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00:00Bonjour Robert Ménard, et bienvenue à la grande interview sur CNE, vous êtes le maire
00:11des Verts Droits de la ville de Béziers, il y a beaucoup d'actualités, Robert Ménard,
00:14politique et judiciaire, mais tout d'abord, il a mis à exécution ses menaces. Cette
00:18nuit, Donald Trump a donc lancé la guerre commerciale atomique, disent certains, avec
00:23des droits de douane de près de 20% contre l'Union Européenne. Le président américain
00:27a affirmé que c'était le jour de l'indépendance économique des États-Unis. Est-ce que certains
00:32se sont bercés d'illusions en France, en tous les cas, sur ce sujet-là, dans ce domaine-là,
00:37par rapport à lui ? Moi, le premier, je vais vous le dire, quand
00:41il est arrivé au pouvoir, moi je ne suis pas d'accord sur plein de choses, mais quand
00:44même, sur le wokisme, la folie idéologique comme ça, on va avoir un type qui va mettre
00:51le holà à tout ça, et puis une espèce de volonté politique, vous savez, à l'heure
00:56où, à chaque fois, on trouve que les politiques n'arrivent pas à faire quoi que ce soit,
01:00là, tu ne peux pas lui reprocher de ne pas faire les choses. Mais en même temps, après,
01:03tu déchantes quand même. Sur l'Ukraine, tu te dis qu'il finit par préférer un dictateur
01:09Poutine, vous aimez ou pas Zelensky, sauf qu'il a été élu, c'est quand même un
01:14démocrate. Sur l'OTAN, il est prêt à se tirer en nous disant maintenant, démerdez-vous,
01:18vous n'allez qu'à payer votre défense. Et là, ça, c'est de la folie. D'abord,
01:23pardon, moi, je suis du midi, je ne vous dis pas pour le vin, les viticulteurs, ce que
01:26ça va être. On pense à eux, mais il n'y a pas que ça. C'est de la démagogie, parce
01:32que rappelez-vous, il a été élu en disant, il faut combattre l'inflation dans mon pays.
01:37Et qu'est-ce qui va se passer ? Ça va être l'inflation dans, y compris son pays, il
01:41y a un mauvais coup pour nous, mais de l'inflation dans son pays. En gros, ce que j'essaie de
01:45retenir, c'est que c'est des idéologues. Et face à cela, nous, de quelles armes nous
01:51disposons ? Il y a une réponse qui se prépare. On a entendu Ursula von der Leyen, Emmanuel
01:56Macron va réunir les filières concernées. Et après, Robert ? D'abord, honnêtement,
02:00par rapport, y compris à mon courant de pensée, la réponse, elle ne peut être qu'européenne.
02:04Croire que si chacun, la France de son côté, l'Allemagne, je ne sais pas quoi, chacun
02:10essaie de se démerder tout ça en disant, je vais essayer de négocier, il nous battra
02:14sur toute la ligne. La seule réponse, c'est l'Europe. N'en déplaise un certain nombre
02:20d'autres. Sur le reste, honnêtement, je pense qu'il y a un problème de psychologie
02:24pour ne pas dire de manque de mental. Vous allez sur ce terrain-là. C'est son imprévisibilité,
02:30son impulsivité qui vous fait comme ça ? Il dit n'importe quoi. Pourquoi ? Vous êtes
02:33sûr de ce qu'il va dire demain matin ? Je suppose que vous êtes comme tout le monde.
02:37Le matin, il se dit, qu'est-ce qu'il a donc dit avec le décalage dans la nuit ? Quelle
02:40décision il a encompris ? Et comme il est capable de prendre une décision contraire
02:44tous les matins, et comme manifestement, autour de lui, il n'y a personne qui pèse, c'est
02:48une inconnue folle. Justement, pour faire un lien avec ce qui se passe en France, est-ce
02:52qu'il est possible, selon vous, dans notre pays, qu'un tel candidat, qui ressemblerait
02:57en tous les cas qu'il serait capable de tout renverser, de turbuler le système, pourrait
03:01arriver un jour au pouvoir ? Ou alors, c'est exclu compte tenu de notre histoire et de
03:06notre système ? J'en sais rien. Je ne sais pas si les gens vous disent non, ici, on aime
03:10des gens un peu plus structurés, cultivés, tout ça. J'en suis pas sûr. Vous savez,
03:15Trump, vous pouvez en dire ce que vous voulez. Il naît de quoi ? Il naît du fait de nier
03:19deux questions aux États-Unis, qu'on nie de la même façon ici. L'immigration, un,
03:25l'immigration, deux, les questions de sécurité, trois, le walk-in, c'est-à-dire ce délire
03:29qui fait qu'un type qui se sent femme, maintenant, peut aller dans un vestiaire de femme, comme
03:34ça, au milieu d'un truc de sport. Tu te dis juste, c'est l'absence de bon sens. Et pardon,
03:39ici, on a longtemps, très longtemps, y compris une partie de la droite, nié que l'immigration
03:45c'était un vrai problème, que l'insécurité, ce n'était pas un fantasme, mais une réalité,
03:50que l'identité, que les gens vivent ce qui se passe aujourd'hui comme une menace sur
03:54leur propre financement. Les ferments sont là. On ne peut pas regretter Trump, et je
04:00comprends qu'on se dise, oui, il est un peu jobar, mais en même temps, ne pas s'attaquer
04:05aux causes. Or, aujourd'hui, vous avez une bonne partie de l'échiquier politique en
04:09France, qui, encore une fois, dès que vous dites, attends, il y a un lien, je ne sais
04:13pas, entre l'immigration et l'insécurité, tous les chiffres prouvent, je ne sais même
04:17pas pourquoi on se pose la question, il y a toujours un abruti pour te dire, il y a
04:20des espèces de fachos. Fachos, non. Juges, je regarde les choses en face. Et tant qu'on
04:24n'aura pas pris complètement à bras-le-corps ces deux questions, oui, on n'est pas à
04:31l'abri de n'importe quelle démagogue.
04:33Depuis quelques jours, Robert Ménard, et depuis, je reviens au terrain judiciaire et
04:37politique, depuis la condamnation de Marine Le Pen, les mots à l'encontre de la justice
04:41Des juges sont très forts, voire violents, de la part du camp national. Tyrannie des
04:46juges, a dit ici même Jordan Bardella. Marion Maréchal a parlé hier d'une justice politique.
04:51Est-ce que vous partagez ce diagnostic ?
04:53Je ne partage pas ces expressions-là. La justice, elle n'est pas politisée. Ce n'est
04:59pas vrai. Moi, je suis dans une ville où il y a un tribunal, je connais les juges,
05:03je connais les procureurs, évidemment, comme maire, je les rends compte. D'abord, ils
05:05sont loin d'être tous de gauche, il y a des gens qui sont à droite et très à droite.
05:10Dire les juges, c'est une connerie. De la même façon que les gens disent les journalistes.
05:13Entre vous et d'autres journalistes, vous n'essentialisez pas.
05:16Absolument, il ne faut pas. Il y a une partie de la justice qui est évidemment politisée.
05:21Vous avez vu les déclarations, c'était au moment, c'était aux législatives dernières,
05:26quand le syndicat de la magistrature, le syndicat de la magistrature, c'est un juge, un magistrat
05:33sur trois. Ce n'est pas 5 % des magistrats. Ils disent il faut faire barrage. Alors l'expression,
05:38il faut empêcher, mobiliser contre l'accession au pouvoir de l'extrême droite. Mais ils
05:43sont fous furieux. Moi, je n'ai pas envie d'être jugé par un type comme ça. Vous
05:46lui feriez confiance. Moi, j'ai été sur le mur des cons. Tu te dis, mais mon Dieu,
05:50je prie le bon Dieu de ne pas... Je le dis en plus parce que je vais avoir des procès
05:54toujours à cause de cet OQTF que j'ai refusé de marier.
05:56J'allais vous en parler.
05:57Je me dis, j'espère que je ne vais pas tomber sur un type du syndicat de la magistrature.
06:02Sinon ?
06:03Sinon, je ne vais pas être jugé de façon impartiale. Et les gens qui te disent ce type,
06:07il a des idées, mais au moment où il juge, il fait abstraction des idées. On sait bien
06:10que ce n'est pas vrai.
06:11Alors que faire ? Est-ce qu'on peut sonder les reins et les cœurs de chaque juge ? Est-ce
06:15qu'il y a une responsabilité du juge qu'il faudrait peut-être un jour interroger ?
06:18Non, mais il y a une responsabilité politique. Écoutez, dans l'armée, moi, j'ai fait l'armée,
06:22je suis assez vieux pour l'avoir fait. Les militaires ne peuvent pas se syndiquer. Je
06:27ne comprends pas qu'on autorise les magistrats à se syndiquer. Pas plus que je pense que
06:32les policiers ne doivent se syndiquer. Je pense que ce n'est pas bien parce que...
06:36Alors, le syndicat de la magistrature, c'est une caricature, ça politise un certain nombre
06:41de choses. Et ce n'est pas vrai que les syndicats chez les magistrats sont des syndicats que
06:45sur des histoires corporatives. Vous avez vu des histoires d'engagement. On le voit bien.
06:50Attendez, ils appellent la... Je ne sais pas quelle année, ils avaient un stand à la fête
06:54de l'humanité. Mais enfin, ça ne va pas bien la tête. Comment tu peux faire ça ? Et
06:58moi, je ne les crois plus. Et je pense qu'ils jouent contre la justice. C'est eux qui mettent
07:03en cause la justice. C'est eux, parce que tu te dis, tu vois ça, tu te dis... Attends,
07:08c'est eux qui vont nous juger. La justice, elle est impartiale.
07:10Vous dites que si une grande partie des Français a du mal, enfin, puisque ça, d'ailleurs,
07:14voit un lien qui est distendu par rapport à la démocratie et la justice, c'est du
07:18fait, justement, de ces magistrats syndiqués qui font du mal eux-mêmes, à leur propre...
07:23Ils décrédibilisent leur profession. Vous pouvez, quand ils disent qu'on ne fait pas
07:28de politique, et quand tu vois leur prise de position politique systématiquement, tu
07:32te dis, il se fout de ma gueule, ce type-là. Il se moque du monde. Et je pense que le plus
07:36grand service qu'on puisse rendre à la justice et au juge même, c'est de dire qu'il n'y
07:42a plus de syndicats dans la magistrature.
07:44Pourtant, Emmanuel Macron a insisté, la justice est indépendante, a-t-il dit. Il a aussi
07:49rappelé que tout justiciable a droit à un recours. Et c'est peut-être cette phrase-là
07:53qui est la plus importante, en tous les cas, venant du président Emmanuel Macron. Comment
07:58vous avez appréhendé sa déclaration ?
07:59Écoutez, si je vais essayer d'être optimiste, je me dis, oui, le recours, ça veut dire
08:06quoi ? Ça veut dire que j'ai un droit d'appel. C'est ça, une démocratie. On ne va pas se
08:10gargariser de mots l'État de droit. La démocratie, c'est, madame, vous êtes condamnée une
08:15première fois. Vous avez le droit de faire appel et d'être jugée donc par d'autres
08:20magistrats. Et ça permet de le soupçon, le type même pas, c'est pour ça qu'il me condamne,
08:25qui saute. Mais alors pourquoi ne pas l'appliquer à l'inéligibilité ? Pourquoi ? Ce qui est
08:31aussi important, c'est qu'il n'y a pas exactement la même chose. Or, là, il y a un coup de
08:35canif à l'État de droit. Le coup de canif, c'est cette décision.
08:38Le coup de canif, c'est l'exécution provisoire.
08:40C'est l'exécution provisoire.
08:41Mais qui a été elle-même votée par des parlementaires.
08:43On marche sur la tête dans ce cas-là.
08:46Ils marchent sur la tête. Pardon, mais Marine Le Pen, elle voulait une inéligibilité à
08:51vie. Vous savez, les politiques, ils feraient bien, avant de voter un certain nombre de
08:56lois, avant de tenir un certain nombre de discours, de se calmer deux minutes. Et là,
09:02effectivement, dans ce domaine-là, le problème, c'est tellement ça le problème qu'on en a
09:08oublié quand même l'essentiel. Marine Le Pen, elle a été condamnée à quatre ans de
09:13prison. C'est pas rien. Finalement, vous avez compris, on a parlé du reste, mais
09:18il faudrait aussi s'interroger sur ça. C'est-à-dire sur les faits, sur ce qui
09:22lui est reproché, sur le système. C'est d'une lourdeur, d'une sévérité
09:26problématique. En même temps, en même temps, écoutez, que le rassemblement...
09:31Moi, je me suis posé la question de signer leur pétition. Vous avez vu, dans la pétition...
09:35Et peut-être même d'aller dimanche au rassemblement.
09:37Ou d'aller dimanche, c'est plus compliqué. Pour moi, je suis de baisiers. Mais signer
09:40leur pétition. Et j'ai vu... Alors, je vais vous trouver le mot. Elle dit, dans la pétition,
09:44on est totalement innocente. Non, non, non. Vous avez vu, moi, je la défends sur ce qu'on
09:53est en train de lui faire, sur le risque qu'il y a de qu'elle puisse pas se présenter. Enfin,
09:58totalement innocente, mais pas plus que le modem ne l'était avant.
10:01Vous estimez qu'il y a un système politique qui a utilisé ses assistants parlementaires
10:04européens, un système qui a prévalu et qui ne doit plus être d'actualité et qu'il aurait
10:09fallu le reconnaître, justement ? Bien sûr. Tu peux dire que t'as fait une
10:12faute, une erreur. C'est comme si, moi, demain, il y a un certain nombre d'employés municipaux,
10:18je les faisais travailler pour mon parti. Alors, moi, il n'y a pas de parti, donc ça ne risque pas.
10:21Mais vous voyez ça. Personne ne trouverait ça dans ma main. C'est quand même ce qu'ils ont fait.
10:26Des gens qui étaient payés par le Parlement et qui, en même temps... En réalité, vous avez vu,
10:31certains, ils ne connaissaient même pas les gens avec qui ils travaillaient. Ils travaillaient pour
10:34le parti. Bien sûr que c'est pas bien. Donc, vous la soutenez, mais la ligne de défense,
10:37elle est folle furieuse. Je ne sais pas qui a décidé... Peut-être que peut-être que tu peux
10:42commencer par dire on a commis une erreur, on a mélangé les gens, on ne devrait pas les mélanger.
10:48Ça ne te coûte rien de dire ça. Je ne comprends pas qu'on dise ça. Et donc, par exemple,
10:52je ne signerai pas cette pétition alors que je l'aurais signée s'il n'y avait pas une phrase
10:57comme ça. Parce que ce n'est pas vrai. Pétition, campagne de tractage, rassemblement dimanche,
11:01ce qui fait dire à certains, notamment le président de la région des Hauts-de-France,
11:04que ce serait un remake de l'assaut du Capitole, Jean-Luc Mélenchon. Jean-Luc Mélenchon parle
11:09d'un risque séditieux. Est-ce que la droite, en tout cas le camp national, peut se rassembler dans
11:15la rue sans provoquer tous ces cris-là ? Que Mélenchon dit ça, on va, vous et moi,
11:20pouffer de rire deux minutes. Je veux dire, après, comment il s'est comporté quand on a voulu
11:25perquisitionner chez lui. La République, c'est moi.
11:28Et tout ça. Ça, tu ris. Enfin, tu ris pas, tu ris jaune parce que c'est quand même un type,
11:33c'est quand même quelqu'un, un monsieur qui est cultivé, qui a tout un tas de qualités,
11:36qui représente beaucoup de choses. Dire un truc comme ça, ça va pas bien. Enfin,
11:41qui, qu'est-ce que c'est ? Comme si c'était séditieux de faire un rassemblement.
11:44Mais que Xavier Bertrand nous dise, la prochaine fois, le Capitole,
11:50je veux bien qu'il déteste Marine Le Pen. C'est réciproque, je pense, donc il n'y a pas de souci.
11:55Tu peux détester quelqu'un, mais t'es pas obligé de dire des âneries. Tu n'es pas obligé de dire...
12:00Et ce que dit, là, Xavier Bertrand, est une énorme ânerie. Et je pèse mes mots.
12:07La détestation réciproque qui lui fait dire ça, donc aucun risque pour vous qu'il y ait
12:12un quelconque risque, débordement ? Bien sûr que non. Il n'y aura rien de tout ça.
12:17Il y aura un parti qui va hurler, dont les mots, des fois, dépassent la réalité.
12:22Non, il n'y a pas... C'est pas un coup d'État contre la démocratie de dire ça de ce côté-là.
12:28C'est aussi stupide que le reste. Il y a un discours, il y a des mots qui n'ont pas de sens.
12:34Mais aujourd'hui, même que j'aille ou pas manifester, je trouve que les gens qui manifesteront dimanche,
12:40ils menacent personne et sûrement pas la démocratie. Ils sont outrés, jusqu'à preuve du contraire.
12:44Vous avez le droit d'être outré, vous avez le droit de critiquer des juges,
12:48vous avez le droit de critiquer des décisions de justice. Je vois pas en quoi ça pose problème.
12:52Et pendant ce temps, Robert Ménard, les Français sont toujours confrontés au même problème
12:56de pouvoir d'achat, d'insécurité galopante. Au moment où la loi contre le narcotrafic a été adoptée
13:01en première lecture à l'Assemblée nationale, nous apprenions ce qui est en cours à Saint-Ouen,
13:05dans la cité Aragaud, avec des classes de maternelles probablement contraintes de déménager
13:10du fait de points de deal, de trafic de drogue. Il y a la votation aujourd'hui.
13:13Je pose la question aux citoyens, aux maires, aux pères de familles.
13:18Ce sont des parents qui vont voter. C'est ça, la solution aujourd'hui ?
13:22Reculer ? Se déplacer ? Faire déplacer des classes ?
13:27Écoutez, je vais vous dire, je serai parent, je serai d'accord pour déplacer ma classe.
13:33C'est pour ça que j'ai posé la question.
13:34On est tous les deux dans ces situations-là. Honnêtement, tu penses d'abord à tes gosses.
13:38Il y a le débat et tout ça, je veux bien le bon sens.
13:41Instinctivement.
13:42Vous faites quoi, vous ? Tu as envie de garder tes gosses quand il y a des gens qui trafiquent à l'entrée ?
13:47Bien sûr que non.
13:48Et que répond le politique et le maire ?
13:50Le politique, c'est que c'est une défaite.
13:52Écoutez, moi, je connais des cités chez moi où il y a le prix de la drogue qui est sur les murs.
13:58Alors on recouvre ça.
14:00Recouvrir, c'est aussi stupide parce que, d'une certaine façon, et on le fait évidemment,
14:04ça ne règle pas le problème de fond.
14:05Il y a un problème, il y a un vrai problème.
14:08Il y a un problème de...
14:09On n'a pas mis l'accent sur ce qu'il fallait faire.
14:12Je vous étais nié.
14:13Écoutez, vous avez vu, on a les chiffres aujourd'hui, par exemple, sur les prisons.
14:16D'abord, attendez, pour combattre la drogue,
14:19il faut prendre les gens qui font du ravignodol et les mettre en prison.
14:24Et au moins, je me fous, au moins, on ne les voit plus pendant un moment.
14:28Pour ça, il faut, pardon madame, construire des places de prison.
14:31Vous rappelez les promesses ?
14:32C'est la quadrature du cercle.
14:34Tant qu'on n'aura pas réglé cette question-là, vous ne réglez pas.
14:38Moi, je connais des juges, des magistrats qui sont tous au flaxiste
14:43et qui vous disent, si je mets condamné à une peine de prison,
14:46on le met où ?
14:46Et vous avez raison, la magistrate Béatrice Brugère nous dit souvent cela.
14:50Attention de ne pas dire de tous les juges qu'ils ne condamnent pas suffisamment.
14:53C'est aussi un problème de manque de parole.
14:55C'est aussi prosaïque que ça, parfois.
14:56C'est aussi con que ça.
14:57Enfin, attendez, si vous, vous n'avez pas de studio,
14:59vous ne faites pas d'émission de télévision.
15:02Si tu n'as pas de prison, tu les mets où, les gens, en prison ?
15:05Avant les grands débats idéologiques et tout,
15:07il faut construire, construire, construire des places de prison
15:11le plus rapidement possible.
15:12D'abord, c'est ça, c'est une solution.
15:15En attendant, il faut plus de forces de police.
15:18Vous savez, dans les mairies, je vais vous dire quelque chose,
15:20moi, je suis sidéré.
15:21Moi, quand je suis arrivé maire, il y avait 30 policiers.
15:24Il y en a 130, maintenant.
15:26Mais normalement, ce n'est pas à moi de payer la police,
15:28c'est l'État qui devrait mettre plus de policiers.
15:31Moi, je connais des points de deal qui sont à 100 mètres du commissariat de police.
15:35Mais vous vous rendez compte, c'est sidérant.
15:39Heureusement, j'ai un super préfet qui le prend tellement mal
15:42que maintenant, il a réussi à la démanteler.
15:44Mais c'est ça, la réalité.
15:46Comment vous voulez que les gens ne se scandalisent pas ?
15:48Je note que le père de famille,
15:50je fais la différence avec le politique, aurait reculé,
15:52c'est-à-dire aurait d'abord protégé ses enfants.
15:54Reculer ou s'adapter ?
15:54Je vais poser, parce qu'il nous reste peu de temps,
15:56c'est une question qui vous tient,
15:58c'est un sujet qui vous tient à cœur et à nous tous, évidemment.
16:01Reculer ou s'adapter par rapport à l'Algérie ?
16:03Parce que nous avons un prisonnier politique
16:06et notre compatriote boit l'aime sans salle.
16:08Est-ce qu'en ce moment, il y a un réchauffement de relations
16:10entre la France et l'Algérie
16:12ou est-ce qu'il y a une forme de soumission encore ?
16:13Reculez-là encore.
16:14Je refuse cette alternative.
16:16Écoutez, pardon, pendant 20 ans,
16:18j'étais le patron de Reportage Frontier.
16:19Pendant 20 ans, j'ai travaillé sur exactement les mêmes cas.
16:21C'était des journalistes, mais c'est pareil.
16:23Il n'y a pas de contradiction.
16:25Il n'y a pas une méthode douce ou une méthode dure.
16:28Ce n'est pas vrai, je vous jure.
16:29Croyez-moi sur ce truc, parce que ça, je connais.
16:32Il y a les deux.
16:33On a besoin de diplomates qui discutent.
16:38Pour libérer quelqu'un, il faut finir par discuter
16:40avec les gens qui le mettent en tôle.
16:43Donc, il faut discuter.
16:44Ça, c'est le boulot de la diplomatie.
16:46Et à nous, vous, moi...
16:48Regardez, je porte tous les jours le portrait de Boilem Sansalle.
16:52Et tous les jours, on doit taper, nous, du poing sur la table
16:56en disant que c'est un régime...
16:57Attendez, c'est un régime de kleptomanes.
17:00C'est un régime...
17:02Allez, c'est un régime de merde.
17:04C'est un régime...
17:05C'est un régime militaire.
17:06Attends, qui met en coupe réglée, pardon, son propre peuple.
17:10Alors moi, je peux plus aller en Algérie,
17:12puisqu'ils m'interdisent l'accès à l'Algérie.
17:13Mais t'as interdit d'accès ?
17:14Mais bien sûr, pendant des années, depuis le reportage...
17:17Ils veulent pas.
17:18Tu rencontres des jeunes Algériens...
17:20De quoi ils te parlent, les jeunes Algériens en Algérie ?
17:22Du FLN et de la guerre de libération nationale ?
17:25Ou de comment je peux venir en France ?
17:27Comment je peux venir en France ?
17:28Donc, il faut faire les deux.
17:30Moi, je suis content qu'on négocie,
17:32et j'espère qu'on négocie au mieux,
17:34et je suis content de notre ministre de l'Intérieur.
17:36Bravo à lui, qui tape du poing sur la table
17:39et qui parle comme on doit parler, sans mauvaise conscience.
17:42Il en a marre d'avoir de la mauvaise conscience.
17:45Allez, on ne doit rien à l'Algérie.
17:47On ne doit rien à l'Algérie.
17:49Alors on les traite comme des adultes.
17:51Ils veulent être traités comme des adultes.
17:53On les traite comme des adultes.
17:54On arrête de leur donner des droits que les autres n'ont pas,
17:58et on continue, nous, vous et tout le monde,
18:00à taper sur la table,
18:02parce que Moalem Sansa, c'est un vieux monsieur.
18:04Il a 80 ans, il est malade.
18:06Il est d'une gentillesse...
18:07Je sais pas si vous l'avez...
18:08Bien sûr.
18:08Vous le connaissez.
18:09Vous avez vu, il élève...
18:10Là, j'élève la voix, il n'élève jamais la voix.
18:13Il est courageux.
18:14Il a dit des choses dont tout le monde sait,
18:16même en Algérie, que c'est vrai par rapport au...
18:18Il a la voix douce et le verbe haut.
18:20Oui, il est formidable.
18:21Vous aimez le français, j'aime le français.
18:24On arrive à la fin de cet entretien, allez-y.
18:26J'aime cette langue.
18:27C'est un formidable défenseur
18:29de ce qui est notre patrimoine à nous tous.
18:31Un français, d'ailleurs,
18:32qui défend plus la langue française que certains.
18:35Pour tout ça, il faut vraiment...
18:37Je pense à lui.
18:38Tous les jours, je pense à lui.
18:39Nous aussi.
18:39Merci, Robert Ménard et à bientôt.