiance, mais de dingue.
00:50:44Tu cours en pleine nuit, il y a du monde de partout.
00:50:47T'es la rockstar, tu vois.
00:50:50Tout le monde est une rockstar sur cette course.
00:50:53Ça a été super bien organisé, c'était génial.
00:50:56Enfin, en plein Paris, les gens sont...
00:50:59Enfin, c'était en symbiose, c'était dingue.
00:51:03Donc, ouais, j'ai couru un petit peu au train, tu vois,
00:51:06mais sans me mettre dans le rouge, que j'avais une course peu de temps après.
00:51:09Et après, je me suis dit, ouais, c'est cool, pourquoi pas préparer vraiment un marathon.
00:51:13Bon, au milieu, j'ai une course qui intervient en Chine,
00:51:17de trail assez difficile, mais on essaye de la caler, tu vois.
00:51:21Parce que j'essaye de suivre maintenant mon entraîneur, tu vois.
00:51:24Oui, Adrien Séguré, qui dit d'ailleurs, je te coupe,
00:51:27mais parce que c'est un moment aussi très cool, où il dit dans la préface
00:51:31que c'est très difficile de t'entraîner.
00:51:32Le casse-tête tuc est un vrai défi pour le coach que je suis,
00:51:35mais quel bonheur de s'amuser à le résoudre.
00:51:37C'est encore un peu ça.
00:51:38C'est vrai, en fait, on s'éclate là-dessus.
00:51:41Bon, il m'a appris quand même à bien segmenter quand même mes courses.
00:51:45Et je lui dis, écoute, là, j'ai l'opportunité de faire ça,
00:51:48parce que derrière, j'ai envie de faire ça.
00:51:50Donc, en gros, j'ai fait cette course en Chine pour pouvoir me qualifier.
00:51:54Après, derrière, j'ai l'opportunité de pouvoir y aller.
00:51:57Et c'est mon voyage de l'année, c'est dans les Avatar Mountains, tu vois.
00:52:02Je me dis, bon, c'est incroyable, je vais là-bas.
00:52:04Tu vois, Avatar s'est inspiré de ces montagnes-là pour pouvoir faire son film.
00:52:08Bon, allez, je pars là-bas.
00:52:11Et au lieu de faire le 50 km, je pars sur le 25.
00:52:13Donc, déjà, tu vois, je change tous les trucs,
00:52:15parce que généralement, je vais choisir la distance la plus longue.
00:52:18Ça, c'est Adrien qui t'a convaincu ?
00:52:20Oui, il m'a dit, bon, tu pars sur le 25, par contre,
00:52:22tu ne seras pas au top de ta forme, mais tu essaies de faire bien.
00:52:25Et c'était le but, parce que si tu vas là-bas, tu veux faire bien.
00:52:29Je gagne, donc ça tombe bien.
00:52:31Et je suis qualifié, donc, pour les finales des Mondiaux,
00:52:35ben, cette année, au Pays de Galles.
00:52:37Je me qualifiais pour ça, donc c'est bon, contrat rempli.
00:52:41Et après, derrière, ben, il y a le marathon de Florence.
00:52:45Pourquoi Florence ? C'est un choix...
00:52:48Ben, Florence, c'était pas mal, parce que c'était fin d'année.
00:52:50Je cherchais un marathon plutôt fin d'année,
00:52:52mais pas pendant la période de la Saint-Élion,
00:52:54parce qu'on travaille énormément au boulot.
00:52:57Donc, je ne pouvais pas prendre, genre, Valence, qui est le même week-end.
00:53:01Et l'histoire, parce que j'adore Florence.
00:53:04Enfin, Florence, en plus, départ, arrivée, du Homo,
00:53:08enfin, Leonardo da Vinci, enfin, tu vois,
00:53:13Machiavel, etc.
00:53:14Et du coup, je me dis, bon, ben, c'est chouette d'aller là-bas,
00:53:17parce que j'aime faire une course,
00:53:19mais j'aime découvrir aussi ce qu'il y a autour.
00:53:21Donc, c'était dingue.
00:53:24Et je me dis, ben, vas-y, on va faire une prépa marathon, quoi.
00:53:27Et en fait, deux choses, c'est que j'ai aimé le marathon.
00:53:30C'est passé super vite.
00:53:33Je ne vais pas dire que je n'ai pas forcé.
00:53:34Et c'est passé super vite.
00:53:36J'étais, pareil, dans un flot.
00:53:38Et j'ai adoré la préparation.
00:53:40C'est dingue, parce que moi, qui voulais toujours aller sortir du bitume
00:53:45et aller dans les chemins, j'ai adoré.
00:53:48Pourtant, sur Lyon, je prenais toujours les mêmes itinéraires,
00:53:53Ketson, Kedron, tu vois.
00:53:55Et...
00:53:55C'était inattendu pour toi, tu le dis.
00:53:57Je découvre l'inimaginable.
00:53:58Totalement.
00:53:59Et en fait, je kiffe la prépa et je kiffe le jour de course.
00:54:05Là, j'ai moins kiffé, tu vois, ma prochaine préparation.
00:54:09Parce que je l'ai trouvé beaucoup plus dur.
00:54:10Mais ouais, j'ai adoré, tu vois, d'apprendre à nouveau,
00:54:15d'apprendre sur une nouvelle distance, une nouvelle discipline.
00:54:19Et en fait, je souhaite vraiment être polyvalent, tu vois.
00:54:23Je n'ai pas fait d'ultra encore, parce que je ne me sens pas encore prêt.
00:54:26C'est un objectif à plus ou moins court terme.
00:54:29Ouais, parce que j'ai envie de le découvrir, tu vois.
00:54:31Je suis curieux et j'ai envie de découvrir que ça se passe bien ou mal,
00:54:35mais j'ai envie de le découvrir.
00:54:37Et là, voilà, ça a été une nouvelle approche et ouais, j'ai adoré.
00:54:40J'ai adoré le parcours déjà, l'organisation et l'endroit.
00:54:45Ouais, c'était dingue.
00:54:47Juste 2h20, ça fait du combien au kilomètre, ça, à peu près ?
00:54:50Ça fait du 3,18 de moyenne.
00:54:52Donc plus de 18 kilomètres.
00:54:53Un peu plus de 18 de moyenne.
00:54:54Essayez, vous allez dans une salle de sport, vous mettez sur un tapis,
00:54:57vous mettez à 18.
00:54:59A mon avis, ceux qui ne courent pas fréquemment,
00:55:02je pense que je ne sais pas combien de temps tu peux tenir à 10 kilomètres.
00:55:05C'est vrai, allez-y progressivement quand même.
00:55:08Ou à part que tu n'es pas direct à 18.
00:55:10C'est ça, c'est ça.
00:55:11Et donc, tu en parlais, tu t'es répréparé pour un nouveau marathon,
00:55:14celui de Londres, que tu vises mieux que 2h20.
00:55:17Je vise mieux, alors déjà Londres, ça fait plusieurs fois que je voulais y aller.
00:55:22Là, j'ai la chance de pouvoir y participer.
00:55:27Le parcours, il est incroyable quand même.
00:55:29C'est aussi, ouais, c'est un marathon mythique.
00:55:34Il y a une énorme densité et oui, l'objectif est de faire mieux.
00:55:39L'entraînement a été compliqué parce qu'il a été un petit peu plus long.
00:55:43Comme j'ai fait 2h20 que je veux faire en dessous,
00:55:46il faut bosser plus.
00:55:48Donc ouais, très très dur.
00:55:50J'ai mangé de la piste et je n'aime pas forcément ça.
00:55:54Et puis à la fin de ton bouquin, ce qui est génial,
00:55:56tu le dis qu'en mars 2024, un rêve se réalise pour toi.
00:55:59Alors on peut s'attendre à une course de dingue,
00:56:01une course dans un endroit fabuleux.
00:56:03On ne s'y attend pas du tout parce que tu vas dire,
00:56:06ce n'est pas une course en haute montagne,
00:56:07ce n'est pas un ultra, ce n'est pas un marathon,
00:56:09ce n'est rien de tout ça.
00:56:10Tu deviens le champion de ton quartier.
00:56:11Eh oui.
00:56:12Et moi, j'ai trouvé ça vraiment génial.
00:56:14Tu lis le bouquin, tu ne t'attends pas du tout à cette fin-là.
00:56:17Mais ça compte beaucoup pour toi.
00:56:18Ouais, parce que ça a été l'une de mes premières courses.
00:56:21Donc avec certains potes de bar, tu vois, des amis d'enfance.
00:56:27Et c'est l'événement du village aussi.
00:56:30Et par contre, c'est le même week-end que l'éco-trail de Paris.
00:56:34Ouais.
00:56:34Donc pendant des années, j'ai délaissé cette course.
00:56:38Et donc je gagne l'éco-trail de Paris, j'y retourne, je gagne.
00:56:43Et là, mais...
00:56:45C'était presque plus fort que certaines grosses victoires,
00:56:48grosses courses sur lesquelles tu as pu participer.
00:56:50Je n'ai pas fait la célébration comme on l'a vu sur l'éco-trail.
00:56:53Non, mais dans ton histoire personnelle.
00:56:54Mais intérieurement, ouais, j'ai...
00:56:57Ben voilà, c'est bon.
00:56:58T'as bouclé bouclé un peu peut-être.
00:57:00J'ai gagné dans mon village, quoi.
00:57:01C'est incroyable.
00:57:03Alors, il y a peut-être 150 participants, tu vois.
00:57:06Mais j'ai gagné dans mon village.
00:57:08Tu vois, je suis tatoué du logo de mon village sur le bras.
00:57:12Tu peux citer ton village, peut-être ?
00:57:14Châteauneuf-de-Gadagne.
00:57:15Voilà.
00:57:15Le berceau du Félibrige.
00:57:16Donc le Félibrige, c'est un rassemblement de poètes provençaux,
00:57:21dont Frédéric Mistral, par exemple.
00:57:23Et ouais, j'ai gagné là.
00:57:25Donc ben voilà, je suis fier.
00:57:28Et puis, ben, ma maman n'était plus là, tu vois.
00:57:31Elle va dire, ben, ton fils, il a gagné dans le village, tu vois.
00:57:34Je voudrais aborder une dernière chose avec toi, Yohann.
00:57:37Il nous reste cinq petites minutes.
00:57:38Tu parles aussi du dopage dans ton livre.
00:57:41Tu dis clairement que si on voulait un sport propre,
00:57:43il faudrait mettre en place une série de contrôles inopinés.
00:57:45Tu dis que c'est le seul moyen efficace de lutter contre le dopage.
00:57:48C'est un sujet sensible, évidemment.
00:57:50Toi, t'y as été confronté dans ta pratique.
00:57:52On a tendance à dire que le trail est un sport vertueux,
00:57:56proche de la nature.
00:57:58Mais on ne s'y atteinte peut-être pas vraiment
00:57:59sur l'aspect de dopage dans la discipline.
00:58:02Après, t'as de plus en plus d'argent dans le trail.
00:58:04Donc forcément...
00:58:07Après, le dopage, ça va aussi bien sur le devant du classement qu'au milieu.
00:58:11Tu vois, on retrouve des gens avec des anti-inflammatoires.
00:58:14Il y a certaines choses qui sont autorisées, tu vois.
00:58:17Mais je pense que, déjà, quand tu prends un petit truc pour aller mieux,
00:58:23ben, c'est pas normal, tu vois.
00:58:24C'est là, je pense, que c'est la bascule du dopage.
00:58:26Alors, ça, c'est des discussions interminables
00:58:28que j'ai avec pas mal de personnes, mais...
00:58:30C'est-à-dire un petit truc ?
00:58:31Je vais prendre un Doliprane, par exemple, avant une course ?
00:58:33Ouais, tu vois, ou de dire, pendant ta course, tac,
00:58:35je vais prendre un Doliprane parce que j'ai mal aux jambes.
00:58:38Ben, tu sais, Zatopek, il le disait.
00:58:40Si t'as mal aux jambes ou si t'as des courbatures,
00:58:42c'est que tu t'entraînes pas assez, tu vois.
00:58:44Et ben, ouais, on...
00:58:47Je trouve que, ouais, il n'y a pas assez de contrôle.
00:58:49Mais après, c'est, du coup, un manque d'argent aussi.
00:58:54Parce qu'on n'est pas sur un sport comme le vélo
00:58:57ou, on va dire, sur le marathon pur route, tu vois.
00:59:01Donc, forcément, l'AFLD,
00:59:04donc l'Association Contre le Dopage,
00:59:07travaille de plus en plus.
00:59:09Il y a des organismes indépendants,
00:59:10comme Quartz avec Pierre Salé,
00:59:12qui s'investissent énormément là-dedans.
00:59:15Odile Baudrier dans ce P15 aussi,
00:59:17qui se met à fond là-dedans.
00:59:21C'est important d'avoir des personnes comme ça
00:59:22parce que, tu vois, la tricherie, c'est...
00:59:26Je déteste ça, tu vois.
00:59:27T'as pas le droit de tricher.
00:59:28Toi, ça t'est déjà arrivé,
00:59:29alors sans citer de nom, évidemment,
00:59:30mais de courir avec des gars
00:59:33où tu savais qu'ils étaient chargés d'OP,
00:59:35c'était déjà arrivé ?
00:59:36Ben, il y a des gens qui reviennent, tu vois,
00:59:38et moi, ça, je comprends pas, tu vois.
00:59:41Alors, tu peux, tu vois, être le repenti, tu vois,
00:59:44comme l'a été David Millard dans le vélo, tu vois,
00:59:47où il en a beaucoup parlé,
00:59:50où il a essayé de se racheter, tu vois.
00:59:52OK, mais t'as certaines personnes,
00:59:54je vais pas les citer,
00:59:55mais qui reviennent, par exemple, sur un marathon,
00:59:56qui sont même sélectionnées.
00:59:58Enfin, je les cite un petit peu.
00:59:59Je vois de qui tu parles.
01:00:00Mais pour moi, c'est pas normal, tu vois.
01:00:02Enfin, tu fais...
01:00:05En fait, tu piques la place à quelqu'un
01:00:08qui est sans doute propre, tu vois.
01:00:11Et non, c'est pas cool.
01:00:13Après, je dis pas qu'il faut plus courir, tu vois.
01:00:15C'est comme...
01:00:17J'ai un ami, Andy Simon,
01:00:18qui a parlé du dopage aussi,
01:00:20en disant qu'un enfant, il va tricher au Monopoly,
01:00:22tu vas pas lui dire de plus jamais jouer au Monopoly.
01:00:25Mais...
01:00:27Enfin, tu vois, OK, il va courir,
01:00:29mais, tu vois, quand t'as des casseroles au cul,
01:00:32enfin, voilà.
01:00:33Après, ça peut être une erreur de vie,
01:00:36une erreur peut-être de ton entourage, tu vois.
01:00:39Mais voilà, il faut faire plus à la David Millard
01:00:42en disant, voilà, je m'excuse, tu vois.
01:00:45Quentin Bigaud l'a fait aussi un peu,
01:00:46je sais pas si tu parles, en athlétisme,
01:00:48enfin, un lanceur de poids, un marteau.
01:00:50OK, OK, tu vois, mais...
01:00:53Après, il y a certaines personnes où...
01:00:55Ouais, non, c'est pas cool, quoi, voilà.
01:00:59Je rappelle ton livre qui sort aujourd'hui,
01:01:01Yohann Stuck, une vie en équilibre,
01:01:02métamorphose d'un coureur peu ordinaire
01:01:04aux éditions Vagnon Aventure,
01:01:06écrit avec la journaliste Cécile Bertin.
01:01:08Dernière petite question, Yohann.
01:01:10Ta fille, Charlie, t'en parles dans le livre,
01:01:11tu m'en as parlé aussi dans cette émission,
01:01:13elle a 10 ans.
01:01:14Est-ce que tu aimerais,
01:01:16peut-être encore un peu jeune,
01:01:17est-ce que tu aimerais que, dans quelques temps,
01:01:18elle le lise, ce livre ?
01:01:20Eh ben oui, mais je pense qu'elle va le lire
01:01:22dans peu de temps.
01:01:23Elle adore lire,
01:01:25elle dévore les livres et...
01:01:27Tu l'as écrit aussi un peu pour elle ?
01:01:28Est-ce qu'elle aussi t'accompagne ?
01:01:30En fait, je parle beaucoup d'Estelle,
01:01:32ma compagne, dans le livre,
01:01:34qui m'a aidé au quotidien,
01:01:36qui m'a connu quand je fumais, déjà,
01:01:41mais aussi qui m'accompagne à côté,
01:01:42qui me donne de la stabilité.
01:01:44Et Charlie, elle, par contre,
01:01:46elle me fait grandir, tu vois.
01:01:47Tu vois, on a fêté ses 10 ans,
01:01:50et c'est là, en la regardant,
01:01:52tu vois, je suis énervé à chaque fois que je la vois,
01:01:54et ouais, elle me fait grandir.
01:01:58Elle me fait grandir chaque jour,
01:02:00et j'apprends, tu vois, grâce à toutes les deux.
01:02:02Voilà, donc c'est aussi
01:02:05une dédicace à toutes les deux,
01:02:08parce que sans elle,
01:02:09je pense que je n'aurais pas pu l'écrire.
01:02:11Eh ben en tout cas, je vous invite vraiment
01:02:12à aller l'acheter, ce livre,
01:02:13à le lire, à le dévorer,
01:02:15comme Yohann dévore la vie,
01:02:16et ça me fait vraiment plaisir de te voir
01:02:17avec ce grand sourire,
01:02:18t'as l'air vraiment épanoui.
01:02:19Ouais, ben merci beaucoup,
01:02:21et j'étais ravi d'être ici,
01:02:24c'était vraiment sympa,
01:02:26et bonne lecture à tout le monde.
01:02:27Eh ben merci beaucoup, Yohann.
01:02:28Je te laisse repartir en vélo,
01:02:29parce que Yohann, il fait des interviews
01:02:30dans différents médias, et il est en vélo.
01:02:32Ça, il faut le souligner aussi, quand même.
01:02:33Ben écoute, ouais, il faut passer le temps
01:02:35entre les deux, tu vois, ça t'a l'air un petit peu.
01:02:37Merci beaucoup, Yohann,
01:02:38vraiment d'être passé dans SporStream.
01:02:40Je remercie toute l'équipe en Régie,
01:02:41Clément Ritter au son,
01:02:42Pierre Driot à la réalisation,
01:02:44Julien Perronais à l'édition,
01:02:46et puis Sandrine David au maquillage.
01:02:47Salut à toutes et à tous et à la semaine prochaine
01:02:49pour un nouvel épisode de SporStream.